Avec une fureur déchaînée, Lya se rua sur Obscuda, arborant un sourire terrifiant. La professeure glissa de justesse sous son élève, qui réagit instantanément. Utilisant les portes et les moulures en bois environnantes, la petite blonde érigea un escalier improvisé et grimpa à toute vitesse. Au sommet, elle se forgea un bâton pointu et, en un éclair, sauta droit sur sa proie.
-Tu dois reprendre le dessus !, ordonna sa partenaire de danse, tout en roulant habilement sous la structure de bois.
Lya tenta à plusieurs reprises de l'attaquer, mais Obscuda esquiva chacune de ses attaques avec l'agilité d'un chat. Entre deux acrobaties, elle parvint également à libérer Nathalie à l'aide d'un couteau qu'elle gardait à sa ceinture.
-Je ne veux pas me battre, mais je vais devoir le faire si tu ne t'arrêtes !, avertit-elle.
-LYA !
Le cri provenant de derrière stoppa enfin la petite blonde. Elle se retourna instinctivement. Matthew se tenait à quelques mètres d'elle, son regard mêlant effroi et détermination.
Profitant de l'accalmie, le garçon s'approcha silencieusement, maintenant un contact visuel permanent avec son amie. Comme s'il cherchait à apprivoiser une bête sauvage, ses bras étaient à demi-levés. Il finit par s'interposer entre Obscuda et sa camarade.
-C'est moi, dit-il calmement.
-Pousse-toi Matt, lui répondit-elle d'une voix roque. Je ne veux pas te blesser.
-Si tu ne veux pas me faire du mal, il faudra que tu te calmes, parce que moi je ne bougerais pas.
Lya grogna de rage. Elle voulait déchiqueter les deux filles, mais elle ne pouvait pas se permettre de toucher à son ami. C'était biologique, mécanique, elle ne pouvait pas lever la main sur Matt.
-Je te comprends, dit-il en s'approchant toujours plus de la jeune fille. Moi aussi je la ressens enfin cette démangeaison. Comme si quelqu'un s'était infiltré dans mon corps et me répétait sans cesse de faire des choses que je ne veux pas faire !
Le jeune homme posait exactement les bons mots sur les maux de sa coéquipière. Il la comprenait vraiment, ce qui soulagea un peu son cœur. Le garçon tendit ses bras.
-Ce château... quelque chose cloche ici. Partons princesse...
-Partons..., chuchota Lya.
Matthew réussit enfin à atteindre son amie et la prit dans ses bras. Il la laissa poser sa tête contre son torse et frictionna son dos tranquillement.
Les élèves et professeurs commencèrent à affluer vers la scène de combat, attiré par le vacarmes.
Le premier fût Archi. À bout de souffle, il se précipita vers ses coéquipiers.
Obscuda, intima alors au professeur New d'emmener Nathalie ailleurs et ferma les portes du couloir très rapidement, pour que les curieux n'aient rien à se mettre sous la dent.
Les veines marquées de Lya disparurent doucement et le calme s'imposa. Le silence était lourd, tout comme les dégâts que ce combat avait causé.
-Qu'est-ce que j'ai fait..., souffla la petite blonde.
Elle leva ses yeux, de nouveaux bleus, vers son ami.
-Ce n'est rien, la rassura Matt.
Sans vraiment comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui venait de se produire, Archi n'hésita pas une seconde. Il s'approcha et enlaça à son tour, sa camarade, tremblante, recroquevillée sur elle-même. Il la serra fort, comme pour ancrer son corps à la réalité, comme pour empêcher son esprit de sombrer.
Lya s'accrocha à lui comme à une bouée en pleine tempête. Ses sanglots, d'abord étouffés, devinrent plus violents, saccadés, bruyants. Elle s'effondrait contre lui.
-Ce n'est pas rien !, tonna soudain une voix autoritaire, tranchant le moment comme une lame.
Valma fendit alors l'espace d'un pas vif et lourd de colère. En une fraction de seconde, elle fut sur eux. Ses yeux brûlaient d'une intensité féroce.
Elle attrapa Lya brutalement par le col, la forçant à se redresser.
-Tu as failli la tuer, gronda-t-elle, les traits tirés par son couroux. Parce que tu as perdu le contrôle !
La stupeur figea les muscles de Lya. Son regard, déjà noyé de larmes, s'écarquilla. Ses lèvres tremblaient.
-Je... ce n'était pas ce que je voulais..., balbutia-t-elle.
-Et pourtant tu l'as fait !, hurla Valma, la voix vibrante d'une émotion contenue. Tu as laissé ton démon intérieur prendre les commandes. C'est ça que je voulais t'expliquer tout à l'heure, mais tu ne m'as pas écoutée !
-Ce n'était pas moi..., supplia Lya, la voix cassée, éraillée par la peur.
Elle chercha désespérément l'approbation de ses amis, comme si leurs regards pouvaient la sauver.
-Bien sûr que non, dit Matt en essuyant ses larmes. On le sait, Lya. On le sait...
-Bordel !, pesta Valma en la relâchant d'un geste sec. Comment on va arranger ce merdier maintenant ?
Un silence s'abattit sur le couloir. Le sol était fissuré, les murs ravagés, et des éclats de bois jonchaient le sol. Tout était empreint d'un désordre encore vibrant, comme si la magie n'avait pas fini de retomber.
-Vous n'allez pas la dénoncer ?, demanda Archi d'une voix posée, mais chargée d'une menace sourde.
Ses poings étaient serrés à s'en blanchir les phalanges.
Valma se figea. Son regard balaya le couloir dévasté, le chaos encore fumant, les visages traumatisés.
-... Non, finit-elle par dire dans un souffle. Mais il faut trouver une histoire crédible, et vite.
Archi déglutit, les mâchoires contractées. Il sentait une chaleur sombre monter en lui, une colère qu'il ne savait pas encore dompter.
-Il faudra aussi s'occuper de Nathalie... avant qu'elle ne raconte tout !
-Je me charge d'elle, déclara Valma, sa voix aussi froide que la pierre. Matthew, répare-moi ce bordel avant que tout le château rapplique.
Matt hocha la tête, grave et ses mains se mirent à vibrer d'énergie, des lueurs argentées courant le long de ses bras. Déjà, les pierres tremblaient, se soulevaient, revenaient à leur place. La magie de construction opérait, comme un pansement sur une plaie encore béante.
Pendant ce temps, Valma se pencha vers Lya, toujours secouée de tremblements. Elle saisit doucement, mais fermement, son visage entre ses mains rugueuses, marquées par les combats passés.
-Lya, regarde-moi.
Le ton n'était plus celui d'une guerrière en colère, mais celui d'un mentor blessé, inquiet.
-Quand on perd le contrôle de soi, on perd sa liberté. Tu comprends ça ?
La jeune fille hocha sa tête larmoyante.
-Oui... Oui, je vous en prie, faites en sorte que ça ne se reproduise plus...
Valma ferma un instant les yeux. Son pouce effleura la tempe de son élève.
-Alors tu vas m'écouter maintenant... parce que la prochaine fois, ce ne sera peut-être pas un couloir qu'on devra reconstruire, mais une vie.
*****
Obscuda n'avait qu'une seule parole. Fidèle à sa réputation, elle maquilla l'incident en une vulgaire altercation entre deux élèves. Son influence était telle que les déclarations de Nathalie, pourtant vibrantes de vérité, furent accueillies par les enseignants avec des sourires condescendants, balayées comme de simples affabulations dues à un choc à la tête, trop violent, sans doute.
Mais le silence officiel ne muselait pas les couloirs.
Les rumeurs, elles, se faufilaient entre les murs comme des ombres rampantes. Des murmures s'insinuaient à chaque détour de l'école, alimentant une paranoïa sourde. Les regards en biais, méfiants, pesaient sur Lya. Les conversations s'arrêtaient dès qu'elle entrait dans une pièce. Pire encore, ceux qui l'avaient autrefois saluée avec chaleur se contentaient désormais de hochements de tête froids, voire d'une indifférence feinte.
Et ce rejet n'épargnait pas ses coéquipiers. Par simple proximité, Archi et Matt devenaient à leur tour suspects, comme si l'amitié était une contagion.
Seule l'équipe 18, soudée comme une meute silencieuse, ainsi qu'Anita et Émilie, conservait un lien authentique avec eux. Amanda, quant à elle, évitait Matthew avec une telle constance glaciale que celui-ci commençait à douter de leur avenir ensemble.
Les jours devenaient lourds. Les visages, tirés. L'espoir, rare. Le moral des troupes était en chute libre.
C'est dans ce climat tendu que le trio fut convoqué par Valma Obscuda. La professeure leur avait donné rendez-vous loin des regards, dans un endroit calme, et ce fut Lya qui proposa la clairière secrète, ce havre paisible à l'abri du tumulte de l'école. Mais même cette tranquillité n'apaisait pas les doutes d'Archi, dont les pas étaient plus lourds que d'ordinaire. Sa mâchoire crispée trahissait ce qu'il ne disait pas.
Il ne faisait pas confiance à Obscuda. Pas complètement. Pas avec ce qu'il savait de sa famille, et des liens étroits qui les liaient à la sienne.
-Archi..., l'interpela doucement Lya alors qu'ils cheminaient entre les fougères et les branches basses. Les Angels et les Obscuda, ce sont deux grandes lignées du PC, pas vrai ?
-Oui.
La tension dans sa voix était palpable.
-Mais du coup... toi et Amanda, vous vous connaissiez avant l'école ?
Matthew, qui marchait à leurs côtés, arqua un sourcil, intrigué par la tournure de la conversation.
-Oui et non, répondit Archi. Enfants, nous étions dans la même école. Un de ces établissements réservés à l'élite. Mais à partir de huit ans, la plupart des familles préfèrent l'enseignement privé. On s'est perdus de vue très vite. Et nous n'étions pas proches, de toute façon.
Lya hocha lentement la tête, absorbant l'information. Son regard balaya les frondaisons, alors qu'un souffle de vent faisait frémir les feuilles. Les rayons du soleil filtraient à travers les branches, tissant des motifs dorés sur le sol moussu.
Soudain, la clairière se dessina devant eux.
Mais ce n'était pas la solitude qu'ils y trouvèrent.
Valma était déjà là... et à ses côtés, une silhouette familière se détacha dans la lumière tamisée.
-Monsieur Talford ?!, s'étrangla Lya, les yeux écarquillés. Mais... je croyais qu'il ne devait pas être mis au courant...
-C'est ce que je t'avais dit au début, admit Valma sans détour, mais avec ce qui s'est passé au château... il fallait quelqu'un de plus. Quelqu'un de confiance.
Talford s'avança, son manteau long effleurant les herbes hautes. Son regard était sérieux, mais bienveillant.
-Il est vrai que j'étais réticent à tout cela..., commença-t-il, mais Valma semble déterminée. Et puis, seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis, non ?
Il marqua une pause.
-Je ne prétends pas savoir exactement comment vous aider, mais si vous m'y autorisez... j'aimerais devenir votre professeur, moi aussi.
Le trio échangea un regard incertain. Une légère brise balaya la clairière, emportant avec elle les dernières feuilles d'un érable trop précoce.
-Je pense que vous l'ignorez, reprit Obscuda, mais Talford est mon mentor.
-Votre mentor ?, répéta Archi, intrigué.
-Il m'a entraînée de mes quatorze ans à mes vingt ans. Tout ce que je sais vient de lui. Et je lui fais une confiance absolue.
Le silence régna quelques instants, épais comme un brouillard. Puis, lentement, les trois élèves hochèrent la tête. À ce stade, toute aide était la bienvenue.
Ils s'assirent en tailleur, la rosée encore fraîche de l'herbe s'imprimant sur leurs vêtements. Le soleil déclinait lentement, caressant la clairière d'une lumière orangée.
-Je vais vous demander de faire le vide en vous, dit Talford, sa voix posée résonnant avec autorité.
-C'est bien joli, mais on fait ça comment ?, grogna Matt, fidèle à lui-même.
-Pensez à quelque chose d'anodin, expliqua le directeur avec patience. Le repas de midi. La tenue que vous allez mettre demain. Quelque chose de simple. Ne cherchez pas à méditer, contentez-vous d'occuper votre esprit. C'est ainsi qu'on fait taire les tempêtes.
Lya ferma les yeux, docile. L'instant était suspendu. Ici, dans cette clairière secrète, le monde semblait plus loin. Plus sûr. Elle laissa son esprit vagabonder vers le devoir de géopolitique à rendre, une pensée neutre, presque fade. Rien de menaçant. Juste une bulle de calme.
-Très bien, dit Talford, son ton toujours aussi maîtrisé. Maintenant, je veux que vous pensiez à quelque chose qui vous a mis en colère. Pas une irritation passagère, je parle d'une vraie colère. Une rage viscérale. Quelque chose qui aurait pu vous faire perdre le contrôle.
Un frisson traversa Lya. Son cœur se serra.
Elle n'eut même pas besoin de chercher.
L'image de Nathalie, ses yeux accusateurs, sa voix venimeuse, et le regard de peur qu'elle avait vu dans les yeux de ses camarades, ce jour-là, juste après.
La clairière semblait soudain plus sombre.
Le calme apparent vola en éclats. Les visages des trois élèves, jusque-là sereins, se crispèrent. Sans rouvrir les yeux, ils plongèrent dans des souvenirs tumultueux, laissant remonter un flot d'émotions enfouies. L'atmosphère changea brusquement, s'alourdissant d'une tension palpable.
Leurs muscles se raidirent. Une lutte intérieure s'engageait en chacun d'eux, et cela se voyait. Les spectateurs, Talford et Obscuda, pouvaient sentir cette noirceur grandissante, oppressante, se déployer comme une onde invisible.
La colère n'était pas un sentiment rare. Tout être humain, même le plus pacifique, y avait déjà succombé. Mais pour l'équipe 3, cette émotion n'était pas seulement une faiblesse humaine. En eux brûlait un feu primal, un pouvoir dormant, affamé de rage.
Peu à peu, des veines sombres et épaisses se dessinèrent sur leurs corps, gonflant comme sous l'effet d'un poison insidieux. Elles prirent une teinte bleutée, profonde et surnaturelle, se répandant à un rythme inquiétant.
Talford observait la scène avec une terreur contenue. On lui avait parlé de ce phénomène, Obscuda lui avait confié des détails glaçants sur ce qu'ils représentaient. Mais voir cela de ses propres yeux... cela dépassait ses pires craintes. Les légendes, les prophéties, tout ce qu'il espérait faux, prenait vie sous ses yeux.
-À présent, concentrez-vous. Je veux que vous repreniez le contrôle, ordonna-t-il, d'une voix ferme mais marquée par l'inquiétude. Chassez cette fureur. Faites-la disparaître.
Cependant, ses élèves n'étaient plus vraiment là. Une aura sombre, presque tangible, émanait d'eux. Ils semblaient enveloppés par une force oppressante et menaçante.
-Écoutez ma voix ! Vous devez reprendre le dessus !, insista Talford, ses paroles tremblant légèrement sous l'urgence.
Obscuda, qui était restée en retrait jusque-là, sentit le danger croître. Elle s'avança rapidement, déterminée à intervenir.
-Lya, Matthew, Archi ! Ça suffit !, leur ordonna-t-elle. Ouvrez les yeux, maintenant !
Mais ils étaient loin, emportés dans une transe dont ils ne voulaient pas sortir. Les mots de leurs professeurs n'étaient que des murmures étouffés dans un tumulte intérieur.
Pour eux, il n'y avait que cette rage brute, déchaînée, qui les consumait et les libérait tout à la fois. Jamais ils n'avaient ressenti un tel pouvoir, une telle exaltation. C'était grisant, enivrant.
Et effrayant.
~ Tu es toi. Ne laisse plus des êtres inférieurs te dicter ta conduite. Ta puissance n'a d'égale que leur degré de pourriture. Soit la clef, soit la porte, l'entrée ou la sortie. ~
-Je combats le mal en devenant l'origine des maux de l'humanité ou je péris en acceptant les monstres de ce monde...
Les mots étaient sortis tout seuls de la bouche de Lya. Les deux professeurs firent un pas en arrière. Ils étaient épouvantés par ce qu'ils venaient d'entendre. Le choc passé, le directeur se jeta sur les possédés.
-SONNELIA, cria-t-il.
Les trois élèves s'effondrèrent en arrière, comme fauchés par une bourrasque invisible, leurs corps inertes s'écrasant contre l'herbe humide. Le silence retomba, lourd, comme suspendu au-dessus d'eux.
Valma soupira, une main posée sur sa poitrine comme pour ralentir les battements précipités de son cœur.
-Une chance que ce sort fonctionne encore sur eux, souffla-t-elle, la voix rauque, teintée de soulagement.
-Plus pour très longtemps..., murmura Talford à son côté, le regard rivé sur les jeunes corps étendus.
Et il avait raison.
Déjà, des gémissements s'élevaient. Les trois adolescents se redressèrent lentement, visiblement groggys, les traits crispés, leurs mains tremblantes plaquées contre leurs tempes. Leurs yeux papillonnèrent, lents à revenir à la réalité, comme s'ils émergeaient d'un cauchemar sans nom.
-Ils sont déjà réveillés..., constata Talford, l'inquiétude vrillant ses mots. Il va falloir agir très vite.
-Nous avons fait comme Lya au château ?, demanda Archi d'une voix pâteuse, les yeux à moitié clos, luttant contre le brouillard dans son esprit.
Obscuda se mordit la lèvre, les poings serrés. Ses sourcils froncés traduisaient une colère contenue, mais pas contre eux. Contre elle-même. Contre cette malédiction rampante.
-J'en ai bien peur..., murmura-t-elle, presque à contrecœur.
Un silence tendu s'installa. Un silence que le vent n'osait même pas troubler.
Talford s'avança alors, d'un pas vif, et se plaça face à Lya. Il la fixa avec une intensité nouvelle, presque dérangeante, comme s'il cherchait à sonder son âme au travers de ses yeux.
-Est-ce que tu te souviens de ce que tu as dit à l'instant ?, demanda-t-il d'une voix grave.
Lya fronça les sourcils, incertaine. Elle porta une main tremblante à son front, tentant de reconstituer les bribes de souvenirs échappés.
-Je crois que j'ai dit...
Sa voix vacilla. Elle ferma brièvement les yeux, inspira profondément, et murmura enfin :
-"Je combats le mal en devenant l'origine des maux de l'humanité... ou je péris en acceptant les monstres de ce monde."
Elle rouvrit les yeux, leur éclat pâle empreint d'un trouble profond.
-Ce n'est pas la première fois que j'entends cette phrase..., ajouta-t-elle, la voix étranglée. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Un frisson parcourut l'assemblée.
Les arbres aux alentours, semblèrent se figer dans l'air moite. Les oiseaux, eux-mêmes, se turent, comme s'ils écoutaient.
Valma détourna le regard.
Talford resta silencieux, mais ses yeux ne cillèrent pas. Il échangea un long regard avec sa consœur, un de ceux où mille mots sont tus, mais mille vérités passent.
-Il commence à se faire tard, dit-il enfin, avec une fausse nonchalance. Vous devriez rentrer dans vos dortoirs.
Mais le ton était trop lisse, trop feint.
-Vous croyez vraiment qu'on va vous laisser partir comme ça ?, rétorqua Archi, les bras croisés, les yeux plissés avec méfiance.
Talford se retourna, légèrement déstabilisé par cette audace.
-Pardon ?
-Vous voulez qu'on vous fasse confiance ?, insista Matt, avançant d'un pas, le ton chargé d'amertume.
Lya s'avança à son tour. Sa voix était calme, mais dans son regard brillait une détermination glacée.
-Alors dites-nous la vérité. Toute la vérité.
Talford recula légèrement, comme s'il avait reçu un coup invisible. Il chercha le regard de Valma, en quête d'un soutien, mais ne trouva qu'une expression ferme, impénétrable. Elle était de marbre.
Puis, lentement, elle hocha la tête.
-Dites-leur, monsieur, murmura-t-elle, brisant enfin le silence. Ils méritent de savoir.
Le vent souffla de nouveau, plus fort. Les feuilles frémirent.
Talford inspira profondément. Son visage s'assombrit, ses traits se tirèrent, révélant une fatigue enfouie depuis des années. Ses yeux, d'ordinaire si vifs, étaient cernés par les secrets.
-Très bien, dit-il d'une voix basse, mais lourde de sens. Écoutez-moi bien, car ce que je vais vous révéler changera à jamais votre perception de ce monde...
Il marqua une pause.
-... et de vous-mêmes.
Dans cette phrase : " Elle saisit doucement, mais fermement, son visage entre sa main rugueuse, marquées par les combats passés. " , j'ai l'impression qu'il faudrait mettre " entre ses mains rugueuses " afin de fluidifier la lecture.
Wooah, un super chapitre, j'aime le fait que l'action est de plus en plus dans ton écriture, c'est vraiment fluide et on peut vraiment se projeter dans les scènes. C'est exaltant.
Je me languis de connaître la suite ! Quand sors tu le deuxième chapitre ?
Sinon, je sens qu'on pense aux ténèbres, j'ai envie de dire que la partie la plus croustillante arrive ! C'est bien amené, tu ne va ni trop vite ni trop lentement. C'est agréable de te lire et il y a de bon cliffhanger.
A très vite, je l'espère.
Je suis ravie que ce chapitre t'ait autant plu et que tu sentes l'action monter en puissance ! C'est exactement ce que je cherche à faire, petit à petit.
Oui, l'ombre des ténèbres approche doucement ! J'essaie de trouver le bon rythme pour que ce soit bien amené, ni trop rapide, ni trop lent, avec des fins de chapitres qui donnent envie de lire la suite.
Je suis désolée !! Je devais poster un deuxième chapitre avant de partir en vacances, mais je n'ai absolument pas eu le temps 😞 Promis, vendredi je me rattrape !
Encore merci d'être une lectrice aussi attentive et enthousiaste. C'est un vrai bonheur de te lire.
À très vite, j'espère aussi !