La voix du Mandalorien résonnait encore dans la grotte lorsque Nasha et Twik surgissent à l'intérieur, sans laisser le temps au chasseur de répondre. La Twi'lek afficha un petit sourire content et satisfait, son habituel air espiègle plaqué au visage, et les yeux rivés sur le chasseur. Elle était véritablement heureuse que son plan ait fonctionné, et voir son ami ainsi sourire - même faiblement - faisait son bonheur. La réparation du casque mythique du mercenaire allait enfin pouvoir commencer, signe que l'état de Orn s'améliorait enfin. Beaucoup de choses avaient changé, et Nasha était presque sereine face au futur. Si le Twi’lek allait mieux, elle pourrait retourner voir les Fulcrum et enfin rejoindre les Rebelles. Elle espérait que Orn la suivrait dans ce combat, mais Nasha le comprenait, et voulait surtout qu'il fasse la paix avec lui-même et ce passé qui le hantait tant. Tenant son casque bleu dans les mains, elle s'approcha de son ami en baissant légèrement la tête, presque comme pour s'excuser. La Twi'lek avait beau avoir voulu aider le chasseur, elle comprendrait entièrement si ce dernier lui en voulait, puisqu'elle ne lui avait pas demandé son avis. Cependant, Orn, décidant d'ignorer la possibilité que son équipage avait peut-être écouté l'entièreté de sa conversation avec le Mandalorien, lui rendit son sourire, avec une expression de pure gratitude.
Sans Nasha, il savait qu'il serait toujours à se morfondre dans son coin, piégé par ses pensées sombres. Le chasseur s'avança vers elle doucement, et posa son front tendrement sur le sien. La Twi'lek souffla légèrement, rassurée par ce geste devenu rituel et naturel. Elle murmura une excuse sincère, mais Orn secoua la tête, lui faisant comprendre qu'elle avait bien fait. L'admettre à voix haute devant le Mandalorien aurait fait trop mal à son égo, mais il savait que Nasha le comprenait presque à la perfection. À travers ce simple geste de la tête, non seulement le chasseur la confortait dans son choix, mais il la remerciait. Il la remerciait pour avoir pensé à lui ainsi, pour s'être inquiétée et pour lui avoir permis de se réconcilier avec Fett et ses souvenirs d'années de vie commune qui le faisait moins souffrir. Il la remerciait pour être seulement là, alors qu'il n'avait jamais compté que sur lui-même auparavant.
Pourtant, cette étreinte avait un goût amer, malgré sa douceur et son réconfort, comme s' il savait que bientôt, Nasha allait partir. La Twi'lek n'avait toujours pas pris de décision, mais Orn se doutait qu'elle allait les quitter pour enfin suivre ses idéaux. Elle-même le savait, bien qu'elle se bornât à attendre avant d'agir, préférant ignorer une discussion douloureuse. Cette sensation de nostalgie naissante ne ternit cependant pas leur rite, et l'étreinte fut finalement brisée par le Twi’lek, qui souriait toujours légèrement. Il voulait savoir où son amie partait lors de ses périples hors de leur cachette, mais le chasseur savait qu'elle lui dirait lorsqu'elle serait prête à annoncer sa décision.
S'il ne voulait plus de mystères et de non-dits, Orn respectait les silences des décisions difficiles qui se préparaient doucement. Nasha affichait toujours son sourire espiègle, mais lança un regard furtif vers le Mandalorien, qu'elle voyait pour la première fois sans son casque. Le chasseur le remarqua, et sentit le malaise de son collègue, qu'il savait mal placé face à l'âge de la Twi’lek. Fett baissa les yeux face à la curiosité de Nasha, espérant qu'elle n'avait jamais rencontré de Clone auparavant. Il n'aimait pas que, lorsque d'autres le regardaient, ils voyaient en réalité le visage de son père. Le Mandalorien avait également conscience de ses nombreuses cicatrices ornant sa peau, et se sentait vulnérable devant l'équipage du Vautour Couronné, sans son casque vert.
Fett s'était mis instinctivement à l'affût, prêt à se défendre si jamais une question sur son héritage surgissait. Tatooine n'était pas un lieu accueillant pour les Clones, tout fils de Jango qu'il était. Il n'avait pas remarqué le droïde noir et rouge, resté à l'écart, croisant les bras d'un air désapprobateur et ennuyé. Orn avait toujours trouvé fascinant cette capacité que Twik avait d'être extrêmement expressif malgré son visage robotique et fixé, et le droïde était le premier à faire entendre son avis. Ainsi, fidèle à lui-même, le droïde s'avança doucement mais bruyamment, amenant toute l'attention vers lui et brisant la tension du Mandalorien. Le chasseur leva les yeux au ciel, redoutant déjà les paroles de son co-pilote. Nasha, quant à elle, haussa un sourcil en anticipation.
"Donc, si je comprends bien… Maintenant que tu ne veux plus tuer ce crétin de Mandalorien, je vais devoir le supporter ?" demanda-t-il d'un ton dépité.
Fett pencha la tête d'un air énervé et agressif, n'ayant pas regretté les remarques de cet ancien droïde de combat. Ce dernier faisait parfois resurgir en lui des souvenirs qu'il craignait, faisant apparaître sous ses yeux la silhouette d'un Jedi au sabre-laser violet, combattant avec rage dans une arène remplie de robots Séparatistes. Ces images insoutenables étaient la raison pour laquelle le Mandalorien n'avait jamais aimé Twik et savait qu'il ne l'aimerait jamais, malgré les longs moments qu'il avait passés à ses côtés auparavant.
"Crois-moi, cette idée ne me réjouit pas non plus…
— Sans doute parce que tu devras réaliser l'ampleur de tes actions," rétorqua le robot d'un ton accusateur.
L'expression de Fett changea en un instant, passant d'un air énervé à un visage teinté de culpabilité et de remords. Il détourna le regard, sachant pertinemment que Twik avait raison. Le Mandalorien n'avait qu'à observer la peau à l'air libre du Twi'lek pour apercevoir un fragment des cicatrices que l'embuscade lui avait laissées. Être désolé ne suffisait pas, il le savait, et Orn était toujours affecté par cet événement qui avait failli lui coûter la vie. Fett pris son casque vert entre ses mains, tentant de se concentrer sur le métal cabossé au contact réconfortant. Il ne voulait pas perdre la face devant l'équipage du Vautour, et souhaitait définitivement se débarrasser de la vulnérabilité qu'il ressentait. D'un geste ferme, mais tremblotant, Fett remit son casque, cachant les expressions de son visage et se renfermant dans cette armure bien plus que physique, et se mit à fixer le fond de la grotte. Il lâcha un soupir contrôlé qui sonna ennuyé, mais ne trompa pas Orn, qui fusilla son co-pilote du regard. Ce n'était pas en assaillant le Mandalorien de ses fautes qu'il ne pouvait pas changer que les deux chasseurs pourraient avancer pour vivre enfin entièrement.
Ces piques contre le mercenaire à l'armure verte étaient aussi à double tranchant, car si Twik voulait surtout affecter Fett, les remarques qu'il faisait touchaient également Orn, remuant le couteau dans la plaie. Le chasseur n'avait pas non plus envie de subir à nouveau les disputes entre son co-pilote et le Mandalorien, et voulait simplement du calme et de la paix. Twik comprit presque immédiatement cela face au regard du Twi'lek, et haussa les épaules de mauvaise grâce, signifiant à Orn qu'il arrêterait de sous-entendre la trahison de Fett, bien qu'il le détestât. Le droïde avait beau vouloir faire regretter au Mandalorien ses actions, il tenait trop au chasseur pour être une source volontaire de mauvais souvenirs. Alors il se dirigea vers un coin de la grotte et s’assit sur le sol, prenant au passage le gadget de Nasha et quelques outils pour vérifier le radar en même temps qu'il entretenait son système.
"Il faudra acheter de la peinture pour ton casque. La cassure a enlevé la couleur à plusieurs endroits," dit Fett, changeant le sujet et tournant toujours le dos aux deux amis.
Nasha lâcha un petit rire à cette remarque, qui fit immédiatement retourner le Mandalorien, voulant savoir pourquoi la jeune femme riait ainsi. Il la regarda dans les yeux et pencha légèrement sa tête, d'un air que son casque rendit menaçant et froid. Loin d'être impressionnée - bien que le mercenaire lui eût fait peur à Mos Eisley - Nasha continuait de sourire, observant l'armure de Fett qui contrastait avec ses propos. Verte et rouge, la peinture était absente à de nombreux endroits, laissant paraître le métal de Beskar qui brillait légèrement face aux Soleils.
Ces absences de peintures, signes des différentes défaites que le Mandalorien avait vécues, étaient souvent accompagnées de fissures et de bosses héritées de combats rudes auxquels il n'avait échappé que de justesse. Nasha laissa ses yeux couler sur ces nombreuses zones sans discrétion, un sourire narquois animant légèrement son visage. Imitant Fett, elle pencha également la tête et haussa un sourcil. La Twi'lek était réellement intriguée par ce mercenaire qu'elle ne connaissait que par sa triste réputation. Pourtant, sous son casque, elle avait bien vu un homme vulnérable et désireux de se faire pardonner, et qui n'aimait pas être au centre de l'attention. Le Mandalorien avait cependant une fierté bien particulière et étrange, que Nasha voulait comprendre. Il n'avait pas l'air d'être le genre de personne à se contredire, alors qu'il propose à Orn de réparer son casque tout en ne prêtant visiblement pas attention à sa propre armure.
"As-tu regardé ton armure, avant de dire cela ?" demanda-t-elle, avec une pointe d'humour.
Cependant, Fett ne sembla pas trouver cela drôle. Il leva imperceptiblement le menton, et redressa les épaules d'un air fier et sec.
"Je ne suis pas de ces Mandaloriens qui cachent leurs défaites," répondit-il de sa voix rauque.
"Quel genre de Mandalorien es-tu, alors ?
— Le genre qui suit les pas de son père," dit-il simplement, sans élaborer plus.
Espérant que le sujet était clos, Fett se tourna vers le chasseur, mais Nasha n'avait pas fini son interrogatoire. La Twi'lek était une scientifique, elle avait besoin de tout savoir. Et si le Mandalorien voulait garder sa part de mystère, ses paroles avaient suscité la curiosité de Nasha, qui n'avait pas encore toutes les réponses qu'elle voulait.
"Mais pourquoi repeindre le casque, si tu méprises ceux qui le font ?"
Orn esquissa un sourire, tandis que Fett soupira. Le chasseur adorait la logique sans faille de son amie, qui repérait les paradoxes avec une facilité surprenante. Et bien qu'il comprît l'irritation du Mandalorien face à ces questions précises, le Twi’lek voulait connaître lui-aussi la réponse qu'il donnerait, même s'il savait que les intentions de son collègue étaient dénuées de méchanceté.
"Parce que cette défaite ne le définit pas et qu'il n'est pas un Mandalorien. Maintenant, si tu as fini avec tes questions, nous ferons mieux d’y aller avant que les Soleils ne se couchent…”
Nasha fit une moue d'excuses mêlées à une déception, ayant envie de questionner davantage Fett mais respectant le refus qu'il venait de prononcer. Il avait raison sur un point, cependant : la nuit commençait à tomber, et ils ne pouvaient risquer de croiser les mercenaires qui se réveillaient lorsque les Soleils ne brillaient plus. Elle mit son casque turquoise et noir, prête à partir, mais alors que le Mandalorien s'apprêtait à la suivre, Orn se planta rapidement entre les deux personnes casquées, venant de se rappeler d'un détail important.
"Fett, s’il y a une chose que je ne pourrais jamais faire, c’est te laisser utiliser mes Crédits, même si tu achètes quelque chose pour moi," dit-il avec le ton d’un chasseur qui venait de se faire voler sa prime.
Le concerné rigola doucement sous son casque, et fouilla un instant dans les poches de sa ceinture de sa main droite. Il sortit un long tube transparent à l’intérieur duquel les Twi’leks reconnurent immédiatement des Crédits. Un éclat d’avidité scintilla dans les yeux du chasseur devant la quantité conséquente de cet argent, qui regarda ensuite son collègue d’un air suspicieux. Il ne bougea pas lorsque Fett tendit la main vers lui, lui présentant le tube de Crédits. Orn fit une moue étonnée, et esquissa un mouvement avant de le suspendre presque aussitôt.
"Je sais que tu as dit ne pas vouloir de l’argent venant de moi, mais techniquement, ces Crédits viennent de Jabba. Je l’ai informé de ton rôle dans la capture de Solo, et il a accepté de te payer en passant par moi," expliqua le Mandalorien, faisant un geste léger de la tête vers le tube d’argent.
Le chasseur fronça les sourcils, puis tendit la main vers les Crédits d’un mouvement méfiant. Il arrêta son geste au-dessus de la main de Fett, le regardant à nouveau.
"Tu veux dire que tu me donnes une partie de la prime ?
— En réalité, c’est toute la prime…
— Vraiment ? Es-tu sûr de ton choix ? Je ne te les rendrais pas, tu sais."
Le Mandalorien leva les yeux au ciel sous son casque, sachant parfaitement cela. Après tout, Orn était un chasseur de primes, et, comme tous ses collègues, l’argent était le seul point sur lequel il ne changeait et ne changerait jamais d’avis. Si l’opportunité d’avoir plus de Crédits en sa possession se présentait de telle manière, sur un plateau d’argent, le Twi’lek ne pouvait pas refuser. Il prit rapidement le tube et le rangea dans sa ceinture, avant que le Mandalorien puisse changer d’avis, le remerciant légèrement. À vrai dire, donner ainsi de l’argent gratuitement et sans demande faisait un peu de mal au Mandalorien, mais ce dernier savait que c’était la bonne chose à faire. Après tout, la capture de Solo n’aurait jamais été possible sans le Twi’lek, qui connaissait suffisamment le tempérament du contrebandier pour prévoir ses déplacements. Si Fett avait été celui qui avait permis de retrouver la trace du Faucon Millénium, il ne trouvait pas juste l’idée de récolter à lui seul toute la prime, en dépit de ce que lui avait dit le chasseur à la Cité des Nuages. Il était déjà content que Orn avait accepté ces Crédits. Cependant, le Twi’lek à la peau rouge et blanche sembla se souvenir de quelque chose, et il releva la tête brusquement.
"Attends un peu… Tu as parlé de moi à Jabba ? J’imagine qu’il avait quelques questions…
— Oui. Il voulait savoir où tu étais et si tu allais te rendre à son palace un jour ou un autre. Il veut te voir."
Orn fit une grimace, ne se rappelant que trop bien de son ancien employeur. Bien sûr que Jabba le Hutt voulait voir le Chasseur Impérial. Le Twi’lek pouvait avoir des informations susceptibles de l’intéresser, et ses nombreux exploits depuis leur dernière discussion avaient certainement attisé l’avidité du Hutt, qui ne pensait qu’à récupérer Orn sous son aile.
"Ça ne m’étonne pas. Je ne l’ai pas vu depuis…
— Depuis le carnage ?" finit Fett, qui savait que le chasseur avait éliminé ses mentors, des mercenaires que Jabba avait grandement apprécié.
— Oui. Il m’en veut peut-être toujours… et il veut sans doute savoir si je peux faire quelques chasses pour lui…," commenta Orn d’un air maussade.
Derrière le Twi’lek, Nasha fronça les sourcils sous son casque, intriguée par cette discussion. Elle savait que son ami avait commencé sa carrière avec le célèbre Hutt de Tatooine, mais elle ne connaissait pas les détails des faits d'armes du chasseur. Cependant, elle n’était pas naïve, et se doutait que le “carnage” en question était empreint de sang et de rage. Après tout, Orn n’avait pas réussi à se faire employer à long terme par l’Empire pour rien, et sa réputation avait des bases solides et véridiques. Nasha n’oubliait pas la peur qu’elle avait ressenti lorsque le Twi’lek l’avait emmené loin de la Cantina de Taar-Y, après qu’elle lui avait révélé les plans de ce dernier. Elle avait réellement cru qu’il allait la tuer, et elle savait qu’à ce moment-là, il en était capable. Mais tout ce temps passé avec Orn, pendant lequel ils avaient appris à mieux se connaître et à tisser un lien plus fort que les armures de Mandaloriens, lui avait donné une confiance absolue en son ami. Nasha ne fit donc aucun commentaire, mais se racla la gorge pour attirer l’attention des deux chasseurs vers elle.
Ne mentionnant rien de leur échange, la Twi’lek rappela à Fett que le temps pressait et qu’ils devaient partir maintenant s’ils ne voulaient pas croiser une compagnie désagréable. Le Mandalorien, après que Orn eut accepté de mauvaise grâce que son argent soit utilisé pour les achats liés à son armure, emboîta le pas à Nasha, et les deux individus casqués quittèrent cette cachette discrète et déserte, se dirigeant à pas rapides vers Mos Eisley. Le chasseur, sans son casque, ne préférait pas les accompagner, n’étant toujours pas prêt à affronter le monde extérieur. Il lâcha un soupir, drainé par toutes les émotions qui l’avaient traversé depuis l’arrivée de son collègue. Le Twi’lek avait beau avoir hâte de réparer son casque et d’aller mieux, cette guérison mentale et la présence de Fett étaient épuisants. Il devait puiser dans ses dernières forces pour ne pas se remettre à pleurer et pour ignorer son état qui, s’il s’était amélioré, n’était pas le meilleur qu’il puisse être. Lentement, le chasseur se dirigea vers son co-pilote, qui restait résolument silencieux. Il s’assit à ses côtés, non surpris du manque de réaction du droïde, qui se forçait à trouver son bras mécanique intéressant.
En réalité, Twik réfléchissait à tous ces événements, et notamment à cette acceptation qu’il trouvait soudaine du Mandalorien dans cet antre et dans leur vie. Il avait beau respecter les décisions de son co-pilote, il ne comprenait pas pourquoi le chasseur tolérait ce retour avec tant de facilité après tout le mal qu’il avait fait. Le robot ne se rappelait que trop bien de ce jour où il avait reçu un appel de détresse de la part du Twi’lek, qui avait seulement gémit deux mots avant de couper la communication. Twik s’était précipité au lieu de la mission, pilotant sans précaution le Vautour Couronné. Lorsqu’il avait aperçu le bâtiment effondré et en mille morceaux, son programme avait cessé de fonctionner pendant une fraction de seconde. Le droïde avait quitté le vaisseau avec hâte, et s’était mis à chercher désespérément des traces du chasseur parmi tous ces débris. Alors qu’il avait commencé à perdre espoir, un râle lui était parvenu aux oreilles, et Twik avait découvert son ami, sans casque, le visage couvert de poussière mêlée à du sang abondant. Orn ne respirait que faiblement, et un pan du mur écrasait sa cage thoracique.
Avec difficulté, le robot avait déplacé l’énorme débris et avait transporté le chasseur à moitié mort jusqu’au Vautour, le portant de ses bras puissants malgré leur minceur. Cependant, Twik n’avait pas les capacités pour guérir son co-pilote, et s’était donc tourné vers une des Maraudeurs de Enfys Nest, une organisation connue pour aider l’Alliance Rebelle et la Cause. L’ancien droïde de combat avait donc prétendu que le Twi’lek était un Rebelle qui s’était fait attaquer par des troupes Impériales, se servant de l’absence du casque pour dissimuler la véritable identité de Orn. La Maraudeuse avait facilement cru le robot, et avait soigné le chasseur, l’accompagnant dans sa rémission et sa rééducation pendant presque un an. Le robot se rappelait cette période mot pour mot, et n’avait pas oublié la peur qu’il avait ressenti en croyant son co-pilote condamné par ses nombreuses blessures graves. Et si Orn avait survécu et avait affirmé son statut de chasseur meurtrier après sa guérison, le droïde savait qu’il était plus vulnérable qu’il ne voulait faire croire. Le chasseur était la seule personne qu’il avait, et sans lui, Twik serait toujours à Coruscant, désactivé et oublié, aux côtés de cette armée déchue dont il avait fait partie. Il devait tout à Orn, et la simple idée d’oublier ce que Fett lui avait fait subir et de lui pardonner l’écœurait.
"Pourquoi le laisses-tu revenir ?" demanda-t-il d’un ton plat, brisant le léger silence.
Orn se tourna vers lui, surpris par cette question qui semblait sortir de nulle part. Il comprit immédiatement de quoi parlait le robot, et réfléchit avant de donner une réponse qu’il espérait satisfaisante.
"Parce que… j’ai besoin de lui, et il a besoin de moi. On veut tous deux avancer et aller de l’avant. Et pour y parvenir, il faut bien que l’on dépasse ce passé…
— Je comprends, mais pourquoi lui pardonner si rapidement ? On croirait presque que tu as oublié ce qu’il t’a fait."
Le chasseur fit une grimace, puis secoua la tête, fermant rapidement les yeux un instant.
"Je n’ai pas oublié…. Et je ne veux pas oublier. Je ne lui ai pas non plus pardonné… Je ne pense pas en avoir la force ni l’envie non plus. Mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas être avec lui. Je sais que c’est paradoxal, ça n’a sûrement aucun sens, mais je fais ça pour moi. Pas pour Fett ni pour le passé… mais pour moi," expliqua Orn du mieux qu'il pouvait.
Twik ne répondit pas, mais hocha la tête pour montrer qu'il réfléchissait à cette explication. Il devait avouer ne pas comprendre cette logique. Le droïde était catégorique dans ses relations, et il ne changeait que rarement d'avis. Peut-être que sa programmation faisait de lui un sans-cœur, pensa-t-il. Essayer de comprendre son co-pilote le déprimait. Il était ramené à sa condition de robot dont le caractère n'était dû qu'à un ensemble de chiffres et de fils électriques. Twik lâcha un soupir, cette fois dénué de mauvaise grâce ou d'agacement. Et le chasseur comprit immédiatement. Ce dernier secoua la tête avec conviction.
"C'est normal que tu ne me comprennes pas, Twik. Même entre êtres organiques, c'est impossible de se comprendre les uns les autres. Cela n'a rien à voir avec le fait que tu sois un droïde.
— Si tu le dis… Quoi qu'il en soit, je respecte ta décision. Mais ne t'attends pas à ce que je devienne ami avec ce Mandalorien !" s'exclama Twik, changeant le sujet en signe de remerciement.
Orn leva les yeux au ciel avec un petit rire se voulant outré.
"Que tu sois civil avec lui serait déjà un miracle. Mais sois compréhensif, s'il te plaît. Son père travaillait pour les Séparatistes avant d'être tué… tu ne lui rappelles pas de bons souvenirs.
— Je n'y avais pas pensé… Je ne me rappelle pas de la Guerre, à vrai dire. Bon… Je m'engage à ne pas le frapper, si ça te fait plaisir," dit-il d'un ton dépité.
Le chasseur sourit, puis remercia son ami pour cet acte de civilité. Après tout, en demander trop au droïde pouvait être contre-constructif, surtout avec son tempérament bien trempé. Les deux mercenaires restèrent assis sur le sol pendant un certain temps, savourant un silence qu'ils n'avaient pas vécu depuis l'arrivée de Nasha. Cette dernière avait provoqué un chamboulement apprécié dans leur vie, mais Orn devait admettre que ce temps privilégié avec le robot lui avait manqué. Il ne savait combien de temps ils étaient restés ainsi assis au sol, à apprécier ce silence si paisible et agréable, baigné d'une sensation de fraternité profonde.
Le chasseur était si à l'aise et calme qu'il commençait à sentir son esprit se fermer en même temps que ses paupières, et le sommeil commença à le gagner lorsqu'il entendit des faibles bruits de pas, qu'il reconnut immédiatement comme ceux de Nasha et de Fett. Il ouvrit les yeux à moitié, et sourit en voyant la Twi'lek arriver avec une démarche dansante, lui montrant fièrement la peinture franchement achetée. Il discernait à peine sa silhouette dans l'obscurité, et devinait plus son sourire qu'il ne le voyait. Avec un entrain entravé par une fatigue naissante, Nasha posa les deux pots de peinture sur l'établi, suivie par Fett, qui y posa son casque. Le Mandalorien se tourna vers le chasseur, et esquissa un sourire fin, qui anima son visage couturé.
"Ce sont des peintures Mandaloriennes, faites pour les armures. Et rassure-toi : j'ai payé la moitié," dit-il d'un ton léger.
Orn hocha la tête, effectivement rassuré par cela. Après tout, c'était la moindre des choses. À ses côtés, le droïde poussa un rire sec.
— Encore heureux ! Après tout, c'est la peinture de ton peuple, et c'est ton idée… " commenta Twik.
Le concerné leva les yeux au ciel, plus amusé qu'énervé. Son regard croisa celui du Twi'lek, qui le remercia d'un mouvement de tête. La nuit était déjà tombée, et Orn devait attendre le lendemain pour commencer la réparation de son casque. Il posa sa tête contre le mur et lâcha un faible soupir de contentement. Pour la première fois depuis la mort de Taano, il avait hâte d'être demain.
Petite erreur de temps à la première phrase : La voix du Mandalorien résonnait encore dans la grotte lorsque Nasha et Twik surgissent à l'intérieur => surgirent (passé simple)
Je te mets juste mes réactions au fil de la lecture (c'est un commentaire spécial Twik XD)
"Donc, si je comprends bien… Maintenant que tu ne veux plus tuer ce crétin de Mandalorien, je vais devoir le supporter ?" demanda-t-il d'un ton dépité. => je compatis avec Twik x)
« En réalité, Twik réfléchissait à tous ces événements, et notamment à cette acceptation qu’il trouvait soudaine du Mandalorien dans cet antre et dans leur vie. Il avait beau respecter les décisions de son co-pilote, il ne comprenait pas pourquoi le chasseur tolérait ce retour avec tant de facilité après tout le mal qu’il avait fait. »
Mais Twik je l’aime ! Il lit dans mes pensées ! Quel fin psychologue ! Le robot a plus de bon sens que les êtres de chairs. x) Ou alors je suis une droïde qui s’ignore, je ne sais pas. x) C’est marrant en plus parce qu’on dirait vraiment qu’il a des sentiments/émotions. Ou alors il est juste doué d’une logique implacable et tout cela n’a aucun sens pour lui d’un point de vue rationnel, tout comme moi. x) Bref, Twik, mon meilleur ami pour la vie !
« Orn se tourna vers lui, surpris par cette question qui semblait sortir de nulle part. » : très cher, c’est toi qui devrais te poser plus de questions x)
« Le droïde était catégorique dans ses relations, et il ne changeait que rarement d'avis. » Twik c’est vraiment mon portrait tout craché. x) En tout cas c’est cool d’en apprendre plus sur le caractère du droïde et de le voir développé comme ça, ça lui donne de la profondeur.
Essayer de comprendre son co-pilote le déprimait. => moi aussi ça me déprime, je vais arrêter d’essayer de comprendre je pense x)