Amandrille et Ondine approchaient des Montagnes Calleuses, leurs sacs remplis de poires et de quelques pommes qu’elles avaient pu trouver par la suite. À l’occasion d’une pause imposée par Cassis, ayant trouvé l’herbe d’un champ particulièrement irrésistible, elles évoquèrent la suite de leur voyage tout en observant les sommets vertigineux et les falaises infranchissables qui se dressaient devant elles. Il fut vite évident qu’aucune des deux ne connaissait la région, et qu’elle seraient vite perdues et mortes de froid si elles s’aventuraient dans les montagnes sans plus de préparation. Ondine se préoccupait plus d’énumérer les objets qu’elles devaient se procurer, tandis qu’Amandrille tentait de lui faire entendre qu’elle n’aurait rien de tout cela si elles ne parvenaient pas à trouver de l’argent.
– Arrête de t’angoisser pour l’argent, finit par s’impatienter Ondine. Je t’ai vue à l’œuvre ce matin, il est évident que tu sais t’y prendre pour faire les poches.
– Et tu penses que je vais me cacher dans un coin de rue et détrousser les passants ? s’égosilla Amandrille.
– Non pas du tout ! Je voulais dire que, dans le pire des cas, je pourrais faire la conversation aux marchands pendant que tu te sers sur les étals… Alors concentre-toi un petit peu sur les choses dont on a besoin. Et puis, qui sait, les habitants de Pacisole sont peut-être généreux et aimables, dans ce cas nous n’aurons pas besoin d’en arriver là.
– Oui, j’espère pour ton canasson que c’est le cas, parce que je te préviens, il est hors de question que je salisse la réputation de tout mon peuple en devenant une immonde voleuse à l’étalage.
Ondine ouvrit des yeux outrés, et s’énerva :
– Tu recommences avec ça ? Jamais, tu entends, jamais je ne vendrai Cassis. Elle et moi, on se comprend trop bien ; et à ce propos, elle vient de me dire que désormais, tu ferais le chemin à pied.
C’est dans cette ambiance tendue que naine et humaine arrivèrent en fin d’après-midi aux abords de Pacisole. Dans les champs et les rues, les villageois s’activaient à des tâches diverses et variées, et s’interrompaient pour saluer les étrangères d’un sourire, parfois d’un mot de bienvenue. Enchantée par cet accueil, Ondine se réjouit :
– Tu vois, ils ont l’air très gentils. Et très occupés. Nous pourrions leur offrir nos services en échange de ce qu’il nous faut, je suis sûre qu’ils accepteraient. Qu’est-ce que tu sais faire ?
Avec un optimisme qui sonnait faux, Amandrille répondit :
– Oh, et bien je sais espionner, mentir, escalader…
– Que des qualités qui n’ont rien à voir avec celles d’une voleuse !
– Et toi, qu’est-ce que tu peux faire ? rétorqua la naine.
– À peu près tout, répondit Ondine. Il y a beaucoup de familles que j’aidais régulièrement, au camp, quand j’avais terminé la distribution d’eau. Les couturiers, les selliers, les ferronniers, les cuisiniers…
– Alors tu sais coudre, cuisiner, travailler le cuir et le métal ? s’impressionna Amandrille.
– Pas vraiment, admit Ondine, gênée. Disons que, je… J’épluche les légumes, je chante des chansons aux enfants, j’entretiens le feu, je porte le linge chez les lavandiers… Je sais me rendre utile.
– Oui, je n’en doute pas, répondit Amandrille avec une ironie piquante. Tiens, regarde, des chevaux bien rangés dans leur petites maisons en bois ! Tu n’as qu’à aller proposer de les brosser et de leur chanter des chansons.
Elles étaient arrivées dans une courette où un palefrenier finissait de rentrer une petite dizaine de chevaux dans leurs boxes. Ondine le regarda faire un instant, et admit avec gêne :
– Pour tout t’avouer, je ne suis pas très douée avec les chevaux.
Laissant s’échapper petit rire, Amandrille s’étonna :
– C’est pas vrai, tu plaisantes pas ? Ça, c’est le comble, une poursolienne qui sait pas s’occuper des chevaux !
– Je ne dis pas que je sais pas le faire, juste que je n’aime pas ça. Je suis pas très à l’aise avec les chevaux.
Cessant de rigoler, Amandrille admit :
– D’accord, pour une fois, on se comprend. Ce sont d’énormes masses de muscles inexpressives et inconfortables. Allons vite voir avec cet homme combien il serait prêt à nous donner pour nous débarrasser du tien !
Ondine aurait pu s’énerver, mais elle commençait à comprendre comment fonctionnait le second degré de la naine, à percevoir la taquinerie complice sous ses airs distants et moqueurs. Puis, elle devait admettre qu’elle se sentait prise dans une impasse.
– Tu as sans doute raison, après tout. Nous n’avons pas vraiment le choix. Nous n’avons pas un sous, aucune compétence utile dans un village d’agriculteurs, et je ne veux pas devenir une fugitive dans toutes les régions que nous traversons. Puis, Cassis ne pourra pas nous porter toute les deux sur son dos indéfiniment, ce n’est pas bon pour elle.
Ondine, à pieds depuis les premières maisons, se retourna vers sa jument pour lui caresser l’encolure avec de long gestes affectueux.
– Tu sais, je ne suis pas très lourde, dit Amandrille d’une petite voix.
Sans relever sa remarque, Ondine continua :
– Si je m’accroche autant à elle, c’est uniquement parce qu’elle me permet de me sentir un tout petit peu poursolienne. Adoptée, puis exilée, ma jument, c’est tout ce qu’il me reste de cette partie de ma vie.
La naine s’approcha de son pas silencieux, se tint à ses côtés, et pour la première fois, tendit la main vers Cassis. Curieuse, la jument vint renifler les doigts qu’elle avait senti plusieurs fois s’agripper à ses poils, puis se laissa toucher la crinière, peu rancunière.
– Je sais ce que c’est, dit Amandrille. Quand je t’ai dit que je gardais mes carreaux d’as en cas d’urgence, je n’ai pas été tout à fait honnête. Manger ces biscuits, c’est la seule chose qui me permet de me sentir chez moi, pendant un petit instant. Et j’ai peur de ce que je pourrais ressentir quand je n’en aurai plus un seul sur moi.
Elles restèrent un moment silencieuses, à caresser Cassis qui, heureuse de recevoir ces tendresses après deux jours de cavale, tendait la tête et remuait ses babines, ce qui fit rire Amandrille. Ondine la regarda alors, comme elle n’avait jamais osé le faire, décelant au-delà du gris translucide de sa peau et des angles saillants de son visage une douceur juvénile. Elle n’avait pas l’air d’être sortie de l’enfance depuis très longtemps. C’était difficile de lui donner un âge, mais peut-être n’avait-elle pas plus de seize ans. Pourtant, elle s’était proposée pour l’escorter de son plein grès, sans hésiter un instant. Et – Ondine était bien obligée de se l’avouer – elle avait besoin d’elle pour atteindre les Grands Lacs. Sa vie dépendait d’une adolescente d’un mètre vingt de haut, qui ne lui demandait qu’une chose. Vendre le seul bien de valeur qu’elle possédait pour qu’elles puissent s’acheter de quoi survivre. Mais avant qu’elle ne puisse prendre la parole, Amandrille dit :
– Je comprends pourquoi Cassis est importante pour toi. On trouvera une autre façon d’obtenir ce qu’il nous faut, ne t’inquiète pas.
Au moment où elle prononçait ses mots, le palefrenier, un homme d’une cinquantaine d’années, qui les observait depuis plusieurs minutes, vint à leur rencontre.
– Je peux peut-être vous être utile, mesdemoiselles ?
– Peut-être, lui répondit Ondine. Nous nous demandions si quelqu’un, dans ce village, serait intéressé par notre cheval. Elle s’appelle Cassis, elle a quatre ans.
L’homme jeta un œil à Cassis en esquissant une moue dubitative.
– C’est pas dit, décréta-t-il, ici c’est un village d’agriculteurs, vous savez, on cherche surtout des chevaux de trait.
– Oh, Cassis est robuste, et très bien dressée. Accompagnée de chevaux de traits, elle peut être une très bonne meneuse d’attelage, ou simplement permettre à ceux qui ont des champs éloignés de s’y rendre au plus vite.
Le palefrenier soupira, et regarda à nouveau Cassis avec un froncement de sourcil. Il reprit :
– Oui, vous avez raison, en quelques jours de recherche je peux sans doute trouver quelqu’un qui serait intéressé par ces qualités.
– Quelques jours ? Mais, nous ne comptons pas nous arrêter ici, nous devons repartir dès demain.
– Dans ce cas, dit-il, je pourrais vous l’acheter moi-même, pour la revendre ensuite, mais ça m’embête un peu. Les chevaux des poursoliens sont très bien dressés, c’est vrai, mais ils coûtent toujours une fortune. Vous êtes bien une poursolienne, je me trompe ?
– Non, vous dites vrai, répondit Ondine avec un grand sourire. Mais rien ne nous empêche de négocier, et si mon prix n’est pas le vôtre, j’irai à la rencontre de quelqu’un d’autre.
Le palefrenier balança sa tête un moment, l’air de réfléchir encore un peu, puis lâcha :
– Je pense pouvoir la revendre quatre-vingt blancs, sans problème. Si je vous en donne soixante-dix, ça me fait une marge acceptable.
Ondine croisa furtivement le regard d’Amandrille, essayant d’y déceler une trace d’approbation ou d’outrage. Mais, tout comme elle, la naine n’avait aucune idée de la quantité de pain et de grain que cela représentait. Comme il était hors de question d’admettre leur ignorance devant leur client, Ondine tenta :
– Désolé, mais elle vaut au moins deux fois plus que ça. Je vous rappelle qu’elle n’a que quatre ans, elle a une longue vie devant elle. Je ne la céderai pas à moins de cent cinquante blancs.
– Cent cinquante ! s’égosilla l’homme. Mais je ne suis même pas sûr d’avoir tout cet argent sur moi ! C’est comme je vous disais, les chevaux des hommes des plaines sont trop chers. Un bon cheval de chez nous, c’est sûr, ça en jette un peu moins, mais ça fait quand même le travail, et on n’a pas besoin de se mettre sur la paille pour s’en procurer un.
– Écoutez, continua Ondine d’un air grave, pour être tout à fait honnête avec vous, nous sommes vraiment dans le besoin. Nous n’avons plus un sou, et la route qui nous attend est encore longue. Soyez sincère, vous aussi, je crois que cent cinquante blancs, c’est une très belle offre, et que vous le savez. Vous n’aurez aucun mal à revendre Cassis pour plus que ce prix, n’est-ce pas ?
Soupirant d’un air abattu, l’homme admit difficilement :
– C’est vrai, vous avez raison, bien sûr. Mais j’aurais bien intérêt à la revendre vite, car sinon, demain, il n’y aura rien au fond de mon assiette. Attendez ici, d’accord, je vais voir avec ma femme si on arrive à réunir l’argent.
L’homme s’éloigna, le dos un peu voûté, et les deux filles se tournèrent l’une vers l’autre, avec un sourire.
– Ouah, doubler le prix qu’il te proposait, vraiment bien joué ! chuchota Amandrille.
– Oui ! Je sais ! C’est fou, j’en reviens pas, j’ai complètement bluffé, et ça a marché !
L’excitation d'Ondine devant cet exploit chassait presque la peine qu’elle avait à se séparer de sa jument, mais elle se répétait que c’était aussi pour le bien de Cassis. Elle serait mieux ici, au village, qu’à trotter pendant des jours dans la montagne avec deux personnes sur le dos.
Lorsque le palefrenier revint, il serrait dans une de ses mains une bourse pleine à craquer, et gardait l’autre contre son torse. Les filles constatèrent qu’il tenait ainsi contre sa chemise une trentaine de pièces qui n’avaient sans doute pas pu rentrer dans le porte-monnaie.
– Tenez, dit l’homme, c’est tout ce que je possède. Cent quarante-six blancs.
Prenant soin de ne pas répondre trop vite, Ondine répondit :
– On s’en contentera.
– Merci ! Tenez, prenez, et priez pour que je trouve vite acheteur.
– Je n’ai aucun doute là-dessus.
Se tournant vers Cassis, elle prit sa tête entre ses bras pour lui murmurer des adieux sobres mais sincères.
Gêné, le palefrenier se racla la gorge, avant de tendre la main pour saisir la bride.
– Prenez bien soin d’elle, et surtout, trouvez lui une gentille famille.
– Il n’y a que des gentilles familles, ici, lui assura l’homme en souriant. Bonne route à vous, mesdemoiselles.
Amandrille entraîna Ondine vers la place du village, face aux écuries. Toutes deux étaient un peu sonnées par la tournure rapide et imprévisible des évènements. Alors qu’aucune des deux ne venait d’un clan utilisant de la monnaie, elles se retrouvaient pour la première fois en possession de ces petits bouts de métal joliment ouvragés. Elles se les répartirent avec amusement. La besace à la ceinture de la naine débordait maintenant de pièces et les poches de l’humaine, pleines du reste, chantaient à chacun de ses pas une musique qui les faisait se sentir à la fois puissantes, et un peu coupables.
– Regarde ! s’exclama alors Amandrille. Cette image dessinée sur cette maison !
– C’est l’enseigne d’une boulangerie, répondit Ondine. On y trouvera du pain, et peut-être des pâtisseries.
– C’est exactement ce qu’il nous faut !
Mais Ondine se dirigeait à grand pas vers l’autre extrémité de la place marchande, en jubilant :
– Ça, c’est exactement ce qu’il nous faut !
Elle fonçait vers une charrette exposée devant l’atelier d’un menuisier, superbe avec ses grandes roues de bois cerclé de métal.
– Euh, Ondine, je te rappelle qu’on n’a plus de cheval, pourquoi voudrais-tu qu’on achète un chariot ?
– Non, pas la charrette, regarde, touche. La bâche qui est montée dessus, attachée à des arceaux. Elle est imperméable ! Ça pourrait faire une tente géniale !
– Ça peut s’adapter en tente, oui, leur répondit une voix masculine.
Un homme torse nu, dégoulinant de sueur, venait d’apparaître derrière la charette.
– Mais après, je peux aussi vous faire une tente plus confortable, et plus facile à transporter, dit-il.
– Et ça vous prendrait combien de temps ? demanda Amandrille.
– Ah, ça, pour trouver du tissu de ce genre, c’est pas évident, répondit-il en caressant la bâche imperméable. Je l’ai eu à Montquentour, celui-ci. J’ai une amie qui s’y rend demain, pour visiter sa sœur, elle sera de retour ici dans quelques jours. Je peux vous faire ça pour le début de semaine prochaine, sans problème.
– Nous devons partir au plus vite. Et pour adapter cette bâche en tente ?
– Ça, c’est pas grand-chose, répondit le menuisier. Je peux vous le faire pour demain dans la mâtiné, si vous voulez, mais ce sera plus cher, il y a plus de tissus, et plus de travail sur les arceaux.
– On a de quoi payer, répondit Ondine en plongeant la main dans sa poche. Et on aurait aussi besoin de ce couteau, ici, et si vous savez où on peut trouver une gourde…
Elle en sortit une poignée de pièces, à la vue desquelles l’artisan écarquilla les yeux.
– Oulà, mais c’est quoi toute cette petite monnaie ?
– Pardon ? balbutia Ondine.
– Qui vous a refilé toutes ces quincailleries ? Oh ben ça va être drôle à recompter, tiens.
– Attendez, on en a d’autres, Amandrille, donne la bourse.
Les jeunes filles étalèrent leurs possessions sur l’étal, sous le nez du menuisier qui sifflait de surprise :
– Oh, ben ça alors, dans la bourse, c’est du même genre... Voyons voir, cinq, dix…
Il passa un moment à compter en faisant des petits tas de pièces, avant de conclure :
– Cent quarante-six blancs, j’avais jamais vu ça.
– Oui, c’est bien ce qu’on nous a annoncé.
– Je sais pas qui vous les a refourgués, mais ça vous fait même pas quinze cuivrades, avec ça vous avez à peine de quoi vous offrir une tente. Pour le couteau et la gourde en plus, ça suffira pas.
Désemparée, ne sachant plus que croire, Ondine se tourna vers la naine qui bouillait de rage. Et sa colère ne semblait pas tournée vers le menuisier.
– Mais, protesta Ondine, on doit aussi se payer de quoi manger, et une chambre pour la nuit…
– Laisse tomber, l’interrompit Amandrille, on s’est faites avoir. Retournons dire deux mots à ce décrotteur de chevaux.
Le menuisier plissa les yeux, puis les ouvrit largement :
– Vous avez fait affaire avec le palefrenier ? demanda-t-il.
– Oui, il a racheté ma jument pour tout ce que vous voyez ici.
– Ah, je comprends mieux… dit-il avec un air peiné. C’était un honnête homme, avant qu’il ne se mette à avoir de sérieux problèmes de bouteille, si vous voyez ce que je veux dire.
Il reconsidéra le jeune âge de ses deux clientes, se demandant si, toutefois, elles voyaient vraiment ce qu’il voulait dire. La naine s’avança, ses traits acérés encore plus aiguisés par la fureur.
– Combien, pour juste le couteau ?
Subtilisant la lame aux regard de cette effrayante enfant, il éluda la question :
– A cette heure, vous trouverez Bojun à la taverne du Lève-Tard, c’est deux rues plus loin, en direction du vieux moulin perché là-haut.
Il indiqua un bâtiment qui surplombait le village. On distinguait en effet les pâles d’un moulin, qui n’étaient plus que des ombres noires sur le fond bleu sombre du ciel à la tombée de la nuit.
– On ferait mieux de se dépêcher, intima Ondine à Amandrille, qui fixait toujours la manche de l’artisan où avait disparu le couteau. Dans peu de temps, on y verra plus rien, et on a pas de lanterne.
La naine ouvrit la poche avant de son sac pour y faire glisser d’un balayage de bras, en vrac, les cent quarante-six piécettes, tout en résumant :
– Pas de lanterne, pas de tente, pas de nourriture. Mais je sais qui va nous trouver tout ça. La taverne du Lève-Tard, vous dites ?
Est-ce que ça signifie que les poursoliens vivaient plutôt de trocs ou que leur peuple a une autre monnaie ? Je me rappelle plus si c'était précisé en amont et que je "lis entre les lignes" pour rien ^^
Sympathique chapitre encore une fois !
Les petites coquilles qui se sont glissées:
je pourrais faire la conversatio aux marchands --> il manque le N à conversation
Il y a beaucoup de familles que j’aidais beaucoup --> 2x beaucoup, ça fait beaucoup de beaucoup (oui quel humour je sais)
Quand je t’ai dis que je gardais mes carreaux --> dit
quand je n’en aurais plus un seul sur moi --> aurai ? (futur)
Laisses tomber --> laisse (impératif)
Merci pour le retour et les coquilles :)