Chapitre 20 : L'ombre d'un mystère

Notes de l’auteur : J'ai l'impression que ce chapitre, n'est pas assez détaillé. N'hésitez pas,à me faire part de vôtre ressenti....

Ils venaient de remettre leur rapport à Théo. À présent, Élika et Eren marchaient en direction de la forêt.

Elle lui avait expliqué ce qu’elle pensait : qu’un gros animal — ou quelque chose d’autre — se cachait probablement dans les bois.

Après tout, toutes les fermes attaquées bordaient la lisière.

Eren, de son côté, ne s’était pas montré très enthousiaste.

Il avait même cherché des excuses pour éviter cette sortie.

Enfin… c’est ce qu’elle avait cru.

Mais Théo n’avait pas partagé son avis.

Et les voilà maintenant, envoyés en patrouille dans les bois, malgré tout.

Les brindilles et les feuilles mortes craquaient sous leurs pas, étouffées par la mousse.

Élika scrutait la vaste forêt qui s’étendait devant eux, majestueuse et silencieuse.

Quelques chants d’oiseaux résonnaient au loin, mais rien de remarquable.

Rien, sauf ce martèlement régulier — sec, profond — contre un tronc.

Un pic noir.

Le son résonnait entre les arbres comme un avertissement discret.

Elle ne ressentait rien d’anormal.

Et pourtant, quelque chose clochait.

— C’est d’un calme olympien, lâcha-t-elle en jetant un regard autour d’elle.

Eren ne répondit pas tout de suite. Il scrutait les alentours, plus tendu qu’il ne le laissait paraître.

— Je ne m’attendais pas à plus, répondit Eren sans détourner le regard du chemin.

— On devrait peut-être s’aventurer hors du sentier, proposa-t-elle en s’arrêtant.

— Si j’étais une bête féroce, je ne resterais pas en plein milieu du chemin.

Le tout dit avec une pointe d’ironie.

— Bête féroce… seulement ça ? Voyons, répondit Eren sans détourner les yeux, scrutant les recoins avec attention.

Il avait l’air plus sérieux que d’habitude.

C’était pourtant le premier à sortir une blague pour détendre l’atmosphère.

Mais pas aujourd’hui.

Élika se détourna du sentier.

Elle tendit ses sens, espérant capter une vibration, une trace d’énergie… mais rien.

Aucune onde. Aucun frisson.

Elle continua à avancer malgré tout.

Elle enjamba quelques branches épaisses sous les craquements, écarta des feuillages encore tenaces, recroquevillés mais debout malgré l’automne.

Derrière elle, elle sentait la présence d’Eren.

Il ne disait rien, mais elle savait qu’il la suivait, à quelques pas.

Quelque chose l’interpella.

Le chant des oiseaux avait cessé.

Même le martèlement régulier du pic noir s’était tu.

Elle ralentit le pas, attentive.

Ils arrivaient à proximité d’un énorme rocher, large et abrupt, qui dépassait bien les dix mètres de haut.

Sa surface était couverte de mousse épaisse, presque spongieuse, et de champignons aux teintes brunes et grises.

L’air était plus humide ici.

Elle pouvait sentir l’odeur de terre mouillée, de végétation en décomposition.

Son regard fut attiré par un mouvement. Une ombre.

Elle sentit ce picotement caractéristique au fond de ses yeux.

C’était son sang de démon qui réagissait.

Cette sensation — aussi étrange qu’inconfortable — la mettait en alerte.

Prête à capter ce que d’autres ne pouvaient percevoir.

Elle s’avança lentement, guidée par cette ombre, focalisée sur elle.

Sans prêter attention à ce qui l’entourait.

Comme si son champ de vision s’était réduit à ce seul point.

L’ombre paraissait recroquevillée. Tapie dans l’attente.

Elle ne bougeait presque pas, mais Élika pouvait percevoir un frémissement.

Un mouvement lent.

Calculé.

— Élika, où vas-tu ?

La voix d’Eren résonna derrière elle, un peu plus loin.

Mais elle ne répondit pas.

Elle l’avait entendu, bien sûr…

Mais elle était trop concentrée.

Ses yeux restaient fixés sur l’ombre.

Ses pas, sur une trajectoire qu’elle ne contrôlait plus vraiment.

Là, elle l’entendit.

Un battement de cœur. Rapide.

Un souffle rauque, régulier. Animal.

Plus elle approchait, plus l’ombre se recroquevillait, comme sur elle-même.

Prête à bondir… ou à fuir.

— Élika !

Elle n’eut pas le temps de comprendre.

Eren venait de l’attraper.

Elle sentit son torse contre son dos, la pression de ses bras qui la retenaient.

Il l’avait soulevée juste à temps.

— Mais qu’est-ce qui te prend ?! lâcha-t-elle, plus agressive qu’elle ne l’aurait voulu.

Elle ignorait si c’était parce qu’il l’avait arrêtée… ou parce qu’elle se retrouvait si proche de lui.

Elle sentait son souffle sur sa nuque.

— Regarde où tu allais mettre les pieds.

Elle baissa les yeux.

Un puits.

Ancien.

Large et profond.

Elle n’en voyait pas le fond, même avec sa vision nocturne.

Eren la tenait toujours dans ses bras.

Elle frissonna.

Sûrement à cause de sa propre erreur.

Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait pu baisser sa garde à ce point.

Ce genre de faute… c’était inconcevable pour elle.

Son regard glissa à nouveau vers l’endroit où elle avait vu l’ombre.

Plus rien.

Disparue.

Et elle en était certaine : ce n’était pas un animal ordinaire.

Pas un être issu du monde des mortels.

Autour d’eux, la forêt reprenait vie.

Le chant des oiseaux résonna de nouveau.

Et au loin, le pic noir s’était remis à marteler le tronc, imperturbable.

Eren, toujours sans un mot, effectua une légère rotation en la tenant.

Il avança de quelques pas.

Juste ce qu’il fallait pour la soustraire à la proximité du trou béant.

Une chose était sûre :

Eren n’éprouvait aucune difficulté à la soulever.

Elle se sentait légère entre ses bras.

Presque comme une plume.

Une plume entre ses bras chauds.

Étrangement rassurants.

Il la reposa enfin.

Mais resta derrière elle.

Sa voix résonna à son oreille, basse, tendue :

— Je savais que c’était une mauvaise idée de venir.

Le ton était sec. Brut.

— On est censés vérifier, non ? répliqua-t-elle, piquée.

Encore honteuse de son erreur.

Une erreur qu’elle n’aurait jamais dû commettre.

Pas elle.

— Oui, enfin… là, à part te mettre en danger, ça n’a servi à rien !

Le ton claqua comme une gifle.

Elle ne sut quoi répondre.

D’habitude, c’était elle qui reprenait les autres pour leurs erreurs.

Pas l’inverse.

Elle inspira profondément, tentant d’évacuer cette pression qui lui serrait la gorge.

Faire une erreur…

Et devant Eren, en plus.

Il avait dû percevoir son désarroi.

Sans un mot, il s’avança et posa une main sur son épaule.

Un frisson lui remonta le dos.

Elle leva les yeux vers lui.

Ses cheveux noirs, relevés comme toujours.

Son regard sombre. Intense.

La chaleur lui monta aux joues.

— Je suis désolée…, murmura-t-elle.

Et à peine les mots sortis, elle se demanda pourquoi elle s’était excusée.

Devant quelqu’un qui ne pouvait pas comprendre ce qu’elle avait perçu.

Ce frisson, cette ombre, cette urgence viscérale…

Il ne pouvait pas sentir les choses comme elle.

— Ce n’est rien… ça arrive.

Il parut gêné.

Un silence s’installa.

Il se gratta la tête, comme s’il cherchait quelque chose à ajouter… mais ne trouva rien.

— Tu veux un café ? demanda-t-elle avec un léger sourire.

Il sembla soudainement soulagé.

— Oui… vraiment. Je suis en manque !

 

 

 

 

 

Eren poussa un soupir discret.

Enfin, ils étaient sortis de cette satanée forêt.

Quand Élika avait proposé à Théo de s’y rendre, son sang n’avait fait qu’un tour.

Non.

Pas question de l’y emmener.

Pas avec ce qu’il savait.

Pas avec ce qu’il avait vu avec Kael.

Il n’y avait plus l’ombre d’un doute :

Un Varnak se cachait là-dedans.

Et s’il avait raison…

Alors ce n’était que le début.

Alors, quand il l’avait vue se jeter en avant, insouciante de ce qui l’attendait, il n’avait pas cherché à comprendre.

Il avait senti quelque chose. Même sans l’apercevoir.

Et quand Élika s’était dirigée droit vers ce puits, les yeux rivés vers l’inconnu, son cœur avait accéléré.Il n’avait rien vu, rien senti. Juste cette sensation étrange, ce pressentiment qui lui hurlait de bouger.

L’adrénaline avait pris le relais.

Il avait foncé. À sa vitesse. Celle d’un ange.

Il avait toujours été plus rapide que son frère.

C’était peut-être ça, la différence.

Les anges étaient plus rapides.

Les démons, plus précis.

Un équilibre qui, ce jour-là, lui avait permis de la rattraper à temps.

Il l’avait soulevée comme une poupée de chiffon.

Elle s’était immédiatement raidie dans ses bras.

Le contact l’avait figée — autant par surprise que par cette proximité soudaine.Une de ses mèches argentées s’était mêlée à son visage.

Elle dégageait une odeur sucrée et fleurie.

Plus ils s’éloignaient de cette maudite forêt, plus Eren sentait son souffle se libérer.

Il était rassuré. Sur Élika. Sur ce qui aurait pu arriver.

Ses épaules se relâchèrent peu à peu.

La tension, ancrée depuis le matin, commençait enfin à retomber.

— Ta sœur t’a parlé du festival ce week-end ?

Il avait repris son ton enjoué, habituel. Comme si s’éloigner de cette forêt l’avait rendu à nouveau aimable.

— Oui… mais pour te dire la vérité, je ne suis pas très sereine à l’idée qu’elle y aille, répondit Élika en baissant un peu la voix.

— Ah oui… Kael m’avait dit que tu étais… un chouïa — il pinça deux doigts dans un geste amusé — trop protectrice avec ta sœur.

Il lui adressa un sourire franc, sans aucune méchanceté, juste pour la taquiner un peu.

Les joues d’Élika prirent une légère teinte rosée. Il avait réussi à la toucher.

— C’est vrai que… je ne les ai pas très bien accueillis, le soir où ils sont rentrés plus tard que prévu…

— Tu n’as qu’à y aller avec elle…

Élika mit quelques secondes avant de répondre, l’air perplexe :

— Moi ? Dans un truc plein de monde avec des spectacles de bouffons ?

Le rire d’Eren éclata, franc et sincère.

— On dirait Kael, lança-t-il, encore amusé.

— Tu comptes y aller, toi ? demanda-t-elle.

— Ça ne me dérange pas... Mais mon frère n’ira que si Ayra y va. Il s'en fout pas mal que j'y aille, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

— Aaah, et du coup, tu veux que je vienne pour te tenir compagnie ? lança-t-elle, un sourire moqueur aux lèvres.

Elle le poussa doucement du bout du poing contre le bras, pour le charrier.

Eren esquissa un sourire en coin, faussement outré.

— Eh, je peux très bien me débrouiller tout seul, tu sais !

Mais il baissa vite les yeux, comme pour cacher qu’au fond, il n’aurait pas dit non à un peu de compagnie.

Ils continuèrent à marcher jusqu’à atteindre la petite place de l’église. L’air sentait légèrement l’humidité des vieilles pierres, et quelques voix résonnaient au loin. C’était devenu leur point de pause sans même qu’ils s’en rendent compte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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