Alexender était sorti de l’hôpital, mais qu’était-il advenu des autres ? Tous atterrirent dans un environnement à l’ambiance similaire, mais à une position géographique différente. Ils étaient à l’extérieur, néanmoins, la couleur des nuages rappelait celle du sang et les nuages s'y mêlaient avec cette noirceur inquiétante. Les couleurs se limitaient à des nuances de gris et au blanc concernant le reste des objets ou de la flore. Un silence bien trop grand régnait autour d'eux, ne donnant pas l'impression d'être à l'extérieur.
Rokoujou se retrouvait devant un très grand mur qui semblait avoir une forme circulaire et qui montait si haut qu’il ne pouvait pas distinguer la fin. Mise à part ce mur gris derrière lui, il faisait face à une obscurité totale d’où pouvait surgir n’importe quoi, c’était sa plus grande crainte. Il ne voulait pas s’aventurer par là, il se disait donc que ce mur avait peut-être un passage ou quelque chose dans le genre, néanmoins, serait-il possible pour lui de se perdre malgré tout ? Il eut alors une idée. Il frappa un bon coup dans le mur pour créer une fissure bien visible et il commença à courir. S’il venait à revoir la fissure, cela voudrait dire que ce mur n’était pas infini et qu’il n’y avait pas de piège. Il ne se demandait pas plus que cela sur ce qu’il pouvait bien faire ici. Il venait de sortir d’une pièce avec un Fhumiat, des Octingens et une femme-zombie, alors atterrir dans un endroit comme celui-ci, seul, cela ne l’étonna pas plus… même s'il gardait le sentiment désagréable d’être manipulé.
Sezuni se retrouva dans la cour du lycée, là où il y avait les bancs qu’elle avait balancé sur Rodriguéz la dernière fois. Son questionnement se portait surtout sur sa localisation. Comment était-elle arrivée au lycée alors qu’elle se trouvait, logiquement, dans l’hôpital ? Cela n’avait aucun sens.
Kotai et Ko avaient atterrit devant chez eux et leur questionnement était le même que celui de Sezuni. Cependant, Uchikina eut une plus grande surprise, car il était dans le ciel. Quand il s’en rendit compte, il pensait qu’il allait tomber. Il paniqua une minute avant de remarquer qu’il restait en place. Tous dans un endroit familier ou non, ils n’avaient pas d’objectif particulier, à part de se retrouver les uns les autres. Une grande hésitation s’installa jusqu’à qu’une voix leur adresse la parole, la même voix pour tout le monde :
« - Bienvenu à vous, jeunes Honmas !
- Qui êtes-vous ? S’écria Kotai.
- Kotai, t’es où ? S’exclama Ko qui pouvait entendre son ami.
- On peut tous s’entendre les gars. Leur fit remarquer Rokoujou. Qui êtes-vous monsieur ?
- Je suis votre évaluateur.
- Une évaluation ? Quoi ? Sérieux ? Vraiment ? Énumérait Sezuni abasourdit.
- Tout Honma se doit de passer cette épreuve de passage dans sa vie. Nous avons estimé que vous étiez prêt. Après tout, nous vous suivons depuis très longtemps.
- Tu parles, ma mère est une Honma et c’est même une Colonelle. Soupira Rokoujou. Je ne sais pas vraiment ce que ça signifie, mais j’imagine que vous la connaissez.
- Ta mère est une amie de longue date jeune Kyōfū. Mais, nous ne sommes pas là pour ça. Des bracelets vont apparaître sur vos poignets et afficheront, grâce aux flammes, les règles du jeu.
- En plus y prend ça pour un jeu. Se murmura Ko.
- Je t’ai entendu fils de Mama Kaen.
- Eh, parlez pas de ma mère !
- Ta mère était une femme brave qui s’est sacrifiée pour son fils. L’une de mes meilleures agents, une perte regrettable, mais qui a su faire le choix entre sa vie et celle de son fils, la chair de sa chair comme elle disait.
- Ma mère… était…
- Train à vapeur !
- Hein ?
- Que les épreuves commencent ! »
Voyant un bracelet apparaître dans des flammes violettes sur leur poignet gauche, tous purent lire les instructions qu’on leur avait donné pour compléter les épreuves. Il y avait aussi un temps qui défilait. On leur donnait dix minutes pour terminer l’épreuve. Rokoujou devait « Trouver la sortie. Votre bracelet sera relié à quatre reproductions d’Octingens ». Sezuni devait « Atteindre la sortie du lycée. Votre route sera barrée par trois reproductions d’Octingens dotés du don Ghost ». Ko et Kotai avaient le même objectif « Entrer chez vous. », néanmoins, les reproductions d’Octingens qui leur barreraient la route, n’avaient pas les mêmes particularités. Kotai devra faire face à « deux reproductions d’Octingens dotés du don Indestructible de façon permanente », tandis que Ko devait confronter « deux reproduction d’Octingens dotés du don Section ». Enfin, Uchikina vit une porte apparaître devant lui et le chiffre quatre s’afficher dessus. Les instructions qu'il reçu demandaient de « Vaincre les quatre reproductions d’Octingen doté du don Invisibility* pour débloquer la porte de sortie ».
Enthousiaste, Sezuni s’élança dans la mêlée. Les Octingens apparurent juste devant elle. Surprise, elle voulue user de ses flammes pour dévier sa trajectoire puis contre-attaquer, mais ses flammes ne se manifestaient pas. L’étincelle qui était censée être un déclencheur ne fit pas son apparition et la vitesse de Sezuni resta la même. Ne comprenant pas ce qui lui arrivait, elle se regardait courir et ne vit pas le poing de l’Octingen qui s’abattait sur son visage et qui la plaqua au sol. Le nez en sang elle se disait à elle-même :
« - Je ne peux pas… utiliser mes flammes ?!
- Ah oui, j’avais oublié ce détail. Vous ne pouvez pas utiliser vos flammes et vos dons durant cette épreuve. Nous les avons, en quelque sorte limités pour que vous ne puissiez pas en bénéficier.
- Quoi ? Et on est censé faire comment contre eux ?
- Utilisez votre tête. Je suis sûr que vous y arriverez. Un indice, parce que je suis gentil, demandez-vous pourquoi vous en êtes en arrivez là ? Pourquoi continuez-vous de vous suivre et de vous battre malgré tout ? Les flammes ne permettent pas uniquement de se battre, c’est votre nouveau cœur, votre nouvel allié, un ami, un proche… qu’est-ce qui vous motive ? Dites-lui.
- Une motivation… répéta Ko tout bas.
- Poil au menton !
- Quoi ?
- Sur ce, bonne chance. Je vais couper les communications jusqu’à la fin de l’épreuve, vous ne pourrez plus communiquer non plus. Salut.
- C’est qui ce mec sérieux ? Se demanda Kotai. »
Délaissés de leur flamme, les cinq amis sentaient tout de même que leur force surhumaine était toujours présente. Où voulait en arriver cet homme avec cet indice ? En quoi trouver sa motivation les aiderait à réutiliser leur flamme ? Le questionnement de Rokoujou fut stoppé par des Octingens qui surgirent de l’obscurité. L’un d’eux l’attaqua et il répliqua en frappant l’ennemi dans le ventre, le renvoyant à son point de départ. La seconde d’après, Rokoujou ressentit une forte douleur dans le ventre et il se retrouva plaqué contre le mur. C’était comme si son coup lui avait été redonné. C’était donc ce genre de lien qu’il avait avec les Octingens, se disait-il. Il continua de longer le mur en courant, les Octingens le poursuivant, en espérant vite tomber sur la fissure qu’il avait faite pour se repérer.
Kotai s’attaqua à l’un des deux Octingens qui apparut dans des flammes devant sa maison, il frappa, mais rien ne se passa. Sa force n’arrivait même pas à faire bouger l’Octingen d’un pouce. Celui qu’il venait de frapper ne répliquait pas, mais il remarqua que le second restait en arrière prêt à l’intercepter. Leur tactique était de bloquer le passage devant avec le don Indestructible pendant que l’autre se chargeait de garder une possible voie de sortie pour Kotai. Il était bloqué, sans possibilité de faire bouger l’Octingen, Kotai ne pouvait pas passer. Sans idée, il se résolu à faire la seule chose qu’il pouvait faire pour l’instant : frapper sans retenu et indéfiniment l’Octingen usant d’Indestructible.
Ko vit les Octingens apparaître devant chez lui aussi. Il se mit à courir et tenta de passer sans se battre. Les Octingens usèrent de Section pour effectuer un déplacement quasiment instantané et repousser Ko à son point de départ. Les deux se mirent à tourner autour de Ko avec Section et lui assénèrent des petits coups de toute part, Ko étant dans l’incapacité de répliquer ou de se défendre avec son don Indestructible.
Uchikina n’avait pas encore vu ses ennemis apparaître et pourtant il se fit frapper par quelque chose qu’il ne put voir. En connaissant le don qu’ils utilisaient, il se doutait que ses ennemis étaient déjà là, mais qu’il ne pouvait pas les voir et qu’il ne savait pas combien de temps ils pouvaient rester invisible, peut-être une minute ou bien dix minutes. Il n’entendait ni ressentait les Octingens approcher, chaque coup qu’il prenait lui donnait envie de répliquer, mais toute ses actions étaient un échec, résultant d’un coup dans le vide.
Pendant ce temps, à l’extérieur de l’hôpital, Alexender était face à un Octingen qui avait l’apparence d’une de ses anciennes connaissances. L’Octingen avait attaqué le docteur et se délectait de chaque coup donné, c’était comme ça qu’il le traduisait quand il hurlait sur Alexender :
« - Il fallait que je te revois~~ ! Que je te vois souffrir~~ ! Tu m’as abandonné~~ ! Tu n’es qu’un lâche~~ ! Un dégonflé~~ ! Un sans-ami pour qui j’ai eu pitié~~ ! Tu verrais ta tête, c’est extra~~ ! Je vais-»
Sa joie fut coupée par un coup dans le dos qui le propulsa et l’encastra dans le pare-choc d’une voiture. Alexender fut surprit de cette aide soudaine. Il regarda la personne qui l’avait aidé. Il s’agissait de Nozomi. Elle s’approcha du docteur et l’aida à se relever en lui tendant la main.
« - Besoin d’un coup de main Doc ?
- Non merci Nozomi, ça ira. C’est moi qui dois m’en charger.
- Qui c’est ?
- Mon premier… et seul ami. Kevin Fernand. Je chéris ces moments quand il était encore humain, mais c’est aussi mon plus grand regret… »
‘‘Juillet 2000. Alexender avait dix-neuf ans. Alexender était né à Moret-Bailly mais n’y avait jamais vraiment passé beaucoup de temps. Ses parents voyageaient beaucoup à cause de leur travail. De ce fait, Alexender avait toujours changé d’école en plein milieu d’année scolaire, le peu d’amis qu’il se faisait, il les perdait le lendemain. Néanmoins, quand venaient les vacances d’été, il restait à Moret-Bailly pour profiter de sa ville natale. Cette année là, il était stagiaire à l’hôpital de Moret-Bailly et devait soit simplement observer le docteur qui l’accueillait pour ce stage, soit l’aider avec certains patients. Coup de chance ou non, mais cette saison était assez chargée, beaucoup de patients arrivaient d’un peu partout malgré les vacances. Parfois Alexender se retrouvait à s’occuper seul de certains patients.
Un jour arriva un jeune de quinze ans, il avait été retrouvé inconscient dans son jardin, il disait avoir été victime d’une météorite. Comme il était le seul à l’avoir vu et qu’aucun dégât ne fut visible chez lui, personne n’y avait accordé une quelconque importance. Cependant le jeune garçon avait quand même des problèmes, mais impossible de lui arracher un mot depuis qu’on lui avait parlé la dernière fois. Les docteurs n’avaient pas le temps de s’occuper de lui, on le confia donc au stagiaire : Alexender. S’attelant à sa tâche, Alexender y alla avec beaucoup d’appréhension. Il n’avait pas vraiment de difficulté à sociabiliser, il avait peur de devoir dire encore une fois au revoir. Il s’approcha du plus jeune sur son chevet et discuta avec lui. La communication ne fut pas compliquée à s’installer, il apprit rapidement le prénom du jeune garçon : Kevin Fernand. Alexender était encore jeune, et face à un adolescent de quinze ans, la compréhension pouvait se faire facilement. Voulant ausculter Kevin, Alexender lui demanda de retirer son haut. Tout s’arrêta quand il vit l’énorme tatouage de loup noir aux yeux bleus dans le dos de son patient. Kevin ajouta qu’il ne savait pas d’où cela sortait, il ne s’était jamais fait tatouer, il pouvait le jurer sur tout ce qu’il voulait et l’on pouvait fouiller dans son passé ou chez lui, il n’attachait aucune importance aux tatouages.
Suite à cette découverte, Alexender fit sortir son patient quelques minutes et ils s’installèrent à l’abri des regards. Il voulait examiner de plus près le tatouage, si quelqu’un était entré dans la chambre sans prévenir et qu’on aurait vu le tatouage, les médecins auraient tout de suite reprit Kevin pour eux, alors qu’Alexender avait envie de s’occuper de lui, une envie qu’il n’arrivait pas à expliquer dés cet instant, il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce jeune garçon cachait un mystère intriguant et qui allait au-delà de ce que pourrait penser un simple docteur. Les minutes passaient et Alexender n’arrivait pas à expliquer l’apparition soudaine de ce tatouage, des doutes émergèrent en lui. Fallait-il vraiment croire ce que disait l’adolescent ? Peut-être cherchait-il simplement à se faire remarquer ?
Cela ne menait à rien, Alexender abandonna et se disait qu’il avait été bête de penser qu’il avait peut-être trouvé quelque chose d’extraordinaire. Il rebroussa chemin en disant à Kevin de le suivre. Kevin refusa et en tendant la main pour arrêtez le stagiaire, il lança une boule de flamme bleu foncé. Il possédait une flamme Koories*. Ce fut ce jour-là qu’Alexender découvrit l’existence des flammes. La boule s’était écrasée sur un mur et créa une fine couche de glace. En la touchant, elle craquelait, glissait et était aussi froide que de la vraie. C’était une reproduction parfaite de la glace.
« - Recommence ! S’exclama Alexender admiratif.
- Quoi ? Mais je ne sais pas comment j’ai fais… c’est bizarre.
- Je vois, tu ne sais pas… une réaction incontrôlée due à une réponse spontanée et au rôle offensif.
- Euh… en français ça donne quoi ?
- Excuse-moi, j’ai tendance à m’égarer quand je réfléchis, mais pour faire court : tu as élevé la voix, ton intention était de m’arrêter et ton geste s’est poursuivi par une réaction dont on ne comprend pas la nature tous les deux, qui résulte d’une boule bleu qui a crée une couche de glace. Je ne sais pas si tu te rends compte à quel point c’est dingue ! Clama Alexender surexcité.
- Bah un peu… ça va en fait.
- C’est vrai, comment tu te sens ?
- Pas différent des autres jours. Je me sens peut-être… en meilleur santé.
- Bon, écoute, t’es en bonne santé, t’as l’air d’avoir de bonnes épaules, t’as toute ta tête, on va faire un petit examen personnel. Viens suis-moi. Lui dit-il le prenant par le poignet.
- Attendez ! S’écria Kevin en stoppant le départ d’Alexender sans pour autant le repousser. Merci de vous occupez de moi. Personne ne voulait me croire. J’ai eu la peur de ma vie quand j’ai vu la météorite s’écraser sur moi, c’est la seule chose que j’arrivais à décrire. C’était horrible. »
Alexender se rendit compte qu’il s’était très vite emporté, qu’il s’était fixé un objectif et qu’il n’avait pas pris en compte l’incertitude et la peur de Kevin. C’était là le principal défaut d’Alexender, son côté passionné pour le corps et l’esprit humain qui le rendait souvent irritable. Il n’avait pas de mal à se faire des amis, mais beaucoup se plaignaient de ce côté de sa personnalité. Alexender craignait mettre mal à l’aise Kevin. Il souffla, se calma et expliqua concrètement ce qu’il souhaitait faire avec Kevin.
« - Ne t’en fais pas. Tout ce qu’on va faire c’est regarder ce que cette météorite et ce tatouage on pu changer chez toi. Tu as crée de la glace, c’est humainement, physiquement et scientifiquement impossible. Je vais juste vérifier ce qui a changé chez toi, d’accord.
- Merci… euh…
- Appelle-moi Alexender, j’ai que dix-neuf ans, tu peux me tutoyer. Et surtout n’oublie pas, si tu as un problème tu en parles, c’est le meilleur moyen de trouver une solution ensemble.
- Merci, Alexender. »
Les jours suivants, Alexender découvrit beaucoup de choses sur Kevin, que ce ne soit sur sa nouvelle nature que sur lui-même. Kevin était au collège et faisait partie des jeunes lambdas, il n’avait pas de problèmes très particulier à l’école et s’amusait avec ses potes habituels. Son seul regret était de ne pas avoir quelqu’un d’assez proche pour pouvoir parler de ses problèmes personnels. En creusant un peu plus la question, Alexender apprit que la mère de Kevin était morte depuis ses huit ans. Son père étant le seul membre de sa famille qui était encore en vie, il devait s’occuper de son fils, travailler et trouver un nouveau logement, ne pouvant plus assumer la maison où ils habitaient. Par un coup du destin, le père fit la rencontre d’une nouvelle femme un mois après la mort de la première et surtout à quelques jours de son départ de la maison. La deuxième maman de Kevin avait un bon caractère et se préoccupait de lui comme si c’était son fils, mais il n’était pas du même avis. Trouvant sa belle-mère trop protectrice, il essaya de s’en détacher et entra dans une période de rébellion envers son père et sa belle-mère.
Les années passèrent et Kevin ne s’entendait toujours pas mieux avec ses parents et ce fut cette année de ses quinze ans que son comportement se répercuta sur ses études et son attitude en cours. Très vite, il s’enferma dans un personnage qui ne lui correspondait pas. Un après-midi, il se serait isolé au milieu du jardin, séchant ses cours, il restait assis là en tailleur, réfléchissant à ce qu’il devrait faire. Il savait que son attitude n’était pas la bonne à adopter et qu’il ne faisait qu’empirer les choses à agir ainsi. Hélas, la routine s’était installée et il allait avoir beaucoup de difficulté à revenir à la normal. Ce fut à cet instant qu’il détourna le regard vers le ciel, et qu’il vit la météorite s’approcher dangereusement de lui. Essayant de fuir et soufflé au fond du jardin par l’impact de la météorite, il se réveilla quelques minutes plus tard au côté de son père qui le conduisit aux urgences, certain qu’il s’était forcément cassé quelque chose. Au début, il avait parlé d’une explosion, mais lorsqu’il précisa que cela venait d’une météorite, tout le monde lui tourna le dos… jusqu’à l’arrivée d’Alexender.
Cette histoire, Kevin la conta à Alexender qui avait même prit des notes. Si tout était lié, alors cette météorite serait la cause de tout. Cela faisait trois mois qu’Alexender et Kevin se connaissaient, évidemment que le jeune garçon n’avait pas encore parlé de ''ça'' à l’apprenti médecin. Parler de soi et de son passé est toujours une épreuve, même avec quelqu’un dont on est proche. Intrigué par l’événement, Alexender décida d’aller faire un tour chez Kevin afin d’enquêter sur cette fameuse météorite et les dégâts potentiels qu’elle avait pu faire. Depuis le temps, Kevin avait réussi à maîtriser en quelque sorte sa flamme. Il pouvait se propulser, envoyer des boules de flamme bleu, geler des surfaces solides ou liquides, il avait découvert sa capacité de régénération rapide ainsi que sa force surhumaine.
Pressé par sa curiosité, Alexender allait laisser Kevin seul à l’hôpital, dans une salle d’attente où il était seul pour l’instant, le temps qu’il fasse l’aller-retour chez Kevin. Cependant, ce dernier posa une ultime question au stagiaire :
« - Alexender, tu en as pour longtemps ?
- Je vais faire vite, tu as ma parole… tu sais, ça me fait vraiment plaisir de t’aider. Si je n’ai pas suivi mes parents à la fin des vacances et que je suis resté, c’est pour toi. J’ai envie de t’aider du mieux que je peux. J’ai l’impression qu’on s’entend super bien et que j’ai enfin pu avoir un ami dans ma vie, même s’il a quatre ans de moins que moi.
- Tu n’as jamais eu d’amis ?
- Mes parents voyageaient beaucoup, je les suivais, je changeais souvent d’école… c’est pour ça que j’ai décidé de me détacher de mes parents pour me prendre en main, vivre de ma passion, trouver des amis, une petite amie, avoir une famille… vivre heureux. T’avoir comme ami, c’est déjà un grand pas pour moi. Je ne te remercierai jamais assez pour m’avoir accordé ta confiance.
- Merci à toi aussi de m’avoir écouté et d’être resté avec moi, je ne sais pas si j’aurais pu endurer tout ça seul. Je veux dire, ma flamme, ma force et tout cela… c’est dingue, trop dingue pour moi.
- Je t’en prie. Aller, je reviens tout de suite et sois gentil avec les gens, ce serait déjà pas mal. Plaisanta-t-il.
- Ouais, je serais sage comme toi. Riait Kevin.
- Je crains le pire alors. »
Une fois arrivé chez Kevin, l’apprenti docteur dû convaincre le père afin de pouvoir pénétrer dans leur jardin. Il lui expliqua que son fils avait sûrement un problème lié à l’incident d’il y a trois mois et qu’il aimerait inspecter le jardin afin de trouver ce qui aurait pu le causer. Il rassura le père en ajoutant que ce n’était rien de grave, mais qu’il fallait vérifier pour être sûr que ça ne se reproduise pas, étant donné que personne ne croit à la météorite. Convaincu, le père laissa Alexender aller dans le jardin. Les recherches commencèrent, mais ne donnèrent rien sur le long terme. Aucune trace n’avait été laissée par la météorite et il n’était pas assez sensible aux flammes pour en détecter la moindre poussière. Il reçu soudainement un appel sur son portable, il s‘agissait du docteur qui l’avait embauché en tant que stagiaire qui lui demandait, très paniqué, où il se trouvait. Le docteur fut rassuré et informa Alexender que l’hôpital était en train de se faire évacuer suite à une explosion d’origine inconnue sur le toit. Inquiet pour son jeune ami, Alexender conduisit le plus rapidement possible vers l’hôpital. Les lieux venaient à peine d’être fini d’évacuer qu’Alexender passa au travers de la foule pour entrer dans le bâtiment et aller jusqu’au dernier étage, le trentième. Il sortit sur le toit et vit ce dernier détruit un peu partout, des cratères d’explosion se formant encore les un après les autres à cause de chute de météorites. D’abord sous le choc de cette vision, il reprit conscience dès l’instant où il aperçut Kevin, volant au milieu des météorites avec ses propulsions de flammes et les détruisant une par une.
« - Kevin revient c’est trop dangereux !
- Non ! C’est moi qu’ils veulent ! Ils m’ont dit que tu ne reviendrais jamais ! Je dois les détruire !
- De quoi tu parles ? Je n’avais aucune intention de partir sans toi ! Il ne m’arrivera rien, alors descend et fuyons.
- Et laissez ces météorites tomber sur l’hôpital ? Jamais !
- Kevin ! Cria Alexender continuant de se cacher derrière la porte qui menait aux toits, encore épargné par les roches. Sois raisonnable et viens ! »
Kevin sentit une étincelle d’hésitation, il regardait son ami depuis le ciel et resta ferme sur sa décision. Il slaloma entre plusieurs météorites, en détruisit trois au passage, frappa la quatrième d’un coup de pied, mais il fit dos à une autre menace. Il fut plaqué par celle-ci et entraîné jusqu’au sol, où il se fera écraser et emporter dans l’explosion de la météorite. Les dernières tombèrent et tout fut fini au bout d’une minute. Alexender se précipita vers les restes chauds des impact, il fouillait chacun d’eux à la recherche de Kevin, allant jusqu’à gratter le sol… sans résultat, en plus d’avoir été écrasé, il s’était volatilisé. Il le chercha partout sans succès, pourtant persuadé qu’une personne ne pouvait pas simplement disparaître après s’être fait écraser. Il avait peut-être été projeté vers le vide. Même après les recherches plus poussées par la police, cela n’avait rien donné.
Alexender se chargea d’annoncer la tragique nouvelle au père de Kevin. Alexender raconta la version officiel des événements. Plusieurs personnes avaient raconté s’être fait aider par un jeune garçon. Il les aurait guidé et même parfois aidé à sortir d’une situation dangereuse, le choc des impacts ayant eu des répercussions à l’intérieur du bâtiment, endommageant du matériel et créant de nombreux blessés. Après cela, Alexender dû communiquer un mensonge au père par rapport à la disparition de Kevin. La version officiel laissait supposer qu’il serait mort, mais introuvable dans les décombres sur le toit, vu qu’il s’agissait du dernier endroit où il avait été aperçu. La réaction du père fut très touchante pour Alexender :
« - Je croyais que mon fils avait tout abandonné et qu’il n’accordait plus aucun importance à quoique ce soit… j’étais presque prêt à baisser les bras… et j’apprends qu’il est mort en sauvant des gens. Gémissait-t-il au bord des larmes. Je lui ai toujours dit qu’il ressemblait à sa mère, elle lui avait tout donné. On dit que ce sont les plus braves qui partent en premier, je ne suis qu’un lâche qui allait abandonner son fils. Je n’étais pas un père digne de lui… si je pouvais le revoir au moins une fois… j’aimerai lui dire que je suis désolé, que je l’aimais, mon fils !
- Monsieur, commença Alexender suivant les larmes du père, quelque soit vos croyances… je suis certain que votre fils ne vous en voulait pas… et qu’il ne vous considérait pas comme un père indigne, au fond de lui il savait que vous faisiez de votre mieux. Je pense que sa mère… lui manquait terriblement. Le plus important, c’est qu’il soit partie fier ! Et j’accomplirais tout ce que je peux pour qu’il ne regrette pas d’être partie si vite ! Votre fils m’a beaucoup aidé, c’est la moindre des choses que je puisse faire.
- Vous êtes un homme bon, docteur.
- Vous êtes un bon père, monsieur. »
Se reposant chacun la tête sur l’épaule de l’autre, leur larme et leur pleur s’unissant à l’attention d’un défunt jeune garçon, qui allait entraîner une tournure du destin inimaginable. Par la suite, Alexender consacra son année entière dans la médecine, au point que le Docteur responsable de s’occuper de lui, valida son autonomie lui permettant de commencer à travailler comme médecin, à la fin de ses études. Grâce à ce dur labeur, Alexender se proposa des vacances l’année suivante, lors du mois de juillet 2001. »
« - Ces souvenirs resteront à jamais en moi Kevin, alors reviens à toi !
- Tu essaie de résonner un Octingen ?!~~ Imbécile, je me suis nourris de la plus petite étincelle de rancœur en ce Kevin, ses souvenirs sont délicieux, il n’est plus rien, il n’est qu’un échec dans le plan du Master, une erreur de la nature !~~ Tu n’as aucune chance de te débarrasser de moi !~~
- Si Kevin ne se trouve plus ici, alors il ne reste plus qu’à te faire disparaître.
- Tu crois en être capable ?!~~
- Aujourd’hui, oui ! »
Pendant ce temps, durant les épreuves de passage du groupe de Rokoujou, chacun s’était confronté à une difficulté, et il ne restait plus que cinq minutes. Sezuni était de nouveau au sol. Cela faisait la quatrième fois qu’elle était repoussée. Le nez encore en sang, haletante contre le bitume, elle en était à se demander ce qui pourrait lui arriver si elle échouait. Pas la mort pensait-elle, si ce mec n’est qu’un évaluateur, alors l’échec ne signifiait pas la mort supposa-t-elle. Plus important encore, pourquoi faisait-elle cela ? Au-delà du fait qu’il y avait peut-être un risque de mourir, pourquoi être venu à l’hôpital avec les autres ? Pourquoi aider et soutenir son frère qu’elle ne portait pas spécialement dans son cœur ? Pourquoi aller si loin ? Plus elle y pensait, plus elle trouvait des réponses. Elle pensait qu’accompagner son frère n’était pas dans le but de l'aider d’une quelconque manière, mais plutôt dans l’objectif de le vaincre. Sezuni avait très bien compris que son frère allait changer beaucoup de choses dans sa vie et celle des gens qui l’entouraient. Il avait déjà changé la vie de Kotai, Ko et Uchikina, mais le passé se souvenait encore de ses actes, bien qu’inconscients, ce qui en résulta n’était que des prémices à de plus grands bouleversements. C’était dans le but d’éviter d’être impliquer là-dedans qu’elle s’était dit qu’elle devait le suivre partout, afin d’être sûre qu’il ne puisse pas causer les catastrophes qu’elle redoutait. Elle avait égarée cette conviction de son esprit depuis quelques années, le quotidien et la routine s’étaient installés et le danger n’avait pas l’air de se profiler. Seulement, cette histoire de flamme, de Shinkei* et de Honma avait ravivé cette croyance en elle. Bien que le danger de mort avait plané sur eux plusieurs jours durant et notamment avec l’arrivée des Démons, elle restait persuadée que Rokoujou représentait un plus grand danger pour son futur que n’importe qui. Maintenant, elle se relevait, emplit d’une détermination et conviction dont elle était certaine du résultat… la paix… sa paix, c’était la seule chose pour laquelle elle combattait. Tout autour de son corps, une aura blanche commençait à s’évaporer, un Octingen s’approcha pour la frapper, mais en un clignement de l’œil, il fut repoussé d’un violent coup imperceptible.
« - Maintenant, on joue avec mes règles. Rétorqua-t-elle le poing serré face aux ennemis. »
La sortie était loin, mais elle était certaine d’y arriver… sans danger.
Kotai frappait à s’en faire saigner les poings. Ses coups inefficaces se fracassaient contre l’Octingen invincible et immobile. Les phalanges explosés et le sang s’écoulant sur ses doigts venait gicler vers son visage à chaque élan, à chaque coup. Une rage de vaincre se lisait dans son regard et durant cette lutte futile, son esprit se concentra sur ces mots que leur avait dit l’instructeur, concernant leur motivation. Il se demandait pourquoi il faisait cela, pourquoi il en était arrivé là lui aussi. Ce questionnement résonna comme un écho dans la tête de Ko et Uchikina, les trois amis étant chacun dans une situation qui les dérangeait. L’un ne pouvait pas passer les Octingens qui l’encerclaient avec le don Section et l’autre ne pouvait pas toucher les ennemis qu’il ne pouvait pas voir. Ils étaient venus à l’hôpital pour voir Rokoujou, ils l’avaient suivi depuis le début, parce qu’ils avaient confiance en lui, qu’ils le respectaient. Ils lui devaient la vie, mais ils étaient tout aussi conscients que Rokoujou avait besoin d’aide aujourd’hui. Enfermé dans son inconscient, une personnalité très différente de ce qu’il était au début, ils se posaient en tant que seules personnes capable de comprendre le vrai Rokoujou, pour pouvoir agir et réagir du mieux qu’ils pouvaient face aux pires situations que leur ami aurait sûrement contré avec brio. Ils se sentaient clairement comme les seuls pouvant les sortir de cette situation plus que contraignante. Ils se souvenaient désormais de ce qui les motivait, de ce qui les maintenait en vie jusqu’ici, ce pourquoi ils avaient décidé de vivre ainsi, ce qu’ils voulaient protéger et préserver plus que tout au monde en ce jour.
Un coup de poing de Kotai repoussa violemment l’Octingen invincible vers son collègue, les plaquant tous les deux contre le mur de sa maison. Il releva les yeux, déterminé. Il avança doucement vers l’entrée de sa maison. Les Octingens revinrent à la charge et sautaient vers Kotai. Entre-choquant ses poings une vingtaine de fois en quelques secondes, une onde plus imposante et concentrée se trouvait dans son poing. Il regarda les Octingen descendre vers lui tout en leur lançant :
« - Dégagez de mon chemin. »
Il frappa sur le premier ennemi qui se présenta à lui, l’onde de choc s’étendit et se propagea sur une grande distance. Le second Octingen fut repoussé à son tour et traversa tout comme l’autre, trois maisons avant de rester inerte au sol. Kotai en profita pour passer son objectif, entrer chez lui.
Ko brûlait… intérieurement. Son corps entier bouillait à l’idée d’échouer à cette épreuve. S’il ne pouvait pas passer cette étape, il ne se verrait pas capable d’aller plus loin, cela aurait été la fin pour lui s’il avait baissé les bras… mais son sang bouillonnait et l’air se réchauffa autour de lui, les coups continuaient d’affluer, mais il restait fixe et droit comme un roc au milieu de la mêlée. Les yeux incrustés d’une lueur rouge, il se concentra, ferma les yeux et s’isola complètement durant deux secondes… il ouvrit de nouveaux les yeux suivant ce mouvement par l’apparition d’une explosion qu’il fit émaner de son propre corps. Soufflés et brûlés par l’explosion, les Octingens qui l’encerclaient n’étaient plus dans la capacité de l’empêcher de réussir l’épreuve. Il entra chez lui en regardant la rue derrière lui et marquant un court arrêt :
« - Je peux encore te regarder en face. »
Uchikina tremblait. La vue du ciel lui faisait tourner la tête, et les coups qui venaient de tout les côtés le rendaient parano. Néanmoins, il n’oubliait pas pourquoi il était ici. Il savait que sa vie n’était pas plus importante qu’une autre, il savait que sa vie ne pouvait tenir qu’à un fil, il savait que cette vie avait faillit ne pas vieillir par sa propre faute, il savait aussi que sa vie… fut chérie avec bien plus d’ardeur par les autres que par lui-même. Aujourd’hui, il voulait savourer cette vie, cette seconde chance qu’on lui avait donné, il voulait en profiter et mettre toute son énergie dans une lutte personnelle et qui jouera son destin, qui le scellera. Il posa un genou à terre et lorsqu’un dernier coup lui fut donné à la tête, il hurla d’un seul coup en frappant le sol de ses deux poings :
« - Ça suffit ! »
Son corps dégagea une soudaine vague de flamme bleu qui gela complètement les alentours. Les silhouettes gelées des Octingens furent désormais visibles. Il les brisa, une par une, en prenant son temps. Il les regardait, les défigurait jusqu’aux derniers. Il alla ensuite vers la porte et se disait tout en regardant les restes gelés de ses ennemis :
« - Je suis loin d’en avoir fini. »
Rokoujou… n’arrivait à rien. Il ne revoyait pas la fissure qu’il avait faite et les attaques incessantes des Octingens qui lui étaient reliés, ne facilitaient pas sa fuite. Fatigué de ne rien trouver, il s’arrêta et décida de regarder autour de lui, cherchant tout et n’importe quoi qui pourrait ressembler à une sortie. Les Octingens arrivaient à son niveau, deux d’entre eux étendirent leur liane. Il les esquiva en faisant deux pas de côtés très rapidement, laissant les lianes se planter dans le mur. Des nouvelles fissures étaient faites dans le mur et ces dernières furent réparés la seconde d’après. Rokoujou n’en savait rien car il était partie immédiatement après avoir brisé le mur. Il avait sûrement déjà passé l’endroit où il était apparut, peut-être même plusieurs fois. Il se tourna vers le mur et frappa de toutes ses forces. Le mur présenta une faille qui laissait s’échapper une lumière vive. La sortie était par là depuis le début. Il voulu en détruire un peu plus, mais la pierre se reformait aussitôt qu’il l’avait frappé. Il devait créer une attaque plus puissante qui pourrait lui permettre de passer. En repensant à leur instructeur, il se demanda qu’elle était sa motivation. Sa motivation… … il n’en avait pas. Le Rokoujou actuel n’avait aucune motivation. Il voulait sortir d’ici, qu’on le laisse tranquille, qu’on ne lui cause plus de problèmes. Une motivation qui n’était pas assez forte pour éveiller quoique ce soit en lui.
« - T’es vraiment une cause perdu. Lui lança le vraie Rokoujou dans sa tête. »
Il continua d’esquiver les coups des Octingens tout en parlant avec le vrai Rokoujou, intérieurement :
« - T’es marrant toi ! C’est facile pour toi de trouver une motivation extraordinaire ?!
- Extraordinaire, je ne sais pas, mais j’ai de quoi faire ma vie avec mes convictions.
- Alors, vas-y, dis-moi ! C’est quoi ta motivation ?
- Je veux un avenir, je veux mourir en sachant que mon hypothétique enfant vive en paix et soit fier de moi. Je veux construire mon propre destin ! Je vais te donner un coup de main ! »
Une lueur verte se mit à émaner des mains de Rokoujou. D’abord surpris, il prépara son poing et frappa le mur avec cette lueur. Le mur vola en éclat, il sauta de l’autre côté avant qu’il ne se referme complètement. Débarrassé de ses poursuivants et face à la sortie, il remercia le vrai Rokoujou avant de partir.
Tous parvinrent à finir les épreuves au bout de huit minutes et trente-deux secondes. La lumière blanche qu’ils traversèrent les fit revenir à l’extérieur de l’hôpital non loin du parking où Alexender se battait avec l’Octingen possédant Kevin. Le docteur se fit plaquer au sol par son adversaire, ce dernier le releva en le tenant par le cou et lui grogna au visage :
« - Te voir mort était mon seul objectif~~. Je ne rêvais que de ça~~. Je vais faire ce que j’aurais dû faire depuis le début~~. Je vais t’emporter dans la mort avec moi~~.
- Non ! Ça ne doit pas finir comme ça ! On peut changer les choses, écoute-moi !
- Trop tard, Alexender~~ ! »
L’Octingen se mit à émettre une lumière noire qui engloba tout son corps, tout en tenant encore le Doc au cou. Cette lueur se transforma en explosion que pu entendre le groupe de Rokoujou non loin de là. Se précipitant sur les lieux, ils virent le Doc allongé au sol, le reste de sa blouse à moitié brûlée comme son torse, son visage semblait avoir été épargné. Ko le redressa et le vit revenir à lui. Alexender pointait du doigt un nuage de fumée noir devant eux, sa bouche semblait vouloir appeler Kevin. Rokoujou s’était approché de la fumée noire et lorsqu’elle se volatilisa, il découvrit le corps d’un Octingen avec le visage de Kevin qui ressortait de la tête de plante du monstre. Rokoujou cru se regarder dans un miroir, car Kevin lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Kevin ouvrit les yeux et souriait en adressant des ultimes paroles au Doc, avec une voix bien plus à lui et sans animosité :
« - Alexender… je suis désolé… si je ne faisais pas ça, je ne pouvais pas espérer mourir en paix… le Master me l’a promis… je ne voulais pas rester en enfer… je devais me tuer avec toi… mais je n’y arrive pas… je ne peux pas le faire…
- Kevin… je t’ai déjà dit de parler quand tu avais un problème… t’es têtu.
- Je suis vraiment désolé… désolé. »
Les larmes coulant sur son sourire rassuré de ne pas avoir tué son ami, tout autour de lui surgirent des mains d’Octingens qui saisirent le reste de son corps et l’enfonçant petit à petit dans le sol. Rokoujou voulu l’aider, mais Kevin lui demanda de ne rien faire, il voulait partir de toute façon, il n’avait aucune raison de rester, de faire subir ça à Alexender, il n’était pas certain de son avenir en bas, mais il savait qu’à partir d’aujourd’hui il restera le même. Kevin continuait de disparaître lentement et le vrai Rokoujou adressa des paroles à son remplaçant dans sa tête :
« - Regarde-le bien. Regarde-le partir, ne le quitte pas des yeux, regarde son visage soulagé, regarde sa détermination à se sacrifier, à continuer de vivre malgré son malheur, tout ça car un lien fort le lie à notre monde, notre réalité. Il va quelque part où les lois sont différentes, où le plus fort peut littéralement t’écraser du pied, d’un seul pied. Regarde-le bien partir et disparaître dans les abysses de la Terre, parce que bientôt… tu finiras comme lui. Tu t’évanouiras dans les profondeurs de mon être et je reviendrais. À ton avis… qu’est-ce qui va revenir après la disparition de ce jeune garçon qui me ressemble ? Qui va le remplacer ? Qui va hériter de sa volonté ? Que va-t-il arriver ? Ne te pose pas des questions qui te laisse en surface, vois plus loin et demande toi vraiment ce que tu vas devenir, ce que ce monde va devenir. »
Tous s’étaient effondrés, fatigués par les faibles coups qu’ils avaient reçus sans répit, ou par le simple fait de courir. Le couché de soleil fut visible entre les bâtiments de la ville plus bas. Baigné par cette lumière orangé et admirant la teinte rosée dans le ciel qui dérivait vers la nuit dans leur dos, ils étaient assis ou allongés pensant à ces épreuves, aux Octingens, à tout cela en même temps qui se marqua comme un véritable événement en eux. Alexender se demandait où avait bien pu passer Nozomi, elle était là lorsqu’il avait combattu, mais semblait avoir disparu une fois que Rokoujou et compagnie étaient revenus. Le spectacle éblouissant du crépuscule fut brisé par une forme volante devant le soleil qui ne ressemblait pas du tout à un oiseau. C’était un hélicoptère qui se rapprochait de plus en plus d’eux jusqu’à se poser sur le parking où ils se trouvaient. Quelqu’un descendit par la porte latérale se présentant aux jeunes. Cette personne ne semblait pas plus grande que Rokoujou, en termes d’âge et de taille. La peau noire, les cheveux crépus coiffés vers l’arrière, des yeux marron clairs et une expression bien trop sérieuse pour être brisée par un simple sourire que lui adressait Alexender, à peine capable de soulever la tête plus de dix secondes. Le jeune garçon s’avança et s’adressa plus particulièrement à quelqu’un du groupe :
« - Rokoujou Kyōfū, fils d’Emi Kyōfū Colonel de l’Empire Katus*, je vous annonce que vos amis et vous-même avez réussi l’examen de passage afin de devenir un Honma officiel aux yeux des Empires. Vous serez convié dans quelques jours à répondre à plusieurs de nos questions vous concernant et à participer à un événement mondial visant à vous présenter au public Honma.
- Ah ouais ! C’est du chinois pour moi. S’exclama Sezuni une main sur son nez.
- Qui êtes-vous ? Demanda Ko.
- Je suis Mpanzu Elwik, deuxième capitaine de l’Empire Shiura*, je n’ai qu’un an ou deux ans de plus que vous, inutile de me vouvoyer.
- C’est tout ce que tu es venu nous dire ?
- Officiellement non, mais j’aimerai vous parler plus longtemps. Tout d’abord, comment avez-vous réussi à échapper au Fhumiat ?
- On a été aidé. Répondit Kotai. Une femme qui s’appelle Leylana est restée là-bas.
- Leylana… alors cette femme était ici. Répondit Elwik.
- Vous la connaissez ?
- C'est une criminelle. Elle échappe aux Empires depuis huit cent ans. Elle tue tous les Honmas qu’elle veut, juste pour se défouler ou manger leur flamme. Elle détient un objet extrêmement dangereux s’il est mal utilisé et elle persiste à s’opposer à nous. Si vous la revoyez, contactez-nous.
- Elle a une flamme ?
- Pour être précis, elle possède la flamme Acean*, la flamme de l’acide, elle est très dangereuse.
- Ouais, ça va on n’a pas eu trop de mal avec elle. Continua Kotai.
- Elle fait peur à voir aussi. Ajouta Uchikina.
- Non, vous êtes juste fragile. Rétorqua Kotai.
- C’est toi qui es pas normal ! S’écrièrent ses amis.
- Excusez-moi ! S’exclama Elwik pour attirer l’attention. Je dois ajouter que le Docteur Alexender va devoir nous suivre aux Empires pour quelques examens.
- Des examens pour quoi faire ? Demanda Rokoujou suspicieux.
- Il s’était transformé en Octingen et le revoilà sous forme humaine. Nous devons définir l’état de sa flamme, c’est bien trop compliqué pour tout vous expliquer maintenant.
- Pourquoi on devrait vous le livrer sans rien dire !? Continua Rokoujou.
- C’est bon, laissez-les m’emmener. Se manifesta Alexender. Je sais que je ne risque rien, je comptais leur demander de l’aide de toute façon.
- Vous les connaissez Docteur ? Demanda Rokoujou.
- C’est une trop longue histoire… Elwik, je ne peux pas bouger, tu pourrais m’aider.
- OK, les gars, apportez le brancard
- N’oublie pas de prendre tes médicaments Rokoujou. Disait Alexender en se faisant poser sur le brancard. »
Transporté dans l’hélicoptère, Alexender assura à Rokoujou qu’il ira mieux grâce aux Empires et qu’il pourra, dès leur retrouvaille, lui en dire un peu plus sur ce qu’il savait déjà avant ça. Elwik repartit avec lui, mais tenait à faire passer un message au groupe de cinq amis :
« - Nous connaissons votre histoire, mais vous êtes loin d’imaginer tout ce que ce monde a pu vivre, ce que vos ancêtres ont accompli, vous êtes très loin de tout ça. Vous tous, je ne sais pas si vous êtes prêts à rejoindre notre monde, mais si c’est la décision du Colonel, je ne peux pas le contredire. Particulièrement pour toi, Rokoujou Kyōfū… je préfère te le dire tout de suite, nous partageons un but similaire, mais je ne pense pas que nos méthodes afin d’y parvenir soit compatibles… que l’on soit bien claire, je ne te laisserai pas faire à ta guise, je t’ai à l’œil. On se reverra. »
L'hélicoptère s'envola, Rokoujou resta les yeux écarquillés face à la déclaration d’Elwik. Il regardait ses amis qui haussèrent les épaules en guise de réponse de son regard interrogateur. Finalement, ils furent rejoints par Yuki qui les invita à les suivre quelque part. Elle les mena jusqu’à l’appartement des Kyōfū, jusque là rien de très surprenant se disaient-ils. Elle grimpa sur le toit et fit signe de la suivre. Rejoignant la féline sur le toit, Ko demanda ce qu’elle leur voulait. Elle tenait à leur montrer quelque chose. Depuis qu’ils avaient obtenu leur flamme, ce groupe n'avait connu que des batailles, des blessures, tout cela à cause des flammes. Elle ne voulait pas qu’ils pensent que les flammes n’apportaient que guerres et affrontements, elle voulait leur montrer une dimension différente des flammes.
La nuit était déjà tombée et devant eux, des arbres un peu plus haut dessinant l’horizon appuyé par l’irrégularité des bâtiments juste derrière, justifiait ce flou constant dans la pénombre au loin. Yuki leur disait de regarder de ce côté et de bien observer. Sans un bruit ils furent émerveillés par ce soudain spectacle de couleurs et de formes, les flammes éclataient, se mélangeait dans le ciel nocturne. Elles créaient des formes uniques, elles ondulaient, s’unissaient en quelques fractions de secondes. Les visages fatigués des cinq jeunes étaient illuminés, extatiques devant la beauté que pouvait représenter les flammes. Rokoujou s’était laissé tomber au sol, sur le dos admirant le prolongement des couleurs à l’autre bout de l’horizon. Il se demandait si c’était vraiment là une récompense ou un retour à la réalité, pour réaliser que tout ce qu’il s’était passé avait vraiment eu lieu, et qu’ils ne pourraient sûrement pas échapper aux prochains événements qui allaient survenir.
« - Réveille-toi… s’il te plaît. Suppliait quelqu’un.
- Khihi, patience. Répondit le vrai Rokoujou nonchalant. »