Chapitre 21 : Là où tout a commencé
Je me suis changée. Une longue robe bleu ciel, comme celle que maman portait jadis. De voiles superposés, fluide de mes épaules à mes chevilles. Mes cheveux sont savamment tressés, prouesse signée Perdrix, que je serai bien incapable de reproduire.
Adossée à l’une des arches qui décorent le patio où l’on trouve encore la fontaine aux nénuphars, je prends le temps d’apprécier le silence. Un carillon le brise ; c’est ma boucle d’oreille qui tinte au vent.
Je ferme les yeux. Je me dis que dans une autre réalité, rien de tout ça n’a existé. Que la fontaine est toujours restée immaculée, comme elle l’est à ce jour.
— Tu n’as jamais tant ressemblé à ta mère.
Je rouvre les yeux, mais je ne tourne pas la tête. Je veux éviter, encore un peu, de croiser son regard. Ce voyage à Solavie a remué trop de choses. Ça a comme remis en perspective les erreurs de Béatrice.
— C’est sa robe ? demande-t-elle.
Sa voix s’est rapprochée. Elle est tout près maintenant. Je lève une jambe, admire le tissu bleu qui glisse comme de l’eau sur mon tibia.
— Non. Mais elle en avait une qui y ressemblait.
Tata Béa pose finalement une main sur mon épaule et je ne peux plus l’ignorer.
— Contente de te revoir, ma chérie.
Elle lève les bras vers mon cou et après une hésitation, je la laisse m’enlacer. Ça ne dure que quelques secondes, puis je me retire pour l’observer. Cachée derrière ses épaisses lunettes, ses yeux semblent s’être enfoncés dans leurs orbites. Ses joues se sont creusées, ses lèvres sont sèches.
Elle n’a jamais beaucoup pris soin d’elle. Maman le lui faisait parfois remarquer.
— Comment c’était ? demande-t-elle, fébrile.
Je détache mon regard des quelques cheveux blancs qui se mêlent à présent à ses cheveux bruns.
— Difficile.
— De revoir Mikhaïl ? devine-t-elle.
— Oui… Il a… pas changé. Pavel non plus. Il a une dent contre toi, Pavel, d’ailleurs.
— Ça, je m’en doute.
Tata Béa sourit d’un air aigre. Mauvais, comme si ma remarque la ravissait. Je m’éloigne alors mais elle m’emboîte le pas. Quand j’atteins la fontaine, je lui lance un regard oblique avant d’ajouter :
— Je lui ai dit que tu étais toujours vivante.
Elle pince les lèvres de Béatrice, les craquelant plus encore.
— Je vois. Il devait s’en douter de toute manière.
Je m’assois sur le rebord de la fontaine et apprécie une nouvelle fois le silence. L’eau ne s’écoule pas. Ce n’est plus tout à fait la fontaine aux nénuphars en cet instant, pas quand le solstice d’hiver approche. La vasque perd un peu son attrait ainsi. Je ne peux me perdre trop longtemps dans sa contemplation et retourne à la confrontation. Dans ses froques informes, tata Béa m’approche à pas de loups.
— Tu veux savoir quelque chose en particulier ? je demande.
Elle s’arrête à quelques centimètres de moi.
— Eh bien… Faucon a dit que tu n’avais pas pu trouver les preuves matérielles… ?
Je hoche la tête.
— Ce n’est pas grave, enchaîne-t-elle précipitamment. L’important, c’est que tu sois rentrée saine et sauve. Et je suppose que Pavel Konstantin aura tout fait disparaître depuis longtemps. Tant mieux pour nous, si tout a été informatisé dans les fichiers les mieux cachés du Symbiose, n’est-ce pas ? Et tu n’as rien trouvé du tout, à Avril Cassan ? Tout était dans des cartons, des dizaines et des dizaines de cartons…
— Aucune trace de toi. Comme si t’avais jamais mis les pieds là-bas.
Tata Béa resserre ses bras contre sa poitrine et recule d’un pas. Je ressens une sorte de soulagement bestial devant sa réaction. C’est parfois difficile de l’atteindre. Je sais que je l’ai touchée, cette fois.
— Je vois, murmure-t-elle.
Elle semble chercher ses mots, mais je ne lui laisse pas le temps :
— Quand est-ce que je dois voir Colombe ?
— Bientôt, répond-elle à mi-voix. Elle est ici au Palais des Douces, elle viendra à toi quand ce sera le moment.
Je hoche la tête, pas certaine de quoi répondre. En vérité, j’aurais préféré que mon échange avec Colombe n’arrive pas si tôt. J’ai échoué après tout… Vais-je avoir des problèmes ?
Ça ne semble pas inquiéter tata Béa. Elle paraît embarrassée, mais pas inquiète. Je n’arrive plus à vraiment me souvenir de comment c’était, entre nous, avant que je parte deux ans auparavant. Y avait-il ce malaise dans nos échanges ? Cette lourdeur qui donnerait envie à n’importe qui de partir sur-le-champ ?
Elle a encouragé la proposition que je me rende en Solavie, à l’époque. Que pense-t-elle de mon échec à présent ?
Je me racle la gorge, à la recherche de n’importe quel autre sujet à aborder.
— Ginevra Rosso… C’est elle, qui a ordonné l’attaque sur Terriva ?
— Oui, répond immédiatement tata Béa. Ils construisaient un télescope qui aurait été capable d’espionner directement le Palais des Douces. C’était davantage un avertissement qu’autre chose.
Je hausse un sourcil.
— Un avertissement ? Mais il y a eu des centaines de morts…
— Tu sais comment ça marche, Solange.
— Et tu étais obligée de modifier le Nebulatrex ? La version précédente n’était pas déjà suffisamment effrayante ?
Béatrice lève les yeux au ciel, peut-être un peu irritée, cette fois.
— Oui, c’était nécessaire. Je suppose que ce cher Pavel n’a pas permis que ça paraisse au journal quotidien, mais cette version du Nebulatrex se propage mieux en extérieur, et elle a au moins permis à nos troupes de s’introduire à Terriva et de détruire toute trace et tout plan du télescope. Une nouvelle chose sur laquelle on est meilleur qu’eux, n’est-ce pas ?
Elle me lance un regard entendu qui me fait frissonner.
— Et après… ? je murmure.
— Et après, quoi ?
— Quand est-ce que ça va enfin finir, tout ça ? Quand est-ce qu’on sera en paix avec Solavie ?
Lentement, les sourcils de tata Béa se froncent. Elle a une moue étrange, ses lèvres se retroussent.
— La paix ? répète-t-elle. Quand la tête de Pavel sera tombée. Puis on verra.
— Ça ne ramènera personne.
Tata Béa a un petit rire.
— Tu as passé trop de temps là-bas, je crois. Mikhaïl, c’est une chose. Mais j’espère que tu ne te seras pas attachée à Pavel… N’est-ce pas ?
Je sens la chaleur s’étaler sur mes joues.
— Non. Mais il a tout de même voulu me protéger. Il n’est pas foncièrement mauvais. Il y a deux vérités à…
Béatrice laisse échapper un nouveau rire, sonore, un quelque chose qui frôle la folie. Elle m’observe de biais.
— Deux vérités ?! Je croirais l’entendre… S’il avait seulement bien voulu me rendre mon travail… MON travail, Solange. Tu sais ce que ça m’a coûté ? Sans ton père, j’aurais eu de gros ennuis ! C’était l’État qui finançait mes études à Port-Céleste ! Angelo a dû rembourser mes dettes ! Et sans parler du fait qu’on aurait pu battre Larouel tellement plus facilement, et tellement plus vite ! Solavie m’a volé en toute amitié pendant que des dizaines de nos soldats mourraient sur l’autre front ! Mes recherches auraient dû servir à nous défendre… ! J’ai à tout jamais perdu certaines données ! J’ai mis des années avant de recréer les bases ! Et alors qu’on arrivait enfin à se débarrasser de Larouel, Solavie s’était servi de ma technologie pour la retourner contre nous ! Tu ne peux pas comprendre ce que ça fait, Solange. Et tu n’étais pas là, à l’époque. Sophia Lombre était à deux doigts de me jeter en prison pour trahison. Pour trahison ! Tu aurais fait la même chose, crois-moi.
— Je n’aurais pas laissé mon propre frère mourir.
Béatrice pâlit sensiblement. C’est un coup bas, je sais. Mais elle le mérite. Et elle mérite même plus :
— Ni la femme que j’aimais.
Elle rougit avec violence.
Je l’observe de l’air le plus méchant que je possède. Puis lentement, je me lève, et quitte l’espace de la fontaine aux nénuphars.
— Solange…
Sa voix est rauque. Je m’arrête un instant… puis finalement, reprends la marche.
***
Une chambre a été aménagée pour moi au Palais des Douces. Je dois rester jusqu’à mon rapport. J’appuie mon front contre la pierre blanche, espérant que sa fraîcheur estompera la douleur qui s’étend entre mes temps et enserre mon front.
Mes retrouvailles avec tata Béa ont été à la hauteur de ce à quoi je m’attendais. Elle sait à quoi s’en tenir, au moins… Faucon dirait que je suis une petite peste ingrate et rancunière, mais Béa sait que j’ai raison de lui en vouloir.
Me défendra-t-elle quand même auprès de Colombe ? J’ai pris les Maeve, mais je n’ai pas atteint le Symbiose. J’ai pris peur… J’étais tellement proche, pourtant. J’aurais pu forcer la main à Pavel. J’aurais pu convaincre Mikhaïl, parce qu’il ne demandait qu’à me croire. J’aurais pu tenir une semaine de plus, et Solavie aurait dû repartir de zéro, comme tata Béa a dû repartir de zéro.
Elle n’a pas complètement tort, je le sais. À l’époque, ils lui ont tout pris. Et on l’a renvoyée chez elle comme une malpropre, faisant d’elle la risée de son pays. Une traîtresse à son tour trahie. Choquée. Détruite. Incapable de délivrer à sa nation ce qu’elle avait promis, ce pour quoi on l’avait envoyée étudier loin de la guerre contre Larouel qui agitait alors Esthola.
C’était injuste. Mais est-ce que ça justifie la tête de Pavel Konstantin ? Son prédécesseur est mort, alors il a hérité de la haine d’Esthola en ses nom et lieu. Bien sûr, il aurait sans doute pu réparer. Il y a dix ans, ils auraient pu tout réparer, tous. Qu’a-t-il pu se passer à l’époque ? Pourquoi tout a-t-il basculé ? Est-ce vraiment par la seule volonté de Pavel que tout s’est effondré ? Il aurait pu rendre à Béa ce qu’elle avait créé, la créditer sur les incroyables avances qu’elle a fait prendre à son pays. Partager avec Esthola ce qui aurait dû appartenir à Esthola.
À l’en croire, il a ri d’elle quand elle a demandé à ce qu’on lui restitue son œuvre.
Si c’est vrai, il mérite peut-être ce que les Oiseaux lui souhaitent. Mais c’est le père de Mikhaïl, aussi. Et Pavel Konstantin, quand il a cru que j’étais en danger, n’a pas hésité à envoyer ses meilleurs hommes me sortir d’Esthola. Tout en sachant qu’il s’agissait probablement d’un coup monté. Il a pris ce risque, si cela pouvait me sauver. Sûrement parce qu’il s’en voulait, de m’avoir prise en otage, dix ans auparavant, et de m’avoir ainsi condamnée à assister à la mise à mort de mes parents.
Oui, Pavel m’a forcée à contempler ma vie qui s’effondrait. Béa d’abord, puis moi. Peut-être est-il coupable…
Un long soupir m’échappe.
— Eh bien eh bien… Que voilà du dépit.
Je fais volteface. Dans l’encadrement de la porte, se trouve une femme particulièrement menue. Elle fait une bonne tête de moins que moi. Ses cheveux acajou sont rassemblés en une coiffure similaire aux tresses dont Perdrix m’a coiffée. Elle me toise d’un regard émeraude, souligné par un maquillage trop prononcé.
— Présidente Rosso.
Son visage se fend d’un sourire. Elle agite la tête de droite à gauche.
— Oh… Colombe… ?
— Nous avons pensé qu’il était plus prudent, au vu de ce qui se passait ces temps-ci à Port-Céleste, de redoubler de vigilance.
Elle traverse la pièce et s’assoit sur mon lit. Je n’ai rencontré Colombe qu’une fois avant ce jour. Quand elle m’a donné mon ordre de mission. Mon estomac se crispe à ce souvenir. Je me souviens de ce que j’ai ressenti à l’époque… Jusqu’alors, je n’avais aperçu Ginevra Rosso que quelque fois. J’ai été choquée de découvrir qu’elles sont des copies conformes. Il y en aurait peut-être une troisième, d’après les rumeurs. C’est Perdrix qui me l’a dit, il y a quelques années de ça. Des triplées ? L’une d’elles tient le rôle de Ginevra Rosso, qui a remplacée Sophia Lombre à la présidence après la chute de l’ancien gouvernement. Une autre se tient devant moi et tient le rôle de Colombe, qui dirige le mouvement des Oiseaux. S’il y en a une troisième, je ne sais pas à quoi elle sert, mais rien ne me surprendrait.
Je me place devant elle mais conserve une distance respectueuse.
— Vous pensez qu’on pourrait être attaqués ? Ici ?
Elle effleure son menton de ses doigts.
— Il faut toujours entrevoir cette possibilité. Partout.
Elle m’adresse un clin d’œil avant de décorer son visage d’un doux sourire. J’ai du mal à lui donner un âge. Quarante ? Cinquante ans ? Sûrement dans ces eaux-là, mais c’est difficile à évaluer sous tout ce fard.
— Alors, petit Phœnix… Qu’as-tu à nous raconter d’intéressant ? Deux ans à Solavie… Tu as sûrement des dizaines d’histoires pour nous !
J’entrouvre la bouche, mais d’abord, rien ne sort.
Celle qui a fait de moi le Phœnix est là, devant moi. C’est elle qui a décidé que j’irais à Solavie, que je mettrai à profit ma double nationalité. Je n’ai pas réellement eu le choix. Mais c’était ou ça, ou rester. À présent, je suis revenue… Peut-être est-ce le moment de poser les questions que j’ai gardé pour moi à l’époque.
— Puis-je vous demander quelque chose ?
Colombe reste parfaitement immobile pendant une poignée de secondes. Puis, lentement, elle hoche la tête.
— Pourquoi avoir voulu m’envoyer là-bas ? Je veux dire, pourquoi moi ? J’étais jeune… Je manquais d’expérience…
— Inexpérimentée en effet, mais solavienne, Solange. Pourquoi aurions-nous envoyé une estholaise dont nous aurions dû créer toute la couverture, quand nous avions une métisse dont la véritable identité était sa meilleure couverture ?
— Mais…
Elle me lance un regard interrogateur, mais je ne termine pas ma phrase. Je suppose qu’elle n’a pas tort. Je n’ai pas eu à mentir. Pas à tout le monde en tout cas. J’ai pu me cacher derrière qui j’étais, la partielle solavienne, pour arriver à mes fins. Mais…
— Oui ? m’encourage-t-elle.
— … Pavel Konstantin n’a pas eu suffisamment confiance en moi. Pas assez pour me laisser l’accès à l’ordinateur du Symbiose.
Mon interlocutrice a un petit hochement de tête.
— Vous vous doutiez que ce serait le cas ?
— Bien sûr. Tu es longtemps restée ici. En vérité, Phœnix, je doutais que Pavel Konstantin ne te tue pas immédiatement à vos retrouvailles.
Je déglutis. Sa froideur me transit. Je crois qu’elle n’aurait pas beaucoup pleuré son oiseau de feu.
— Je n’ai pas non plus pu… Je… M’en voulez-vous d’avoir échoué ?
— Non.
— Mais… Je ne comprends pas.
Colombe se redresse. Elle a un sourire froid.
— Ils connaissent Solange, à présent. N’est-ce pas ?
Lentement, elle se redresse et marche vers la porte. J’attends un instant, quelque peu abasourdie par l’échange. Puis je bondis, armée de la ferme intention de la questionner davantage…
Pour découvrir deux silhouettes identiques, à l’extrémité de chaque côté du couloir. Elles sont déjà hors de portée.
Je cligne des yeux et elles ont complètement disparu.
Voilà enfin les retrouvailles avec Bea, très différente de la femme forte et revancharde que j'attendais. C'est intéressant de la découvrir amère et meurtrie par son passé et sa rancœur. Elle me ferait presque pitié, on sent bien que cette histoire l'a détruite. Et que dire de Colombe... pour l'instant, on a du mal à cerner ses motivations. Des triplés. Trois sœurs, comme les Cassan. Pour moi, ce n'est pas entièrement un hasard.
Je me demande bien ce que tu nous réserves pour la suite...
Au plaisir,
Ori'
Pour ce qui est de la suite, j'ai eu pas mal de contre-temps ces derniers temps donc je n'ai pas pu beaucoup avancer, d'autant que les chapitres suivants ne me convenaient pas donc je les ai repris à zéro. Là normalement je devrais retrouver un rythme d'écriture plus régulier, donc je vais essayer d'aller au bout de ce premier jet rapidement ! J'aimerais avoir terminé avant qu'on ferme PA ^^
Merci beaucoup pour tous tes retours et à bientôt !
C'est appréciable d'avoir accès aux pensés de Solange, montrant ainsi un peu plus le conflit qui s'opère en elle. Ce sera intéressant de mieux comprendre l'évolution de la relation entre Solange et Béa. Au début, elle ressemble à un modèle, suite à la mort de ses parents on aurait pu penser qu'elle lui en voudrait mais ça ne semble pas être le chemin que tu as pris, je suis donc très curieuse à ce propos.
On découvre un nouveau personnage, Colombe... celle qui mène la danse semble-t-il... Hâte de découvrir ce qu'elle cache.
Solange est intelligente mais encore très jeune quelque part et il paraît évident que les adultes se servent d'elle comme d'un pion sur leur échiquier, le tout est de comprendre quelle partie est en train de se jouer...
à très vite!!!
Justement, je reprends mon texte notamment par rapport à l'évolution de la relation entre Solange et Béa ! J'aimerais bien y préparer un peu plus tôt et je suis en train de traquer où est-ce que je pourrais l'insérer.
Entre autre, je travaille aussi sur les perso secondaires et sur la chute du livre dont je n'avais décidé que les grandes lignes. Par exemple, je vais peut-être retoucher le personnage de colombe mais sur la partie pas encore publiée.
Je suis un peu chaotique sur mes premiers jets, désolée :D
Merci beaucoup de tes retours, à bientôt ! ^^
Tata Béa ressert ses bras contre sa poitrine et recule d’un pas. --> resserre (resserrer et non resservir).
La version précédente n’était déjà pas suffisamment effrayante ? --> "pas déjà" ou "déjà plus" selon le sens précis que tu souhaites lui donner, mais "déjà pas" ne fonctionne pas.
Solavie m’a volé en tout amitié, pendant que des dizaines de nos soldats mourraient sur l’autre front ! --> toute amitié ; enlever la virgule devant "pendant".
Et tu n’étais pas là, à l’époque. Sophia Lombre était à rien de me jeter en prison ! --> je crois que "deux doigts" ou une expression similaire ferait mieux ici. C'est peut-être régional, mais "à rien" résonne étrangement à mes oreilles. Fais aussi attention avec les points d'exclamation. Leur utilisation est juste, mais ils chargent vite un texte et donnent une impression d'émotions artificielles.
Elle rougit avec violence. --> pas de coquille ici. J'ai copié la phrase dans ton texte. Je l'ai collée dans le commentaire. Et le t à la fin de "rougit" est apparu sous mes yeux. Je ne comprends pas, il devait être sous ma tache aveugle. J'ai décidé de la laisser là quand même. Je trouve que ça montre bien comment les fôtte aparaice mème kanh lé meyeur ekriv.
Détruite. Incapable de délivrer à sa nation ce qu’elle avait promis, ce pour quoi on l’avait envoyée étudier loin de la guerre qui agitait alors l’est d’Esthola, contre la nation de Larouel. --> l'ordre des mots donne une lourdeur à la phrase; essaie plutôt "la guerre contre Larouel, qui agitait alors l'est d'Esthola." Comme Esthola commence aussi par "est", une formulation sans "est" ou sans "Esthola" pourrait sonner mieux. "qui rageait dans l'est du pays", "qui rageait dans l'est" (on se doute bien qu'il s'agit de l'est d'Esthola et non de Solavie ou d'une autre nation).
Son prédécesseur est mort, alors il a hérité de la haine estholaise en ses nom et lieu --> "haine d'Esthola" pourrait mieux faire; haine estholaise fait penser que c'est la haine "typiquement estholaise".
Et Pavel Konstantin, quand il a cru que j’étais en danger, n’a pas hésité à envoyer ses meilleurs hommes me faire sortir d’Esthola. --> "me sortir d'Esthola" suffirait et éviterait le verbe terne.
Je laisse un long soupir m’échapper. --> la phrase aurait plus d'impact si "Un long soupir m'échappe".
C’est elle qui a décidé que j’irai à Solavie, que je mettrai à profit ma double nationalité. --> j'irais
Je suppose que sa froideur me transit. --> "Je suppose que" n'est pas nécessaire et réduit l'impact.
Ce chapitre me laisse une impression d'hésitation. La tante amère ultra-défensive; la colombe qui avait tout prévu; l'attente. D'ailleurs, la présidente a un sourire si froid qu'elle en sourirait presque froidement :P
Il donne le sentiment d'entrer dans un second roman. Environnement différent, personnages différents. C'est normal dans cette transition, mais le ralentissement de l'intensité prend par surprise (et je ne suis pas sûr que le ralentissement soit souhaitable, c'est à analyser). Une révision stylistique pourrait le faire gagner en intensité (compresser les mots par phrase, dynamiser les actions, etc.). Tata Béa n'est pas du tout comme je l'attendais... elle a quelque chose de pathétique dans ses illusions et son amertume et je ne suis pas certain que les chapitres précédents nous y aient préparés (alors que les pensées de Solange devraient avoir préparé le terrain). On devrait aussi percevoir des indices de la mauvaise relation entre Béa et Solange, mais je n'ai pas souvenir de les avoir vus passer.
Je ne suggère pas de changer Béa; son côté brisé est très intéressant et donne une profondeur différente de ce qu'on a vu précédemment. Comme si elle est restée figée par sa culpabilité et qu'elle croit qu'en convaincant le monde de son innocence, .elle fera disparaître la tache de son âme.
Je finis ce message dans une situation où écrire clairement est un peu compliqué. Désolé si je manque de clarté! À bientôt!
Alors pour être complètement franche, on arrive ici dans une zone dont je ne suis pas satisfaite (je dirais du chapitre précédent aux derniers que j'ai écrit pas encore publié). Normalement quand j'écris un premier jet, je ne fais rien d'autre que ça (en terme d'écriture), mais là j'ai arrêté pendant un moment pour faire autre chose et me replonger dans le bain a été beaucoup plus difficile que ce que j'imaginais. Je crois que j'ai un peu perdu le fil et que je n'arrive pas à prendre le temps de redécouvrir pleinement l'histoire.
Pour le moment je continue pour aller au bout de mon idée initiale en me disant que je rattraperai le flou dans un second temps (du coup je m'excuse de t'embarquer dans cette baisse de régime qui a de belles chances d'être largement revue), mais en bref, je n'avais pas assez réfléchi en amont à ce qui allait se produire pendant cette période, le retour à Ludvina, et j'essaye d'apposer les grandes lignes et de fermer les yeux jusqu'à rejoindre la fin que je voulais.
Concernant tata Béa ! Je verrai comment le reprendre mieux (peut-être donner des souvenirs moins lointain à Solange) mais dans l'idée je voulais une sorte de dualité : celle avant l'attentat que Solange aimait beaucoup et celle après l'attentat qui est brisée mais qui reste malgré tout la Béatrice que Solange aimait quand elle était petite. Je pense que par moment j'ai voulu glisser des indices (des petits "c'est la faute de tata Béa" par ci par là) mais c'était timide, je reconnais. Il y a aussi un "je hais tata Béa pour ce qu'elle a fait" à un moment je crois.
"Comme si elle est restée figée par sa culpabilité et qu'elle croit qu'en convaincant le monde de son innocence" -> ça par contre, c'était ce que je voulais précisément.
Merci pour toutes tes remontées ! Même si je corrige pas illico, je me note tout ! ^^ À bientôt !
Dommage que je lise un texte dont tu n'es pas encore satisfaite. Il n'est pas inintéressant, si ça te faisait peur :P Mais il est moins vivace.
Une remarque que je me faisais aussi depuis quelque temps, mais les étudiants, pour plusieurs très bien caractérisés et présentés (et présents) au départ, sont passés en arrière-plan, à peine nommés de temps en temps. Un peu comme si tu avais eu des projets pour eux dans le début de l'histoire et décidé de les laisser de côté ensuite. C'est un peu dommage et ça peut nuire à l'impression que l'univers est plus vaste et entier que les personnages plus centraux de l'histoire.
À bientôt!
Tu as raison pour les étudiants, je pensais en effet m'en servir davantage. Je me laisse parfois un peu emporter et je ne fais pas de plan très détaillés :p
Sur un autre sujet, je ne sais pas si tu as vu, mais le site va fermer... Fin octobre. Je suis super triste. Tout va disparaître :( Je prendrai soin d'enregistrer tous tes commentaires avant ça, j'ai pas encore fait les dernières corrections que tu m'as suggérées !! Et j'ai pas encore pu lire ton dernier non plus... Toi tu venais juste d'arriver en plus, c'est trop dommage...
Question plan, je n'ai jamais fait de plans ultra détaillés, mais un plan (même minimal) évite bien des problèmes. Des problèmes qui, par le passé, m'ont empêché de finir. Les miens impliquent simplement la séquence des chapitres avec quelques lignes résumant ce qui s'y passe et les personnages impliqués. Certains prendront plus d'expansion que d'autres, mais ça fait une moyenne. Tu n'oublies jamais où tu allais avec ton idée, tu ne perds pas de personnages en route (ou tu ne développes pas de personnages qui ne serviront à rien ensuite. Si tu pars avec le descriptif de 20 chapitres de 5k mots, il y a de fortes chances que tu arrives à la fin avec un roman de 100k mots.
On aura encore quelques mois pour échanger. J'espère qu'ils changeront d'avis.
Après, habituellement comme j'écris d'une traite, c'est facile de terminer mon premier jet, parce que j'ai tout en tête. Sauf que cette fois je me suis un peu éparpillée et j'ai beaucoup de choses à gérer à côté donc l'un dans l'autre tout devient compliqué.
En réécriture, il est possible que mes idées me retrouvent et que finalement ces chers disparus trouvent leur utilité.
Je pense que ça a l'air assez définitif leur décision, mais oui, profitons du temps qu'on a encore ! :)
Je ne suis jamais un plan à la lettre. Je le révise parfois en cours de route. Certaines idées de départ ne fonctionnent pas toujours et on peut toujours ajouter quelque chose en cours de route. L'essentiel, cela dit, est de connaître le but final de chaque élément que tu y apportes et de ne pas l'abandonner en cours de route. Après, tu fais comme tu le sens. Personnellement, planifier l'histoire a été magique pour moi. Pour différentes raisons, j'ai dû laisser certains textes reposer pendant assez longtemps, contrairement à toi. J'ai aussi pensé des textes extrêmement longs qui se sont mis à tourner en rond à un moment. Ça permet aussi de réaliser quand l'histoire est trop vaste pour un seul volume, ou qu'elle a besoin d'être étoffée.
Je devrai me contenter de Scribay. C'est dommage, la communauté m'y a semblé moins sympathique.
Je suis pas contre les plans, hein ! C'est juste que j'arrive pas à les suivre :D Et je pense que je devrais me forcer un peu plus. Surtout là, dans l'état des choses, c'est vrai que ça aurait été utile. Mais pour mes personnages, je les reprendrai mieux au second jet, promis. J'aimerais bien mieux me servir de Fiona, c'est un personnage que j'ai aimé développé.
Breeeef. J'essaye de lire ce que tu as posté dans la journée, ou demain si je manque de temps ! :)
Si tu as besoin d'aide pour figurer comment il fonctionne, je t'aiderai.
Concernant les plans, je ne pense pas que tu sois contre; je crois que tu as besoin d'apprendre à les utiliser. Un plan se doit d'être fluide. Disons qu'il y a deux types d'auteurs, l'architecte et le jardinier. En vrai, tout le monde est quelque part entre les deux types, personne n'est vraiment aux extrêmes. L'architecte planifie tout jusque dans le détail, chaque chapitre, chaque scène du chapitre, trace les personnages précisément, etc. Quand il commence, il a une idée très précise du tracée que prendra son histoire. Le jardinier plante une graine, il taille ici et là et a une idée générale du résultat attendu, mais rien de très précis. Je me définis plutôt du côté de l'architecte, mais si je demandais à un spécialiste de me catégoriser, il dirait probablement que je suis jardinier. Le tracé de mon histoire est trop général pour un vrai de vrai architecte. Brandon Sanderson a une vision de ces processus qui me correspond bien; il dit qu'il est l'architecte de l'histoire et le jardinier des personnages. Un personnage tracé par un architecte manque souvent de spontanéité. Résultat : les écrivains incroyablement populaires sont généralement plutôt du côté "jardinier", parce que le réalisme des personnages (et l'identification aux personnages) les fait trop facilement sortir d'un tracé prédéfini. Si un plan est difficile à suivre pour toi, essaie comme ça : un court paragraphe par chapitre. Tu relis le paragraphe avant d'écrire le chapitre. Tu peux passer du temps à visualiser le développement qui y correspondra avant de l'écrire, si tu veux. Ça aide aussi à suivre le plan.
Ne te presse pas encore de lire. Il manque la troisième partie. Les deux premiers blocs sont affichés au complet dans le premier chapitre, je n'ai mis un "deuxième" que parce que je sais qu'au moins une personne a lu sans commenter. Si tu attends un peu, tu auras l'intégrale dans un seul "chapitre".
À bientôt ;)
Pour le moment je vais encore un peu profité de PA, puis j'aviserai, mais je note la proposition héhé.
Je le fais des fois, de noter quelques lignes sur le / les chapitres que je vais écrire en suivant. Mais en fait, au fil que j'écris, il se produit une sorte de cheminement logique dans ma tête qui me murmure "non, vu qu'il vient de se passer ça, telle personne doit réagir comme ça, ou telle chose doit se passer comme ça" et c'est là que je me dis "pourquoi écrire ce qui va se passer si tu sais déjà que ça se passera pas comme ça de toute façon?". Mais parfois, j'arrive quand même à peu près à suivre mon idée de base.
Ce soir, je me fais une session, je vais essayer de planifier un chouilla avant de me lancer tête baissée !
Et du coup : ça marche, j'attends ta troisième partie pour lire :)
À bientôt !
Bonne chance pour la séance de planification :D
Si un jour tu finis en pure planificatrice, il y a la méthode des flocons qui pourrait t'intéresser...
Pour moi, elle ne va pas du tout :P