Chapitre 21

Notes de l’auteur : Bonjour, bonjour !

Attention, ce chapitre contient une scène de sexe (entre deux adultes consentants) (ou contenu NSFW comme on dit aujourd'hui)

Illustration du chapitre 21, réalisé par Druide Lunaire (pas d'inquiétude, le dessin n'est pas classé NSFW) : https://www.instagram.com/p/CxqnkkZNq3G/?img_index=1

     Une nouvelle journée de voyage venait de s’achever pour le trio de Cultivateurs. Ils avaient pris le temps de manger autour du feu de camp, avant que Chan YinMai et Zhen YuJin ne s’occupent de monter la tente pour la nuit. Lorsque celle-ci fut prête, le Médium se jeta sur les couvertures, se roula dedans et souhaita la bonne nuit à son meilleur ami qui ressortit dehors. Celui-ci ne fut pas vraiment étonné de voir Zhang JingXi assis près du feu, absorbé par la lecture d’une lettre. Son contenu devait être important s’il se fiait à l’air on ne peut plus sérieux qui marquait son visage. En l’entendant le rejoindre, le Cultivateur replia aussitôt la missive en lui adressant un sourire :

     — Chan YinMai est déjà parti se coucher ?

     Le Musivateur acquiesça en s’asseyant à ses côtés :

     — Il est épuisé par la route. J’espère qu’une fois à ZhenShen, il pourra un peu mieux se reposer.

     Il désigna la lettre du menton alors que celle-ci finissait de disparaitre dans les manches de son ami :

     — Des nouvelles du Chef de Clan ?

     — Oh non, de mon oncle. Je lui ai annoncé que nous arriverions demain et il m’a répondu en disant que pour le moment, il n’a rien remarqué de particulier en ville.

     Il se tourna un peu plus franchement vers Zhen YuJin. Leur voyage touchait mine de rien à sa fin. Demain, ils atteindraient la Capitale et le surlendemain ils avaient rendez-vous au Palais. Qui pouvait dire comment les choses allaient ensuite s’enchaîner ? Tout ce qu’il savait à cet instant, c’était qu’il s’agissait de leur dernière nuit dehors.

     Pendant le chemin du retour, ils s’étaient mis d’accord pour que Chan YinMai et Zhen YuJin dorment à l’auberge de l’Âne Fringant. Ils considéraient que l’endroit demeurait relativement sécurisé dans la mesure où ils n’avaient jamais rencontré de souci entre ses murs jusqu’à présent, même s’ils comptaient bien rester sur leurs gardes malgré tout. Quant à Zhang JingXi, il avait déjà prévu de passer les nuits à venir chez son oncle. Ainsi, personne ne serait seul et tout le monde dormirait en ville, ce qui serait nettement plus pratique pour continuer leur enquête.

     Les yeux dans le vague, il songea aux jours à venir, conscient que des évènements risquaient de se produire et qu’il n’avait pas la moindre idée de comment sa relation avec le Musivateur allait évoluer. Ce matin, il s’était réveillé auprès du feu qui avait brûlé toute la nuit, complètement lové contre son ami qui le tenait contre lui dans son sommeil. Il s’était senti apaisé et en sécurité. Le souhait que des moments semblables se reproduisent avait pris forme dans son esprit. Mais est-ce que les choses pourraient vraiment être aussi simples ? Était-ce raisonnable de songer sérieusement à une telle histoire ? Il n’en était pas sûr. Pour l’instant, le Cultivateur voulait juste profiter des jours comme ils venaient, il réfléchirait au reste plus tard.

     Un talisman vierge fut brandi devant lui et il leva le regard vers Zhen YuJin en le lui prenant entre ses doigts :

     — Comme d’habitude ?

     Le Musivateur acquiesça et observa attentivement l’autre homme qui se concentra sur sa capacité. La veille, il avait constaté que la sensation de brûlure sur sa main avait disparu et il espéra qu’il en serait de même pour la toux. Néanmoins, lorsque le Cultivateur se mit à tousser, quelques instants plus tard, il dut se rendre à l’évidence. La blessure psychique qui poursuivait son ami n’était pas partie simplement parce qu’ils avaient discuté de sa probable origine. Ce n’était pas étonnant non plus. Si tous les problèmes pouvaient se résoudre juste en parlant, leur monde serait bien différent. Il lui caressa le dos en voyant le dépit se peindre sur son visage :

     — Ce n’est pas grave, A-Xi. Comme nous disions hier, tu as déjà énormément progressé en quelques jours. Essayons quelque chose d’autre.

     Il saisit la main gauche de Zhang JingXi entre les siennes :

     — Ferme les yeux et recommence.

     Le Cultivateur tourna son regard vers le talisman jeté par terre, mais Zhen YuJin fit non de la tête :

     — Pas sur cet exercice. Occupe-toi juste de faire sortir ton feu en gardant les yeux fermés. N’aie pas peur. Si tu y arrives, je ne pense pas que tu pourras me brûler.

     Incertain quant à cette dernière affirmation, il obéit néanmoins. Les désagréables sensations familières recommencèrent à rugir dans son corps qui se mit à chauffer et il se raidit, attendant le moment où la fièvre et la toux allaient se manifester. Les secondes s’écoulèrent pourtant sans que rien ne vienne. Il avait terriblement chaud, une légère sueur couvrit son front, mais elle paraissait différente de celle à laquelle il était habitué. En se concentrant sur sa main, il réalisa que quelque chose semblait tracter son pouvoir hors de lui. Une autre énergie était tout doucement venue à la rencontre de la sienne. Très agréable, apaisante, elle remontait le long de son bras comme une infime caresse d’encouragement.

     — Regarde, souffla Zhen YuJin.

     Avec prudence, le Cultivateur rouvrit les paupières. Un ruban de feu sortait de sa paume, en ondulant gracieusement dans les airs. La paume droite du Musivateur était positionnée sous sa main brûlée et sa main gauche se trouvait juste au-dessus. Son Qi soutenait le sien et il voyait ses doigts remuer délicatement pour aider les flammes à émerger sans interruption.

     — Je me suis dit que si tu arrivais à prendre le contrôle de mon feu, peut-être que je pouvais m’inspirer de cette idée pour t’aider à faire sortir le tien.

     Sans voix, Zhang JingXi observa l’élément qui se transforma en un tout petit tigre enflammé qui se mit à marcher autour de sa paume. Il n’avait pas pu contempler son propre feu depuis si longtemps… À sa vue, il se sentit étrangement réconforté, comme s’il retrouvait un vieil ami qui voulait lui dire qu’il ne l’avait pas abandonné, qu’il se vivait toujours là, en lui, bien vivace et prêt à revenir s’il trouvait comment l’apprivoiser. Des larmes d’émotions lui montèrent aux yeux et il battit rapidement des paupières pour les chasser.

     — Essaye de prendre le contrôle.

     Retenant son souffle, comme s’il craignait de faire disparaitre les flammes en respirant trop fort, il acquiesça et focalisa sa concentration sur le tigre qui venait de s’asseoir au creux de sa main. Il se rappelait soudain avec une précision presque effrayante de la journée juste avant l’incendie, d’à quel point il s’était amusé à modeler l’élément à sa volonté. L’animal se retransforma en un ruban, avant de prendre l’apparence d’un petit dragon qui ne faisait pas plus de dix centimètres.

     Zhen YuJin sourit en constatant que son ami n’avait pas eu de difficulté à récupérer le contrôle de son propre feu et qu’il arrivait à le manipuler avec autant d’aisance que lorsqu’il lui empruntait le sien. Il le dévisagea, s’attardant sur son teint devenu rosé avec la pratique, ses mèches qui voletaient autour de son visage arborant un air extrêmement concentré où il pouvait néanmoins déceler une lueur de joie. La petite créature enflammée vint virevolter près de sa tête, avant de revenir tourner sur elle-même entre ses doigts. Avec précaution, le Musivateur commença à reculer la main gauche, pour laisser le soin à Zhang JingXi d’avoir le plein contrôle sur sa création qui ondulait joyeusement. Puis, il retira lentement sa paume qui soutenait la main du Cultivateur.

     Le dragon vacilla.

     Zhang JingXi se mordit les lèvres. L’énergie de l’autre homme s’éloignait de plus en plus et l’abandonnait, seul, face à son feu. Il eut beau faire de son mieux pour le maintenir, plus Zhen YuJin s’écartait, plus il rencontrait des difficultés à garder sa capacité spéciale en action. Le feu s’éteignit à l’instant où le Musivateur reposa ses mains sur ses genoux. Terriblement frustré, Zhang JingXi fronça les sourcils et se concentra pour rappeler son pouvoir à lui.

     — A-Xi… s’inquiéta le Musivateur en notant son air on ne peut plus résolu.

     Soucieux, il comprit qu’il voulait recommencer, seul. Très vite, trop vite, il vit son visage se couvrir de sueur. Une pauvre flammèche crépita dans sa main, avant de s’éteindre et une quinte de toux bien plus violente que celles qu’il avait eues jusqu’à présent l’anima. Il s’empressa de récupérer sa gourde et la présenta à son ami. Celui-ci en avala quasiment l’entièreté lorsque sa crise se calma, afin d’apaiser sa gorge irritée, puis la rendit à son propriétaire :

     — … Pourquoi je ne suis pas capable d’y arriver tout seul… marmonna-t-il d’une voix enrouée à force d’avoir toussé.

     — Sois indulgent avec toi-même, répondit doucement Zhen YuJin. À un moment, tu n’auras plus besoin de moi, j’en suis sûr.

     Il vit le Cultivateur porter une main à sa tempe en grimaçant, puis le haut de son corps commença à basculer vers l’avant. Immédiatement, il le rattrapa et tira l’autre homme contre lui pour lui offrir un appui :

     — … Ça ne va pas ?

     Zhang JingXi soupira en fermant les yeux :

     — J’ai la tête qui tourne.

     Le Musivateur repoussa quelques mèches qui tombaient sur le front de son ami, tout en opinant du chef même si ce dernier ne pouvait pas le voir :

     — Nous avons peut-être forcé un peu. Depuis le temps que tu n’avais pas pu véritablement laisser sortir ton feu, ton énergie et ton organisme doivent être déboussolés.

     Le Cultivateur resta silencieux, appréciant la main qui caressait ses cheveux comme la veille au soir. Il se demanda s’il pourrait vraiment dépasser son blocage. Certes, il se comprenait mieux et effectivement il avait malgré tout avancé dans sa pratique, mais pourrait-il réellement aller plus loin ? Même si Zhen YuJin connaissait à présent l’origine de son traumatisme, il ne savait pas encore tout à ce sujet. Zhang JingXi entrouvrit les yeux quelques instants, le temps de se trouver une position plus confortable contre son ami qui ne put s’empêcher de s’enquérir avec une pointe d’amusement dans la voix :

     — Tu comptes t’endormir à nouveau contre moi ?

     Avec un sourire, le Cultivateur referma les paupières :

     — Tu y vois un inconvénient ?

     — Aucunement… répondit l’intéressé dans un murmure.

     Zhen YuJin savait également très bien que le lendemain, ils auraient du mal à trouver un moment pour eux. Lui partagerait sa chambre avec son meilleur ami, tandis que Zhang JingXi logerait certainement chez son oncle. Même s’ils parvenaient à se libérer une heure pour réaliser tout de même une séance, il n’était pas sûr qu’ils trouveraient un endroit aussi calme que ce soir. Il ignorait quand il pourrait à nouveau serrer ainsi le Cultivateur dans ses bras, en toute tranquillité et songea que ces quelques heures passées avec lui allaient lui manquer.

 

     Lorsque le Musivateur ouvrit les yeux quelques heures plus tard, il constata aussitôt le vide à ses côtés. S’étant allongé sur le flanc dans son sommeil, il se redressa sur un coude en regardant autour de lui. L’aube n’était pas encore là et le feu de leur campement continuait de brûler tranquillement. Il se frotta les paupières, un peu étonné de ne pas avoir senti, ni entendu Zhang JingXi s’éloigner. Peut-être était-il lui-même plus fatigué qu’il ne le pensait, avec ce voyage. Son regard se tourna naturellement vers la tente, son compagnon de route avait dû se réfugier à l’intérieur… Il s’aperçut alors qu’une partie de son feu de camp avait été déplacée plus à l’est.

     Zhen YuJin se releva machinalement en se rappelant que la veille, lorsqu’ils étaient passés près du lac qui se trouvait à quelques centaines de mètres de leur campement, le Cultivateur avait émis le désir d’aller s’y baigner. S’il en croyait la présence de son feu dans cette même direction, Zhang JingXi avait mis son projet à exécution. Il jeta un coup d’œil à la tente et estima que Chan YinMai ne risquait rien s’il s’éloignait un peu. Les lieux étaient totalement déserts et il doutait que quiconque tente de s’approcher d’eux à cette heure-ci.           

Sans vraiment réfléchir, il descendit le petit chemin qui menait au bord du lac.

 

     Sur le dos, se laissant porter par l’eau, Zhang JingXi fixait le ciel étoilé au-dessus de lui. Sous son regard absent, des centaines de pensées défilaient dans son esprit. Il avait espéré que l’onde froide les calmerait, mais devait se rendre à l’évidence qu’il n’en était absolument rien.

     En se réveillant un peu plus tôt, blotti contre Zhen YuJin, il avait pris conscience du manque qu’il allait ressentir si l’autre homme décidait de s’éloigner de sa vie. Il ne pouvait pas l’obliger à demeurer à ses côtés et lui faire cette requête égoïste reviendrait à les forcer tous les deux à apporter des modifications dans leurs existences respectives. Son ami avait promis de l’aider avec le feu et il se réjouissait secrètement de cette promesse qui signifiait que le Maître du Feu allait devoir rester près de lui encore quelque temps. Mais cette même idée l’inquiétait également lorsqu’il se demanda ce qu’il se passerait s’il n’arrivait pas à aller plus loin que le stade atteint la veille au soir. Zhen YuJin resterait-il malgré tout de son plein gré ? Et dans le cas contraire, s’il parvenait finalement à avoir la maîtrise totale sur le feu, est-ce que le Musivateur repartirait ensuite rejoindre la Troupe ? Un soupir franchit ses lèvres tandis que ces pensées en entraînaient d’autres toutes aussi prise de tête. Il bascula sur le côté et plongea dans l’eau, tout en se demandant s’il n’y avait pas quelques ironies à aimer autant cette baignade nocturne dans un élément capable d’éteindre le sien.

     Dormir dans une tente, ou à la belle étoile dans les bras d’un autre homme, nager dans un lac à une heure beaucoup trop matinale ou trop tardive, il devait admettre que ce voyage avait un goût de liberté fort agréable, malgré les éléments négatifs qui pouvaient l’entacher.

     En ressortant la tête à l’air libre, il constata que Zhen YuJin venait d’arriver sur les rives. Le Musivateur se tenait juste à côté de la boule de feu qu’il avait empruntée au campement. Il s’était dit qu’il apprécierait d’avoir un peu de lumière pour se repérer dans le noir et que sa chaleur serait on ne peut plus bienvenue lorsqu’il sortirait de l’eau. L’autre homme semblait l’avoir cherché du regard et il vit le soulagement sur son visage quand il l’aperçut enfin. Zhang JingXi nagea jusqu’à pouvoir poser la pointe de ses pieds sur le fond du lac et lui fit signe de le rejoindre.

     Zhen YuJin se figea brièvement en voyant le Cultivateur lui proposer de venir. Il se pencha pour toucher l’eau et tester sa température. Elle était froide, mais il avait déjà eu l’occasion de se baigner dans des ondes bien plus glaciales. À une époque, peu de temps après avoir été recueilli par les Musivateurs, Lu Lei avait installé une partie de sa Troupe dans des villages reculés de montagne où lacs et étangs restaient gelés presque toute l’année. Les habitants locaux prenaient l’habitude de creuser un trou dans la glace pour se baigner, vantant les mérites de cette pratique qui les aidait à renforcer tout le corps et à le rendre plus énergique. Si Chan YinMai avait renoncé à tester les coutumes locales après avoir attrapé trois rhumes carabinés à la suite, Zhen YuJin de son côté trouvait fort amusant de creuser dans ces étendues immobiles et figées, puis de sauter ensuite dedans. En comparaison, la baignade qui s’annonçait promettait d’être presque chaude.

     Il se déshabilla, abandonnant ses vêtements près de ceux de Zhang JingXi, puis entra dans l’eau, sous le regard ébahi de ce dernier qui commenta :

     — Même pas un petit frisson ? J’ai mis trois fois plus de temps à m’habituer à sa température et toi, tu arrives et tu avances comme si de rien n’était…

     Il ponctua sa phrase d’une moue boudeuse tellement adorable aux yeux de Zhen YuJin, qui venait de s’arrêter à côté de lui, qu’il eut du mal à ne pas…

     Oh et puis zut. Advienne que pourra.

     Mettant la partie raisonnable de son cerveau en pause, le Musivateur attrapa le visage de Zhang JingXi entre ses mains. Celui-ci écarquilla momentanément les yeux, mais ne recula pas lorsque ses lèvres vinrent capturer les siennes. Il eut l’impression que la température grimpait brutalement de quelques degrés et qu’il n’était plus du tout aux commandes de son corps, s’il se fiait au fait qu’il venait de jeter ses bras autour de la nuque de Zhen YuJin et que sa bouche quémandait la sienne avec avidité.

     Combien de fois avait-il eu la sensation que son compagnon de route avait eu envie de l’embrasser, mais s’en était empêché pour des raisons connues de lui seul ? À chaque fois, il avait espéré de tout son cœur qu’il allait franchir le pas, sans oser s’avancer lui-même dans sa direction. Maintenant que ce premier pas venait d’être sauté, il n’avait pas du tout envie de le lâcher et fut ravi de constater que le Musivateur semblait sur la même longueur d’onde. Ses bras musclés serrèrent sa taille pour l’empêcher de s’éloigner, plaquant son bassin contre le sien. Zhang JingXi ne put retenir un sourire amusé, bien qu’un brin gêné, en sentant ainsi nettement qu’une partie du corps collé au sien appréciait ce rapprochement autant que lui. Le souffle court, il écarta brièvement son visage et son front s’appuya sur celui de Zhen YuJin. Il n’avait pas envie de parler, juste de profiter du moment. Cependant, le Musivateur commença à reculer d’un pas, puis d’un autre, en l’entraînant avec lui et bientôt les pieds de Zhang JingXi n’eurent plus de point d’appui. Il battit des jambes, tandis qu’un éclat amusé passait dans le regard de son vis-à-vis.

     — …. Je ne touche plus le sol, fit posément remarquer le Cultivateur.

     — Sans rire ? répondit le Maître du Feu d’une voix taquine qui ne lui était pas habituelle. Moi, si.

     Il ne pouvait que sentir ses jambes bouger contre les siennes, tandis qu’il reculait en le tenant toujours fermement contre son propre corps. Zhen YuJin n’avait pas d’idée précise en tête en agissant de la sorte et s’arrêta lorsque l’eau lui arriva juste au-dessus des épaules. Encore quelques pas en arrière et c’est lui qui perdrait pied. Loin de se laisser déstabiliser, Zhang JingXi prit appui sur lui et noua soudain ses jambes autour de sa taille :

     — Je dois admettre, c’est plus confortable ainsi.

     Tout sourire, il repartit en quête de ses lèvres alors que Zhen YuJin réajustait ses bras pour mieux le maintenir dans sa nouvelle posture. Sa poitrine pressée contre la sienne, il sentait son cœur battre fort, en écho à celui qui tambourinait en face. Leurs bouches et leurs langues ne se lassaient pas de se rencontrer, parfois douces, parfois plus enfiévrées.

     L’arrière de sa tête entra en contact avec l’eau lorsqu’il la renversa en arrière pour offrir son cou aux baisers ardents du Musivateur. Le mélange du froid, avec leurs corps aussi brûlants que des braises, était agréablement déroutant. Il était presque étonné de ne pas voir le lac fumer tant il se sentait lui-même terriblement fiévreux.

     Tout en se prêtant aux embrassades, il laissa nonchalamment l’un de ses pieds glisser sur les fesses fermes de Zhen YuJin qui tressaillit entre ses cuisses.

     Le Maître du Feu se délectait de la saveur de Zhang JingXi. La chair délicate de sa gorge frémissait sous ses lèvres qui n’avaient que peu de repos. À peine libres, celles de son compagnon revenaient les chercher, à la fois douces et exigeantes. D’une main, il palpait sans retenue son postérieur tout en le maintenant contre lui, de l’autre il caressait les reliefs de son dos. Mi-titubant, mi-nageant, il commença à se rediriger vers la rive sans lâcher son partenaire qui restait fermement accroché à lui.

     Il n’était pas encore totalement sorti du lac lorsque Zhang JingXi décrocha soudain ses jambes pour reposer les pieds au sol. Déséquilibré, Zhen YuJin bascula en avant en l’entraînant dans sa chute et tous deux se retrouvèrent allongés l’un sur l’autre, emmêlés dans un fond d’eau.

Confus, le Musivateur se redressa sur un coude en s’assurant que Zhang JingXi ne s’était pas fait mal, mais ce dernier, étendu sur le dos, se mit à rire :

     — On devrait inclure cette cascade, dans un de tes spectacles. On l’appellera « La Grâce des Cultivateurs. »

     Amusé, Zhen YuJin secoua légèrement la tête, puis se figea en sentant les mains de son partenaire se poser sur son chignon. L’ornement acheté à Jinhar fut retiré, libérant ses cheveux qui se déployèrent librement autour de son visage. Zhang JingXi se tordit le cou pour regarder en arrière et lança l’objet en direction de leurs vêtements, avant de revenir à l’homme qui le dominait. Ravi, il plongea ses doigts dans la chevelure en murmurant :

     — Depuis le temps que je rêve de te décoiffer…

     Haussant les sourcils, le Musivateur rapprocha son visage du sien, caressant délicatement son nez avec le sien et souffla :

     — Vraiment ? Tu fantasmes sur des choses intéressantes, A-Xi.

     — Je crois que tu n’as aucune idée de ce qui me traverse l’esprit, parfois, répondit l’autre avec légèreté.

     Ses yeux verts pétillants arrachèrent sans difficulté un sourire à Zhen YuJin. Il aimait voir cette joie dans son regard, cette malice qui lui était propre et ne put s’empêcher de susurrer :

     — Ah oui ? Raconte-m’en donc une partie…

     En réponse à sa requête, les mains de Zhang JingXi se posèrent sur ses épaules et donnèrent une impulsion subtile, mais parfaitement compréhensible. Le Musivateur inversa leur position sans se faire prier et s’allongea sur le sol, son bien-aimé à califourchon sur lui. Un instant plus tard, il ne regrettait aucunement cette décision alors que tout son torse se retrouvait couvert de baisers et de caresses. Les yeux mi-clos, il voulut câliner le corps adoré qui se présentait à lui, mais Zhang JingXi lui plaqua les poignets au sol avec ses mains, sans même interrompre le mouvement de sa langue qui traçait un sillon brûlant tout le long de son torse. La poigne n’était pas très solide. Il fit mine de dégager ses bras, en réponse la bouche de son homme se posa sur l’un de ses tétons et commença à lui apporter une attention toute particulière. Il tressaillit et abandonna directement la lutte, se laissant aller au bon vouloir de son partenaire qui suçotait sa trouvaille avec art, se délectant de ses réactions. Les joues rouges, Zhen YuJin ferma les yeux tandis que Zhang JingXi entreprenait de le rendre fou à renfort de caresses, baisers, mordillements… Il sentait tout son corps frémir d’envie et de plaisir alors que son amant s’attaquait tantôt à son cou, tantôt à son ventre. Ses soupirs accompagnèrent les mains qui traçaient des lignes de feu sur ses hanches, les lèvres butinaient l’intérieur de ses cuisses… Ses pieds se crispèrent, s’enfonçant dans le sol mouillé. Son souffle n’était déjà plus sous contrôle depuis bien longtemps. L’état de son entrejambe donnait une indication suffisante à Zhang JingXi quant à ce qu’il ressentait grâce à ses bons soins. Plutôt satisfait de lui-même, le Cultivateur revint l’embrasser fougueusement. Leurs bouches ne s’étaient plus rencontrées depuis plusieurs longues minutes et le baiser échangé fut aussi passionné qu’ardent. Zhen YuJin estima qu’il ne risquait rien à tenter de réutiliser ses mains et en profita pour serrer avec fièvre son adorable compagnon qui ne protesta guère en sentant ses paumes brûlantes glisser sur son dos.

     Le regard brillant, le visage rosit, Zhang JingXi susurra près de son oreille :

     — A-Jin… Tu veux bien te tourner un peu ?

     Pleinement conscient de ce que cette requête impliquait, le Musivateur hocha la tête. Son amant se décala pour le laisser changer de position. Il roula sur le côté en songeant que ce scénario précis n’avait pas fait partie de son imagination, lorsqu’il avait autorisé ses pensées à vagabonder sur ce qu’il pourrait se passer entre lui et le Cultivateur qui, décidément, parvenait encore à le surprendre. Machinalement, il replia sa jambe pour faciliter l’accès à son compagnon, et ne put retenir un long frisson de désir quand un doigt enduit de salive osa s’introduire dans son orifice palpitant. Tout en le préparant, Zhang JingXi déposait une myriade de baisers sur ses épaules. Dans le noir, il ne distinguait pas les taches de rousseur qui les clairsemaient, mais il se rappelait les avoir vues les fois où le Maître du Feu se baladait torse nu dans son champ de vision et les couvrit de bisous d’adoration.

     Les yeux mi-clos, Zhen YuJin frémissait de tout son corps qui n’avait jamais reçu autant d’attention en si peu de temps. Il bouillonnait de l’intérieur, un fin voile de sueur l’avait déjà recouvert depuis longtemps et l’eau froide dans laquelle il avait encore un pied immergé ne calmait pas la chaleur qui émanait de tout son être. Ses soupirs s’accentuaient à mesure que Zhang JingXi rajoutait un deuxième doigt, puis un troisième… D’un coup de reins suggestif, il invita son amant, qui prenait presque un peu trop son temps à son goût, à aller plus loin. En réponse, l’autre homme écarta ses doigts dans son antre, lui arrachant un nouveau long frisson qui se mua en gémissement plus appuyé. Sa requête fut cependant prise en compte puisqu’il sentit soudain un grand vide en lui. Son partenaire positionna soigneusement sa virilité au niveau de son intimité qui n’attendait que ça. Elle se fraya ensuite un chemin en lui, tandis que le torse de son amant se collait à son dos. Sa bouche lui embrassa l’épaule alors que l’une de ses mains sournoises se faufilait sur son torse pour câliner le mamelon le plus accessible.

     — Est-ce que ça va… ? demanda Zhang JingXi dans un souffle saccadé lorsqu’il fut entièrement entré. Je ne t’ai pas fait mal ?

     Tournant le buste pour le regarder, Zhen YuJin se laissa happer par ses yeux brillants de désir et son visage qui affichait un teint adorablement rosé qui lui seyait à merveille. Il regretta de ne pas pouvoir pleinement l’admirer à la lueur du jour et de ne pouvoir se contenter que de celle du feu ronflant près d’eux.

     — Tout va bien, le rassura-t-il.

     Soulagé, son compagnon ne put retenir un sourire satisfait en entendant le hoquet de surprise et de plaisir qui échappa au Maître du Feu, lorsqu’il lui donna un coup de reins sans prévenir. Il se sentait merveilleusement bien en Zhen YuJin et se fit un véritable devoir de le lui faire savoir en lui imposant un rythme soutenu. Si son beau partenaire tenta de le garder dans son champ de vision au début, il dut se résigner à abandonner et à retourner la tête pour regarder devant lui, afin de consacrer son peu de souffle à ses gémissements qui montèrent un peu plus en tonalité.

     La main de Zhang JingXi plongea entre ses cuisses et il se referma sur son membre. Si Zhen YuJin pensait que son sexe ne pouvait pas durcir davantage, il se trompait. Le contact de ses doigts qui venaient le caresser lui fit perdre la tête et il ferma les yeux, laissant son amant les entraîner dans une danse effrénée et un concert de gémissements. La respiration hachée qu’il entendait près de son oreille le comblait presque autant que les coups de reins qui se répercutaient délicieusement en lui et que la main qui ne lui donnait pas le moindre répit. Il enfonça ses doigts dans le sol meuble et humide du bord du lac en laissant passer une longue plainte, le corps tremblant et incontrôlable. Un nouveau coup de reins bien appuyé l’acheva. Il s’abandonna, emporté par une vague de chaleur, tandis que sa semence se répandait entre les doigts de son partenaire.

     Durant quelques secondes, le Maître du Feu flotta dans un état de bien-être des plus agréables. Il reprit lentement pied avec la réalité. Son bien-aimé s’était arrêté et se trouvait maintenant à moitié affalé sur lui, le souffle tout aussi court que le sien. Quelques instants plus tard, Zhen YuJin sentit un liquide couler entre ses fesses lorsque son compagnon se retira de lui avec précaution. Il ne put retenir le sourire de contentement qui se dessina sur son visage. Il se retourna et attira Zhang JingXi contre lui. Celui-ci ne se fit pas prier pour se blottir contre son torse, appréciant ce tendre câlin qui venait parfaitement conclure leurs ébats.

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