Le bruit sourd de la rue Tourbière donnait au quartier une ambiance calme et paisible. On entendait dans un fracas lointain les charrettes se faire emplir de provisions pour la fête à venir. Cette ambiance réconfortante contrastait avec la situation actuelle d’Harmas.
Après le départ de Felinel, Harmas était resté un moment allongé sur le sol humide de la rue des Boulangers, comme pétrifié par la scène venant de se dérouler. Le visage caché dans son coude, il essayait de dresser un bilan de la gravité de la douleur qu’il ressentait. Son poignet n’avait rien de grave mais ses yeux le tourmentaient. En tant qu’enfant des bords de plage, il avait déjà reçu plus d’une poignée de sable dans l’œil. Il savait qu’il fallait rincer au plus vite. Tant bien que mal, il se redressa et tâtonna le mur situé à l’angle de la boutique de pain du vieux Jolan. Harmas avait une idée de ce qu’il cherchait.
Les grandes toiles vertes du quartier des artisans protégeaient les rues des pluies constantes et se retrouvaient très régulièrement chargées d’eau. Elles finissaient par menacer chaque passant d’une douche brutale. Il suffisait alors d’une légère pression contre les cordes les retenant pour les vider de leur contenu. Les pluviers n’auraient pas à se charger de la ruelle des Boulangers, Harmas allait s’en occuper.
Les yeux toujours clos, il sentit la texture d’une corde rugueuse du bout des doigts. Ignorant la souffrance de son poignet, il tira brutalement sur le mécanisme. Le visage levé vers le ciel, il accueillit la claque glacée qui l’atteignit. Garder les yeux ouverts ne fut pas la tâche la plus aisée mais cette vague gelée eut pour effet de le soulager immédiatement. Sa chemise en fut rincée également. Il put alors ouvrir les yeux sans grimacer même si le vent lui semblait contenir de milliers de petites aiguilles. Ça ira comme ça, se dit-il. Le monde était certes encore flou et Harmas présentait le même regard qu’une fouine albinos mais il pouvait à présent rentrer chez lui.
Le poignet tordu et les yeux meurtris, Harmas tâtonnait la porte miteuse du Donjon tordu. C’était le nom que les habitants de la capitale avaient attribué à la demeure de la famille Fèvre. Ses cheveux ruisselaient et l’incessante pluie n’arrangeait pas son état. Il frissonnait et se disait qu’il devait avoir piteuse allure. Il se frotta une énième fois les yeux puis sentit son coude cogner contre la poignée de la porte.
La lourde porte grinça lorsque Harmas pénétra dans l’entrée. Il se sentait vide. Seul son poignet lui rappelait régulièrement la scène gênante qui venait de se dérouler. Il sentait comme un gouffre froid à la place de l’estomac. Il plissa les yeux. La pièce était sombre et une minuscule fenêtre sans vitre éclairait faiblement un large espace circulaire. Aucun meuble ne remplissait le rez-de-chaussée. Les murs exposaient sans pudeur leurs pierres fatiguées. Cela donnait une ambiance singulière à la pièce.
Harmas se dirigea vers l’escalier central dans un mélange de lumières grises aux ombres couleur vert grenouille. Il sentit sur ses épaules le poids du travail qu’il avait réalisé ces dernières semaines pour vider le lieu. Il était en charge de cette lourde tâche depuis que son père était invalide.
Deux fois par an, tous les éléments périssables des niveaux les plus bas de chaque tour de la ville étaient montés au deuxième étage afin de laisser les grandes marées réaliser leur spectacle biannuel: à chaque équinoxe de printemps et d’automne, au moment où la lune et le soleil sont en parfait alignement de la terre, la mer quitte petit à petit son territoire pour aller conquérir les villes et les campagnes du Pays de Lavasse. A la vitesse d’un cheval au galop, elle pénètre les deux premiers étages de chaque habitation durant un Rayon (c’est à dire douze heures dans le patois de Lavasse), avant de doucement se retirer. Elle laisse alors un paysage nouveau derrière son passage et recule si loin que l’horizon semble alors s’étendre à perte de vue. La cité de Fort-Erèbe donne alors l’impression d’appartenir au désert.
Cette période de l’année est considérée comme très périlleuse pour les habitants de la capitale qui subissent les plus fortes marées du pays.
On raconte qu’il y a deux siècles, les six fillettes de la famille Hamm s’étaient toutes noyées en tentant de rejoindre le deuxième étage de leur tour. Les escaliers de chaque habitation subissent chaque année l'assaut du sel marin et celui des Hamm n’était pas une exception. Il avait lâché alors que Aldä, l’aînée de la famille, avait essayé de le gravir. Elle s’était alors retrouvée avec ses sœurs à batailler contre les flots qui avaient déjà conquis tout l’étage. Les parents Hamm n’avaient pu qu’observer l’effroyable spectacle des étages supérieurs et on retrouva cinq des six petites filles le lendemain. On présuma que le corps d’Aldä avait accompagné le recul de la mer jusqu’aux grandes Digues des Juges. Aurèle Hamm s’était jeté du haut de la tour le lendemain laissant Malda Hamm s’occuper de leur fils unique.
Telle était l’histoire du Donjon Tordu que Harmas était en train de gravir. Il pensait souvent à cet évènement en grimpant le premier escalier du rez-de-chaussée et l’avait dans l’ensemble toujours trouvé incohérent. Aurèle Hamm devait avoir beaucoup plus à se reprocher qu’on ne le croit pour vouloir en finir si vite, se disait-il souvent.
Depuis cet événement fondateur, La Grand Tour Des Juges, haut lieu de décision du Pays de Lavasse, avait décrété que tous les habitants de Fort-Erèbe ainsi que tout le bétail devaient quitter la capitale le temps de deux jours afin de se rendre sur les hauteurs des Monts Tranchés. C’est sur le plateau Sud que l’on nommera plus tard le Plateau de la Transhumance que se déroulait deux fois par an la fête de la Transhumance.
« Papa ? cria Harmas,
– Par ici ! » répondit une voix essoufflée.
Harmas continua son ascension de la tour. Il traversa la pièce de vie et sentit la chaleur lui caresser les joues. Le feu qu’il avait allumé dans la cheminée ce matin avait bien tenu et la pièce était accueillante. Les murs d’un rouge sang participaient à cette atmosphère chaleureuse. Ils paraissaient aider au maintien de la température. Harmas avait toujours eu du mal avec la couleur de cet espace mais plus il vieillissait, plus il éprouvait une forme d’attachement pour cet étage coloré. Cela faisait partie des nombreuses règles imposées par la Tour des Juges. Chaque étage devait être représenté par une teinte particulière : rouge sang pour le troisième étage, bleu nuit pour le quatrième, vert émeraude pour le cinquième et jaune sable pour le sixième étage. Harmas se demandait souvent si la tour des Juges, du haut de ses soixante-dix étages, s’était imposée la même règle. Le dernier étage doit être d’une couleur improbable, se dit-il.
Il passa l’étage bleu puis le niveau vert pour arriver au sixième et dernier étage : l’atelier de son père, Félix Fèvre.
« C’est toi Harmas ? lança-t-il en se tournant vers son fils. Oh mais que t’est-il arrivé ? Tes beaux yeux mon fils, on dirait les rats du rez-de-chaussée, ils sont si rouges !
– C’est l’œuvre du fils d’Arthriel, répondit-il en se passant le poignet sous l’eau froide, et ce joli poignet tordu c’est mon œuvre…
– Ton ancien ami ? ajouta Félix, c’est tellement dommage que vous en soyez arrivé là. A une époque vous étiez tellement proches qu’on entendait rarement le nom d’Harmas ou de Felinel tu sais ? On disait seulement HarmasetFélinel, ricana-t-il, comme si vous étiez devenus une sorte de monstre à deux têtes couvertes de boutons.
– Oui je me souviens, Maman faisait la même blague. Cette fois il a encore trouvé une raison de m’en vouloir et de croire que je veux lui voler son idiot de père.
– Ah ! Félix se tourna vers son bureau et reprit son ouvrage. Je pense en réalité que Arthriel aimerait t’avoir comme fils. J’ai souvent essayé de comprendre pourquoi, mais j’en suis incapable. Il ne me pense peut-être pas à la hauteur de la tâche…et c’est probable ! » ajouta-t-il d’un rire étouffé.
Harmas jeta un regard accusateur à son père puis se ravisa. Il s’était habitué aux remarques du vieil homme depuis qu’il consacrait une majorité de son temps à s’occuper de lui. Félix Fèvre avait l’apparence d’une petite souris occupée à grignoter une minuscule petite graine. Son corps voûté semblait être une extension de sa table de travail. Son dos, son cou, ses épaules et ses mains se tordaient d’une manière inquiétante vers son ouvrage. Félix tenait entre ses petits doigts décharnés une minuscule feuille métallique ainsi qu’une pince fine et délicate. Il sculptait d’un geste adroit la matière argentée qui semblait se plier sous la force de sa pensée. L’objet prenait alors vie au milieu des dessins éparpillés sur la table. Harmas s’approcha et ramassa les nombreux croquis tombés au sol. Il en fit un tas qu’il déposa sur la table.
« Merci mon fils. J’ai dû recommencer entièrement ce dessin, je l’ai fait tomber ce matin lorsque tu es parti.
– Tu devrais te reposer Papa…
Harmas prit une grande inspiration comme accablé par ses propres paroles. L’air sentait le métal chaud et le papier.
– Mais arrête de t’en faire ! J’ai monté tout seul les escaliers ce matin. Et puis je suis déjà tombé plus d’une fois de ces horribles marches et je suis toujours là n’est-ce pas ? »
Félix se déplia alors dans un sombre bruit d’os craqués et pointa son ouvrage à la faible lumière qui transperçait la pièce. Une petite lucarne dans le toit éclairait la feuille métallique que l’homme-souris lui tendait.
« Regarde ça mon fils ! J’ai fini ma feuille de châtaignier. Je me suis dit ce matin qu’elle aurait belle allure autour du pommeau de notre glaive. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Harmas prit un air songeur et jeta un regard sur la petite épée posée à l’autre bout de la table.
C’était la lame de ce piteux objet qui attirait tout d’abord l’attention. Si on peut appeler ça une lame se dit Harmas. Aussi fine qu’une feuille de papier, elle semblait pouvoir s’envoler au premier courant d’air. Son tranchant fatigué et irrégulier ressemblait à une dentition de vieillard. Le métal avait souffert de la cohabitation avec l’air salé ambiant. Il était probable que ce glaive soit encore capable de porter un seul et unique coup avant de s’effriter définitivement. Le tranchant de l’objet était en contraste avec sa poignée en parfait état. Le cuir de la fusée avait l’air jeune et souple. Elle était couronnée d’un pommeau argenté dans lequel une pierre noire lisse et brillante se trouvait. On aurait dit un morceau de charbon poli. L’anneau de fer qui maintenait la pierre en place n’avait étrangement pas souffert du temps et de l’air marin. Sous une certaine lumière, on pouvait parfois penser que le pommeau était fait d’argent. Ce glaive était le modeste objet de valeur de la famille. Rare étaient celles qui avaient réussi à se transmettre une arme sans que celle-ci ne finisse par s'effondrer complètement. Félix travaillait depuis des années sur l’arrangement de la poignée sans jamais vraiment y toucher.
Assis devant son bureau, le père Fèvre paraissait perdu au milieu d’un éternel automne métallique. Un tas de feuilles toutes plus précieuses les unes que les autres jonchaient le sol de l’atelier. Une feuille tombée était une feuille perdue. Trop faible, Felix ne pouvait les ramasser et il s’était résigné depuis des années à retravailler ses ouvrages perdus. Harmas avait arrêté de lui rendre ses morceaux de tôles. Je ne suis pas invalide voyons, répétait sans cesse son père. Il refusait dans tous les cas de revenir sur une pièce qui avait touché le sol.
Harmas sourit.
« Ça serait magnifique à droite de la pierre Papa. »
Le visage de son père s’illumina. Il rajeunit soudainement et Harmas perçut leur ressemblance.
« C’est vrai ? Ah, je suis bien d’accord Harmas ! Bien d’accord !
Il se tourna à nouveau sur la feuille argentée et la tortura à l’aide de sa petite pince.
« Je n’avais pas fini une feuille depuis des années fils ! »
Il tordit le bout de la feuille, ajoutant l’imperfection qui lui manquait pour lui donner le réalisme voulu.
« Elle n’est même pas tombée celle-ci, ajouta-t-il d’une voix tremblante. Ta mère viendra peut-être la voir je pense. Elle n’est pas montée ici depuis si longtemps !
– Cela m’étonnerait… » répondit Harmas.
Son père resta silencieux, il avait repris son travail et n’avait probablement pas entendu la réponse. Harmas ramassa une poignée de feuilles inachevées sur le sol puis descendit l’escalier d’un étage. C’était celui des chambres.
Les murs peints maladroitement, versaient sur la pièce un éclat surnaturel. Deux lits habitaient cette pièce : on pouvait voir à gauche le lit d’Alris et Felix puis plus loin sous une poutre, se trouvait celui d’Harmas. Le lit des parents était solide et large. Les chardons brodés sur les draps contrastaient avec l’aspect rustique de la pièce à coucher. Les couvertures étaient parfaitement lisses. Harmas jeta la poignée de feuilles métalliques sur le lit et un léger nuage de poussière s’en dégagea. Il y posait souvent des objets sans intérêt pour se donner l’impression d’une présence dans la pièce. Personne n’avait dormi dans ce lit depuis bien longtemps. Félix couchait dans son atelier et Alris restait depuis plusieurs années maintenant à la forge. Le cinquième étage du Donjon Tordu était donc devenu avec le temps celui d’Harmas. Ce devait d’ailleurs être probablement son père qui avait changé pour la dernière fois les draps du lit avant que sa santé ne se dégrade définitivement.
Harmas souleva un rideau vaporeux et pénétra dans son espace. Une petite ouverture reflétait la douce lueur de la journée. La lumière venait alors taquiner une suspension faite de déchets de métal. Elle était accrochée à la poutre qui traversait le plafond. On aurait dit plusieurs lames de rasoirs scintillantes. Un coussin violet était disposé à même le sol au centre de nombreux petits bouts de tôles. Alris Fèvre avait été déçue le jour où elle avait pris conscience que son fils était plus celui de Félix que le sien. A la manière de son père, Harmas aimait les petits objets métalliques. Il récupérait les restes de l’atelier du sixième étage et les achevaient dans un coin de sa chambre. Seul un fou oserait dire que les feuilles argentées d’Harmas dépassaient la qualité d’un feuillagiste professionnel, mais c’était bien le cas. Et personne ne pouvait en témoigner.
Harmas ouvrit d’une main une caisse en bois située sous son lit. Une odeur fraîche s’en dégagea lorsqu’il souleva le couvercle. Il avait accumulé depuis un certain temps un grand nombre de plantes séchées, résultat des nombreux tourments que la forge lui faisait subir. Menthe, orties et capucines cachaient quelques fioles au fond de la malle. Harmas fit tinter les bouteilles entre elles tandis qu’il cherchait de quoi soulager ses yeux rouges. Il finit par extirper une petite fiole sur laquelle on pouvait lire Eau d’Argent. A genoux devant son lit, il versa immédiatement quelques gouttes dans ses yeux. Il sursauta d’abord puis sentit les bienfaits du remède. Il se félicita d’avoir acheté cette potion mystérieuse aux commerçants de Pont-Marais lors de la dernière fête de la transhumance. Il remit la fiole dans son coffre et le replaça d’un coup de pied impatient sous son lit.
Harmas resta figé. Il pensa à Arthriel se moquant de lui et raillant son père. Il pensa également à Felinel qui le tourmentait depuis plusieurs années maintenant par pure jalousie. La colère envahit le cœur d’Harmas. Il frappa alors une seconde fois dans son coffre à remèdes ce qui eut pour effet de briser le fermoir. Le visage crispé, il se résigna et ouvrit la petite lucarne située à droite de son lit. Il laissa l’air marin occuper le cinquième étage et dégager son esprit. Harmas imaginait Felinel glorieux. Il devait sûrement ricaner avec ses deux idiots d’amis. Harmas n’avait aucun problème avec le fait d’avoir perdu la bataille contre le fils d’Arthriel, mais l’idée de l’imaginer railler son nom lui faisait tourner la tête. Felix Fèvre parlait toujours d’Harmas comme d’un vrai mauvais joueur et ce dernier n’était évidemment pas d’accord avec ce constat.
Le vent poussait les cheveux bruns du jeune homme qui ignorait sa chemise encore mouillée. Il s’imaginait faire payer Felinel, lui faire honte, tout raconter à Arthriel, lui faire mal d’une manière ou d’une autre, le cogner jusqu’à ce qu’il…
Un effroi saisit le cœur d’Harmas et le malaise l’envahit. Il porta son regard vers les bateaux des pêcheurs de Gilmar abandonnés sur le sable aux portes de la ville. Les larmes envahirent ses yeux douloureux. La mer s’agitait au loin comme un fil d’argent capricieux bataillant contre le ciel gris. Il était facile de voir la ville voisine tant le sol était plat au Pays de Lavasse.
« Andouille va…» marmonna-t-il à lui-même.
Il se souvenait de cette remarque que sa mère lui faisait souvent lorsqu’il était enfant et qu’il se laissait aller à son mauvais caractère. Elle semblait à cette époque trouver de l'intérêt dans le tempérament de son fils et y voyait le feu qui l’animait elle.
« C’était avant de se rendre compte que tu ne sais pas faire grand-chose en réalité » ajouta-t-il à lui-même.
J'aime beaucoup la poésie qui se dégage de l'environnement d'Harmas. En lisant, j'ai l'impression d'une ville fourmillante, faite de bric et de broc (des cordes qu'il faut tirer pour évacuer l'eau, des tours dangereuses et soumises aux marées...). Ces tours ont l'air tellement bancales - je me les représente ainsi, avec des escaliers qui tournicotent, mais je les vois aussi remplies de vie et de beauté ; et ce contraste rend l'ensemble très vivant et intéressant. Je suis fan des formulations : "Les murs exposaient sans pudeur leurs pierres fatiguées" et l' "éternel automne métallique".
Le corps de Félix est une "extension de la table de travail", voilà également une image que je trouve forte et révélatrice du personnage que l'on découvre.
Le concept des couleurs associées aux étages, je trouve ça aussi très chouette.
Le passage au présent m'a posé question. Je me suis demandé qui raconte l'histoire de la ville à ce moment. Est-ce une narratrice ? Une historienne ? Ces notions sur l'histoire de la ville sont intéressantes, mais elles m'ont un peu fait sortir de l'histoire d'Harmas.
Je me suis demandé, à propos de la légende des six filles, ce qu'en savait au juste Harmas. L'expression "on raconte" me fait supposer que c'est peut-être faux. Est-ce une histoire de famille enfouie, un réel héritage qui marque la famille d'un drame terrible ? Voilà ce que je me suis demandé. En tous cas ça rend le récit de cette famille encore plus intriguant.
A part ça, la seule coquillette que j'ai notée est l'oubli de l'accent aigu de "Félix", à quelques reprises, plutôt vers la deuxième moitié du chapitre.
Merci pour ce chapitre !
Pour te répondre sur le présent, je m'étais aussi interrogée sur sa valeur mais je me suis dit qu'il donnait un peu de relief dans ce moment très historique. Je voulais aussi distinguer ce passage de la narration et mettre un peu de dynamisme. Mais si tu me dis que ça n'a pas fonctionné, je comprends et je note pour réfléchir à une potentielle réécriture :)
Je ne dis rien sur l'histoire des 6 filles héhé mystère mystère mais tu es un très bon lecteur !
Je relis ce passage et je m'aperçois par exemple que c'est cette phrase qui m'a un peu perdu-e :
"Deux fois par an, tous les éléments périssables des niveaux les plus bas de chaque tour de la ville étaient montés au deuxième étage afin de laisser les grandes marées réaliser leur spectacle biannuel".
Je n'avais pas compris à ma première lecture : je croyais que c'étaient "les niveaux" qui montaient. Et du coup je ne comprenais pas pourquoi la phrase n'était pas tout de suite au présent. En relisant, je vois ce que tu as voulu dire - peut-être qu'un mot plus précis que "les éléments" permettrait de clarifier ? Je visualise des meubles que l'on monte par les escaliers (olala, quelle galère ça doit être, ces déménagements, avec des escaliers pareils :-) ).
Bref, peut-être que si l'ensemble du paragraphe était au présent, ça rendrait les différents moments de narration plus distincts.
Mais bon, ce ne sont que mes impressions. Car l'utilisation du présent est en effet plus dynamique, de ce point de vue-là, ça fonctionne très bien.
Je suis sûr-e que tu trouveras une solution :-).
Je reste fan de tes descriptions dans lesquelles tu distilles aisément l'apparence des objets du décor tout en t'efforçant de nous en dire plus sur leur histoire ou leur conception. L'ensemble est bien fluide à souhait.
J'aime beaucoup la conception des tours, les couleurs associées aux étages et l'historique spécifique à ce donjon tordu. Pas facile en tout cas pour Harmas d'avoir une tel quotidien ! Vivement la fête de la transhumance, qu'il s'échappe un peu !
Quelques petites coquilles sinon : poigné (poignet) / cuire (cuir) et male (malle). Juste une question de lettres rebelles !
Au plaisir de te lire pour la suite, en tout cas !
Je note avec attention tes remarques et je me dis que j'essayerais peut être à l'avenir d'ajouter un peu plus de positif dans mon tableau d'ensemble héhé !