Playlist Max :
W.I.T.C.H. – Devon Cole
***
En rentrant ce soir-là, j’avais toujours en tête les paroles de Max ainsi que tout le fouillis complexe d’émotions que ça réveillait en moi. Tom prévenant avec Romy ? Jules attentionné avec Max ? Le monde avait-il finit par marcher à l’envers sans que je m’en aperçoive ? Devais-je m’inquiéter de l’invasion prochaine d’extraterrestres ? Devais-je préparer des réserves à la mode des survivalistes ? Ou étais-je tombée dans une dimension parallèle particulièrement étrange ?
Tout ça tournait tant dans ma tête que je ne remarquai pas tout de suite Tom et Jules vautrés sur le canapé. Et lorsque mon regard coula enfin vers eux, je me figeai.
Une vive colère remonta le long de ma colonne, inondant chaque fibre de mon être avec une violence qui m’en donna mal au ventre. Pouvait-on humainement supporter une telle fureur sans craquer ?
Mes poings se serrèrent d’eux-mêmes. Eux ? Changer ? Quelle belle blague ! J’avais encore en mémoire toutes les paroles, tous les regards méprisants qu’ils avaient eus à notre égard, toutes les bousculades « malencontreuses », les croche-pieds dans les couloirs du lycée, les rires au moindre petit signe de faiblesse.
Le regard fuyant de Tom alors que je me trouvais encore par terre, couverte de blessures et que je le suppliai silencieusement de venir m’aider…
Non, définitivement, je ne pouvais pas y croire.
Aucun d’eux ne parlait, complètement absorbés qu’ils étaient par leur film. Ils ne m’avaient même pas entendue rentrer et ne me remarquèrent vraiment que lorsque je me plantai résolument devant l’écran. Les bras fermement croisés sur ma poitrine, je les fusillai du regard.
L’effet fut immédiat. S’ils somnolaient comme des bienheureux un instant auparavant, la seconde suivante, ils se redressèrent en sursaut, comme si on les avait pincés. Leurs yeux étaient écarquillés, leur visage blanc comme linge. Une réaction qui, je dois bien le reconnaître, me surprit un peu. Je m’étais attendue à une grimace, voir même un de ces habituels commentaire sur le fait de « dégager de là », mais rien. Tom en particulier, me fixait comme s’il me voyait pour la première fois. Il inspira pour prendre la parole, je le devançai.
— Je crois qu’on a des choses à se dire, grondai-je froidement.
Les garçons se jetèrent un regard un brin paniqué avant de déglutir péniblement.
***
Confortablement installée sur l’un des tabourets de la cuisine, je sirotais un soda. Tom et Jules était agenouillés par terre, non loin de l’îlot central où je me prélassais, les mains humblement posées sur leurs cuisses et le dos droit dans une posture peu naturelle.
Un silence inquiétant régnait, seulement troublé par le bruit de ma paille que j’agitais négligemment dans mon verre par intermittence. L’effet était un peu théâtral, je le reconnais, mais diablement efficace. Je voulais les faire mariner, voir combien de temps ils pourraient tenir sans se rebiffer. J’étais toujours sceptique quant à leur évolution et il était hors de question que je me laisse attendrir par de pseudo-promesses.
Au bout d’une longue minute, et n’y tenant visiblement plus, Jules prit la parole.
— Hum… Je peux savoir ce qu’on fait par terre ?
Tom lui fit de gros yeux alors que je tournais lentement la tête dans leur direction.
— La ferme, persifla-t-il entre ses dents sans oser bouger les lèvres. T’as envie de te faire refaire le nez toi aussi ?
Jules releva timidement les yeux dans ma direction, seulement pour croiser mon regard assassin. Il se détourna aussitôt.
Je continuai de les observer, songeuse, quand, parvenue à la fin de mon verre, je me redressai. Les garçons tressaillirent aussitôt et relevèrent la tête dans ma direction, dans l’expectative.
— Bien, lançai-je enfin, maintenant je veux des explications. Tom, appelai-je en premier et ce dernier sursauta.
— Oui ?
— Depuis quand t’es devenu gentil avec Romy ? attaquai-je d’emblée.
— Je…
— Et t’avises même pas de me mentir ou même Nick ne pourra rien pour toi, crachai-je avec dédain.
Mon expression dut le convaincre car il opina en silence et déglutit bruyamment.
— Après… Après notre dispute, expliqua-t-il lentement, j’ai beaucoup réfléchi.
Je haussai un sourcil méprisant, l’air de dire « sérieusement ? » et il détourna les yeux, en se frottant nerveusement le bras.
— Juge-moi si tu veux, tu peux même te moquer, mais c’est la vérité. J’ai…
Il inspira profondément, comme pour se gonfler de courage et poursuivit, toujours sans me regarder.
— J’y ai beaucoup réfléchi, à ce que tu m’as dit. En fait, ça m’a même hanté et… j’ai commencé à reconsidérer tout ce qui m’entourait, à commencer par la bande. J’ai commencé à voir… Enfin, à réaliser… qu’ils n’étaient pas aussi cool que ce que je pensais. Et leur comportement… c’était dégoûtant, lâcha-t-il avec une grimace. J’ai commencé à ressentir un certain malaise auprès d’eux. C’était juste avant la pool-party.
Il se tourna vers son meilleur ami avec qui il partagea un regard tout à fait singulier, rempli d’une intense mélancolie et de… remords ? Non, impossible. Pourtant mon cœur s’emballa un peu quand Tom revint vers moi.
— En fait, poursuivit-il, inconscient de la tempête émotionnelle qui faisait rage en moi, mon malaise n’a fait que grandir pendant la soirée. C’était comme si je n’étais plus vraiment en phase avec ce qui m’entourait. Je ne comprenais plus les autres. Je me sentais… vide. Quand j’ai vu Romy se faire aborder par ces types…
Il serra aussi fort les poings que les mâchoires, ce qui m’étonna davantage. Le rouge lui monta au visage, incendiant autant ses joues et ses oreilles que son cou et je compris qu’il contenait difficilement sa colère. Contre lui ou contre les autres, c’était à voir.
— Et donc ? le relançai-je alors qu’il se perdait dans ses souvenirs.
Il papillonna des yeux, brusquement ramené à la réalité et s’assombrit, s’affaissant un peu sur lui-même.
— Je… Je me suis vu à leur place, avoua-t-il finalement en se frottant nerveusement le bras. J’ai repensé à tous ces moments passés, à toutes ces fois où j’avais été méprisant et…
Tom serra les lèvres. Pendant un instant, je crus sincèrement qu’il allait pleurer tant ses yeux brillaient de larmes contenues. Même sa voix paraissait un peu plus rauque.
Il prit une douloureuse inspiration avant de poursuivre.
— Je me suis trouvé… misérable, bredouilla-t-il misérablement, ce qui m’étonna au plus haut point. Ils avaient l’air tellement minables, tellement… nuls, souffla-t-il, défait. Rien à voir avec l’image que je m’en faisais. Ça m’a retourné l’estomac, alors… je suis intervenu, conclut-il d’une voix un peu plus assurée. J’ai dit aux gars de dégager et je me suis retrouvé seul avec Romy.
Il se redressa imperceptiblement et osa enfin croiser mon regard.
— J’ai suivi ton conseil, me dit-il sans ambages, j’ai osé regarder sous la surface et ce que j’y ai découvert…
Il eut un sourire rêveur tellement empli de tendresse que j’en restai sans voix. Il ne ressemblait soudain plus du tout à mon frère et j’en vins presque à avoir peur.
— Au début, poursuivit-il sans que j’aie demandé, nous étions tous les deux assez mal à l’aise. Romy n’osait pas me regarder dans les yeux et, pour être franc, je fuyais carrément son regard. Mais… au bout d’un moment, on a fini par discuter. On s’est trouvé beaucoup de points communs ! s’exclama-t-il avec un sourire beaucoup plus franc qui me fit reculer sans que je m’en rende compte. Je ne savais pas qu’elle discutait roman sur des forums ! On s’est même rendu compte qu’on avait déjà discuter sur l’un d’eux, tu te rends compte ? Ça l’a pas mal étonné d’apprendre que j’aime lire, s’amusa-t-il avec nostalgie. On a même fini par se conseiller certaines lectures. Tu savais qu’elle assistait parfois à des lectures en groupes à la librairie du coin ? demanda-t-il des étoiles pleins les yeux.
— Oui ? dis-je lentement avec le sentiment très gênant qu’il n’était pas près de s’arrêter de parler, ce qui était d’autant plus étrange de sa part.
— Enfin bref, reprit-il après un silence un peu gênant où il réalisa enfin ce qu’il racontait et s’empourpra jusqu’à la racine en se dandinant sur le carrelage. Tu avais raison à son sujet, c’est vraiment une fille épatante. Je regrette de ne pas l’avoir découvert plus tôt, autrement… je pense qu’on aurait pu devenir amis.
Alors là, j’en restai comme deux ronds de flan. Bon, je savais qu’en dehors de ses réseaux sociaux et de ses jeux vidéo, mon frère aimait plein d’autres choses – pendant un temps nous avions même partagé notre amour pour la lecture – mais de là à se découvrir autant de points communs avec Romy ? Ça dépassait l’entendement.
Je crois que j’ai vraiment glissé dans une autre dimension, me dis-je avec inquiétude avant de me tourner vers Jules qui fixait son ami avec curiosité. Je repris aussitôt contenance, car si l’un d’eux avait fait le plus de mal, c’était bien lui.
— Et toi ? demandai-je froidement à Jules qui tressaillit et se ratatina aussitôt sur lui-même. C’est quoi ton excuse pour t’être tapé ma meilleure amie ?
Il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour répondre que je le coupais.
— Méfie-toi de ce que tu t’apprêtes à dire, persifflai-je avec hauteur, parce que dans ton cas, je ne suis pas la seule à vouloir ta peau, là, dans l’immédiat. Et à la soirée, tu as bien dû voir qu’Alex n’est pas vraiment la femmelette que tout le monde décrit. J’écoute, tonnai-je donc.
Jules se mordilla nerveusement les joues avant de soupirer. Défait, il fixa un point sur le sol et ne le quitta pas des yeux alors qu’il débutait son récit.
— Je… Je sais pas trop par où commencer, avoua-t-il piteusement. Tom m’a parlé de votre dispute, poursuivit-il après un instant de réflexion. Il était assez secoué et m’a fait part de son sentiment de malaise. Pour être honnête, dit-il lentement, ça faisait un moment que je n’étais plus trop sûr non plus à propos de… tout ça. C’est… compliqué à expliquer mais, quand Tom m’a parlé de votre dispute, ça m’a… ouvert les yeux, dans un sens. On en a longuement discuté avant la soirée. Tom pensait l’annuler mais… je me suis dit que ce serait un test intéressant.
Je sourcillai.
— Un test ? relevai-je, perplexe.
— Pour comprendre l’origine de notre malaise, expliqua Jules en relevant enfin les yeux vers moi. Et ç’a été probant, en tout cas pour moi. Dès que les autres sont arrivé je me suis senti… Comme si…
Il porta une main crispée à sa poitrine, juste à hauteur de son cœur.
— J’avais l’impression de ne pas être à ma place, avoua-t-il finalement. C’était comme si tout sonnait faux. Faustine m’est apparue particulièrement chiante, ses copines bruyantes et tous les autres… encombrants. Ils étaient… ennuyants, lâcha-t-il en fronçant les sourcils comme s’il venait tout juste de trouver les bons mots. Comme si on n’avait absolument rien en commun.
» Quand vous êtes arrivé, poursuivit-il en laissant retomber sa main, ç’a juste été la confirmation que je cherchais. Vous étiez tellement… tellement plus intéressants que les autres. En y repensant, j’ai fini par réaliser comme je vous enviais.
Je fronçai les sourcils.
— Tu nous enviais ? répétai-je sans y croire. Comment ça ?
Il pinça les lèvres, baissa les yeux.
— Je… Je ne sais pas, avoua-t-il enfin. Vous aviez juste l’air… tellement cool. J’entendais tous ces commentaires horribles de Faustine et ses copines et même d’autres et… et ça m’a révolté, lâcha-t-il en serrant plus fort les poings. C’était tellement injuste, tellement… pas cool.
Il inspira profondément.
— Mais c’est après avoir évacué Julien…
— Julien ? relevai-je en haussant un sourcil.
— Ah, le gars qui a vomi sur le tapis peu après votre arrivée, corrigea-t-il. Je ne crois pas que tu le connaisses.
— Aah, fis-je pour moi-même. Vomito.
Jules eut un bref sourire qui s’évapora assez vite.
— Enfin bref, après l’avoir accompagné aux toilettes pour l’aider à se débarbouiller j’ai surpris une conversation entre deux…
Il eut une grimace, comme s’il rechignait à prononcer les mots qui lui venaient.
— Je ne peux pas vraiment les appeler des amis, disons plutôt des invités, se corrigea-t-il sans que j’ai rien demandé. Bref ! Je m’apprêtais à revenir quand je les ai entendu cracher sur notre dos. Enfin, surtout le mien. C’était assez troublant et… très désagréable. J’ai d’abord eu envie de les confronter, avant de me faire la réflexion qu’au final, ils n’avaient pas beaucoup d’importance. Je ne les connaissais quasiment pas et eux non plus. Ils étaient juste venus profiter, ça n’en valait pas la peine. Mais j’étais si en colère…
Il inspira brusquement.
— C’est là que je suis tombé sur Max. Littéralement, ajouta-t-il avec un sourire amusé. Elle m’est rentré dedans et a renversé son verre sur moi.
— Oui, du Max tout craché, approuvai-je avec un sourire en coin en posant ma joue dans ma paume.
C’est que ça commençait à faire long leurs explications.
Jules approuva et un sourire étonnamment doux flotta sur ses lèvres. C’était la première fois que je le voyais sourire ainsi. Il avait presque l’air… gentil.
— Je dois dire que j’étais assez étonné, avoua-t-il en se triturant les mains. Je pensais qu’elle en profiterait pour se moquer de moi, me tourner en dérision, mais à la place elle s’est confondu en excuses. Elle avait l’air paniquée.
— C’est une réaction normale, fis-je froidement remarquer. Tu sais, quand tu renverses un truc sur quelqu’un ? En général, tu t’excuses, ça s’appelle la politesse.
Il accusa le coup sans rien dire. Sans doute repensait-il à toutes les fois où il avait fait mine de trébucher pour renverser du soda sur moi ou Romy. Même Alex y était passé, son t-shirt préféré ruiné par la sauce tomate. J’avais admiré son calme alors qu’il regardait le désastre d’un œil circonspect sous les rires des autres.
— C’était mon préféré, avait-il simplement dit avant d’aller aux toilettes se débarbouiller.
Jules ne s’était jamais excusé pour ça.
— Et après ? le relançai-je puisqu’il ne semblait pas vouloir reprendre. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je doute qu’elle t’ait gentiment proposé de te déshabiller juste pour le plaisir.
Jules vira au rouge brique, une couleur que je ne lui avais encore jamais vu, même ce triste soir quand en jouant à Action ou Vérité je m’étais retrouvé à l’embrasser après l’avoir humilié.
Il secoua la tête pour se reprendre et poursuivit.
— Je suis allé me changer, expliqua-t-il la voix un peu rauque. Et en revenant je suis retombé sur elle. Enfin, je devrais plutôt dire qu’elle m’a sauté dessus. Elle tenait à s’excuser encore une fois et a même proposé de laver elle-même mon t-shirt.
Je roulai des yeux. Max… soupirai-je en moi-même.
— C’est à partir de là qu’on a commencé à parler, poursuivit-il et je revins vers lui. Alex et toi aviez disparus et je ne voyais plus Romy et Tom non plus. Max m’a expliqué ce qu’il s’était passé, ajouta-t-il avec un frisson, et je dois dire que c’était assez effrayant. Lucas s’était déjà fait la malle quand je suis allé voir l’étendue des dégâts. Le tapis était irrécupérable, il y avait du sang partout.
— Ça je veux bien te croire, marmonnai-je pour moi-même.
Cette vision me hantait encore.
— Et une grosse tache jaune en plein milieu.
— Épargne-moi les détails, raillai-je, j’ai compris. Viens-en aux faits.
Il opina et haussa des épaules.
— Max s’est simplement excusée pour ça, ce n’était pas vraiment le genre d’Alex de péter les plombs, mais en entendant les horreurs que Lucas t’avait dites… je comprends mieux sa réaction. Elle a proposé de rembourser le tapis, j’ai refusé. Et de fil en aiguille, je sais plus trop comment, on s’est retrouvé à discuter. On s’est même pas mal marré, bien que je ne sache pas trop si ce qu’on se racontait était vraiment drôle ou si les nombreux verres d’alcool rendaient le moindre mot hilarant.
Cette discussion allait me rendre folle…
— C’est tout ? demandai-je en me massant douloureusement les tempes.
Tous deux opinèrent. Merveilleux, songeai-je avec amertume avant de pousser un profond soupir. Mais dans quel monde tordu étais-je donc tombé ?
— Je récapitule : l’un s’est tapé ma meilleure amie par… curiosité on va dire, résumai-je en agitant vaguement la main, et l’autre a soudain réalisé que mon autre meilleure amie était géniale. Et tout ça à cause d’une dispute ou je t’ai mis les points sur les i une énième fois ? Vous espérez vraiment me faire gober une connerie pareille ?
— Oh je ne te demande pas de me croire, assura tristement Tom. Mais c’est la vérité.
Puis, alors que la porte d’entrée s’ouvrait sur Nick, les garçons se relevèrent en silence, aussi sombre l’un que l’autre avant de retrouver leur place sur le canapé. Je les regardai faire, les yeux plissés par la méfiance.
***
Il n’y a rien de plus confortable au monde que les bras d’Alex. Encore plus lorsque nous sommes allongés dans son lit. Le moment serait tout à fait idyllique si les paroles de ces deux crétins ne venaient pas parasiter mon esprit. J’avais passé la nuit à y penser, et tout le chemin jusque chez les Carlier à ruminer pour finalement craquer et tout raconter à Alex.
À la fin de mon récit, je levai les yeux vers lui, seulement pour lui trouver cette expression parfaitement sereine qui le caractérisait. Je fronçai les sourcils.
— Tu as l’air d’y croire, lâchai-je d’un ton légèrement accusateur.
— Eh bien, tout est possible, répondit-il en jouant négligemment avec mes cheveux. Les gens peuvent changer s’ils le veulent vraiment.
— J’ai l’impression d’entendre Romy, grommelai-je.
Il sourit.
— Et Romy n’a-t-elle jamais raison ?
Je gonflai les joues, agacée qu’il retourne mes arguments contre moi.
Amusé, il m’embrassa.
— J’ai quand même du mal à y croire, ronchonnai-je tout de même.
— Tu m’as dit que vous vous étiez disputés. Peut-être que tes mots ont finis par avoir un impact sur lui.
J’eus un rire sans joie.
— J’en doute. Ça fait des années que je lui rabâche la même chose, pourquoi maintenant serait différent ?
— Comme je te connais tu n’as pas dû y aller de main morte, fit remarquer Alex. Tes mots sont toujours plus tranchants quand tu es en colère, peut-être que c’est ça qui l’a poussé à changer.
— Mouais…
Je n’étais toujours pas convaincue. En fait, je n’étais pas sûre que quoi que ce soit ne réussisse à me convaincre qu’un tel miracle ait eu lieu.
Alex m’observa longuement avant qu’un sourire de chat n’étire ses lèvres.
— Et si on parlait d’autre chose ? proposa-t-il en se redressant pour passer les bras de chaque côté de mon visage.
Un sourire étira mes lèvres alors que je passais mes mains dans sa nuque.
— Ah oui ? fis-je négligemment. Et de quoi voudriez-vous parler, M. Décoloré ?
— M. Décoloré ? s’amusa-t-il avant de m’embrasser dans le cou. Étrange que tu n’aies rien trouvé de mieux.
— C’est parce que tu me fais tourner la tête, murmurai-je à son oreille.
Il sourit et s’écarta pour mieux me regarder dans les yeux.
— Est-ce une invitation ? demanda-t-il, malicieux.
— Seulement si tu veux que ç’en soit une, répondis-je sur le même ton.
Malgré tous ses efforts pour paraître impassible, Alex vira écarlate et s’effondra sur moi.
— Bon sang… gargouilla-t-il dans mon cou. Tu me rends complètement fou…
J’éclatai de rire en le serrant un peu plus fort contre moi.
— Moi aussi, je t’aime, murmurai-je en l’embrassant dans le cou.