Chapitre 2 Le retour au village

Flamme ne lâchait pas Plume d’une semelle sur le chemin qui les ramenait jusqu’à leur village. Plume en profitait pour examiner les pierres qui alourdissaient son panier. Flamme avait réussi à en trouver quelques-unes avant l’incident du tas de neige.

- Tu commences à être assez fort en ramassages de pierres. j’en vois des prometteuses.

- Je ne serais jamais à ta hauteur. Chacun ses points forts, à toi la magie, à moi la tactique militaire.

- Ce que je pratique avec ces pierres est une magie très simple, si tu me laissais te montrer comme ma mère l’a fait avec moi, tu y arriverais tout aussi bien.

- Tu te sous-estimes toujours trop mon ami. Rappelle toi la fois où tu as voulu me faire apprendre le jardinage. Mes carottes ressemblaient à des vers de terre enrhumés. Et puis tu sais très bien que de toute façon la magie ne veut pas de moi. Je ne vais pas lui forcer la main.

Plume sourit en repensant à cet épisode catastrophique qui avait failli les rendre aveugles tous les deux. C’était juste après la mort de Brume.

- Ma pauvre mère n’avait vraiment pas aimé ce premier moment entre nouveaux frères, elle te montrait toujours sa cicatrice quand elle était fâchée. Mais je pense que même cette fois-là, elle ne regrettait pas de t’avoir adopté.

- Oui, Souche aura bien tenu sa promesse faite à ma mère. Je suis content d’avoir pris le temps d’aller la voir l’été dernier. Avant qu’elle nous quitte.

-  Elle me manque beaucoup, mais j’ai eu de la chance de l’avoir longtemps à mes côtés. J’étais content de voir se transmettre cette maison à une nouvelle famille.

Flamme s’arrêta net sur le sentier, il ne restait que quelques mètres avant les remparts du village.

- Tu sais que ça fait la troisième fois que je pense à ta mère aujourd’hui?

- Il me semble avoir été là pour seulement deux remémorations, il m’en manque donc une.

- Plume, on est tout proche du village, il va vraiment falloir que tu parles plus normalement.

- Oui oui pardon, je fais moins attention quand je suis fatigué. Tu as donc pensé à ma mère avant notre sortie?

- Oui je finissais de trier les affaires de ma propre mère ce matin, avant de venir te sortir de chez toi. Tu te souviens que je t’avais dit que sa maison devait être attribuée aujourd’hui à la famille de la sœur de Duvet?

En entendant le nom de la mairesse de leur village, Plume contracta son visage.

- Hum, et quel est le rapport?

- Ne te braque pas parce que j’ai parlé de Duvet. Le rapport est que je suis tombé sur un paquet avec ton nom écrit dessus. Et il m’a bien semblé reconnaître l’écriture de ta mère.

- Et tu ne me dis ça que maintenant?

- Cette balade était plus importante, très cher. Ce paquet vieux de plus de dix ans pouvait attendre encore un peu. Si je t’en avais parlé tu en aurais juste profité pour rester enfermé.

Plume était en train d’absorber le fait qu’il allait recevoir un deuxième message de sa mère dans la même journée.

- Tu voudrais bien me ramener ce paquet chez moi seulement dans la soirée. Je vais d’abord avoir besoin de prendre un thé bien fumant et de me reposer.

Flamme hocha simplement la tête, et réussit héroïquement à ne pas critiquer Plume sur son manque de curiosité. “Il faut savoir choisir ses batailles mon fils, toi tu as tendance à vouloir toutes les mener de front” plaisantait Souche en lui faisant ce sourire en coin qui lui manquait tellement ces derniers temps.

La mission de Flamme, avant de déposer Plume chez lui, fut de faire en sorte d’éviter au maximum les habitants du village, et de ne surtout pas passer par la grande entrée, qui était toujours surveillée.

Flamme faisait partie de la garde, il ne voulait pas avoir à échanger avec l’équipe en place. Pour plus de discrétion ils empruntèrent, comme à l’aller, un des petits chemins de traverse qui passait derrière la mairie. Mais cette fois-ci ils furent obligés de passer par le potager de Plume.

- Le voir comme ça me rend vraiment triste, soupira-t-il après une rapide inspection.

- Oui, mais tu n’as pas voulu me dire quoi faire pour éviter ça.

- Pour voir empirer son état alors que j’ai passé des années à perfectionner le moindre recoin? Merci, mais non merci.

Plume tenta d’aller enlever des mauvaises herbes qu’il apercevait près de ses choux.

Flamme lui tira fermement le bras.

- Alors je suis désolé pour ton potager, mais il pourra attendre encore un peu. Allez, on est arrivé pose toi, je vais te préparer un thé.

Quand ils arrivèrent, Plume s’effondra sur son fauteuil préféré. Il sentit un découragement très profond en repensant à son potager. Il eut l’impression d’être totalement aspiré par les coussins de son fauteuil. L’odeur de son thé préféré au jasmin lui donna un peu de réconfort. Quand soudain ils entendirent frapper.

- “Toc, toc”. Il y a quelqu’un, demanda la voix de Duvet à travers la porte.

- Pourquoi dit-elle “toc-toc” alors qu’elle frappe à la porte, soupira Plume en grommelant juste assez fort pour que Flamme l’entende.

- Oui, on est là, cria ce dernier depuis la cuisine. Arrête de râler, elle n’est pas toujours aussi pénible que tu veux bien le croire, chuchota le jeune dragon à son ami en lui tendant une tasse bien chaude et parfumée.

Plume lui adressa un regard qui en disait long sur ce qu’il pouvait penser de Duvet. Plutôt que de répondre, Flamme choisit d’aller ouvrir la porte.

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