Julie ouvrit les yeux pour ne pas y voir grand-chose. Il venait juste de retirer le bandeau qui l’aveuglait et de lancer la chasse, sa deuxième. Il faisait nuit. Sa montre indiquait minuit pile. Il savait comment la mettre mal à l'aise.
L'endroit était très peu éclairé. Elle se sut à l'intérieur d'un bâtiment par le plafond absent de lune ou d'étoiles. Rapidement, ses yeux s'habituèrent à la pénombre. Elle vit deux murs pleins, une fenêtre à barreaux et une porte. Le mobilier était rare, moisi ou en morceaux.
Elle sortit pour découvrir un couloir décrépi aux néons à moitié décrochés du plafond. Ses talons résonnaient sur le carrelage. Julie s’approcha d’une porte entrouverte pour découvrir une petite pièce proposant un lit, une table, une chaise renversée et là aussi, une fenêtre à barreaux.
Se trouvait-elle dans une ancienne prison ? Les portes munies de serrures lourdes et compliquées corroboraient cette supposition. Devait-elle s’enfuir d’un bagne ? Jouait-il le rôle du surveillant pénitencier ?
La troisième pièce dévoila un appareil sophistiqué muni de fils et d’un lit très médical. Une armoire murale contenait des médicaments à moitié étalés.
La quatrième n’était qu’un placard à balais mais la cinquième ne pouvait être qu’une salle d’opération. Des schémas de crânes confirmèrent les doutes de Julie. Elle ne se trouvait pas dans une ancienne prison mais dans un asile psychiatrique abandonné.
Un frisson parcourut l’échine de Julie. Son cœur s’accéléra. Elle sut que cet endroit glauque à souhait hanterait ses nuits pendant longtemps. Elijah jouait-il le rôle du prisonnier fou évadé traquant une pauvre innocente passant par là par hasard ? Une étudiante en quête d’un endroit tranquille pour réviser ou fumer un joint ?
Julie accéléra le pas. Elle devait trouver la sortie, très vite. Une grande baie vitrée lui apprit qu’elle se trouvait au troisième étage. Même si les fenêtres n’avaient été barrées, jamais Julie n’aurait pu sortir par là. Les escaliers, il fallait qu’elle les localise !
Une grille. Close. La secouer ne la fit pas céder. Paniquée, Julie retourna sur ses pas, craignant à tout instant de tomber sur son poursuivant aux dents acérées. Nouveau couloir, nouvelle grille. Non ! Pas encore !
Julie trouva ce qui ressemblait à un poste de contrôle. Dans une petite armoire en fer se trouvaient des centaines de clefs. Julie observa les trousseaux, se demandant lequel prendre. Elle se saisit du plus gros et ressortit.
Elle ne parvint à ouvrir la première grille qu’à la onzième tentative. La tension montait. Ses muscles se tétanisaient. Elle devait fuir et cette maudite grille qui lui résistait ! Quand la serrure cliqueta, Julie se retint de hurler de joie. Elle bondit et referma la grille à clef derrière elle. Cela empêcherait-il le démon de la rejoindre ? Probablement pas.
Il était là, à un souffle derrière elle. Un bruit sourd retentit de l’autre côté de la grille, depuis le couloir à gauche qu’elle ne voyait pas de sa position. Elle sursauta avant de se ruer sur la première porte disponible.
Elle se figea, clignant frénétiquement des yeux. Elle recula d’un pas. Tout autour d’elle, les murs étaient recouverts d’une mousse blanche. Ne pas rester là ! Sortir !
La porte claqua dans son dos. Elle observa la cloison impénétrable. Elle était prisonnière. Elle se retourna pour ne voir personne. La lumière blafarde provenait du plafond haut, inaccessible. Sa vue avait beau indiquer un endroit vide, ses tripes lui répétaient que son agresseur se trouvait avec elle.
Elle tomba à genoux et fondit en larmes. La douleur donna raison à son instinct.