La fenêtre était restée ouverte toute la nuit. Les feuilles du chlorophytum posé sur le bureau oscillaient légèrement sous l'effet d'un faible courant d'air. Le jeune homme se redressa, dégagea la couverture du bas de son corps, et s'assit au bord du lit. Son implant oculaire indiquait 7:14. Il se leva et regarda brièvement par la fenêtre, comme pour s'assurer que le reste du monde existait encore. Cette ville ne dormait jamais. Depuis la troisième mise à jour d'Oracle, les cycles de sommeil des êtres vivants n'affectaient quasiment plus le rythme des activités. Alors qu'il s'approchait de son bureau, il se sentit soudain observé, surveillé. Il avait lu que certaines personnes ressentaient cette sensation étrange après un dysfonctionnement de leur implant cérébral. Il n'avait pourtant jamais craint que l'on recueille ses données vitales, ni que l'on traque à distance ses déplacements. C'était quelque chose de profondément différent, il avait l'impression de sentir la présence de quelqu'un qui se serait introduit dans son appartement. Pourtant, aucun bruit ni aucun mouvement ne signalait quoi que ce soit d'inhabituel. Il s'arrêta un instant devant la seule plante qui décorait la pièce. Les mouvements de ses feuilles donnaient l'illusion qu'elle poussait à vue d'œil. N'était-ce vraiment qu'une illusion ? Le jeune homme essaya de fixer une seule feuille, mais les oscillations devinrent trop rapides pour qu'il y parvienne. Même les motifs tachetés à la surface semblaient se mouvoir de sorte qu'on ne puisse les observer convenablement. Il recula et secoua brusquement sa tête, comme pour réinitialiser ses capteurs optiques, mais cela ne fit qu'empirer les choses. Désormais, c'étaient les murs de la pièce qui s'approchaient ou s'éloignaient de lui comme une respiration organique. Sa propre respiration devint irrégulière, et tout son corps se mit en état d'alerte. En quelques secondes, la lumière naturelle qui pénétrait dans la pièce s'estompa pour la plonger dans une pénombre oppressante. Il pivota en direction de la porte pour chercher un interrupteur, mais il fut incapable d'avancer car ses muscles refusaient d'effectuer le moindre mouvement. Dans l'encadrure de la porte, une silhouette immobile semblait l'observer. Il essaya de crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Soudain, une main se posa sur son épaule. Il ferma alors les yeux, en se résignant à subir le sort qui lui était réservé.
« Soren ? »
Le son de sa voix suffit à l'extirper de cette expérience terrifiante. Il ouvrit les yeux. La luminosité de la pièce redevint progressivement normale, et la silhouette menaçante disparut totalement. Il ne réagit cependant pas immédiatement, car son corps était encore en état de choc.
« Encore un cauchemar ? »
Bien qu'il fût persuadé il y a encore quelques instants qu'elle n'avait pas dormi avec lui, cette voix ne pouvait provenir que d'une seule personne. Les muscles de sa mâchoire se décontractèrent.
« Talia... c'est pas des cauchemars. Je t'ai déjà expliqué.
- Oui pardon, je sais. » s'excusa la jeune femme en retirant sa main de son épaule.
Le concept d'hallucination lui avait toujours semblé inapproprié, et le diagnostic du syndrome confuso-onirique n'était accompagné d'aucun terme médical satisfaisant pour qualifier ces expériences. Cela faisait bientôt deux ans qu'il souffrait presque quotidiennement des conséquences de son accident. Selon le rapport final de la procédure d'enquête, que Soren avait reçu au début du mois, il avait été victime d'un rare dysfonctionnement de son implant cérébral. Bien qu'il trouvât cette conclusion peu plausible, le jeune homme renonça rapidement à toute possibilité de recours car il savait que StentRode, l'entreprise chargée de la production des implants, était juridiquement intouchable. Il dut donc se contenter d'une importante somme d'Eco pour compenser l'interruption prématurée de ses études en informatique quantique, ainsi que d'une couverture complète de tous les frais médicaux engendrés par cet incident. Ce dédommagement purement financier avait révolté Talia, qui estimait - à juste titre - que la valeur du cerveau qu'elle admirait le plus ne pouvait se mesurer en Eco. Malgré la dégradation conséquente des capacités cognitives de Soren, elle était convaincue qu'il existait encore un moyen de rétablir la stabilité de son esprit. De plus, l'ensemble de la procédure judiciaire lui avait semblé bien trop lacunaire compte tenu de l'importance des enjeux, et elle était persuadée que certaines informations avaient été volontairement omises du rapport final. Au cours des dernières semaines, elle avait examiné en détail ces documents afin d'y trouver une faille exploitable, mais ses recherches n'avaient révélé aucun élément concluant.
Soren s'assit sur le lit, juste à côté d'elle. Son rythme cardiaque avait enfin retrouvé des valeurs normales. Il la regarda comme s'il s'agissait simultanément de la première et de la dernière fois qu'il le pouvait. A part son implant oculaire qui n'était visible que si l'on prenait le temps de plonger dans son regard, elle ne portait aucune augmentation apparente. Le fait qu'elle soit une déconnectée avait toujours été une source d'inquiétudes, voire de disputes au sein de leur relation. Le refus de porter un implant cérébral forçait en effet Talia à vivre en marge de la société. En plus d'être exclue des nombreux avantages du réseau mondial, elle devait constamment se cacher et risquait chaque jour de se faire démasquer par un contrôle aléatoire. Soren savait qu'il était difficile de la faire changer d'avis, mais il décida d'essayer à nouveau.
« Tu sais, il y a de plus en plus de contrôles dans le quartier. L'autre jour je les ai vus emmener un vieil homme qui n'avait pas mis à jour son implant.
- T'inquiète pas pour moi Soren, je fais attention.
- Ce serait quand même plus sûr si tu... enfin tu sais ce que j'en pense.
- Si j'avais un implant cérébral ? Toi aussi, tu sais ce que j'en pense. Et ton accident est mon meilleur argument pour refuser d'en installer un. »
Soren entrouvrit la bouche, mais il la referma aussitôt car il savait que ce débat stérile les mèneraient aux mêmes conclusions que la dernière fois. Il se laissa tomber en arrière et releva légèrement la tête, comme pour inviter Talia à en faire de même. Elle s'allongea délicatement à côté de lui, en soutenant sa tête avec son bras.
« Je crois que je vais essayer de la rencontrer.
- Qui ça ?
- L'avocate. Celle qui était censée te défendre.
- Talia... l'affaire est close, elle t'apprendra rien de plus. »
Elle fronça les sourcils. Soren esquissa un début de sourire. Après trois ans de relation, il connaissait chacune de ses expressions. Elle avait déjà pris sa décision, et rien ne pourrait la faire changer d'avis. Son entêtement caractéristique était à la fois sa plus grande qualité et son plus grand défaut. Talia se redressa, sauta en bas du lit, et rassembla rapidement ses affaires. Soren l'accompagna jusqu'en bas de l'immeuble, où ils s'enlacèrent convenablement pour la première fois depuis son réveil agité. Elle l'embrassa sur le front et fit quelques pas en direction de la porte, en reculant, de sorte à le maintenir dans son champ de vision.
« Comment elle s'appelle déjà ?
- L'avocate ? Maître Haydaran, Neeqi Haydaran. »
Bien que le langage verbal de Talia fût parfois minimaliste, Soren était suffisamment réceptif à ses gestes et à ses expressions pour assimiler toute l'affection qu'elle ressentait pour lui. Elle lui adressa un dernier regard affectueux avant de franchir la porte.
Le quartier résidentiel de Maxwell était constitué de plusieurs dizaines d'immeubles autonomes similaires à celui de Soren. Autonomes en énergie, grâce aux panneaux solaires à haut rendement disposés sur les sections supérieures, mais aussi en production de nourriture, puisque chaque bâtiment abritait une ferme verticale capable d'alimenter ses habitants. Talia n'aimait pas cet endroit, tout se ressemblait et il était extrêmement difficile de s'y repérer sans utiliser une application de géolocalisation. Le seul trajet qu'elle pouvait suivre sereinement était le chemin le plus court entre l'appartement de Soren et le Noyau de la ville, et cela ne l'empêchait pas de faire régulièrement des rencontres dont elle se serait passée. Bien qu'il s'agisse d'un quartier dont la population était majoritairement aisée, le taux de criminalité y était étonnamment plus élevé que dans le reste de la ville. La présence fréquente d'automates des forces de l'ordre et de drones de surveillance l'inquiétait tout autant que celle d'individus mal intentionnés. Mais ce matin, les rues étaient pratiquement vides. Seuls les drones de livraison, qui portaient des colis de dimensions très variables, animaient le quadrillage monotone du quartier Maxwell.
Comme tous les autres quartiers résidentiels de la ville, celui-ci était généreusement desservi par le réseau TransPod. Talia atteignit la station la plus proche moins de trois minutes après avoir quitté l'appartement de Soren. La gratuité des transports publiques, instaurée par Oracle peu après l'inauguration du réseau TransPod, avait permis de réduire drastiquement l'utilisation de véhicules individuels. L'excellente couverture du réseau couplée au système de livraisons automatisées par drones rendaient en effet l'utilisation d'un véhicule personnel totalement obsolète. L'ascenseur ralentit en arrivant à la surface, et Talia fit un pas de côté pour libérer le passage. Elle salua le vieil homme qui en sortit d'un hochement de tête discret, qu'il lui retourna immédiatement. Alors qu'elle pénétrait dans l'ascenseur, Talia se réjouit qu'aucun scan d'implant ne fut encore nécessaire pour accéder au réseau de transport. Bien que l'existence d'individus déconnectés était encore tolérée, les nouvelles mesures instaurées par Oracle avaient tendance à les exclure implicitement de nombreux services. L'ascenseur, qui remplissait également la fonction de sas pressurisé, s'arrêta en douceur au niveau inférieur. Une dizaine de personnes attendaient déjà l'arrivée du pod suivant, ce qui indiqua à Talia qu'il ne devrait pas tarder. En observant les mèches rose et bleues d'une jeune femme, elle ne put s'empêcher de remarquer la présence d'une augmentation transversale qui s'étendait de l'arrière de son crâne jusqu'à la commissure de ses lèvres. Les installations d'implants de cette envergure sont rarement délibérées, elles sont généralement les conséquences d'accidents ou de maladies. Soudain, le pod entra dans le champ de vision de ses futurs passagers, qui tournèrent simultanément la tête pour observer sa décélération. Talia constata alors que l'œil gauche de la jeune femme avait également été remplacé par un implant électronique.
Le pod s'amarra au quai, puis les portes s'ouvrirent en coulissant. Personne ne sortit, et tous les nouveaux passagers trouvèrent facilement une place assise à bord du module. Chaque pod était constitué d'un fuselage cylindrique, conçu dans un alliage à la fois résistant et léger. Malgré le vide partiel qui était maintenu dans les tunnels du réseau, une structure conique disposée à l'avant du véhicule garantissait des propriétés aérodynamiques minimales. La propulsion était assurée par un moteur linéaire électrique combiné à un système de lévitation magnétique. Grâce à la réduction des frottements, les pods pouvaient atteindre des vitesses extrêmement élevées, ce qui permettait de rejoindre la plupart des stations en moins de cinq minutes. Le quartier Maxwell étant directement adjacent au noyau, le parcours de Talia fut particulièrement court. Elle sortit à la station Azula, juste avant le nœud principal du réseau qui dessert la place centrale. Après avoir regagné la surface, elle fut soulagée de retrouver un environnement plus familier. Bien qu'elle ait été habituée à déménager fréquemment au cours de son enfance, Talia appréciait le confort et la stabilité de sa résidence actuelle : un hôtel discret qui se trouvait dans un quartier calme, à proximité de la station qu'elle venait de quitter. Au-dessus de la double porte vitrée, une gravure annonçait le nom réconfortant de l'établissement : Le Refuge. Talia avait à peine franchi le seuil de la porte lorsqu'elle fut accueillie par une voix chaleureuse.
« Talia ! » s'exclama la propriétaire de l'hôtel en pivotant sur la chaise de la réception. Willow faisait partie des quelques personnes en qui Talia avait une confiance absolue. Au cours des dernières années, elle avait démontré à de nombreuses reprises sa fiabilité et sa gestion irréprochable de l'hôtel. En plus de fournir un logement discret, en marge du registre des habitants, Willow représentait également une source de connexion neutre aux différents services publiques auxquels Talia n'avait pas accès. Après avoir salué convenablement son hôte, la jeune déconnectée profita de son passage par la réception pour solliciter son aide.
« Dis, tu pourrais faire une recherche pour moi sur le terminal de l'hôtel ?
- Bien sûr, qu'est-ce que tu cherches ?
- Les coordonnées d'une avocate, Neeqi Haydaran. »
Elle confirma sa compréhension de la requête d'un simple mouvement de tête. Les boucles grises qui couvraient partiellement son visage oscillèrent de manière chaotique, comme à chaque fois qu'elle bougeait un peu trop brusquement. Talia appréciait ses interactions avec la propriétaire du Refuge. Malgré la génération qui les séparait l'une de l'autre, les deux femmes avaient développé une proximité saine et bienveillante. Alors que Willow se connectait au terminal pour commencer ses recherches, Talia quitta la réception pour rejoindre l'ascenseur. Une fois à l'intérieur, elle plaça son bras droit sur le lecteur de puce, ce qui déclencha immédiatement la fermeture des portes. Au lieu de s'élever vers les étages supérieurs de l'hôtel, l'ascenseur se mit à descendre jusqu'au deuxième sous-sol. Seuls les utilisateurs autorisés pouvaient accéder à cet étage, qui était volontairement absent de l'écran de contrôle. Lorsque les portes s'ouvrirent, Talia pénétra dans le seul endroit où elle se sentait vraiment en sécurité. Depuis près d'une dizaine d'année, cet étage abritait la petite communauté de déconnectés dont elle faisait partie. En déplaçant les locaux techniques et les espaces de stockage du deuxième au premier sous-sol, Willow avait satisfait la requête des parents de Talia bien au-delà de leurs espérances. En plus de fournir un abri parfaitement sécurisé à la communauté, sa fonction lui permettait aisément de dissimuler les consommations d'énergie et de nourriture du groupe en les intégrant à celles de l'hôtel. Malgré l'arrivée récente de Molly, une psychologue déconnectée qui avait quitté son emploi suite aux pressions de son employeur, l'espace dont ils disposaient était amplement suffisant.
Talia se dirigea vers l'atelier en s'efforçant d'être discrète, car il était encore tôt et elle ne voulait réveiller personne. Un visiteur externe au Refuge aurait perçu cette pièce comme l'intermédiaire entre un entrepôt désorganisé et une ancienne infirmerie, mais Talia connaissait l'emplacement et la fonction de chaque objet qui s'y trouvait. En plus de l'aspect utilitaire de cet endroit, ses parents avaient jugé qu'il s'agissait d'un lieu approprié pour transmettre leurs connaissances à leur fille. Dès leur installation dans le Refuge, alors que Talia n'avait que douze ans, il leur était fréquemment arrivé de passer des journées entières dans l'atelier. Les travaux pratiques qui en avaient résulté constituaient désormais les bases de connaissances de la jeune femme en mécanique, en biologie, et en électronique. Elle commença par monter sur une caisse métallique pour atteindre le plateau supérieur d'une étagère murale. En tâtonnant à l'aveugle, elle saisit un petit boitier qu'elle glissa dans la poche arrière de son pantalon. Il s'agissait d'un brouilleur d'ondes, assez puissant pour empêcher les émissions de tout appareil électronique à proximité. Satisfaite de sa découverte, Talia descendit et poursuivit ses recherches dans un tiroir encombré d'objets étranges. Elle sortit successivement un vieux capteur optique, deux prototypes d'implants auditifs externes, un module de décryptage, et déposa le tout sur la table. Elle avait à peine commencé à inspecter l'état de ces appareils lorsqu'elle fut interrompue par une voix.
« Déjà rentrée ? » demanda l'homme qui se tenait sur le seuil de la porte. En plus de la fatigue physique qu'il exprima d'un bâillement à peine dissimulé d'un geste de la main, il dégageait une lassitude existentielle assez inquiétante. Malgré sa nonchalance, Talia savait que son père possédait un sens du devoir exemplaire, et que sa passion pour les neurosciences suffisait à donner un sens à sa vie.
« Salut papa, désolée de t'avoir réveillé.
- T'inquiète pas, je vais m'en remettre. Tu cherches quelque chose de particulier ?
- Oui... enfin, je crois que j'ai trouvé. T'as besoin de ce module de décryptage ? »
Il inspira profondément en essayant de deviner la raison pour laquelle sa fille pourrait avoir besoin d'un module de décryptage. Cependant, après réflexion, il n'était pas sûr de vouloir connaître la réponse. Il avait dû assumer les conséquences de son impulsivité pendant de nombreuses années, mais elle était maintenant suffisamment mature et responsable pour qu'il puisse se détacher de ce rôle de protecteur. Il plissa les yeux en regardant le petit appareil qu'elle tenait entre son pouce et son index.
« Pas dans l'immédiat, non. Tu peux l'utiliser. »
Talia glissa délicatement le module dans l'une des poches de son sac, avant de remettre à leur place les autres objets qu'elle avait sortis du tiroir. Elle était satisfaite d'avoir trouvé tout ce dont elle avait besoin, car rien ne garantissait a priori la réussite de son expédition dans l'atelier du Refuge. Alors qu'elle se dirigeait vers la porte, elle remarqua cependant que son père obstruait volontairement le passage. Elle le regarda comme un enfant qui s'apprête à être puni.
« Je te promets que je vais rien faire de dangereux.
- Je sais. Je te rappelle seulement que si tu attires trop l'attention sur toi, tu risques de mettre toute la communauté en danger.
- Papa... je suis couverte par le simulacre. Mes sorties sont plus sûres que celles de n'importe quel autre membre. »
Il hocha lentement la tête, contraint d'admettre qu'elle avait raison. Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas quitté le Refuge par peur des contrôles aléatoires, et cet isolement avait un impact évident sur sa santé mentale et physique. Par son aversion pour les implants cérébraux, il avait imposé à sa fille une vie de paria, à l'écart de la plupart des privilèges d'une civilisation avancée. Les contraintes d'une telle existence étaient déjà suffisamment pénibles pour qu'il ne s'oppose pas à la liberté dont elle pouvait encore profiter. Il s'écarta et posa une main sur son épaule pour l'inviter à sortir de l'atelier.
Talia remonta au rez-de-chaussée et passa derrière le bureau de la réception pour rejoindre Willow devant le terminal de l'hôtel. Sur l'écran, plusieurs fenêtres affichaient les résultats des recherches sur Neeqi Haydaran. Après avoir parcouru une douzaine de photos de l'avocate, Willow bascula sur un historique de son activité professionnelle. Elle annonça alors ce qu'elle percevait comme une mauvaise nouvelle, en pointant du doigt l'information sur l'écran.
« Désolée mais... elle n'exerce plus depuis quelques semaines. J'espère que t'avais pas besoin d'un conseil juridique.
- C'est un peu plus subtil que ça, j'ai surtout besoin de la rencontrer.
- Alors voilà son adresse, c'est dans le quartier Maxwell. »
Talia fronça les sourcils en entrant l'adresse sur le plan de son smartphone. Elle considéra la possibilité de se rendre chez Neeqi, mais l'ancienne avocate n'aurait aucune raison d'accepter de lui parler. De plus, les détails du dossier de Soren étaient sans doute protégés par une forme de secret professionnel auquel elle serait toujours soumise.
« Est-ce qu'elle a un profil Onyx ? » demanda Talia.
Willow ouvrit une nouvelle fenêtre et se connecta sur Onyx, le réseau social qui comptait actuellement le plus d'utilisateurs. Appréciée pour sa grande flexibilité, l'application permettait une configuration manuelle de ses fonctionnalités afin de personnaliser son expérience. Certains l'utilisaient comme un réseau purement professionnel, d'autres comme une plateforme d'échanges artistiques, ou encore comme outil d'organisation d'événements. Willow trouva rapidement le profil de Neeqi et commença à faire défiler les derniers éléments qu'elle avait partagés.
« Attends attends ! Remonte un peu. » s'exclama Talia en apercevant brièvement l'affichage d'un événement publique. Willow remonta lentement sur la page avant de s'arrêter sur l'événement en question.
« Euh, oui, apparemment elle est inscrite à un cours de yoga qui aura lieu la semaine prochaine.
- Parfait, c'est exactement ce dont j'avais besoin ! »
Talia remercia Willow et quitta l'hôtel sans que sa propriétaire ne comprenne le moindre fragment de ses intentions.