Pour une introvertie, je sors beaucoup trop. Mais les Alphas ont gagné leur match contre les Stephins ! Une victoire à plate couture, nous les avons écrasés et sans commettre trop de fautes. Et j’ai de plus en plus l’impression de faire partie de l’équipe, je ne pouvais donc pas louper cette soirée, qui devait être calme. En tout cas, c’est comme ça qu’on me l’a vendu. C’est d’ailleurs ce que j’ai répété à Apolline en la trainant avec moi. C’est la manager de l’équipe et elle fait encore moins de sorties avec l’équipe que moi. Après de multiples supplications, des arguments, un coup de téléphone de sa part, elle a finalement accepté tout en m’informant qu’elle n’allait pas boire une goutte d’alcool.
Le bar dans lequel nous nous sommes rendus est le QG des garçons. Toutes les victoires et certaines défaites sont fêtées ici. Le lieu n’est pas forcément branché, mais les lumières tamisées, les tables hautes en bois donnent une ambiance chaleureuse. D’habitude, lorsque je me rends à un événement je reste proche du buffet, mais ici il n’y a que le bar et je n’ai véritablement envie d’y rester toute la soirée.
La conversation dérive rapidement avec Apolline. Je ne peux que noter l’attirance qu’Elyas a pour elle, surtout qu’il le clame haut et fort sans aucune gêne depuis sa première rencontre. Malheureusement, cette romance est loin d’avancer puisque notre manager passe son temps à l’éviter. Ma curiosité prend le dessus et je tente de savoir discrètement ce qu’elle pense de notre libéro.
- Tu sais la dernière fois, je me demandais ce qu’il me plaisait. Par exemple, de mon côté, j’aime les hommes et je préfère les bruns, grand… Mais ce n’est pas moi qui suis intéressante. Toi, quelles sont tes préférences ?
Elle ne me répond pas pendant quelques secondes. Durant cet instant, je pense qu’elle ne pas entendu à cause de la musique qui résonne dans toute la pièce.
- Je dirais que j’aime les hommes qui ressemblent à mon copain.
- Tu as un copain ? Comment ça fait-il que tu ne m’en aies jamais parlé ? Raconte-moi dans les moindres détails, lui dis-je en tapant sur la table d’excitation.
Une voix inconnue m’interpelle et nous coupe dans notre conversation.
- Manon ? C’est bien toi ?
Je tourne la tête, acquiesçant tout en cherchant dans ma mémoire qui est l’inconnu qui se tient devant moi. Son visage ne me dit rien du tout.
- Martin, se présente-t-il en faisant un sourire chaleureux.
Non. Toujours rien. Tu es qui toi ? L’homme devant moi doit voir que son prénom ne m’aide pas à savoir de qui il s’agit, puisqu’il précise :
- On se parle sur Begin.
Je suis immédiatement frappée par sa phrase et je comprends pourquoi il me connaît et que je le connais aussi. Un bus qui m’écraserait aurait moins de conséquences. J’ai parlé avec ce type sur l’application de rencontre. Merde. Et il est là devant moi. Il me veut quoi ? Pourquoi était-il obligé de me reconnaître et de venir me voir ? Il pense que l’on va se faire la conversation ? Je ne parle pas aux gens et encore moins aux inconnus.
- Bien sûr, Martin, ravie de rencontrer.
Je fais mon meilleur sourire de faux cul et tente d’être polie.
- Moi aussi, j’ai aperçu une jolie fille de dos et puis je posais mon regard sur toi puis je me suis dit mais c’est elle, amazing ! Je ne pouvais pas passer la chance de venir te voir !
Si si tu pouvais, je ne t’en aurais pas voulu. J’ai toujours mon sourire de faux cul collé sur le visage et j’attends que cela se passe.
- C’est l’occasion d’apprendre à mieux te connaître, je sais que tu es en étude pour devenir comptable what are you doing here ?
- Je suis en étude de finance, il n’y a pas que le métier de comptable dans le domaine de la finance.
Il part dans un grand rire et se rapproche de moi :
- Qu’est-ce que tu es drôle. Cela m’avait manqué, tes messages me manquaient, je pense que l’application bug je ne reçois plus rien depuis une semaine, weird.
Ce n’est pas un bug.
Je ne t’envoie plus rien depuis une semaine.
Tu m’agaces même par message. Martin n’est pas un lourdingue. Il semble sympa mais il parle beaucoup trop. Et je ne suis pas d’humeur pour ça.
- Alors qu’est-ce qui t’amène dans ce bar ? Je te paie un drink, ça ne donnerait l’occasion de faire notre premier rendez-vous, dit-il en jouant avec ses sourcils.
- C’est très gentil, mais je suis avec des amis.
- Une petite place peut se free pour moi alors, je ne prends pas beaucoup de place.
Oh que si.
- Non je ne peux pas accepter cela, je lui réponds avec un sourire que je souhaite désolé. Nous fêtons quelque chose ce soir, je ne peux pas ajouter des invités comme ça.
- En attendant que tes friends ont besoin de toi, je propose de te tenir compagnie.
Tu ne vois pas que je suis déjà en compagnie d’une amie ?
- Justement, je suis déjà très bien accompagnée par mon amie, Apolline.
- Cela ne la dérange pas, n’est-ce pas ?
Apolline me fixe, puis notre invité surprise. Elle secoue vivement la tête et baisse les yeux, tandis que je lui lance un appel à l’aide visuel à ma comparse. Elle ne l’a pas vu et elle ne risque pas de le voir puisqu’elle fixe le coca qui est devant elle. Son téléphone se met à sonner, elle me regarde rapidement et s’excuse en disant qu’elle doit prendre ce coup de fil. Merde. Je suis seule avec le boulet.
- Je pensais justement à toi lorsque je travaillais aujourd’hui. Tu sais que je suis commercial et toute la journée, j’ai eu meeting sur meeting, vraiment overbooké le gars. Et après les meetings, j’avais des call, les intervenants étaient en plus boring as fuck.
Je n’avais pas parlé de sa tendance à faire des anglicismes à chaque phrase, c’est pourtant quelque chose qu’on ne loupe pas. Et il n’est pas anglais. J’ai vérifié. Il me tient la grappe pendant trois longues minutes où je pense vraiment que la décapitation sur la place publique est une punition moins intense. Je suis toujours assise sur mon tabouret haut etj j’appuie tellement dessus que je pense que je pourrais m’y enfoncer. Je veux disparaître.
Ma libération approche lorsque j’entends en élan de joie s’emparer du bar tandis que les joueurs font leur apparition. L’univers décide de me mettre une claque en le faisant apparaître dans au centre éclairé par les lumières. Je n’écoute qu’à moitié Martin Mystère, puisque toute mon attention est rivée sur Owen. Avec son jean noir simple et son t-shirt bleu marine de l’équipe, il ne devrait pas autant ressortir et capté les regards Je grince des dents en me demandant pourquoi j’ai visiblement développé un truc pour les sportifs et leurs corps musclés.
Ce n’est pas pour me défendre, mais Owen est incroyablement attirant. Comment j’ai fait pour ne pas le voir avant ? Ses jambes n’ont pas poussés pendant la nuit devenant longues, ses bras ne sont pas devenus musclés avec un seul exercice de musculation et son torse massif que j’ai eu l’occasion de voir de nombreuses fois. Je me surprends à me demander la sensation qu'auraient mes doigts en touchant son torse ? Ma gorge s’assèche à cette idée. Mon trouble est clairement mal interprété par Martin.
- Tu sais ce qui serait sympa ? Que l’on s’absente tous les deux five minutes pour mieux se connaître dit-il en se rapprochant encore plus de moi.
Une grimace apparaît sur mon visage montrant mon malaise.
- What’s wrong ? roucoule Martin Mystère.
- Tu envahis mon espace, je rétorque. Peux-tu te reculer ?
Je vais lui vomir dessus s’il ne s’éloigne pas rapidement et que le stress que je ressens ne baisse pas d’un niveau. Je cherche Owen où n’importe quel mec de l’équipe du regard. Il est passé où, bon sang ?
Il fronce les sourcils, se rapprochant encore plus. Je mets ma main devant moi pour le repousser.
- Pourquoi tu as besoin de space, bébé ? On apprend à se connaître.
- Je n’ai pas envie d’app…
- Je te trouve enfin, mon ange, dit une voix familière. Je suis désolé pour le retard, j’étais retenu avec les membres de l’équipe.
Avant que je ne puisse comprendre comment et pourquoi, Owen est à mes côtés. Je souris en voyant la posture menaçante d’Owen, je me sens de nouveau à l’aise et en confiance. Ce sentiment laisse place à la surprise lorsque celui-ci empoigne mon menton pour me forcer à lever le visage avant de se baisser pour m’embrasser.