Almena
Aux premières douleurs de l’enfantement, la reine Almena avait été transportée auprès des guérisseurs présents dans les murs du château. On l’avait installée, non dans sa chambre où l’aspect familier des meubles et des draperies aurait pu lui donner du courage, mais dans une salle préparée pour l’évènement selon leurs instructions. Un lit surélevé avait été dressé au centre de la pièce, bordé par deux longues tables supportant des instruments médicaux et des rangées de fioles remplies de potions. Frissonnante, elle s’était laissé dévêtir par ses servantes qui l’avaient couchée sous un simple drap. Elles avaient allumé toutes les lanternes et un feu ronflant dans l’immense cheminée, puis elles étaient sorties. Ses cheveux noirs dont les flammes de l’âtre révélaient les reflets rouges contrastaient sur le linge blanc, mais son visage était presque aussi pâle.
Dans cette épreuve, la jeune reine aurait apprécié une présence féminine. Mais elle n’osait rien demander. La peur lui tenait le cœur dans une poigne étroite. Elle se retrouvait seule à la merci des médecins.
Scrupuleux, ceux-ci ne la quittaient pas et se relayaient auprès de son ventre palpitant. Son cas constituait pour eux un défi à leur science et une angoisse d’échec. Si le destin ne faisait pas preuve de clémence, ils encouraient la sanction du roi et la colère du peuple, la fin de leur carrière et de leurs privilèges. Cependant, Almena était sûre que, pas un instant, ils n’avaient pris en considération qu’elle risquait bien plus qu’eux. Car non seulement elle allait donner naissance pour la première fois, mais elle avait compris, même si la cour entière s’était acharnée à le lui cacher, qu’elle pouvait y laisser la vie.
Quelques lunes plus tôt, quand son ventre avait commencé à s’arrondir, Iselmar de Lans, le médecin du roi, avait longuement palpé son abdomen de ses mains glacées aux doigts décharnés de cadavre. Il ne lui avait pas accordé une parole ou un regard. Elle n’était pour lui qu’un creuset destiné à perpétuer le règne des Kellwin et la stabilité du royaume de Cazalyne. Puis il était sorti, le visage contracté, frottant sa courte barbe en pointe, sans prendre la peine de la tenir informée de ses constatations. Ce n’est qu’à Einold qu’il avait daigné donner son compte rendu. Les bruits avaient transpiré, gagnant le personnel et la cour. Son entourage ne lui avait plus parlé qu’avec les yeux baissés, la voix feutrée, les gestes enveloppants qu’on emploie au chevet des mourants. La rumeur d’une complication se propagea rapidement dans le pays entier sans jamais passer par elle, prouvant qu’elle seule se croyait encore la principale concernée. Mais elle n’était guère plus qu’un instrument au service d’une affaire d’État.
Le roi lui-même avait semblé plus distant. Ils n’avaient toujours montré que réserve et stoïcisme en public, aussi son recul n’eût pas alerté Almena si elle n’avait également senti sa gêne dans leur intimité. Depuis leur mariage, cinq ans auparavant, chaque soir quand il la rejoignait dans leurs appartements, il se défaisait de son costume de souverain et devenait pour elle un compagnon attentionné. Ils discutaient longuement sur des sujets variés, ils riaient parfois. Il lui avait appris à lire et à écrire. Ils profitaient de la douceur de tendres cajoleries et s’endormaient enlacés dans le grand lit de bois blond commandé pour leurs noces. De plus extravertis auraient peut-être trouvé tièdes leurs échanges ou timides leurs gestes. Leur nature réservée ne laissait pas de place aux effusions passionnées. Pourtant, chacun savait les sentiments de l’autre et prenait son bonheur dans un regard, une inflexion de voix ou un battement de cœur. Ils avaient créé un univers à eux, avec ses signes, son langage et ses heures hors du temps.
Ayant compris que les nouvelles étaient mauvaises, Almena avait affronté les non-dits qui menaçaient de se dresser entre eux pour interroger son époux. Ainsi lui avait-il révélé qu’en son sein grandissaient non un, mais deux enfants dont la vigueur semblait prometteuse, mais qui se présentaient dans une posture délicate pour la naissance.
Compte tenu des difficultés à venir, Iselmar de Lans avait sollicité la permission de s’entourer de ses pairs. Pour préserver au mieux la santé de la reine Almena et celle des nouveau-nés, avait-il expliqué. Pour partager les torts si les choses tournaient mal, avait interprété le souverain. Il avait cependant donné son consentement. Des messagers avaient été dépêchés vers les provinces d’Avrin, de Bartillane et de Grandes Landes pour quérir les praticiens de renom qui y exerçaient.
Jusqu’au dernier moment, les guérisseurs avaient tenté de tourner les enfants, malmenant le corps de la jeune femme, appuyant sur son abdomen comme sur un sac de grain qu’on voudrait à tout prix faire entrer dans un coffre trop étroit. Elle avait supporté en silence la souffrance causée par ces manœuvres, mordant jusqu’au sang sa propre main pour ne pas s’évanouir. Mais rien n’y fit. Les enfants — les deux — étaient restés sur leurs positions. Il était impossible de savoir exactement comment ils se plaçaient. Mais les mines sévères des quatre hommes et l’endroit où Almena sentait les petits coups de pied ne laissaient rien augurer de facile.
C’est donc fiévreuse et apeurée qu’Almena avait été allongée sur le lit d’accouchement comme sur un autel de sacrifice, entourée des médecins pareils à de grands prêtres préparant les objets rituels.
Trente heures s’étaient écoulées depuis les premiers signes de la naissance. La jeune reine alternait entre sommeil fébrile et veille douloureuse. Son corps se crispait, essayant de guider les enfants vers le jour. Chaque contraction l’épuisait davantage sans que rien n’évolue. Aucun des deux jumeaux ne voulait ou ne pouvait trouver sa voie.
Lorsqu’elle était consciente, Almena voyait dans son martyre s’assombrir les visages des médecins qui continuaient à s’agiter autour d’elle sans résultat. Régulièrement, l’un d’eux venait presser son ventre comme pour l’essorer de son contenu. Ils administraient à la jeune femme diverses potions qui au mieux restaient inefficaces, au pire provoquaient de violentes nausées. Sans cesse, ils écoutaient les cœurs des petits. Leurs gestes s’avéraient non seulement inutiles, mais ils augmentaient la souffrance de la reine. Elle aurait dû saluer leur persévérance, pourtant, elle était maintenant convaincue qu’ils n’insistaient que pour la forme, ayant depuis longtemps pris conscience de leur impuissance. Elle était certaine à présent qu’elle allait mourir, elle l’acceptait. Elle ne demandait qu’une chose : que ses enfants vivent.
Il leur restera leur père, songeait-elle. Il prendra soin de nos princes.
Le visage du roi s’imposa devant elle, grave et tendre. Sa main se tendit pour caresser sa barbe brune rayée de quelques fils d’argent, de ce geste timide qu’elle avait fait mille fois dans l’intimité de leurs appartements. Si timide…
Si je meurs, Einold gardera le souvenir d’une épouse effacée, insipide. La pudeur dont nous avons toujours fait preuve nous ressemble, c’est vrai. Elle ne nous a pas empêchés de vivre heureux. Pourtant, la tiédeur n’est plus de mise.
Dire qu’elle avait douté de son attachement pour elle… Comme elle s’en repentait.
S’il vient, je lui déclarerai tout mon amour, sans retenue. Qu’il a été bien plus que mon mari : mon ami, mon amant, mon protecteur. Que je n’ai jamais pu le lui dire parce que j’ai manqué de courage, mais que je veux maintenant qu’il le sache. S’il y a un moment où il faut s’arracher à sa réserve, c’est bien le dernier, non ?
Le souverain était loin, cependant, et rien ne certifiait qu’il reviendrait à temps.
J’aurais souhaité quelqu’un auprès de moi. Renaude. Oui, ce serait plus facile si je pouvais tenir la main de Renaude. Elle pourrait caresser mon front. Elle veillerait sur mes petits. Je crois qu’elle m’aime bien.
Alors que la douleur se calmait brièvement, elle sentit soudain en elle comme une déchirure. Une brûlure fulgurante s’ajouta à son calvaire. Les guérisseurs — qui ne parvenaient plus à cacher leur angoisse — firent appeler une servante avec des linges. Almena comprit qu’un flot de sang coulait entre ses jambes. Il fallut que plusieurs draps blancs soient rougis pour que l’hémorragie ralentisse. Sa tête tournait, elle se sentait de plus en plus inconsistante, comme si son corps s’évaporait pour rejoindre les cieux.
Plus tard encore, elle perçut sans la comprendre une voix féminine qui l’apaisa. Renaude pencha sur elle son doux visage ridé encadré de ses deux bandeaux de cheveux blancs attachés strictement sur la nuque. Almena eut aussitôt envie de se blottir dans ses bras. La vieille femme le devina et s’installa à même le lit pour la bercer comme une fillette.
— Vous vous montrez si courageuse, Madame, lui chantonna-t-elle en caressant les cheveux noirs emmêlés. Vous vous en sortez bien. Ces petits seront bientôt nés.
— Je vous attendais, mon amie, répondit la jeune femme en souriant dans un filet de voix.
— Pardon, ma reine. Mes affaires m’ont retenue. J’ai honte de vous avoir laissée seule si longtemps.
— Vous êtes là maintenant, souffla Almena en s’affaissant.
Elle perdit conscience, la respiration rapide mais régulière.
***
Renaude
Dame Renaude avait été la suivante de la reine Blanche et la nourrice d’Einold — ce qui lui valait le surnom peu gracieux de Laitière. Restée à la cour après la mort de Blanche qu’elle chérissait, elle avait reporté son dévouement sur son fils en devenant sa confidente. Après le mariage de celui-ci, elle avait su se faire apprécier d’Almena et, réciproquement, prenait plaisir à la compagnie de cette toute petite reine, que sa simplicité rendait si fragile. Elle savait que ses visites lui apportaient bonheur et soulagement : Almena voyait probablement en elle la figure maternelle dont elle avait été privée. La nourrice s’était efforcée d’être pour la jeune femme non seulement une compagne, mais aussi un port tranquille où elle pouvait baisser sa garde lorsque la vie de la cour lui devenait pesante. Renaude, cependant, dotée par la reine Blanche d’un petit domaine à une cinquantaine de lieues de la capitale, devait gérer sa propriété et ne pouvait lui consacrer tout son temps. Comme Einold, elle se trouvait loin du château quand la jeune femme avait été prise des premières douleurs. Prévenue des évènements dès son retour, elle s’était précipitée au chevet de la future mère.
Soulagée pour la reine du répit procuré par son évanouissement, Renaude changea de ton pour parler aux deux guérisseurs présents :
— Pourquoi a-t-elle autant souffert ? demanda-t-elle sèchement. Ne lui avez-vous pas administré une de ces nombreuses drogues ?
Fille d’un cornerier de Terce, son instruction n’avait pas ressemblé à celles des enfants de seigneurs, mais elle n’en avait pas moins une intelligence rare. Elle avait gardé de son origine modeste une méfiance instinctive pour les médecins, car la plupart d’entre eux adaptaient la qualité de leurs soins aux moyens financiers de leurs patients.
L’un des guérisseurs, celui des Grandes Landes, la considéra de haut, surpris qu’elle s’adresse à lui.
— Elle ne s’est pas plainte, répondit-il avec dédain. Nous lui avons donné de quoi activer le travail, mais il est important que la mère reste consciente et lucide pour nous orienter.
— Consciente, dites-vous ? Elle vient de s’évanouir de souffrance ! coupa sèchement Renaude. Vous espérez qu’elle vous oriente, mais lui avez-vous posé ne serait-ce qu’une question ? L’avez-vous même regardée ? Sachez qu’elle n’est pas du genre à se plaindre. Pourtant la douleur se lit sur ses traits, vous auriez dû en déduire vous-mêmes qu’elle endurait plus ce qu’elle pouvait supporter. Elle est diaphane, son visage est crispé !
Le guérisseur n’avait pas l’habitude que quelqu’un s’adresse à lui ainsi, et cela lui déplaisait. Son savoir et son docte parler suffisaient d’ordinaire à en imposer à quiconque. Il ignorait qui était Renaude, mais l’autorité naturelle de celle-ci et ses questions firent naître sur sa figure le masque de la culpabilité.
— Madame, intervint le praticien de Bartillane, je pense que vous n’êtes pas en mesure de critiquer. La science guide nos décisions et nos recommandations. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus.
La nourrice connaissait ces hommes. Leur art, mais également la chance, les avait mis au service des puissants. Et petit à petit, ils ne considéraient plus chez leurs patients que le prestige et l’intérêt qu’ils pouvaient leur procurer. Ils négligeaient de voir en eux des êtres humains.
Désabusée, Renaude s’épargna un discours sur ce thème. Elle préféra leur tenir un langage qu’ils comprenaient.
— Donnerez-vous la même réponse au roi quand il reviendra et constatera la souffrance de son épouse ? Qu’est-ce que votre science a apporté jusqu’à maintenant ? Que suggérez-vous pour que ces enfants viennent au monde vivants ? Et pour que leur mère le reste ?
— C’est un accouchement, Madame, seule la nature décide.
— Je vois, ironisa Renaude. Messieurs, je ne possède pas votre savoir, en effet. Mais je puis affirmer que si vous n’avez pas mieux à proposer, dans quelques heures la mère et les enfants seront morts. Je vous suggère de réfléchir à toutes les solutions possibles, y compris celles qui ne seraient pas en votre honneur. Arrangez-vous pour garder la reine en vie jusqu’au retour de votre souverain et ayez la décence de la soulager.
Les deux médecins se consultèrent en silence, chacun pesant son avenir si l’augure de la vieille femme se réalisait, ce qui était probable. Et pire encore, si la jeune mère mourait avant que le roi ait pu la voir et s’il apprenait qu’elle avait souffert sans qu’ils tentent rien.
***
Le manteau bleu
Le jour n’avait pas fini de mourir, mais les dernières lueurs s’arrêtaient à la lisière de la forêt. Sous le couvert des arbres, l’obscurité s’épaississait. Craignant de ne plus distinguer suffisamment les alentours pour se repérer, le cavalier pressa sa monture à travers les buissons et ferma son long manteau bleu contre la fraîcheur de la nuit.
Il reconnut le rocher à deux pointes évoqué dans la lettre et prit vers le nord. S’il en croyait les indications, il touchait au but. Tant mieux. Il ne cessait de sursauter au moindre craquement ; les cris des bêtes nocturnes dans le sous-bois lui hérissaient le poil comme autant de menaces.
Dans quoi s’était-il embarqué ? Il sortit pour la centième fois le parchemin de son manteau de voyage. La vue du sceau mystérieux provoqua la même bouffée de peur mêlée d’impatience qu’à sa première lecture. Reçue une lune auparavant, la missive lui faisait miroiter un avenir grandiose. D’abord méfiant, il avait senti croître en lui la curiosité, puis l’envie. Il avait résolu d’honorer l’énigmatique invitation.
Une lueur apparut à travers les taillis. Elle s’intensifia à mesure qu’il avançait. Lorsqu’il franchit le dernier rideau d’arbres, il déboucha sur une petite clairière, face au mur d’un castel en fort mauvais état. Les dépendances et l’une des tours s’étaient écroulées depuis assez longtemps pour que la végétation s’y installe. Une lanterne pendait sur un pieu, probablement à son intention, créant sur les pierres brunes des ombres étirées et mouvantes. Au-delà de la bâtisse, la forêt s’élevait de nouveau. L’absence de chemin, la construction délabrée enchâssée au cœur d’un bois, tout confirmait la clandestinité.
Il mit pied à terre puis contourna le castel à pas lents, le cœur battant à tout rompre. Il ne savait même pas qui il allait rencontrer, ni pourquoi. Peut-être que les promesses d’une ascension fulgurante étaient vraies, mais quel serait le prix à payer ? Il était encore temps de renoncer à cette folie.
Il était pourtant venu jusqu’ici, poussé par le désir de savoir. La curiosité l’emportant sur la peur, il continua d’avancer.
Devant la grande porte vermoulue aux ferrures rouillées, une sentinelle armée d’une lance était postée. L’homme au manteau bleu ne put retenir un frisson lorsqu’il s’en approcha : sous l’ombre de sa grande capuche, le garde n’avait pas de visage. Ou plutôt, une figure constituée de la nuit la plus noire. Sans un mot, il désigna l’entrée. Repoussant son propre capuchon, le visiteur s’engagea dans le hall, puis s’arrêta sur le seuil de la grande salle qui s’ouvrait face à lui. Alignées derrière une longue table poussiéreuse, trois silhouettes s’inclinèrent brièvement.
Tandis que ses hôtes prenaient place en face de lui, l’un d’eux lui fit signe de s’asseoir. Ils le dévisagèrent en silence à la lueur ténue des bougies. Aucun ne lui était familier et il ne vit pas sur leurs habits la moindre marque distinctive, ni couleurs ni blason. Une sueur froide coula dans son dos.
— Qui êtes-vous ? interrogea-t-il d’une voix qu’il voulait ferme, mais qui monta dans les aigus.
— Vous le saurez plus tard.
Il sentit qu’il serait vain d’insister.
— Pourquoi m’avez-vous demandé de venir ?
— Parce que nous avons besoin de vous.
— Quels sont vos desseins ?
— Chasser la complaisance et la faiblesse. Rétablir l’ordre. Donner à Cazalyne la grandeur qu’elle mérite.
La voix avait résonné contre les murs de pierre comme un glas. C’était l’homme du milieu qui avait parlé, mais cela importait peu. Les autres auraient probablement répondu la même chose. Il frissonna de nouveau, mais cette fois, la peur se mêla d’excitation.
— Il faut des moyens pour une pareille entreprise, argua-t-il.
— Nous les avons, annonça celui de gauche. Ils sont illimités.
— Jusqu’où voulez-vous aller ?
— Nous allons conquérir le royaume.
Son cœur accéléra sous l’effet de l’exaltation. Une profonde mutation était déjà en marche, il le sentait. Il lui suffisait de la suivre. Il brûlait maintenant d’en savoir plus.
— Et moi, qu’est-ce que j’y gagne ?
— Si vous êtes patient et dévoué, vous obtiendrez le trône de Cazalyne.
Un torrent de lave se déversa dans ses veines. Sa vie durant, il avait étouffé toute ambition de s’élever au-delà de sa condition actuelle. Et voici qu’on lui offrait bien plus que ses rêves les plus fous. Oubliés, la peur et le doute : la force de son désir le surprit lui-même, l’espoir venait de libérer dans la moindre parcelle de son être une avidité sans limites qui ne laissait de place pour aucun autre sentiment.
Il se vit gravir les rues de Terce triomphant. Toutes les âmes de la capitale parée d’étendards à ses armes l’acclamaient d’une seule voix. En haut de la colline, appuyé sur la falaise du Mont de Cordelle, se dressait le château des Cimiantes. Son château.
Oh oui, il serait infiniment patient et dévoué, tant qu’au bout du chemin, on lui garantissait de régner.
Je savoure la lecture de ton roman, quel plaisir d'y replonger (=
Par rapport au changement de prologue, je me demande si le passage avec le manteau bleu n'est quand même pas le plus efficace, au lieu de celui de Baudri. Qui en vrai fonctionne bien aussi en prologue, pourquoi pas mettre les deux ? Je ne sais pas mais je me dis que pour un chapitre 2, ce serait bien de voir le manteau bleu se mettre en action plutôt qu'une promesse pour la suite de l'histoire. Bon après, ça fonctionne quand même bien sous cette forme.
Parlons un peu de la scène de l'accouchement, je ne sais pas si tu l'as retouchée mais elle reste aussi terrible que dans mon souvenir. J'ai réagi plusieurs fois derrière mon écran, c'est aussi horrible que bien écrit. Je me sens trop mal pour Almena. Je ne me souviens plus si elle semblait aussi condamnée dans la précédente version mais on ne peut s'empêcher de lui souhaiter le meilleur. Le passage avec Renaude est hyper touchant. J'adore ce perso.
Mes remarques :
"même si la cour entière s’était acharnée à le lui cacher" -> s'acharnait ? (c'est toujours le cas du coup imparfait ?)
"de ses mains glacées aux doigts décharnés de cadavre." je me demande si c'est pas un peu lourd de mettre ses deux infos en même temps. Garder juste l'image du froid sur le ventre est très percutant, quitte à parler des doigts décharnés un peu plus bas pour insister sur le côté très désagréable de la situation...
"Pourtant, chacun savait les sentiments de l’autre et prenait son bonheur dans un regard, une inflexion de voix ou un battement de cœur." très beau paragraphe sur la relation avec Einold !
Quel kiff !
A bientôt (=
Ah la question du prologue... franchement je ne sais pas : selon les jours je préfère une solution, puis une autre... je n'arrive pas à me décider. Ceci dit, je sais qu'il y a des lecteurs qui, par principe, ne lisent pas les prologues. Donc, ceux-ci ne doivent pas contenir d'éléments indispensables à la compréhension de l'intrigue. Du coup, vu comme ça, il vaut mieux mettre le pov Baudri que le pot manteau bleu en prologue. Enfin si ça se trouve, je changerai d'avis demain xD
Je n'ai presque rien modifié sur les scènes de l'accouchement. En revanche, j'ai resserré, donc Renaude arrive plus tôt. En réponse à ta question : oui, la reine avait déjà l'air condamnée. J'ai essayé de virer les pov Almena, mais c'était trop compliqué puisque ce ne sont QUE des introspections.
Ok pour tes remarques, je regarderai ça de plus près.
En tout cas tu fais bien de lire lentement, je n'avance pas du tout en ce moment :/
Tes lectures et tes commentaires me font toujours très plaisir en tout cas, merci ! A bientôt !
Okok, jsp pourquoi j'ai le souvenir d'avoir plus espéré.
Oui, je me garde des chapitres de retard un peu volontairement ahah Et pas de soucis, la motivation reviendra à un moment^^
Avec plaisir,
A bientôt !
Elle n’était pour lui qu’un creuset destiné à perpétuer le règne des Kellwin -> J'ai découvert le sens littéraire du mot creuset grâce à toi :) (j'aime beaucoup la sonorité du nom de famille).
Jusqu’au dernier moment, les guérisseurs avaient tenté de tourner les enfants, malmenant le corps de la jeune femme, appuyant sur son abdomen comme sur un sac de grain qu’on voudrait à tout prix faire entrer dans un coffre trop étroit. -> Ce passage me prend aux tripes. Je me sens en empathie avec ton personnage. J'aimerais être auprès d'elle. J'ai même eu une larme - ça m'arrive quand l'écrit (ou le film) fait vibrer quelque chose en moi.
Il leur restera leur père, songeait-elle. Il prendra soin de nos princes. -> C'est très patriarcal ce monde. Même avec les futurs bébés, on ne laisse pas la place à ce qu'il puisse s'agir d'une fille. (Ceci dit, après coup, je me rappelle que dans le chapitre précédent, aucun des 2 personnages "puissants" ne se désolait que le premier né soit une fille et non un garçon. J'attends donc la suite des chapitres pour mieux me situer sur ce point.)
Renaude, cependant, dotée par la reine Blanche d’un petit domaine à une cinquantaine de lieues de la capitale, devait gérer sa propriété et ne pouvait lui consacrer tout son temps. -> C'est chouette de préciser ceci : la phrase un peu plus haut, je me demandais justement pourquoi elle avait mis plus de 30 heures pour la rejoindre alors que depuis des semaines on laissait entendre qu'elle ne survivrait peut-être pas à son accouchement.
Leur art, mais également la chance, les avait mis au service des puissants. -> avaient ?
Et pire encore, si la jeune mère mourait avant que le roi ait pu la voir et s’il apprenait qu’elle avait souffert sans qu’ils tentent rien. -> sans qu'ils ne tentent rien ? sans qu'ils n'aient rien tenté ?
Toutes les âmes de la capitale parée d’étendards à ses armes l’acclamaient d’une seule voix. -> parées (Argh, mais qui est ce personnage ???? Quel rôle - lui et ce mystérieux trio - joue-t-il dans mon questionnement du prologue qui se demande qui dirige le royaume ? ^^ Super chute qui invite à découvrir la suite.
Sans parler de cette petite reine... Mon petit cœur souhaite qu'elle survive. Mais quand je repense à ta réponse dans mon dernier commentaire, je me dis que si le Roi doit changer de comportement... ce pourrait être suite à la perte de, peut-être, l'unique personne auprès de qui il "ôtait ses atours de roi".
J'ai vraiment hâte de découvrir la suite. Sans pression <3. Même dans un mois, je serai au rendez-vous. :)
Petite remarque par rapport à l'accouchement :
- Dans mon esprit, les femmes, à l'époque, accouchaient en position verticale. D'ailleurs, les douleurs de l'enfantement ont plutôt tendance à rejeter la position couchée. Non ?
- Les contractions (la douleur) inondent le corps de transpiration. J'avoue que dans mon transfert empathique, j'attendais de lire cela. (Ok, remarque purement personnelle ;) , au cas où ça peut lancer sur une idée, ou pas - je me permets de le proposer car tu mets fort l'accent sur sa douleur affichée).
La dernière partie a une toute autre fluidité de lecture et de ton. (Pas du tout dérangeant, je le dis pour partager mon ressenti ^^)
À bientôt :D
Merci pour ce partage, beau chapitre. ^^
Alors pour l'anecdote, j'ai vécu un accouchement un peu chaotique avec double version, hémorragie et tout, donc l'écriture de ce chapitre était un peu cathartique. Ceci dit, c'est vieux maintenant (14 ans depuis quelques jours :P) et je suis donc en mesure de prendre plus de recul. Mais je suis contente que ça t'ait "prise aux tripes", parce qu'effectivement ça peut parler à beaucoup de femmes qui ont vécu un accouchement ! Et bien sûr, ça m'intéresse de provoquer des émotions chez les lecteurices !
L'utilisation du mot "princes", dans la bouche de la reine, n'avait pas forcément vocation à affirmer le patriarcat de cet univers. Elle l'utilise plutôt pour dire "enfants", mais ça me va aussi si c'est ce qu'on entend. Si le thème de l'égalité n'est pas le thème principal, je l'aborde quand même un peu au cours de la saga. Et en effet, comme tu l'as vu dans le chapitre précédent, les femmes ne sont pas si mal considérées. Il y a non seulement la naissance de la petite, mais le roi a aussi nommé UNE gouverneure dans une des provinces et avant lui c'était une femme, sa mère, qui régnait... à suivre.
Pour ce qui est du personnage mystérieux, le manteau bleu, ses pov vont revenir à intervalles réguliers. Je préfère te dire tout de suite que son identité ne sera pas dévoilée tout de suite et qu'il s'agit même d'un des enjeux principaux de la saga ! Cette scène était l'ancien prologue. Et ta réaction me rassure : j'avais peur qu'il s'intègre mal dans le texte, mais apparemment, ça marche bien.
Je note tes remarques sur l'accouchement. Pour la première, justement la pauvre reine ne fait pas ce qu'elle veut : ce sont les médecins qui décident pour elle. Or, il me semble que dans l'histoire de l'obstétrique, on en est arrivé à privilégier la position couchée juste pour faciliter la vie aux médecins... Quant à la transpiration, c'est vrai que j'aurais pu en mettre un peu plus ! Je garde l'idée ;)
Merci également pour les coquilles. Je vais quand même garder "parée" et non "parées" car c'est à la capitale que ça se rapporte et non aux âmes. Et dans l'expression "sans qu’ils tentent rien", il ne faut justement pas ajouter de négation, c'est une forme fautive, même si très courante. En revanche, "Leur art, mais également la chance, les avait mis au service des puissants.", il y a bien une vilaine coquille !
Je suis vraiment ravie que le texte te plaise et te donne envie de continuer. Je vais essayer de ne pas trop tarder pour la suite.
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire enthousiaste !
J'essaie de les rendre utiles, mais j'ai toujours peur d'être à côté des attentes de l'auteur.ices.
J'ai eu aussi des accouchements assez costauds, surtout le premier. ^^' Avec, pour les deux, une péridurale tardive (pour cette affaire de transpiration, ça m'avait sidéré la différence avec et sans antidouleurs. Pareil pour la capacité de parler et raisonner avec ceux qui nous entourent.)
Ca me plait beaucoup que la condition de la femme soit abordé en second plan (ou même en troisième ou...) dans ton histoire. :) J'ai bien aimé que cette réflexion naisse suite à la lecture de tes 2 premiers chapitres ; ça laisse entrevoir un récit "profond", "réflexif" - ce que j'aime retrouver dans mes lectures de fantasy, SF, ...
Je préfère te dire tout de suite que son identité ne sera pas dévoilée tout de suite -> Et c'est super ! <3 Tant mieux ^^ Le plaisir du suspense.
mais apparemment, ça marche bien. -> Dans le premier chapitre aussi, la dernière partie est décalée des autres. J'y vois une continuité.
Ce que j'aime dans ton prologue actuel, c'est le terme employé pour les chiens (coupure avec un pur récit historique - ou je m'égare ?), le fait que l'ordre soit évoqué - prémices de rebondissements, qu'on dépose que le Royaume est bousculé... En laissant cet ancien prologue dans ce 2e chapitre, je mesure qu'il y a eu un grand changement entre le premier chapitre qui tourne autour de ce Roi qui garde son royaume prospère et en paix et l'actuel prologue. Donc, oui, pour moi (sans connaitre la version d'avant) c'est très bien ainsi. (Mais bon, avis perso ^^ bien sûr).
Or, il me semble que dans l'histoire de l'obstétrique, on en est arrivé à privilégier la position couchée juste pour faciliter la vie aux médecins... -> C'est aussi ce que j'ai en tête. Proposition à garder ou à jeter : ajouter ce changement de "protocole" dans la colère de Renaude vis-à-vis de ce que ces Médecins lui ont fait subir ?
Désolée pour mon erreur d'avoir cru voir 2 erreurs qui n'en étaient pas. <3
Oui, je suis enthousiaste de découvrir la suite ^^ Mais vraiment, pas de pression, ok si c'est de la motivation positive. :)
A l'occasion, je veux bien que tu me dises si ça marche ou pas.
J'ai dit chien car, de mémoire, je n'étais plus sûre du mot (canite ?). J'avais, bien sûr, compris l'idée (je fais pareil).
Petite anecdote : à la fin d'un des livres de Bottero, il y avait un bonus où il expliquait les règles que lui-même suivaient pour construire un univers fantasy. Et il expliquait que, selon lui, la meilleure chose à faire, c'était cela : garder des choses connues (chien, chat) et y ajouter des inventions propres (canites). De mémoire, il conseillait la même chose pour les noms des villes, des personnages... Tout ça pour dire, je suis bien d'accord avec toi, j'essaie aussi d'utiliser cette clé.
(J'adore les touches imaginaires <3, je serai forcément un bon public pour cela). ^^