Une aile noire cria en désignant le ciel. Un second soleil venait d’apparaître.
- Elydriel ! Protégez-moi mes petits ! ordonna Fyier.
Une nuée d’ailes noires prit son envol pour entourer le dragon, bouclier vivant interdisant à Elydriel la moindre action agressive. Le dragon doré se posa sur la place heureusement à moitié vide. S’il s’allongeait, une majeure partie de son corps se retrouverait dans les marais. Il était deux, peut-être trois fois plus grand que Fyier.
- Tu es vraiment éveillé, dit le dragon doré.
Ysalis se trouvait à l’intérieur du bouclier vivant. De l’autre côté, elle vit Othander, au sol. Il ne s’était pas joint à ses compagnons qui protégeaient leur créateur. Il la regardait elle à travers le rideau sombre. Son visage exprimait une immense peine.
- Tu ne peux pas m’atteindre, ricana Fyier derrière Ysalis.
Elle s’avança vers Othander qui fit de même.
- Tu étais un dragon bon avant, Fyier, un policier, un patrouilleur de talent. Un bel avenir s’offrait à toi. Tu as fait une connerie mais…
- Je n’ai fait que rendre justice ! s’énerva Fyier.
Othander traversa le rideau sombre et prit Ysalis dans ses bras.
Peut-être pourrais-tu accorder un tout petit plus d’attention à ce qui se passe au-dessus de toi ?
- Ta gueule ! grogna Ysalis.
- Bramamm t’ennuie ? demanda Othander.
Ysalis hocha la tête en pleurant de bonheur. Enfin quelqu’un qui comprenait, qui savait, qui ne s’offusquait pas, qui ne la jugeait pas, qui ne prenait pas pour lui ce qui ne lui était évidemment pas destiné.
- Je t’aime, Othander.
- Je t’aime, répondit-il avant de froncer les sourcils. Tes ailes pendent misérablement. Ça ne va pas ?
- Je n’ai jamais appris à voler et mes muscles n’ont pas l’habitude. J’ai mal aux épaules et…
On n’en a rien à foutre de vos petits problèmes personnels ! Les dieux sont en train de se défier !
- Tu as tué trois dragons, dit Elydriel. Ils avaient commis un délit, certes, mais un simple vol. La justice les avait condamnés à une peine courte, certainement pas à la mort.
- Ils n’auraient jamais purgé cette peine retranchés derrière leurs ailés. J’ai fait en sorte que justice soit faite !
- Tu te réfugies derrière des ailés pour ne pas purger ta peine, fit remarquer Elydriel.
- Sais-tu où se trouve Farid ? demanda Ysalis à Othander.
- Non, répondit Othander. Pourquoi ?
- Bramamm le contrôle depuis des années. C’est elle qui m’a libérée mais elle me fait chanter.
- Comment ça ? gronda Othander.
Vos problèmes sont insignifiants comparés à ceux des dieux. Un peu d’attention vers les cieux, je vous prie !
- Que tu aies coupé un doigt de mon fils n’est pas insignifiant, salope ! grogna Ysalis.
Othander en ouvrit de grands yeux puis son visage se durcit.
- Tu descends à leur niveau en agissant de la sorte, lança Elydriel. Tu vaux mieux que ça, Fyier. Suis-moi et viens purger ta peine dans un endroit plus confortable que ces marécages. Tu as fait une connerie, d’accord, mais tu restes un dragon bon, je n’en doute pas.
Fyier secoua la tête en grondant.
- Qu’a-t-elle osé faire ? siffla Othander.
- Elle m’a promis de m’envoyer notre fils, petit bout par petit bout, tant que je n’aurai pas transmis le savoir.
- Je ne comprends pas, admit Othander. Elle veut que tu fasses quoi ?
- Que je me reproduise avec un doré. La mémoire génétique d’Elydriel s’estompe lors d’une hybridation, jusqu’à disparaître totalement au bout de trois ou quatre générations. Farid n’a déjà accès que partiellement à mes souvenirs.
- Assez pour que cette salope le contrôle, apparemment, grogna Othander.
- Mais elle finira par disparaître or Bramamm rêve d’être immortelle. À travers les âges, elle vit grâce à ses descendants. Jusque-là, elle n’a été autorisée qu’à exister en un seul exemplaire.
- Là encore, je ne comprends pas, admit Othander.
- Lorsqu’une descendante de Bramamm transmettait la connaissance, elle était tuée. Dès l’œuf éclos et son sexe féminin avéré, la mère est priée de se suicider. Les dorées n’ont pas le droit de tuer. Elydriel l’interdit. Alors la communauté a choisi un autre mode de contrôle.
- Et si le bébé est un mâle ?
- Il est laissé à l’abandon et meurt. Il est difficile de contrôler un homme qui se reproduit facilement. C’est plus facile de surveiller une femme et puis, les travailleurs et les travailleuses n’ont pas le droit de se mêler. Mieux vaut une seule communauté pour contrôler Bramamm.
- Pourquoi agir ainsi ?
- Bramamm a rempli la mission sacrée. Elle a parlé à Elydriel en personne. Ma communauté ne pouvait se permettre de perdre une telle prophète. En même temps, laisser vivre une opportuniste rebelle était dangereux. Alors ils l’ont mise sous surveillance, elle et ses descendantes. J’ai brisé la loi.
- Avec moi en concevant Farid, comprit Othander.
- Je n’avais pas le droit de faire ça. J’ai caché mon œuf. Elles ne se sont rendu compte de rien. Un œuf, ça se cache, mais pas un bébé.
- Sauf que je l’ai emmené et élevé loin de leurs yeux, souffla Othander.
- Brisant ainsi la sentence pesant sur Bramamm. Ensuite, j’ai réussi à échapper aux miens, mettant au monde dix autres enfants.
- Avec Rouge-Mathias, supposa Othander et Ysalis hocha la tête.
- Ils sont tous morts, en tentant de me protéger de vous, précisa Ysalis en désignant de la main la marée noire autour de deux amants.
- Je suis tellement navré, souffla Othander. Qu’est-ce qu’il fait ?
Ysalis leva les yeux pour voir Fyier déployer ses ailes, obligeant sa bulle protectrice à rompre la formation. Les ailées noires s’égaillèrent dans la nature tandis que Fyier s’envolait. Elydriel fit mine de vouloir l’escorter.
- Vous ne pouvez pas partir comme ça !
Ysalis observa l’aile noire qui osait adresser la parole au dieu d’un ton aussi froid et cassant.
- Farid, reconnut Othander.
- C’est Bramamm, corrigea Ysalis.
Elydriel baissa les yeux vers Farid puis releva la tête vers le ciel. Ysalis le sut prêt à ignorer totalement la pauvre créature à ses pieds.
- Je vous en prie, lança Ysalis, ne partez pas ! Nous avons besoin de vous !
Farid se tourna vers elle, les yeux grand ouvert, la respiration rapide. Elydriel se remit dans une posture de détente. Il leva la tête et lança :
- Va Fyier. Pars devant. Je te rejoindrai.
Le dragon noir hocha la tête puis disparut derrière les nuages.
- Non, Ysalis, vous n’avez pas besoin de moi, dit tendrement Elydriel.
- Nous sommes pourchassées, traquées, séquestrées, violées.
- En quoi est-ce ma responsabilité ?
- Vous êtes notre créateur !
- Je vous ai donné des ailes, en effet, et alors ? Ce que vous avez décidé de faire de votre vie ne dépend que de vous. Je vous ai laissé faire vos choix, en toute liberté.
- Nous sommes obligées de couper les ailes de nos enfants pour survivre ! pleura Ysalis.
- Non, répondit Elydriel. Vous avez choisi de couper les ailes de vos enfants. D’autres options étaient disponibles, comme le prouvent les dorées vivant dans le Sanctuaire. Vous attendez de moi que je répare vos erreurs ? Moi, je dis que vous devez prendre vos responsabilités et assumer vos choix. Si ça n’avait tenu qu’à moi, tu n’aurais pas d’aile, Ysalis.
La jeune femme frémit.
- Non, je ne vais pas te les ôter, précisa-t-il et Ysalis soupira d’aise. Fyier a fait un acte purement désintéressé en te les rendant. Je ne vais pas revenir sur ce joli geste qui est tout à son honneur.
- Et faire taire Bramamm ? demanda Ysalis.
Elydriel descendit son cou pour que sa tête soit à la hauteur de celle d’Ysalis. Il la regarda dans les yeux et lui dit :
- Tu n’es pas Bramamm et elle ne vit pas en toi. Elle n’est qu’un souvenir, parmi d’autres. C’est à toi de la remettre à sa juste place, celle d’un simple élément de ta mémoire.
- Mais elle… commença Ysalis mais le dragon doré parla.
- Tu sais aussi bien que moi pourquoi tu la laisses prendre la parole.
Elydriel se tourna vers Farid.
- Toi aussi, tu sais très bien pourquoi tu préfères laisser le contrôle à Bramamm. Cette lutte contre vos démons intérieurs ne peut être gagnée par personne d’autre que vous-même.
Elydriel se redressa. Son regard embrassa l’assemblée toute entière.
- Vous n’aimez pas vos vies ? Faites en sorte que ça change au lieu de pleurnicher et d’attendre un miracle venu d’en haut.
- Nous n’avons pas le droit de tuer ! cingla Farid.
- La violence n’est pas forcément la réponse, même si parfois, elle est nécessaire, je le reconnais. La plupart des êtres intelligents de l’univers s’interdisent eux-même de tuer, au nom d’une religion et de la morale. Ceci dit, la réglementation vient d’eux. Je vous donc libère de votre interdiction de tuer, tous, noires et dorées. Sentez-vous libre d’agir à votre guise mais n’oubliez pas d’assumer vos actes.
À ces mots, Elydriel prit son envol, le souffle de ses immenses ailes faisant tomber bon nombre d’ailés. Un second soleil apparut dans le ciel avant de disparaître.
- Ysalis ? demanda Othander en se tournant vers sa bien-aimée.
- Bramamm ne parlera plus jamais, promit Ysalis.
- Pourquoi la laissais-tu parler ?
- Parce que j’étais seule, rejetée des miens. Elle était mon amie imaginaire.
- Elle était méchante envers toi, rappela Othander.
- Serai-je de nouveau seule ? demanda Ysalis.
- Jamais, promit Othander avant de l’embrasser.
Ysalis rompit le rapprochement agréable pour se diriger vers Farid qui, debout, n’avait pas bougé. Le regard tourné vers le ciel, il pleurait. Ysalis lui prit le visage dans les mains et le força à la regarder.
- Je t’aime, mon fils. Je ne t’ai pas abandonné de gaieté de cœur, crois-moi. J’aurais tant aimé être là, près de toi. J’ai envie de rattraper le temps perdu, de tout savoir de toi et si la réalité est que tu aimerais éplucher des pommes de terre, eh bien qu’il en soit ainsi ! Je ne t’en aimerai pas moins. Tu n’as pas à t’accomplir. Ce sont des conneries. Sois toi-même, quoi que cela signifie pour toi.
Le regard de Farid changea, sa posture aussi. De droite, elle devint un peu courbée. Ysalis prit son fils dans ses bras.
- Tu as le droit d’avoir peur. Tu as le droit de refuser d’avoir mal. Tu as le droit de vouloir manger à ta faim et de ne pas aimer avoir froid. Tu as le droit de ne pas être courageux. Je t’aime quoi qu’il en soit.
- Moi aussi, assura Othander. J’ai été surpris que tu me suives dans une voie aussi difficile. Que tu la quittes ne me dérangera absolument pas. Tu peux faire ce que tu veux, Farid ! Tu aimes cuisiner ?
Farid réalisa un timide hochement de tête.
- Je l’ignorais, indiqua Othander.
- Deviens chef cuistot et invite-moi à ton premier repas ! lança Ysalis.
Farid eut un tout petit sourire. Il leva des yeux apeurés derrière Ysalis. Celle-ci se retourna pour découvrir Un-Fyier, le chef des ailes noires.
- Nous vous protégerons, annonça-t-il. Indique-nous où se trouvent les tiens. Nous les emmènerons ici et nous ferons barrage contre les colorés, je te le promets. Nous avons été injustes et aveugles. Les colorés sont notre ennemi commun. Ensemble, nous pourrons obtenir davantage de droits et de reconnaissance.
- Farid, guide-les vers le Sanctuaire.
- Il est au milieu de l’académie des arts des bleus, rappela Farid. J’ai pu passer parce que j’étais seul. À plusieurs, nous serons visibles et ils ne nous laisseront pas leur prendre leur trésor sans réagir !
- Alors il faudra se battre, indiqua Un-Fyier sans faillir.
- Les dorés du Sanctuaire disposent d’un moyen de se teindre les ailes en noir.
- Excellent, approuva Un-Fyier. C’est dit. Farid mènera le groupe de sauvetage. Ysalis, tu nous mènes aux dorés sans ailes ?
Elle se crispa.
- Je ne sais pas où ils sont. Je connais seulement l’emplacement de ma communauté. Question de sécurité. Seul le superviseur est informé de la localisation d’une communauté de sexe opposé, pour la reproduction.
- Le superviseur ? Attends ! Tu veux dire que des impurs vous aident ?
- Ils nous cachent des purs et en profitent pour nous utiliser.
- Vous utiliser ? répéta Un-Fyier.
- Nous sommes de la main d’œuvre facile. Grâce à notre mémoire génétique, inutile de nous dresser. Nous sommes éduqués et obéissants dès notre sortie du nid, à l’âge de raison.
- Obéissant ? répéta Othander. Mes souvenirs te concernant sont très différents. Ne t’es-tu pas pris du fouet ?
- Je ne suis pas une soumise, siffla Ysalis. Ceci dit, poursuivit-elle en soupirant, j’ai fini par me soumettre.
- Tu n’étais qu’une gamine !
- Ils étaient trop forts, pleura Ysalis.
- Tu n’es plus une gamine ! lui assura Un-Fyier. Nous serons avec toi. Le superviseur nous montrera le chemin. Je peux te l’assurer. Une fois qu’il l’aura fait, comment procéderons-nous le concernant ?
- Il faudra lui proposer de nous rejoindre, à lui ainsi qu’à toute sa famille.
- Tu as dit qu’ils vous utilisaient, rappela Un-Fyier.
- Nous avons également survécu grâce à eux. Ils ont risqué leur vie pour nous. Yvan est venu me prévenir que Mathias avait des soupçons. Il a essayé de m’éloigner de la menace, au mépris de sa propre vie. Je veux leur proposer une option de repli, si vous le voulez bien.
- Nous les accueillerons, promit Un-Fyier. Montre-nous le chemin.
- J’ignore où ils sont, précisa Ysalis. Mathias n’a pas arrêté de déménager. Où vit-il désormais ?
Othander se crispa.
- Quoi ? lança Ysalis en se retournant vers son amant.
Il proposait une moue gênée.
- Rouge-Mathias est mort.
- Quoi ? s’exclama Ysalis qui sentit une bouffée de chaleur remonter le long de sa colonne vertébrale tandis qu’un froid intense la descendait. Comment ?
- Un accident de vol. Tous les témoins disent qu’il était complètement ivre au décollage.
Ysalis se sentit vide. Elle n’avait jamais désiré que du bien à Mathias. C’était un homme bon et généreux, aimant et bienveillant. Il était un professeur attentif et un père tendre. Ses talents de politicien ne pouvaient être niés. La société perdait un grand homme. Ysalis secoua la tête de dépit.
- Qu’ont-ils fait de ses travailleuses ? Il n’avait aucune famille à qui les transmettre.
- D’autres les auront reçues.
- Ont-elles été séparées ?
- Je ne sais pas, admit Othander. Il va falloir chercher.
- En vol, mes corbeaux, ordonna Un-Fyier. Fouillez. Interrogez. Trouvez les anciennes travailleuses de Rouge-Mathias.
Une nuée prit son envol. Ysalis les regarda disparaître à l’horizon.
- Ils les trouveront, dit Un-Fyier. N’ayez crainte.
- Pourquoi faites-vous cela ? demanda Ysalis.
- Elydriel a raison. Nous devons prendre notre destin en main. Nous avons attendu des siècles que notre dieu se réveille. Nous avons traqué une ombre. Tout ça pour quoi ? Ça n’a aucun sens. Nous allons prendre ce qui nous revient. Le monde n’a pas à appartenir aux seuls colorés. Ils vont devoir accepter de le partager.
Ysalis sourit.
- Tu as essayé de nous défendre, rappela Un-Fyier.
- Je cherchais avant tout à faire entendre la voix des miens.
- Tu nous a soutenus en chemin, insista Un-Fyier. Je crois que tu souhaites réellement davantage d’égalité.
Ysalis confirma d’un geste.
- Je me fiche de la couleur des ailes. À mes yeux, tous les ailés se valent.
- Je suis d’accord avec toi. Les purs ne vont plus pouvoir nous ignorer.
- Maintenant, il va falloir apprendre à voler ! s’exclama Othander.
Ysalis soupira.
- Commençons par muscler tout ça, dit-il en massant ses épaules.
Ysalis sourit. Les gestes étaient agréables. Elle le suivit un peu plus loin et accepta de bonne grâce de réaliser les mouvements demandés. Le soir, Farid prépara un bon repas et ils mangèrent tous les trois dans une hutte privée, appréciant leur présence mutuelle.
Ysalis, épuisée, dormit comme une masse. Au réveil, elle sautilla sur place en découvrant la présence d’une dizaine de dorés sur la place centrale. En tapant des mains, elle s’approcha d’eux. Ils s’installaient et discutaient. Lorsqu’elle fut assez près pour comprendre les sons, elle reconnut des remerciements, ininterrompus, chaleureux, nombreux. Les dorés n’en revenaient pas.
- C’est grâce à toi ! Merci ! s’exclama une aile dorée mâle en la reconnaissant.
Il fit un pas vers elle avec la volonté évidente de l’enlacer mais se recula, comme frappé par la foudre.
- Tu es… Tu as…
- Fyier m’a rendu mes ailes.
- Fyier ? Pas Elydriel ? s’étonna l’aile dorée.
- Elydriel a dit que si ça avait été lui, jamais je n’aurais retrouvé mes ailes. Ma communauté avait décidé de me les couper. Ils n’avaient qu’à assumer.
- Alors Elydriel a entendu notre appel ! Il est venu ! Tu l’as vu ! Tu lui a parlé !
- Oui et il nous offre le libre-arbitre. Nous avons désormais le droit de faire ce que nous voulons.
- Où est-il ?
- Il est parti. Fyier a accepté de le suivre jusqu’à sa nouvelle prison. Le juge est passé à l’affaire suivante.
- Il nous a abandonnés ? sanglota l’aile dorée.
- Notre destin est entre nos mains, répondit Ysalis.
- Alors nous nous battrons pour que nos droits soient entendus et respectés.
Ysalis sourit. Voilà qui changeait de l’attente précédente, de l’immobilisme en l’espoir qu’un sauveur leur viendrait en aide.
- Nous avons désormais des alliés sur qui compter, grâce à toi, termina l’aile dorée. Merci.
À ces mots, il s’envola pour atterrir un peu plus loin. Le terrain d’entraînement au combat, reconnut Ysalis en souriant.
Les enquêteurs n’avaient pour le moment pas trouvé les anciennes travailleuses de Mathias.
- Et Yvan ? demanda Ysalis.
- Pas de trace non plus.
- Son neveu s’appelait Naël, se souvint Ysalis. Il était censé prendre sa suite.
- Cette information sera transmise aux enquêteurs. La moindre piste sera étudiée, fouillée, utilisée au maximum.
Ysalis retourna à ses mouvements. Elle souffrait toujours beaucoup du dos mais s’acharnait. Ses ailes faisaient enfin à peu près ce qu’elle voulait. Le repli ne fonctionnait toujours pas. L’aile droite restait systématiquement coincée à mi-parcours. Elle n’avait évidemment pas tenté un vol. Elle se contentait de mouvements au sol. Le soir, sous la lune, elle se demanda si elle pourrait voler un jour. Ses ailes ne seraient-elles qu’un boulet inutile ? N’aurait-il pas mieux valu ne pas les avoir ?
- Tu vas y arriver.
Quel bonheur d’entendre la voix d’Othander en lieu et place de celle de Bramamm. Il dut lire ses pensées sur son visage car il murmura :
- Plus jamais seule, ma chérie.
Il l’enlaça et l’embrassa dans le cou. Elle gloussa. La suite fut chaude et passionnée.