Chapitre 21

Notes de l’auteur : Désolée pour le retard de publication mais j'ai été pas mal prise par mon déménagement ! J'espère pouvoir être un peu plus régulière dans mes publications prochainement ! ^3^

Au bout de quelques jours, la vidéo de Rey avait vu le jour sur la toile. Même si j'avais été présent lors du tournage, je ne pus résister à l'envie d'y jeter un œil — surtout pour voir ce qu'elle avait gardé. C'était assez drôle d'en voir le rendu, parce qu'on donnait l'image d'un couple adorable et tout doux. Ce n'était pas une image complètement fausse, au contraire.

Rey avait gardé bien plus de passages que je ne l'aurais cru. Il y avait des tas de moments drôles et mignons entre nous. Dire que j'avais accepté ça... Ça me faisait vraiment rire.

Les commentaires sous la vidéo étaient tout aussi drôles. Visiblement, voir leur influenceuse préférée en couple les émerveillait. À ce rythme-là, bientôt je finirais dans un article intitulé "qui est l'homme qui partage la vie de Rey Niima ?". Ce qui serait très ironique.

Dès que j'eus fini le visionnage de cette vidéo, j'appelai Rey en espérant ne pas être dérangé à mon bureau. Avant qu'elle décroche, je fermai la porte pour rester un peu plus discret.

— Ne serais-tu pas en train de m'appeler depuis ton bureau ? me lança-t-elle un brin provocatrice.

— Ça se pourrait bien...

— Oh... Ça me donne des idées ça.

J'entendis son petit rire, un brin enjôleur. Je prenais le risque qu'elle joue avec mes nerfs au travail, mais tant pis.

— J'ai vu ta dernière vidéo. Désormais, on est un peu officiellement un couple.

— Ah bon ?

— C'est un peu comme si on s'était embrassé devant des millions de personnes et qu'ils sont aussi au courant qu'on va passer Halloween ensemble.

— Pourtant, je n'ai pas dit que tu es officiellement mon petit-ami, me rectifia-t-elle l'air malin.

Je me rassis à mon bureau, assez amusé.

— Tu n'as pas eu besoin de le dire. Tout le monde l'a compris.

— Je ne l'ai pas annoncé à la personne la plus importante...

— Tes amis ? Ta famille ?

— Mais non, idiot, toi.

— Pardon ?

Elle éclata de rire et prit quelques secondes avant de reprendre ton sérieux.

— Je ne t'ai pas demandé si tu voulais sortir avec moi et inversement. Et aucun d'entre nous n'a donné une réponse claire.

— Aurais-tu peur de me poser la question ? la défiai-je de plus belle.

Elle prit un bref temps de réflexion. Même si elle pouvait avoir beaucoup d'assurance sur des tas de sujets, elle pouvait parfois peiner par moment. En même temps, je pouvais la comprendre, j'étais parfois tout aussi bien perdu avec tout ce qui touchait de près ou de loin le domaine relationnel.

— Tu le veux que je le fasse à ta place ? repris-je en constatant son silence qui durait.

— Tu n'as pas peur que j'utilise un joker ? se joua-t-elle de moi.

— Je vais prendre le risque.

De nouveau, un petit rire lui échappa. Je me penchai sur mon bureau, m'appuyant sur un coude, et toujours avec mon téléphone en main.

— Veux-tu sortir avec moi Rey ? lui demandai-je d'une voix suave et assez basse.

— Comment pourrais-je refuser une telle proposition ?

Elle avait beau être en partie angoissée à l'idée de poser la question, je devais reconnaître qu'elle rebondissait très bien — un peu trop bien même.

— Je crois que je n'ai pas d'autres choix que d'accepter, reprit-elle, faussement contrainte.

— Comme si tu allais t'en plaindre, mademoiselle...

Son rire fut un peu plus victorieux et j'aurais été bien curieux de voir sa tête à ce moment précieux. Même si sa voix pouvait laisser transparaître beaucoup d'émotions, j'adorais bien trop voir ses yeux qui pétillaient ou quand elle se mordait lentement la lèvre inférieure.

J'aperçus alors Armitage devant la porte de mon bureau, il venait d'y frapper et attendait que je finisse mon appel. En jetant un coup d'œil à mon ordinateur, j'aperçus qu'il était tout juste venu l'heure de la pause.

— Je vais devoir te laisser, repris-je. Comment devrais-je te surnommer maintenant ? Ma chérie ? Ma puce ? Mon sucre ?

— Je m'en fiche de comment tu me surnommes tant que tu finis dans mon lit.

Je me retins de rire en sachant qu'Armitage m'attendait dans le couloir, alors seul un petit sourire se dessina sur mon visage. On raccrocha chacun de notre côté et le rouquin pointa enfin le bout de son nez dans mon bureau.

— Tu comptes manger dans ton bureau encore une fois ou tu m'accompagnes ? Sachant que Phasma ne vient pas.

— Je sens que tu n'as pas envie de manger seul... Je t'accompagne.

— Eh bien... Je ne m'attendais pas à autant d'altruisme venant de toi.

D'habitude, je refusais assez souvent, quand bien même il se retrouvait seul pour manger. De toute manière, ce n'était pas la première fois que mes habitudes étaient complètement chamboulées.

J'enfilai mon manteau et on quitta l'entreprise pour rejoindre un restaurant qu'il avait présélectionné. Au cours des années, il en avait fait le tour et les connaissait pratiquement tous par cœur, tandis que de mon côté, je connaissais juste un ou deux, toujours avec de la vente à emporter. Bien évidemment, il ne se gêna pas pour gentiment se moquer de moi à ce sujet.

Il attendit qu'on choisisse tous les deux notre plat avant de dériver sur des discussions un peu plus légères :

— Quand je suis venu te chercher à ton bureau, tu ne vas pas me faire croire que tu parlais à quelqu'un d'autre que Rey...

Ma première réaction fut probablement assez négative sur mon visage. Je fronçais des sourcils et mordis ma lèvre inférieure. Mais je me retins de balancer quelque chose d'un peu trop violent.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

— Tu crois vraiment que ça ne se voit pas ? T'étais en train de sourire pendant ton appel, ce qui t'arrive quand même assez rarement.

— Tu vas vraiment me reprocher le fait que je ne souris pas assez ? rebondis-je un poil provoquant.

— On va se mentir, mais tu agis souvent de la même manière, tu t'habilles toujours de la même manière... Même quand c'est complètement hors sujet.

Lui non plus n'était pas aveugle et mes habitudes étaient autant ancrées dans mon esprit que celui des autres.

— Bon d'accord, je le reconnais, c'était Rey.

Ses sourcils se levèrent un instant, puis il sourit, un brin victorieux que je finisse par lâcher le morceau.

— Tu lui as parlé de cet article ?

Il ne traînait pas pour remettre le sujet sur la table. Alors, je posai un coude sur la table et cachai ma bouche derrière mon poing. Il comprit immédiatement que ma réponse serait négative et son visage se crispa un instant.

— Donc, ce qui te gênait dans une potentielle relation avec elle, tu l'ignores ?

— Ça changerait quoi que je lui dise ? Je vais lui sortir un jour un "au fait, je voulais faire un article pour te démonter mais quand on a couché ensemble, j'ai changé d'avis" ?

— Je pense qu'elle le prendra mieux plus c'est fait tôt, m'assura-t-il, l'air grave.

Je détestais qu'il ait raison à ce point, et je me détestais pour ne pas faire comme si de rien n'était avec Rey. J'avais pourtant l'habitude d'être malhonnête. Alors pourquoi perdais-je cette habitude quand elle aurait pu être pratique ? Peut-être bien parce qu'une relation basée sur le mensonge n'avait rien de bon.

Je pris appui sur le dossier de ma chaise et croisai mes bras tout en soupirant. Nous avions basé notre relation sur la confiance, chose totalement normale en soi. Elle m'avait confié ses pires craintes, ses envies, ses besoins... Et moi, je lui mentais sur ça. C'était pitoyable.

— À moins que tu n'aies pas envie de la moindre relation sérieuse avec elle, ajouta-t-il presque comme une tentative ratée de détendre l'atmosphère. Peut-être que ce n'est qu'un plan cul à tes yeux.

Il voulait probablement bien faire, mais c'était probablement pire, et je détournai mon regard un instant.

— Ça y est ? C'est devenu sérieux avec elle ? Aussi rapidement ?

— J'en sais foutrement rien, répondis-je maladroitement.

Quand mon regard se posa de nouveau sur le rouquin, il était assez mal à l'aise de la tournure de cette discussion. Clairement, il voulait aider. Malheureusement, il avait bien échoué.

— Déjà, on a pris pas mal de temps pour vraiment se définir en tant que couple... Alors, se projeter, vraiment, j'en ai aucune idée. Peut-être que ça ne durera que trois semaines ou dix ans...

— Et tu ne sais même pas si tu veux que ça dure ou pas ?

— Ça non plus, j'en sais rien...

Notre discussion fut écourtée par le serveur avec nos plats. Armie ne relança pas le sujet en voyant que j'avais encore du mal à reprendre mes esprits.

Parce que, maintenant, j'avais juste une putain d'épée de Damoclès sur la tête qui menaçait de tomber, et pas seulement pour mes mauvaises intentions lors de notre rencontre...

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