Yunna débarquait dans le bâtiment qui servait de salle de répétition. Le toit en bois abritait un petit groupe de quatre filles accompagnées d’une femme aux cheveux attachés en chignon haut. Cette dernière faisait une démonstration de la danse traditionnelle intitulée « Naissance du Cycle ». La coutume voulait que cette chorégraphie soit interprétée par les jeunes filles célébrant leur dixième printemps lors de la Cérémonie du Renouveau. Cette fête se déroulait tous les ans à la fin de l’hiver. La danse était alors effectuée afin d’accompagner l’éveil de la nature.
Yunna tentait maladroitement de se faire discrète, mais le vent qui s’était engouffré dans la pièce à son arrivée ainsi que le bruit trop lourd de ses pas avaient chassé tout espoir pour elle de passer inaperçu.
- Yunna ! Encore en retard, comme c’est étonnant, lança l'instructrice Nam.
La petite fille fuyait le regard de la préparatrice en chef la Cérémonie du Renouveau. Les autres élèves la dévisageaient en soupirant, toutes habituées au retard quotidien de leur camarade.
- Je m’excuse pour mon retard. Encore. Répondit-elle avant de pincer ses lèvres et de tourner ses pupilles vers le coin inférieur gauche de la pièce.
Nam lâcha un soupir sachant la petite irrécupérable, puis ne voulant pas perdre plus de temps elle reprit ses explications. Yunna, satisfaite de ne pas s’être faite reprendre davantage par l’instructrice, se faufila à sa place derrière une fille aux cheveux excessivement longs. Cette dernière faisait une tête de plus qu’elle, avait la taille toute fine, et portait une tunique bleu nuit aux manches amples qui flottaient délicatement lorsqu’elle bougeait ses bras. Sa posture très droite impressionnait toujours Yunna qui se demandait parfois si on ne lui avait pas greffé un bâton dans la colonne vertébrale. Comment autrement son corps pouvait-il former un parfait angle droit avec le sol.
- Bien, maintenant je vous regarde, annonça Nam.
Le petit groupe commença alors à reproduire les mouvements appris durant de longues heures. Chaque année, un nouvel ensemble de jeunes filles exécutait la chorégraphie ancestrale devant l'entièreté du village.
La légende racontait que cette danse aurait été interprétée pour la première fois par la déesse Alma elle-même lorsqu’elle créa ces montagnes et instaura le cycle des saisons. Alma était perçue par les habitants des Hautes montagnes comme la mère de toutes choses. C’est à partir de son propre corps qu’elle bâtie ces terres et y insuffla la vie. Elle était la gardienne protectrice de la Nature et veillait à l’équilibre au sien des sommets. La chorégraphie que ces jeunes filles reproduisaient avait pour objectif de les faire entrer en communion avec la déesse avant qu'elles ne reçoivent symboliquement à leur oreille une part du cœur de la montagne.
- Très bien Myanni c’est excellent ! applaudi l’instructrice.
En effet, la jeune fille positionnée devant Yunna excellait. Ses cheveux ondulaient gracieusement tandis que ces membres se déplaçaient avec fluidité, sans aucune hésitation. Myanni était remarquable. Justesse et précision étaient ses maîtres mots lorsqu’elle dansait. Pas un pas de travers, pas un regard mal placé ni même un geste de main superflu, le menton toujours relevé afin de préserver son incroyable port de tête.
Yunna, dont la mémoire n’était pas le point fort, observait attentivement Myanni afin de ne pas perdre le fil. Pourtant malgré ces efforts, elle peinait énormément à la copier. Alors rapidement distraite, la jeune fille préférait se contenter de mouvements approximatifs tandis que l’élégante Myanni continuait à tourner sur elle-même tout en lançant ses bras de droite à gauche dans une délicatesse sans égale. Ces merveilleux mouvements valaient à l’extraordinaire danseuse toutes les ovations de Nam.
Une fois la danse achevée, Myanni lança un regard à Yunna et constata qu’elle plissait son nez en signe de contrariété comme elle le faisait dès que quelque chose la gênait.
- Bien les filles, dans l’ensemble c’était pas mal du tout, déclara Nam. Evidemment Myanni tu étais magnifique. Je n’ai rien à te dire, tu étais parfaite. Il nous reste encore un mois pour peaufiner la chorégraphie mais je n’ai aucun doute sur le fait que tu nous éblouiras tous, affirma l’instructrice avec un grand sourire. Par contre Yunna, toi tu es un peu à la traîne. Tu as loupé plusieurs passages et tes mouvements manquent cruellement de précision, nota-elle en visant directement la fillette de ses petits yeux entrouverts.
Yunna n’écoutait qu’à moitié les remarques de son instructrice. La seule chose qui l’inquiétait à ce moment-là était de comprendre comment Nam pouvait avoir une si bonne vue et repérer toutes ses erreurs avec de si petits yeux. Cela intriguait beaucoup la fillette qui avait l’habitude de dévorer le monde avec ces yeux toujours grands ouverts. Elle adorait faire des concours de grimaces avec Dayun et sa spécialité était de pouvoir gonfler ses globes oculaires à en faire frémir les âmes les plus sensibles. Dans sa grande générosité, elle aurait bien prêter à Nam un peu de ce super pouvoir. Mais l’instructrice le méritait-elle vraiment alors qu’elle n’avait pas accepté sa proposition d’abandon de la chorégraphie sacrée pour la remplacer par une danse improvisée ?
- Yunna tu m’écoutes ? Il va falloir que tu travailles davantage ! insista Nam avant de se retourner en poursuivant à voix basse. Me voilà bien moi si j’arrive pas à apprendre la chorégraphie de la Naissance du Cycle à la fille du chef.
Yunna plissa de nouveau son nez et ses épais sourcils s’abaissèrent sur ses yeux, une expression rappelant celle d’un Yack en colère.
- Encore cette tête de Yack, souffla Myanni à voix basse en se rapprochant de Yunna, t’es vraiment moche comme ça tu sais. Et puis l'instructrice ne fait que dire la vérité.
- Nan mais eh ça va ! Je sais bien que j’arrive pas mémoriser cette chorée, mais elle est nulle aussi, rétorqua la jeune fille au nez toujours froncé.
- Dis pas ça ! protesta Myanni. C’est la danse de la création. C’est avec elle que la déesse Alma instaura le cycle des saisons. C’est une danse sacrée et je te préviens je ne veux pas qu’on ait la honte le jour de la représentation à cause de toi, avisa-elle avant de croiser ses bras.
La mise en garde de Myanni sembla couler sur Yunna qui intensifia le plissement de ses sourcils un instant avant de finir par faire rouler ses yeux en signe d'indifférence.
- Myanni à raison. Vous devez toutes prendre conscience de ce que représente cette danse, insista Nam. La cérémonie du Renouveau est une célébration très importante pour notre peuple, et cette année elle le sera tout particulièrement pour vous. Préparer cette chorégraphie est essentiel, mais il n’y a pas que ça. Passer son dixième printemps, c’est recevoir une part du Cœur de la Montagne à ses oreilles, rappela-t-elle en passant ses mains sur les deux sphères rouges suspendues à ses lobes.
Les petites filles écoutaient attentivement leur instructrice puis l’une d’elle demanda :
- Vous vous souvenez du jour où vous les avez reçus ?
- Bien sûr. Confirma Nam en fixant les fillettes, une pointe de nostalgie reluisant dans sa rétine. Ce jour reste gravé dans ma mémoire et ce sera la même chose pour vous. Recevoir un fragment du Cœur de la Montagne fait de vous une véritable femme des Terres d’Alma. Vous avez déjà assisté chaque année à la cérémonie, peut-être que vos mères où vos sœurs vous en ont parlé, mais observer le rituel et le vivre sont deux choses bien différentes.
L’importance capitale de cette cérémonie, personne n’en avait parlé à Yunna. Elle l’avait un peu perçu à travers l’attitude de son grand cousin et de sa tante, quelque peu changeante à son égard ces derniers temps, ajouté au fait qu’elle devait trois fois par semaine suivre ce cours de danse ancestrale. Toutefois elle n’avait su déceler aucun autres signes lui permettant de comprendre la portée cruciale de ce moment dans sa vie. Pour elle c’était juste un printemps de plus, l’occasion de partager un délicieux repas avec tout le village et de s’amuser au son de la musique de fête qui était jouée du matin jusqu’à l’aube. Et bien sûr elle allait recevoir à ses oreilles deux sphères pourpres, un superbe cadeau car à ses yeux le rouge était une couleur magnifique.
- Et est-ce que ça fait mal lorsqu’on accroche les sphères ? s’inquiéta une fillette du groupe.
- Cela dépend de ta sensibilité, pour ma part je n’ai ressenti qu’une infime douleur. Dans tous les cas, cela ne dure que quelques instants. Après tu seras toute fière et heureuse de les porter, la rassura Nam avec un sourire bienveillant.
Les fillettes fixaient les fragments du Cœur de la Montagne qui pendaient aux oreilles de l'instructrice. Ces sphères pourpres étaient à l‘origine des minerais cachés au fin fond des Terres d’Alma. Après avoir été polis avec soin par les moines du Grand Temple, ces billes écarlates étaient prêtes à être disposées tout près des oreilles des jeunes filles afin qu’elles puissent, tout au long de leur vie de femme, entendre la voix de ces hauteurs, sentir le battement de ces sommets, être toujours à l’écoute du Cœur de la montagne.
- Ah mais en fait, c’est mon père qui nous donnera nos fragments, se rappela Yunna après avoir rassemblé les vagues souvenirs qu’elle possédait de la cérémonie.
La jeune fille n’avait jamais réellement observé le déroulement du rituel, trop occupée à chahuter avec Udo à l’écart de la foule et à échafauder des plans dans le but de mettre la main sur un maximum de Mumu, ces petits raviolis vapeurs fourrés d’un mélange de légumes racines et de fromage de chèvre aromatisés d’herbe des sommets dont elle raffolait.
- Evidemment que c’est au chef du Grand Village que revient cette mission ! Il est le seul à pouvoir le faire car il fait partie de la famille Shenga dont les membres descendent directement du premier être humain que la Déesse Alma a créé. Mais ça tout le monde le sais p’tit Yack ! fit remarquer Myanni sur un ton cinglant. Je comprends toujours pas que t’appartiennes à la famille Shenga alors que tu connais même pas l’histoire de notre peuple.
Yunna ne rétorqua rien mais fronça le nez et les sourcils en direction de Myanni en secouant légèrement la tête. Il n’y avait jamais rien de menaçant dans ces grimaces, juste l’expression de son agacement.
- Bon allez les filles on s’y remet ! lança l’instructrice avant de se mettre en position pour montrer une nouvelle fois la chorégraphie.
Trêve de bavardage, il était temps de reprendre l'entraînement, la cérémonie se tiendrait dans moins d’un mois et la réputation de Nam dépendait de la bonne représentation de cette danse. L'instructrice ralentissait ses mouvements afin que les jeunes filles puissent les comprendre, les reproduire et les assimiler.
D’abord lever le bras droit sur le côté à hauteur d’épaule, puis faire de même avec le bras gauche pour le rabattre ensuite sur le droit. Relever les deux bras en créant une ondulation partant des poignets jusqu’au bout des doigts. Une fois au-dessus du crâne, joindre les deux mains et les descendre gracieusement. Puis répéter l’opération de l’autre côté. Après cette ouverture, il était temps d’ajouter les mouvements de jambe. Un pas en avant vers la droite, même bras tendu devant soi, délicate révérence, le dos de la main se posant doucement sur le front. Un pas en avant vers la gauche, et on recommence. Puis venait le moment où Yunna décrochait, celui où il fallait enchainer les tours, les retournés, où la position de chaque membre était calculée au millimètre près pour respecter la chorégraphie originelle. Ce moment où sa camarade Myanni excellait, mais où elle avait juste envie de trémousser son corps dans tous les sens, balayant toute métrique.
A la fin de la séance d'entraînement, l’instructrice laissa une nouvelle fois ces élèves répéter la chorégraphie dans son entièreté. Elle observa en priorité Yunna car elle espérait des progrès. Pourtant comme à chaque fois, elle finissait par être déçue et par se résigner, la petite n’y arriverait pas. Tant pis, elle avait beau être la fille du chef, elle serait derrière, encerclée par les quatre autres danseuses afin que la foule ne perçoive pas le désastre. La véritable vedette de cette danse serait Myanni. Encore une fois Nam la contemplait, et encore une fois elle la trouvait sublime. Une véritable incarnation de la déesse Alma célébrant le renouveau et l’arrivée du printemps.
Lorsque le groupe eut terminé, Nam les remercia d’un petit applaudissement. Puis après avoir fait ses dernières remarques elle souhaita aux jeunes filles une bonne journée en leur rappelant que la prochaine séance se tiendrait dans trois jours.
Aussitôt libérées, Yunna fut la première à s’extirper de la salle. Elle attrapa son manteau qu’elle avait jeté à terre à son arrivée sans prendre la peine de l’accrocher précieusement aux poignées prévues à cet effet. Puis, elle fonça vers le plateau des troupeaux. Il faisait froid en cette fin d’hiver, mais Yunna avait toujours chaud – peut-être parce qu’elle courait tout le temps – son sang était en constante ébullition à l’intérieur de ses veines.
En quelques minutes, après avoir traversé le pont suspendu au sud et passé le gros cèdre, elle arriva aux abords du plateau. Sur cette grande étendue plate, la seule à cette altitude, les habitants du Grand Village faisaient paître leurs troupeaux de chèvres et de moutons. Plus loin, il y avait également plusieurs groupes de Yacks qui pâturaient tranquillement.
- Udo !
Yunna appela le jeune garçon qui se trouvait assis sur un rocher près d’une partie du troupeau de chèvre de sa famille. Le père de Udo l’avait chargé de surveiller les bêtes pendant que lui et sa femme s’occupaient chaque matin de la traite d’un petit groupe d’entre elles.
Le jeune garçon aux cheveux noirs constamment en bataille et au visage rond observait les chèvres la tête calée dans ses bras croisés sur ses genoux. Lorsqu’il entendit la voix de Yunna, son regard s’éclaircit et il se tourna vers son amie.
- Ton cours s’est bien passé ? C’est pas trop dur ? demanda-t-il en se redressant.
- Ça va, un peu compliqué de devoir retenir l'enchaînement mais bon je pourrais toujours improviser et ça ira, répondit Yunna de façon nonchalante.
- Improviser ?! Mais c’est une danse ancestrale on peut pas la modifier et puis, Udo hésita un instant avant de demander, t’es pas stressée de devoir danser devant tout le village ?
- Pourquoi je devrais ? C’est qu’une danse et en plus la chorégraphie et franchement pas terrible, donc si je modifie certains mouvements ça ne pourra être que bénéfique, affirma la petite fille.
Udo restait perplexe et admiratif. L’idée de devenir le centre des regards de tous les habitants du Grand Village le terrifiait. Comment Yunna pouvait-elle être si détendue ? Bien sûr, son amie ne se laissait jamais déstabiliser, elle était toujours prête à relever de nouveaux défis, à affronter le danger, à se lancer dans l'inconnue. Udo était fasciné par l'attitude de Yunna, lui qui fuyait à la moindre difficulté et cherchait toujours à se faire le plus petit possible se trouvait encore une fois impressionné par l’assurance de son amie.
- N’empêche, si t’avais été une fille on aurait pu danser ensemble, ajouta Yunna.
La scène traversa l’esprit d’Udo et son visage se pétrit d’angoisse. Il fut alors soulagé d’être un garçon bien que ce statut l’assigne à d’autres obligations. Lui aussi lors de ses quinze ans aurait droit à un rituel devant tout le village pour recevoir son fragment du Cœur de la montagne.
- C’est dommage hein ? Je suis sûre que tu aurais adoré danser avec moi, ironisa Yunna en donnant un léger coup de coude à son ami.
Udo détourna le regard puis Yunna se mit à rire et le petit garçon aussi. Après avoir papoté un moment les deux enfants partirent déambuler au milieu des chèvres. Yunna avançait en sautillant devant son ami, puis elle commença à entonner une chanson :
- Tout en haut des sommets, vivent les enfants d’Alma. Dans les Hautes Montagnes... Eh vas-y chante moi encore ta chanson ! demanda la petite fille.
Udo sentit de nouveau le stress monter dans son corps. Une partie de lui se maudissait d’avoir, un soir alors qu’il rassemblait le troupeau de chèvres, fredonné cette chanson qu’il avait imaginée sans s'apercevoir que Yunna se trouvait non loin de là. Son amie qui s’amusait à traquer des lophophores, ses oiseaux favoris, avait entendu toutes les paroles du morceau, et depuis elle n’arrêtait pas de le solliciter pour qu’il le chante à nouveau sous prétexte qu’elle ne s’en souvenait plus.
- Allez Udo ! Je me rappelle plus la suite. Et t’inquiète pas il y a personne ici, insista-t-elle.
Udo hésita puis comme chaque fois il se résignait face aux arguments de son amie. Tout bas, et peu assuré, il commença alors à chanter :
- Tout en haut des sommets, vivent les enfants d’Alma. Dans les Hautes Montagnes, ils partagent leur joie...
Puis au fur et à mesure que les mots s’échappaient de sa bouche, Udo prit confiance en voyant le sourire de Yunna qui ajouta sa voix à la sienne. Le garçon avait une très belle voix, une voix que Yunna regrettait de ne pas entendre plus souvent, alors elle était heureuse de chanter avec lui.
“Tout en haut des sommets, Vivent les enfants d’Alma.
Dans les hautes montagnes, Ils partagent leur joie.
Enfants de la nature, Ils doivent la protéger.
Animaux et Forêts, Plateaux, Pics enneigés.
Créer par la déesse mère, Descendue sur cette terre.
La montagne a un cœur, Il faut la protéger.
La montagne a un cœur, un cœur à protéger.”
Udo haussa le ton et Yunna se mit alors à danser. Non pas la danse ancestrale de la Naissance du Cycle, mais une danse irréfléchie et spontanée. Elle agitait ses bras et ses jambes en bondissant tandis qu’Udo chantait de plus en plus rapidement. La petite fille tourbillonnait sur elle-même, il n’y avait plus aucune maîtrise de ses gestes. Pourtant, malgré ce désordre, Yunna resplendissait à sa façon, sa joie irradiait Udo de façon si intense que le jeune garçon ne s'aperçut pas d’être à présent le seul à chanter.
*
Le soleil commençait à disparaître derrière l’imposante carrure des sommets ouest. Ces formes obscurcies par le contrejour laissaient entrevoir des silhouettes biscornues aux contours mal dessinés. La chaine des Hautes Montagnes s’étendait à perte de vue autour du Grand Village qui en surplombait la majeure partie. Plus bas, les flancs étaient recouverts de forêts denses aux conifères gigantesques. Plus on s’approchait du bleu du ciel, plus les parois devenaient pauvres en végétation pour laisser place à une forme d’immensité infinie, du gris puis du blanc qui se mêlait à celui des nuages.
Yunna avait passé l'après-midi en compagnie d’Udo à s’occuper du troupeau. Elle avait également tenté de monter à cru sur un Yack. Cette idée se solda par un échec ce qui n’empêcha pas la petite fille de planifier une nouvelle tentative pour le lendemain malgré le bleu qui s’était dessiné sur son genoux gauche après sa chute. Le soleil se cacha complètement, signal pour Udo de ramener le troupeau dans son enclos situé à l’entrée du Grand Village. Il fit retenir une petite cloche en cuivre au son de laquelle les chèvres se rassemblèrent.
- Aller Aller ! Il est temps de rentrer ! clama Yunna comme si les bêtes pouvaient la comprendre.
Elle s’amusa ensuite à courir autour des chèvres pour accélérer leur regroupement. Udo commença à se diriger vers le gros cèdre, puis il laissa le troupeau traverser le pont en veillant à ce qu’aucune des bêtes ne se coince la patte entre les planches de bois. Les chèvres étaient habituées à ce trajet qu’elles parcouraient chaque matin au lever du jour, chaque soir au coucher du soleil. Elles avançaient vivement et sans crainte dans un élan chaotique où chacune avait sa place. La cohue que cela provoquait résonnait dans le Grand village indiquant la fin de la journée. Udo rejoignait les autres éleveurs qui eux aussi ramenaient leurs bêtes à l’étable. Son père l’attendait puis ensemble ils opérèrent un décompte afin de vérifier que toutes leurs chèvres étaient bien rentrées.
Yunna accourut en queue de peloton puis salua le père de son ami d’un geste de la main que ce dernier lui rendit avant de questionner son fils :
- Dis donc, j’vois qu’tu t’es encore fait assister par la fille du Grand Chef hein ?
Cette remarque remua le jeune garçon bien qu’il avait l’habitude d’entendre ce genre de reproches. Tout le village pouvait voir que lui et Yunna étaient toujours fourrés ensemble, puis comme il était facile de qualifier Udo de timide et peureux, le monde s’imaginait que Yunna ne traînait avec lui que par pitié. Chacune de ces petites piques, certes exprimées sur le ton de l’humour, venait se loger dans l’esprit du jeune garçon, répandant à petite dose un dangereux poison affectant sa confiance en lui.
Udo préféra ne pas répondre à son père, le silence lui semblait toujours plus confortable surtout face aux adultes.
Après avoir réapprovisionné les bacs posés à l’intérieur de l’étable en eau et fourrage puis refermé la clôture extérieure, Udo aperçut un groupe de Gardiens d’Alma s’approcher du Grand Village. Ils entouraient celui qui semblait être l’un des sept chefs des Hautes Montagnes. Yunna qui était montée sur un rocher se dressant à côté du porche d’entrée posa sa main droite au-dessus de ses yeux afin d’éclaircir sa vue pour observer ce cortège. Le père d’Udo le remarqua aussi et déclara :
- Tiens, t’à l’heure c’était l’chef de Keh et maintenant voici l’chef de Nupkang. On dirait qu’va y avoir une réunion du Conseil.
Lorsqu’ils franchirent le porche bariolé de drapeaux aux couleurs éclatantes, Yunna s’écria en agitant ses bras :
- Bienvenue au Grand Village !
Tous les Gardiens levèrent la tête vers cette voix enjouée qui venait de les accueillir. Le chef du village de Nupkang examina la jeune fille avant de souffler sur un air de dédain :
- La petite du Grand Chef va passer son dixième printemps et à ce que je vois, elle agit toujours comme une gamine. Faut croire que Gyatso est bien meilleur dans son rôle de chef que dans celui de père.
- Vous êtes dur, glissa un jeune Gardiens d’Alma. Vous savez bien que la femme du Grand Chef est…
- Taisez-vous ! gronda le chef Nupkang en passant le porche.
Le Gardien d’Alma se tut immédiatement. Voyant qu’il ne comprenait pas son erreur un de ses camarades lui chuchota :
- La femme du Grand Chef était la petite sœur du chef de Nupkang. Alors un conseil : ne parle jamais d’elle et ne prononce surtout pas son nom devant lui…
Aucun de ces mots ne parvint à Yunna qui avait déjà bondi du rocher pour accourir vers son ami lui annoncer l’arrivée du chef de Nupkang. Voyant sa tête et sa tenue de plus près, la petite l’avait reconnu à l’énorme manteau en fourrure qui entourait son dos trapus ainsi que sa barbe si grosse qu’elle masquait ses lèvres.
Chaque année les sept chef des Terres d’Alma se réunissaient pour faire le point sur la vie dans les Hautes Montagnes. Le développement des villages, la situation environnementale, la santé des habitants, la prospérité des activités, voilà quels étaient les thèmes abordés annuellement dans la grande salle ovale du Domaine Sacré. A ces joyeuseries s’ajoutait le sujet des relations extérieures. Par cette appellation il fallait entendre le conflit latent avec Kundaria, une problématique qui ne cessait de se faire de plus en plus présente dans les débats du Conseil. Ainsi ce soir, l’enjeu semblait croître à son paroxysme puisque le Conseil se réunissait en urgence pour une assemblée extraordinaire à ce propos.
Toutes ces subtilités échappaient à Yunna qui ne voyait rien d’autre qu’un peu d'agitation dans son quotidien, une source de curiosité supplémentaire. Peu de temps après l’arrivée du chef de Nupkang se fut au tour du chef de Sikkam de passer le porche du Grand Village. Les habitants s’écartaient sur leur passage et les observaient avec une pointe d’inquiétude. Il se dégageait derrière eux une atmosphère pesante qui se répandait silencieusement.
Le père d’Udo somma son fils de ne pas rentrer trop tard avant de se diriger vers leur maison. Le garçon acquiesça puis, emporté par l'excitation de Yunna à la vue de tout ce monde qui débarquait dans le village, il fut traîné par son amie jusqu’au Domaine Sacré. Là-Haut, se retrouvaient les chefs, leurs conseillers ainsi que les Gardiens d’Alma supérieurs de chaque village.
Yunna se camoufla derrière des buissons, cachette depuis laquelle elle scrutait un par un les membres du Conseil qui se saluaient avec plus ou moins d’entrain. Udo se tenait à ses côtés et les observait également. Cela lui rappelait que les Terres d’Alma comptaient d’autres villages que celui duquel il n’était jamais sorti, cela le faisait autant rêver qu’angoisser. Le monde au-delà du grand village était si vaste.
- Et si on les espionnait ? proposa Yunna à son ami les yeux pétillants de malice.
Au fond, Udo partageait cette envie. Grâce à Yunna il était devenu plus curieux et lui aussi voulait connaître la raison de toute cette agitation. Pourtant dès qu’il s’agissait de prendre des risques ou de braver l’interdit, le jeune garçon se ravisait aussitôt.
- Mais on a pas le droit non ? lui répondit-il.
- Pas besoin de demander la permission, le but c’est justement de passer inaperçu, rétorqua Yunna en avançant vers la salle du Conseil avant d’être stoppée par deux jambes de géant.
- Passer inaperçu pour faire quoi Yuyu ? interrogea Dayun qui se tenait devant les deux enfants, le buste penché en avant au-dessus de sa petite cousine.
Yunna roula des yeux ronds vers son grand cousin puis tenta d’afficher sa plus belle tête d’ange.
- Rien du tout, je disais juste que l’arrivée des six chefs ne passait pas inaperçue.
Ces mots ne suffirent pas à convaincre Dayun, le jeune homme savait pertinemment ce que sa cousine avait à l’esprit. Il savait déceler dans son regard l’étincelle espiègle qui fredonnait une mélodie de bêtises en approches.
- Il se fait tard, vous ne devriez pas être ici, objecta le jeune homme. Udo rentre chez toi. Et toi Yuyu file tout de suite voir ma mère, elle t’attend pour manger avec les autres.
Le ton ferme employé par son cousin sauta à la figure de Yunna qui fronça son nez et ses sourcils.
- Aller P’tit Yack, dépêche-toi, insista Dayun en donnant une petite pichenette sur le front de sa cousine.
- Eh ! Mais et toi alors tu viens pas ?! répliqua la petite fille.
- Et non moi je vais assister au Conseil. Contrairement à toi, en tant que Gardien d’Alma gradé j’en ai le droit.
Quelle injustice ! Lui il avait le droit d’entrer étancher sa soif de curiosité alors qu’elle devait rester à souffrir sur le seuil. Faisant la moue, Yunna détourna le regard en murmurant :
- Mh t’as trop de la chance…
- Je sais mais t’en fais pas, un jour c’est même toi qui le dirigera ce Conseil ! Alors soit patiente. En attendant zou ! fit Dayun en poussant doucement sa petite cousine pour qu’elle s’en aille.
Yunna se résigna alors et repartit avec Udo en courant. Elle savait que son cousin n’abandonnait jamais et que ça ne servait à rien de tenter de l’amadouer. Dayun observa les deux enfants galopaient ensemble avant de se séparer pour rejoindre leur chez eux. Il alla ensuite retrouver son oncle qui se préparait pour la séance dans une petite pièce attenante au Grand Temple.
- Tu as vérifié ce que je t’ai demandé ? interrogea le Grand Chef Gyatso.
- Oui, Yunna est bien rentrée à la maison.
- Parfait. Bon, il va être temps de débuter la séance du Conseil, déclara solennellement Gyatso après avoir fini de peindre sur son visage l’expression la plus neutre et ferme possible.
Alors plur commencer voici mes petites remarques :
"Elle était la gardienne protectrice de la Nature et veillait à l’équilibre au sien des sommets."
-> je crois que tu voulais dire "sein" mais même avec ce mot, la phrase serait mal dite je crois ^^
"qu'elles ne reçoivent symboliquement à leur oreille une part du cœur de la montagne."
-> je comprenais pas trop au début, jusqu'à ce que tu expliques d'où ça vienne ! X)
"Très bien Myanni c’est excellent ! applaudi l’instructrice. "
-> "applaudit" plutôt. Et j'aime pas trop trop Myanni pour l'instant mdr
"ces membres se déplaçaient avec fluidité, sans aucune hésitation."
-> "ses membres"
"Pourtant malgré ces efforts, elle peinait énormément à la copier."
-> "ses efforts"
"droite à gauche dans une délicatesse sans égale"
-> cette phrase est assez maladroite il me semble. Je mettrais plus "avec une délicatesse sans égale"
"nota-elle en visant directement la fillette de ses petits yeux entrouverts."
-> "nota-t-elle"
"de dévorer le monde avec ces yeux toujours grands ouverts."
-> OH je sais pas pourquoi mais je trouve cette phrase très belle ! 🥰
"Je sais bien que j’arrive pas mémoriser cette chorée"
-> oubli du "à" je crois ! X)
"avisa-elle avant de croiser ses bras."
-> "avisa-t-elle"
"entendre la voix de ces hauteurs, sentir le battement de ces sommets"
- "ces hauteurs" et "ces sommets"
"sur un maximum de Mumu, ces petits raviolis vapeurs fourrés d’un mélange de légumes racines et de fromage de chèvre aromatisés d’herbe des sommets dont elle raffolait"
-> JE VEUX EN GOÛTER ! Fun fact : j'ai découvert ça ce matin grâce à Cherry et j'avais pas encore eu la réf' !
"où il fallait enchainer les tours, les retournés"
-> "les retourner"
"ces élèves répéter la chorégraphie dans son entièreté"
->"ses élèves"
"Le jeune garçon aux cheveux noirs constamment en bataille et au visage rond observait les chèvres la tête calée dans ses bras croisés sur ses genoux."
-> phrase un peu longue, rajoute une virgule :)
"chorégraphie et franchement pas terrible"
->"est"
"Cette idée se solda par un échec ce qui n’empêcha pas la petite fille de planifier une nouvelle tentative pour le lendemain malgré le bleu qui s’était dessiné sur son genoux gauche après sa chute."
-> phrase longue aussi, essaye peut-être de la couper en deux ?
"Aller Aller ! Il est temps de rentrer !"
->"allez, allez"
"Yunna accourut en queue de peloton"
-> ah ? Je connais pas cette expression ! Ça veut dire quoi ? X)
"le Conseil se réunissait en urgence pour une assemblée extraordinaire à ce propos."
-> EH ! Je me croirais en droit des sociétés 😭 Les chefs sont des associés en AGE c'est ça ? Je le savais ! 🤣
Bon, dans son ensemble j'ai beaucoup aimé ce chapitre ! Encore une fois, j'ai l'impression que tu exposes encore le contexte de ton histoire ce qui permet d'en apprendre davantage sur ton univers et surtout de le comprendre !
Étrangement, j'ai l'impression de sentir un certain vécu lorsque tu décris les difficultés de Yunna à maîtriser la chorégraphie, et que ça t'est déjà arriver de vouloir te lâcher comme ça ^^
J'aime beaucoup ces parallèles entre les pensées de Yunna et les faits réels de l'histoire, ça rajoute du réalisme ! Elle est naïve, curieuse, ne se doute pas forcément que les choses peuvent mal tourner et je pense que c'est un bon point ! Je pense que j'étais pareille à son âge, assez "étrangère" au monde des adultes et à ses subtilités. La joie de vivre de Yunna est très mignonne, mais j'ai vraiment cette impression que ça ne restera pas là pour longtemps.
Autre point que j'ai aimé c'est le fait qu'on ait eu un petit échantillon du passé de Yunna avec sa mère décédée. Je veux en savoir plus sur eux, surtout sur son père qui :(
Pour rejoindre Cherry, je pense aussi que Yunna n'est pas forcément destinée à ce futur qui l'attend. Devenir cheffe n'est pour moi pas ce qui lui semble le mieux au vu de son caractère et de sa possible évolution...
Je ne me dirais jamais assez mais Udo est mon chouchou. Il faut le protéger. Je veux qu'il soit heureux ! Le fait que tu abordes le manque de confiance en soi chez un garçon est vraiment super intéressant surtout que c'est à cet âge que tout se joue...il suffit de quelques petites remarques qui s'accumulent. J'ai envie de croire que son père n'est pas aussi "mesquin" qu'il n'y paraît, et que c'est vraiment involontaire de sa part.
En conclusion, un chapitre très appréciable ! J'ai hâte de découvrir ce que tu nous concocte pour la suite ! Continue comme ça, et ne te décourage surtout pas, c'est vraiment super ! 🥰
Je te fais un gros bisous, et je file me coucher !
Tout d’abord un grand merci à toi pour cet énorme commentaire ! Vraiment merci beaucoup pour ton soutien ! <3 Et merci pour toutes les corrections orthographiques ! (Je voyais la liste se rallonger au fur et à mesure que je lisais ton commentaire et je me suis dit « bon ben voilà je reste dyslexique malgré mes progrès, les fautes avec moi quand il y en a plus, il y en a encore ! x) » Enfin bref je fais vraiment de mon mieux à chaque fois et j’espère que c’est pas trop gênant à la lecture (c’est surtout ça qui me fait peur). En tout cas un grand merci à toi de m’aider à corriger tout ça ! ^^
Maintenant je vais réagir à chacune de tes petites réflexions :
- Pour les Mumu(s) (je sais pas si je mets un s ou pas) qui sait un jour j’en ferais peut être une vrai recette sachant que t’es pas au bout de tes surprises niveau culinaire j’adore inventer des plats fictifs inspirés de plats réels ;)
- « Yunna accourut en queue de peloton » Ah je vois que tu n’es pas une cycliste x) En gros ça veut dire à l’arrière/en dernier derrière un groupe de personne. T’entends beaucoup cette expression en cyclisme avec le peloton de coureurs qui est le gros groupe de cyclistes au centre/milieu de la course. Ici en l’occurrence le peloton c’est le groupe de chèvres ;)
- Mais encore une fois le droit nous a retourné la tête. Nous sommes les victimes d’une propagande je vous l’affirme ! x)
- Pour la chorégraphie de danse oui ça m’est déjà arrivé de buter sur certaines chorées et certains mouvements difficiles et c’est super rageant x) En toute honnêteté je suis comme Yunna, je préfère la danse improvisée, spontanée.
- Je suis très contentes que tu apprécies le contraste entre la façon dont Yunna perçoit le monde et la réalité. C’est vraiment quelque chose que j’essaie d’installer dans ce début d’histoire donc c’est super si on le ressent. Après évidemment si tout continuait à bien se passer de façon joyeuse et tranquille il n’y aurait pas d’histoire donc évidemment les choses vont devenir de plus en plus compliquées ^^
- Oui pour la mère de Yunna, une première pierre est posée et on y reviendra plus tard pour comprendre plus en détails ce qui s’est passé…
- Vous tenez là une bonne théorie toutes les deux. Je vous laisserais découvrir par la suite ce qu’il en est ;)
- Oww je suis très heureuse de voir que tu apprécies beaucoup Udo ^^ Je vais t’avouer quelque chose sur lui, au départ il était pas censé être un personnage aussi important. Puis au final maintenant c’est clairement un de mes personnages centraux sur qui se construit l’histoire. Donc voilà je l’avoue je le chérie aussi beaucoup ^^
- Et oui Udo manque vraiment de confiance en lui. C’est un point que je tenais à aborder parce que j’en ai moi-même souffert et je crois qu’Udo possède cette part de moi qui doute et qui a peur tandis que Yunna possède mon envie d’aventure, cette forme d’intrépidité et cette façon de s’imposer au monde que j’avais étant enfant.
Voilà pour terminer encore une fois merci beaucoup !! Tes retours me motivent vraiment à poursuivre et ne rien lâcher !
Je te fais plein de bisous ! A demain autour d’un bon bol de Ramen ! ^^
Petite Comète
Je reviens après des jours de silence mais je ne t’ai pas oublié.
Alors : protégeons à tout prix Udo. S’il vous plaît. Franchement, le paragraphe où Udo n’a pas confiance en lui à cause des remarques des adultes m’a brisée le cœur. En fait, ça commence comme ça, avec des petites remarques et au fil du temps ça s’amasse et ça devient de plus en plus lourd à porter jusqu’à s’autosaboter. Heureusement que Yunna est là pour l’aider ^^ Et c’est cool de voir que tu abordes ça ici. Il faut parler du fait que les parents peuvent être toxiques même si eux-mêmes n'en ont pas conscience
« Mais l’instructrice le méritait-elle vraiment alors qu’elle n’avait pas accepté sa proposition d’abandon de la chorégraphie sacrée pour la remplacer par une danse improvisée » j’aime beaucoup lorsqu’on est plongé dans les pensées enfantines de Yunna, ça donne un ton plus joyeux et innocent qui colle avec l’ambiance de l’histoire. D’ailleurs, c’est quelque chose que moi-même je ne fais pas trop car je n’arrive pas à retranscrire fidèlement les pensées de mes personnages psk c’est chelou mais toi tu y arrives mais bref je sais pas si tu arrives à comprendre ce que je veux dire car je sens que je m’enfonce et que ma devient trop longue
« Cela dépend de ta sensibilité, pour ma part je n’ai ressenti qu’une infime douleur. » fun fact sur ma life : j’ai eu mal quand je me suis fait percer les oreilles à Histoire d’Or quand j’avais 12 ou 13 ans et OUI ça s’est infecté, OUI ça s’est refermé, OUI comme une conne j’ai forcé l’ouverture avec une boucle d’oreille désinfectée et OUI je suis gavée conne (dis à Yunna que ça fait mal, il est temps d’arrêter de mentir à ces fillettes)
« Mumu, ces petits raviolis vapeurs fourrés d’un mélange de légumes racines et de fromage de chèvre aromatisés d’herbe des sommets dont elle raffolait. » JE VEUX GOÛTER DES MUMU !! obligé tu nous en cuisineras
« Yunna appela le jeune garçon qui se trouvait assis sur un rocher près d’une partie du troupeau de chèvre » chèvreS
« Son amie qui s’amusait à traquer des lophophores » MDRRR j’ai cherché sur internet ce que c’était des lophophores et ça donne sur Wikipédia : Le lophophore est un organe rétractile présent chez de nombreux petits animaux aquatiques planctonivores ou détritivores (marins et d'eau douce). C'est un organe proche de la bouche, qui participe à l'alimentation de l'animal ou de sa colonie (quand il s'agit d'un organisme colonial).
« Udo haussa le ton et Yunna se mit alors à danser. Non pas la danse ancestrale de la Naissance du Cycle, mais une danse irréfléchie et spontanée. » je trouve que ce passage révèle quelque chose. Yunna symbolise un peu le renouveau, la modernité face aux traditions. Le fait qu’elle choisisse de créer sa danse et non pas de suivre les pas anciens révèle beaucoup sur sa personnalité. Et comparé aux autres filles de son groupe de danse, on sentait très bien que Yunna était en décalage, pas raccord si je puis dire… J’ai l’impression que c’est du foreshadowing, je me trompe ?
En fait, je sens que Yunna (même si elle aime cette vie) n’a pas sa place dans une société archaïque qui contient beaucoup de règles et d’obligations. Et de ce que j’ai vécu, c’est pas le meilleur endroit pour qu’une âme en soif de liberté puisse s’épanouir. Je sens que lorsque Yunna sera plus grande, elle cherchera sa voie ailleurs mais pas forcément auprès de sa famille. A moins que je n’ai faux sur toute la ligne et que tu en décides autrement XD
« Cette idée se solda par un échec ce qui n’empêcha pas la petite fille de planifier une nouvelle tentative pour le lendemain malgré le bleu qui s’était dessiné sur son genoux gauche après sa chute. » cette phrase est un peu longue, rajoute une virgule ^^
« Yunna qui était montée sur un rocher se dressant à côté du porche d’entrée posa sa main droite au-dessus de ses yeux afin d’éclaircir sa vue pour observer ce cortège. » pareil ici, la phrase est un peu trop longue sans virgules
« La petite du Grand Chef va passer son dixième printemps et à ce que je vois, elle agit toujours comme une gamine. » LOOOOOOOOOOOOL grosse blague, j’ai 19 ans et je suis toujours excitée et tête en l’air comme Yunna. L’âge ne définit pas la maturité hein, il est temps de le normaliser
« le Conseil se réunissait en urgence pour une assemblée extraordinaire » OH MON DIEU, serait-ce une assemblée extraordinaire où les associés se réunissent pour décider de la vente de parts sociales ? Doivent-ils écrire un procès-verbal qu’ils signeront ? Que fait le gérant ?
« Il savait déceler dans son regard l’étincelle espiègle qui fredonnait une mélodie de bêtises en approches. » je trouve que cette phrase est très belle ^^ retire juste le s de approche je crois mais sinon c’est top !
« - Je sais mais t’en fais pas, un jour c’est même toi qui le dirigera ce Conseil ! » alors je sais pas pourquoi mais je sens qu’il se passera un truc tellement grave que Yunna ne présidera pas le Conseil. Enfin je sais pas mais je SENS qu’il va se passer un truc mal. Un truc mauvais. Et peut-être que le futur ne sera pas tout beau ni tout rose pour Yunna qui veut reprendre la charge de son père.
BREF.
Assez de théories à la noix.
C’est cool comme chapitre, je salue encore une fois ta plume 😊 n’hésite à me demander plus si tu ne comprends pas ce que j’ai écris
Bisous et à bientôt dans les EHPAD pour les cours de Véro
Doudou 😉
Alors déjà merci beaucoup !! Vraiment merci pour cet énorme commentaire ! Merci d’avoir pris le temps d’écrire tout ça et de me faire part de tes remarques, réactions, ressenties, questionnements et théories, ça me fait extrêmement plaisir ! <3 Et puis c’est ultra motivant ;)
Bon maintenant je vais attaquer les réponses points par points :
- Tout d’abord pour Udo, je suis vraiment contente de voir que vous l’appréciez. En toute honnêteté ce passage respire le vécu. Mais je pense qu’on est nombreux(ses) à expérimenter ça. Les remarques péjoratives prononcées par nos proches sans mauvaises intentions de leur part mais qui fragilisent notre confiance en nous… De plus en plus je me suis rendue compte que c’est ce qui m’est arrivée par rapport à mon physique et résultat aucune confiance et un désamour total de mon corps, heureusement c’est en train de changer petit à petit mais c’est dur… Bref, Je crois qu’inconsciemment ce que j’ai pu ressentir à ce propos est ressortie dans ce passage. Sur le moment j’y ai pas trop pensée mais en voyant ta réaction et celle d’Alex je suis contente de voir que ce passage vous a touché ^^
- Oh c’est super que tu apprécies d’être dans les pensées de Yunna et je suis contente de voir que tu perçois le contraste entre la vision du monde d’une petite fille et la réalité. J’aime beaucoup travailler les points de vue parce que pour moi la vérité n’existe qu’à travers les yeux de celui qui la regarde. Et en ça, j’aime beaucoup jongler avec différents pdv/voix mais comme tu le soulignes c’est pas toujours évident à faire. Un de mes axes de réflexion pour le peuple des Terres d’Alma c’est de donner 3 voix différentes : celles de deux enfants à la personnalité plutôt opposée, celle d’un jeune adulte (aka Dayun) et celle d’un adulte qui a déjà bien vécu (aka Gyatso), on verra si je parviens à bien faire sentir ce contraste. En tout cas moi sur ce plan là c’est mon expérience des jeux de rôle qui m’aide beaucoup. Le fait de se mettre dans la peau d’un personnage, penser comme lui et voir les choses à travers ses yeux, je l’ai beaucoup fait avec les jeux de rôle et je procède un peu pareille pour l’écriture.
- T’as vraiment pas eu de chance pour le perçage de tes oreilles x) Perso je l’ai fait vers mes 8 ans et j’ai pas eu mal par contre comme toi par la suite le trou avait commencé à se reboucher tout seul aussi du coup j’ai dû forcer et garder tout le temps des boucles pendants un moment pour que l’espace du trou se rebouche pas x) Donc ne t’en fais pas t’es pas la seule à avoir eu des galères avec ça.
- Ouais un jour je vous en cuisinerais et qui sait je sortirais peut être un livre de cuisine en parallèle par ce que par la suite j’ai créé toute une série d’autres plats x)
- Alors ok je sais pas d’où sort cette définition mais c’est juste un oiseau un peu comme un faisan qui est bleu vert et orange principalement et qui vit en Himalaya. Je crois que le vrai nom complet c’est lophophore resplendissant mais what ta définition m’a tué x)
- Oh t’as théorie est très intéressante. Ce que je peux te dire pour le moment c’est que oui Yunna est assez en décalage par rapport aux autres et qu’elle ne voit pas vraiment les grands enjeux cachés derrières toutes les coutumes et traditions qui l’entourent. C’est une petite fille qui pense avant tout à s’amuser et elle se laisse beaucoup porter par ces envies sans se soucier du reste. Elle agit très spontanément, très librement et c’est vrai que ça contraste avec toute la sphère religieuse et sa position en tant que fille du Grand Chef.
- Ok je note pour les phrases trop longues. ;)
- Oh pourquoi faut toujours qu’on ramène tout au droit ! On est vraiment des victimes de la propagande juridique. x)
- Alors je sais pas pourquoi mais si tout se passait merveilleusement bien il n’y aurait pas d’histoire donc ouais les choses seront plus compliquées que prévue pour nos protagonistes ^^
Enfin voilà merci encore pour toutes ces belles réflexions ! Ne t’en fais pas j’ai tout compris ^^
Je te fais plein de bisous et puis bah en fait on se voit demain, trop hâte de retourner au Kyushu Ramen avec vous ! ;)
Petite Comète