Une femme entièrement nue sortit de la salle de bains, poussant à l’extrême mon intimidation et ma curiosité. De toute évidence, Agnès s’entretenait. Son corps était mince et tonique, son ventre plat. De petits seins fermes et ronds apportaient la chaleur de leurs courbes. Je pariai sur du 85B: ils ressemblaient aux miens. Un triangle de duvet sombre parfaitement taillé dessinait une toison pubienne naturelle mais soignée. Suivant mes consignes, elle s’allongea sur le ventre. Ses fesses étaient petites et musclées, ce qui leur donnait une courbure harmonieuse. Quelques traces de cellulite ici ou là, inévitables, humanisaient l’harmonie de ce corps séduisant de quarante ans. Je fis couler de l’huile à la fleur d’oranger sur son dos. L’atmosphère s’embauma d’une senteur orientale qui m’évoqua instantanément les cornes de gazelle et le mouhalabieh. D’un petit coup de rein je fis tomber mon peignoir à mes pieds et me lançai nue dans mon numéro d’équilibriste.
Je passai dix minutes à masser longuement le dos, les épaules, les bras et les mains d’Agnès, de son bassin jusqu’à sa nuque. Elle était nouée, et sa fine musculature avait du mal à se relâcher. Je l’invitai plusieurs fois à se laisser aller et à me faire confiance, en ne cherchant pas à tenir elle-même des positions alors que je m’en chargeai, notamment quand je levai un bras pour le masser tout en l’étirant. La discussion était facile et agréable et je compris vite qu’elle faisait partie du fantasme.
-Alors dites-moi Agnès, que faites-vous dans la vie ?
-Je suis chef d’entreprise. Je dirige une boutique qui vend des produits typiques de nos différentes régions, artisanaux et de qualité, en garantissant l’origine des ingrédients, le respect des fabrications traditionnelles, contrairement aux enseignes pour touristes qui abusent souvent le client.
-Vous êtes à la fois en vente sur place et sur internet ?
-Oui j’ai repris cette boutique avant la création de la vente par correspondance, je me suis occupée de créer le site et de mettre cela en place.
-Et vous êtes mariée, vous avez des enfants ?
-Je suis divorcée et j’ai eu un enfant mais très jeune, il a désormais vingt ans.
Sur ce que j’avais vu quand elle était sortie de la salle de bains, son ventre ne donnait pas l’impression d’avoir subi une grossesse et un accouchement. L’ancienneté de ce dernier, à un âge où les chairs se remettent mieux de tels traumatismes, expliquait pourquoi.
Elle fit bifurquer la conversation. Visiblement elle avait envie de parler de moi. Je la laissai mener la barque tout en pétrissant son dos, délassant ses trapèzes douloureux et longeant sa colonne vertébrale, lui coupant le souffle par moments à coup de gestes amples et de pressions appuyées.
-Mais vous, comment en êtes-vous venue à proposer ces massages ?
Je lui racontai le parcours récent dans les très grandes lignes.
-Et vous avez beaucoup de demandes ?
-Enormément, mais j’en retiens très peu. Beaucoup d’hommes qui appellent sont vulgaires ou alors cherchent beaucoup plus que je ne propose.
-J’imagine oui. Et donc vous faites jouir ces messieurs en fin de massage c’est ça ?
-Exactement. Avec mes petites mains agiles.
-J’avais entendu parler de ces massages. On s’imagine toujours que ça se passe dans le sous-sol glauque d’un salon thaïlandais sordide. Là je dois dire que vous changez l’image que j’en avais.
-Cela doit exister aussi. Mais c’est vrai qu’Alessia et moi essayons de faire les choses bien, dans un cadre agréable, hygiénique, et avec sensualité.
-En tout cas, même si vous me dites que vous n’êtes pas étudiante dans ce secteur, vous massez remarquablement bien.
-Merci.
-C’est sincère. Je fais souvent des massages classiques dans des spa ou des salons réputés, et si les techniques y sont très affûtées, vous n’avez rien à leur envier. J’aime beaucoup l’alternance de fermeté et de douceur dans vos gestes, c’est à la fois bienfaisant, relaxant, et très sensuel.
-Que de compliments.
-Vous en voulez d’autres ?
-Ne vous gênez surtout pas.
-Vous êtes une très belle jeune femme.
-Continuez, vous êtes si bien lancée.
-J’ai rarement vu des jambes aussi parfaites. En général les femmes minces ont des jambes très fines mais en piquet, sans formes. Les vôtres sont fines mais musclées, vous avez des cuisses, des mollets, elles sont longues et en courbures successives, c’est rare.
-Vous avez très bien fait de continuer ! C’est très agréable à entendre.
-Vous devez faire du sport, quelque chose qui sculpte mais sans gonfler excessivement le muscle.
-Je suis danseuse.
-Voilà !
-Dites donc, vous avez l’œil aiguisé.
-J’ai surtout vos deux jambes juste en face de mon visage.
Effectivement, je venais d’entamer le deuxième quart d’heure et étais passée à la hauteur de sa tête, mon ventre appuyé contre la largeur de la table où celle-ci reposait, visage dans le trou pour respirer, et vue panoramique sur mes gambettes. Le massage de la nuque commença, ainsi que du cuir chevelu et du crâne. Le silence se fit quelques instants. Je rajoutai quelques mouvements, improvisant face à cette situation que je vivais pour la première fois. Avant de changer de zone, je passai doucement mes doigts sur ses oreilles, en massant les lobes et les contours tout en évitant les boucles en or.
Puis je descendis de l’autre côté de la table pour commencer le massage des pieds, dont le vernis était assorti à celui des mains.
-C’était particulièrement agréable.
-Le massage de la tête ?
-Oui. Inattendu et vraiment apaisant.
-Tant mieux.
Je massai longuement les doigts de pieds, la voûte plantaire, le coup de pied, puis les chevilles. Je me déplaçai ensuite sur le côté de la table pour masser ses jambes dans toute leur longueur, d’abord de façon tonique, puis plus douce, toujours à l’aide de vastes mouvements dans lesquels mes mais glissaient sur la courbe d’une cheville, tournaient autour du mollet, attrapaient le genou pour se lancer à la conquête des cuisses que je parcourrai sur la moitié de leur longueur. Déjà rompue à certaines visions, je me fis la réflexion qu’il manquait un pénis entre ces deux jambes parfaitement lisses et douces. Pour la première fois, la question de la bifurcation vers un massage plus coquin se posa sous la forme d’une énigme. A ce stade, une majorité des hommes que j’avais massés était déjà en érection, et pour les autres, je savais exactement quoi faire pour que ça ne tarde pas. A nouveau, j’improvisai, et à défaut de solliciter directement un organe génital apparent, je transformai le massage en caresses, repassant sur la totalité des jambes d’Agnès mais en effleurant sa peau sans la toucher vraiment. Une chair de poule se forma, de petits picots de chair émergeant du tapis d’huile qui recouvrait son corps. Je perçus un frémissement, comme si elle avait froid.
-Vous voulez que je monte le chauffage, ou que je vous recouvre d’une serviette ?
-Ne vous arrêtez surtout pas.
Le message était clair, mon initiative lui avait plu. Elle n’avait pas froid. Les frissons étaient donc dus à autre chose. Après ces frôlements, je refis le parcours complet des chevilles jusqu’au haut des cuisses, mais cette fois-ci avec mes ongles, très doucement, avançant millimètre par millimètre, griffant lascivement la peau ferme et souple, laissant une infime marque de mon passage, striant le lac d’huile de zébrures et piquant l’épiderme qui rougit quelques secondes à cette troublante agression, avant de retourner à sa quiétude. De nouveaux tressaillements agitèrent le corps d’Agnès de façon davantage perceptible. Là où un homme aurait bandé, elle réagissait avec le mystère qui entoure parfois la sexualité féminine, envoyant des signaux plus énigmatiques, plus discrets, plus subtils. Prise dans cette spirale débutante, je ressentis l’envie d’en jouer, comme j’avais parfois ressenti l’envie de faire plaisir à certains clients masculins particulièrement agréables. Sans que mes gestes soient pour moi véritablement sexués, j’avançai vers davantage de volupté. Je fis un pas sur ma droite pour me recentrer, et pour la première fois mes doigts prolongèrent leur montée en puissance sur les deux fesses dont la convexité flatteuse s’orientait dans ma direction. Je m’interrompis une seconde pour huiler ce postérieur, ce qui envoya une nouvelle décharge épileptique dans le corps d’Agnès. J’entamai le massage fessier, y déroulant toutes les variantes auxquelles ses jambes venaient d’avoir droit. D’abord tonique, puis doux, puis uniquement par effleurements du bout de mes doigts sur la surface de ce joli cul plus ferme que je ne l’avais imaginé, puis mes ongles, enfin, achevèrent le travail sur la zone érogène que j’avais alternativement contournée, parcourue, entr’ouverte aussi, à l’instar de ce que je faisais avec les hommes. Lors de ces derniers attouchements impudiques, ma main s’engouffra dans la vallée entre les deux montagnes, mais ne rencontra pas l’inévitable verge dressée par les sensations émoustillantes. Pour la première fois de ma vie, c’est un sexe de femme autre que le mien que l’extrémité de mes doigts sentit à la fin de la traversée du canyon. Je sursautai presque, surprise de cette découverte, comme si jusqu’à cet instant une part de moi s’était attendue à trouver le vit masculin habituel, pour le harceler jusqu’à ce qu’éjaculation s’ensuive. Une demi-heure s’était écoulée. Quelque peu ébranlée, je retirai mes mains du corps d’Agnès et lui susurrai de se retourner.
Allongée sur le dos, son corps s’offrit à mes yeux. Et réciproquement. La tension était montée d’un cran. Comme je le faisais habituellement, je vins aux nouvelles. Cela permit aussi de casser cette atmosphère érotique qui m’embarrassait.
-Tout va bien, Agnès, pour le moment ?
-Merveilleusement bien.
Elle avait ouvert les yeux et me regardait alors que je commençai, sur le côté, à masser son ventre.
-Qu’est-ce que vous êtes belle, Lola, c’est un plaisir de vous regarder.
-C’est très gentil.
-Vous savez je ne fantasme pas spécialement sur les femmes. C’est plutôt le contexte qui m’attirait.
-Il faut quand même avoir un petit désir pour que le contexte vous attire, non ?
-Oui mais c’est compliqué les fantasmes, c’est très cérébral.
-Ça l’est nettement moins quand on les réalise.
-Vous avez en partie raison, oui.
Mes mains appuyèrent sur différentes zones du ventre, sans forcer. Puis je passai au torse. Evidemment, la différence avec les massages masculins était énorme. Enfin disons de la taille d’un bonnet B ! Après avoir contourné les deux seins, mon circuit m’emmena du nombril jusqu’à la naissance du cou, en passant dans le décolleté, puis vers les épaules d’où je redescendis, longeant les mamelons par l’extérieur avant de revenir sur le bassin.
Je retournai alors au bas de la table pour masser à nouveau les jambes côté face. Bien consciente que la personne allongée sur la table était une femme, je me concentrai sur des mouvements favorisant la circulation sanguine et le retour veineux. Bien que les jambes d’Agnès fussent minces comme elle, il me semblait quand même percevoir un très léger renflement au niveau des chevilles et du genou, signes de possibles jambes lourdes l’été quand les températures montent. Je fis quelques pressions de bas en haut sur les deux jambes, de la cheville vers le genou, tentai de détendre les muscles des cuisses grâce à quelques pétrissages, puis soulageai l’arrière du genou, et terminai par la voute plantaire, que je massai en poussant les orteils vers le haut pour créer un étirement. Après avoir exécuté les mêmes techniques sur l’autre jambe, je décidai de procéder à un étirement complet. Plaçant ma main sous son pied, je poussai vers l’avant pour que la jambe se plie, puis avec mon autre main, je la soulevai afin de tirer son genou le plus possible vers le haut de son corps, presque jusqu’à ce qu’il touche sa poitrine, mais sans forcer, et sans faire mal. Puis je dépliai la jambe et la tendit, faisant reposer le pied en hauteur afin de laisser quelques instants la jambe en pente. Le pied d’Agnès se posa naturellement sur le haut de mon plexus solaire, exactement entre mes seins. Je sentis des frémissements envahir à nouveau le corps que je contorsionnai. Je réitérai sur l’autre jambe ce que la première venait de subir. Quand je la levai pour la plier, la position tira sur le bas-ventre d’Agnès dont je vis le sexe s’entrouvrir légèrement. Il me sembla anormalement luisant.
Une fois ce travail improvisé sur la partie basse, cinquante minutes s’étaient écoulées. Je pris mon courage à deux mains et allai me positionner à la hauteur du visage d’Agnès, derrière le repose-tête, pour commencer les gestes intensément coquins qui, avec les hommes, provoquent l’émoi précédant la finition.
Mes mains se posèrent sur sa nuque, que je massai quelques secondes en créant de légères rotations. Je soulevai délicatement sa tête, en tirant imperceptiblement vers moi afin que les vertèbres fussent étirées, tout en maintenant le visage aux yeux fermés prisonnier entre mes dix doigts qui diffusaient des senteurs agrumes. Reposant l’arrière du crâne sur la table, je les fis s’engouffrer dans ses cheveux fins et soyeux. Ils tournèrent, quittèrent la longue chevelure brune pour caresser le front, puis les joues, effleurer le nez, oser la descente vers la bouche et les lèvres ciselées, glissant sur le menton avant de revenir soutenir la nuque qu’une dernière fois j’étirai comme on berce un enfant.
Puis mes mains bifurquèrent sur le torse, ne cherchant plus à contourner la poitrine, mais fusant délibérément dessus. Je sentis des tétons de femme passer sous mes paumes. L’impression de caresser ma propre poitrine était troublante. Puis mes mains poussèrent vers le bas, faisant basculer mon corps à angle droit, mon piercing provisoire se lovant dans la belle tignasse chocolat, mes seins venant s’emboiter sous les siens. Mes mains trouvèrent leur destination et appuyèrent sur le bas du pubis, à l’orée du bois. Puis elles remontèrent vers le haut, imposant un mouvement de translation à toute la partie de mon corps aplatie sur le sien, faisant passer mes seins sur les siens. Je me redressai pour souffler un instant après ce premier mouvement équivoque. Agnès avait toujours les yeux fermés. Je pris ma respiration et recommençai exactement la même glissade luxurieuse. Mais cette fois-ci, les tétons que mes paumes rencontrèrent étaient durs et gonflés. L’effet de surprise me fit lâcher ma respiration, et j’envoyai un long souffle chaud dans son nombril. Sur le chemin du retour, la sensation de ses seins dressés au passage des miens me confirma que j’avais réussi à exciter sexuellement cette femme. J’avais moi-même plus de mal à contrôler mon souffle. J’avais chaud, également, et il me sembla que j’avais dû pousser le chauffage plus haut que d’habitude. Je jouai une troisième fois la scène voluptueuse. Mes doigts poussèrent l’étirement encore plus loin, terminant leur course dans les prémisses des frisotis de sa toison intime. Quand mes paumes passèrent sur les seins émus, je resserrai imperceptiblement mes doigts autour du mamelon, faisant durer le frottement entre mon éminence thénar et le téton. Agnès lâcha un soupir malgré elle. J’intensifiai mes appuis, le bout de mes phalanges distales pressant dans la lisière du duvet, mes mains se croisant autour du nombril, mon corps se retirant du sien, mes seins glissant pour la troisième fois sur ceux de la femme allongée dont le deuxième soupir fut un gémissement. Agnès eut alors le réflexe de lever un bras, et une main vint se poser sagement sur mon épaule.
-Oh excusez-moi, c’était un geste mécanique.
Je n’avais jamais refusé un contact raisonnable à un client masculin, à condition qu’il ait payé pour que je sois dévêtue. Je n’avais donc aucune raison de le refuser à Agnès.
-C’est bon, il n’y a pas de mal, allez-y.
-Vous êtes sûre ?
-Mais oui.
Je ne jugeai pas nécessaire de répéter les précautions d’usage que j’énumérai en général aux hommes. Cette femme était respectueuse. Je savais que ses gestes le seraient aussi. Je me décalai à l’endroit où je réalise la finition chez les mâles aux verges promptes. Quelques secondes, je ne sus quoi faire. Jusqu’où devais-je aller ? Est-ce que l’émoi provoqué était suffisant ? Mélanie parla dans ma tête. « Tu ne pourras pas la laisser dans cet état » avait-elle dit. Mais dans quel état Agnès était-elle au juste ? Ses seins parlaient un langage je ne connaissais, et le gémissement qui venait de provoquer son envie de toucher mon corps était clair aussi. Je l’interrogeai.
-Vous allez bien, Agnès ?
-Mieux que bien, Lola.
Ma main gauche se plaça sur son ventre et le massa en petits cercles qui s’élargissaient en direction de la toison pubienne que j’avais effleurée quelques instants auparavant. La droite se mit entre ses seins, appuyant doucement, puis j’en écartai les doigts qui vinrent provoquer la naissance des mamelons. Agnès trembla une nouvelle fois de tout son corps. Sa main du côté de laquelle je m’étais placée se posa sur mes fesses nues, sans chercher à caresser. Telle une araignée à cinq pattes, ma main droite se déplaça sur ses seins, piétinant les mamelons, les aréoles qui s’étaient assombries et les tétons gorgés de désir. La main sur mes fesses frémit et se déplaça, caressant le bas de mon corps pour en suivre la cambrure en direction de mes reins. Les doigts de ma main gauche progressèrent dans le duvet et s’arrêtèrent quand ils rencontrèrent la naissance d’une fente. Agnès gémit à nouveau, en sa cambrant sur la table. Sa caresse remonta de mes reins dans mon dos. Alors que je me demandai comment j’allais bien pouvoir m’en sortir, Agnès fournit la solution.
-Lola, ça ne vous choque pas si je me caresse pendant que vous terminez le massage ?
-Euh non…
-Je sais très bien que vous ne pouvez pas aller jusque-là, et je vous suis déjà reconnaissante d’avoir été aussi loin. Mais là j’aimerais me faire jouir pendant que vous me massez. Ça ne vous choque pas, vous êtes sûre ?
-Pas du tout, si c’est ce que vous voulez.
Agnès referma les yeux. La main posée sur moi y resta, et l’autre alla chercher son sexe. Je la sentis passer tout contre la mienne, et ce fut comme une caresse, comme un relai passé dans une course olympique, ma main à moi ayant donné son maximum, et concédant à sa remplaçante le soin de terminer le travail brillamment entrepris. Je commençai à la retirer pour masser une autre partie du corps haletant, mais Agnès m’en empêcha.
-Non, s'il vous plait, laissez votre main ici, même sans bouger.
Je la reposai donc tout contre la vulve frémissante, ce qui me permit de sentir avec précision chaque geste qu’Agnès se fit à elle-même. Ma main mobile continua de caresser la poitrine en feu de cette femme qui basculait dans la plus libertine des exhibitions. Fascinée par ce spectacle inattendu, mes yeux ne purent quitter le sexe que deux ongles vernis avaient ouvert, retenant les deux lèvres, pour permettre au majeur de le pénétrer. Il ressortit trempé. Cette vue sur un sexe de femme au bord de l’orgasme fut un choc pour moi. C’était à la fois très émouvant, très embarrassant, et très grisant de savoir que j’avais moi-même crée les conditions de cette délivrance. Des sensations contradictoires m’envahirent et le doute ne fut bientôt plus permis. Mon sexe s’était mis à envoyer des palpitations dans mon ventre, je sentais mes propres lèvres se gonfler, et mes seins s’étaient tendus, dans cette illusion de légère douleur qui n’est que l’antichambre des caresses expiatoires qui doivent suivre. Le sexe d’Agnès était maintenant grand ouvert, ses doigts jouaient avec le clitoris que le sang affluant gonflait en une bille sombre, des gémissements désordonnés s’exprimaient de cette gorge en dessous de laquelle ma main poursuivait l’excitation de la poitrine tendue, tournant autour, pressant les tétons de deux doigts, puis les relâchant pour chatouiller le contour du mamelon avant de revenir à l’assaut, dans un interminable mouvement qui n’avait de perpétuel que l’illusion car désormais, tout le corps d’Agnès était tendu vers l’orgasme qui approchait, tel un orage le soir d’une étouffante journée estivale. La main que je sentais dans mon dos le quitta et Agnès passa devant, ayant besoin de sentir sous ses doigts des seins de femme, pour que sa jouissance s’accompagne de cette sensation lesbienne qu’elle était venue chercher ici. Elle ne remarqua pas à quel point mes seins avaient changé d’apparence eux-aussi, pas davantage qu’elle ne fut consciente que ses attouchements, extrapolation de son fantasme au moment où seul le corps s’exprime, accentuaient le trouble qui était aussi le mien. Cette main ne resta que peu de temps sur mon sein, et redescendit sur mes fesses alors que le souffle commençait à manquer à Agnès, dont les doigts prenaient d’assaut la caverne grande ouverte.
Lola fit alors quelque chose d’incroyable. Aujourd’hui encore j’ai du mal à attribuer ce qui suivit à quelqu’un d’autre qu’à mon avatar, ce qui m’arrange avec une hypocrisie que j’assume plus facilement que je ne peux le faire des deux minutes qui suivirent.
Je pris la main avec laquelle Agnès se masturbait et la guidai avec autorité sur mes propres seins. Le temps qu’Agnès comprenne ce qui se passait, ma main gauche l’avait remplacée sur son sexe trempé. J’attendis un consentement qui vint d’un regard enflammé. Dans un état complètement second, je passai mon pouce sur la totalité de la fente béante, comme pour l’essuyer d’un trop plein de sécrétions qui l’avaient envahi dans la fébrilité de la montée vers l’orgasme. Je rencontrai le clitoris, les petites lèvres, tournai autour de l’entrée du vagin lubrifié. J’avais l’impression de me caresser moi-même, de reconnaitre mon sexe. La confusion la plus totale m’envahit d’autant plus qu’au bord de l’explosion, Agnès cajolait mes fesses et ma poitrine d’abondantes caresses de ses deux mains désormais libres. Je me rendis compte qu’elle étalait sur mes seins l’élixir intime dont ses doigts étaient encore recouverts, et ce détail me brula les entrailles. Je fis entrer mon index dans le sexe aux abois et allai chercher cette petite zone secrète et fripée, que je savais reconnaître chez moi quand je voulais me faire jouir seule. Il me sembla trouver le point fatal, un peu plus bas que chez moi, et concentrai ma caresse intime sur sa surface. Agnès se contorsionna, ses mains se désynchronisèrent sur mon corps dans la dernière ascension d’une excitation arrivée à son paroxysme. Les miennes avaient trouvé leur place pour le bouquet final, et, l’une dans un sexe de femme en train de m’enlacer en gémissant, pouce sur le clitoris réceptif à l’extrême, l’autre jouant à exciter deux seins enivrés de plaisir, je fis jouir une femme.
Etrangement, je trouvai des analogies avec les orgasmes masculins qui s’étaient déversés en longues giclés de sperme ici-même. Agnès cessa de respirer, ses muscles se contractèrent, ses mains pressèrent mon sein droit et ma fesse gauche, et cet état catatonique dura quelques secondes, mon doigt enfoui au plus profond de son intimité enserré lui aussi entre des chairs que je sentis tout à coup se mettre à palpiter, les spasmes de l’orgasme emportant toute autre sensation perceptible que celle du plaisir éclatant, qui se déchargeait dans le corps d’Agnès, comme une explosion issue de son sexe et qui irradiait chaque organe en alerte, imposant à chacun une surexposition sensorielle à la frontière du plaisir le plus abouti, juste avant que ne commence la curiosité de la douleur, petite mort assumée malgré soi, quand plus aucun muscle ne répond à la volonté, quand on abandonne enfin l’illusion de la maîtrise d’un corps qui rappelle qu’à l’instar de la nature, il aura toujours le dessus sur la raison.
Puis tout retomba. Agnès lâcha prise, ses muscles renonçant à soutenir un corps abandonné au plaisir, ses bras s’affalèrent sur la table, et l’espace d’une seconde j’eus le réflexe de chercher des mouchoirs en papiers pour essuyer l’éjaculat. Mais non. Je venais de faire jouir une femme. L’idée progressait dans mon esprit, qui avait été devancé par la pulsion folle et inexplicable à laquelle Lola avait cédé. Oui, c’est Lola qui avait cédé, il ne pouvait en être autrement.
Le réveil fut brutal. A la fois comblée et gênée, Agnès mit quelques instants à recouvrer ses esprits et, embarrassée moi aussi, j’enfilai mon peignoir, ne serait-ce que pour dissimuler le trouble ressenti bien malgré-moi, encore visible à l’état de mes seins dont les tétons restaient dressés dans une posture explicite.
Agnès finit par aller à la douche, où elle demeura un long moment. J’avais mal aux pieds. Je profitai de la fin de la séance pour enlever mes talons aiguilles. Elle revint habillée, mais son visage n’avait plus rien à voir avec celui de la femme importante et charismatique d’une heure et quart auparavant. C’était celui d’une fille effrayée par la tournure du jeu dont elle venait de braver les interdits, et qui dévoilait des ramifications inattendues en elle.
-Lola, je ne sais pas quoi vous dire.
-Ce que vous voulez. Aurevoir peut-être.
-Non, vous méritez mieux que ça, mais je ne suis pas vraiment dans mon état normal.
-Dites-moi ce qui vous vient à l’esprit.
-Merci.
-Mais de rien.
-Vraiment. Je ne sais pas comment je vais encaisser tout ça, mais c’est mon problème. Mais vous, vous avez été plus que parfaite. Et vous m’avez surprise.
-A vrai dire je me suis surprise aussi.
-Oui je l’ai senti.
-On va peut-être garder un peu de mystère autour de ce qui s’est passé, qu’en pensez-vous ?
-Vous êtes quelqu’un de bien, Lola. Quelqu’un de très bien. D’attachante. Prenez soin de vous.
-Je vais essayer, répondis-je machinalement.
-Prenez-soin de vous, insista-t-elle, donnant volontairement à la phrase une connotation plus solennelle.
Je lui ouvris la porte. Avant de partir elle sortit son portefeuille et l’ouvrit.
-J’ai dépassé le temps que nous avions précisé.
-Non ce n’est pas nécessaire, anticipai-je.
-J’y tiens. C’est la moindre des choses.
-C’est moi qui ai dépassé, ce n’est pas vous qui avez demandé quelque chose de plus.
-Vous êtes sûre, Lola ?
-Certaine.
Elle me prit la main. Ses doigts glissèrent sur les miens.
-Au fait, vos jambes sont tout aussi belles sans les escarpins, dans leur position naturelle.
-Aurevoir Agnès.
Nous n’osâmes nous faire la bise, comme si ce simple geste de courtoisie, que j’avais échangé avec de nombreux clients, pouvait prendre tout à coup une coloration différente. Pour la troisième fois, en refermant la porte du local où son fantasme lesbien venait d’être réalisé au-delà de ses espérances, elle m’invita à la prudence.
-Prenez soin de vous, Lola.
Je refermai la porte, et me vautrai sur le canapé, allongée sur le dos, ouvrant précipitamment le peignoir et mes deux jambes, enfouissant avec urgence un doigt dans mon sexe trempé depuis trop longtemps, agressant mes seins toujours à vif, reproduisant sans m’en rendre compte la position dans laquelle mes mains venaient de faire jouir Agnès, et une minute de caresses suffirent pour que mon corps se torde dans un orgasme dévastateur.
Je fus à deux doigts de m’endormir, apaisée comme après le sexe. Mais ma tête luttait, incapable de trouver de la sérénité après ce qui venait de se passer. Je pris une douche, laissant l’eau ruisseler longuement sur moi. L’esprit ailleurs, je rangeai ma tenue et ramassai mes affaires pour sortir. Quand j’ouvris la porte, je trouvai une enveloppe posée sur le paillasson, sur laquelle « Lola » était écrit. Je l’ouvris. Elle renfermait trois nouveaux billets de cinquante euros et un une petit carton blanc sur lequel une écriture féminine avait griffonné « Prenez soin de vous ».
Allo Lola, c’est encore moi
J’ai beaucoup pensé à toi, Lola
Allo Lola, comme un garçon
C’est la première fois pour moi, que tes yeux me font
Boum boum boum, Lola, c’est osé