Olivia s’interrogeait sur le motif de sa convocation au quartier général. Elle n’y avait mis les pieds qu’à deux occasions très précises et elle aurait été suprise que le Commandant se rappela de son visage.
Les évènements s’étaient précipités ces derniers jours, tout semblait lui échapper. Alek pour commencer s’était volatilisé sans une explication. Après la nuit qu’ils avaient passée ensemble, elle s’était attendu à tout sauf à une telle réaction de sa part. Ça ne lui ressemblait pas. Forcement, elle avait envisagé tout un tas raisons : Il était déjà engagé avec une autre / Il préférait rester amis / Il avait simplement voulu profiter d’elle et mainteant la jetait comme une vieille chaussette / Il regrettait ce qu’ils avaient fait.
Dans tous les cas, il aurait pu lui parler. Partir pendant qu’elle dormait… c’était vraiment dur à encaisser.
Tilma ignorait où il pouvait être allé et cela ne la péocupait pas plus que ça. « Où veux-tu qu’il aille ? » avait-elle dit. Olivia avait caché de son mieux son amertume.
Leur petit groupe de recruteurs était rentré le jour même au camp de l’Est – ordre du Commandant Medon. A peine arrivées Tilma avait été invitée à se rendre au quartier général, pour disparaitre à son tour. Olivia avait su par un aide de camp qu’elle était en mission, sans plus de précisions. Le lendemain, le même homme était revenu lui transmettre sonellement la convocation de Clovis Medon. Olivia avait choisi d’y voir un lien et espérait en apprendre davantage sur la nouvelle activité de Tilma.
Elle enfila le seul ensemble habillé qu’elle possédait, composé d’un pantalon souple et d’une tunique de style Lufzan près du corps, longue et fendue sur les côtés. Olivia l’avait acheté assez cher, séduite par la couleur bleu persan et le doré du tissu. Elle se maquilla comme à son habitude avec sa palette nude, surligna son regard d’un trait de eye liner puis s’attaqua à ses cheveux dont la coupe – œuvre de Tilma – laissait carrément à désirer. Elle passa plusieurs coups de brosse, contempla sa tignasse avec un soupir et opta finalement pour une queue de cheval. Elle était prête.
Dehors, le ciel était exeptionnement nuageux, presque orageux. Il lui fallut quelques minutes pour atteindre la tente principale, protégée par deux gardes. Alors qu’elle bredouillait une phrase sur les raisons de sa présence, Le Commandant Medon en personne sorti de la grande yourte.
— Fara, quel plaisir ! Je vous en prie, entrez.
Olivia fronça les sourcils, déconcertée par le ton bien trop amical, et effectua une révérence maladroite. Elle le suivi à l’intérieur ; l’atmosphère était plus agitée que la dernière fois : un groupe de Lufzans discutait avec animation. Au moment même où on notifia sa présence, un silence s’installa. Olivia se tassa sur elle-même avec la ferme intention de devenir invisible.
Un homme se tenait debout devant elle, sorte de colosse au crâne rasé. Son visage portait de nombreux stigmates de combats, en partie caché par une barbe courte et dru. Il avait un nez large qui formait une courbe peu naturelle, comme chez un rugbyman. Autant le Commandant Medon était l’image même de la force sereine, autant ce géant dégageait le tumulte d’un volcan près à exploser. Olivia devina à la façon dont il était habillé et à ses deux sabres qu’elle n’avait pas affaire à n’importe qui.
L’inconnu sembla l’observer avec convoitise. L’édate verte suspendu à son cou épais permettait de lui donner moins de la trentaine.
— Aram Scher, du clan Etcho, je vous présente Olivia Omahe, du clan Fara, déclara respectueusement le Commandant.
L’homme planta ses pupille bleu encre dans les siennes et inclina légèrement le buste.
— La réputation du clan Fara vous honore.
Olivia réalisa qu’elle avait l’immense privilège d’être présentée au chef de la rébellion en personne, l’Ark. Elle, l’insignifiante bouchère du camp. Ceci ne pouvait avoir qu’une seule explication : on avait découvert sa véritable identité. La jeune femme déglutie : soudain, les derniers évènements prenaient une signification tout autre : Alek, le départ précipité de Tilma…
— Est-ce que tout va bien ?
Aram Scher s’était emparé de son bras d’un geste quasi propriétaire. Olivia se ressaisi.
— Je… Je suis émue de vous rencontrer.
Un sourire condescendant se dessina sur les fines lèvres de son interlocuteur. Elle le détesta aussitôt.
— Le plaisir est partagé, très chère Omahe ! Nous nous réjouissons d’accueillir un clan aussi illustre que le vôtre. Je vous en prie, faites-moi le plaisir de vous joindre à nous ce soir pour diner.
— Ah… heu… merci, répondit Olivia qui avait viré à l’écarlate. Excusez-moi mais je ne peux pas accepter.
Dans son champ de vision une femme porta la main à sa bouche, choquée par l’audace de sa réponse. Elle cru même entendre un ricanement. Un demi-sourire surpris était apparut sur le visage d’Aram Scher :
— Vous ne pouvez pas accepter.
— Ma cousine…Tilma Oclamel… elle est actuellement en mission. Je pense que vous préféreriez qu’elle soit aussi présente, non ?
L’Ark échangea un regard avec Clovis Medon. Il paraissait contrarié.
— Il me semble que cette Avel-lazher sera bientôt de retour parmi nous, le confirmez-vous, Commandant ?
— Tout à fait, votre honneur.
— Bien entendu, un banquet sera donné pour l’occasion. En attendant, dit-il à Olivia, permettez-moi d’insister : je serais heureux de vous compter parmi nous ce soir.
Le ton était sans appel : Mahe se contenta d’hocher la tête, gorge nouée. Tilma allait-elle vraiment revenir comme il le prétendait ? Cette dernière n’avait jamais cessé de la mettre en garde sur le danger auquel elle s’exposerait le jour où l’on découvrirait qu’elle venait d’un autre monde. Quel sort allait-on lui réserver ?
Pour la première fois depuis son arrivée au Luft, Olivia était seule, sans soutien. Elle se réfugia dans sa yourte, où elle sentit tout de suite apaisée par l’atmosphère feutrée et l’odeur musquée des tapis de peau.
Aram appartenanit au clan Impérial par sa mère. C’était ainsi dans l’Empire : le père transmettait son nom de famille et la mère le nom de son clan. C’était une façon pour les Luftzans d’honorer l’Impératrice qui en devenant membre du clan Etcho, se coupait de ses origines.
Olivia s’assit en tailleur sur le sol pour mettre de l’ordre dans ses pensées. Son instinct lui disait qu’Aram Scher tenait son sort entre ses mains : tant qu’il l’apprécierait, elle serait en sécurité.
Elle était une femme Ivy, il était temps de l’admettre une bonne fois pour toute. Rien de tout cela n’avait de sens, et pourtant elle respirait dans ce monde, un monde qui n’était pas le sien et qui l’avait consacré. Elle se souvint des paroles de la conteuse : A sa naissance, un lien d’une puissance incommensurable s’était créé entre elle et son futur époux : l’Ylure. Arrivé dans le Luft, elle était naturellement tombée amoureuse de lui, et l’ylure était devenu réciproque…
C’était limpide, maintenant qu’elle y réfléchissait : Comme Brenair, Aram chercherait à la séduire. Elle devait laisser planer l’espoir, gagner du temps et obtenir des informations sur Tilma et Alek. Elle allait y arriver : elle en était cappable.
Mahe se prépara pour le diner comme elle serait allée au combat. Elle laissa enfin un véritable coiffeur s’occuper de ses cheveux et fit l’acquisition d’une combinaison de popeline écarlate qui mettait en valeur sa poitrine. Elle s’observa dans son miroir de poche : les yeux noir charboneux, la chevelure vaporeuse… le changement était saisissant. De toute façon, pensa-t-elle avec ironie, même un laideron n’aurait pas découragé le chef de la rébellion.
Le repas avait lieu dans une yourte aménagée spécialement, accolée à trois autres plus petites qui servaient de logement. La disposition du mobilier évoquait un banquet romain : des méridiennes remplacaient les chaises et les mets étaient déssiminés sur de grandes tables basses : kruts rotis à la broche, petits pâtés, chou-fleur frits en beignet, soupe fumante de lentille, torsade au beurre d’ail, tourte aux légumes épicée, fruits bien murs et gâteaux dégoulinants de sirop… il y avait de quoi nourrir une vingtaine de personnes affamées. Etant donné les difficultés d’approvisionnement que le camp connaissait, c’était là un authentique luxe. Aram, qui se tenait derrière elle en kimono de soie grise, lui posa la main sur l’épaule.
— Je vous présente Ewen et Gildas Tenval, du clan Etcho, mes cousins très estimés.
Les deux frères, également vêtu de kimonos d’apparat, étaient déjà allongés et l’observaient avec curiosité. L’un possédait des cheveux noirs bouclés qui l’auréolait d’une brume romantique. Il lui adressa un sourire étincellant :
— Jolie tenue…
Olivia aurait juré qu’il se moquait d’elle.
Bientôt, deux hommes et trois femmes qu’elle ne connaissait pas et dont elle oublia les noms les rejoignirent. On leur servi un vin rouge léger et fruité : Mahe vida trois verres en un temps record, espérant que ça la détendrait. Tout en picorant un peu de nourriture, elle écouta les conversations : chaque intervention d’un membre du clan Etcho était ponctué de rires bruyants ou d’approbations appuyés. Gildas Tenval, le troisième cousin avec ses cicatrices bousouflés sur le visage, était celui qui parlait le moins : il terminait méthodiquement chaque plat, comme si sa vie en dépendait.
Aram Scher s’était installé à côté d’elle : sa voix couvrait celle des autres, grondante et rocailleuse. A son grand soulagement, il ne lui posa aucunes questions sur le clan Fara.
— Ainsi, vous êtes bouchère ? C’est étonnant, une femme aussi délicate que vous…
Olivia se demanda si c’était censé être un compliment.
— Je ne fais qu’aider Bruno, le boucher. Rien de difficile.
Un pli discret se forma à la comissure des lèvres de l’Ark : Olivia réalisa qu’elle venait de trahir ses origines en oubliant de citer le nom de clan de son collègue. Combien de fois s’était-elle ainsi dévoilée sans même s’en apercevoir ?
— Je ne savais pas que vous parliez le dialecte Impérial. Où donc l’avez-vous appris ?
La jeune femme s’empourpra. Evidemment, il l’avait testé.
— Je parle plusieurs langues, c’est… un don.
— Un don précieux, confirma-t-il, un éclat jubilatoire dans ses pupilles.
Le volume des voix avait augmenté autour d’eux : Olivia n’était pas la seule à être à moitié saoule. Elle fit un effort pour changer de sujet :
— J’ai hate que vous fassiez connaissance avec ma cousine Tilma, elle est vraiment exceptionnelle.
Aram lui fit un clin d’œil et lui remplit son verre pour la cinquième fois.
— J’ai cru comprendre qu’elle sera de retour d’ici quelques jours.
Ewen Tenval se leva pour se rapprocher d’eux. Il possédait cette allure, d’une virilité toute gracieuse, qu’Olivia reconnaitrait comme caractéristique des Etcho.
— Aram, as-tu parlé à notre chère amie de la mission que nous souhaiterions lui confier ?
Il la regarda droit dans les yeux avec son sourire narquois, comme si la situation avait quelque chose de drôle. Tout à l’heure Olivia l’avait surpris en train de détailler l’une des femmes, une étrange lueur dans le regard. Cela lui avait fait froid dans le dos.
Aram Scher se pencha vers elle en baissat la voix :
— Oui c’est vrai, j’ai une faveur à vous demander.
La jeune femme retint son souffle.
— J’ai besoin de prendre le pouls du camp au quotidien, de connaître le moral des troupes… vous comprenez ? Les chefs de corps ne peuvent pas me donner ce genre d’informations. J’ai d’une personne de confiance, et j’ai tout de suite pensé à vous.
— Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour…
— Tu te trompes, la coupa-t-il.
Il ajouta, plus doucement :
— Le Commandant Medon m’a assuré que tu es parfaitement en mesure d’assurer cette mission.
Olivia n’avait plus de doute sur l’importance qu’elle revêtait aux yeux de l’Ark. Et maintenant, elle allait devoir le rencontrer chaque jour.
En effet, la présence des frères d'Alek n'augure rien de bon... Et c'est officiel : je n'aime pas Aram xD
J'espère qu'il n'est rien arrivé à Tilma, je pense qu'elle a volontairement été éloignée... Et j'espère qu'Alek reviendra vite :/
• "cela ne la péocupait pas plus que ça" → préoccupait
• "Elle le suivi à l’intérieur ; l’atmosphère était plus agitée" → suivit
• "en partie caché par une barbe courte et dru" → drue
• "ce géant dégageait le tumulte d’un volcan près à exploser" → prêt à exploser
• "L’édate verte suspendu à son cou épais permettait de" → suspendue
• "L’homme planta ses pupille bleu encre dans les siennes" → pupilles
• "La jeune femme déglutie : soudain, les derniers évènements" → déglutit
• "Elle cru même entendre un ricanement" → crut
• "méridiennes remplacaient les chaises et les mets étaient déssiminés" → disséminés
• "kruts rotis à la broche" → rôtis
• "On leur servi un vin rouge léger et fruité : Mahe vida trois verres" → servit
• "était ponctué de rires bruyants ou d’approbations appuyés" → ponctuée / appuyées
• "le troisième cousin avec ses cicatrices bousouflés sur le visage" → boursouflées
• "il ne lui posa aucunes questions sur le clan Fara" → aucune question
• "Evidemment, il l’avait testé" → testée
• "Aram Scher se pencha vers elle en baissat la voix" → baissant
• "J’ai d’une personne de confiance, et j’ai tout de suite" → "j'ai besoin d'une personne de confiance", je suppose ^^
Merci encore <3