Chapitre 2 : Que le spectacle commence !
Dans la rue, la qualité de l’air sembla brusquement irrespirable à Thibault. Courbé en deux sur l’épaule du sbire de monsieur Esteban, son diaphragme se trouvait comprimé, renforçant son incapacité à faire entrer correctement l’air dans ses poumons.
Un bruit métallique retentit quelques secondes plus tard et Thibault aperçut du coin de l’œil les jambes d’un homme qui s’élançaient hors d’une fourgonnette. Il portait un pantalon de toile blanche et des chaussures cirées assorties. Il eut un léger rire en approchant du groupe.
— Oh oh, il y a eu de la résistance ?
— Non, pas vraiment, répondit monsieur Esteban d’une voix calme. Une clause d’interchangeabilité a été invoquée, alors on a préféré jouer la prudence. Je vous ai dégoté un seize ans, plutôt que le presque dix-huit prévu initialement.
— Magnifique ! Vous m’impressionnez. Allez-y chargez-le. On en a encore beaucoup à récupérer ?
— Un seul et votre cargaison sera complète.
— Parfait. Dépêchons, je n’aime pas trop l’idée de m’attarder dans ces quartiers.
— Comme je vous comprends, répondit monsieur Esteban, un sourire dans la voix. Mais il y a tellement d’interventions aujourd’hui qu’ils ne pourront pas donner de la tête partout, monsieur Lespar.
Thibault ignorait qui étaient les personnes à qui monsieur Esteban faisait allusion. Sûrement des personnes dangereuses, mais à ses yeux, il ne pouvait pas y avoir plus grand danger que celui qui le guettait à cet instant.
— Il suffit d’un peu de malchance, jeta la voix de l’homme aux chaussures blanches.
Il parut s’éloigner, et il y eut un nouveau bruit, comme si quelque chose coulissait.
— Allez, faites un peu de place ! Posez-le là… J’attrape un collier.
Thibault se sentit basculer et l’arrière de son crâne frappa durement une surface solide. Le bâillon toujours placé dans sa bouche étouffa sa plainte, et quand il rouvrit les yeux vers le plafond du fourgon dans lequel il avait été jeté, il constata que des mèches de cheveux longues et bouclées effleuraient son visage. Une peur nouvelle s’insinua en lui devant le rictus désobligeant de l’homme qui lui faisait face.
— Salut beau gosse, fit-il d’un ton léger. Interchangé, pas de chance hein ? Ne t’inquiète pas, on va bien s’occuper de toi.
Il glissa une main sous la tête de Thibault pour la lui soulever et le jeune homme sentit un morceau de métal venir épouser le tour de son cou, glacial contre sa peau. Un collier. L’instant d’après, l’homme, qu’il devinait être monsieur Lespar, tapotait de son doigt la surface du métal, de laquelle de légères vibrations s’élevèrent, puis il agita un petit objet ovale sous le nez de Thibault. Ce dernier écarquilla les yeux. C’était la première fois qu’on lui en montrait une en vrai, mais une fois il avait vu un reportage qui en parlait. Oui, c’était une clé de contrôle, il en était presque sûr.
— Bon, je te fais rapidement le topo, reprit l’homme. Ton collier est réglé sur deux heures. Ça veut dire que si dans deux heures, je ne le remonte pas avec ma clé, il explose et tu meurs. Donc si tu t’enfuis, tu meurs. Si tu me contraries, tu meurs aussi. S’il te venait l’idée d’essayer de me voler ma clé pour remonter toi-même le collier, tu mourrais. Parce que ma clé a un code unique que je suis le seul à le connaître. Donc en fait, tu as plutôt intérêt à me garder en vie, sinon tu meurs. Et si tu tentes d’enlever le collier, tu meurs aussi. Sans la clé associée, impossible de t’en défaire. Voilà, on est clair sur toute la ligne ? En gros, le message est simple : sois sage ou tu meurs.
Il eut un large sourire qui glaça les entrailles de Thibault. Jusqu’alors, le garçon avait été pleinement conscient du fait qu’il allait être séparé des siens, qu’ils s’étaient débarrassés de lui sans hésitation, mais une partie de lui avait comme évité de le lier à ce qui se produirait après. À présent, la réalité des choses le frappait. Il était désormais esclave. Le collier à son cou changeait tout. Il ne s’appartenait plus.
— Ils ne t’ont pas mis une dose trop sévère, je vois que tu commences à trembler. Je dirais que d’ici une vingtaine de minutes, tu pourras faire connaissance avec tes petits camarades ! Chouette, non ? Alors maintenant mon mignon, ne t’inquiète plus de rien, contente-toi de patienter sagement.
Il lui fit une caresse sur le nez du bout du doigt, comme une mère aurait pu faire à son enfant de cinq ans, puis fit volte-face pour sortir. La porte coulissante du fourgon claqua, plongeant Thibault dans le noir complet. Il avait du mal à respirer avec le bâillon. Toujours inerte, il se concentra de toutes ses forces sur ses orteils et les bouts de ses doigts, tentant désespérément de les agiter.
Autour de lui, des respirations plus ou moins calmes s’élevaient. Combien d’autres personnes pouvaient se trouver là ? Peut-être trois ou quatre, pas plus. De ce qu’il avait aperçu, le fourgon n’était pas si grand.
Au moment même où Thibault formulait cette pensée, le véhicule s’ébranla et sa tête roula sur le côté sans qu’il ait pu la retenir. Un sursaut d’angoisse lui glaça la nuque. Il partait. Personne n’avait tenté de le rattraper. Le souvenir du visage de Lison, de son dernier regard, lui fit monter les larmes aux yeux. Il renifla et abaissa ses paupières pour chasser l’eau, furieux contre lui-même de craquer dans un moment pareil.
Ce qui l’entourait devint bientôt plus net alors qu’il s’habituait à l’obscurité. Quatre petits points bleus lumineux attirèrent son attention et il parvint petit à petit à distinguer les contours de plusieurs silhouettes. Celle qui était la plus proche de lui fit un mouvement dans sa direction. Il sentit une main se poser sur son visage, et, à tâtons, trouver derrière sa tête le nœud qui maintenait le bâillon dans sa bouche. Quand il en fut débarrassé, un filet de salive roula le long de sa joue. Il leva les yeux vers l’illustre inconnu qui l’avait secouru. Il lui sembla que c’était un jeune garçon, mais il s’éloigna rapidement, retournant appuyer son dos contre la paroi du fourgon.
— ‘e…i.
Il avait tenté d’articuler le mot « merci » mais il douta que son bienfaiteur ait pu le comprendre. Il déglutit et tenta de nouveau de bouger, sans succès. Il commençait pourtant à sentir des fourmillements dans ses jambes. Les sensations revenaient peu à peu.
Les minutes passèrent. Bientôt, Thibault put replier une jambe. Puis les bras. Il roula sur lui-même, se couchant sur le ventre. Encore quelques minutes et il parvint à se mettre en position assise, mais l’effort lui avait coûté plus qu’il ne l’aurait cru. Il resta là, le souffle court, jusqu’à ce que le fourgon marque un nouvel arrêt. Des voix s’élevèrent à l’extérieur, puis il y eut un silence. Thibault tourna la tête vers celui qui avait ôté le bâillon de sa bouche.
— Merci, répéta-t-il d’une voix faible, mais parfaitement intelligible cette fois.
L’autre ne répondit pas et Thibault n’osa pas parler davantage.
Le silence s’éternisa. Puis de nouveau, il y eut des éclats de voix et la porte coulissante s’ouvrit à la volée.
— Ah, il s’est relevé ! fit l’homme aux boucles blondes en adressant un grand sourire à Thibault. Faites place les enfants, voici une nouvelle petite camarade.
Une jeune fille, dont l’âge devait avoisiner celui de Thibault, pénétra dans le coffre en tremblant de tous ses membres. Elle évita les regards des autres et leur sadique transporteur lui mit à elle aussi le sordide collier. Il était fabriqué dans une matière mêlant un cuir d’aspect robuste et un étrange métal noir. Comme aux autres, on y trouvait un petit témoin dégageant une lueur bleutée. L’homme au pantalon blanc lui dégaina la même tirade qu’il avait eue pour Thibault, puis repoussa la gamine contre le fond du véhicule. Il fit ensuite signe au garçon qui avait ôté son bâillon à Thibault.
— Viens-là mon grand, on ne doit pas être loin de ta limite. Allez, approche… Ici…
Il ajouta un petit claquement de langue à l’injonction, comme s’il avait essayé d’appâter un chien, et un sentiment de révolte écrasa la poitrine de Thibault. Il n’osa cependant rien dire. Le gamin s’avançait vers l’homme, méfiant. Il avait l’air jeune. Treize ou quatorze ans, pas plus. Ses cheveux mi-long et ses bras maigres lui conférait une allure plutôt féminine. Il portait des vêtements beaucoup trop larges pour lui. Au moment où il apparut dans la pleine lumière, Thibault aperçut un cocard violacé qui entourait son œil gauche, mettant en valeur le bleu saphir de son iris.
Quand il fut suffisamment près, l’homme l’attrapa sans ménagement par le collier pour l’approcher tout près de lui. Thibault s’aperçut alors que le témoin lumineux du petit était devenu rouge, comme pour lancer un message d’alerte. Monsieur Lespar approcha sa clé du collier et la plaqua contre le cou du gamin, puis se mit à pianoter sur les touches qui étaient apparues sur le métal noir.
— Voilà de quoi te faire tenir jusqu’à la frontière. Qu’est-ce qu’on dit ?
Le gamin, sourcils légèrement froncés, le regardait d’un air circonspect. L’homme patienta une seconde, puis son expression se durcit. Il posa sa main sur la tête du garçon, délicatement, et referma son poing sur plusieurs mèches de cheveux.
— M… Merci ! glapit-il alors d’une voix fluette.
— Merci, « Maître ».
— Merci, Maître.
— C’est mieux.
Il relâcha le gamin et lui claqua la porte coulissante au nez.
De nouveau, l’obscurité les entoura.
Le gamin s’assit à côté de Thibault sans un mot et ce dernier hésita à lui parler. Mais pour dire quoi ? Aucune parole de réconfort ne lui venait.
Le fourgon redémarra et Thibault perdit la notion du temps. Il n’avait pas vraiment pu compter combien d’heures, ou plus vraisemblablement, de minutes, s’étaient écoulées depuis qu’il avait été enfermé dans le véhicule, mais il commença bientôt à se sentir nerveux. Il n’arrivait pas à voir la couleur du témoin lumineux de son propre collier. Si jamais il virait au rouge, il ne le saurait pas. Il essaya d’en approcher ses doigts, espérant que la lumière s’y refléterait, mais cela ne fonctionnait pas. Il ne voyait que le noir. Il regarda alors autour de lui, où tous les autres colliers renvoyaient la même lumière bleue.
Au bout de ce qui parut être une éternité, le fourgon s’arrêta une nouvelle fois.
— Allez, dehors, tous ! Debout, les uns derrières les autres !
Thibault avait sursauté quand la porte du véhicule s’était ouverte. Il suivit le groupe mais la tête lui tourna quand il se redressa sur ses jambes flageolantes. Plissant les yeux le temps de se réhabituer à la clarté de l’extérieur, il reconnut bientôt la moustache de monsieur Esteban.
— Bien, vous montez au Troisième à présent, lança l’homme avec entrain. Vous allez être contents, vous n’aurez jamais respiré un air si pur, bande de petits rats d’égout !
Thibault leva les yeux, comme pour tenter d’apercevoir le Troisième pourtant bien loin au-dessus de leurs têtes. Il suivit du regard la roche brute qui grimpait vers le ciel, formant le socle de la plateforme supérieure, celle du Cinquième. La mégalopole de Délos était taillée à même les flancs d’une immense montagne. Elle ressemblait à une pièce montée de taille démesurée, même si à l’échelle, il était impossible de distinguer quoi que ce fût des étages supérieurs.
Il avait eu un pincement au cœur en se rappelant la métaphore de la pièce montée. C’était une image qu’avait utilisé son père, des années auparavant, pour lui faire comprendre comment se composait leur ville. Thibault avait alors huit ou neuf ans et Éric était en train de parcourir le vieil album contenant les photos de son mariage avec Olga. Le garçon s’était blotti sur ses genoux pour regarder avec lui et son père avait désigné l’un des clichés. On l’y voyait avec sa jeune épouse, souriant à l’objectif tandis qu’ils s’apprêtaient à découper la première part de leur gâteau de mariage. Éric avait alors montré du doigt la pièce montée : « Il n’y a que trois étages sur ce gâteau. », avait-il dit. Puis dans un rire, il avait ajouté : « Délos en a sept ! », et Thibault s’était senti un peu confus. Éric lui avait alors gentiment tapoté la tête. Il avait finalement ajouté, avec un clin d’œil « La part du haut est la meilleure. », avant de recommencer à tourner les pages sans plus les commenter. Thibault n’avait pas compris pourquoi son père comparait la ville à un gâteau à ce moment-là. C’était bien plus tard, en cours d’histoire-géographie, qu’il avait fini par comprendre l’allégorie.
Il ne s’était jamais rendu au Troisième. Le meilleur étage qu’il connaissait, c’était le Quatrième. L’étage médian, celui où il faisait bon vivre sans que l’or ne coule à profusion. Celui où il avait passé la plus grande partie de sa vie.
Un claquement de doigt de monsieur Esteban le ramena sur terre.
— Bien, les enfants, je vous laisse maintenant aux bons soins de votre maître. Je vous souhaite de belles festivités à tous, et soyez sages surtout !
Il les salua de la main, jovial, et repartit à bord du fourgon qui les avait menés jusqu’à la gare de monte-charge permettant d’accéder à l’étage supérieur. Le « maître » vint alors auprès de chacun d’eux et attacha une ficelle de cuir à leurs colliers. Quand il arriva devant Thibault, tout sourire, ce dernier ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Le sourire du maître s’évanouit.
— Plaît-il ?
Sa voix s’était faite glaciale et Thibault sentit son pouls s’emballer. Il observa l’homme, incertain, et monsieur Lespar eut finalement un sourire. Il sortit la clé de sous sa chemise puis la pointa vers le collier du garçon. Thibault ressentit une légère vibration contre son cou. La panique l’envahit. Allait-il le faire exploser ? Juste pour ça ? Ce léger pas en arrière, qu’il n’avait pas pu retenir ? Il sentit sa respiration se saccader, chercha de l’aide tout autour de lui, mais les autres évitaient son regard. Même le gamin avec le cocard.
— Pardon, pardon ! s’écria-t-il alors en regardant de nouveau la clé toujours pointée sur lui.
— Pardon qui ? Je suis ton chien ?
L’écœurement saisit Thibault à la gorge, mais la peur panique que ce malade fasse sauter son collier fut plus forte.
— Pardon « Maître » … lâcha-t-il du bout des lèvres.
Une violente décharge s’empara alors de tout son corps, en partance du collier. Il sentit ses muscles se tétaniser, et une sensation, proche de la brûlure, irradia son cou. Il tomba à genoux, agrippant le collier à pleines mains, lesquelles furent envahies de fourmillements insupportables. Puis une seconde plus tard, tout cessa. Il laissa retomber ses mains, la respiration courte. L’homme se pencha alors vers lui et lui souleva le visage par le menton.
— Mets-y plus de conviction la prochaine fois, intima-t-il d’un ton sec.
Il attacha alors la ficelle de cuir au collier, puis tira dessus pour le remettre debout. Thibault, le corps parcouru de tremblements incontrôlables, se résigna à suivre le maître en compagnie des cinq autres esclaves.
Arrivé au point de contrôle où il fallait faire valider un laissez-passer pour accéder au monte-charge, le maître attacha les laisses de ses esclaves à un poteau érigé en plein soleil et s’éloigna, seul, en direction du fonctionnaire qui travaillait à la frontière.
Un bref soulagement traversa Thibault en le voyant s’éloigner, mais très vite, un nouveau sentiment naquit en lui. Des hommes et des femmes passaient à proximité de leur poteau, murmurant quelques paroles dont il devinait aisément le propos. Une honte cuisante se peignit sur ses joues. Ils étaient là, attachés sur la place, livrés à la vue des passants… Thibault retint difficilement son envie de détacher sa ficelle. Il ne s’était jamais senti tant humilié, mais la douleur lancinante dans son cou était encore trop vive pour qu’il prenne le risque d’être de nouveau puni.
Quand il eut terminé de parler au contrôleur, leur tortionnaire revint vers eux, et sans un mot, ajouta du temps sur leurs colliers, sans préciser combien. Puis après qu’ils l’eurent docilement remercié, il repartit tranquillement. Ils patientèrent près d’une heure tandis que le maître s’était assis à la terrasse d’un café, sirotant tranquillement un grand verre de jus de fruit. Même à cinq ou six mètres de là, Thibault pouvait voir la condensation qui se formait sur la paroi du verre. La boisson devait être fraîche. Il faisait chaud ici, sous ce soleil de plomb. Thibault n’avait rien bu depuis le matin, quand Lison lui avait servi une tasse de café tout juste tiède avec ses œufs brouillés. Il regrettait à présent de ne pas s’être davantage hydraté.
Il mâchonna sa langue pâteuse et tenta de refouler l’image de sa sœur. Inévitablement, ce furent les visages de tous les autres membres de sa famille qui s’insinuèrent dans son esprit… Pensaient-ils à lui à cet instant ? Regrettaient-ils, au moins un peu, de l’avoir vendu sans la moindre hésitation ? Non, sans doute pas… Thibault eut l’impression que son cœur se brisait, puis la colère l’envahit. S’ils l’avaient vu ainsi, privé de toute dignité humaine, n’auraient-ils pas un minimum regretté leur acte ? Il ferma les yeux et inspira longuement. En expirant, il fut pris d’une irrépressible quinte de toux, et quelqu’un lui tapota le dos jusqu’à ce que cela cesse. Quand il parvint enfin à faire entrer l’air dans ses poumons, il se tourna vers le gamin au cocard qui l’observait avec une expression inquiète. Thibault scruta son visage et haussa rapidement un sourcil. Le gamin avait les yeux vairons et il lui semblait que c’était plutôt rare. L’immense cocard entourait un œil d’un bleu saphir profond, tandis que l’autre œil était d’un marron sombre, presque noir.
Le gamin baissa la tête, visiblement embarrassé par le regard insistant de Thibault, lequel détourna alors les yeux. Il observa les autres, plus discrètement. Il y avait la fille, probablement de son âge, qui était arrivée après lui : une petite rouquine un peu grassouillette qui semblait résister à l’envie de fondre en larmes. Une seconde fille était présente, environ du même âge, mais plus grande en taille que Thibault. Avec son air implacable, elle exultait d’assurance, pas comme la rouquine. Ses longs cheveux noirs encadraient un visage qu’on aurait cru coupé à la serpe, aux pommettes saillantes. Elle soutint son regard tandis qu’il l’observait. Il y avait aussi un homme d’un âge avancé, petit et rond, le regard fuyant, puis un autre dans la trentaine. Celui-là avait d’immenses cernes sous les yeux. Ses cheveux ternes commençaient à se faire éparses et son corps était incroyablement maigre. À l’ouverture du col de sa chemise délavée, Thibault pouvait voir ses clavicules tirer une peau blafarde.
Il ferma les yeux une seconde, puis ne put s’empêcher de revenir au gamin aux yeux vairons. Il faisait naître chez Thibault un sentiment de compassion qui le surprenait lui-même. C’était visiblement le plus jeune d’entre eux. Puis il avait ôté son bâillon dans le fourgon, et avait eu ce geste, inutile mais plein de douceur, quand Thibault avait craché ses poumons l’instant d’avant.
Ses mains se crispèrent sur ses bras alors que de nouveau il détournait le regard. Il ne pouvait rien faire pour le garçon. Il ne pouvait même pas s’aider lui-même.
Le maître finit par venir les chercher. Il attrapa les laisses sans dire un mot, puis les traîna vers le monte-charge. Il sifflotait nonchalamment, et une fois qu’il eut montré son laissez-passer validé, pénétra dans l’immense cube adossé à la paroi verticale de la falaise. Là, il les attacha de nouveau, cette fois à l’une des barres de fer qui descendaient du plafond de la cabine, celles qui permettaient habituellement à ceux empruntant le passage de se tenir avec leurs mains. Un moment plus tard, le monte-charge vrombit et commença à s’élever.
La journée passa lentement. À l’arrivée au Cinquième, où la qualité de l’air s’était adoucie, le maître les embarqua dans un autre fourgon. Thibault regretta que la porte se referme si vite sur eux. Des effluves de verdures lui étaient parvenues pour la première fois depuis longtemps et il aurait voulu pouvoir en profiter davantage, mais le maître les transporta jusqu’au prochain monte-charge sans leur permettre d’apercevoir seulement une once de l’extérieur.
Bientôt, la tête de Thibault devint douloureuse. L’homme ne leur avait toujours pas donné à boire, et il n’osait rien demander, de peur de recevoir une nouvelle décharge électrique. Les autres aussi avaient les lèvres sèches, mais aucun ne semblait vouloir tester la patience de leur tortionnaire.
Thibault faillit se trouver mal quand ils arrivèrent à l’air libre du Quatrième. Les odeurs, la qualité de l’air ici… Tout l’assaillait. Tous ses souvenirs remontaient en surface comme dans une mêlée confuse. Des souvenirs qu’il pensait enfouis, disparus en même temps que son père s’était ôté la vie. Au milieu des émanations qui lui parvenaient, une odeur précise retint son attention et l’angoisse lui serra la gorge. Cette odeur de pain frais, c’était presque la même que celle dégagée par la boulangerie située à côté de son ancien chez lui, où il se rendait chaque matin avant d’aller en cours. Parfois, il y achetait le goûter pour tous ses copains. S’ils l’avaient vu comme ça… Il n’était pas certain que le peu de dignité qu’il lui restait aurait résisté au fait de se trouver ainsi exposé.
Il trembla jusqu’à ce que la porte d’un nouveau fourgon se referme sur lui, puis à nouveau quand le maître les attacha sur la jolie place publique proche du monte-charge qui menait au Troisième. La nuit était tombée, mais les terrasses étaient éclairées par de nombreux lampions qui projetaient leur luminosité sur les six esclaves. Le maître avait commandé son dîner qu’il dévorait maintenant de bel appétit. L’odeur de son plat mettait l’eau à la bouche de Thibault, mais c’était surtout la soif qui le tiraillait. Il jeta un coup d’œil aux autres. La rouquine n’arrêtait pas de passer sa langue sèche sur ses lèvres. La grande gardait la bouche parfaitement close, comme pour éviter que sa salive ne s’évapore. Le vieux monsieur regardait les pieds du maître avec une insistance pleine d’appréhension. Le trentenaire décharné avait la bouche entrouverte, et il tanguait, comme baladé au rythme d’une brise inexistante. Enfin, le petit aux yeux vairons regardait fixement le sol. Thibault tourna la tête en direction du maître, lequel croisa son regard et sourit. Il se détourna immédiatement, mais l’homme le siffla.
— Vous devez avoir soif, remarqua-t-il d’un air amusé.
Ils se tournèrent vers lui à l’unisson, mais personne n’osa parler. Le maître prit alors son verre et le remplit lentement d’eau. Il s’approcha ensuite du groupe et posa sa main libre sur la tête de Thibault.
— Dis-moi beau gosse, si je te disais que tu pouvais donner ce verre d’eau à la personne de ton choix, qui choisirais-tu ?
Les visages des autres esclaves se tournèrent tous vers lui. Thibault, lui, fixait le maître, qui attendait sa réponse. N’osant le faire patienter trop longtemps, il désigna le gamin aux yeux vairons du doigt. Le maître se tourna alors vers le garçon et tendit le verre.
— Vas-y, régale-toi.
Après une brève hésitation, le gamin accepta le cadeau. Le maître reprit ensuite le verre vide et ébouriffa les cheveux de Thibault d’un geste affectueux.
— Ce que tu peux être altruiste, lança-t-il d’un ton jovial. Quel bon garçon !
Puis il retourna s’assoir à sa table, l’air ravi. Thibault sentit la fureur lui vriller l’estomac. Il se sentait terriblement idiot. Ce sadique n’avait pas du tout laissé entendre qu’il pouvait se choisir lui-même. Il serra la mâchoire avant de balayer du regard ceux qui l’entouraient. Il crut voir une lueur moqueuse dans les yeux de la grande brune et refusant d’affronter plus longtemps ce qu’il interprétait comme de la condescendance, rompit le contact visuel. Il commençait à avoir vraiment mal aux pieds, à force de se tenir debout, et se résolut à se concentrer sur cette douleur plutôt que sur quoi que ce soit d’autre. Plutôt que sur la grande brune, ou que sur le gamin aux yeux vairons dont il sentait le regard s’attarder sur lui.
Thibault se sentit soulagé quand ils pénétrèrent enfin le dernier monte-charge. Il était desséché. Affamé. Son corps entier était douloureux. Mais au moins, il quittait le Quatrième avec bon espoir de ne pas avoir été repéré par d’anciennes connaissances.
Arrivé au Troisième, il prit une grande inspiration qui ne le fit pas tousser. Il faisait nuit noire à présent et l’air s’était rafraîchi. La tête lui tourna. Il lui semblait qu’un trop plein d’oxygène lui était monté au cerveau, mais au moins, il ne toussait plus. Il songea vaguement à sa mère, laquelle avait souffert au moins autant que lui à l’arrivée au Sixième. Mais voir l’état de santé de son second fils se dégrader ne l’avait pas pour autant chamboulée. Il se mit alors à réfléchir, mais ne parvint pas à se souvenir d’un jour où Olga s’était montrée aussi affectueuse avec lui qu’elle avait pu l’être avec Donovan ou avec ses sœurs, même avant qu’ils n’atterrissent au Sixième. « Elle m’a toujours haï en fait. », réalisa-t-il finalement avec amertume.
Avant qu’il n’ait pu trop s’enfoncer dans ses sombres réflexions, le maître s’empara de nouveau de leurs laisses. Pas de fourgon en vue cette fois. Leur guide avait pris la direction d’une petite ruelle dès la sortie de la gare : ils allaient marcher pour se rendre à l’endroit où il les menait. Thibault, malgré la douleur lancinante de ses pieds, parvenait à avancer sans mal en comparaison de certains. La rouquine, le petit vieux et le décharné se traînaient un peu, et au bout d’un moment, le maître se retourna vers eux avec une expression mécontente. Il sépara les laisses. De sa main droite, il tenait celles de Thibault, du gamin aux yeux vairons et de la grande brune, et de la gauche, celles des trois traînards, sur lesquelles il entreprit alors de tirer sèchement de temps à autre. D’abord ravi à l’idée d’être mieux traité, Thibault fut pris de nausée en songeant à la situation. Ce qu’il était pitoyable… Le « maître », au bout d’à peine une journée, parvenait déjà à rentrer dans sa tête. À lui donner l’impression qu’il faisait partie des « meilleurs » de la meute. Il fut écœuré de lui-même.
Le groupe déboucha bientôt sur une grande avenue et Thibault fut étonné par la foule qui l’empruntait encore à cette heure tardive. Les passants les montraient parfois du doigt, et à un moment, une petite fille lui rappelant cruellement Zoë éclata de rire en les désignant. Thibault eut le sentiment que c’était lui qu’elle regardait et il serra le poing pour contenir la colère qui l’écrasait de nouveau. S’il n’avait pas eu si peur du collier, il aurait volontiers remis la gamine à sa place.
— C’est pour la grande foire du printemps ? héla le père de cette dernière en s’arrêtant à leur niveau.
— Oui m’sieur ! répondit le maître d’un ton joyeux. Il va encore en arriver toute la nuit je pense, on les a récoltés entre le Septième et le Cinquième, et je crois même qu’il y a quelques arrivées du Quatrième cette fois-ci. Aux alentours de cent-cinquante têtes, ça va faire une sacrée animation ! De mémoire, il y en avait moins d’une centaine à la foire de cet hiver…
Une foire aux esclaves.
Thibault se serait liquéfié, s’il avait encore eu un peu d’eau dans le corps. De ce qu’il savait, il y avait deux manières pour les marchands d’esclaves d’écouler leur marchandise : les ventes privées, et ils proposaient alors leurs nouveautés à un portefeuille de clients établis, ou bien les grandes foires, dont le maître semblait être adepte. Thibault en avait déjà vu, à la télé. Elles étaient diffusées dans tout Délos et beaucoup de gens regardaient ces émissions. C’était toujours drôle, quand ça arrivait aux autres. Le souvenir d’après-midis passées avec ses copains à regarder ça lui revint avec une violence inattendue. Il se revoyait, s’empiffrant de sucreries et riant avec insouciance devant le malheur des esclaves. Ses anciens copains grignoteraient-ils ses biscuits au chocolat préférés en le regardant être vendu au plus offrant le lendemain ?
Sans compter sa famille… L’an dernier, après qu’ils eurent intégrés le Sixième et qu’Olga eut découvert que Donovan avait été désigné caution d’Éric, sa mère avait formellement interdit qu’on regarde les diffusions, ou tout reportage lié à l’esclavage. Ferait-elle exception cette fois ? La chaîne de télévision faisait toujours grande publicité de ces émissions et Olga passait sa vie devant le poste quand elle ne travaillait pas. Les membres de sa famille sauraient forcément qu’une grande foire allait être tenue au Troisième, et vu qu’il venait tout juste d’être embarqué…
Ne plus penser. Ne plus penser. Thibault aurait voulu qu’il existe une injection qui paralysât uniquement le cerveau, l’exact opposé de celle qu’il avait reçue de la part de monsieur Esteban. Ils auraient pu planter l’aiguille directement dans sa boîte crânienne, et il n’aurait rien trouvé à y redire.
Ils marchèrent près d’une heure dans les rues du Troisième. De temps à autre, au détour du chemin, le maître tirait toujours sèchement sur les laisses dans sa main gauche, tandis que ceux à sa droite avançaient paisiblement. Puis bientôt, une musique guillerette s’éleva et le maître accéléra le pas.
— On est presque arrivés les enfants, les informa-t-il, jovial. Oh là là, vous devez être impatients !
Personne ne répondit, mais il ne s’en formalisa pas. Il continua d’avancer à bon rythme, en direction de l’entêtante mélodie, et bientôt Thibault aperçut des milliers de petites lumières qui s’élevaient de toute part. Des tambours puissants faisaient vibrer son corps et il observa les alentours avec une certaine curiosité. De grands chapiteaux avaient été dressés sur une place immense. Des guirlandes lumineuses les éclairaient comme en plein jour, et les teintes multicolores de l’endroit donnèrent à Thibault le sentiment qu’il avait été aveugle et qu’il voyait pour la toute première fois. Mais la vue et l’ouïe n’étaient pas ses seuls sens assaillis. Des odeurs persistantes de friture, de chocolat et autres fragrances qu’il n’était pas certain de reconnaître le firent saliver. Il eut de nouveau terriblement mal à la tête. Il essayait de prendre une grande bouffée d’air, les yeux rivés vers le ciel sans étoile, quand le gamin aux yeux vairons passa le bras devant lui, le stoppant net dans son avancée. Thibault baissa la tête vers lui et comprit qu’il lui avait évité d’entrer en collision avec le maître qui s’était arrêté à un stand. Il adressa un léger sourire au gamin pour le remercier de son intervention.
— … la tente n°322, disait l’homme derrière le stand. C’est à quelques mètres de celle que tu avais la dernière fois. Tu arriveras à te repérer ou tu veux un guide ?
— Non c’est bon je te remercie, je me débrouillerai !
— Alors, la pêche a été bonne cette fois-ci ?
— Écoute, j’en ai récupéré six, donc pas trop mal. J’ai trouvé un nouveau partenaire, un monsieur Esteban qui a l’air de savoir ce qu’il fait. Je suis descendu moi-même jusqu’au Sixième pour assurer le coup, mais je m’inquiétais pour rien. À part le vieux, je crois que je devrais en avoir pour mon argent.
— Ah oui, Esteban… J’en ai déjà entendu parler, approuva l’homme. Je ne t’envie pas la balade au Sixième mais ça fait partie du boulot, hein ? Tu n’as pas fait de… mauvaises rencontres au moins ?
Thibault se demanda vaguement quelle mauvaise rencontre le maître aurait pu faire, mais ce dernier ne commenta pas, assurant simplement que tout s’était passé pour le mieux. Après qu’il eut accepté une invitation à venir boire un verre un peu plus tard, il repartit, entraînant ses esclaves derrière lui à travers les chapiteaux. Thibault jeta un bref coup d’œil vers le petit vieux que le maître avait cité. Il avait les yeux rivés sur ses chaussures usées, et semblait bien accablé.
Un peu plus tard, ils s’arrêtèrent devant une grande tente violette sur laquelle le numéro 322 avait été peint en lettres d’or. Le maître lâcha les six laisses et leur fit signe d’y pénétrer. Thibault hésita une seconde, puis, en même temps que la grande brune, souleva un pan de l’entrée et se retrouva sous la toile tendue, éclairée çà et là par de nouvelles guirlandes lumineuses. L’ambiance était tamisée, même intimiste. Thibault fit quelques pas timides à l’intérieur alors que les autres entraient à leur tour. Le maître pénétra le dernier dans l’espace clos et passa entre eux, l’air ravi.
Dans cette sorte de petit chapiteau qui leur était réservé, il y avait d’un côté une dizaine de matelas posés à même le sol et Thibault dut résister à l’envie de se laisser tout de suite tomber sur l’un d’entre eux. Dans un coin opposé, on trouvait une longue table, longée par deux bancs, mais il n’y avait aucune trace de nourriture dans les parages. Le reste du mobilier était constitué d’une petite armoire et d’une sorte de cabine de douche très sommaire plantée au beau milieu de l’espace.
Le maître traversa alors la tente et ouvrit un autre pan, leur indiquant les latrines qui se trouvaient là et les invitant à les utiliser. Quand tout le monde fut soulagé, il les fit retourner sous la tente. Il fureta alors dans l’armoire et en extirpa un bout d’étoffe. Il s’approcha ensuite de la grande brune.
— Allez ma chérie, à la douche et on enfile ça.
Elle regarda l’homme, interdite. Un grand sourire se dessina sur les lèvres du tortionnaire qui désigna la « cabine de douche » du menton. Il n’y avait qu’un pommeau et un gros bloc de savon posé au sol, aucun rideau. Rien pour lui donner la moindre intimité.
— Ne sois pas pudique, ça n’aura plus aucune utilité à présent. Et vois le bon côté des choses, tu vas pouvoir en profiter pour boire un peu d’eau fraîche.
Thibault osa à peine regarder vers la jeune femme, terriblement embarrassé pour elle. Quand le bruit d’une boucle de ceinture touchant le sol s’éleva, il ne put néanmoins résister à la curiosité et jeta un bref coup d’œil vers la cabine. Le maître, lui, inspectait la jeune femme sans se cacher, un grand sourire aux lèvres.
— Bien, murmura-t-il lascivement. Et maintenant, que le spectacle commence…
Je trouve que c'est bien écrit, ça se lit bien. Il y a des coquilles de-ci, de-là, mais rien d'inquiétant. À bientôt pour la suite !
Un truc qui peut t'être utile : avant de chercher un synonyme à cause d'une répétition, se demander si le propos est répété a besoin de l'être, et sinon simplifier, ça fluidifie. Je crois que je me suis fait la réflexion sur le premier paragraphe.
Quand le mec lui passe le collier, et que ça doit lui glacer les entrailles, tu peux certainement avoir des formulations plus dominatrices. C'est la première vraie tirade du maître, m'est avis qu'elle gagnerait à être un peu plus travaillée.
Trucs pas nets à vérifier :
Il se sentait agressé par l’épaisseur de l’air -> si l'air ne se comprime pas autour de lui, peut-il être agressé ? C'est difficile de trouver un bon mot, une feinte possible serait de décrire la sensation physique avec les poumons qui le brûlent
Tu as l'air fan de "quelques secondes"
Si tu t’enfuis donc, tu meurs. -> pourquoi donc le donc n'est-il pas au début ? (s'il reste là, il ne faut pas de "si")
plus ou moins calme -> calmes (les respirations)
que Thibault devinait plus qu’il ne la voyait -> ne voyait
l’approcher tout prêt de lui -> près
les touches qui était apparue -> étaient apparues
quoi que ce fut -> fût
L’étage médiant -> médian
bleu saphir -> c'était bleu océan dans la première description
À l’arrivée dans le Cinquième -> arrivée au (arriver à l'étage) ?
Il préféra venir fixer le sol -> gné ?
il habitait autrefois -> avait habité (passé dans le passé)
celle qu’il avait reçu -> reçue
tout c’était passé -> s'était
Simplifications possibles :
si Olga avait simplement particulièrement bien -> ouch ! Tu dois pouvoir supprimer un adverbe
Peut-être aussi son -> peut-être que son (le "que" a originellement pour rôle de mettre en relief ce qui suit)
Incohérences de champ lexical :
frappa durement / légère plainte
Une nouvelle fois, merci beaucoup pour tes corrections et tes suggestions, c'est top ! J'aime particulièrement les petites mentions sur le champ lexical ^^
Je te remercie également pour ton commentaire sur l'histoire. Je ne veux pas dire trop à ce stade de l'histoire, mais ce ne sera pas (qu')un long roman portant sur la torture physique et psychologique de mes personnages !
À bientôt :)
Un nouveau chapitre très intéressant car il nous projette de manière très efficace dans une ambiance anxiogène et déshumanisante, ce qui contribue à l'investissement émotionnel du lecteur car on éprouve beaucoup de peine et de désolation pour Thibault et ses camarades.
-J'ai beaucoup aimé le concept de la clef et du collier et de la suite funeste qui s'en suivrait immanquablement si Thibault essayait quoique ce soit pour s'en défaire. Ca rajoute de la tension !
-Je trouve ça aussi très bien d'aborder à nouveau les sentiments de Thibault quant à sa famille et à ce qu'ils penseraient s'ils voyaient dans quel enfer ils l'ont conduit. Ca rajoute encore plus de réalisme émotionnel à la situation.
-De nombreux passages que j'ai aimé, notamment celui du verre d'eau, je m'y attendais tellement pas mdrrr
Je n'ai pas grand chose à rajouter mis à part de toutes petites remarques:
-"Répondit-il, un sourire dans la voix". Je trouve cette tournure un peu étrange. Pourquoi ne pas tout simplement dire "répondit-il avec un sourire narquois" ou quelque chose dans le genre.
-"Bien sûr, il se trouvait très loin des quartiers dans lesquels il habitait autrefois"
Je ne suis pas une reine en conjugaison, loiiiin de la mais est-ce qu'ici ce ne serait pas mieux de mettre plutôt "dans lesquels il avait habité autrefois" ?
Mais si ça se trouve non xD
-Je ne suis pas sûre non plus mais est-ce que dans les livres, on ne doit pas plutôt écrire les nombres en lettres et non en chiffres ? Quand tu écris "322"
Sinon félicitations encore une fois ! :D
Je te remercie pour tes remarques ! Concernant celle sur la conjugaison, je pense que tu as raison, c'est sûrement plus clair sous la forme que tu proposes. Cependant je viens de modifier ce passage dans mon manuscrit il y a quelques jours et la phrase entière a disparu hihi. Mais ta remarque était juste !
Pour le chiffre... Oui tu as raison, dans l'ensemble il est conseillé d'écrire plutôt en lettres, jusqu'à une certaine hauteur. Si j'écris 17 564 ou dix sept mille cinq cents soixante quatre... On préfère, à l'œil, le voir en chiffre. Ici j'ai choisi de le mettre en chiffre parce que ces chiffres s'étalent sur la tente, donc c'est pour un meilleur visuel.
En tout cas il n'y a pas de règle absolue je pense. Même si il ne faut pas écrit "tiens, il y a 1 chat", selon le contexte, les chiffre sont admis.
Merci pour toutes tes remarques et à bientôt ! :D
Un chapitre bien dense et fort en émotions !
On descend aux Enfers en même temps que Thibault. Tu arrives à instaurer une ambiance bien glauque et tendue. On est vraiment avec les personnages et on ressent le malaise, la peur et le dégoût autant qu'eux. Bravo. Même si je ne suis pas fan de cette ambiance, je trouve qu'elle colle bien à ton récit et à la société que tu dépeins (on est content de ne pas y vivre 😅). Je pense que ton personnage n'est qu'au début de ses mésaventures... En tout cas, les interactions avec les autres prisonniers sont bien décrites et mettent en lumière certaines dynamiques.
J'ai hâte et en même temps j'ai peur de lire la suite 🫣😉
Merci pour ton nouveau retour ! Tu as déjà lu le chapitre 3 ? Tu avances vite !
Pour la suite, sans te spoiler, il n'y aura pas que des moments où tout est noir. Bon ça reste sombre pour la plus grosse partie du roman, MAIS il y aura aussi des moments plus doux 😅
À bientôt, et merci encore de ton retour !
Un chapitre bien sombre ! On est bien happé dans le récit ! L'atmosphère est bien amenée, on craint pour ce groupe d'esclaves et le "maître" est parfaitement infecte.
Voici quelques minis questions/remarques:
- Je n'ai pas trop compris comment l'on se rendait d'un étage à un autre, c'est par la route ? Comme les étage sont séparés les uns des autres j'avais imaginé dans les premiers chapitres un système d'ascenseur mais j'ai du extrapoler :)
- "Il était toujours inerte" => paralysé plutôt ? Ce n'est pas obligatoire, mais derrière me mot inerte on a l'impression qu'il est inconscient (du moins de mon point de vue)
- "l’attitude insistante de Thibault " => un peu bizarre, il ne faisait que le fixer de manière insistante
"jusqu’à-ce" => un tiret de trop
"On est presque arrivés les enfants" => il y a aussi des adultes dans le groupe, mais c'est peut être fait exprès vu le charmant personnage ?
A+
Eleonore
Alors, pour tes questions :
- Comment on se rend aux étages supérieurs : oui c'est tout à fait via une sorte d'ascenseur, c'est indiqué au début de ce chapitre-ci "(...) repartit à bord du fourgon qui les avait menés jusqu’à une gare de monte-charge permettant d’accéder à l’étage supérieur."
- "les enfants" -> oui c'est simplement la façon de parler de cet homme-là, il y a en effet des adultes dans le groupe ! :)
Je file voir ton commentaire suivant ! ^^
Dites donc, sacré chapitre et sacré lecture, je ne m'attendais pas à ce que ça aille aussi loin. Tu es sacrément forte pour instaurer du malaise, j'ai vraiment trouvé beaucoup de passages très désagréables. L'humiliation physique, la manipulation mentale, la soumission... tu n'en rates pas une ! L'idée du collier à recharger est particulièrement atroce !
Le pauvre Thibault subit un sort terrible. Il était déjà très en colère, ça risque de le rendre extrêmement revanchard. Il a clairement le potentiel pour devenir plus tard un leader révolutionnaire qui va renverser ce pouvoir injuste. C'est ma petite théorie au vu du caractère du personnage mais aussi d'autres petits indices que tu glisses ça et là, par exemple les "mauvaises rencontres". Ne serait-ce pas des opposants à l'esclavage que l'on craint de rencontrer ? Bref, je suis curieux de voir la suite.
Très intéressant la manière dont tu dégages les premières dynamiques dans le groupe d'esclave. On se doute que la fille et le garçon aux yeux vairons particulièrement vont avoir un rôle à jouer dans cette histoire. Les autres membres du groupe, je ne donne pas cher de leur peau...
Mes remarques :
"lui donnait une allure quelque peu féminine." tu peux couper le "quelque peu"
"un peu grassouillette, qui, les bras croisés sur son imposante" un peu grassouillette / imposante, c'est pas la même nuance ducoup pas évident de l'imaginer
"Il ne pouvait rien faire pour le garçon. Il ne pouvait même pas s’aider lui-même." très bon passage !
Un plaisir (enfin on se comprend ^^)
A bientôt !
J'aime beaucoup tes réflexions / hypothèses sur la suite. Je ne vais pas te confirmer ou réfuter si elles sont bonnes à ce stade de l'histoire, mais je trouve super que tu les aies dès ce chapitre !
Je te remercie aussi pour tes remarques sur la forme. Je pense que je vais modifier ce que tu soulignes oui.
À bientôt ^^
La suite s'annonce trépidante !! J'ai beaucoup aimé ce chapitre de transition pour Thibault. Je trouve que tu installes bien l'inconfort autour du lecteur, et que les actions trainantes et malsaines du maîtres sont tout à fait ignobles comme il se doit. Thibault vit un enfer, il n'est pas le seul dans ce cas et tout se suit très bien. La découverte du garçon au cocard est chouette, et l'évolution psychologique de Thibault est vraiment très forte. Tu t'en sors très bien pour nous faire vivre ses pensées et ses émotions.
Néanmoins, je trouve ce chapitre moins abouti narrativement parlant que le précédent (chapitre entier). Pas mal de paragraphes peuvent être plus fluides, plus impactant, plus directs. Je dirais que là où tu dois être vigilante lors de tes phases de correction, c'est sur les explications qui viennent se mélanger aux scènes d'actions. Assez régulièrement ça vient brouiller une action, ça alourdit le texte (pas inutilement, mais plutôt pas au bon endroit / au bon moment). Certaines scènes peuvent également être, je pense, prolongées, intensifiées. N'ai pas peur d'en faire trop, tu nous parles d'esclavage ! Vas y à fond.
Voici quelques remarques plus précises pour t'aider :
1er paragraphe : inverser la conséquence et les causes pour plus d’impact de la scène présentée. Commencer le paragraphe (et le chapitre !) par "L'air était irrespirable" nous emporte direct dans le récit et dans l'action. Le fait d'apporter des explications narratives après nous permet d'y voir plus clair, tout en conservant la force du début.
« Le bâillon toujours placé dans sa bouche étouffa une légère plainte, [...] »
> Supprimer le "légère" ou remplacer par une "plainte étouffée".
« [...] le jeune homme sentit qu’il attachait un collier autour de son cou [...] »
Attention au sujet. Ici le "il" renvoi à l’esclavagiste et non pas au jeune homme (Thibault donc). De fait la phrase est erronée et porte à confusion. Deux solutions :
« [...]Le jeune homme sentit qu’on lui attachait un collier autour du cou » : ici on se place du point de vue de Thibaut, passif.
« [...], et lui attacha le cou à l’aide d’un solide collier » : ici on reste du point de vue de l’esclavagiste comme au début de la phrase et on reste ainsi dans l’action.
De manière générale, il est préférable de ne pas changer de pov (point de vue) dans une même phrase. C’est confusant pour le lecteur et ça n’aide jamais le rythme.
Idem que pour le 1er paragraphe : inverser la vue de l’objet puis la réflexion. Ce sera beaucoup plus limpide. De plus l’enchaînement est un peu lourd. Je penses que tu peux faire mieux. 😊
En tout cas, sympathique le concept de ce collier (ironie, mais très bien trouvé haha) ! C’est cool que l’explication vienne du mec, ça fonctionne bien. Je penses que tu peux rendre son discours plus dur, plus franc du collier si tu le permet l’expression. L’action du genou contre le ventre me paraîtrait la encore plus pertinente avant le discours. Sinon on s’en fiche un peu vu qu’on a été soufflé par le dispositif avant. Il n’a donc plus vraiment d’impact sur nous lecteurs après le dialogue.
« Celle qui était la plus proche de lui fit un mouvement dans sa direction, et il sentit une main se poser sur son visage, et, à tâtons, trouver derrière sa tête le nœud qui maintenait le bâillon dans sa bouche. »
> Le changement de pov ne rend pas l’action claire alors qu’elle est particulièrement intéressante. Garde le point de vue de Thibault ou du nouveau venu, ça rendra la scène plus intéressante.
« de faire bouger une partie quelconque de son corps » : de faire bouger son corps.
> Va à l’essentiel.
« [...]que Thibault devinait plus qu’il ne la voyait, car elle était un peu moins visible à la lumière du jour. L’homme au pantalon blanc [...]»
> Je ne vois pas l’intérêt de décrire le fait que Thibault voit mal la lumière. Est-ce pour dire qu’il est aveuglé par la lumière du jour ? Si oui, fais plus simple, ce sera mieux.
> Tu peux dire simplement l’Homme ou l’esclavagiste. Comme tu l’as déjà introduis, on sait qui c’est. Recherche des détails pour le préciser à chaque passage alourdir ton texte inutilement. Tu peux aussi lui donner un prénom lorsqu’il se présente, ça te donnera une clé pour l’appeler lors de tes différentes scènes.
Toute la scène de l’échange de quartier est excellente. Ça fait froid dans le dos ce système de collier et rappelle de bien mauvais souvenirs de notre humanité. Bien joué.
« L’immense cocard entourait son œil d’un bleu saphir, que Thibault avait déjà remarqué dans le fourgon, tandis que l’autre œil était d’un marron sombre, presque noir. »
> Tu peux retirer le passage « que Thibault avait déjà remarqué dans le fourgon, » c’était bien décrit dans tes scènes de la camionnette et ça avait déjà attiré notre curiosité. Je trouve ici que ça alourdit inutilement ta scène.
> Je suis dubitatif sur la description que tu fais des autres esclaves. Ce n’est pas assez long et détaillé pour les rendre intéressant, et je trouve que ça ne sert pas vraiment le propos qu’il est plus intéressé par le gamin au coquard. Je pense qu’une ou deux phrases suffirait à nous faire comprendre l’importance du nouveau personnage sans passer une scène à décrire des personnes somme toutes banales. De plus, dans la suite du chapitre, on s'attarde peu sur eux. Il n'y qu'à la fin (et quelle fin !) où on fixer notre attention sur la fille. La décrire à ce moment là me paraît suffisant.
> Les scènes de passage au cinquième et l’arrivée au quatrième sont excellentes !
« [...] rattaqua son repas. »
> réattaqua
« Il commençait à avoir mal aux pieds, à force de se tenir debout »
> Au vu de sa journée, ça ferait sens qu’il ai déjà mal au pied. N’atténue pas la douleur, cette journée est horrible pour les gamins, il faut qu’on le ressente à chaque scène.
« Malgré la colère sourde dont il ne parvenait à se défaire, Thibault ne put s’empêcher de se sentir soulagé quand enfin, ils pénétrèrent dans le dernier monte-charge, celui qui les mènerait au Troisième. »
> La phrase me paraît trop longue, trop importante pour autant la découper avec des virgules. Pour Thibault, c’est un soulagement de fin arriver au troisième, comme tu l’indiques. Fais nous le plus ressentir. Sois plus directe : comment s’assoit il sur sa colère ? Comment la contient il ? Peut être qu’il la jette pour ne garder que le soulagement ? Soupire t il ? Rage t il ? Souffle t il ? Ou alors il ne peut pas encore à cause du maître et il doit tout contenir à l’intérieur, dans son ventre dans sa rate ou bien sa gorge ? Utilises le corps pour ce passage à mon avis.
« Elle m’a toujours haï en fait »
> Supprime le "en fait", ça donnera plus d’impact à la pensée de Thibault. Il a la haine contre sa famille, et contre sa mère, et ça doit se comprendre. Le en fait fait retomber la pression des mots. Ce n’est pas ce qu’on veut ici. On veut qu’il déteste encore plus sa mère. C’est de sa faute après tout !
« Il n’y avait pas de fourgon en vue cette fois. Il semblait qu’ils allaient marcher pour se rendre à l’endroit où il les menait.
> Cette fois, pas de fourgon en vue.
L’inversement permet de mieux rester dans l’action, la suite de ton explication est inutile, on le comprend par l’absence du camion.
« Cet homme, au bout d’une journée, parvenait déjà à rentrer dans sa tête. À lui donner l’impression qu’il faisait partie des « meilleurs » de la meute. »
> Encore un petit inversement que je te conseille : Au bout d’une journée, cet esclavagiste parvenait à rentrer dans sa tête. […] »
Le reste est excellent.
« Il essaya de ne plus penser du tout, mais c’était impossible. »
> Donne nous le temps d’imaginer en supprimant le "mais c’était impossible".
Le fait qu’il n’arrive pas à s’arrêter de penser n’a pas de conséquence directe à l’instant. Laisse le choix au lecteur de s’imaginer la scène et de déterminer s’il y arrive ou pas. Ça rendra son cas encore plus désespérer.
« C’est bien, c’est bien, approuva l’homme. Je vous croiserai peut-être demain alors, bien le bonsoir ! »
> Tu peux remplacer par un « l’inconnu (ou le père de famille) approuva. Le dialogue est ici inutile.
« le Sixième et qu’Olga ait découvert que Donovan avait été désigné caution d’Éric »
> Ait > eu
Mes salutations,
Je te remercie beaucoup pour ce retour extrêmement détaillé !
Alors je suis contente que tu sois emballé, et je prends bonnes notes de tes remarques. Il y a certaines choses, au milieu de celles que tu as citées que j'aime bien en l'état et que je ne modifierai sûrement pas, mais d'autres que je trouve tout à fait légitimes !
Il y a néanmoins une remarque sur laquelle j'ai un peu buté : "De manière générale, il est préférable de ne pas changer de pov (point de vue) dans une même phrase. C’est confusant pour le lecteur et ça n’aide jamais le rythme" -> Je ne suis pas sûre qu'on puisse parler de changement de point de vue.
Dans la phrase que tu cites précédemment "le jeune homme sentit qu'il attachait un collier autour de son cou", le "il" réfère bien à l'esclavagiste, mais ça n'est pas une question de point de vue, mais plutôt de personne qui mène l'action. Je trouve que ça fait plus intrusif que "on" attacha par exemple. Thibault est passif, il subit une intrusion de la part de l'homme. Alors je ne suis pas une experte en littérature, j'écris au feeling, mais ça me parle plus comme ça.
Même chose pour ce passage : "Celle qui était la plus proche de lui fit un mouvement dans sa direction, et il sentit une main se poser sur son visage, et, à tâtons, trouver derrière sa tête le nœud qui maintenait le bâillon dans sa bouche." -> C'est toujours le vécu de Thibault, mais qui est dans une situation passive. La personne proche de lui l'approche, elle pose la main sur son visage, et trouve le nœud sous sa tête. Il sent ces choses mais ne peut en être acteur.
"la description que tu fais des autres esclaves" -> pour ce passage, c'était surtout pour préciser que les esclaves venaient sous forme différentes. Pas forcément jeunes, pas forcément en bonne santé, ... Et pour les repérer plus facilement au chapitre suivant.
Merci BEAUCOUP en tout cas pour ton retour, ça a dû te prendre du temps de rédiger tout ça ! Je te dis à bientôt, j'aurai un peu de temps ce we, je vais en profiter pour aller lire ton chapitre suivant d'Esmerald !
Bonne soirée :)
Je poursuis ma relecture et suis très contente de retrouver Thibault bien qu’il soit actuellement en mauvaise posture ^^
« — Parfait, approuva-t-il. Dépêchons, je n’aime pas trop l’idée de m’attarder dans ces quartiers.
— Comme je vous comprends, répondit monsieur Esteban, un sourire dans la voix. Mais il y a tellement d’interventions aujourd’hui qu’ils ne pourront pas donner de la tête partout.
— Il suffit d’un peu de malchance, jeta la voix de l’homme aux chaussures blanches. »
> J’adore le petit côté mystérieux de ce passage ! C’est vraiment un super ajout. On ne comprend rien à ce dont ils parlent, mais on perçoit qu’il y a un danger qui rode et c’est très intriguant ^^
« L’homme qui avait demandé au gamin de l’appeler « maître » vint se placer à ses côtés. Il scrutait les alentours d’un air suspicieux.
— On est sûr que la zone est sécurisée ? s’enquit-il.
Monsieur Esteban ne répondit que par un rire joyeux et lui passa le bras dans le dos pour l’entraîner un peu plus loin. »
> Moins convaincue par ce passage-là qui mériterait d’être plus approfondi je pense. En quoi la zone est-elle sécurisée ? Y a-t-il des gardes armés dans les parages, par exemple ? Parce que là ils sont toujours dans le Sixième et il n’y a rien de particulier dans le décor qui me paraisse particulièrement rassurant. Du coup, je trouve un peu brutal le changement de comportement du Maître qui semblait jusque-là un peu inquiet, mais décide malgré tout de laisser ses esclaves attachés à un poteau sans réelle surveillance… Ça lui donne l’air un peu idiot et lunatique.
« Le maître s’était assis à une table à deux mètres d’eux, et avait commandé son dîner qu’il dévorait maintenant de bel appétit. Il avait semblé plus détendu à mesure que le groupe s’était élevé dans les étages. De plus en plus jovial. »
> Alors moi justement je n’ai pas trop eu l’impression que le Maître se détendait en montant les étages… A part au tout début où il récolte les esclaves dans son fourgon, il n’a jamais eu l’air très stressé. La faute au passage où il sirote un jus de fruit pendant une heure au Sixième au lieu de monter directement… En fait, peut-être que si tu déplaçais cette fameuse scène au Cinquième ça passerait mieux ? Pour l’instant tu ne les fait s’attarder là-bas que le temps d’un paragraphe, ce qui est super rapide.
« — Et la pêche a été bonne cette fois-ci ? »
> Alors, la pêche ?
« — C’est bien, approuva l’homme. Je ne t’envie pas la balade mais ça fait partie du boulot, hein ? Tu n’as pas fait de… mauvaises rencontres ?
Il avait étrangement appuyé sur les deux derniers mots et le maître assura que tout c’était passé pour le mieux. »
> Je valide totalement cet ajout, bien mystérieux comme il faut ^^
En conclusion, je trouve que ce chapitre est très intéressant et qu’il s’est bien amélioré depuis la dernière fois, mais que tu pourrais encore faire mieux !
Sinon, au fait c’est bon j’ai mis à jour le début de mon roman, donc tu peux aller le lire si tu veux ^^
Je te remercie pour ce retour ! Je prends bonne note de tes remarques ^^
Je vais supprimer le passage de "— On est sûr que la zone est sécurisée ? s’enquit-il." -> En fait dans l'idée, je voulais faire ressortir que l'endroit était safe pour eux, qu'ils étaient "hors de danger", ce qui expliquerait pourquoi le maître était maintenant détendu. Ceci dit comme j'indique qu'il n'y a qu'une personne qui travaille à la frontière, ça ne fait pas méga sécurisé. Il faudrait que je précise qu'ils avaient passé une mini-frontière gardée avant l'arrivée au monte-charges, mais du coup ce serait stupide que le maître demande si c'est safe... et aucune raison que ça inquiète les esclaves puisqu'ils ne voyaient rien depuis l'intérieur du fourgon. Donc je vais juste supprimer cet échange qui n'apporte au final pas grand chose.
Pour le deuxième passage que tu soulignes, je vais enlever le "détendu". L'idée c' était plutôt d'insister sur le "jovial". Bah il est content, il a sa cargaison prête, il aime son métier... la vie est belle xD
Je suis contente que les autres ajouts t'aient plu !
Je note pour ton roman ! J'ai un peu de temps demain, j'irai le lire :D
À bientôt et merci beaucoup de ton retour!
Je ne peux pas dire que c'était un chapitre très agréable à lire ; entre les personnages malsains, le traitement inhumain des personnages, rien n'était là pour nous faire passer un bon moment. Thibault est constamment tiraillé entre la honte de sa condition et la colère envers ses oppresseurs. Et les formes d'abandon dont il se souvient de temps à autres participe à ce qu'en tant que lecteur, on ressente de l'empathie à son égard, même si, pour autant, il n'est pas lisse, limite agaçant.Tu écris avec minutie et efficacité cet univers glauque, cette ambiance pesante, lourde, le passage du temps, aussi, ralenti par la sensation de soif, la chaleur, la honte... C'est sombre et oppressant ; tu réussis parfaitement ton pari, de fait.
On découvre aussi une nouvelle galerie de personnages - majoritairement réduits à leur caractéristiques physiques, mais c'est logique, vu le thème. Je me demande quels sont ceux qui auront le droit à un développement. La brune et le jeune aux yeux bicolores, sans doute ?
Quant au "maître", sa brutalité et son mépris pour les esclaves sont clairs dès le début. Les scènes où il inflige des souffrances physiques et psychologiques sont pas évidentes à lire, pour moi, mais c'est la preuve que tu les retranscris parfaitement. Ce que je trouve ironique, c'est qu'au final, il me semble autant déshumanisé que les autres. Je crois d'ailleurs qu'il n'a pas de nom ?(ou alors il est passé sans que je le remarque...)
Bref, un chapitre qui nous introduit dans le nouvel environnement - au moins provisoire - de ton personnage. J'ai noté quelques petites erreurs d'accord, au fil de la lecture, mais rien de flagrant.
A bientôt pour la suite !
Oui ce chapitre est un peu dur... Et je vais être tout à fait franche avec toi : ce n'est pas le seul passage un peu dur du roman, donc je préfère te prévenir. J'ai mis les TW en amont du récit, n'hésite pas à t'y référer et ne te force pas si certains thèmes sont compliqués !
Pour répondre à tes remarques :
Oui, il y a en effet dans cette scène un personnage qui aura une grande importance au cours du récit ! :)
Quant au maître, il a un nom "M. Lespar", mais c'est peu souvent dit (une seule fois dans ce chapitre, c'est quand M. Esteban s'adresse à lui). Comme j'insiste sur le point de vue de l'esclave, et qu'un esclave ne va pas l'appeler par son nom, c'est voulu qu'il soit assez peu cité.
Je te remercie pour ta lecture, à bientôt ! ^^
On a aussi envie de découvrir ce qui va se passer pour les autres, étant donné leurs différences physiques !
Je te remercie de ton enthousiasme, ça me touche beaucoup !
Je posterai le chapitre 3 demain je pense ^^