Chapitre 20 - Anna : Feu sacré

Je range ma chambre en écoutant ma mère, assise sur mon lit, me lire sa nouvelle histoire. Depuis que je fréquente Kyle, toutes mes affaires traînent un peu partout dans la pièce. Elle comprend, j’ai l’esprit ailleurs ! De son côté, mon père, pris par son travail, ne remarque rien. Comme je ne lui cache pas grand-chose, elle sait pour nous deux, et ne comprends pas pourquoi je ne l’emmène pas chez nous. J’aimerais bien, mais l’avouer à mon paternel est une autre paire de manches.

Braver les interdits pendant nos heures de cours rend les journées très excitantes. Le toucher, l’embrasser me fait tourner la tête, battre le cœur plus vite, plus fort. Je suis en train de tomber amoureuse et c’est un sentiment absolument divin.

—  Je ne sais pas comment lui annoncer ma relation. En fait, j’ai trop peur de sa réaction, un jour il m’a dit : je réglerais son compte au premier type qui te tournera autour, enfin un truc comme ça, m’expliquai-je consciente d’avoir raté mon imitation.

Je me ronge un ongle en attendant sa réponse.

— Il est très protecteur, presque tous les hommes le sont, tu peux me croire. Ton grand-père était très strict à ce sujet, et puis Taylor est entré dans ma vie.

Mes yeux s’agrandissent.

— Ils s’entendaient bien alors.

Elle grimace en secouant la tête.

— Hélas, non… Cependant, l’amour de ma vie était le plus costaud et surtout le plus tenace des deux.

Je n’ai plus envie de sourire, Kyle ne fait absolument pas le poids face à mon père !

— Oh, zut ! Il n’y a aucun espoir, c’est ça ?

— Bien sûr que si.

Elle se tapote le front avec le doigt.

— Je suis bien plus maligne que ton grand-père et ton cher papa réunis, c’est tout.

**

Le lendemain, au petit-déjeuner, elle me tend une invitation pour la famille de Kyle au grand complet.

— C’est une décision de ton père, il veut faire leur connaissance.

— Mais, comment as-tu fait pour le convaincre ?

— Tout n’est qu’une question d’étapes ma chérie. Le principal, c’est d’obtenir le résultat escompté, déclare fièrement ma mère.

Je ne suis pas sûre de bien comprendre, mais ce qui m’importe pour l’instant, c’est de lui apporter son carton.

Lexi hésite à m’accompagner, Elijah la perturbe au-delà de la raison. J’insiste évidemment, car je n’ai pas envie d’y aller seule. Je n’ai pas fini ma plaidoirie qu’elle se trouve déjà devant ma porte, son haut-parleur kit mains libres Bluetooth toujours branché. Surprise, je raccroche.

— Pour quelqu’un de troublé au-delà du bon sens, tu as fait vite !

— J’avais à faire dans le centre-ville, dit-elle en prenant un air mystérieux.

Abaissant le pare-soleil, elle s’empare d’un rouge à lèvres, et d’un geste précis l’applique consciencieusement avant de le ranger et de m’envoyer un baiser en battant des cils. Je m’empresse de m’installer à ses côtés.

— Je dois bien admettre qu’Elijah est très… excitant, baraqué, débordant de testostérone. Brrr, j’en ai des frissons. Bien, il est l’heure de rendre visite à Monsieur Univers ! Si seulement il pouvait passer à l’acte, se plaint-elle d’une voix désespérée.

Je lui envoie un sourire compatissant tout en gardant mes pensées. Personnellement, j’aurais du mal à être dans la même pièce que Kyle si notre relation était restée platonique.

À l’instant où l’on entre dans leur maison, Elijah sort de la douche. Une serviette autour des hanches, le torse et les cheveux humides, il représente en tout point le mâle de rêve : abdos d’acier, pecs parfaits… La vache ! Pourquoi nous infliger ça ? Enfin, je veux dire que ce n’est pas juste pour mon amie.

Son tatouage disparaît sous le tissu éponge très ajusté qui dévoile… Mon Dieu, je détourne la tête pile au moment où Kyle et Derek pénètrent dans la pièce. Lexi, toujours bouche bée, voit s’avancer Elijah, qui n’a pas l’air de se rendre compte de l’effet qu’il lui fait. Nonchalamment, il s’approche pour nous saluer. Derek le prend de court :

— Eh mec, tu devrais peut-être mettre quelque chose de décent. À moins que tu veuilles impressionner les filles… Pardon ! Alors, ça s’est fait. Je le raye de la liste, bon ben, tu n’as plus qu’à tomber la serviette.

Derek se plante devant moi en me faisant un baisemain.

— Anna chérie, c’est un tel plaisir de te revoir. Depuis notre folle nuit de chant, je ne pense qu’à réitérer cette expérience.

J’éclate de rire, relâchant la pression par la même occasion, puis brandis l’enveloppe que ma mère m’a confiée.

—  Mes parents vous invitent tous chez nous.

 Je tends le carton d’invitation à Derek.

— C’est un peu protocolaire, mais ma mère adore créer ses cartes.

Derek s’empresse d’ouvrir la lettre, de son côté, Kyle en profite pour se rapprocher de moi en s’emparant de mes lèvres.

— Kyle, arrête de l’embrasser et écoute un peu ça : Vous êtes cordialement conviés à venir partager notre repas, dimanche midi, afin d’accueillir la famille de Kyle, le petit ami de notre fille Anna, comme il se doit. Lynn et Taylor Jackson.

— Nom de Dieu ! T’as mis ton père au courant ? T’es complètement folle, ma parole ! s’écrie Kyle en reculant brusquement.

J’arrache le carton des mains de Derek. Non ? Ma mère n’a pas osé quand même ! Je sors mon portable, active son numéro, tout en pointant un doigt vers Kyle devenu aussi blanc qu’un linge. Je jette un coup d’œil à un Derek mort de rire alors qu’elle répond à mon appel.

— Maman, c’est quoi cette histoire ? Je te parle du bristol… Non, je ne crie pas… Bien sûr qu’il panique ! Tu veux bien m’expliquer ... Évidemment, ça m’énerve ! Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ? Oui, je me souviens de notre conversation… J’ai confiance en toi… Tout est une question d’étapes… Il faudra vraiment éclairer ma lanterne … Moi aussi je t’aime.

Je raccroche et saute dans les bras de Kyle pour l’embrasser.

— Anna, calme-toi. Je ne comprends rien…

— Mon père sait tout depuis un bon moment déjà. Il n’était pas content au départ, mais ma mère… C’est incroyable, elle lui a fait le coup des étapes, et ne me demande pas de t’expliquer, je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire ! Il a juste envie de mieux te connaître. Oh ! Mon Dieu, je suis si heureuse !

Je sens mes craintes s’envoler. Je ne doute pas de ma relation avec Kyle, mais il n’est jamais évident pour une fille unique d’annoncer une nouvelle pareille à son père ; et si en plus c’est du sérieux, c’est d’autant plus délicat.

Kyle me regarde d’un air ahuri, Derek secoue la tête puis enfonce le clou.

— Ah, les femmes ! T’as rien pigé, c’est ça ? Pauvre Kyle, t’es dans la merde, mon pote.

Je ne tiens plus en place. Je prends la main de Kyle et l’entraîne dans sa chambre, mais au beau milieu du couloir, je stoppe net et… Lexi ?

— Où est Lexi ?

— Je l’ai vue sortir avec Elijah, et si ça peut te rassurer, il était habillé.

Un sourire en coin, il ouvre la pièce, me laisse entrer et referme la porte avec le pied. Puis il me fixe en s’approchant de moi, en retirant son tee-shirt. Son jean bas sur les hanches révèle une musculature parfaite. Ses tatouages me fascinent. Du bout des doigts, je retrace les symboles qui courent sur sa peau. Tout son être me captive ; son aura, sa force brute, son physique de rêve me font saliver. Mes mains suivent le chemin de ses abdos. Je tourne autour de lui, accompagne les contours noirs et sublimes m’attirant comme des aimants. Je suis folle de son corps, de son rire, de sa voix grave de séducteur. Son odeur submerge mes sens. Son souffle devient plus court. Je l’embrasse dans le cou en descendant sur son torse, bouche ouverte. Mes mains glissent vers ses hanches. C’est plus fort que moi, je suis curieuse et affamée. Je veux le toucher et lui donner ce qu’il m’offre chaque fois. Le voir jouir, sentir son plaisir. Le pouvoir que j’ai sur lui m’excite. Je le caresse à travers son jean, il émet un gémissement, mais ce n’est pas assez. Des deux mains, je défais les boutons. Il me soulève le menton.

— Anna, tu n’es pas obligée… C’est ta première fois. Je ne veux pas que tu le regrettes plus tard… Anna… Je…

— Non… ne dis rien. Je désire faire ça pour toi… J’ai envie de te toucher et de te donner du plaisir.

Sous mes doigts, je sens son cœur cogner plus fort, son souffle devenir plus rapide. Ses yeux se ferment brièvement. Puis, il se penche vers moi et m’embrasse avec tendresse sans urgence, presque paresseusement, et son baiser est… Waouh, magique, envoûtant. Mes mains reprennent leurs explorations, descendent dans son pantalon, agrippent ses fesses tout en muscles, puis je les ramène sur le devant en enveloppant son sexe à travers son boxer.

— Tu… ne, oh seigneur Anna, ça ne va pas durer longtemps ma puce si tu continues comme ça.

Il m’attrape les poignets et m’entraîne sur son lit, s’allonge à côté de moi, relève mon tee-shirt en m’aidant à le retirer. Son regard tombe sur mon buste. Je trouve l’attache de mon soutien-gorge, que j’enlève. Kyle déglutit.

— Anna, tu es magnifique, dis-moi que je peux… te… toucher.

Il a l’air si ému, je souris en murmurant :

— Oui.

Tout en douceur, sa main se pose sur la peau de mon ventre, remonte vers mes seins, qu’il effleure en passant sur mes tétons ; je ferme les yeux et m’étire en me cambrant. Sa paume sur mon épiderme provoque en moi des frissons. Sa bouche prend le relais, je suffoque en agrippant ses cheveux. Je l’attire vers moi pour mieux sentir sa langue, ses lèvres. Ses doigts décrivent des cercles autour de mon nombril, descendent toujours plus bas, s’introduisent dans mon short, passent la barrière de mon slip et me caressent. Je me mords pour ne pas gémir de plaisir, les sensations effacent tout le reste.

Oh, c’est tellement bon. J’ai envie d’être nue, de le faire. Kyle remonte vers ma bouche qu’il dévore. Il accélère la cadence, ralentit, plonge un doigt en moi, alors que sa langue prend le même rythme. Lorsque l’orgasme déferle, je me cambre et crie son prénom.

Peu à peu, je reprends conscience de ce qui m’entoure, je me sens merveilleusement détendue. De l’index, je suis chaque lettre de la phrase tatouée sur son pectoral droit : Avec la douleur vient la force. Il se penche et m’embrasse. Mes doigts descendent toujours plus au sud, je lui donne du plaisir à travers ses sous-vêtements, dont il se débarrasse. Je déglutis et le regarde.

— Je… ne sais pas quoi faire.

Sans cesser de me dévorer des yeux, il prend ma main et me montre ce qu’il aime. Puis il s’étend sur le lit, tête renversée sur les oreillers. Je presse son sexe, le caresse. Son souffle s’accélère alors que mon pouce se promène sur son gland, un gémissement s’élève dans la chambre.

— Anna, oh ! Seigneur…

Je ferme les paupières, emportée par des ressentis qui me dépassent totalement. Ses halètements m’excitent. J’ai besoin de ne faire qu’un avec lui. Alors, je ralentis, me glisse sur lui, l’embrasse sans pouvoir me rassasier de son corps. Je m’empresse d’enlever le reste. Quand je me rallonge, il ne pose aucune question. Il attrape un préservatif, l’enfile et se place au-dessus de moi.

— Fais-moi confiance, Anna, j’ai tellement envie de toi…

Il me pénètre à peine, s’arrête. Je sais qu’il se retient pour ne pas me faire mal.

— Kyle… je t’en prie…

D’une seule poussée, il me possède jusqu’à la garde. Une sensation de brûlure me transperce, mes doigts s’enfoncent dans ses épaules, je me concentre sur ma respiration pour ne pas gémir de douleur. Kyle ne bouge plus. Les yeux fermés, le souffle rapide, je le vois serrer les dents. Mes mains délicatement caressent son dos, se posent sur ses fesses. Le désir remonte en moi.

— Kyle, je veux… Dis-moi. Je…

Il s’empare de mes lèvres. Ses hanches entament un rythme lent.

— Anna, je ne sais pas si je vais tenir… J’ai tellement envie.

J’ai besoin de bouger avec lui. Hésitante, je remue le bassin.

— Oui, Anna, continue ma puce.

Je gémis lorsqu’il se met à sucer mes seins, il se redresse, caresse ma peau, effleure mon ventre, enflamme mes sens, m’emmène toujours plus loin, toujours plus haut. Je soulève mes hanches allant à sa rencontre. Ses halètements et ses coups de reins de plus en plus forts et rapides me rendent folle. Mon corps est emporté par la jouissance. Mes spasmes enserrent son sexe qui s’active entre mes cuisses et…

— Anna…

Son cri résonne à travers la pièce. Son souffle est court et saccadé. En se retirant, il se laisse tomber à côté de moi et me prend dans ses bras.

À travers ses yeux mi-clos, je sens son regard sur moi.

— Je reviens, ne bouge pas !

Il enlève le préservatif, le jette dans la corbeille, remet son boxer, son jean. À la minute où il sort de la chambre, je réalise ce que nous venons de faire. Je veux m’habiller, mais j’ai du sang entre les cuisses. La porte s’ouvre et j’oublie tout. Il est magnifique, lui et sa prévenance, quand il s’agenouille devant moi. Délicatement, il me nettoie et m’essuie de la manière la plus naturelle du monde. Il m’aide à renfiler mes vêtements, en me déposant chaque fois un baiser, sur mes lèvres, mon ventre, mon front. Puis, il retire le drap de dessous, le remplace. Il vient vers moi, me prend la main et m’entraîne vers le lit. S’allongeant à mes côtés, il me serre contre lui, remonte les couvertures sur nous. Je veux juste m’étendre un moment, avant de m’en aller. Mes yeux, lourds de fatigue, se ferment tout seuls, me plongeant dans un profond sommeil.