Chapitre 20 : Coincé

Petit à petit William ouvrit les yeux, mais fut vite obligé de les fermer, étant ébloui par les touts premiers rayons du soleil levant. Il mit un peu de temps à faire en sorte que ses yeux s’habituent à la lumière. Une fois cela fait il se s’assit, ayant encore un peu mal à la tête dû au coup porté la veille. Il regarda autour de lui et vit le corps de Morgan sur le sol. Son sang ne fit qu’un tour et il se précipita au côté du châtain, écoutant les battements de son coeur en posant son oreille sur sa poitrine. Il poussa un soupir de soulagement en entendant celui-ci battre correctement. Il était vivant. William était soulagé. Son regard s’éleva sur l’horizon en direction de là où se trouvait l’île qu’ils recherchaient, où se trouvait le trésor qu’il convoitait depuis des années. Son navire n’était plus là et il le savait déjà bien loin. Voire presque arrivé à destination. Il entendit de l’agitation derrière lui. Il se retourna et vit le plus jeune assis, se tenant la tête.

-Ça va ?

-Oui…mais j’ai très mal à la tête.

-Normal. Ils n’y ont pas été de main morte pour nous tenir évanouis assez longtemps. Pour être sûr qu’ils soient loin à notre réveil. Ils ne voulaient pas qu’on puisse réussir à se glisser discrètement sur le Liberty.

-Oui c’est une théorie forte probable.

Morgan saisit la main qu'il lui tendait afin de se mettre sur ses jambes. Ensemble ils redescendirent vers la plage où ils avaient accosté la veille. Espérant trouver quelque chose
pour leur permettre de quitter cette île déserte. Arrivés à cette dernière, tous leurs espoirs s’envolèrent. Tout avait été prévu dans les moindres détails. Même celui de nettoyer la plage pour faire en sorte que les deux prisonniers ne trouvent rien leur permettant de s’échapper. Ils voulaient que le monde les abandonne à leur sort et là ils étaient servis. Rien ne pouvait faire en sorte qu’ils quittent l’île. Morgan était dépité rien qu’en voyant la plage vierge. Du sable, juste du sable, rien que du sable et rien
d’autre.

-On ne doit pas abandonner. Il y a forcément quelque chose. Ils ont bien dû laisser des choses.

Alors pendant une bonne partie de la matinée ils cherchèrent tout ce qu’avaient bien put laisser les matelots, mais c’était peine perdue. Ils ne trouvèrent que des boîtes de
nourriture et des bouteilles entièrement vides. Comme si elles avaient été laissées là pour les narguer car eux n’avaient rien. Leurs ventres se mirent tous les deux à gargouiller.

-Si on ne fait rien on va mourir de faim. Tu es un génie. Tu connais plus de choses, tu dois bien savoir ce qui se mange ou pas, non ?

-Oui, laisse-moi juste réfléchir.

Le jeune regarda autour de lui et il vit au loin des cocotiers et des bananiers. Il montra alors la direction au brun.

-Ces arbres-là et ceux-là produisent des fruits qu’on peut manger, normalement.

-Parfait, on va pouvoir se rassasier un peu au moins. Mais pour combien de temps ?

-On s’adaptera je pense.

Ils allèrent aux pieds de ces arbres mais remarquèrent que les fruits comestibles se trouvaient très haut. Il y en avait quelques-uns à terre mais beaucoup avaient commencé à
pourrir et ils ne voulaient pas prendre le risque d’attraper quoi que soit. Ils seraient livrés à eux-mêmes et rien ne garantissait une guérison.

-Prends ton épée.

-Morgan, tu sais très bien qu’ils me l’ont prise.

-Pas celle que tu caches derrière toi sous ton long manteau noir. Je suis même sûr que tu as des couteaux dans tes bottes.

-Tu m’as percé à jour.

Il prit l’épée en question et le châtain lui demanda de la lancer vers les fruits afin de couper ce qui les retenait à la branche. Ils devaient tout d’abord les choisir avec précaution. Cela fait, le brun lança son épée. Il dut s'y reprendre deux à trois fois pour que les fruits tombent enfin au sol. Ils utilisèrent la même stratégie une deuxième fois et purent enfin
manger à leur faim sur la plage. William ouvrit les noix de coco avec son épée. Ils burent le lait pour s’hydrater et se rassasièrent avec la chair de coco et les bananes.

-C’est bien beau ça mais ça ne durera pas une éternité.

-Je sais. Mais il n’y a plus rien sur la plage. Mon second, enfin Christian, avait tout prévu. On ne pourra pas partir d’ici.

Tous les deux regardèrent l’horizon avec envie. Ils voulaient tous les deux s’échapper mais rien ici ne pouvait les y aider.

-Tu sais William, depuis tout petit j’aime la mer. J’ai toujours eu cette impression que les vagues m’appelaient. Elles m’attiraient. C’est pour ça que j’ai commencé à beaucoup l’étudier
via ses mythes et légendes.

-Tes parents ont bien dû t’aider.

-Très peu, maintenant que j’y pense. Je n’ai eu droit qu’à quelques histoires. Puis après ils sont morts. Je ne me souviens pas. Tu crois qu’un jour je m'en souviendrais ?

-Qui sait. Mais ta marque indique que tes parents sont morts. Sûrement par pendaison, c’est comme ça qu’ils font pour tuer les pirates et leurs complices.

-Je vois. Au moins ils n’auront pas souffert.

-Oui je l’espère.

-Tu aurais fait quoi après avoir trouvé le trésor ?

-C’est vrai que je n’y ai pas pensé. Je pense que j’aurais tenté d’en chercher un autre. Celui de mon père par exemple. Je n’ai aucun indice mais bon. C’est sûrement ce que j’aurais fait.

-Pirate un jour pirate toujours.

-Et alors ? En plus j’aurais eu le collier de Calypso, ça aurait été plus simple. J’aurais été respecté et serai devenu une légende.

-On n’a pas forcément besoin de pouvoir pour devenir une légende.

-Mon père, Davy Jones, La Buse. Ils sont bien devenus des légendes car ils avaient du pouvoir, ils inspiraient le respect.

-La Buse, c’est plus pour son intelligence avec le cryptogramme.

-Ouais sûrement. Mais à quoi bon, on est coincés ici.

Tous deux baissèrent la tête quand une question vint ensuite au brun.

-Dis-moi, ta plume verte elle te vient d’où ?

-Ma plume verte ? Sûrement de mes parents. Pourquoi ?

-Si je te disais que je sais qui te l’a donnée, tu me croirais ?

-Évidemment. Alors qui est-ce ? Ton père ?

-Non, c’est moi.

Le châtain se stoppa en entendant ce que venait de prononcer le plus vieux d’entre eux.

-Quand tu étais petit, tu la regardais tout le temps alors qu’elle était dans mes cheveux. Un jour j’ai décidé de te l’offrir. Tu ne la lâchais plus.

-C’est vrai ?

-Oui. Alors quand le vent un jour me l’a ramenée, je l’ai prise comme un signe. Que nos chemins finiraient par se recroiser. Alors j’aimerais te la redonner.

-Mais non, c’est la tienne après tout.

Ils se disputèrent moitié à propos de cela, de qui devait hériter de cette fameuse plume verte. Mais ils finirent par se dire qu’avant de conclure quoi que ce soit il faudrait qu’ils la
récupèrent. Pour cela ils devaient partir d’ici.

-Il n’empêche que j’ai été aveugle. Comment je n’ai pas pu le voir venir ?

-Car tu étais toujours à me surveiller, me sermonner où à essayer de me tuer.

-Oui c’est vrai, d’ailleurs je t'en demande encore pardon. Au fond ce n’est pas ce que je voulais.

-Je sais. Mais tout va bien. Enfin là-dessus, pas pour notre situation actuelle.

-Haha c’est vrai. On est littéralement coincés.

Ils déprimèrent en regardant l’horizon. La journée s’écoulait lentement à leurs yeux. Christian allait avoir toutes les éloges envers les anglais pour avoir soi-disant trouvé ce trésor
mythique, ils le savaient. William soupira en prenant un coquillage sur le sable entre ses jambes. Pour ensuite dire en toute franchise a Morgan :

-Faut qu’on s’y fasse. On ne peut pas quitter cet endroit et on va y crever un jour ou l’autre.

Il jeta avec énervement le petit coquillage qu’il avait en main dans l’eau salée et calme se trouvant à quelques mètres d’eux. Celui-ci avec son impact provoqua des ondulations sur
l'eau. La légère houle que cela avait provoquée commença à se transformer en écume. Phénomène que Morgan savait anormal. Il dirigea alors le regard de William vers cela. L’eau commença alors à s’élever, ce qui leur fit peur et ils se levèrent sous la surprise. Ils reculèrent de quelques pas, par peur. Mais ils étaient également curieux face à ce
phénomène. L’eau commença à bouger et à prendre une forme humanoïde sous leurs yeux, en quelques secondes seulement. Une fois celle-ci achevée elle représentait une femme aux cheveux longs. Son corps était totalement translucide, seuls ses yeux se démarquaient. Soudain cette femme d’eau prit la parole en s’adressant à eux et à particulièrement l’un
d’entre eux.

-Bonjour, Morgan.

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