Chapitre 21 : Photo

Dimanche matin, Marlène n'ouvrit les yeux qu'après dix heures. Surprise, elle se leva d'un bond, s'habilla et rejoignit le réfectoire. Elle avait besoin d'un bon verre de jus d'orange. Lorsqu'elle entra dans le réfectoire, elle fut surprise de le voir vide. Le dimanche matin, les réveils étaient espacés. Qu’il y eut peu de monde était normal mais carrément personne était surprenant.

Trouvant la chose étrange, voir effrayante, Marlène sortit son guide, l'activa et demanda :

- Pourquoi n'y a-t-il personne dans la cantine ?

La cantine est pleine de monde, répondit le guide.

Marlène regarda les mots, totalement abasourdie. La cantine était vide, silencieuse et en plus, pourquoi aurait-elle été pleine de monde à cette heure ? Le guide, normalement, ne pouvait pas se tromper.

- Surprise !

Marlène bondit à ce cri. En un sursaut de magie, le sort d'invisibilité total disparut, laissant place à la salle bondée d'élèves. La cantine était décorée. Ballons, serpentins. Des cadeaux volaient dans les airs, échappant à quiconque tentait de s'en emparer.

- Joyeux anniversaire, Marlène ! crièrent ensemble les élèves.

Un énorme gâteau apparut, volant à un mètre au dessus du sol. Amanda tendit une grosse pelle à tarte à Marlène, prit une assiette puis annonça :

- À toi de couper la première part.

Marlène n'en crut pas ses yeux. Son amie était là.

- Mais… commença Marlène avant de s'exécuter sous le regard de tous qui applaudirent.

Lorsque la part fut dans l'assiette, beaucoup vinrent l'embrasser ou simplement la saluer. Marlène remarqua qu'ils étaient plus attirés par le gâteau que par elle mais ne connaissant pas le nom de la moitié d'entre eux, elle ne leur en voulut pas.

- Amanda, c'est… c'est trop ! Enfin, comment ?

- Bah, tu me connais ! Moi et mon sens de l'organisation. Et puis, je n'allais pas laisser passer cette occasion d'appeler des gens, de classer des papiers…

Marlène sourit.

- Ça a été compliqué, continua Amanda en avalant un morceau du gâteau, surtout parce que j'avais un peu de mal à parler aux élèves du collège mais maître Gilain m'a aidée. Je ne suis pas trop mécontente. Ça n'est pas trop mal.

- Pas trop mal ? répéta Marlène. Tu rigoles ! C'est hallucinant ! C'est génial ! Merci !

- Ce n'est pas fini, annonça Amanda.

Marlène regarda dans la direction désignée par Amanda et Marlène en eut les larmes aux yeux. Ses parents étaient là. Ils regardaient les objets qui volaient avec une surprise non dissimulée. Marlène alla les embrasser avant de s'asseoir et de déguster son gâteau avec eux tout en ouvrant ses cadeaux. Il y en avait un de ses parents et un d'Amanda. Ses parents lui avaient offert une console de jeu portable et Amanda un jeu pour cette même console. Marlène était comblée. Lorsqu'Amanda vint s'asseoir à côté d'elle, Marlène lui demanda :

- Comment tu as fait ?

- Tu vas devoir donner douze kum au directeur. Ça ira ? commença Amanda.

Marlène haussa les épaules. À côté des huit milliards d’um, c’était une goutte d’eau.

- Ensuite, continua Amanda, les élèves qui ont bien voulu jouer le jeu l'ont fait parce qu’ils espèrent se faire connaître de la néomage future joueuse de PBM. Donc, il va falloir serrer quelques mains et enregistrer quelques prénoms. Désolée, mais sinon, il n'y aurait pas eu autant de monde et ça n'aurait pas été pareil. Tes parents ont dit "oui" tout de suite. Ils étaient enchantés à l'idée de pouvoir venir te souhaiter ton anniversaire dans l'école.

- Merci, Amanda, merci pour tout. Pour ton anniversaire, nous nous sommes contentées d'un petit gâteau et d'un cadeau.

- Oui mais moi, j'adore organiser des évènements. Au fait, le cadeau te plaît ? Moi, je n'aime pas trop les jeux vidéos alors j'ai fait confiance à tes parents.

- Oui, ça me plaît, répondit Marlène qui se demanda comment elle allait recharger l’outil technologique, les chambres étant dépourvues de prises électriques.

Marlène chercha quelqu’un des yeux mais ne le trouva pas.

- Je n’ai pas réussi à le faire venir, indiqua Amanda. Monsieur Stoffer déteste le monde, je le crains.

Marlène ricana, surtout parce qu’Amanda la faisait rire à appeler Lycronus « monsieur Stoffer ». Marlène ne tenta pas de le trouver grâce au guide. Où qu’il soit, elle ne le dérangerait pas. Elle ne comptait certainement pas le forcer à subir cette fête. Elle fit ce qu’Amanda avait demandé. Elle serra des mains, permit des prises de photos, échangea quelques mots sympa et fit des sourires forcés.

En fin de soirée, Amanda mit fin à la fête, au plus grand soulagement de Marlène qui n’en pouvait plus. Après l’avoir embrassée et longuement remerciée, elle rejoignit sa chambre. Un petit paquet était posé contre sa porte.

Marlène, dans la gnosie, reconnut que son contenu était un objet magique. Elle étudia son contenu sans le toucher. Sous le papier craft brun classique se trouvait du bois, de l’encre, un magnifique entrelacs de cuivre et un élément qu’elle ne fut pas en mesure d’identifier. L’objet en lui-même ne contenait pas de grès mais une boursouflure à côté indiquait la présence d’un cylindre de grès, d’une contenance de 1 um, décela Marlène. La pile vide n’attendait que d’être remplie et insérée.

Marlène grimaça. Elle utilisa la magie inter pour faire léviter l’objet au ras du sol – la seule chose qu’elle fut en mesure de réaliser malgré des heures de travail. Elle frappa à la porte du bureau et monsieur Toupin lui ouvrit.

- Bonjour, Marlène. Tu n’es pas à ta fête d’anniversaire ?

- Bonjour, monsieur Toupin. Elle est finie, monsieur. Je suis désolée de vous déranger mais j’ai trouvé ceci sur le pas de ma porte de chambre, monsieur.

Elle désigna le petit objet au sol. Monsieur Toupin le regarda fixement.

- J’ai décelé du bois et de l’encre, annonça Marlène. Je sais aussi qu’il s’agit d’un objet à pile. Le cuivre qu’il contient me pose soucis. Cela signifie transfert mais j’ignore ce qui est transféré. De plus, il contient un élément dont la signature m’échappe. Je voulais votre avis d’expert avant d’y toucher.

- Je te félicite pour ta prudence, Marlène. C’est très bien. Tu vois comme le cuivre est tissé ?

- Oui, j’ai constaté. C’est magnifique mais vu que c’est à l’intérieur du bois, je n’en vois pas bien l’intérêt.

- Cela le rend spécifique, annonça monsieur Toupin.

- L’objet se lie avec la personne qui l’active, comprit Marlène. Mais personne ne va l’activer puisqu’il fonctionne à pile, monsieur.

- Il se liera avec la première personne qui insérera une pile pleine, précisa monsieur Toupin. Le cuivre indique effectivement un transfert vers son jumeau.

- Le jumeau de qui ?

- De cet objet. La personne qui te l’a offert possède son double. Les deux communiquent.

- C’est un journaliste qui m’a offert ça pour pouvoir m’espionner ? proposa Marlène.

Monsieur Toupin resta très sobre à cette réponse.

- Non, Marlène, mais je suis heureux de voir que tu prends soin de toi. Tu peux ouvrir le paquet sans risque.

Marlène prit l’objet et le dépaqueta sans crainte. Elle avait confiance en son professeur. À l’intérieur, elle découvrit un cadre photo simple pour le moment vide. Sans nul doute qu’une fois activé, l’encre créerait une image. Marlène se saisit de la pile, prête à y transférer de l’énergie.

- Non, dit monsieur Toupin. Tu n’as pas le droit d’utiliser ta magie pour autre chose que tes études. Ceci n’a rien à avoir avec tes études. Je vais la remplir moi-même.

- Si vous voulez, répondit Marlène en haussant les épaules.

Elle ne voyait pas bien la différence mais accepta. La pile dans la main de Marlène se remplit.

- Tu peux l’insérer sans risque, annonça monsieur Toupin.

- Pardon, monsieur, mais vous n’avez pas répondu à ma question. Qu’est-ce qui est transféré entre ce cadre photo et son jumeau ?

- Aucune information sensorielle ne transite, indiqua monsieur Toupin. Nul ne peut t’espionner avec ça. Tu peux l’activer sans crainte. Vas-y. Insère la pile.

Marlène, confiante, plaça la pile dans son logement, au dos du cadre. Un petit « clac » retentit. Monsieur Toupin frémit. Marlène retourna le cadre pour voir apparaître une photo de Lycronus. Il était magnifique ! Quel sourire craquant ! Elle rougit et sourit bêtement. Ce cadeau lui faisait tellement plaisir.

- Merci, monsieur Toupin.

- De rien, Marlène, répondit le professeur très sobrement, le cou tendu et la mâchoire serrée.

Tout à son bonheur, la néomage ne se rendit pas compte de l’état de nerf de son professeur. Elle retourna dans sa chambre, posa la photo de Lycronus sur sa table de chevet et s’endormit, ravie.

Le lendemain, elle avait hâte d’embrasser Lycronus pour le remercier. Elle ne le trouva pas au réfectoire alors elle se rendit dans la salle vide où ils avaient l’habitude de travailler ensemble. Il n’y était pas non plus. Marlène alla frapper à la porte de sa chambre mais nul ne répondit. Elle finit par sortir son guide et demander la localisation de Lycronus Stoffer. La réponse du guide la laissa sans voix : « Si vous savez où trouver Lycronus Stoffer, prévenez immédiatement le CIM ».

- Le CIM ? s’exclama Marlène à voix haute, abasourdie.

Elle papillonna des yeux avant de sortir de sa chambre pour se rendre en salle vidéo. En chemin, de nombreux élèves chuchotèrent sur son chemin, la désignant du menton, détournant le regard, lui envoyant des regards inquiétants.

Il y avait du monde en salle vidéo. Les informations tournaient en boucle. Un homme et une femme présentaient le journal en continue.

- Toujours aucune nouvelle du voleur de magie, Lycronus Stoffer, annonça le journaliste brun derrière son comptoir. Les meilleurs éléments du CIM sont à ses trousses.

- Comment un magicien d’aussi peu de talent parvient-il à mettre en déroute le CIM ? Cela semble incroyable ! disait la présentatrice blonde au décolleté plongeant.

- Stoffer est un ensorceleur niveau 3. Il dispose de nombreux objets magiques à sa disposition et en crée régulièrement de nouveaux, indiqua le présentateur en costume cravate.

Ensorceleur niveau 3 ? répéta Marlène. La néomage plissa les yeux. Elle ignorait les conditions nécessaires pour atteindre un tel rang, ne s’y étant jamais vraiment intéressée. Ainsi, c’était cela que Lycronus faisait à ses côtés. Il créait des objets des magiques. Marlène n’en revint pas.

- Créer des objets magiques demande énormément d’énergie, indiqua la blonde qui jouait sans nul doute volontairement la cruche. Où croyez-vous que Stoffer trouve la magie nécessaire ? Il faut bien qu’il dorme de temps en temps !

Sauf que grâce à Marlène, il créait de la magie durant son sommeil.

- Stoffer est-il capable de créer un cheval de Troie ? interrogea la présentatrice, l’air soucieux.

- Sans aucun doute, répondit le brun à ses côtés. Il a déjà volé de la magie par le passé. Pourquoi en recommencerait-il pas ?

La blonde prit un air horrifié. Marlène blêmit. Lycronus aurait-il vraiment pu arracher sa magie à quelqu’un ? Se retrouvait-il, par nécessité, obligé d’agir comme les monstres ayant torturé Marlène ?

- Nous demandons à la population de faire montre d’une extrême prudence, annonça le présentateur. N’activez aucun objet magique contenant de l’acier, aucun, pas même un que vous posséderiez depuis des années. Il aurait pu être échangé ou modifié. Méfiez-vous des inconnus. Des photos de Stoffer sont affichées un peu partout. Ouvrez grands les yeux et prudence avant d’activer un objet magique. Restez bien sur vos gardes et prévenez si vous croisez ce jeune homme.

Une photo de Lycronus – qui ne le mettait pas du tout en valeur. Mais où avaient-ils trouvé une telle horreur ? - s’affichait dans le coin en haut à droite. Marlène ne comprenait pas.

- Hé la néomage ! C’est ton pote, non ? Tu dois bien savoir où il est ! l’interpela un garçon.

Marlène détourna le regard. Elle n’avait aucune envie de lui répondre.

- Ne tentez surtout pas de l’appréhender vous-même, continuait le présentateur du journal télévisé. Monsieur Stoffer est dangereux !

« Dangereux ? » s’exclama Marlène en pensées. Mais que se passait-il ?

- Hé ! On te parle ! insista le garçon. Comment ça se fait que le CIM ne l’interroge pas ? Elle est de mèche avec lui, c’est évident !

Marlène n’appréciait pas du tout l’ambiance autour d’elle. Elle choisit de sortir de la salle pour rejoindre sa chambre. Elle s’enferma et appela Amanda.

- Marlène ! s’écria Amanda. Que s’est-il passé avec monsieur Stoffer ?

- J’espérais que tu pourrais me le dire, sanglota Marlène.

- Les médias tournent en boucle là-dessus. Tu les connais. Un sujet comme ça ! Ils ne pouvaient pas passer à côté !

- Pourquoi Lycronus est-il recherché par le CIM ?

- Vol de magie. C’est très grave.

- Et la présomption d’innocence ? s’énerva Marlène.

- Monsieur Stoffer a refusé de suivre le CIM. Par ce geste, il se déclare lui-même coupable. Quel innocent fuirait ?

Marlène ne comprenait pas.

- Marlène, murmura Amanda. Sais-tu quoi que ce soit ?

- Non ! assura Marlène. Après la fête, je suis allée me coucher et quand je me réveille le lendemain, je découvre Lycronus en cavale.

Marlène avait un goût amer dans la bouche. Son regard tomba sur sa table de chevet. Le cadre ! La photo de Lycronus ! Elle attrapa l’objet et blêmit. La photo avait disparu. Pourtant, la pile était toujours entière. Elle secoua le cadre comme si cela pouvait changer quoi que ce soit. Pourquoi la photo avait-elle disparu ? Elle avait déjà perdu Lycronus et voilà que même le faible lien avec lui s’évanouissait. Marlène raccrocha avant de pleurer abondamment.

Des coups sur la porte la firent sursauter. Elle grogna. Mais ne pouvait-on pas la laisser tranquille ? Qu’ils aillent mourir, tous ! Marlène pâlit en voyant la porte s’ouvrir. Mais comment ?

Des hommes en uniforme entrèrent. Le CIM venait de pénétrer dans sa chambre. Nul doute que le directeur leur en avait donné l’autorisation. Marlène serra les dents. Elle essuya ses larmes d’un revers de la main, reposa le cadre sur sa table de chevet et se leva.

- Mademoiselle Norris. Je vais vous poser quelques questions pendant que mes collègues examinent votre chambre. Quand avez-vous vu monsieur Stoffer pour la dernière fois ?

Marlène n’en revint pas. Ils venaient jusque dans son intimité pour l’interroger.

- Mademoiselle Norris ? insista le policier.

- Avant-hier. Samedi. Hier, je fêtais mon anniversaire avec mes amis et ma famille.

- Catégorie dont monsieur Stoffer ne fait pas partie ? s’enquit le policier.

- Non, monsieur, répondit Marlène et elle n’avait pas l’impression de mentir.

Après tout, Lycronus n’était effectivement ni un ami, ni un membre de sa famille. Il était l’homme de sa vie, tout simplement, et il n’était plus là. Le reverrait-elle seulement un jour ? Finirait-il sa vie en prison ? Se portait-il bien ? Marlène essuya rageusement la larme qui ravalait ses joues.

Le policier observa longuement le cadre puis redonna son attention à Marlène et pinça les lèvres. Il semblait lui dire « Je comprends ». Elle l’aurait volontiers gifler. Comment pouvait-il ne serait-ce qu’imaginer le début du commencement de la peine qu’elle ressentait ?

- Possédez-vous un quelconque moyen de contacter monsieur Stoffer ?

Elle n’avait ni son numéro de téléphone, ni son adresse ? Elle ignorait même sa nationalité. Elle ne savait même pas la langue qu’il parlait, le guide modifiant automatiquement les sons reçus.

- Non, monsieur, répondit-elle, anéantie.

- Il n’y a rien, annonça un des policiers.

Ils avaient fouillé sans toucher à rien. Marlène supposa qu’ils avaient des senseurs magiques.

- Nous vous remercions de votre collaboration, mademoiselle, indiqua le policier avant de sortir, suivi de ses collègues.

Marlène se mit en boule dans un coin et laissa les larmes couler. Elle ne fut cette fois pas dérangée.

Elle se réveilla à même le sol, ses manches trempées d’un mélange de larmes et de morves. Elle se prit une douche, se changea et alla manger un morceau. Tous les élèves la fixaient. N’appréciant pas l’ambiance, elle mangea très vite et retourna s’enfermer dans sa chambre.

N’ayant aucune envie de sortir, elle plongea en méditation pour se retrouver devant les tunnels. Elle s’arrêta, indécise. Dans lequel se rendre ? Elle pourrait améliorer ses protections mentales. La plage était belle mais construire son mur l’ennuyait. Ranger ses signatures magiques d’éléments naturels la gonflait encore plus.

Lycronus l’aurait engueulée. Il n’était plus là. Marlène avait besoin de réconfort. La brise la poussa jusqu’au tunnel menant à la création de magie. Dans sa bulle, Marlène se sentit bien. De retour dans le ventre maternel, elle ronronna de bonheur.

La magie la réchauffait. Naturellement, la bulle n’était pas pleine et lorsqu’elle le serait, Marlène passerait simplement à la suivante. La néomage créait de la magie mais elle eut soudain envie de voir les perles naître, un retour aux sources, un besoin vital de revenir aux fondamentaux.

Elle zooma directement à la taille du ver minimal et fut surprise de ne rien voir. Les perles magiques apparaissaient mais Marlène ne voyaient pas ses serpents énergétiques. Interloquée, elle recula et tourna la tête, sans rien voir.

Elle zooma davantage, encore, et encore, et enfin, elle le vit. Elle l’estima trois fois plus petit que le ver de rendement maximal. Comment cela était-il possible ? Pourtant, les sphères se dédoublaient lorsque le ver les traversait.

Marlène frissonna. Obtenir le rendement maximal était l’une des conditions d’obtention du DM2. Les professeurs le lui avaient donné, l’estimant atteint alors même que moins était possible.

Marlène pencha la tête et un énorme doute l’envahit. Le regard glacial, elle créa un ver deux fois moins gros et l’envoya vers une sphère. Elle se dédoubla.

Marlène sortit de méditation et hurla dans sa chambre. Toute confiance en cette école venait de s’évanouir. Si le rendement maximal était un mensonge, quoi d’autre l’était ? Marlène retourna en méditation vers son océan de bulles de connaissances, censés se classer toutes seules.

Le mensonge explosa. Sous ses yeux horrifiés se dévoila un chaos total. Si la structure de base était toujours là, les autres bulles flottaient sans ordre. Une grande quantité disparaissait même à l’horizon, comme perdues à jamais. Marlène hurla de nouveau.

Une vibration dans la magie lui apprit que sa porte venait de s’ouvrir. Elle sortit de l’océan pour découvrir monsieur Toupin.

- Sortez, ordonna-t-elle froidement.

Elle ne voulait plus parler à personne, ni élève ni professeur.

- Ta tristesse est compréhensible, tenta de la rassurer monsieur Toupin. Je viens t’apporter mon soutien. Je ne suis pas ton ennemi.

- J’en doute, murmura-t-elle, l’esprit en vrac.

Monsieur Toupin hocha la tête puis sortit. Marlène retourna classer ses connaissances et ne fit plus que cela. Elle sortit manger en pleine nuit, afin d’être certaine de ne croiser personne. Quelques postes de télévision croisés en chemin crachaient leur venin, ne parlant que de la traque du voleur de magie, enjoignant tout le monde à la plus grande vigilance.

Au début, Marlène s’arrêta pour écouter. Certains se moquaient de l’incapacité du CIM à dénicher un simple magicien de fortune. D’autres criaient au complot, disant que Lycronus Stoffer n’existait pas voire même qu’il était déjà en prison ou mort depuis longtemps et que le gouvernement utilisait la peur pour maintenir la population dans un état de terreur leur permettant de faire passer des lois de sécurité.

Marlène cessa de regarder les informations, les trouvant trop anxiogènes. Lycronus, mort ? Elle n’osait l’imaginer. Il fallait qu’il aille bien.

Au bout d’un moment, les bulles se mirent à filer toutes seules à la bonne position et la structure grandit. Marlène la trouva tout de même branlante. Il manquait quelque chose mais quoi ? La néomage se trouva incapable de mettre le doigt dessus.

Si l’idée d’aller demander des conseils à ses professeurs l’effleura, elle la repoussa rapidement. Elle ne retournerait jamais vers eux. C’était hors de question !

Marlène se contenta de retourner dans le ventre maternel et d’y chercher le ver de rendement maximal. Elle ne l’avait pas trouvé que le directeur vint lui annoncer lors d’un de ses repas nocturnes qu’elle devait préparer ses bagages. Si Marlène craignit un instant qu’il ne la renvoie, elle comprit vite son erreur. L’école fermait simplement pour les vacances d’été.

- Revenez-nous en meilleure forme, mademoiselle Norris, lança le directeur avant de s’éloigner.

Il ne la renvoyait pas. Pourquoi le ferait-il ? Chaque journée qu’elle passait là lui rapportait mille um. Il s’en fichait qu’elle reste enfermée dans sa chambre. Le compteur tournait.

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