Une fois ces mots prononcés elle tenta de s’approcher, mais elle sembla ne pas pouvoir faire plus que quelques petits pas. William voyant cela dégaina son épée par instinct afin de
les protéger. Malgré cela Morgan sentit que cette femme formée par l’eau ne leur voulait aucun mal. Comment ? Il ne le savait pas, il le ressentait au plus profond de lui. Alors il mit sa main sur la lame et l'abaissa, ce que le brun ne comprit pas à cet instant.
-Mais qu'est-ce que tu fais ?
-Cette femme ne nous veut aucun mal.
-Comment peux-tu le savoir ?
-Tu es Calypso, la déesse des mers. Je me trompe ?
La concernée releva les yeux vers le plus jeune avant de lui répondre :
-Oui c’est exact. Mais en réalité je suis une nymphe des mers. Je suis simplement la seule ayant survécu à un cataclysme provoqué par les dieux supérieurs. Ainsi je fus nommée
gardienne des mers. Ce que vous vous appelez déesse.
William rangea son épée derrière son manteau avant de prendre à son tour la parole, s'adressant à la déesse face à lui.
-Merci pour la leçon d’histoire. Mais je doute que ce soit pour cela que vous êtes ici.
-En effet. Cependant Morgan sait pourquoi je suis là.
-Moi ?
-Oui. Cherche au plus profond de ta mémoire.
Le châtain commença à réfléchir mais sur le coup rien ne vint. Puis, un instant, il crut entendre la voix de sa mère résonner dans sa tête.
-on dit qu'elle viendra à celui ou celle qui aura vraiment besoin d'elle sur l'océan.
À ce moment, il comprit qu’il était donc digne d’être sauvé par la déesse des mers ellemême. Mais cela valait-il également pour William ?
-Alors Morgan, as-tu trouvé ?
-Je pense. Un jour ma mère a déclaré que la déesse des mers viendrait en aide à celui qui en aurait vraiment besoin sur l’océan. Je me souviens également que pour cela il fallait y croire au plus profond de soi.
Face à cette réponse, la déesse calypso acquiesça et avoua qu’il correspondait parfaitement à ces qualités. Ce qui sur le moment réjouit le châtain, vu qu’il était digne de rencontrer celle en qui il avait foi depuis l’enfance. Mais il ne s’attendait pas à ce que la déesse allait lui révéler ensuite.
-Surtout toi, mon descendant.
Là ce fut le bug total, et ce pour les deux hommes face à la déesse. Le concerné par cette révélation ne comprenait pas du tout. Lui, le descendant de Calypso ? Mais comment ? Il
avait mille et une questions à lui poser. Mais sur le coup il se dit que finalement cela ne pouvait être possible. Alors il commença par nier les faits.
-Non, c’est impossible.
-Si, c’est la vérité. Je suis ta grand-mère du côté de ton père.
-Non…mais comment ?
William regarda tour à tour les deux personnes. Puis il remarqua une chose. Il s’avança vers le plus jeune et mit sa main sur son épaule, puis fit un oui de la tête. Morgan ne comprit
pas pourquoi le brun commençait lui aussi à croire que la déesse avait raison.
-William, mais pourquoi ? C’est impossible.
-Tu ne le vois pas mais moi si, regarde-la bien. Regarde bien ses yeux. Ce sont les mêmes que toi.
-Mes yeux… ?
Il mit sa main droite sous son oeil droit tout en regardant les yeux de la déesse. Il réalisa que le plus vieux avait raison. Leurs yeux étaient en tous points semblables, d'une
couleur unique. Celle de l’océan. Calypso expliqua ensuite que la vague à son arrivée sur le Liberty était due à son pouvoir, à cause d'une expansion de ses sentiments, soit la peur à ce moment précis. C’est également pour cela que celle-ci ne l’avait pas touchée.
-Et pour William ?
-Je pense avoir la réponse. Je pense que c’est parce que j’étais tout de même ancré dans ta caboche et que ton pouvoir l’a perçu.
-C’est vrai que dit comme ça. Cela paraît logique. Mais je n’ai jamais vu mon père faire quoi que ce soit en rapport avec ce genre de pouvoirs.
-Je peux tout te raconter si cela te fais plaisir.
-J’aimerais volontiers.
-Juste une question.
-Oui ?
-Que connais-tu de mon histoire ?
Morgan évoqua celle que lui racontait sa mère lorsqu'il était enfant, mais qu’à part ça il ne savait rien d’elle. Notamment, il ne savait pas que la déesse des mers était également sa grand-mère paternelle. Calypso lui dit que ce n'était pas trop mal pour un début mais que tout n'était pas dit dans cette histoire.
-Bien. Pour commencer tu es au courant de ma relation avec Davy Jones. Cependant rien n’est dit sur la façon dont je me suis libérée.
-C’est vrai ça.
-Eh bien c’est ton père qui m’a libéré par son amour sincère pour sa mère.
-Mais tu ne t’es pas présentée à Davy Jones, c’est pour ça qu’il t’a emprisonnée dans les abysses.
-En effet mais mon organisme est différent de celui des humains. C’est pour ça qu’on vieillit lentement voire très lentement. C’est donc pareil si on enfante.
-Mon père vieillissait normalement pourtant.
-Car son père n’est pas un dieu mais un humain. Son père est Davy Jones. Voilà pourquoi. Ton père, contrairement à toi, n’était pas vraiment attiré par la mer et en avait parfois même peur.
-Pourquoi ?
-Sûrement à cause de l’influence de son père, qui a dû le rendre ainsi pendant que je le portais. Mais aussi ma colère à son sujet.
-Mais pourquoi n’es-tu jamais revenue ?
-Car je ne peux fouler la terre que tous les cinquante ans. C’est une punition que m’a infligé le dieu supérieur car il y a fort longtemps j’étais amoureuse d’Ulysse.
-Ulysse, le Ulysse ? De la légende éponyme ?
-Oui. Je l'avais emprisonné pour être avec lui. Le dieu supérieur n’a pas apprécié et m’a puni. J’ai dû libérer Ulysse et il a vécu sa vie loin de moi. Puis bien plus tard j’ai rencontré ton grand-père et tu sais à peu près tout.
-Pour mon père ?
-Oh oui je n’avais d’autre choix que de le laisser là. Je n’étais pas sûre qu’il possède mon pouvoir, bien qu’il soit inscrit dans son code génétique. Alors j’ai pris forme humaine, je l’ai
enfanté et l’ai abandonné dans un orphelinat afin qu’il grandisse. Si malgré cela il revenait vers moi, qu’il était attiré par la mer cela voulait dire qu’il avait la capacité de contrôler la
mer. Maintenant tu sais tout sur mon histoire.
Morgan et William restèrent quelque peu bouches bées par cette histoire. Mais ils étaient loin d’avoir toutes les révélations sur les origines et les pouvoirs cachés de Morgan, petit-fils d’une déesse en qui beaucoup croyaient. Ils étaient tous les deux perdus, surtout le plus jeune. Cependant la déesse ne leur avait pas tout dit. Il lui fallait leur en parler, sinon leur avenir à eux, voire celui de tous les êtres humains était compromis. Surtout celui des marins.
-Écoute, je ne suis pas là uniquement pour ça Morgan.
-Ah oui, pour quoi d'autre alors ?
-Mon collier. Il représente un danger.
-Il possède un grand pouvoir, je sais.
-C’est pire que ça. Il a été nourri par la haine que Davy Jones avait pour moi. Je le lui avais donné en guise de cadeau lors de notre dernière rencontre. Puis il l’a gardé durant tout le
temps où il me haïssait, sûrement car au fond il m’aimait toujours.
-Euh je ne suis pas sûr de comprendre.
-Si quelqu'un a le malheur de rentrer en contact avec, l’âme tourmentée de ton grand-père prendrait le contrôle et je n’ose imaginer ce qu'il se passerait.
-Pourquoi La Buse l’avait en sa possession alors ?
-Je lui avais confié car je ne pouvais le détruire. Il m’avait promis qu’il ferait en sorte qu’on ne le trouve jamais. Cela avait plutôt bien marché jusqu’ici.
-Pourquoi ne nous avoir pas empêchés de le trouver alors. En nous faisant dériver pour ne pas arriver à temps sur cette île ?
-Car j’ai foi en toi Morgan. Tu as cru en moi depuis tellement longtemps. Toi aussi William, à ta façon, et je t’en remercie.
-Tu as cru en moi ?
-Oui et j’y crois toujours. Tu peux contrer la haine du collier. Toi tu peux aller à terre, pas moi.
-Je veux bien mais je n’ai pas le pouvoir.
-Tes pouvoirs sont liés à tes émotions, tes ressentis, tes sentiments. Tu dois ressentir au plus profond de toi ce qui coule dans tes veines, afin de modéliser à ta guise l’océan et bien plus encore.
-D'accord. Mais comment je fais pour que la rage s’efface du collier ?
-Il te suffira d’ouvrir ton coeur pour que l’esprit de Davy Jones se calme. Mon esprit t’accompagnera dans cet affrontement car tu es mon descendant.
Morgan voulait y croire plus que tout au monde. Il voulait réussir et montrer ce dont il était capable. Prouver qu'il pouvait y arriver pour elle, celle dont il a entendu l’histoire tant de
fois. Tellement qu’il pleurait parfois de cette tragédie qui aujourd’hui n’était toujours pas finie. Il voulait mettre ce point final, mais il se sentait actuellement incapable de le faire. Face à eux se trouvaient leurs vieux camarades mais également l’armée Anglaise qui voulait sûrement être certaine d’obtenir leurs biens. Pour ça ils étaient prêts à tout. Puis une question
lui vint.
-Calypso. Comment la rumeur que La Buse possédait votre collier s’est-elle répandue ?
- À cela je peux répondre, Morgan.
Intervint le brun, un peu mis de côté dans cette discussion. Il expliqua que c'était un membre de l’équipage de La Buse qui avait un peu bu qui avait lâché le morceau dans un bar fréquenté par des pirates. Puis après ça s’est répandu peu à peu à l’oreille de nombreux pirates.
-Alors les anglais pourraient ne pas être au courant ?
-C’est possible. Mais on ne peut être sûrs de rien. Ils pourraient nous faire croire le contraire depuis le début.
-Puis il y a leur armée. Comment pourrait-on les vaincre ? C’est impossible, ils ont la plus grande flotte du monde. Calypso réagit à cette réflexion et sembla avoir une idée.
-Je crois que j’ai la solution pour ce problème.
-Vraiment ?
Elle acquiesça en disant penser à une créature qui était un vieil ami à elle. Qu’il pourrait être fort utile face à l’armée anglaise et qu’elle ne serait donc pas un problème. Les
deux hommes étaient tout enjoués et demandèrent de quelle créature il s’agissait :
-Il s’agit du Léviathan.
-Le Léviathan ?
-Ne serait-ce pas un serpent géant, que l’on nomme aussi le serpent fuyard ?
-C’était le cas il y a fort longtemps. Mais mon ami n’est pas fuyard du tout, crois-moi. Il n'en existe qu’un au monde. À sa mort il pond juste un oeuf, raison pour laquelle il n'y en a
toujours qu’un. Il est à la fois papa et maman. Mais je pense que ce genre d'informations ne vous sont pas utiles.
-Je veux bien de son aide mais il vit dans l’eau et nous sommes des êtres humains. Nous ne pourrons jamais retenir notre respiration assez longtemps. Même si c’était le cas, nous serions broyés par la pression de l’eau.
Calypso fit signe à Morgan d’approcher car elle ne pouvait pas avancer plus, étant à la limite de la mer. Il le fit et arriva à sa hauteur. Il remarqua qu’il était plus grand que sa forme humanoïde totalement recouverte d’eau. Il lui murmura alors en voyant cela :
-Serais-je ainsi plus tard ?
-Seulement si tu le souhaites à ta mort.
-Mon père a-t-il eu ce choix ?
-Je suis navré mais non. Toutefois il sera toujours là.
Dit-elle en lui montrant son coeur. Elle prit comme elle le put les joues maintenant humides du jeune homme, afin que leurs yeux océan se croisent. Puis elle ajouta simplement :
-Écoutes la voix qui t’appelle.
Instinctivement il ferma les yeux. Une fois fait William, les regardant de loin, vit les yeux de la déesse briller un court instant et retomber en flaque juste après. Elle avait disparu, retournant à l’état de légende. Comme si tout cela n'était qu'un rêve. Mais ils savaient très bien que ce n’était pas le cas. Le châtain rouvrit les yeux, mais le brun vit une différence dans son comportement. Il semblait tiré par quelque chose ou quelqu’un. Il s'était mis à marcher vers la montagne en l’ignorant. Le plus vieux le suivit et essaya de le réveiller mais il se fit repousser par le plus jeune. Il continuait d’avancer, mais vers où ? Ils arrivèrent finalement là où se trouvait la mort en pierre. Il le voyait avancer encore et encore vers le vide et la mer en dessous, qui était curieusement calme. Il pouvait se briser la nuque à tout instant. Il courut alors vers lui et se retourna vers le plus vieux. L'instant d’après, il tomba en arrière sans que William n’ait le temps de le rattraper.
-Morgan !
Hurla le pirate en le voyant tomber dans l’eau. Il vit tout de suite qu’il ne réagissait pas car il n’y avait pas de remous. Il prit alors l’initiative de sauter à son tour pour le sauver. Il le
devait. Il n’aimait pas les morts inutiles et là il était à sa portée, alors il allait le sauver. Qu’il le veuille ou non. Même si l’océan était contre lui, il continuerait jusqu’à ne plus pouvoir
respirer. Une fois sous l’eau il devina difficilement la silhouette du châtain par la mauvaise vue que possède l’Homme dans l’eau. Il se dirigea vers lui mais le tatouage que Morgan portait à son bras droit, puis son corps, se mirent à briller d'une étrange lumière. William avait reculé de peur et, ébloui par la lumière, ne vit pas la falaise derrière lui. Il se la prit violemment à la tête. Alors que la lumière s’estompait, le brun sombrait dans l’inconscience totale et commençait à couler au fond de l’océan. Était-ce la fin pour lui ? Son destin était-il de mourir ici ? Ou la lumière annonçait-elle l’espoir et la liberté assurée pour les deux hommes piégés là ?