CHAPITRE 2

Le 24 juin 1683, Villenouvelle

Marguerite se réveilla au chant du coq et partit se débarbouiller le visage des lourdeurs de la nuit, s'enlevant par la fraîcheur de l'eau froide les restes du sommeil. La jeune femme avait bien dormi, toutefois, elle ne devait ce repos du corps qu'à l'harassement de celui-ci, sans quoi, elle aurait passé les heures à tourner dans sa couche, l'esprit au supplice, les pensées la conduisant dans le vestibule de l'Enfer et de l'horreur. Marguerite attrapa sa jupe en lin d'un bleu tendre, l'enfila et laça d'une manière habituée son corsage sur le devant, d'un doux ocre jaune aux jolies broderies noires simples et efficaces. Par dessus, elle attacha un tablier de lin d'un blanc fané et noua à son cou un ruban noir où pendait une croix. Ses sabots aux pieds, elle descendit à la cuisine et trouva Jeanne tout à son âtre, à titiller le feu fainéant. Ika couchée dans un coin de la pièce dressa une oreille et la rebaissa aussitôt, la démarche de l'intrus lui était familière.

— Hé bonjorn(1) Jeanne !

— Hé bonjorn ! répondit la cuisinière sans se retourner. Il y a du pain frais dans l'arrière-cuisine et des œufs frais ! Les poules sont bonnes ces derniers temps ! Le soleil les stimule !

Marguerite ne pipa mot et partit en souriant dans l'arrière-cuisine pour piocher dans les réserves de quoi se faire un déjeuner léger et revint dans la cuisine pour s'installer sur le banc de la table centrale.

— Jeanne, cuis-moi cet œuf je te prie, lui dit-elle en le lui tendant alors que la dame se retournait. Quelles sont les nouvelles du matin ?

La cuisinière attrapa l'œuf et lui répondit en même temps qu'elle le préparait.

— Ta mère est avec le vicomte et sa femme, ils souhaitent partir à Toulouse.

— Déjà ? Le souper avec le premier consul ne s'est pas bien passé ?

— Bah qu'est-ce j'en sais ! dit-elle en haussant les épaules. En revanche, Richard va s'pointer pour livrer du foin, ça j'l'ai entendu ! Ta mère l'a dit à Laurette. Même que ce sera l'une des dernières livraisons avant les moissons.

— Bien. Je m'occuperai de lui quand il arrivera.

— Ton œuf.

Marguerite le prit et le mangea. Elle croqua ensuite dans une tartine de pain et demanda à Jeanne.

— Qui est-allé au four banal ?

— Fifi, répondit la cuisinière, elle y est allée sur la demande de ta mère et a fait cuire tous les pains pour le logis.

— Même ceux de l'hostellerie ?

— Même ceux de l'hostellerie.

Marguerite acquiesça et se leva, son déjeuner englouti, et quitta la cuisine où s'échappaient des odeurs de bûches brûlées et d'herbes séchées, lesquelles pendaient par bottes au plafond. Les herbes côtoyaient parfois la saucisse que l'on faisait sécher et dans les cas les plus rares et les plus bienheureux, un beau jambon !

Dans le couloir, un boyau étriqué, Marguerite prit garde à ne point accrocher sa jupe et de la même manière, à ne pas se cogner dans un angle du buffet, où de la vaisselle blanche donnait un petit air charmant à l'axe de passage. Arrivant à la porte d'entrée principale, la jeune femme attrapa son chapeau de paille fin et plat, aux larges bords semblables à des ailes dorées, et le fixa à l'aide d'une épingle sur son bonnet. Dehors, le soleil du Midi était déjà haut dans le ciel et illuminait la cour du relais d'une puissante lumière cristalline, léchant le plat des pavés de la cour, mangeant saison par saison la chaux rouge et le marron des poutres de bois.

Proche de l'écurie, Marguerite entendit des éclats de rire dissimulés derrière la cloison et reconnaissant dans la tournure de ces démonstrations de joie quelques ressemblances avec un certain postillon toujours enclin au divertissement, elle se dépêcha d'atteindre le bâtiment équin. Quand ses yeux purent soutenir l'obscurité qui y régnait, elle reconnut derrière un gros tas de foin, les voix de Sylvestre et Mercure ! Il y avait peut-être même Isidore, le palefrenier. À l'évidence, elle fit mouche ! Quand elle contourna le tas, évitant le cochon qui dormait sur le foin, elle découvrit les trois gaillards en train de se fendre la poire sur un sujet obscur et tous les trois se tordaient comme des chenilles sans pouvoir s'arrêter de rire.

— Que se passe-t-il ici ! dit-elle d'une voix sentencieuse qui seyait davantage à une personne d'un âge avancé qu'à une jeunesse.

La demande tomba dans l'oreille de trois sourds qui essayaient à présent de reprendre leur souffle, tant ils se tuaient à perdre haleine à leur bouffonnerie.

— Je ne me répéterai pas !

— Ça va, ça va, tenta Mercure en éclatant de rire de plus belle en croisant le regard émerillonné de Sylvestre. On fait rien de mal, on rigole c'est tout !

— Justement, vous rigolez au lieu de travailler.

— Aucun voyageur n'est là, détend-toi Marguerite au lieu de faire ton commandant, repartit-il.

— Qui est chargé d'accompagner le vicomte et son épouse à Toulouse ? questionna-t-elle tout en sachant que sa mère avait déjà donné ses ordres à l'heure qu'il était.

— Moi, répondit Sylvestre en se mordant la lèvre pour ne pas rigoler de nouveau.

— Je pense alors que ta présence n'est plus en ce lieu, repartit froidement Marguerite le regard agacé.

Sylvestre fut douché par une telle attitude mais obéit, par égard pour le rang supérieur qu'avait Marguerite sur le sien, et partit de l'écurie en traînant les pieds. Isidore fila en douce car il subodorait que la jeune femme pût l'épingler sur l'eau sale d'un abreuvoir et sur la paille détrempée d'urine des chevaux dans deux stalles, et il ne comptait pas subir une remontrance de celle que les postillons appelaient en douce : « Mimi la mégère » Évidemment un tel forfait n'était pas connu de l'intéressée, du moins, pas officiellement, car Marguerite les avait surpris plus d'une fois prononcer ce sobriquet dévalorisant, sans jamais les corriger. Elle leur laissait la bêtise d'un jugement sans fondement et se gardait par leur mésestime et inimitié, d'une affection trop grande qui s'avérerait nocive pour sa vertu.

— Franchement tu exagères ! tempêta Mercure. On ne faisait rien de mal !

— Tu es un maillon d'une chaîne importante, lui dit-elle avec autorité, tout dépend de ta capacité à rester intègre et besogneux. Tout, tu m'entends, dépend de cela ! Même ta solde, surtout ta solde !

Le postillon souffla, mit ses mains sur ses hanches et dévisagea Marguerite d'un air dépité. La jeune femme était pire qu'une mule, elle était obtuse et aigrie, sèche comme la langue d'un pendu et foudroyante dans son intransigeance. Elle n'admettait aucun écart de conduite, en cela, elle était pire qu'un curé ! Heureusement qu'Henriette, sa mère, était autrement accorte !

— Arrête de voir tout en noir ! Tu es déprimante et cela n'aide pas à te faire mieux estimer de tes gens, sache-le !

— Mercure, occupe-toi des voyageurs.

Marguerite s'apprêtait à partir quand le postillon la retint par le bras.

— Je pensais que ce printemps plus doux que celui de l'an passé allait aider ta mauvaise humeur, il n'en est rien. J'espère que l'été réussira ce miracle.

— Je me passe de tes opinions.

— Tu sais, je connais pas mal de filles [...]

— Quelle qualité ! s'exclama-t-elle d'un ton pincé. À mon sens, tu ne devrais pas te vanter d'être tant galant. Tes jolies cœurs à jupons qui traînent parfois par-ici pourraient être fâchés de ne pas avoir l'exclusivité de ton sentiment. Enfin ! Ce n'est pas comme si les hommes étaient enclins à être exemplaires dans l'émoi !

Mercure se pencha vers elle et la revit se raidir, même si elle conservait toujours son petit air de madame-je-sais-tout insupportable. Or, dans son regard était revenu cet éclat éloquent : la peur.

— Je disais que je connais pas mal de filles et toutes sont généralement enjouées de se prêter au badinage. La galanterie est une chose appréciée de ta gent ! Mais depuis que je suis employé ici, depuis que je te vois chaque jour et surtout chaque saison, je ne t'ai jamais vu battre des cils ou rougir pour un garçon !

— Et ?

— Dès qu'on aborde le sujet de l'amour, tu fais volte-face en te drapant dans une vertu poussée à l'extrême, c'est étrange Marguerite. Ou alors... dit-il l'œil soudainement éclairé par une pensée qui venait de lui souffler toute la résolution de cette affaire trouble. Ou alors, reprit-il d'une voix douce soufflée à son oreille, tu as été éconduite et ton cœur ne s'en est pas remis...

— Seigneur ! Marie ! Joseph ! Que tu es fada ! Cesse donc de t'encombrer la cervelle avec des vacuités de la sorte et prend ton travail plus au sérieux ! rétorqua Marguerite outrée que Mercure se permette d'imaginer la raison de son absence d'amourette avec des jeunes gens du pays.

Mercure la lâcha et dénoua son foulard, il faisait une chaleur de tous les diables dans l'écurie et ce n'était pas Mimi la mégère qui parvenait par son tempérament de glace à refroidir le lieu. Au contraire, la colère de la jeune femme était palpable et réchauffait l'écurie d'une tension, d'un calme faussement quiet où pointait derrière le silence sépulcral de ses lèvres, une tempête houleuse. Heureusement, les hostilités furent arrêtées par l'appel d'Henriette qui cherchait sa fille dans la cour du relais. Reprenant aussitôt une contenance, Marguerite planta Mercure sans autre forme de politesse, le laissant encore une fois seul avec mille questions.

— Bah ! Pourquoi je m'échine avec cette vieille fille ! pesta-t-il en secouant la main.

Dans la cour du relais, Marguerite se hâta de sortir et vit sous le grand porche une belle voiture, un carrosse qu'elle connaissait fort bien, garé devant un mur d'enceinte et courut vers elle. Une servante de l'hostellerie tenait un plateau sur lequel était posé des verres et un pichet de vin qu'elle tendait à une dame et une jeune femme. Un homme dans la cinquantaine, un habit dans un goût de la noblesse conversait avec sa mère avec affabilité forcée.

— Louise !

— Marguerite ! répondit la jeune femme en faisant un écart de sa mère.

— Vous voilà revenue de Lyon ! Mon Dieu comment est-ce ?

— Grand ! La ville est semblable à Toulouse en étant tellement différente. Nous avons pris le coche d'eau, puis la messagerie et notre bon valet que l'on avait fait prévenir vint nous prendre à Villefranche. Je suis harassée du périple, la prochaine fois, j'essaierai de me débiner, chuchota-t-elle tout bas à Marguerite.

Louise de Lamezac était la fille unique du baron, un noble de province vivant encore en son château familial qui n'avait point encore succombé à la folie de la vie de courtisan, qui s'était formée il y a peu dans l'immense château de Versailles. Si le baron de Lamezac dirigeait ses terres, il n'était pas ignorant de la vie politique et de ses vents changeants. Son voyage à Lyon en témoignait, il avait tenu à s'y rendre en cortège familial pour appuyer la respectabilité et la qualité de son illustre famille pour grappiller par les politesses et l'honneur, son billet d'entrée à la cour. La personnalité qu'il y avait rencontré à Lyon chez la famille qu'il fréquentait, avait été enchantée du baron de Lamezac et le motif de la rencontre s'était bellement conclue envers les attentes du seigneur. Mais une ombre éhontée avait jetée la discorde sur ce séjour béni et avait poussé le baron à rentrer plus tôt que prévu...

Louise, diamant de la famille était une jeune femme douce et timide, le caractère pieux et soumis de sorte que ces qualités faisaient d'elle une personne appréciée dans la région. L'orgueil de son père à l'endroit de sa fille, se manifestait dans le souhait de faire peser dans les tractations de mariage le poids de son honorabilité, et le baron ne se privait point de la montrer comme une candidate idéale pour un ménage. Si la Vertu était un visage, c'était celui de Louise.

Louise et Marguerite s'étaient rencontrées un jour après un office. La position de la mère de Marguerite en tant que maîtresse de poste était un statut important dans Villenouvelle et comptait parmi les notables, après le premier consul, lui, noble toujours, les consuls -bourgeois et honnêtes hommes de loi- et le corps ecclésiastique. Cette distinction avait permis aux deux demoiselles de se lier d'amitié sans que le baron ne s'en offusquât outre mesure, étant garanti que cette amitié pouvait à tout moment se terminer pour le bon avenir de Louise et son bon vouloir tout court.

— Et vous ? Que s'est-il passé depuis mon départ ?

— Peu de choses, répondit Marguerite en lui prenant le bras pour l'attirer sous l'ombre d'un marronnier. Des voyageurs, des courriers de la poste aux lettres, des postillons à corriger !

Louise cacha un rire délicat derrière son éventail et se permit d'ajouter.

— J'imagine qu'il s'agit d'un postillon en particulier... Mercure vous donne encore du tracas ?

— Vous ne le faîtes si bien dire ! Ce rusé renard esquive et lambine sa besogne mais je l'ai à l'œil l'animal ! Ah ça ! Il ne m'échappera pas !

— Mercure serait plus disposé à vous écouter et s'échiner si vous lui démontriez plus de gentillesse, au fond, je pense qu'il vous apprécie Marguerite.

— Lui ! M'apprécier ! s'exclama-t-elle en éclatant de rire. Mon Dieu, si vous nous voyez nous prendre le bec, c'est qu'il est insolent avec ça le diable de postillon !

— Pourtant, il vous écoute, ne put s'empêcher de souligner Louise.

— De mauvaise grâce ! Le chafouin trottine toujours à reculons pour aller travailler !

Louise sourit encore et riota avant de balayer du regard ses parents qui conversaient avec Henriette, le regard soudain voilé d'obscures pensées. Marguerite qui la retrouvait avec joie n'avait pu manquer de noter la gravité qui accompagnait ses traits et se questionnait quant à sa triste mine. Louise avait-elle apprise une mauvaise nouvelle ? Le voyage l'avait-il trop épuisé ? Y avait fait-elle une rencontre malheureuse ? Connaissant la nature secrète de son amie, Marguerite savait qu'elle n'allait point avoir de confidences, du moins, point de si tôt, Louise allait se repentir si faute il y avait et se flagellerait en solitaire.

Au loin, le baron de Lamezac appela sa fille à regagner le carrosse, il était temps de rentrer au château qu'ils avaient déserté depuis six mois et demi. Marguerite raccompagna Louise jusqu'à la voiture, lui tendit la main pour l'aider à monter et regarda à côté de sa mère, le transport s'effacer par un chemin pour gagner leur domaine.

— Cette chère Louise m'a l'air mal en point, confessa Henriette à sa fille. En sais-tu la cause ?

— Nullement mère, mais je suis de ton avis, j'ai trouvé son teint gâté par un poids indicible. Louise est travaillée par quelques méchants secrets...

— Espérons qu'elle ne couve pas une maladie ! La peste rôde toujours...

— Espérons...

Les deux femmes tournèrent les talons et regagnèrent le corps de logis. Elles entrèrent dans la pièce principale pour causer et se firent apporter du vin. Dans le salon à la taille commode, ni trop petit, ni trop grand, Henriette s'assit sur un fauteuil au dos carré.

— Sais-tu la dernière ? attaqua sa mère.

— Non.

— Le tavernier de Revel a obtenu un droit de messagerie de Revel à Villenouvelle ! Ce pendard ! Depuis qu'il nous narguait d'avoir fait une demande à la Ferme générale des Postes ! Nous voilà avec un concurrent de plus ! Ton frère Claude en est vert de rage, il m'a écrit toute sa façon de penser dans un pli.

— Effectivement, c'est embêtant, articula Marguerite en réfléchissant. Cela nous avait bien suffi que le maréchal-ferrant de Trébons se soit fait loueur de chevaux ! Celui-là ! Quand je vois ces bestiaux par-ici, il me prend des envies de jurons à faire blanchir le curé de Saint-Sernin !

— Bénissons déjà que feu ton père eut la clairvoyance de s'entendre avec le fermier du comte d'Armagnac(2) pour ne pas être pinaillé sur l'épineuse question des litières ! Enfin, le relais ne courre point à sa perte, la poste aux chevaux est essentielle tant au service de Sa Majesté qu'aux voyageurs. Le privilège du galop nous garde de la faillite !

— Cependant maman, je crains que ce Canal ne nous fasse grand mal !

— Ne parle pas de malheur ! Pour l'heure, le Canal n'a que deux ans, attendons de voir quel coup va-t-il nous porter sur le long terme, clôtura Henriette en se levant pour aller vérifier si les garçons de ferme travaillaient selon ses souhaits. Marguerite, je t'en prie, rend-toi à notre hostellerie et vérifie son bon maintien.

Marguerite se leva et quitta la pièce sur les talons de sa mère, dans une direction opposée à la sienne, et emprunta une porte qui reliait le corps du logis avec une aile qui servait à l'hostellerie du relais. En cette heure, il n'y avait aucun voyageur, la pièce principale où l'on voyait quelques fois des gens fourbus et défraîchis prendre leur repas ici, était déserte et l'on entendait les mouches voler. 

L'air de juin faisait flotter les odeurs des cuisines et les senteurs de charcuterie et de pâtés embaumaient jusque dans l'escalier. Marguerite appela Fifi et Laurette, les deux servantes qui officiaient en ce lieu et leur demanda un rapport sur l'état de l'hostellerie. À la fin de leur compte rendu oral, Marguerite fut aise qu'il n'y aie rien à noter de sinistre et prit son parti de monter aider Fifi à changer les draps qui allaient être lavés au lavoir du village. Fifi était une brave fille de seize ans que son père avait envoyé travailler au relais dans l'espoir de se défaire d'une bouche à nourrir en attendant de la marier à qui en voudrait.

Dans l'escalier en bois, Marguerite nota que le trou dans une marche fut réparé et se gratifia d'avoir harcelé sa mère de prendre des mesures pour faire boucher ce prélude d'accident ! En entrant dans la première chambre, la jeune femme s'échina à la tâche et se donna toute entière à la besogne. Il y avait du travail à revendre ! L'hostellerie du relais comptait cinq chambres, dont deux grandes chambres possédant deux lits. Lorsque tous les draps sales furent jetés pêle-mêle dans un panier en osier, Fifi partit au lavoir tandis que Marguerite poursuivait le travail des chambres et termina en même temps que l'Angélus de Midi.

Essoufflée, les joues rouges, Marguerite descendit dans la cour du relais et s'aspergea le visage avec le filet d'eau fraîche de la fontaine sous le regard railleur de Mercure qui passait par-là, une brouette pleine de crottin dans les mains, pour la vider dans le tas derrière le bâtiment. Le jeune homme fit mine de ne pas voir la jeune femme et tous deux se croisèrent en fixant un point droit devant eux avec cette fierté commune dans l'exagération, attitude qui démontrait avec aisance et clarté ô combien ils s'étaient remarqués.

GLOSSAIRE :

(1) Bonjour en Occitan.

(2) En 1662, le comte d'Armagnac se vit accorder le privilège exclusif de l'exploitation des litières dans le Languedoc.

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