Chapitre 22 : Mort subite

 

Un Crowmero, un familier aux allures de grand corbeau avec des plumes noires aux reflets émeraude, planait au-dessus de la coupole de la salle du Cristal, désormais à ciel ouvert après que les vitraux avaient été soufflés par l'explosion. Le messager ailé entama sa descente vers le centre de la pièce. Ezarel tendit le bras pour réceptionner l’oiseau qui lui présenta aussitôt la patte à laquelle était accroché un petit tube. 

L’elfe s’empressa d’en extirper le message et de le dérouler. C’était Leiftan qui leur faisait un compte-rendu de la situation à Regalia. Les nouvelles de la cité royale n’étaient pas réjouissantes. Quand Leiftan était arrivé sur place, la capitale du royaume avait déjà sombré dans le chaos. Il avait réussi à pénétrer dans le palais et à trouver le roi et sa famille, mais il était arrivé trop tard. 

Le souverain d'Eldarya n’était plus. Il avait été assassiné par son propre garde du corps. Fort heureusement, sa femme et son fils étaient sains et saufs. Trois des sept ministres qui siégeaient au gouvernement avaient également péri aux mains de l’assassin royal. Le ministre du Trésor royal avait perdu la vie, mais le Chancelier et le ministre des Rites avaient survécu et assuraient le commandement le temps de la crise.

Ce que Miiko redoutait le plus s'était produit. Certes, le roi était soumis à l'avis éclairé de ses ministres et de ses conseillers, mais aucune décision ne pouvait être validée sans son aval, ce qui lui permettait de freiner les ardeurs politiques de ses ministres les plus ambitieux. Sans souverain pour diriger le gouvernement et maintenir la cohésion dans les rangs, le royaume courait à sa perte.

Hélios III était un monarque plein de bon sens qui connaissait toutes les ficelles de la politique et de la diplomatie. Il comprenait l'importance de jouer un rôle de médiateur et d'apaiser les tensions entre les différentes régions et les différents peuples. Il écoutait toujours les avis et les opinions de son Conseil, mais ne manquait jamais de prendre la décision finale en restant fidèle à ses convictions, même quand cela allait à l'encontre des vœux des ministres.

C'était aussi un homme qui aimait le luxe et les divertissements, mais Miiko ne lui en avait jamais tenu rigueur. Il n'en allait pas de même pour son fils, le Prince Ennius. Il était encore jeune et trop habitué à vivre dans l'oisiveté et l'opulence. Sa personnalité fortement influençable et son désintérêt total pour les affaires du royaume en faisaient quelqu'un de profondément ignorant. 

S'il devenait roi, ce serait le Chancelier et le ministre des Rites qui gouverneraient dans l'ombre, et la générale n'aimait pas ces deux-là. Plus d’une fois, ils avaient cherché à convaincre l'ancien roi d'accorder moins de pouvoir à la Garde d'Eel et de se reposer davantage sur la Garde royale. Miiko espérait que leur organisation pourrait continuer à exercer ses fonctions en toute autonomie comme elle l'avait fait jusqu'à maintenant.

***

La cité était à feu et à sang. L'air était empli des cris des belligérants et du chant des lames qui s'entrechoquent. L'odeur de sang, mêlée à celle de la fumée, montait à la tête et remuait les tripes. La nuit se fendait d'éclairs de lumière vive par intermittence. Les sorts fusaient, la magie de bataille grondait et les éléments se déchaînaient. 

Le feu, la glace, l’eau et le vent s’affrontaient à chaque coin de rue. Le tonnerre grondait et la foudre tombait du ciel dans un fracas assourdissant. La terre tremblait et la roche se soulevait pour former de dangereux projectiles. Certains mages avaient invoqué des golems pour les aider à rétablir l’ordre dans la cité, mais le mana était si instable qu’ils avaient perdu le contrôle de leur création, ce qui n’avait fait qu’aggraver une situation déjà plus que chaotique. 

Khrâm dirigeait son escouade d'une main de fer. Ses ordres étaient directs et sans appel. Leurs assaillants étaient pour la plupart des civils qui ne possédaient pas de pouvoirs très puissants, mais, rongés par la folie, ils ne semblaient plus ressentir ni la peur ni la douleur. Ils attaquaient tête baissée, sans se soucier de leur propre vie. Le capitaine de l'Obsidienne avait ordonné de les immobiliser plutôt que de les tuer, mais ils n'en voyaient pas la fin.

Parmi les fous furieux, il y avait aussi quelques membres de la Garde qui leur donnaient du fil à retordre. En tant normal, c'était des adversaires redoutables, mais poussés au-delà de leurs limites par la folie, ils devenaient extrêmement dangereux. Le seul point positif dans cette affaire, c'était qu'avec la destruction du Cristal, la magie était devenue beaucoup plus instable, ce qui rendait son utilisation délicate, et ils n'avaient pas à s'inquiéter de devoir affronter des mages fous aux pouvoirs surpuissants. 

Les mages les plus expérimentés de la Garde Absynthe – ceux qui avaient encore toute leur tête – les avaient rejoints pour leur prêter main-forte, mais ils avaient du mal à stabiliser leurs cercles et à jeter des sorts puissants à cause du déséquilibre dans le mana. 

***

Séraphina était aussi sur le champ de bataille. Elle était accompagnée, entre autres, d'Eweleïn et d'Alajéa. Elles avaient établi un centre médical de fortune où elles accueillaient les blessés et les personnes cherchant un refuge pour échapper à la folie meurtrière de leurs concitoyens.

Aux prises avec un boulanger qui l'attaquait à grands coups de rouleau à pâtisserie rageurs, Valkyon tentait de le maîtriser sans le blesser lorsqu'il fut alerté par un cri de terreur. Il se retourna brièvement pour apercevoir une jeune femme qui tenait un nourrisson dans les bras. Dos au mur, elle suppliait son agresseur de l'épargner, elle et son enfant. 

Valkyon immobilisa habilement le boulanger qu'il désarma en deux temps, trois mouvements avant de l’assommer avec son propre rouleau à pâtisserie. Il se rua sur le deuxième homme pour bloquer son coup avant qu'il n'abatte son couteau de boucher sur la jeune femme et son enfant. Il le désarma rapidement puis lui enfonça le poing dans le ventre. Alors que l'homme tombait à genoux, plié en deux par la douleur, le guerrier lui fit perdre conscience en lui assénant un violent coup derrière la nuque. Il ligota l'infortuné qu'il déposa au pied d’un mur.

Il se dirigea ensuite vers la femme pour s'assurer qu'elle allait bien. La jeune mère le remercia d'une voix tremblante, non pas de lui avoir sauvé la vie, mais d'avoir épargné celle de cet homme qui s'avérait être son mari. Valkyon lui répondit par un sourire empreint de compassion. Il l'accompagna, elle et son bébé, jusqu'au centre médical, là où se trouvaient habituellement le Grand Marché d’Eel et les halles couvertes.

***

Les blessés les plus graves étaient allongés sur des civières de fortune faites de planches et de tréteaux. Les autres étaient assis ou couchés un peu partout à même le sol. Valkyon lui indiqua la partie réservée aux réfugiés et aux blessés légers.

— Merci infiniment, le remercia la jeune femme en s'inclinant profondément.

— Je n'ai fait que mon devoir. Comment s'appelle-t-il ? s'enquit-il alors en jetant un regard au nourrisson qui avait cessé de pleurer et jetait des regards apeurés autour de lui.

— Il s'appelle Mery, répondit la jeune maman en serrant l'enfant contre son sein.

— C'est un joli prénom, complimenta Valkyon avec un sourire attendri.

Il prit congé des deux rescapés qu'il salua brièvement de la main. Il s'apprêtait à quitter l'infirmerie lorsqu'il aperçut Séraphina et Eweleïn aux prises avec un homme aux côtés duquel il avait déjà combattu sur le champ de bataille. Il s’appelait Ujiao. C'était un membre de la garde Obsidienne comme lui. Ils s'entraînaient souvent ensemble et Valkyon avait été impressionné par son style de combat. 

Ujiao pouvait produire de la foudre en frappant ses poings l'un contre l'autre. Un pouvoir décuplé par les gantelets runiques qu’il portait en permanence. Il lui avait expliqué qu'il était un lointain descendant des Raijin, un clan de yôkais autrefois considérés comme des divinités et capables de contrôler la foudre et le tonnerre. Il avait ajouté en rigolant que son pouvoir était tout à fait ridicule comparé à celui de ses aïeux. 

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit Valkyon en faisant halte près des deux femmes. 

— On ne sait pas. Tout allait très bien jusqu’à ce qu’il perde subitement le contrôle de ses pouvoirs.

— Il est devenu fou comme les autres ?

— Non, c'est différent. Il n'a même pas l'air conscient, expliqua à son tour Séraphina, l'air soucieux. On dirait que quelque chose a pris possession de son corps.  

Ujiao était allongé sur la table et ne bougeait pas, mais son corps était parcouru de spasmes. Ses yeux bleus légèrement bridés étaient grands ouverts et brillaient comme deux joyaux bleus, tandis que de petites étincelles apparaissaient et disparaissaient au bout de ses doigts gantés.

— Si son pouvoir est libéré ici ce sera catastrophique ! s'inquiéta Séraphina. Il faut trouver un moyen de le stabiliser.

Valkyon fit ce qu'il savait faire le mieux. Il frappa la tempe de son compagnon du pommeau de son épée avec l'intention de l'assommer. Ujiao étant déjà inconscient, cela n'eut pas l’effet escompté. L'électricité dans l'air était palpable et les gens autour d'eux leur jetaient des regards inquiets. Ujiao ouvrait et fermait la bouche comme un poisson hors de l'eau, sans qu'aucun son ne sorte. C'est alors que la capitaine de l'Absynthe aperçut quelque chose au fond de sa gorge.

— Tenez-le bien ! ordonna-t-elle avec fermeté. 

L'Obsidien posa ses mains sur les épaules d'Ujiao en faisant pression pour l'empêcher de bouger tandis que Eweleïn lui maintenait les jambes. Séraphina l'obligea à ouvrir la bouche et lui enfonça les doigts dans le gosier. Elle parvint à extirper le corps étranger qui s’était logé dans sa gorge. 

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Eweleïn.

— Un morceau du Cristal, nota Séraphina en examinant le petit fragment bleu. C'est sans doute ce qui a causé l'instabilité de son pouvoir.

— Comment est-ce qu'un fragment du Cristal a pu se retrouver là ? s'étonna Valkyon en contemplant le morceau de cristal avec incrédulité.

— Je ne sais pas, mais c'est plutôt une bonne nouvelle. Eweleïn, va chercher Alajéa.

L'infirmière revint quelques instants plus tard avec la sirène sur les talons. Séraphina lui demanda de remettre le fragment à Miiko et de lui faire part de ses suppositions. Pendant ce temps, Ujiao avait repris conscience et ses yeux avaient retrouvé un aspect normal. Il porta la main à sa gorge irritée en toussotant et en crachotant.

— Excuse-moi, j'ai été un peu intrusive.

— Si j'avais su qu'une femme me dirait ça un jour... répondit Ujiao avec un sourire qui se mua en grimace lorsqu’il vit le regard assez peu amusé de l’elfe. 

Séraphina lui lança un regard sévère derrière ses lunettes en demi-lune, et l'Obsidien passa une main dans ses cheveux bruns en laissant échapper un petit rire embarrassé. Valkyon, lui, était soulagé qu'il soit tiré d'affaire. Il ne le connaissait pas encore très bien, mais il l’appréciait beaucoup et le considérait comme un bon camarade. 

***

Le jour était levé. Les bruits de combats se faisaient de plus en plus rares. Les deux guerriers étaient retournés sur le champ de bataille pour aider à maîtriser les derniers habitants devenus fous.

Pendant ce temps, Miiko avait reçu le fragment apporté par Alajéa. Elle approcha l’éclat de ce qu’il restait du Grand Cristal. Le petit rocher était terne, une faible lueur bleue pulsait faiblement, sa magie presque éteinte. Pourtant, il se mit à luire et à vibrer légèrement en émettant un chant aigu lorsqu’il sentit la présence d’un de ses fragments. Les deux morceaux entrèrent en résonance, et, comme s'il était attiré par un puissant aimant, l’éclat de cristal s'envola vers la roche-mère pour fusionner avec elle.

Séraphina avait raison. Le Cristal n'avait pas été complètement détruit comme avait pu le craindre Miiko, ses fragments avaient simplement étaient dispersés. S'ils pouvaient les trouver et les rassembler, ils pourraient reconstituer le Grand Cristal. Il y avait encore de l'espoir.

Pourtant, lorsque les combats prirent fin, la cité en ruines n'offrait pas la moindre perspective d'espoir. Tout n'était que mort et désolation. Il était encore trop tôt pour faire un bilan précis, mais les pertes avaient été très lourdes. Après la violence des combats, il fallait faire face à la cruauté d'une nouvelle réalité. Des dizaines de milliers de cadavres à enterrer, des réfugiés à gérer, des quartiers à reconstruire. Ce n'était pas l'affaire d'une nuit ou même de quelques jours.

Miiko gérait la situation du mieux qu'elle le pouvait. Elle avait commencé par ordonner qu'on creuse plusieurs fosses communes dans les plaines qui surplombaient l'océan, à l'extérieur de la cité. Elle ne pouvait pas offrir une tombe individuelle à tous ceux qui avaient péri, mais elle avait promis d'élever un monument en leur mémoire. Seuls les membres de la garde avaient eu le droit à une sépulture personnelle.

Il y avait aussi le problème de tous ceux qui étaient devenus fous. Les Berzerkers, comme les avait nommés Khrâm. Ceux qui n'avaient pas été tués demeuraient dans le même état de folie. Leur soif de sang s'était un peu apaisée, mais ils restaient agressifs et imprévisibles.

Le capitaine de l'Obsidienne avait demandé à Miiko ce qu'elle comptait faire à ce sujet. Ils étaient des centaines et ils ne pouvaient pas les garder éternellement dans les prisons de la ville. Ils allaient manquer de place et ces gens étaient des victimes, ils étaient malades, ce n’étaient pas des criminels. Miiko ne voyait plus qu'une seule solution : ils allaient devoir réhabiliter la grande prison de Vrash Kourr. 

C'était un complexe pénitentiaire abandonné, aussi lugubre que sa triste réputation, qui avait été construit au large des Terres d’Encens, sur une île déserte et rocailleuse. La prison avait eu son utilité en temps de guerre, mais elle n'avait plus servi depuis belle lurette. Miiko ignorait quel genre de créatures y avaient établi domicile depuis. 

Elle ne pouvait pas se permettre d'envoyer le peu d'hommes qu'il leur restait là-bas pour nettoyer les lieux. Les Berzerkers devraient attendre. D’ici là, ils devraient se contenter des cachots de la Garde. Les cellules les plus anciennes avaient été réhabilitées pour pouvoir accueillir le plus de monde possible et permettre aux Berzerkers d’être placés en confinement solitaire. 

***

Séraphina et Eweleïn, accompagnées de Valkyon, arpentaient la cité à la recherche d'éventuels survivants. Ils trouvèrent quelques personnes affaiblies, mais encore en vie.

La capitaine de l’Absynthe s'était un peu écartée des deux autres gardiens pour examiner un corps qui lui paraissait suspect. Elle trouva un fragment de Cristal logé dans l'œil du défunt. Elle se releva, sans remarquer l'ombre qui s'était glissée derrière elle. Une main la tira en arrière. Une douleur vive transperça son abdomen, puis une deuxième, et une troisième. Alors que l’homme la poignardait sauvagement en poussant des hurlements bestiaux, Séraphina rassembla le peu d’énergie qui lui restait pour former une boule d’énergie dans le creux de sa main. Elle la posa sur le torse de l’homme qui fut projeté violemment en arrière. La capitaine de l’Absynthe porta la main à son ventre ensanglanté, le sang coulant à flots entre ses doigts tremblants. Une râle rauque s’échappa de ses lèvres et elle s’effondra par terre. 

Eweleïn se figea lorsqu'elle vit sa supérieure s'effondrer. L'homme qui l'avait attaquée se tourna vers elle, son poignard ruisselant du  sang de sa victime à la main. Il avait le regard d'une bête sauvage. Alors qu'il se jetait sur elle en brandissant son arme, l'infirmière poussa un hurlement d’effroi en levant les bras pour se protéger. 

Valkyon était arrivé juste à temps. Il la poussa aussitôt sur le côté pour encaisser le coup à sa place. La dague de l'assaillant lui déchira le flanc, mais l'Obsidien ne lui laissa pas le temps de reculer pour frapper de nouveau. Il attrapa son poignet qu'il broya de sa poigne puissante pour lui faire lâcher prise, puis il l'obligea à faire une demi-volte en lui tordant le bras dans le dos. Il plaqua aussitôt l'homme à terre, le genou appuyé contre son dos, en y mettant tout son poids. L'homme se débattit en poussant des cris et des grognements.

Pendant que Valkyon le ligotait avec le peu de corde qu'il lui restait, Eweleïn s'était précipitée auprès de Séraphina. Sa capitaine avait perdu beaucoup de sang. Considérablement affaiblie, elle peinait à rester consciente. Les larmes aux yeux, l'infirmière comprimait ses blessures du mieux qu’elle pouvait, mais elles étaient trop nombreuses et trop profondes. Elle avait commencé à incanter un sort de soin, mais sa magie répondait mal à sa volonté. Elle pesta alors que le halo de lumière verte qui avait paré ses mains faiblissait de plus en plus. Sa capitaine l'arrêta d'un geste faible.

— Ça suffit, tu vas t’épuiser. C'est trop tard pour moi, murmura-t-elle d'une voix à peine audible, en articulant chaque mot avec difficulté. Tu diras à Miiko que j’ai choisi Ezarel pour me succéder. C'est mon dernier souhait… Il… Il aura besoin de s’occuper l’esprit… 

La capitaine de l’Absynthe fut prise d’une quinte de toux violente. Un filet de sang coulait au coin de ses lèvres. Elle sentait ses forces la quitter. 

— Ne dites pas ça ! s'exclama Eweleïn, la voix étranglée par les sanglots. Il est encore temps de… 

— Moi aussi, j’ai été affectée par la perte du Cristal, je n'ai presque plus de force. Écoute-moi bien. Je veux que tu veilles sur Ezarel et que tu l’aides à surmonter son deuil. Je le connais, je sais à quel point il est sensible, s’il se laisse ronger par la perte de sa compagne, il finira par dépérir. 

— Je vous promets que je ferai ce que je peux pour l’aider, mais Capitaine, vous ne pouvez pas…

Séraphina la fit taire d’un geste de la main. Elle offrit un dernier sourire encourageant à sa subordonnée avant de fermer les yeux, son bras retombant mollement le long de son corps. Eweleïn, le visage inondé de larmes, déposa un baiser sur le front de celle qui avait été sa supérieure hiérarchique, son mentor, mais également une mère de substitution tendre et affectionnée pendant de nombreuses années. 

***

Eweleïn s’était relevée en lâchant un soupir lourd de chagrin, les larmes inondant son visage à la peau légèrement violacée. Le guerrier s'avança vers elles en se tenant le flanc. Du sang coulait abondamment entre ses doigts rougis. L’elfe s’avança vers lui, l’air inquiet. 

— Ce n'est rien, la rassura-t-il malgré la blessure sanguinolente qu'il tentait de comprimer tant bien que mal.

— Laisse-moi voir, ordonna-t-elle d'une voix ferme en l'obligeant à écarter les doigts.

Aucun point vital n’avait été touché, mais la chair était à vif. C'était une vilaine blessure qui risquait de s'infecter si elle n'était pas traitée au plus vite, surtout chez un faelien comme lui qui ne possédait pas de capacité de régénération rapide. Elle sortit une fiole de liquide désinfectant et un onguent cautérisant de sa besace.

— Ça va faire mal, prévint-elle.

— Ce n'est pas grave. J’ai l’habitude. 

Elle commença par désinfecter la plaie, puis appliqua l'onguent. C'était un mélange à base de miel sauvage, de salive de vouivre, et d’huile de tamanu. La douleur ressentie était égale à celle d'une cautérisation au fer rouge, mais Valkyon l'endura bravement. À en juger par son corps couvert de cicatrices boursouflées dont certaines témoignaient de blessures profondes et probablement très douloureuses qui avaient mal guéri, l’infirmière comprenait qu’il avait dû développer une incroyable résilience. 

Valkyon la remercia d’un signe de la tête. Il se dirigea ensuite vers l'endroit où gisait Séraphina. Il passa les bras sous son dos et la souleva délicatement. La vie l'avait quittée, mais son visage était doux et paisible. 

Eweleïn à ses côtés, il l’avait portée jusqu'au QG. La nouvelle de la mort de la capitaine de l'Absynthe avait été un coup dur pour la Garde qui était déjà profondément démoralisée. Personne ne s'attendait à perdre un de leurs plus précieux membres aussi soudainement alors que le plus gros du danger était passé.

Eweleïn transmit les dernières volontés de son amie à Miiko qui en prit note, tout en songeant qu'elle allait devoir attendre un peu avant d'en faire part à Ezarel. Elle n'avait pas revu l'elfe depuis la fin des combats. Elle ignorait où il se trouvait, mais elle préférait le laisser tranquille pour le moment. 

L’idée de faire de lui le prochain capitaine de l’Absynthe ne lui plaisait guère, mais elle ne pouvait pas bafouer les dernières volontés de Séraphina. Cependant, elle ne pouvait pas non plus forcer Ezarel à prendre le poste de capitaine contre son gré. Elle croisait donc les doigts pour que l’elfe refuse cette offre de succession.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Erouan
Posté le 15/07/2024
Un chapitre bien bordélique avec un peu d'ordre. On a des civils transformés en brute sans leurs avis, j'adore. C'est une espèce de giga bataille royale avec quelques policiers. Des morts, de l'action, génial. Le plus intéressant sera les berserkeurs après le combat. S'ils retrouvent leurs esprits, alors ils auront la conscience salle. J'aime quand TOUT part en vrille 🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥.

Par contre, je note du négatif. Les phrases courtes au passé simple décrivent mieux la rapidité d'un combat. Un bon combattant ne met même pas une seconde à envoyer et ramener un coup de poing. J'adore quand tout part en vrille dans une histoire

« Aucun point vital ne semblait avoir été touché, mais la lame avait traversé son corps de part et d’autre. »

Ce passage n'est vraiment pas terrible. Le corps a plein de trucs qu'il veut protéger, alors il met une épaisse couche de muscle et de graisse. Il n'a pas pu faire ça pour le crâne alors il a mis une bonne grosse couche d'os. Ça encaisse mieux sans être invulnérable. Les points vitaux sont des petites zones fragiles beaucoup moins protégées. En résumé, c'est l'idée. Si on vise les points vitaux avec des coups, c'est car on ne peut pas transpercer le corps à coups de poing.

Je m'en contre fiche de savoir si l'épée a touché un point vital. Tu l'as transpercé. Tous ce qu'il y a d'important sur le chemin a été empalé. Une estoc est la blessure la plus violente qu'inflige une épée. C'est moins impressionnant qu'un coup de taille, mais c'est BEAUCOUP plus violent.

Je ne veux pas d'une healeuse qui dédramatise la blessure. Je veux qu'il pisse le sang. De plus, ce grand malade a retiré lui-même l'épée. C'est la pire chose à faire, car la lame contient l'hémorragie. Il peut carrément faire un enchaînement d'aïkido et assommer le berseker. Il n'a même pas de pouvoir d'auto guérison pour encaisser le blessure.

Après, ça reste un contexte de fantasy non réaliste. Il peut survivre à l'estocade sans mourir. Bien sûr, IRL, il serait mort. Surtout après avoir retiré l'épée.

Sinon, sympa la mort de Séraphina. Je n'ai pas vraiment d'affection pour elle, mais ça rajoute du drame. Ezrael va encore plus frimer avec son personnage de vampire séducteur. J'ai à la fois confiance en lui et peur du résultat.

Les fragments de cristaux sont comme des morceaux d'espoirs disséminés dans le monde. Les héros peuvent s'en emparer, mais l'antagoniste aussi. Vu qu'il a tout calculé, il a pu y penser. C'est sûr.
SinnaraAstaroth
Posté le 15/07/2024
Oui alors on se calme ! x) Moi j'écris pas des combats forcément réalistes, je m'y connais rien en plus, et c'est pas vraiment ce qui m'intéresse en soi... c'était peut-être juste mal décrit, mais dans l'idée la lame lui entaille juste le flanc sur le côté, il a une grosse plaie, mais c'est une blessure externe, à la limite je réécrirai le passage. Et je tiens pas à décrire les blessures en détail non plus, je fais pas dans le gore / le graphique, c'est pas mon but non plus. x)

Je pense que ce serait effectivement mieux que je change l'épée en poignard du coup.

Je pense que tu voulais dire Nevra, pas Ezarel ! x) (la mémoire des noms...)
Erouan
Posté le 15/07/2024
Oui la mémoire des noms ... Je me perd dans mes propres histoires alors dans celles des autres, c'est pire mdr. Avec un poignard, ça m'a l'air bien 👍.

C'est pixel comme ça.
Erouan
Posté le 15/07/2024
Je pense que le principal, c'est de trouver un équilibre entre réalisme et sur-réaliste. Un combat trop réaliste avec des personnages sur-humain ne permet pas de rêver. Un combat trop sur-réaliste n'est plus aussi impactant. C'est un équilibre compliqué. ( On dirait un vieux sage, mais je galère aussi tkt 😭 )
Solaq G.
Posté le 18/05/2024
Trop de choses dans ce chapitre !
Déjà, c'est la merde, on peut pas le dire autrement. Tu installes parfaitement ce climat d'instabilité et danger, j'adore.
Par contre, y a vraiment rien qui va pour tes personnages ahah ! Déjà, tout le monde tue tout le monde, des magouilles politiques sont à prévoir, Séraphina est morte (je l'aimais bien ! Elle me faisais penser à une sorcière dans À la Croisée des Mondes).
Le seul point positif, finalement, ce sont les fragments de cristal. Tout n'est pas perdu, il y a une solution pour le reformer, donc c'est très bien, et ça promet de super chapitres de recherche et d'enquête (que tu sais très bine écrire) !
Par contre, je suis curieux de savoir pourquoi Eweleïn ne veut pas que Ezarel soit le capitaine de son ordre. Après tout, tu nous avais fait comprendre dès le premier chapitre que Séraphina l'avait choisi comme successeur, donc ça m'a pas étonné. C'est juste la réaction d'Eweleïn qui est surprenante, parce que je pense pas qu'elle soit jalouse... J'ai bien envie de découvrir ce qu'elle pense (ou ce qu'elle sait ?) d'Ezarel !
SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Oh, super référence À la croisée des mondes ! Par contre ça fait tellement longtemps que je l'ai lu, je me souviens plus du tout des personnages dedans à part Lyra et Will. x)

Ah, quand Ewelein dit "vous ne pouvez pas..." c'est pas rapport à la nomination d'Ezarel, c'est par rapport à Séraphina qui a abandonné l'idée de survivre, elle voulait dire "vous ne pouvez pas mourir et m'abandonner comme ça", Faudrait peut-être que je complète sa phrase du coup, si c'est trop ouvert à une mauvaise interprétation.
Vous lisez