Après des adieux des plus froids et formels, Léandre prit congé de son oncle.
Quittant l'obscure demeure, il rencontra un ciel nuageux, lisse et bas. Un couvercle s'était abattu au-dessus de la ville impériale. Virgilien était là, au bout de l'allée, bien droit devant la voiture, tenant sur sa main un plateau où attendait un verre d'eau. Léandre l'en remercia d'un regard entendu, le vidant d'une traite et avec un soupir. Pour autant, lorsque le chauffeur lui ouvrit la portière, il refusa de monter.
« Je suis navré de ne pas vous avoir fait prévenir, je crois que je vais marcher jusqu'au tribunal. »
Virgilien fronça ses sourcils si susceptibles devant l'envie bien fantaisiste de son maître qui s'éloignait déjà, les mains enfoncées aux poches de son manteau.
Cette marche s'avérait tout à fait nécessaire. Léandre avait besoin d'être seul et de dissoudre en lui le grand énervement qui secouait son flegme. Il s'autorisa une cigarette qu'il consuma à la hâte. La première bouffée se mélangea affreusement à son haleine mentholée, la deuxième chassa ce parfum pour de bon. Et avec lui le sel, le vin aigre, l'odeur de moisissure et de vieux tissus. Le Christ sur la cheminée, lui, s'accrocha encore quelques instants à ses paupières, avant qu'il n'exhale avec un sifflement contrarié.
L'audience d'Andrea était fixée pour quinze heures, ce qui lui laissait tout loisir quant à son itinéraire et ses arrêts.
Alors qu'il tournait à l'angle de l'avenue Pertus de Rèmes, il s'affaira à remettre de l'ordre dans ses colères aphasiques. Cela faisait longtemps qu'il s'attachait à ne plus croire en Dieu, et encore moins aux gens convaincus de son existence. Une retraite spirituelle, et puis encore ? Il l'avait déjà fait, et le souvenir en était bien trop clair pour qu'il consente à reproduire l'expérience. Pourquoi, alors, accordait-il toujours tant d'importance à ce que pouvait dire et penser son oncle ? Il avait beau savoir à quoi s'en tenir, lever des barricades à l'approche de ce fiel, il se trouvait toujours un détail sur lequel cédait sa haine et, avec elle, sa certitude.
Cigarette.
Il changea de trottoir en passant devant la basilique Saint-Paul et, ayant pris conscience que Virgilien, en voiture, le suivait au pas à bonne distance de filature, obliqua vers des rues plus étroites et moins fréquentées avec l'intention très claire de l'y semer. Il traversa ainsi les ruelles alambiquées du quartier des tisserands, puis s'engagea dans l'avenue piétonne des lilas, où se tenait réunie la communauté juive de la capitale. Au bout de cette allée, on entendait les cris du marché. Et derrière lui, plus nulle trace du pauvre Virgilien et se dévolue prévenance. Léandre s'en amusa, et remonta son col contre son menton lorsqu'il passa entre les étalages de viande où les carcasses s'entassaient depuis le petit matin. Il se fraya un chemin dans la cohue et entre les dernières exclamations invitant à goûter les fruits mûrs que l'on commençait déjà à remballer pour le marché qui se tiendrait dans les quartiers de la rive sud le lendemain.
Léandre fit un pas de côté lorsqu'il manqua de se faire arroser les pieds par un poissonnier qui avait entrepris de rincer son étal à grandes eaux. L'homme lança des excuses rieuses à la cantonade, et offrit un torchon à la femme qui, à la droite du jeune duc, avait manqué de vélocité. La domestique, reconnaissable à son habit de travail, sermonna le marchand d'une voix tonitruante. La scène apposa un sourire sur le visage de Léandre qui marqua une courte pause alors que s'offraient à lui trois trajets possibles. Le marché l'avait amené trop au sud. Il pouvait poursuivre jusqu'au fleuve et longer les quais jusqu'à l'artère principale de la cité ; ou remonter, dès à présent, vers les grands boulevards des quartiers bourgeois ; ou bien choisir de couper par le parc de la Roseraie.
Il fouillait une nouvelle fois dans son étui à cigarettes, après avoir opté pour les bords du fleuve, lorsqu'il le remarqua pour la première fois. Un homme. Il lui sembla tout de suite étrange, se tenant à une dizaine de mètres derrière lui, immobile devant le capharnaüm du marché, droit dans son costume noir léger à la coupe large, comme il était à la mode d'en voir. Des verres solaires cachaient son regard, pourtant, Léandre se sentait observé. Il ficha la cigarette entre ses lèvres soucieuses, puis se remit en route, un sentiment d'appréhension glissant contre sa nuque.
Il descendit encore deux rues avant de voir se dessiner le dos vert-de-gris du fleuve. Quelques mouettes, à qui il arrivait de remonter si loin dans les terres, s'étaient postées le long du garde-fou qui encadrait la promenade. En contrebas, sur l'autre rive, s'étendait l'activité fluviale et industrielle. Les péniches y déchargeaient leurs cargaisons, les navires de pêche provenant de la côte y livraient leurs poissons, aussitôt vendus à la criée ou sur les étalages du port. D'où il se trouvait, Léandre entendait cette agitation rude et humaine qui toujours s'acharnait, qu'il pleuve ou qu'il vente. Il longea un moment le parapet, cherchant un banc où s’asseoir quelques instants. Il trouva son bonheur un peu plus en amont, et s'installa face au pont des victoires. Construction d'une blancheur combative, ornée de niches, peuplée d'idoles et de chevaux dorés. Une œuvre si large que fiacres, voitures et piétons y circulaient sans encombre.
Léandre investigua le contenu de sa poche, puis celui de son paquet de cigarettes pour n'y rien trouver. Évidemment, il fumait trop. À plus forte raison lorsqu'il rencontrait une contrariété. L'oncle Césaire en était une, le paquet vide en était une autre. Il se laissa aller contre le dossier arrondi et résolut d'en acheter un nouveau sur le chemin du tribunal. Il attendrait d'ici là, et souffrirait ce manque pour occuper sa patience. Marcher d'un pas pressé à travers les rues indifférentes avait allégé son cœur du chaos fragmenté qui l'avait envahi plus tôt. Les paroles de son oncle s'étaient quelque peu atténuées, mais le sentiment brûlant de honte qui les accompagnait s'accrochait encore à quelques regrets tenaces et quelques failles de sa personnalité trop sage. Qu'importe. Elles se dilueraient bien vite, dès qu'il aurait quitté cette ville qui lui était hostile.
La capitale de l'Empire offrait une vie et un panorama social bien différents de ceux de la riche province littorale qu'était Primaël. Les deux entités territoriales semblaient même, par bien des aspects, tout à fait incompatibles. Le rythme mondain, pour commencer. Poléon ne pouvait passer une nuit sans dîner, un week-end sans gala, une après-midi sans salon, une matinée sans thé. Partout, il était question de parler ; parler, montrer, avoir, et surtout bien le dire. Dire ce que l'on faisait et dire ce que l'on était, plutôt que faire et être réellement. La question était qu'être et faire prenaient du temps, et que le temps les oubliait tous. Primaël, au contraire, était une terre de silence. Les mots, rares, se devaient d'être durs, forts, véritables, pour traverser les étendues de sable ou de landes, franchir les murets et les cours d'eau, gravir les falaises et survivre aux nuits noires de la forêt de Bréssande. Faire et être, dictés par le sac et le ressac, dictés par le soleil pâle des matins accalmés. Les parures étaient plus simples, et les gens l'étaient aussi. Comme si la roche sombre qui composait ce sol érodé leur avait transmis ce dénuement de l'âme et cette force insensible à la flagornerie.
La ville, cette ville, décidément, ne lui était d'aucun plaisir. Il eut fallu qu'elle soit déserte, qu'il y soit seul, pour en apprécier la composition. Qu'elle soit morte. Mais la ville grouillait, écartelée en son sein par des disparités de classes exacerbées de part et d'autre de l'Istrée.
Aussi, lorsque Léandre sentit une nouvelle fois un regard étranger peser sur ses épaules, une crainte lui coula dans le ventre. Il se retourna pour scruter la promenade, vaste, parcourue par quelques flâneurs, parsemée d'arbres, de bancs et de lampadaires. Il le vit de nouveau, ou crut l'apercevoir dans l'ombre d'un angle mort. L'homme aux verres solaires et au costume parvenu. Mais, alors qu'il plissait les yeux pour mieux voir, la contre-allée ne présentait aucune présence suspecte. Il ne lui restait plus qu'un picotement alerté cognant à la périphérie de sa rétine.
Était-il suivi ?
Les cas d'agression isolée à l'encontre de la noblesse restaient relativement rares. Les quelques accidents que l'histoire moderne avait pu recenser ne concernaient que quelques attaques commises par de pauvres déséquilibrés bien vite pendus. En revanche, les classes aisées et les riches marchands étaient parfois victimes de braquages ou de coups montés. Se pouvait-il qu'on le prenne pour un bourgeois ? Non, l'homme qu'il avait aperçu plus tôt n'avait en rien la mise de ces voleurs à l'arraché et autres petites frappes. Pourquoi le suivrait-il alors ?
Léandre décida qu'il n'avait pas particulièrement envie de le savoir. Il se leva d'un geste qu'il tenta d'habiller d'une sereine lenteur, et se remit en route, regrettant la vigilance avertie de son chauffeur. Tant pis pour la promenade, il n'était plus question de cela. Il se rendrait au tribunal par une avenue fréquentée et se contenterait d'un seul arrêt au premier tabac qui croiserait son chemin.
Pour cela, il n'eut pas à marcher longtemps.
La boutique dans laquelle il entra vendait des cigarettes, des journaux, des articles de papeterie ainsi que quelques alcools et rafraîchissements. Conséquemment, un vacarme incessant bousculait les murs. Des voix et des mains s'énervaient autour de paris hippiques, et l'apprenti du patron de l'établissement ne savait plus où donner de la tête entre la demande des clients, les cafés à servir et la monnaie à rendre. Parmi tout ce boucan, un rire clinquant sonnait plus que les autres. Et ce rire, en particulier, concentra sur lui toute l'aversion que Léandre avait pour les agitations de comptoir.
Il ne cacha d'ailleurs pas sa mauvaise humeur quand, alors que son tour était venu de payer, un homme le poussa sur le côté pour appuyer son corps et ses coudes sur le présentoir.
« Ah ! Lonnie ! Tu me mets la même chose qu'à monsieur, mais en double ? Oui, ça fait deux paquets du coup, t'es un malin toi ! »
Il se tourna un moment vers Léandre avec un sourire qui pouvait vouloir dire plusieurs choses.
« Pardon l'ami, ça ne vous ennuie pas ? Je suis pressé. »
Léandre hocha la tête, d'une façon qui voulait dire plusieurs choses, mais surtout qu'il n'avait aucune envie d'entamer la moindre conversation avec cet importun. Il remarqua cependant, alors que le tricheur passait la porte pour quitter les lieux, qu'il portait le même costume que l'homme qu'il avait plus tôt soupçonné de le suivre. Avec sa mauvaise humeur pliée au front, il régla son achat et sortit à son tour en extirpant une première cigarette de son paquet. Il n'eut pas le temps de faire deux pas qu'il fut de nouveau interpellé sans retenue.
« Je ne voudrais pas abuser de votre bonté Monsieur, mais vous n'auriez pas du feu ? »
Léandre releva le nez pour tomber de nouveau et sans surprise sur l'homme qui riait fort. Il était difficile de lui donner un âge, plus jeune que lui, de toute évidence, mais pas autant qu'on pourrait le croire. Quelque chose mentait dans ses traits fins, un peu osseux, qu'arrondissaient de grands yeux noirs. Ou bien cela venait de la souplesse de sa posture. Quoi qu'il en soit, cette ambiguïté le rendait, à cet instant, parfaitement antipathique.
« Je croyais que vous étiez pressé, répondit-il sèchement.
– Je le suis ! C'est vrai. Mais, vous savez, ce n'est pas comme si j'étais attendu. Alors il faut prendre le temps de vivre ! »
Comme l'homme s'était penché vers lui, clope au bec, Léandre sortit son briquet et consentit à l'en faire profiter. Il regretta néanmoins de ne pas avoir eu le courage de refuser lorsqu'il approcha ses mains du visage, de la bouche et des yeux rieurs de celui qui se présenta ensuite :
« Arcade Galabril, avant que vous ne vous disiez que je suis tout à fait privé de manières. Et je vous remercie de ce fraternel partage, l'ami.»
Léandre ne répondit pas. Soit cet Arcade savait qui il était, soit il l'ignorait. Dans les deux cas, l'en informer ne lui semblait pas pertinent. Il se contenta d'esquiver les regards, qu'il percevait comme moqueurs, que l'inconnu glissait sur lui. Comme un silence creusait son trou, ce dernier ajouta :
« Et comme je ne suis pas un ingrat, tenez ! À mon tour de me montrer serviable. »
D'un geste vif qui inquiéta Léandre, il tira de sa veste une petite carte, rectangulaire, écrite blanc sur fond noir, et la lui tendit, entre l'index et le majeur. Le duc s'en saisit lentement et avec méfiance. Il ne prit cependant pas la peine de lire ce qui y était inscrit. L'idée de quitter cet étrange personnage des yeux ne lui plaisait pas tout.
« Oui, bien sûr... Vous demanderez après moi et nous trouverons quelques accords avantageux, c'est certain ! Nous aurons, je crois, bien des choses à nous dire. »
Léandre durcit son regard tandis que son interlocuteur souriait plus que jamais, pris dans le miel de sa propre voix.
« Je ne voudrais pas paraître plus impoli que nécessaire, Monsieur Galabril, néanmoins, j'ai à faire...
– Évidemment, oui, vous êtes un homme important, cela se voit. Des gens vous attendent, c'est certain ! Je ne vous retiens pas plus longtemps ! »
Le regard d'Arcade Galabril avait dévié par-dessus son épaule. En se retournant pour le suivre, Léandre eut la désagréable surprise de découvrir l'homme aux verres solaires qu'il avait aperçu au marché. En effet le costume était l'exacte copie que celui du rieur, mais le visage l'était également et, malgré son sourire calme, Léandre eut la singulière impression d'avoir été berné. Il s'apprêtait à forcer leur forcer passage, mais ce ne fut pas nécessaire.
« Merci pour le feu et, surtout, passez nous voir ! »
Arcade Galabril rit encore, puis s'éloigna d'un pas léger en descendant l'avenue, suivit de son silencieux jumeaux. Léandre les observa d'un œil vexé tandis qu'ils disparaissaient dans le flot moucheté des passants. Il resta là jusqu'à ce qu'il soit certain que l'étrange duo ne reviendrait pas, et qu'aucune autre rencontre inopinée ne suivrait cette entrevue.
La petite carte de visite noire était toujours fichée entre ses doigts, demandant à être lue, rangée ou jetée. Le Trinity Lou, un établissement de passes, sans aucun doute, à en juger par l'ironie du nom et le caractère sombrement envoûtant de l'impression. Suivait d'ailleurs cette phrase en guise de slogan : "Y entrent le père, le fils et le saint esprit". Une adresse figurait au dos de la carte, à l'entrée du quartier sud, là où l'univers des plaisirs bourgeois s'enracinait dans la misère des docks, aux abords du fleuve. Sinistre.
Léandre chassa l'air et l'agacement entre ses dents. À quoi jouait-il, ce Galabril ? Devait-il prendre cette invitation comme une menace ou une mauvaise plaisanterie? Trouver un accord avantageux, avait-il dit : que fallait-il y entendre ?
Comme il est vrai que gratter la piqûre d'un insecte en augmente la démangeaison, Léandre reprit le chemin du tribunal en enfouissant, autant qu'il put, la carte de visite et le souvenir de cette rencontre dans la poche de son manteau.
Le reste du trajet fut tranquille. Les avenues s'étendaient, ornementées et paresseuses, respirant une lente oisiveté. Les boutiques accueillaient les promeneurs dépensiers, et l'on allait d'un pas délié, dans une mélodie de froissements et de talons. Pourtant, le ciel s'était encore assombri, et une pluie lourde ne tarderait plus à tomber. Léandre se sentait pressé par ce large changement de lumière, comme si la tempête venait pour lui.
Lorsqu'il déboucha sur la place de l'Aigle noir, où s'imposait le palais de justice, les premières gouttes vinrent s'écraser sur les ailes couvertes de feuille d'or de l'aigle bicéphale. Ses deux gueules glatissantes, ouvertes à l'orage, semblaient tenir tête au ciel. Puis, ce fut le déluge.
Léandre se mit à courir sur les pavés blancs et glissants. Il gravit les larges marches du palais de justice et trouva refuge entre ses colonnes doriques. Plusieurs messieurs et quelques dames avaient fait de même et s'employaient à égoutter leurs chapeaux et parapluies. "Comme c'est tombé vite ! Il faisait encore si doux il y a vingt minutes !" "C'est ça, vous savez, avec le vent d'ouest, la tempête vient de la mer. On le voit bien avec les mouettes, quand elles remontent comme ça !" "Ah ça, vous les aimez, ces mouettes !"
Léandre se fraya un chemin à travers les habits mouillés et les cancans. Il passa les deux immenses portes armées de fer et s'arrêta dans le hall, sous un lustre dont l'envergure subjuguait nécessairement le visiteur.
Le hall du palais de justice était immense, dégagé, symétrique. Ses deux énormes escaliers, se répondant comme deux miroirs tournés l'un vers l'autre, délivraient un courant irrégulier mais ininterrompu de mains nerveuses, de visages serrés, de corps endimanchés cherchant leur chemin ou courant après leur retard. Au centre, entre ses degrés et gardés par les regards sobre de quelques statues de sages vieillards, des guichets et des bureaux étroits accueillaient et orientaient le mouvement de ce petit univers fait de prévenus, d'avocats, de greffiers, d'huissiers, de jurés, de juges et de journalistes.
Léandre se souvenait de la première impression que ce bâtiment avait ancrée en lui, des années auparavant. Un étrange sentiment de sécurité, de solidité, de puissance et de clarté qui l'avait rassuré quant à la légitimité des hommes à se juger entre eux. C'était ainsi : l'espace, les statues strictes et sages, les robes indémodées de la magistrature, la structure altière du palais de justice lui parlaient mieux, le convainquaient plus que tous les discours et tous les codes de lois.
Tout occupé qu'il était dans l'admiration des caissons sculptés du plafond, Léandre se fit bousculer par l'un de ces grands représentants de la justice qui ne se prenait pas pour un homme commun, tenu de s'excuser pour sa maladresse. Le duc ne s'en formalisa pas. Après tout, il ne ressemblait pas à ce qu'il était aux yeux de l’État. Ses cheveux et vêtements avaient été trempés par l'averse ; son visage, rosi par sa course. Il avait encore le col froissé et la cravate faite de travers. Il fut pourtant reconnu :
« Votre Altesse ! »
La voix était familière. Un homme, ou devrait-on dire un jeune garçon, encore adolescent, le héla avec un sympathique sourire naïf. Trop naïf pour un tribunal, songea Léandre. Il s'approcha cependant de ce drôle d'enfant et de sa casquette molle, portée de côté.
« La Gazette vous intéresse ? lança-t-il en brandissant un exemplaire du canard des tribunaux. »
Derrière lui, bien rangés et soigneusement pliés, s'étalaient les exemplaires de ce papier très spécifique, où chaque affaire se voyait analysée et décortiquée, avec plus ou moins de l'intérêt qu'elle méritait.
« Y est-il fait mention de mon frère ?
– Vous savez, avec lui, c'est comme un feuilleton ! Les gens finissent par aimer ça, ils achètent. Mais, ce n'est pas le principal. Voyez, il y a aussi une affaire de meurtre. Les gens, ils aiment ça, les meurtres. Votre frère passe après. »
Léandre accepta le journal tendu en échange de quelques pièces de bronze. L'affaire qui opposait Andrea à la jeune étudiante figurait en troisième page et faisait l'objet d'un article bâclé s'étalant sur deux colonnes. Il n'y avait plus aucune surprise à écrire sur le prince déchu. Les mêmes phrases toutes faites apparaissaient bien sagement dans l'ordre convenu.
« Vous venez pour l'audience ?
– Je viens rarement pour mon plaisir personnel.
– Mais alors vous avez un quart d'heure de retard !
– De retard ? »
Léandre consulta sa montre qui lui donnait bien généreusement une demi-heure d'avance. À moins bien sûr que dans sa fraternelle fourberie Andrea lui ait indiqué un horaire fallacieux.
« C'est le juge Anrott, n'est-ce pas ?
– Oui, je crois bien que c'est lui. Ce n'est pas une bonne idée de vous y rendre si tard. Il a horreur qu'on...
– Oui, je sais. Merci, Victor. »
Le garçon s'inclina prestement tandis que Léandre s'éloignait déjà pour vérifier que la salle d'audience précisée par son aîné était la bonne. Ce ne fut pas le cas, évidemment. Et le voilà, fâché, les joues rougies, à sermoner son ingénuité dans les escaliers puis le couloir du premier étage.
La Gazette des Tribunaux toujours en main, Léandre s'installa sur une des assises rudes et droites qui patientaient en face des salles d'audiences. Il secoua le plis central comme pour chasser son agacement, et entama la lecture des colonnes en première page. Un meurtre, donc, passionnel à ce que voulait faire croire le canard. La beauté de la victime faisait l'objet d'un bon quart de l'article, deux autres se chargeaient de décrire en détail et par le menu la barbarie de son assassinat. Les faits étaient retracés à la manière d'un roman populaire : gradation stylistique pour les coups de couteaux répétés qu'avait subi la malheureuse, lyrisme des aveux et des sentiments coupables de l'amant trahi, véritable fou romantique. Pas un mot, en somme, sur la réalité de cette tragédie. Malgré les noms et les détails macabres, cela ressemblait à une fiction exemplaire et inhumaine. C'était là une histoire terrible, faussement belle, écrite pour donner le frisson.
Le duc reposa le papier. Le couloir était désert, à l'exception du passage rapide de quelques fonctionnaires de justice. En dehors de cela, seule la pluie drue qui battait le carreau lui tenait compagnie.
Il lui fallut patienter encore dix minutes avant que la porte de la salle 104 ne s'ouvre et que s'en échappe une assemblée bruyante qui laissait enfin s'exprimer son excitation. Léandre n'essaya pas d'en saisir quoi que ce soit. Le brouhaha envahit le couloir l'espace d'un instant, frappant contre les murs de pierre et les carreaux des verres, s'étouffant contre les panneaux des lambris. Cependant, une figure atypique se détacha de cette horde journalistique et bourgeoise qui appréciait le spectacle judiciaire. Un homme d'une trentaine d'années, très propre sur lui, pourvu d'une fine moustache comme il était à la mode de les arborer chez les officiers de l'armée impériale. Quoi qu'il fut en tenue civile, sa stature d'équerre et son pas réglé par l'obsession d'un ordre parfait ne trompaient pas plus longtemps quant à son activité professionnelle. Les traits du visage, autrement, lui aurait bien rappelé quelque chose, mais ce fut de le voir marcher ainsi qui permit à Léandre de fixer un nom sur ce corps d'homme. Eleuthère d'Eloy. Que pouvait bien faire le frère de mademoiselle Lénore au procès d'Andrea ? À sa connaissance, les deux hommes n'entretenaient aucun lien d'affection et ne s'entendaient sur aucun sujet. Pourtant, il était là, le regard clair et le front dégagé par le sentiment du devoir accompli.
Quand les spectateurs et autres intervenants secondaires furent sortis, ce fut au tour de la plaignante de quitter les lieux. Une colère folle agitait ses yeux rougis et la honte tordait ses lèvres alors qu'elle tremblait sur ses jambes, accrochée à son père comme à un radeau. Léandre se leva lorsqu'ils passèrent à sa hauteur, ne sachant comment répondre au regard contrit et apitoyé du vieil homme. Cela voulait-il dire que son frère s'en sortait acquitté de toutes charges ?
Finirent par paraître Andrea et son avocat, maître Dumain. Un sourire doucereux s'attacha aux lèvres de l'aîné des Terman alors qu'il appréciait les effets de ses indications mensongères sur le visage de son frère.
« Ma présence aurait-elle changé quelque chose au procès ?
– Absolument rien, c'est pour cela que j'ai jugé préférable de m'en passer. »
L'avocat émit un rire d'une détestable hypocrisie. Il comprit ensuite, sous le regard des deux aristocrates, que sa présence était désormais une gêne. S'excusant, il s'éclipsa bien volontiers, sa sacoche noire tendue devant lui pour se frayer un chemin dans les escaliers.
« J'ai aperçu Eleuthère d'Eloy alors qu'il quittait la salle d'audience, je me figure encore mal par quelle manœuvre il s'est retrouvé lié à cette affaire.
– Je vais te laisser chercher encore un peu, il faut que tu t'affûtes l'esprit si tu veux un jour être un duc tout au plus acceptable.
– Quelques conseils seraient sans doute les bienvenus. Éclaire-moi, et peut-être ta boiterie te donnera un air de sagesse et plus seulement celui d'un ivrogne. »
Andrea marqua l'arrêt, surpris comme amusé de retrouver le répondant de son cadet. Léandre fit semblant de ne pas y prêter attention, mais un sourire s'était invité sur son visage, éclipsant les aléas moroses de la journée. Cependant, alors qu'ils montaient tous deux dans la voiture avancée par Virgilien, sa main lissant le pan de son manteau vint à rencontrer la rigidité de la petite carte de visite qui y sommeillait toujours. Il laissa ses doigts en retracer les contours au travers du tissu pendant qu'il écoutait son frère détailler le procès dont il venait d'être blanchi.
« C'était d'une décevante facilité en vérité, pour nous en tout cas. Les affaires des femmes, tu sais comment ça se joue ? Non, bien sûr, tu n'y connais rien. La tienne est un très mauvais exemple d'ailleurs : bien trop honnête. Voilà ce qui s'est passé : cette espèce de chèvre a misé sur la mauvaise pouliche. Il est certain que mes propos se sont englués dans un orgueil déplacé qu'elle porte haut, au niveau de la glotte. C'était bien mon intention, mais voilà qu'elle fut la sienne. M'accuser seule ne suffisait pas, il lui fallait encore une belle voix innocente et témoin pour appuyer son crime en jurant sur la Bible. Une amitié féminine sincère et loyale entre deux étudiantes, protégeant l'une et l'autre leur réputation avec les larmes aux yeux, avait de quoi émouvoir un jury. Deux menteuses valent mieux qu'une, pas vrai ? C'est là qu'une troisième, bien plus ingénieuse, intervint.
– Lénore d'Eloy, devina Léandre.
– Tu vois, tu n'es pas si lent. Il lui a suffi de convier chez elle la frêle ombre qui devait appuyer les accusations calomnieuses, et de lui faire un beau discours sur les bienfaits et mérites de l'honnêteté et de l'élégance. Une jolie jeune femme, non mariée, avec une belle dot mais sans nom, avait mieux à faire que de traîner des ivrognes au tribunal. Elle a promis un mariage avantageux - autant que puisse l'être le remariage d'un veuf qui a déjà deux fils - si elle acceptait de revenir sur sa déposition et d'avouer qu'elle avait menti par une amitié naïve. Je suppose que son frère n'a servi que de témoin à la bonne volonté de ce brave agneau. Et tu l'as vue, la bécasse crapule ? Figure-toi qu'elle n'a pas su se retenir de geindre de la traîtrise et nous a gratifiés d'une scène de harpie en pleine audience. Dommage que tu aies raté cela. Ahah ! Petits esprits mesquins que les esprits bourgeois. »
Léandre n'écoutait plus qu'à peine mais il comprit la pièce qui s'était jouée.
« J'aurais pu intenter un procès pour diffamation, mais c'est venu tout seul. La garce et ses vieux parents me doivent de l'argent. C'est un beau jour de justice, tu ne crois pas !
– Est-ce que tu connaîtrais un établissement qui s'appelle le Trinity Lou ? »
Andrea ne répondit pas, mais s'écarta pour le fixer en coin.
« Par hasard. »
L'aîné fit la moue et haussa les sourcils.
« C'est un bordel, mais je ne vois pas le rapport. »
Léandre sortit la carte de visite de sa poche et la lui montra.
« Un homme m'a donné ça. Enfin, ils étaient deux. Je ne suis pas certain de ce qu'ils voulaient me faire comprendre. Tu connais celui qui gère cette maison close ?
– C'est rarement le gérant qu'on visite lorsqu'on se rend au bordel. Ce que je sais c'est que c'est mixte, et assez mondain. Pas mal de grosses fortunes magistrates et parlementaires y vont comme à confesse. »
Andrea lui rendit la carte. L'amusement succéda à la suspicion dans son regard.
« Tu comptes t'y rendre ?
– Bien sûr que non. Je voulais savoir si tu...
– Non, non, ce n'est pas mon genre, mais je peux aller y enquêter pour toi, si tu avances les frais et si c'est ce que tu désires.
– Je ne crois pas que ça sera utile. »
Il lui suffisait sans doute de déchirer cette carte pour en finir avec le souvenir de ces deux hommes. Mais Léandre ne le fit pas et enfonça de nouveau le carton au fond de sa poche, sous le regard attentif d'Andrea.
Lorsque la voiture s'arrêta devant le numéro 67, Léandre fut le premier à descendre et à s'élancer dans l'allée jusqu'à la porte qui ne tarda pas à s'ouvrir. Un soulagement certain rendait son corps plus léger. Le jour de procès était passé, pour lui comme pour son frère, et rien, plus une angoisse, ne le retenait ici. Un sentiment de joie le poussait vers Drev, sa ville, sa maison ; Enora. Une vie intime, une vie sans crainte, une vie de soirs paisibles et de travail régulier, loin de l’œil vitreux de l'oncle Césaire et du chantage de petits roitelets de bordel, l'aspirait avec ivresse.
Andrea suivait à son rythme, comme déçu que le divertissement pour lui s'arrête ici. Il ne tarda pas à rejoindre son cadet dans le salon bleu, où l'horloge se taisait toujours. La querelle de la veille s'était effacée avec plus ou moins de vérité de leur esprit. Une trêve était offerte. Léandre le sentait, mais il décida de ne rien en faire lui-même. Il attendit que son frère s'installe dans le canapé face au fauteuil, dans l'exacte même disposition que le soir précédent. Mais cette fois Léandre n'était ni pris en faute ni écrasé. Bien au contraire.
« Et avec Césaire ? »
Léandre haussa les épaules.
« Il ne changera plus. Toujours les mêmes sermons. Et toujours la même détestable cuisinière. »
Andrea siffla en détournant un sourire.
« Et toi, tu lui as dit quoi ?
– Que je faisais grand cas de ses conseils. »
Ils se regardèrent, complices en cet instant comme ils le furent enfants. Un silence entre eux s'étirait comme un vieux chat, tandis que la domestique - Marine, définitivement, ça lui était revenu - apportait un thé et un café. Ils burent en se brûlant un peu. Puis Andrea décida, en reposant sa tasse :
« Demain, je t'accompagne. Je rentre à Drev. »
C'était encore très immersif, ce chapitre, et très efficace aussi. Ça ne traîne pas ! Je trouve habile d'avoir fait louper le procès à Léandre : ça ressemble bien à Andrea et le fait de le raconter en discours direct donne vraiment l'impression qu'on avance vite, ce qui est plaisant. Tu as un style particulier, très précis, et je trouve qu'avoir une intrigue qui avance bien lui donne toute sa force et permet de l'apprécier bien plus. C'est un équilibre très bien géré !
Un truc que j'ai beaucoup apprécié : le paragraphe sur la différence entre Poléon et Primaël. Ça m'a permis de clarifier des choses qui étaient déjà évoquées avant mais pas encore très solides dans ma tête de lectrice. Par exemple, j'avais un doute sur monde réel/monde imaginaire, et là définitivement j'ai compris qu'on était dans le second (enfin j'espère avoir bien compris :'D). Ça m'a plutôt plu, de me sentir un peu dans le flou par rapport à ça, je n'ai pas eu l'impression que c'était "de ta faute", par imprécision ou quoi, au contraire, j'ai eu l'impression que tu racontais ton histoire sans ressentir le besoin de mettre des panneaux indicateurs et je dois dire que c'est très agréable.
Une chose m'a questionnée dans ce chapitre, c'est la réaction de Léandre lors de la rencontre avec Arcade. Je n'ai pas compris pourquoi, lorsque ce dernier affirme qu'ils pourront trouver un arrangement, Léandre n'est pas davantage déstabilisé et pourquoi il ne lui demande pas de préciser sa pensée. Peut-être estime-t-il simplement que l'autre "délire" un peu et préfère-t-il éviter d'entrer dans son jeu ? Mais je ne sais pas, à la lecture, j'ai eu le sentiment que cela passait un peu vite. C'est subjectif et de toute façon ce n'est pas très grave, ça ne m'a pas empêchée d'adorer ce chapitre <3
J'ai aussi relevé des coquilles :
- "L'idée de quitter cet étrange personnage des yeux ne lui plaisait pas tout." > il manque le "du" (pas du tout)
- "suivit de son silencieux jumeaux" > suivi, jumeau
- "gardés par les regards sobre de quelques statues de sages vieillards" > sobres
- "Il secoua le plis central comme pour chasser son agacement" > le pli, au singulier
Voilà, c'est trop bien et je regrette d'arriver bientôt à la fin de ce que tu as posté ! À bientôt <3
Oui, il y a beaucoup de choses qui se joue pour moi autour de l'onomastique, parfois sans que je ne sache trop pourquoi d'ailleurs ! Mais pour Léandre et Andrea, j'ai trouvé l'explication de la proximité de leur deux prénoms, outre le fait que leurs parents n'étaient pas très imaginatifs xD
Ça me plaît assez que ce soit au travers d'une petite brume que les éléments de l'univers s'assemblent ou en tout cas se dévoilent les uns par rapport aux autres. Ca ne m'intéressait pas d'avoir à détailler cette partie là, je ne voulais surtout pas avoir à la justifier ou à l'expliciter autrement que par ce qui lui est interne (la perception que les personnages peuvent en avoir). Je suis contente de voir que ça marche plutôt pas mal !
Pour la réaction de Léandre face à Arcade, elle est peut-être un chouilla rapide en effet. Mais il fallait aussi qu'elle le soit, parce que Léandre ne laisse pas de prise et ne s'engage pas à poser des question (sa position nobiliaire et son manque de confiance ne le lui permette pas vraiment dans cette situation de donner de la rallonge aux jumeaux). Je vais voir comment accompagner ça au moins dans l'intériorité de Léandre si ce n'est dans l'échange.
Encore merci !
L'intervention des frères (si j'ai bien compris) Galabril laisse augurer de rebondissements prometteurs, tout comme la phrase de fin. D'abord je suis impatiente de rencontrer Enora, mais aussi de voir la relation entre les deux frères dans un autre décor où Léandre est sans doute plus à l'aise. Et je suis sûre que les relations entre Andréa et Enora seront complexes et subtiles.
Finalement, le seul passage qui m'a un tout petit peu moins emballée, c'est le récit du procès par Andréa. J'ai compris en gros ce qui s'était passé, mais j'ai trouvé plusieurs phrases un peu cryptiques. C'est peut-être volontaire de ta part (je crois comprendre que finalement, cette affaire n'a que peu d'importance), mais c'est un peu frustrant quand même. Du coup, quitte à sacrifier un peu la verve d'Andréa, je me demande si tu ne gagnerais pas à préciser un peu les évènements.
En tout cas, je suis toujours aussi emballée, à la fois par ta plume et par l'ambiance que tu poses (tout est parfait : les décors, les mœurs, les noms et prénoms très "empire", la politique, la morale...). Quant à l'intrigue, plusieurs fils rouges se présentent et je suis curieuse de voir lequel tu vas tirer :)
Coquilles, détails et pinaillages :
"Le Christ sur la cheminée, lui, s'accrocha encore quelques instants à ses paupières, avant qu'il n'exhale avec un sifflement contrarié." : avant qu'il ne l'exhale (il me semble qu'exhaler est transitif obligatoire).
"Il traversa ainsi les ruelles alambiquées du quartier des tisserands, puis s'engagea dans l'avenue piétonne des lilas, " : il me semble que "tisserands" et "lilas" devraient prendre des majuscules.
"Et derrière lui, plus nulle trace du pauvre Virgilien et se dévolue prévenance." : sa dévolue prévenance
"Des verres solaires cachaient son regard, pourtant, Léandre se sentait observé." : je pense que ce serait mieux sans la virgule après "pourtant", même si on marque la pause en lisant.
"En effet le costume était l'exacte copie que celui du rieur" : de celui du rieur
"Il s'apprêtait à forcer leur forcer passage, mais ce ne fut pas nécessaire." : oups ;)
"Il est certain que mes propos se sont englués dans un orgueil déplacé qu'elle porte haut, au niveau de la glotte." : je n'ai pas trouvé cette phrase très claire. Il parle de ce qui s'est passé avant et qui a vexé la jeune femme, ou de l'audience elle-même ?
"La querelle de la veille s'était effacée avec plus ou moins de vérité de leur esprit." s'était effacée de leur esprit avec plus ou moins de vérité ? + je ne suis pas sûre de comprendre ce que tu veux dire. Est-ce que ce ne serait pas plus simple de dire "s'était plus ou moins effacée de leur esprit" ? + il me semble qu'il faudrait mettre "leurs esprits" (à vérifier)
Je reviens vite lire le dernier chapitre publié !
Encore une fois je te remercie pour ta lecture et pour les coquilles et détails que tu relèves avec raison !
Tu n'es pas la première, également, à trouver l'explication du procès par Andrea difficile à suivre, et il va falloir en effet que je trouve un juste milieu.
Je suis très contente de voir que l'univers et l'ambiance se posent bien, et assez naturellement. C'est peut-être le point sur lequel je suis le plus laxiste (je ne suis pas du tout une "worldbuildeuse" et j'espérai bien que tout passerait par l'ambiance et la perception des personnages).
J'aime aussi ce que tu dis de la rencontre avec Enora. Elle est celle qui dans l'écriture m'a la plus surprise, et je suis vraiment ravie qu'elle soit attendue et "lumineuse" dans sa présence en creux.
A très vite !
Toujours un grand plaisir de lire ta plume, il y a vraiment cette finesse dans le détail, sans pour autant retrouver une lourdeur. La description que tu fais de la ville par exemple au travers de la petite balade de Léandre, on a véritablement l'impression de suivre ce que voient ses yeux.
Je suis toujours autant conquis. La petite fourberie d'Andreas qui met de côté son frère est vraiment rigolote. Il le fait venir juste pour qu'il assiste à son triomphe, sachant pertinemment que Léandre ne rentrera pas dans la salle au cours de l'audience.
Et cette fin est pesante au possible. Alors que la tension semblait enfin se relâcher pour ce pauvre Léandre, cette dernière déclaration d'Andréas va le plonger dans un état que je n'ose imaginer !
En résumé, c'est toujours aussi bien à tout point de vue !
Voilà quelques notes:
"et se dévolue prévenance"
et de sa ?
"Il se fraya un chemin dans la cohue et entre les dernières exclamations invitant à goûter les fruits mûrs que l'on commençait déjà à remballer pour le marché qui se tiendrait dans les quartiers de la rive sud le lendemain."
Phrase un poil longue.
"Les paroles de son oncle s'étaient quelque peu atténuées, mais le sentiment brûlant de honte qui les accompagnait s'accrochait encore à quelques regrets tenaces et quelques failles de sa personnalité trop sage."
Un peu lourd. Répétitions quelques
"les regards sobre"
sobres
Bon courage pour la suite :). J'espère que tu as réussi à avancer la seconde partie avec Andréas (si mes souvenirs sont bons). A très vite !
Je suis ravie que cela te plaise et d'avoir ton retour sur ce chapitre 2.
Je n'étais pas certaine de ce passage dans la ville, j'avais peur qu'il ne soit trop flou ou flottant. Ça me rassure si tu as pu t'y projeter !
Quant à la fourberie d'Andrea, un jour, Léandre prendra sa revanche, mais pas avant le chapitre 5 ~
Je prends note et corrige ce que tu relèves ;)
A bientôt !
Hu hu pas de soucis :). Je pensais à ton histoire l'autre jour d'ailleurs. J'espère que tout va en tout cas ;).
A bientôt !
Ca va, mais mon boulot est stressant par période, et là je suis en plein dans une de ces phases où j'ai du mal, le soir, à m'ouvrir aux autres et même à mon écriture qui me demande énormément d'énergie et de clarté d'esprit. J'espère que tout va bien pour toi aussi. Je vais essayer de me dégager un peu de temps pendant mes vacances qui approchent pour lire la suite de la correspondance de tes deux frères ;)