Chapitre 21 : Un retour triomphant
Alix
La jeune fille vérifia encore une fois que le harnachement de sa jument était bien mis en place, puis rejoignit Venzald pour l’aider à charger les chevaux de bât.
– Tu me donnes le tournis, Alix ! protesta le prince alors qu’elle passait devant lui pour la quatrième fois.
Elle éclata de rire, mais ralentit son manège par égard pour lui.
Après dix jours de repos, elle débordait effectivement d’entrain. Ils avaient atteint le but qu’ils s’étaient fixé en trouvant l’antidote. Malgré une certaine gêne des habitants qui avait persisté à l’égard du prince, le séjour à Rizia s’était agréablement déroulé ; ils avaient été bien reçus et elle avait même noué des liens avec quelques jeunes espérites en dépit de leur différence de langage. Et surtout, elle savait maintenant que ses sœurs et ses parents se portaient bien. Si Themerid avait pu parler à Venzald sans souffrir, elle aurait bien aimé entendre plus de détails, mais c’était déjà rassurant. Elle était certaine qu’aucun d’eux ne restait les bras croisés. Son père devait tempêter contre l’Ordre et elle voyait mal Flore et Elvire broder toute la journée. Cependant, elle n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait la vie en Cazalyne depuis que le Haut-Savoir avait coulé sa chape de restrictions sur le royaume. Quelque chose lui disait qu’elle n’aurait pas aimé prendre leur place.
En y réfléchissant, même si la situation avait été différente, aurait-elle voulu se trouver ailleurs qu’ici, manquer cette aventure ? Elle entendit une petite voix — ressemblant fort à celle d’Elvire — qui lui conseillait de grandir, de se rendre compte que la vie n’avait rien à voir avec une partie de course au foulard. Et pourquoi pas, finalement ? Pourquoi ne pourrait-elle pas prendre plaisir à ce que le destin plaçait devant ses pas ? Ça ne voulait pas dire qu’elle négligeait ses responsabilités, au contraire !
Ensgarde émergea de la case, les bras chargés de sacs et de vêtements dont Alix s’empressa de la débarrasser. Quand elle les déposa sur la pile de bagages, elle sentit la main de la rebouteuse lui tapoter l’épaule.
– Encore tous ces jours à cheval… soupira Ensgarde. Tu vas avoir beaucoup d’occasions de te moquer de moi, gamine !
Elle pinça la joue lisse d’Alix en cachant le sourire qui lui montait aux lèvres.
– Je n’oserais jamais ! affirma la jeune fille d’une voix faussement outrée. Et puis, vous semblez en pleine forme !
N’y tenant plus, elle enlaça la guérisseuse. Celle-ci se crispa, puis ferma ses bras dodus autour de l’adolescente.
– Tu vas nous mettre en retard, petite, bougonna-t-elle enfin.
Albérac sortit à son tour de la case des hommes avec des paquets, suivi du vieux pêcheur.
– Comment va votre dos, Pique-Cerle ? demanda Alix. Vous vous sentez prêt pour quelques lunes de voyage supplémentaires ?
– Bien sûr, affirma le bonhomme avec un clin d’œil. Et si je souffre de trop, Ensgarde me donnera des feuilles à mâcher. J’en prendrai quelques-unes en plus pour pouvoir vous suivre en volant. Il paraît que ça marche bien.
Il éclata de rire en regardant son petit-fils, puis gratifia d’un coup de coude complice la guérisseuse qui secoua la tête d’un air affligé. Décidément, l’humeur générale était au beau fixe, et Alix se réjouissait que le retour nécessite encore plusieurs lunes.
Elle remarqua que le précepteur empilait ses sacs à côté de lui.
– Mettez vos affaires avec le reste, Maître Elric, suggéra Alix. Ce sera plus facile pour répartir les charges entre les montures.
– Justement, répondit-il, gêné. Je voulais vous parler avant le départ.
Le son du tocsin résonna dans la tête d’Alix. L’attitude d’Albérac ne présageait rien de bon. Allait-il lui gâcher le premier jour de ce retour triomphant au pays avec une des mises en garde si assommantes dont il avait le secret ?
– Je ne repars pas avec vous, reprit-il. Je rentre à Teleria où je souhaite m’installer.
– Quoi ? Vous êtes pas sérieux, l’ami ? hoqueta Pique-Cerle en ouvrant des yeux ronds. Elle est pas finie, notre mission !
Comme à son habitude, Ensgarde dardait ses billes noires sur le maître d’étude sans qu’aucune émotion ne transparaisse sur ses traits. Venzald s’était raidi, les poings serrés. Quant à Alix, elle sentait des larmes se frayer un chemin vers ses yeux tandis qu’une boule où se mêlaient colère et déception grandissait dans son ventre.
– Vous nous abandonnez ? lâcha-t-elle. Après tout ce chemin ? Et pourquoi ? Il compte tant que ça ?
Albérac haussa les sourcils et rougit violemment.
– Espèce de… traître ! cria Alix.
Elle empoigna une sangle qui traînait et, sans même essayer de se raisonner, elle en cingla le précepteur de toutes ses forces. Il encaissa le premier coup sans un geste. Au second, il attrapa par réflexe le fouet improvisé et désarma la jeune fille. Privée de sa vengeance, elle poussa un rugissement, puis tourna les talons pour regagner la case, le visage brûlant.
***
Venzald
Pique-Cerle et Ensgarde s’éclipsèrent pour aller réconforter Alix. Le prince en profita pour inviter d’un geste le précepteur à faire quelques pas entre les champs de blé.
– Alix a raison, n’est-ce pas ? Vous voulez rester avec votre… compagnon ?
Même s’il l’avait moins montré que la jeune fille, il vivait lui aussi la décision d’Albérac comme une trahison. Il ne fut pas surpris d’entendre la colère qui transparaissait dans sa phrase. L’aventurier se décomposa et prit plusieurs inspirations sans répondre. Venzald ne l’avait jamais vu se troubler ainsi. S’il n’avait pas été si contrarié, il en aurait eu mal pour lui, mais pour l’instant il était plus tenté de le punir que de le réconforter.
– Eh bien ? insista-t-il durement.
– Je suis désolé que vous ayez eu à voir ce que je suis vraiment, dit enfin Albérac sans le regarder.
– Effectivement, jeta le prince, je préfèrerais ignorer cette part de votre personnalité.
L’aventurier encaissa le coup.
– Vous… je déplore que mes penchants vous choquent.
– Ils ne me choquent pas, déclara Venzald après réflexion.
Il sentait qu’il aurait dû en dire plus pour le rassurer. Il n’avait jamais été confronté à cela et il ne saisissait pas comment un homme pouvait rester indifférent à une jolie fille comme Flore, par exemple, tout en étant attiré par quelqu’un du même sexe. Cependant, tant que chacun demeurait libre de ses choix, il ne voyait aucune raison de se mêler de ceux des autres.
Pourtant, la déception lui donnait envie de piquer la fierté du maître d’étude.
– Je ne les comprends pas, c’est tout, ajouta-t-il d’un ton acide.
Les épaules d’Albérac s’arrondirent comme sous le coup d’une défaite. Son attitude révolta le garçon qui n’aurait jamais pensé la voir sur cet homme-là.
– Vous avez raison, soupira le précepteur, je veux regagner Teleria et retrouver Liaran.
Le prince contempla l’horizon pour ne pas avoir à regarder sa honte. Si sa décision lui paraissait aussi déshonorante, pourquoi la prenait-il ? Il pouvait partir avec eux ! Peut-être que cet homme, Liaran, lui avait arraché une promesse sur laquelle il ne pouvait pas revenir ?
– Vous l’aimez ? demanda-t-il.
– Oui, je crois, répondit Albérac après un instant d’hésitation qui augmenta encore la colère de Venzald.
– Vous n’en êtes même pas certain ? hurla ce dernier. Alors, rentrez avec nous, vous trouverez quelqu’un d’autre là-bas ! Comment pouvez-vous laisser tomber le royaume, le peuple de Cazalyne tout entier ? Et nous, comment pouvez-vous nous abandonner maintenant, Alix, Pique-Cerle, Ensgarde et moi ? Est-ce que vous avez peur ? De quoi ?
Le précepteur s’était redressé pour le dévisager.
– C’est pour ça que vous êtes en colère ?
– Évidemment ! Ce que je vous reproche, c’est de nous laisser tomber ! Vous êtes notre guide depuis le début ; sans vous nous n’aurions jamais trouvé l’antidote, nous ne serions même jamais arrivés jusqu’ici ! Je pensais que le sort du royaume vous tenait à cœur, comme à nous.
Sa voix s’érailla sur la dernière phrase. Albérac ne releva pas. Ils gardèrent tous les deux les yeux au loin quelques instants.
– Bien sûr que le sort de Cazalyne me tient à cœur, souffla le maître d’étude. Et le vôtre encore plus. Et si je pouvais suivre votre conseil, rentrer avec vous et trouver quelqu’un d’autre là-bas, je le ferais sans hésiter. Mais ce n’est pas si simple.
– Pourquoi ?
– Parce qu’il ne fait pas bon avoir mes préférences, sur notre continent. Voilà des années que je me prive, que je me fais passer pour quelqu’un d’autre. Ou pour personne, d’ailleurs. Il n’y a qu’ici que j’ai pu vivre en paix avec ce que je suis. Chez nous, ce n’est pas possible. Le prix à payer est trop haut : l’opprobre, le dédain, parfois la violence ou la mort. Je préfère rester loin de mon pays plutôt que d’avoir à me cacher.
Venzald fronça les sourcils.
– Vous cacher ? Parce que vous êtes un inverti ? Je veux bien croire que ça ne se crie pas sur les toits, mais tout de même.
Albérac laissa échapper un rire amer, puis s’assit sur un rocher à la limite du dernier champ. Il réfléchit un moment, comme pour choisir ses mots. Peut-être évoquait-il ce sujet pour la première fois ?
– Avez-vous déjà imaginé la réaction de votre père s’il avait appris de son vivant que vous étiez des devineurs, Themerid et vous ?
– Pas vraiment, admit Venzald après un instant de surprise. En tout cas, pas depuis l’autre jour, quand j’ai dit aux Teleriens que j’espérais qu’il serait passé sur son aversion par amour pour nous. En vérité, je ne jurerais pas qu’il en aurait été capable. Ou bien cela lui aurait pris beaucoup de temps.
– C’est ce que je crois aussi. Pourtant, en dehors de ce sujet, le roi Einold était un homme pondéré, juste, qui s’appuyait sur des faits pour se faire ses opinions, n’est-ce pas ?
– En effet. J’aurais d’ailleurs préféré qu’il se montre plus spontané, parfois.
– Mon père à moi ressemblait au vôtre. En un peu plus chaleureux, peut-être. Très instruit, patient, ouvert… Il veillait avec bonté à la subsistance de tous ceux dont il était responsable : sa famille, les gens de sa maison, ses métayers, ses bêtes et tous ceux qui vivaient sur ses terres. Il avait l’amour des livres et du savoir ; il adorait apprendre ; tous les sujets l’intéressaient. Au cours du temps, il a rassemblé une impressionnante bibliothèque. Je l’admirais infiniment. Il a même rendu moins pénible l’absence de ma mère, morte quand j’étais encore enfant.
Venzald se demandait où le maître d’étude voulait en venir, mais il se souvint des anecdotes par lesquelles il commençait très souvent ses leçons, à Arc-Ansange. Il écouta attentivement.
– Un jour — je devais avoir douze ou treize ans —, il m’a surpris avec le fils d’un de nos métayers. Nous étions assis au fond des écuries, nous discutions à voix basse pour ne pas déranger les chevaux. Nous ne faisions rien d’autre que parler. À l’époque, je ne pensais être attiré ni par les garçons ni par les filles. La question ne m’avait probablement jamais effleuré. Mon père a-t-il vu un regard, une attitude, une proximité qui lui auraient paru alarmants ? Je ne l’ai jamais su. Toujours est-il que j’ai écopé de la plus magistrale punition que j’avais jamais eue, ce jour-là. Et mon ami a été envoyé loin de la ferme de ses parents. Je n’ai rien compris et il m’est resté de cet épisode un sentiment d’injustice que je n’ai jamais digéré.
Albérac massa son mauvais genou avec une grimace. Le prince, qui savait très bien qu’il n’avait presque plus mal depuis qu’Ensgarde lui administrait ses baumes, se garda d’interrompre son silence.
– Quelques années plus tard, reprit le précepteur, il a été terrassé par une sorte de crise qui a failli le tuer. Il s’en est sorti, mais ce n’était plus le même homme. Tous ses bons côtés avaient disparu en ne laissant, dans une proportion exacerbée, que les défauts que son heureuse nature avait toujours compensés. Plus rien ne trouvait grâce à ses yeux, il faisait preuve d’impatience, d’irascibilité, de violence même… Pendant que j’effectuais un court voyage, quelqu’un, je ne sais pas qui, lui a rapporté que son fils avait été vu… en situation compromettante avec un homme. Bien sûr, il s’agissait de moi. J’avais un peu plus de vingt ans et après avoir lutté autant que possible contre mes penchants déviants, j’avais fini par céder à mes pulsions. J’essayais pourtant de rester discret : je retrouvais mes amants sur des sentiers escarpés de montagne. Il existe bien des endroits, là où j’ai grandi, où il ne doit pas passer plus de dix promeneurs par an. Je n’ai pas dû faire assez attention.
Les mains d’Albérac se crispaient sur ses cuisses à mesure qu’il racontait son histoire. Venzald n’osait plus bouger, de peur d’interrompre le récit dont il redoutait pourtant d’entendre la fin.
– Mon père s’est mépris, il a cru qu’il s’agissait de mon jeune frère. Il est entré dans une rage noire et l’a battu à mort, avec un fléau à grain. Quand je suis rentré le lendemain, j’ai failli mourir de douleur. Rom avait juste quinze ans.
Il parlait d’une voix douce comme s’il craignait de réveiller les émotions liées à ses souvenirs. La gorge serrée, le prince ne trouva rien à dire, mais il posa sa main sur l’épaule du maître d’étude.
– J’ai craché la vérité à mon père. Je voulais qu’il réalise son erreur et qu’il soit écrasé par le poids de son injustice. Mais il ne se reprochait même pas son geste, je crois. Ça n’a fait qu’aggraver les choses dans son esprit tordu : il a essayé de me battre aussi. J’ai dû m’enfuir. Je ne l’ai pas revu avant sa mort.
Il s’éclaircit la gorge et se remit debout.
– Je pense que cette haine était enfouie en lui depuis toujours. Sa maladie a détruit les barrières qui la contenaient. Alors si même un homme comme celui qu’il était avant cela peut détester à ce point ce que je suis, imaginez ce qu’il en est pour les autres. Je suis loin d’être le seul à avoir vécu ce genre d’histoire. Et ça, c’était avant l’avènement de l’Ordre. Cela m’étonnerait beaucoup qu’ils tolèrent les invertis.
– C’est la même histoire que les bouchevreux… affirma Venzald en hochant tristement la tête.
Il était frappé par les similitudes entre Albérac et lui.
– Exactement. C’est une défiance presque unanime dont la plupart des gens se justifient en se persuadant que votre cas comme le mien sont contre nature.
– Alors que nous sommes juste différents.
Un éclair de fierté passa sur le visage du précepteur. Le prince en ressentit une nouvelle vague de colère.
– Eh bien, voilà, cria-t-il, nous vivons la même situation ! Moi aussi je pourrais me réfugier ici, loin de la haine et du danger. Pourtant, je rentre ! Je ne pourrais pas rester là en sachant que j’ai laissé Cazalyne saigner sous le joug des tyrans du Haut-Savoir !
– C’est votre peuple, protesta mollement Albérac.
– C’est le vôtre aussi, puisque vous en faites partie ! riposta le garçon, pris d’une forte envie de secouer son interlocuteur. Du moins c’est comme ça que vous devriez voir les choses !
L’aventurier le dévisagea avec un sourire d’excuse.
– Je crois que je suis simplement moins courageux que vous, Prince.
Venzald s’éloigna à grands pas, la gorge serrée par l’amertume. Il venait de perdre un ami.
***
Le manteau bleu
Un de moins, encore. Voilà qui portait à cinq le nombre d’Érudits assassinés. Le dernier avait créé la surprise, car il ne faisait pas partie des prévôts venus aux Cimiantes pour faire des ronds de jambe à l’intention de Bréol. Celui-ci résidait dans la capitale ; le responsable de la prison du fleuve, ou quelque chose comme ça. Peu importait d’ailleurs, ça faisait toujours un de moins.
Un frisson s’insinua le long de son échine. Était-ce de la frayeur ou de l’excitation ? Il n’avait plus ressenti de peur depuis longtemps. Pourtant, il aurait tort d’oublier qu’il n’était pas intouchable. Au sein de l’Ordre, seuls les Grands-Maîtres, les dix têtes pensantes du Haut-Savoir, savaient qui il était vraiment et le rôle qu’ils lui destinaient. Or, les événements semblaient s’accélérer ; qu’est-ce qui pouvait arriver, dans le feu de l’action ? Est-ce que les Grands-Maîtres sauveraient sa peau, s’il était en danger ? Il n’en était pas certain. Quant à l’excitation, peut-être avait-il pris un peu trop goût au sang… Le pouvoir qu’on avait avec un simple petit couteau !
Sur les murs de la ville fleurissaient des avis demandant des renseignements sur le tueur. Voilà qui illustrait bien la bêtise de Bréol, sans aucun doute à l’origine de cette idée saugrenue : il interdisait à la majeure partie de la population de lire, puis il leur collait des affiches sous les yeux en s’imaginant qu’ils allaient y répondre. Et s’il finissait égorgé, celui-là aussi ? Est-ce que ce ne serait pas là une œuvre de salut public ? Il semblait se prendre pour le maître du monde avec sa charge de grand prévôt. Alors qu’il ne savait rien.
Bientôt, il les éliminerait tous, juste avec son pouvoir. Dire qu’ils avaient cru qu’il allait partager. D’un geste, il les chasserait tous hors des frontières de son royaume. Quelques lunes encore à patienter pour que Baudri de Kelm soit bien mort s’il ne l’était pas déjà, officiellement rayé de la liste. Alors, il n’y aurait plus qu’à attendre que le prince Venzald se présente de lui-même. Il sentait qu’il allait revenir, attiré par son frère comme une mouche.
Et ensuite, deux petits coups de couteau et le trône serait à lui.
Mhhh
Un chapitre intéressant, c'est certain.
Le choix d'Albérac m'a beaucoup surpris (choqué serait peut-être un peu fort^^) dans un premier temps mais il est plus compréhensible après son récit. Peut-être que tu pourrais commencer par l'histoire pour en arriver à la décision d'Albérac, après tout c'est un précepteur donc il est censé être pédagogue.
Je me trompe peut-être mais ça sent le chapitre de conclusion pour ce personnage, il m'aura clairement donné à penser, souvent sur mes listes de suspect. Finalement son mystère est surprenant même si je t'avoue que je m'attendais à quelque chose de "pire", une trahison ou quelque chose comme ça.
Contrairement à certains de tes retours, je ne trouve pas les réactions de Venzald et Alix hors personnages. Etant donné que dans ton monde l'homosexualité est plus ou moins unanimement prohibée, c'est logique que ça leur paraisse une raison insuffisante pour se défiler. La colère d'Alix est violente mais naît du désenchantement après avoir vu l'homme qu'elle admirait et croyait aimer changer. Une réaction qui me paraît concorder avec ce qui a été dit jusqu'ici.
Pour résumer en une phrase : je pense que la clé du chapitre c'est le récit du passé d'Alberac.
Le pdv du manteau bleu est particulièrement intéressant (encore plus que d'habitude, jte jure^^). On apprend qu'il tue des maîtres érudits mais j'avoue ignorer pourquoi exactement. Et il précise pour de bon ses motivations, pour le trône, il est prêt à tuer...
Plus ça avance, plus je me dis : ah lui, ça peut pas être le manteau bleu, lui non plus... Problème, je n'ai plus vraiment d'hypothèse solide xD J'ai forcément éliminé le vrai manteau bleu. Bon, en gros ça n'avance pas des tonnes depuis le prologue du tome 1 mdr
J'enchaîne ...
Je ne m'étendrai pas sur le fait que ce chapitre soit une conclusion pour ce personnage : tu as déjà vu ensuite qu'il faisait encore parler de lui ;)
Et je suis d'accord avec toi : la clé du chapitre est bien le récit d'Albérac. Au risque de te faire tourner en bourrique, je vais même te révéler que ce récit contient un tout petit indice qui, relié à un passage du tome 1, permet d'avoir la solution d'un des enjeux majeurs de la saga... Je ne devrais pas te dire ça, je sens que ça va te rendre dingue XD Non, ne cherche pas : c'est vraiment très difficile à trouver. Mais c'est vrai que je me suis amusée à semer ce genre d'indices tout au long des deux tomes. Ils ont vraiment très très peu de chance d'être détectés à moins d'avoir une mémoire d'éléphant, mais peuvent être amusants lors d'une seconde lecture quand on connaît la solution. Genre "Ah, mais c'était écrit là ! Il y avait tous les éléments pour comprendre !" C'est un kiff perso, quoi...
Quant aux réactions d'Alix et de Venzald, je sais qu'elles n'ont pas toujours été bien comprises, mais elles correspondent pourtant à ce que je voulais et je ne les remettrai pas en question, même si elles sont évidemment très discutables en termes de tolérance et de générosité. Les personnages ne peuvent pas faire preuve de grandeur d'âme tout le temps ! Du coup, je suis contente que tu les aies trouvées cohérentes.
On apprend que le manteau bleu tue des érudits ? Euh... non. En tout cas, ce n'était pas ce que je voulais dire, ça ne doit donc pas être très clair. Ce qu'il dit, c'est qu'il éprouve un mélange de peur et d'admiration pour l'assassin des érudits. Qu'il commence à vouloir se détacher de l'Ordre et que si nécessaire, il éliminera le HS quand il sera au pouvoir. Mais il ne dit pas qu'il tue des érudits. Quel passage t'a donné cette impression ? C'est vrai qu'il dit qu'il a peut-être pris goût au sang, mais ça fait référence au chapitre où il tue la parfumeuse du marché, dans le tome 1, et à celui où il tue un bouchevreux qui est à son service. Bref, on sait qu'il a déjà tué.
Est-ce que le manteau bleu fait partie de tes hypothèses que tu as éliminées ensuite ? Va savoir (gniark gniark)...
Oui, j'ai mal compris pour le manteau bleu. C'est vrai que tu ne dis jamais qu'il est l'assassin. Après je viens de relire, c'est peut-être moi mais je trouve que ça porte un peu confusion. ^^
Bon du coup, j'ai été orienté dans ma lecture du ch 22 (=
Par rapport au récit d'Albérac, ça me rend en effet dingue xD Après avoir relu, je pense qu'il doit s'agir de quelque chose par rapport au père d'Albérac (recherche du Savoir = Haut-Savoir ??) mais je ne parviens pas vraiment à mettre le doigt dessus.
Et oui, les PL doit être très cool à relire pour faire la chasse aux indices quand on connaît la solution. Un peu comme un bon Agatha Christie (=
Si le manteau bleu n'est pas l'assassin, l'hypothèse Flore (même si elle ne tue pas elle-même) reprend de l'épaisseur.
Albérac qui se défile… Ce n’est pas plus surprenant que cela, au regard de ses retrouvailles a Teleria, mais la façon dont il l’annonce m’a surprise. C’est sûrement très délicat pour lui, vu qu’il ignore que les autres ont découvert ses « penchants », mais quand même, il aurait pu leur faire part avant de sa décision de rester. Mais là, ça fait un peu l’effet d’une bombe, c’est comme s’il n’en avait rien à fiche d’eux. Bref, pour moi, ce « coup de théâtre » n’est pas en accord avec le personnage et ses attaches avec ses jeunes « élèves ». Albérac n’est pas quelqu’un de lâche, e semble-t-il et là, son annonce de dernier moment est assez lâche.
J’ai bien aimé en revanche la réaction de Venzald et d’Alix : excessive et égoïste, mais naturelle et compréhensible car ils se sentent trahis et mis au pied du mur par cette annonce soudaine. Si la décision d’Albérac était annoncée plus tôt, le débat avec Venzald sur le « devoir » supposé d’Albérac envers son pays et son prince serait plus posé et potentiellement plus intéressant et riche de sens (sans forcément le changer beaucoup). Enfin, ce n’est qu’une suggestion, comme d’ailleurs tout le reste : c’est toi qui disposes !
(et encore une fois, j’aime beaucoup cette lecture, même si je souligne beaucoup ce qui me chagrine plutôt que tout le reste qui me plait !)
Je vais réfléchir à ta suggestion. J'aime peut-être un peu trop les coups de théâtre XD
C'est gentil de me dire que tu aime ta lecture, ça me fait très plaisir. J'avoue (pas du tout humblement) qu'en relisant au même rythme que toi, je suis assez contente du résultat, même avec un an de recul. Ce qui n'est pas le cas quand je relis le T1 !
La décision d'Albérac ne me choque pas tant que ça, mais je comprends qu'Alix et Venzald soient déçus. Une colère maladroite pour Alix, mais c'est souvent le cas quand il est difficile de démêler ses sentiments.
J'aime beaucoup la discussion entre Venzald et lui, et ça me fait douter qu'il soit Baudri.
D'un autre côté.... il peut avoir changé les noms et un peu l'histoire. Ca pourrait expliquer que Lancel en voulait à son frère.
Et peut-être qu'ils ont fait un deal, Baudri qui reste hors des frontières pour que Lancel puisse régner tranquillement.
Bon, on verra si je me plante sur toute la ligne ou pas :)
Encore une fois, non comment pour la théorie Albérac=Baudri ;)
Mais ? Pourquoi tout le monde s'acharne sur Albérac ? Il a le droit au bonheur, aussi et n'est pas né uniquement pour servir Venzald, non mais ! Surtout après s'être sacrifié pendant tant d'années ! Et en tant que bouchevreux, j'aurais pensé que Venzald aurait eu plus d'empathie envers son précepteur mais non. Mine de rien, Alix et Venzald ne semblent pas réaliser que leurs priorités ne sont pas automatiquement celles de tout le monde. J'admire Albérac pour s'être montré à la fois vulnérable (en racontant son passé) et ferme (en ne cédant pas).
Ouh là, le passage avec le manteau bleu donne des frissons ! Même si c'est un antagoniste aux personnages principaux, j'aime bien le retrouver xD! Il parle de pouvoir et d'éliminer Baudri... Serait-ce Lancel ? Mais il parle aussi de “partager”; serait-ce Abzal (j'avoue que j'en suis moins convaincue). Bref, je saute sur la suite !
De même, je ne voulais pas du tout que Venzald et Alix aient des réactions exemplaires face à la décision d'Albérac. Ils sont égoïstes (sur ce coup-là, en tout cas) et ils lui en veulent, et ce sont des réactions à chaud. J'ai trouvé ça plus cohérent que s'ils avaient été grands seigneurs tout de suite. Les cinq compagnons ont eu un but commun depuis des mois, il y a un truc qui s'est créé entre eux, et Albérac casse cette belle dynamique, en plus de leur donner un sentiment d'abandon. Donc, ils réagissent comme des enfants (qu'ils sont encore plus ou moins).
En plus, puisque tu as lu la suite, Albérac admet de lui-même qu'il n'est pas si sûr de vivre un bonheur parfait avec son Télérien. C'est plus le fait de pouvoir vivre une relation au grand jour qui l'attire que l'homme en lui-même.
Bref, je ne donne tort ou raison à personne, je veux juste que mes personnages ne soient pas parfaits ;)
Le manteau bleu, tant mieux si ça marche encore : j'avoue que ses pov me donnent des sueurs froides parce que j'ai toujours peur de trop en dire. Or, je dois le remettre de temps en temps pour qu'on en l'oublie pas, et il ne faut pas que ce soit redondant...
Pour Lancel, je ne dis rien, mais en tout cas, on sait que ce n'est pas Abzal : dans le dernier chapitre du tome 1, il y a une rencontre entre le manteau bleu et Abzal, donc au moins, on sait que ce n'est pas lui. Et puis Abzal est un lâche. Le manteau bleu a beaucoup de défaut, mais a priori, la lâcheté n'en fait pas partie :)
Ne t'inquiète pas, pour manteau bleu, tu es loiiin d'en dire trop. Oui, il me semblait que j'avais déjà tracé Abzal de la liste "qui est manteau bleu?" mais je ne me souvenais plus des détails.
D'ailleurs, je me demandais: combien de tomes prévois-tu pour raconter les PL ? :) Comme ça je me prépare psychologiquement à tenir le suspense :)
J'ai lu ton chapitre, je te commente demain !
J’ai beaucoup apprécié le chapitre, blablabla, passons aux choses sérieuses :
C’est pas une méga grosse surprise qu’Albérac reste. Par contre il n’est pas du tout surpris qu’Alix sache pourquoi il reste alors qu’il me semble que son homosexualité est toujours cachée du reste du groupe…
Alix est si violente ! ça ne se fait pas de fouetter les gens quand on n’est pas content !
Wow non mais l’égoïsme d’Alix et de Venzald… je comprends qu’il y ait un sentiment de tristesse, une peur de l’abandon, une peur de l’avenir, qui s’expriment aussi. Mais wow, quoi. Ça les fait paraître turbo égocentriques et un brin homophobe, aussi.
Je trouve qu’Albérac annonce très mal qu’il va rester. Il est intelligent, lucide : il sait qu’il a office de père de substitution pour Venzald et de parrain pour Alix (vu qu’elle a eu Godmert). Je pense qu’il aurait dû y mettre plus de tact, mais la petite incohérence qu’il me semble avoir relevé - à moins que j’aie raté quelque chose, ce qui est aussi tout à fait possible – me semble y jouer pour beaucoup aussi.
Je ne comprends pas vraiment la fin de la dispute : bien sûr que non qu’Albérac ne peut pas juste rentrer, il est plus ou moins amoureux d’un type qui vit ici. Et puis Venzald manque un peu d’empathie, selon moi, tu souhaites le meilleur pour tes amis : donc il devrait souhaiter à Albérac de vivre loin des gens qui vont le juger toute sa vie pour être homo, ce qui sera le cas sur le continent. Y a pas photo qu’Albérac sera certainement plus heureux et devra moins batailler en restant ici…
Bref. J’ai l’impression que dans toute cette scène il y a des ajustements à faire, des petits réglages – pas forcément sur mes conseils, même s’ils peuvent mettre sur la piste de pourquoi j’ai l’impression que cette scène n’est pas totalement satisfaisante à mes yeux, qu’il lui manque des petites choses. Le style est bien, y a la matière, mais je trouve que c'est pas tout à fait ça quand même. Peut-être que ça manque d'un peu plus de finesse, de nuances ?
Aaah le manteau bleu ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu ! je me demandais où il était passé… il resserre bien la vis, à laisser sous-entendre un piège envers Venzald pour attirer Themerid et les tuer tous les deux ! Je n’ai vraiment aucune idée de qui c’est, et j’ai l’impression d’être si aveugle que je me dis peut-être que c’est en fait facile à trouver. Je commence à me demander si à la fin quand son identité sera révéler je ne vais pas faire un grand « aaaaah mais c’était évident ».
Plein de bisous !
Est-ce que tu attendais des discours plus humanistes ou plus parfaits ? C'est ça que je n'arrive pas à savoir.
Oui, ça faisait longtemps que je n'avais pas donné la parole au manteau bleu ! Je ne veux pas qu'on l'oublie, mais ça devient difficile de ne pas trop en dire dans ces points de vue. Déjà, là, on voit bien qu'il est à Terce.
Ce sera à toi de me dire, si à la fin, quand tu sauras qui c'est, tu feras « aaaaah mais c’était évident » ;)
Merci pour ton comm, plein de bisouuuuus
AH je crois que j’ai trouvé ! Enfin pas vraiment mais bon compliqué de traduire mon remue méninge à l’écrit : en fait, je crois que je vois ce que tu veux dire. Mais j’ai l’impression que la façon dont tu l’as mis en scène ne sert pas ton message au mieux. Je pense que c’est de là que vient mon impression de maladresse : je crois ressentir une sorte de décalage (pas énorme, mais juste suffisant pour que je grince des dents) entre le fond et la forme, ce que tu veux transmettre et comment tu le transmets. L’annonce d’Albérac, puisqu’elle est déclencheuse de la scène, est ce qui retient mon attention car, comme selon moi le déclencheur me paraît peu cohérent avec le personnage (ou alors je veux bien que tu m’expliques, j’admettrai très humblement que j’ai mal compris, ce ne serait pas la première fois que ça m’arrive ;) ), tout ce qui découle du déclencheur peut que me paraître, d’une certaine façon, saugrenue l(e terme est fort mais je n’en trouvais pas d’autre, pardon).
Bon j’espère que c’est un chouilla plus clair, désolée d’avoir du mal à mettre des mots sur cette sensation ! Bon après ce n’est que mon ressenti perso, je sais que j’ai des éclairs de lucidité mais je suis loin d’avoir raison sur tout ;)
Je n’avais pas oublié le manteau bleu ! il me manquait, presque (uniquement parce qu’il vaut mieux garder ses ennemis près de soi, ne va pas me faire dire ce que je n’ai pas dit !)
Ceci dit, il y a effectivement un décalage (voulu) entre ce qui énerve Alix et Venzald, et ce que crois Albérac : lui il croit que Venzald le juge pour son homosexualité (au début, du moins) alors que Venzald le juge parce qu'il les laisse tomber. Mais comme Venzald est en colère, il ne le détrompe pas vraiment.
Quant à l'annonce d'Albérac, elle n'est pas très habile parce qu'il est gêné (il se sent merdeux et à ce moment-là, il espère encore ne pas avoir à dire qu'il reste pour son copain).
Bon, je crois que je relirai tout ça à tête reposée : les incohérences qui te dérangent me sauteront peut-être aux yeux ;)
L'aîné d'une famille... Mais laquelle si ce n'est pas Baudri de kelm ?
Est ce que la reine aurait eu un enfant caché avec son amant ? Mais du coup c'est pas l'aîné non plus vu qu'elle a eu un fils avant...
Je patauuuuge
Merci pour ta lecture !