D'aussi loin qu'il se souvienne, Yvonig avait toujours aimé la forêt. Enfant déjà il courait les sentiers et les pistes qui sillonnaient les bois à la recherche des traces de passage d'un chevreuil, écoutant le chant des oiseaux ou suivant la course d'un lapin. Il se plaisait à s'imaginer chevalier ou héros fantastique, armé d'un arc et d'une épée de bois. Il vivait alors mille aventures en quête d'un trésor à retrouver, d'un dragon à pourfendre ou d'une belle à sauver. Les chemins n'avaient plus de secrets pour lui et la forêt était son domaine, son royaume imaginaire.
La petite maison de pierres apparentes qu’il habitait avec ses parents se situait justement à la lisière de l’une d’elle. Mais pas de n’importe laquelle, la légendaire forêt qui avait vu passer Merlin, Arthur et bon nombre de créatures issues des contes. Le jardin, soigneusement entretenu par son père, était clos d’un muret de pierre et se terminait par un portillon de bois ouvragé, surmonté d’une arche. Ce portail menait directement à un sentier plongeant au cœur des bois. Pour Yvonig, il symbolisait la frontière vers un monde imaginaire n’appartenant qu’à lui.
Ses parents nourrissaient son imagination débordante en l’abreuvant de contes et de légendes. Sa mère, archéologue, s’absentait régulièrement pour son travail mais ne ratait jamais une occasion de revenir de ses périples avec un livre, un objet étrange ou une anecdote farfelue. Son père, enseignant et passionné de littérature, avait toujours de nouvelles histoires à raconter pour endormir son fils ou de nouvelles idées de jeux. C’est lui qui fit découvrir à Yvonig les sentiers autour de la maison, en enrichissant leurs promenades de remarques naturalistes ou d’histoires fantastiques. Très tôt, le garçon put arpenter ces sentiers seul, ses parents lui faisant une entière confiance. La chambre d’Yvonig était devenue un amoncellement de livres de toutes sortes, de dessins, de jouets divers et de trésors rapportés de ses escapades. Il y poursuivait ses aventures les jours de pluie et les soirs d'école.
En grandissant cette soif d'imaginaire ne le quitta pas. Dans la petite école du village, il trouva d’autres enfants à l’imagination galopante et la cour de récréation devint un nouveau royaume imaginaire où chevaliers et dragons évoluaient entre deux sonneries. C’est au collège qu’il comprit qu’il lui fallait masquer un peu son côté rêveur pour échapper aux quolibets de ses camarades. Les copains d’école s’étaient perdus de vue en allant dans différents établissement, et l’âge ingrat de l’adolescence ne faisait pas de cadeau.C’est donc plutôt seul qu’il affronta cette période de la vie puisqu'il ne partageait pas les mêmes intérêts que les garçons de son âge. Il profitait des week-ends pour filer dans les bois, son épée factice dans le dos et une paire de jumelles à la main, pendant que ses congénères allaient jouer au foot ou danser en boîte de nuit.
Les années lycées approchaient dangereusement et cette simple idée l’angoissait. C’est au coeur de la forêt qu’il trouvait un semblant de paix, qu’il se sentait tout à fait chez lui.
*****
Un matin d'automne, Yvonig fut réveillé de bonne heure par les rayons du soleil perçant à travers les vitres de la fenêtre de sa chambre. La journée s'annonçait magnifique et il ne lui fallut pas longtemps pour être debout, il était hors de question de gâcher un si beau jour de congé.
Il s'habilla en toute hâte, prit un petit déjeuner succinct et prépara son sac à dos usé, vieux compagnon de ses randonnées. Y fourrant ses habituelles jumelles, couteau, guides naturalistes et autres objets plus insolites, il le passa sur ses épaules avant de franchir le seuil de la maison, laissant un mot à ses parents encore sous la couette.
L'air était frais et son souffle créait un petit nuage de vapeur devant sa bouche. Le ciel était d'un bleu impeccable et la lumière embrasait les arbres qui avaient revêtu leurs couleurs d'automne. Quittant le jardin familial par le portillon de bois sculpté, il s'engagea sur une sente qu'il connaissait parfaitement et fut rapidement sous le couvert des arbres majestueux de la forêt des légendes.
Les bois bruissaient de toutes parts et les animaux profitaient de l'heure matinale pour vaquer à leurs affaires avant que les sous-bois ne se remplissent de promeneurs et autres chercheurs de champignons. Yvonig était le premier à franchir la frontière de ce petit univers et eut l'honneur d'apercevoir cette vie grouillante. Lapins, hérissons, geais, renards et autres sangliers filaient à l'approche du jeune garçon qui s'extasiait devant leurs courses précipitées.
Il se laissa ainsi guider au gré des rencontres, filant tantôt un merle tantôt un écureuil. Il finit par suivre la piste d'une petite hermine qui semblait jouer à cache-cache avec lui. A pas de loup il espérait pouvoir la surprendre derrière une souche mais elle réapparaissait quelques mètres plus loin sur un bloc de pierre, pour plonger à nouveau dans les fougères. Le jeu dura ainsi un petit moment, jusqu'à ce qu'elle finisse par disparaître totalement dans un terrier, au pied d'un grand chêne.
L'arbre était splendide, majestueux il dominait ses congénères par sa circonférence et sa stature. Ses branches se perdaient dans la canopée de la forêt et ses immenses racines dépassaient de terre. L'écorce noueuse formait des spirales et des volutes qu'Yvonig ne put s'empêcher de venir contempler de plus près. Il en caressa la surface, explora les contours du bout des doigts et finit par venir y coller sa joue. C'est alors seulement qu'il se rendit compte qu'il ne connaissait pas cet ancêtre. Depuis sa prime jeunesse il explorait tous les recoins de ces bois et jamais il n'avait vu un tel arbre.
Il s'écarta alors doucement de l'arbre et regarda autour de lui. Il tourna autour du tronc et scruta les alentours. Ses pas ne faisaient aucun bruit sur la mousse entourant les racines du chêne et il régnait une atmosphère de calme et de sérénité dans les bois. Chaque son était comme étouffé, le moindre chant d'oiseau, le plus petit bruissement de feuilles. Les rayons du soleil matinal filtraient à travers les feuilles dorées du maître des lieux et la lumière douce qui baignait alors la forêt lui donnait un aspect presque irréel. Les arbres semblaient plus grands et plus beaux, chaque bruit sonnait comme dans un rêve, à la fois plus doux et plus clair, Yvonig se laissa aller à la contemplation émue des lieux. Il dut bien se rendre à l'évidence: Il ne reconnaissait rien de ce qui l'entourait.
Perdu, il s'éloigna à regret de l'arbre et tendit l'oreille. Le bruit d'un ruisseau tintant dans le lointain attira son attention. Il connaissait parfaitement les différents cours d'eau de la forêt pour les avoir tous remontés maintes et maintes fois. Il pourrait s'orienter sans problème à partir de celui-ci.
Il prit donc la direction du son cristallin, traversant un petit bois de pins. Plusieurs fois il eut l'impression d'être observé et se surprit même à se retourner... Pour ne rien voir. Alors qu'il s'était toujours senti chez lui dans cette forêt, il était pourtant étranger à cet endroit. Il avait même l'impression, malgré l'apparent calme, de ne pas y être le bienvenu. Un picotement désagréable le suivit sur son trajet, même lorsqu'il sortit des pins pour s'approcher de grandes pierres recouvertes de mousse entre lesquelles des arbres tordus se battaient pour se faire une place.
C'est entre ces pierres que s'écoulait un petit ruisseau, glissant sur l'une d'elle à demi-immergée, contournant une autre. De nombreuses fougères et mousses parsemaient la rocaille alentour. Le garçon fit une halte et se rendit compte que son cœur battait la chamade. Il hésitait entre l'excitation due à la découverte de ce lieu enchanteur et l'angoisse de ne pas retrouver son chemin. Angoisse accentuée par le fait qu'il dût admettre, une nouvelle fois, ne pas reconnaître le ru s'écoulant à ses pieds.
Il s'assit sur une pierre plate et sortit de quoi grignoter: quelques gâteaux secs et un peu d'eau. L'inquiétude commençait à sérieusement se faire une place dans l'esprit d'Yvonig, jouant des coudes avec l'incompréhension. Il n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu se perdre dans un bois qu'il connaissait si bien. Il sortit une carte de la forêt et commença à retracer son chemin depuis son départ matinal. Il n'avait marché que quelques heures et ne pouvait pas être arrivé bien loin. Il arriva à suivre son parcours jusqu'au moment où il avait rencontré l'hermine... Ensuite tout était flou.
Un son étrange vint le tirer de ses réflexions, celui d'une clochette ou de quelque chose de similaire. Il releva la tête et dirigea son regard de l'autre côté du cours d'eau, vers un rocher moussu surplombant la rivière. Cela ne dura qu'une fraction de seconde, mais il aperçut quelque chose à son sommet. Ce quelque chose était en train de l'observer mais avait filé au moment où le garçon avait tourné la tête. Il passa en revue les animaux forestiers qu'il connaissait, mais rien dans ses connaissances ne voulait coller à ce qu'il avait brièvement aperçu. Il avait l'impression d'avoir vu une forme vaguement humanoïde mais bien plus petite, de la taille d'un écureuil.
Intrigué, il se releva avec précaution et remballa son encas. Il observa le ruisseau pour trouver un endroit où traverser sans risque. Même si le cours d'eau n'était pas large, les pierres tapissées de mousse semblaient glissantes. Il longea donc la berge sur quelques mètres avant de trouver le passage idéal: un arbre couché donc le tronc formait un pont entre les deux rives. Le garçon se hissa sur celui-ci et s'apprêtait à entamer sa traversée lorsqu'un claquement discret retentit. Une flèche vint alors se ficher dans le bois, juste devant le pied qu'Yvonig venait de poser. Le garçon se figea aussitôt.
« Pas un pas de plus! »
La voix impérieuse avait claqué dans l'air, résonnant entre les blocs de pierre, déchirant le silence serein de la forêt. Une voix féminine.
Yvonig avait le coeur qui battait la chamade et il resta un moment, interdit, à observer le projectile qui ne s'était planté qu'à quelques centimètres de son pied. Une flèche de bois à la pointe d'acier, terminée par d'éclatantes plumes blanches. Il mit de longues secondes avant de se tourner lentement vers celle qui l'avait immobilisé, levant les yeux vers une roche plus haute que les autres.
Sur celle-ci se tenait une jeune fille, armée d'un arc où une flèche était à nouveau encochée. Le soleil baignait la roche de lumière et le garçon eut l'impression, un instant, que cette fille n'était pas tout à fait réelle. De longs cheveux couleur miel dégringolaient sur ses épaules, encadrant un visage fin où de splendides yeux bleus étaient fixés sur le garçon, imperturbables. Il resta fixer ce regard azuré un long moment, bouche bée et se rendit soudainement compte que ce n’était certainement pas convenant. Il baissa alors lentement les yeux, à regret, et remarqua que la demoiselle était vêtue d'habits d'un autre temps: une robe de toile claire surmontée de pièces de cuir brun ou vert, une cape sombre retenue par des broches dorées, de hautes bottes de cuir brun... Une apparition, un être féérique, à la fois belle et terrifiante. Il fallut à Yvonig de longues secondes pour reprendre ses esprits, son regard ne pouvant se détacher de celle qui, pourtant, le menaçait. Elle était l'image même qu'Yvonig s'était fait des dames elfiques rencontrées dans ses lectures.
L'archère ne sembla pas remarquer le trouble du garçon et dardait sur lui son regard glacé et menaçant.
« Je t'interdis de franchir ce pont. Tu n'as rien à faire ici! »
Elle ne devait pas être plus âgée que lui mais Yvonig décelait chez elle une assurance et une détermination qui le firent frémir. Il tenta de bafouiller de vagues et inaudibles excuses avant de faire un pas en arrière.
« Je... Je suis désolé... Je ne voulais pas...
— Tu ne voulais pas quoi? Traverser? Tu avais l'air bien parti pour... »
La moquerie piqua le garçon au vif et il sentit ses joues rosir soudainement. Il sauta du tronc et retomba maladroitement dans la mousse au pied de celui-ci. La jeune fille était toujours sur son perchoir et ne le quittait pas des yeux, ce qui n'aidait pas Yvonig à reprendre contenance.
« Je ne pensais pas être rentré sur la propriété de quelqu'un... Je me suis simplement égaré. J’ai cru voir quelque chose de l'autre côté du ruisseau... J'étais juste curieux.
— Tu n'as rien vu. Mais... Tu dis t'être perdu... Tu ne sais donc pas où tu te trouves?
— Je crois en effet que c'est cela qui s'appelle « être perdu ». »
Malgré la petite pique vengeresse du jeune homme, l'archère sembla subitement se détendre. Elle abaissa son arme et observa Yvonig des pieds à la tête. Elle finit même par retirer sa flèche et la remettre au carquois en secouant la tête. Elle passa son arc en bandoulière, s'approcha du bord de son perchoir et se laissa tomber au sol avec une grâce féline. Elle se redressa et prit la direction du bois de pin, passant devant le garçon sans même le regarder.
« Suis-moi, je te ramène chez toi. »
Yvonig emboîta le pas à la jeune fille sans un mot et la suivit entre les roches et les fougères. Elle se déplaçait sans faire le moindre bruit, d'un pas assuré mais élégant. Le garçon se sentait pataud et ridicule, il ne pouvait détacher son regard de sa guide. Il aurait voulu dire quelque chose, engager la conversation, mais rien ne venait.
Il trébucha sur une pierre qu'il n'avait pas vue et se reprit aussitôt en grommelant.
« Tu ferais mieux de regarder où tu mets les pieds. »
Il sentit son visage s'empourprer au son de la voix de l'archère. Il baissa immédiatement les yeux et reprit sa marche. Il inspira néanmoins et réussit à prononcer quelques mots.
« Yvonig... Je m'appelle Yvonig. »
Il n'eut cependant pas de réponse.
Ils traversèrent le bois de pins en silence et atteignirent le chêne majestueux où l'hermine avait conduit Yvonig quelques heures plus tôt. La jeune fille s'approcha de l'arbre et sembla lui murmurer quelque chose en caressant son écorce noueuse avec une douceur extrême. Le garçon n'osait s'approcher et regardait la scène avec émotion. Elle finit par se retourner vers lui, le visage plus doux que ce à quoi elle l'avait habitué depuis leur rencontre.
« Voilà... Tu es presque chez toi, continue dans cette direction pendant une dizaine de mètres sans te retourner et tu retrouveras un chemin familier. »
Elle pointait du doigt une sente à peine visible. Yvonig eut un pincement au cœur et aurait souhaité faire plus ample connaissance, lui poser des tas de questions et comprendre... Au moment où il ouvrait la bouche pour protester, elle reprit la parole d'une voix ferme.
« Va maintenant. Tu ne peux rester ici, et je ne peux te suivre. N'oublie pas de ne pas te retourner... Adieu Yvonig... »
Il sentit quelque chose d'étrange sur ces derniers mots... Peut-être une pointe de regret, une légère tristesse. Cependant il fit ce qu'elle lui avait demandé et s'engagea sur la piste sans regarder derrière lui. Il sentait le regard de l'archère peser sur lui mais il résista à la tentation de se retourner pour voir à nouveau son visage. Au bout de quelques mètres, il se rendit compte qu'il reconnaissait le sentier et la forêt environnante. Il se retourna alors mais vit, sans grande surprise, que sa guide avait disparu... Ce qui le surprit pourtant, ce fut la disparition du chêne gigantesque. Il était de retour dans la forêt qu'il avait toujours connue et il n'y avait plus une seule trace de cet arbre majestueux. L'atmosphère même était redevenue « normale ». Il revint sur ses pas, mais il n'y avait plus rien, ni chêne, ni bois de pin, ni rochers moussus.
Abattu mais émerveillé par le prodige qu'il venait de vivre, il reprit la direction de la maison, avec en mémoire le visage de l'archère.
*****
L'automne passa sans que le regard d'azur ne quitte sa mémoire, cela devint même une obsession. Il essaya à maintes reprises de retrouver le chemin emprunté par l'hermine et le vénérable chêne, sans succès.
Puis vinrent l'hiver, la pluie et le vent. Les sorties devenues plus difficiles à organiser, il se plongea dans la lecture et la recherche d'explications au phénomène qu'il avait vécu. Il s’immergea entièrement dans ce que ses parents appelèrent « une lubie » et y consacra le moindre de ses temps libres. De romans fantastiques en traités d'archéologie, d'obscurs théories à l'étude de mythes et de légendes, ses recherches le menèrent sur bien des chemins qu'il ne s'attendait pas à prendre. Mais les semaines, puis les mois, passèrent et il ne découvrait aucune trace, ni aucun témoignage satisfaisant.
C'est presque par hasard finalement qu'il découvrit un moyen possible de revoir la jeune fille.
Il était installé à son bureau, des feuilles éparpillées devant lui. Il relisait une légende irlandaise parlant d'un héros mythique ayant eu l'honneur de visiter le Sidh, l'Autre Monde, sur l'invitation d'une messagère des dieux. Il soupira, s'affaissa dans son fauteuil et reposa le document sur le bureau. Son regard se porta sur les feuilles qui étaient punaisées devant lui: des notes, des dessins de l'arbre ou de la jeune fille, un calendrier où la date de la rencontre était entourée de rouge... Il sourit et se fit encore une fois la remarque que la coïncidence était amusante: il avait rencontré la jeune fille le premier jour du mois noir, Kala goañv comme on le disait chez lui, Samhain chez les irlandais... Il retint soudain son souffle. Pourquoi n'y avait-il pas pensé avant? Et si, justement, ce n'était pas une coïncidence! Dans la tradition celtique ce jour est justement celui où les portes de l'Autre Monde s'ouvrent...
Il fouilla dans ses recherches pour retrouver différentes informations sur ces rites et traditions et entrevit alors un moyen de retrouver le chêne... Et l'archère. Si les portes s'ouvraient à Samhain et s'il ne voulait pas attendre l'automne suivant, il avait peut-être une chance au pendant de cette fête: Beltaine au printemps.
*****
L'hiver passa, trop doucement au goût d'Yvonig, mais les jours finirent par rallonger petit à petit et les premiers signes de l'arrivée imminente du printemps se firent sentir. L'esprit du garçon était en effervescence, tout comme la nature qui reprenait peu à peu ses droits. Il n'attendait plus qu'une seule chose: le jour de Beltaine. Il avait minutieusement préparé cette journée, avait retracé son précédent chemin sur une carte, étudié le comportement des hermines, préparé des offrandes pour l'arbre et un présent pour l'archère... Aussi quand le dernier soir fut venu, il se sentait prêt. Il régla son réveil aux premières lueurs du jour et se coucha de bonne heure, ce qui ne manqua pas de surprendre ses parents. Évidemment il eut bien du mal à trouver le sommeil mais il finit par venir s'abattre sans qu'il ne s'y attende.
Le réveil sonna à l'heure prévue mais Yvonig eut du mal à émerger des étranges rêves qu'il avait fait durant la nuit. La jeune fille aux yeux bleus y était présente mais elle n'était pas seule, bien d'autres créatures s'y mêlaient, bonnes et mauvaises, amicales et terrifiantes... Aussi, à l'heure de se lever, il avait un sentiment bizarre, une certaine appréhension.
Il déjeuna rapidement puis prit le chemin de la forêt. Il avait l’intention de presser le pas mais ne put s'empêcher de s'émerveiller encore une fois devant le spectacle que lui offrait la nature en ce premier matin de printemps. Après un hiver humide et froid, chaque once de ce bois semblait reprendre vie et chanter le retour de la belle saison. Il bruissait, gazouillait, sifflait, soufflait, grognait,... Chaque son était comme un instrument d'un orchestre jouant une ode au réveil de la nature. Il ralentit donc le pas, permettant aux battements de son cœur de reprendre un rythme plus normal.
C'est un renard qui vint à sa rencontre. Il parut moins étonné que ne le fut Yvonig lorsqu'ils tombèrent nez à nez au détour du chemin. Ils se fixèrent quelques instants, interdits, puis l'animal fila entre les arbres. Le jeune homme se lança alors à sa poursuite, ému de ce face à face. Quelques mètres plus loin, la flamme rousse s'était immobilisée sur une souche, semblant attendre le garçon, et quand celui-ci fut en vue, elle reprit sa course. Le cache-cache entraîna Yvonig en dehors des terrains connus avant qu'il ne s'en rende compte. De pierres en souches, de troncs en fougères, le renard mena le jeune garçon au pied d'un immense chêne... Le chêne dont Yvonig n'avait cessé de rêver depuis de longs mois.
Il s'approcha du maître des lieux lentement, avec respect, et vint poser ses mains à plat, puis sa joue, sur l'écorce. Il ferma les yeux quelques secondes et murmura simplement « merci ». De son sac il sortit une boîte d'où il retira des fruits secs, des fleurs séchées et une petite figurine de bois sculpté. Il avait passé plusieurs heures à façonner cette réplique de lui-même, à la manière des ex-voto gaulois. Un témoignage de sa gratitude, un signe de dévouement à cet arbre qu'il imaginait être l'esprit même de la forêt. Il déposa son offrande entre deux racines moussues, et ne remarqua pas le renard, à quelques mètres de là, en train de l'observer d'un air satisfait.
Yvonig prit ensuite la direction du bois de pins, qu'il traversa d'un pas décidé. Il se souvenait de chaque instant de sa première visite et retrouvait les mêmes sensations: l'atmosphère avait quelque chose de surnaturel et il savait qu'il n'était pas ici chez lui. Le son proche d'un ruisseau s'écoulant entre les pierres lui assura qu'il avait pris la bonne direction et il ne tarda pas à le voir se dessiner, entre les pins et les grandes pierres couvertes de mousse.
Tout y était tel qu'il l'avait laissé six mois auparavant et son cœur battait la chamade en reconnaissant chaque pierre et en se rapprochant doucement, mais sûrement, du lieu de la rencontre. Il émergea sur les bords du ruisseau et tourna instinctivement la tête vers le rocher où il avait aperçu, pour la première fois, l'archère.
Son cœur se serra en constatant que personne ne se tenait sur la roche, mais il ne perdit pas espoir pour autant et se rapprocha du pont de bois qu'il avait failli franchir à sa première visite. Il prit une profonde inspiration, y posa le pied et ferma les yeux, espérant entendre le son d'une flèche se plantant dans le tronc d'arbre... Rien...
Il savait à quoi il s'exposait s'il franchissait ce pont. Il n'était plus ignorant sur la signification de ce passage ni sur le lieu où il se trouvait. Ses lectures et ses recherches l'avaient mis en garde, mais revoir cette fille était devenu plus qu'une obsession... Il avait l'impression qu'il en mourrait s'il ne pouvait recroiser son regard.
Il fit alors ce qu'elle lui avait interdit de faire: Il posa un second pied sur le bois et, à pas lents et mesurés, entreprit de traverser le cours d'eau...
L'équilibre sur ce pont rudimentaire était plus que précaire, aussi Yvonig se concentra t’il pleinement sur sa laborieuse traversée et fixa ses pieds qu'il glissa, avec précaution, l'un après l'autre sur le bois. Vu de la berge, le cours d'eau ne semblait qu'un ruisseau, mais étrangement il avait désormais l'impression d'évoluer au-dessus d'un large torrent... Comme si les berges s'éloignaient à mesure qu'il avançait. Le bruit de l'eau était maintenant devenu assourdissant et il n'entendit pas tout de suite la bête approcher. Ce n'est que lorsqu'il releva les yeux pour voir ce qu'il lui restait à franchir qu'il la vit en face de lui: un loup. Un énorme loup blanc se trouvait assis, face à lui, de l'autre côté du pont, impassible.
L'animal paraissait calme, aucune animosité ne se dégageait de lui, du moins c'est ce que le garçon pensait jusqu'à ce qu'il essaye de faire un nouveau pas dans sa direction et que celui-ci ne découvre ses crocs étincelants. Chaque tentative d'aller plus en avant sur le pont faisait grogner la bête et Yvonig dut en conclure qu'elle était une sorte de gardien de ce passage. Il sortit alors d'une des poches de son sac des restes d'offrandes qu'il avait faites au chêne, quelques noisettes, et les tendit au loup qui les ignora superbement.
Le garçon était déterminé et imagina pouvoir négocier avec le gardien.
« Je ne te veux aucun mal... Je veux simplement traverser... Il le faut. »
Le loup pencha la tête de côté, l’air intrigué.
« Je... J'ai rencontré cette fille il y a de longs mois... Je ne dors plus, je pense à elle à chaque instant... Je dois la revoir, je dois savoir qui elle est. Tu comprends? »
L'animal fit alors quelque chose à laquelle Yvonig ne s'attendait pas: il monta sur le tronc couché et fit quelques pas dans sa direction, faisant trembler par la même occasion le fragile pont. Le jeune homme reprit son équilibre et poursuivit:
« Je sais maintenant où je me trouve, je suis à la frontière entre mon monde et le tien, l'Autre Monde, mais je suis prêt à payer le prix si nécessaire. Je ne peux vivre sans la revoir, ne serait-ce qu'une seule fois...»
Le gardien du passage n'était plus qu'à quelques pas et avait perdu toute agressivité, ses oreilles baissées, il semblait presque triste. Un bruit derrière Yvonig attira l'attention des deux équilibristes: le renard qui avait guidé le jeune homme jusqu'au chêne venait de faire son apparition au bout du pont.
Yvonig allait reprendre sa plaidoirie quand un autre son, du côté du loup cette fois-ci, les fit tous se retourner. C'était un son long et puissant, comme une corne de brume, ou... Un cor de chasse. Le loup se retourna brusquement vers le garçon et recommença à grogner en faisant un pas vers lui. Surpris par le changement soudain d'attitude de la bête, Yvonig fit un pas en arrière. L'animal avança à nouveau et le garçon dut poursuivre sa marche arrière, les yeux fixés sur les dents de la bête.
Il ne suffit que de quelques pas à Yvonig pour se retrouver à nouveau à l'extrémité du pont, de son propre côté. Le loup avait une attitude étrange, plus pressé que réellement menaçant. Mais la rangée de dents acérées qu'il découvrait était suffisamment impressionnante pour tenir le garçon en respect.
Un nouveau son de cor retentit, beaucoup plus proche cette fois-ci. La bête se retourna brusquement vers sa berge et le renard en profita pour se glisser entre les jambes d'Yvonig et s'interposer entre le jeune homme et le gardien. Ce bref mouvement suffit à faire remuer le fragile pont et déséquilibrer le loup qui bascula vers le torrent. Ses pattes postérieures se retrouvèrent suspendues dans le vide et le reste de son corps le retint de justesse. Malgré ses redoutables griffes, la bête glissait inexorablement vers les eaux.
Yvonig voulut se précipiter pour aider l'animal mais un nouveau son de cor, plus puissant que les autres, le stoppa net.
Sur l'autre berge, émergeant de la forêt, une troupe d'hommes se dirigeait droit vers eux.
Ils semblaient venir d'un autre âge. Vêtus de peaux, de toile et de cuir, leurs visages étaient peints et ils portaient des armes aussi antiques que leur apparence: lances, épées, poignards et boucliers. L'air sombre et patibulaire, ils avançaient d'un pas décidé et ne laissaient aucun doute sur leurs intentions hostiles. Un javelot ouvragé ne tarda d'ailleurs pas à se planter dans le tronc, à quelques pas d'Yvonig, faisant fuir le renard et glisser un peu plus le loup vers le torrent.
Le garçon voulut à nouveau se précipiter pour l'aider mais un homme était apparu de l'autre côté du pont. Il semblait immense, ses cheveux de feu portés en deux longues tresses lui donnaient un air sauvage, renforcé par la barbe épaisse et rousse qu'il avait également tressée et les tatouages sur son visage. Dans l'une de ses mains, il tenait une grande hache dont la lame semblait gravée de symboles. Il hurla quelque chose en direction d'Yvonig, des paroles de colère dans une langue que le garçon ne reconnut pas. Le colosse pointa le loup du doigt puis se frappa la poitrine, comme pour faire comprendre que l'animal lui appartenait.
Il fit un pas vers le tronc qui servait de pont et y mis un grand coup de pied. L'arbre trembla, déséquilibrant l'animal et le jeune homme. Ce dernier se rattrapa de justesse mais le loup glissa un peu plus vers l'eau... Ce qui fit éclater de rire l'homme à la hache qui, entre deux grognements satisfaits, cria ce qui semblaient être des ordres aux autres guerriers. Ces derniers se précipitèrent entre les pierres et s'approchèrent du ruisseau, en aval du pont. Ils posèrent leurs armes et déplièrent un grand filet qu'ils jetèrent en travers du cours d'eau. Une fois cela fait, ils crièrent quelque chose au guerrier roux qui sourit. Il se retourna vers la lisière du bois d'où ils étaient sortis et Yvonig remarqua pour la première fois qu'un homme à cheval se tenait là, dans la pénombre. Le garçon ne pouvait discerner ses traits, mais il y avait quelque chose d'angoissant dans cette présence. Comme si le cavalier dégageait une aura sombre et malsaine... Et puis cette allure... Il se tenait recroquevillé sur sa monture et son dos semblait couvert de plumes noires. Yvonig eut un frisson. L'étrange personnage fit soudain un signe de tête en direction de l'homme à la hache qui se retourna avec un sourire carnassier, son arme au-dessus de la tête. Il prononça, avec un fort accent, quelques mots dans la langue d'Yvonig: « Le passage est fermé. » et abattit brusquement sa hache sur le pont.
Le fragile édifice céda soudainement et Yvonig eut tout juste le temps de se jeter sur la berge avant que le tronc ne s'affaisse dans l'eau, emportant avec lui le loup blanc.
Le garçon se redressa sur sa rive et vit l'homme peint qui riait à gorge déployée en regardant le ruisseau. Le loup y luttait pour rester à la surface de l'eau et Yvonig se sentit impuissant face à la détresse de ce dernier. Le courant le précipita inexorablement dans le filet tendu par les hommes du colosse. Ils sortirent l'animal de l'eau et fixèrent rapidement le filet sur une longue perche pour pouvoir le transporter. Avant que les hommes ne chargent leur butin sur leurs épaules, Yvonig eut le temps d'apercevoir les yeux de la bête qui le fixaient tristement, des yeux auxquels il n'avait pas fait attention... Des yeux d’azur...
Les hommes repartirent aussi rapidement qu'ils étaient venus, comme si tout cela n'avait été qu'un rêve. Le cavalier, avant de disparaître à son tour, fit faire quelques pas à sa monture en dehors de la pénombre des arbres. Il portait une grande cape noire couverte de plumes obsidiennes et, sous la capuche qui couvrait son crâne, on pouvait deviner un masque de bronze aux motifs entrelacés. Il resta encore quelques instants à observer Yvonig avant de replonger dans l'obscurité du sous-bois. Celui-ci s'était laissé tomber à genoux et avait enfoui son visage dans ses mains: il pleurait.
J'ai l'impression qu'il a mis les pieds dans une contrée qui lui promet beaucoup de surprise mais aussi de danger.
Je pense qu'il en sera bientôt fini de cette petite vie tranquille.
J'espère que tu ne seras pas déçue de la suite...
Je me suis aussi demandé : quel âge a Yvonig ? À un moment j’ai cru que c’était un jeune adulte, mais le fait qu’il soit encore chez ses parents m’a interpelé.
Je trouverais interessant que la belle elfe maintienne style lapidaire également dans son langage.
« Tu dois y aller maintenant. Tu ne peux rester ici, et je ne peux te suivre. N'oublie pas de ne pas te retourner... Adieu Yvonig« => deviendrait, par exemple : « Va. Ne te retourne pas. Adieu Yvonig » (j’adore qu’elle lui dise adieu gentiment) En plus, si ce n’est pas sa langue maternelle, ça vaut le coup de lui trouver une manière de parler qui ne soit pas trop littéraire.
Ce serait super de partager une des légende que lit Yvonig. Peut-être en introduction du chapitre ou pour dynamiser la séquence où il lit.
Ce ne sont que des suggestions, je trouve ton chapitre super beau et j’ai hâte de lire la suite !
Tes personnages (humains ou animaux) sont vraiment intrigants et bien « charpentés » (je ne trouve pas d’autre mot). J’aime les petits détails que tu glisses dans tes descriptions (les symboles sur le plat de la hache, les plumes obsidiennes, les postures,...).
Je devine qui est le renard. Drôle d’intention que celle de vouloir faire tomber le loup blanc (et je commence à comprendre de qui il s’agit aussi...^^). Le Korrigan reste donc un personnage ambiguë dont j’ai hâte de découvrir l’histoire.
J’ai jeté un oeil aux autres commentaires et, histoire d’être constructive, je rejoins l’idée que le début du chapitre est légèrement coupé de la réalité. Ajouter des détails pour encrer le personnage dans sa réalité est une bonne idée. D’ailleurs, tu dis que l’archère a le même âge que ton héros, mais quel âge a-t-il au juste ? :)
J’ai passé un très chouette moment. Ah, oui, et j'aime beaucoup la couverture du bouquin ;)
Oui, je suis ravi des précédents commentaires, ils mettent en avant quelque chose que je n'arrivais pas à cerner seul. Je vais donc y travailler!
Mais l'âge est un souci pour moi... Parce que je n'arrive pas à cibler. C'est aussi pour ça que j'avais éludé la question!
Merci pour la couverture. L'image a été réalisé par un ami, et j'ai galéré à y joindre des textes qui ne gâchaient pas le visuel!
J’ai eu un moment de confusion au début, en comprenant qu’on se situait dans le monde réel, puis j’ai compris que ton héros allait passer un jour ou l’autre dans un autre monde. Ça fonctionne, mais la façon dont tu mets en place ce début de chapitre entraine un peu d’incertitude, avant qu’on comprenne qu’il s’agit d’un flashback vers une époque révolue.
Ce chapitre est un peu moins enthousiasmant que le précédent, même s’il soutient quand même bien l’intérêt du lecteur. Peut-être est-ce parce que le monde d’Yvonnig avant son départ est assez peu détaillé (ses parents ne sont qu’évoqués par exemple, on ne les rencontre pas) et que lui-même nous reste assez étranger. Ou parce qu’on n’a pas le temps de le connaître bien avant sa rencontre avec la jeune fille. Tout cela reste un peu flou. On ne sait pas quel âge il a, par exemple, ni l’année, ni où il habite à part près d’une forêt mystérieuse. Du coup le contraste entre le monde réel et la suite est moins marquant. Je pense que tu gagnerais à ancrer plus ce début avec des détails concrets et « terre à terre » voire futiles, pour qu’on sente mieux ton personnage, son monde, et le décalage avec l’univers « moyenâgeux » qui l’attend de l’autre côté. Bon, ce n’est qu’une idée, mais il me semble que ce serait plus percutant de cette façon et qu’on s’attacherait plus au personnage. (finalement on s’attache plus à lui dans le premier chapitre qu’ici). Je trouve aussi sa réaction un peu faible quand la flèche se plante devant son pied. On ne ressent aucune peur, aucune inquiétude, ce qui désamorce un peu la tension de la scène.
Du point de vue forme, il y a de jolies descriptions dans ce chapitre, tu restitues bien l’ambiance des lieux.
Au final, je critique beaucoup, mais ça reste très sympa !
Détails
n'avait fait qu'abonder dans le sens de ses histoires : pour moi on abonde dans le sens de quelqu’un, pas de quelque chose.
En grandissant cette soif d'imaginaire ne le quitta pas : ce passage au passé simple me heurte un peu, puisque tu es au plus que parfait juste avant.
bien d'autres créatures s'y mêlaient bonnes et mauvaises, amicales et terrifiantes : virgule avant « bonnes »
Bien qu'il souhaitait presser le pas : subjonctif après « bien que »
aussi Yvonig se concentra pleinement sur sa laborieuse traversée : se concentra-t-il ?
jusqu'à ce qu'il essaye de faire un nouveau pas dans sa direction et que celui-ci découvrit ses crocs étincelants : essaye/découvre (subj présent) ou alors tout au subj passé (essayât/découvrît)
répét : Il semblait immense/la lame semblait gravée de symboles
Ce dernier s'était laissé tomber à genoux : celui-ci ? (ce n’est pas le dernier d’une énumération.
En démarrant mon récit je me suis mis volontairement des contraintes (je ne voulais citer aucune date, ni aucun lieu précis) qui sont devenues des freins.
Je vais retravailler ce début de chapitre pour l'ancrer un peu plus dans notre réalité et prendre le temps de connaître Yvonig.
Quand aux autres remarques... Elles sont toutes justes! Merci encore!
Un chapitre très fluide qui se lit sans le moindre accroc. J'aime toujours autant - il me semble que c'est là le point fort de ton récit - les atmosphères, la façon dont tu décris ce je-ne-sais quoi qui flotte dans l'air (exemple: "Il s'écarta alors doucement de l'arbre et regarda autour de lui. Il tourna autour du tronc et scruta les alentours. Ses pas ne faisaient aucun bruit sur la mousse entourant les racines du chêne et il régnait une atmosphère de calme et de sérénité dans les bois. (...)"
On sent aussi à travers ta prose le regard attentif d'un amoureux de la nature, et c'est très agréable car certaines descriptions de paysage sont parfois stéréotypées et on sent qu'elles ont été rédigées par des gens qui n'ont pas vraiment mis les pieds dans une forêt :D Ce n'est pas le cas ici, et ça donne une belle crédibilité à l'ensemble.
J'ai très hâte d'en savoir plus sur l'archère aux yeux bleus...! Personnage intriguant et immédiatement attachant.
Je suis plus mitigée concernant Yvonig. Il vit quelque chose d'extraordinaire, mais j'ai malgré tout un peu de mal à m'émouvoir pour lui. Je crois que c'est lié au fait qu'on ne sait pas grand chose de sa "vraie vie": c'est un adolescent et il décide de quitter, potentiellement pour toujours, son foyer et ses parents. Il faudrait qu'on en sache plus sur les raisons d'un tel désir de fuite. Je crois que ça rendrait aussi Yvonig plus attachant. Mais ce n'est que mon ressenti à chaud! En tout cas j'ai hâte de lire la suite!
Deux petites remarques de forme juste pour finir:
"C'est presque par hasard finalement qu'il découvrit un moyen possible de revoir la jeune fille." --> J'aurais mis "un possible moyen"? Mais je ne suis pas sûre.
"Il ralentit donc le pas, permettant aux battements de son cœur de reprendre un rythme plus normal." J'enlèverais le "donc" ici qui me semble un décalé dans le contexte.
Voilà, bravo encore pour cette belle aventure.
Pour ce qui est d'Yvonig... je suis complètement d'accord! Quelque chose me gênait, depuis longtemps, dans mon récit, et tu viens de mettre le doigt dessus! Merci!! Je vais y travailler!
Et je note et prends en compte les autres remarques ;)