Chapitre 2 (Partie 4/4) (Edit du 26/12/20)

Notes de l’auteur : Une réécriture du chapitre est prévue mais le propos du texte restera à peu près le même.
N'hésitez pas à me faire part de vos critiques, elles sont les bienvenues !

Alors qu’ils se dirigeaient vers la cuisine, Victor songea aux avertissements de Johan. La présence des gardes royaux était peut-être justifiée finalement. Victor ne s’inquiétait pas pour autant. Il les avait suffisamment observés s’entraîner dans le parc pour savoir à quel point les soldats du roi étaient redoutables ; quelques voleurs ne suffiraient pas à les mettre en déroute. 

Une question trottait cependant dans la tête de Victor. 

-Johan ? demanda-t-il. Pourquoi Bajer t’a-t-il rendu visite ce midi ? 

-Bajer ? Figure-toi qu’il compte soutenir ma candidature à la mairie de Denohan ! J’en étais flatté mais tu me connais, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire ce que j’en pensais. Il devrait se mêler d’affaires plus importantes ! Ce gars-là s’inquiète autant pour sa ville natale que pour l’intégralité du continent. Une telle irresponsabilité ne sied pas à un homme de sa carrure, affirma Johan en écaillant le poisson. 

-Tu ne l’as tout de même traité d’irresponsable ! s'exclama Victor. 

-Il ne l’a évidemment pas formulé comme ça, répliqua Jacob. Apprends à lire entre les lignes enfin ! Il lui a simplement fait part de son inquiétude à propos du sort du continent, n’est-ce pas Johan ?  

Jacob se tourna vers son ami qui enfournait le bar. 

-Bien sûr, grommela Johan. Je ne tiens pas à me mettre Bajer à dos alors qu’il me propose son aide. Mais ça ne change rien à l’opinion que je me fais de lui, que ce soit bien clair. 

-A quoi ressemblait-il ? insista Victor. A-t-il vraiment une cicatrice à l’œil gauche ? Et ses vêtements ? Comment était-il habillé ? 

-Du calme Victor ! Tu vas finir par me faire rater la cuisson de mes légumes avec toutes tes questions. Cheveux blancs, barbe taillée, il avait un visage plutôt carré pour quelqu’un de son âge. Il n’y a que son long catogan lui dévalant le dos et son cache-œil noir qui le démarquaient des autres vieillards. D’ailleurs son cache-œil était trop petit, sa cicatrice en dépassait à la fois par le haut et le bas. Bref, son apparence était soignée.  

» En revanche, je me rappelle à quel point il est insipide ! Ce vieux croûton m’a déballé toutes les mondanités possibles et inimaginables avant d’aborder la vraie raison de sa venue. Le début du repas fut d’un ennui mortel que je n’ose même pas vous raconter. 

 Un long catogan ? 

-Par quel moyen est-il parti d’ici ? Dis-moi Johan, l’as-tu vu quitter la ville ? 

-Tu as bientôt fini avec tes questions ? Il est parti sur son orniscur naturellement. Comment voulais-tu qu’il parte autrement ? Discutons d’autre chose maintenant. Je ne veux plus entendre parler de lui. 

Bajer avait un catogan. Il avait quitté Denohan à bord de son orniscur. Victor en était certain désormais : l’homme qui les avait survolés dans l’après-midi n’était autre que Bajer lui-même ! Si seulement ils avaient quitté la demeure familiale plus tôt ! Victor enrageait de ne pas avoir convaincu son père de partir tôt le matin. Qui sait ? Peut-être aurait-il pu rencontrer le mage de renom.  

Quoique. 

Un homme d’une telle importance n’aurait sûrement pas eu de temps à lui confier. Le président du CIPPE avait bien trop de responsabilités pour prêter attention à un adolescent sans influence. 

Cette pensée consola Victor, aussitôt arraché à ses pensées par le geste théâtral que fit Johan. 

-Et voilà ! s’écria-t-il. Bar rôti au laurier sur son lit de carottes et courgettes ! Tous à table ! 

La salle à manger était une version miniature de celle des Rivell. Johan était tombé amoureux de la décoration de l’originale et avait décidé de la recréer à l’identique chez lui. Le seul élément différenciant les deux pièces était la provenance de la lumière. L’exposition était la même mais la luminosité atteignant les carreaux des fenêtres n’était évidemment pas la même en ville qu’au beau milieu d’un parc. La salle à manger de Johan s’en retrouvait assombrie et il s’était retrouvé forcé de rajouter des chandeliers aux murs pour reconstituer les éclats de lumière rebondissant sur les motifs de la tapisserie et les cristaux du lustre.  

Mais la principale particularité de la pièce restait qu’elle avait été aménagée par Johan lui-même. Victor était encore trop jeune lorsque l’armateur s’était lancé dans ses travaux pour s’en rappeler mais il se souvenait pourtant de leur fin et du banquet organisé à cette occasion. Pour combler les deux années durant lesquelles il n’avait pas pu recevoir, Johan avait eu la main lourde sur le nombre d’invités ce jour-là. 

Jacob, Victor et Johan s’assirent autour de la table de cerisier tandis que les hommes de Cytan restèrent dîner dans la cuisine. Voyant que Johan s’apprêtait à prendre la parole, les Rivell s’empressèrent de réciter les bénédicités. 

-Notre Père qui êtes si bon, usez de votre toute-puissance pour nos âmes misérables. Dans votre splendeur éternelle, bénissez ce repas, celui qui l’a préparé, et donnez du pain à ceux qui n’en ont pas. 

Johan ne leur laissa pas le temps de porter la main à leurs couverts avant de commencer à débiter tous les évènements vécus depuis leur dernière rencontre. Victor l’écouta raconter les affaires qu’il avait conclu, les animaux qu’il avait recueillis puis relâchés, et les manières dont il avait usé pour allonger un peu plus encore sa liste de conquêtes.  

Bien qu’il approchât la soixantaine, Johan était fier d’affirmer qu’il était le même coureur de jupons qu’à ses vingt ans. Fervent défenseur de son mode de vie, l’idée du mariage le répulsait au point de changer de sujet dès lors qu’il était abordé. A vrai dire, il n’était pas croyant pour un sou et rejetait le plus possible la religion de sa vie. Cette aversion pour la foi avait déjà enflammé quelques conversations entre Jacob et lui mais les deux amis avaient fini par abandonner l’idée de convaincre l’autre, acceptant non sans mal la divergence de leurs opinions tout en campant sur leurs positions.  

Victor ne parvenait cependant pas à comprendre l’athéisme de Johan. Comment ne pouvait-on pas croire à l’existence du Seigneur ? Cela n’avait aucun sens. 

Alors que Victor finissait son assiette, Johan regardait Jacob faire de même, dans l’attente de son verdict. 

-Je m’incline, déclara finalement Jacob. Ton bar était délicieux Johan, je suis bien forcé de l’avouer. Et la cuisson de tes légumes était parfaite. (Jacob leva des yeux malicieux vers son ami.) Les questions de Victor ont dû te faire perdre tes moyens, tu n’as jamais aussi bien cuisiné, annonça-t-il avec un grand sourire. 

-Tu feras le repas toi-même la prochaine fois. Nous verrons alors qui de nous deux est le meilleur cuisinier ! 

Victor joignit son hilarité à celle des deux compères. 

Johan posa ses couverts et s’essuya la bouche du coin de sa serviette. Sa voix se fit plus lente tandis que son visage prenait un air sérieux. 

-Il faut que vous annonce quelque chose. En particulier à toi, Jacob. 

Le ton solennel de l’armateur surprit Victor. Son père aussi prêta une grande attention aux paroles de son ami. 

-Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, Bajer soutiendra ma candidature à la mairie de Denohan auprès du roi. J’ai donc toutes les chances d’être pris pour ce poste. J’aurai alors suffisamment d’influence sur le port pour en contrôler la quasi-totalité. 

Il marqua une pause, comme pour souligner l’importance de ses propos. 

» L’histoire nous a montré qu’il était possible de naviguer en haute mer. La découverte de l’île d’Olanu et la Grande Migration orchestrée par Lang’rok en sont des preuves irréfutables. Et maintenant que Bajer a pacifié le continent, les caisses du royaume sont gonflées par le commerce. (Johan pointa Jacob du doigt.) C’est là que tu interviens, maître des coffres d’Elcavir.  

Johan se redressa dans son siège, posa ses coudes sur la table et entrelaça ses doigts. Il appuya le dessous de sa lèvre inférieure sur ses pouces joints et fixa Jacob dans les yeux. Le regard rivé sur la bouche de l’armateur à l’affut de tout mot, Victor attendait sa déclaration. 

Johan inspira longuement avant de reprendre son annonce. 

-Jacob. J’ai besoin que tu convainques le roi de financer la plus grande expédition nautique jamais entreprise. 

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Arthur
Posté le 08/10/2020
- "les affaires qu’il avait conclu" : "conclues".
Très bien ! Tu as une tb maîtrise de la narration. Les éléments que tu as mis en place auparavant annoncent des intrigues fort prometteuses. J'ai hâte de lire la suite.
Romiklaus
Posté le 08/10/2020
Salut Arthur !
Merci pour tes retours !

Ceci est ma réponse à l'intégralité d'entre eux.

Merci d'avoir relevé mes coquilles, il faudra que les corrige un jour ou l'autre.

Pour ce qui est de la suite, tu n'es malheureusement pas près de la voir puisque j'ai mis l'écriture de cette histoire en suspension. Je vais essayer d'écrire des nouvelles à la place pour entraîner ma plume tout en faisant murir Le Chant du Sable Moite.

Tu pourras toujours lire ces nouvelles ! ;)

A plus !
Arthur
Posté le 09/10/2020
Hello Romiklaus ! Ah bon, tu marques une pause dans ton récit ? Ok. C'est vrai que l'écriture de textes brefs est très formatrice, surtout lorsqu'on imite des auteurs reconnus, car ça oblige à repérer leurs techniques. Moi aussi, d'ailleurs, j'ai mis mon "2ème monde" en sommeil, faute de temps pour m'y remettre. Quoi qu'il en soit, je compte bien lire tes nouvelles ! Et j'espère ne pas t'avoir irrité avec mes relevés de fautes. Je me suis aperçu que, tout pointilleux que je sois, j'en ai moi-même commises dans mon récit. Et je suis prof. de grammaire ! Comme quoi... :)
Xanne
Posté le 22/09/2020
Salut Romiklaus :)

je te fait enfin part de mes impressions pour cette dernière partie du deuxième chapitre:

"Victor cru s’étrangler." Je suppose que tu veux marquer la surprise et l'indignation de Victor face à la remarque de Johan, mais en relisant ce passage, cette phrase m'a fait tiquer. Suggestion: décrit Victor en train de boire un verre d'eau ou de grignoter quelque chose en cachette (bout de pain, bout de carotte, ...) et lorsqu'il entend "irresponsable", il avale de travers et manque de s'étouffer. Qu'est-ce que tu en penses?

Il manque un accent sur le A majuscule dans "A quoi ressemblait-il ? insista Victor."
Cette phrase m'intrigue un peu, maintenant que je la relie. Victor demande à quoi ressemble Bajer et juste après, il donne un détail sur une particularité de son visage en décrivant la cicatrice à l'œil gauche. L'enchaînement des deux phrases est peut-être à retoucher. Mais c'est du chipotage ^^

Je comprends que tu veuilles donner une description de Bajer, mais maintenant que j'y réfléchis, je la trouve un peu étrange. J'imagine que Victor a déjà vu des représentations de Bajer dans ces livres, vu qu'il a l'air d'être un homme très important. Décrire les cheveux blancs et la barbe taillée est peut-être utile pour le lecteur, mais pas forcément pour Victor, à moins qu'il existe un décalage entre les représentations de Bajer et l'homme en vrai... Désolée, je pars loin dans mes réflexions aujourd'hui ^^

"Victor tiqua sur un mot en particulier." Crouton! Ah non, c'est Catogan... XD
Juste avant, Victor s'étrangle en entendant "irresponsable", du coup j'imagine qu'avec "crouton", sa réaction devrait être encore plus vive XD

La réplique "Tu as fini avec tes questions ?" m'a fait rire. Victor est très attachant et l'on sent qu'il a envie d'apprendre et de comprendre, quitte à lasser son entourage avec ses questions. J'imagine très bien la scène dans la cuisine ^^

Il manque un accent sur le A majuscule dans "A ce titre, Bajer devait probablement parcourir les neuf royaumes"

"Cette pensée consola Victor, aussitôt arraché à ses pensées par le geste théâtral que fit Johan. " répétition du mot "pensée".
"L’exposition était la même mais la luminosité atteignant les carreaux des fenêtres n’était évidemment pas la même en ville qu’au beau milieu d’un parc." répétition de "la même". Tu peux peut-être la remplacer par "identique"?
"La salle à manger de Johan s’en retrouvait donc assombrie et il s’était retrouvé forcé de rajouter des chandeliers" Répétition de "retrouver", et la même phrase contient 2 fois le mot "murs".
Tout ceci ne m'a pas déranger lors de ma première lecture, car j'étais trop dans l'histoire pour le remarquer, mais maintenant ça me saute aux yeux... désolée... ^^'

"les affaires qu’il avait conclu" je crois qu'il manque un "es" à la fin de "conclues"

J'ai tiqué sur l'expression "cordon bleu", je me demande s'il n'y a pas un anachronisme involontaire.

La fin du chapitre promet une grande aventure nautique pour la suite de l'histoire. Mais quel va être le rôle de Victor dans tout ceci?

C'est toujours un plaisir de me replonger dans tes deux premiers chapitres, j'espère découvrir la suite de l'histoire à l'occasion :)

À bientôt j'espère!

Xanne
Romiklaus
Posté le 22/09/2020
Un retour qui m'aide énormément !

Il y a effectivement beaucoup de répétitions, il va falloir que je me bouges pour réécrire tout ça.
De même pour l'expression "cordon bleu" dont je ne connaissais pas l'origine.

Tu as aussi relevé de nombreuses incohérences au niveau du dialogue décrivant Bajer, je vais essayer d'y remédier au plus vite.

Il devient évident que je ne me relis pas assez avant de publier...

J'espère trouver le temps de faire tout ça dans les semaines qui viennent, mais puisque je privilégie l'écriture de la suite aux réécriture, je ne garantis rien.
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