Lorsque la créature prononça cette phrase, les deux jeunes hommes ne comprirent pas. Qu’est-ce que cela changeait ? Le Léviathan, totalement calme, se posa au fond de la fosse et baissa la tête en signe de soumission face à Morgan. Celui-ci s’affola un peu car il se sentait beaucoup moins puissant que lui. Il avait failli le tuer il y a moins de cinq minutes.
-Relève-toi, enfin. Tu ne dois pas te sentir dominé face à moi. Je suis juste un homme, de mon point de vue. Je ne suis pas aussi puissant que toi ou aussi vaillant. Alors sache que je ne te considère pas comme un esclave. À vrai dire, si possible, soyons ami comme tu l’es avec Calypso.
-J’avais raison, ton coeur est aussi pur que le fut l’océan. Tes yeux brillent comme des joyaux, tout comme la première fois que j’ai vu Calypso découvrir ses nouveaux pouvoirs.
-Me parleras-tu d’elle à l’avenir ? Car là le temps va nous manquer, Léviathan. Si Christian dérobe le collier l’océan sera noir.
-Je connais ce collier. Elle m’en a parlé. Sinon, appelez-moi Lokian. C’est le nom que l’on m’a donné.
-Bien. Alors vas-tu nous venir en aide ?
-Oui Morgan. Je vais vous aider.
Les deux jeunes hommes sourirent et éclatèrent de joie face à la réponse de Lokian. Ils allaient enfin pouvoir les arrêter et faire des vrais découvreurs du trésor une légende. Le Léviathan posa sa tête sur le sol de la fosse. Les deux hommes ne comprirent pas sur le moment. La créature leur dit de grimper sur sa tête afin d’arriver plus vite sur place. Ils acquiescèrent et montèrent dessus pour s’accrocher à ses deux de ses cornes.
-Tu sais où on doit aller ?
-Évidemment.
Lokian se propulsa avec sa queue et en un temps record ils sortirent tous les trois de la fosse sombre. Ils durent d’ailleurs fermer les yeux à cause la lumière vive du soleil, étant
habitués à l’obscurité de la fosse. Une fois habitué, Morgan put regarder plus en détail le Léviathan nageant dans les eaux claires de l’océan. Il était bleu avec le ventre grisâtre et de petites nageoires sur presque toute la longueur de son corps couleur azur. Vu comme cela il ressemblait vraiment à un serpent géant, mais le jeune ne pouvait s’empêcher de se dire que tous ceux l’ayant vu et retranscrit n’ont vu en lui qu’une créature, un monstre. Lui, il y voyait de la beauté, de la grâce dans sa nage. Après tout on considère qu'un monstre est moche et repoussant. Il était loin d’être laid et repoussant. Il se sentit alors heureux d’être devenu son ami et espérait que ce soit pour longtemps, voire toujours. William, de son côté, regardait le plus jeune s’émerveiller en observant l’apparence de la créature. Mais lui aussi était intéressé par Lokian, car il avait entendu des histoires sur lui.
-Lokian c’est quoi ton histoire ? Vu qu’on a du temps devant nous avant d’arriver.
-Mon histoire n’a rien de bien intéressant. La rumeur du serpent fuyard était déjà fondée à ma naissance. Donc j’imagine que c’est mon ancêtre qui en est à l'origine. J’ai rencontré de
nombreuses personnes tout en restant dans l’ombre. Puis un jour je suis tombé sur ta grandmère. Elle essayait de contrôler ses pouvoirs et j’ai fini par l’y aider à ma manière. Puis on a fini par devenir amis. On s’est entraidés parfois, mais face à sa haine contre Davy Jones je me suis retrouvé impuissant. Alors quand elle m’a appris attendre un enfant de lui, donc à demi humain, c’est ensemble que l’on a décidé de le laisser à terre. Ainsi il n’aurait pas à subir de pression de par ses parents et il pouvait choisir sa voie. Après, elle a sombré et moi j’ai fini dans cette fosse pour me reposer. J’ai deux mille et un ans.
Les deux hommes buvaient chaque mot que prononçait Lokian, racontant ainsi son histoire. Tous les deux étaient émerveillés de pouvoir enfin entendre la version d’une créature
mythique. À cet instant le brun comprit que chaque chose ne devait se juger au premier aperçu, qu’il fallait juger et analyser avant de choisir si oui ou non on devait l’attaquer pour sa
survie. Il était vrai qu’on ne demandait jamais leur avis aux créatures qui semblaient nous attaquer. Sa vision changeait au fur et à mesure de cette aventure et il avouait que cela ne lui déplaisait pas.
Il regarda ensuite Morgan et lui demanda si, malgré toutes les révélations faites en très peu de temps, il se sentait prêt pour la suite. Celui-ci, un peu nerveux, hocha la tête pour dire oui même s’il avoua que ça faisait beaucoup d’un coup à digérer. Mais que là n’était pas la question. Il avait toute sa vie devant lui pour le digérer, enfin il l’espérait.
-Puis je ne contrôle pas mes nouveaux pouvoirs.
La voix grave de Lokian s’éleva pour prendre la parole et ainsi répondre et réconforter en quelque sorte le châtain.
-Ta grand-mère est aussi passée par là. Ne t’inquiètes pas, ça viendra avec un peu d’entraînement. S’il le faut je t’y aiderais à l’avenir, si tu le souhaites.
-Oh je ne sais pas. Je suis pas mal accroché à ma vie d’humain, mais je suis heureux de tout ce que je découvre. J’ai toujours admiré l’océan et Calypso alors ce n’est pas si mal.
-En effet, mais saches que quoi que tu décides je serais là.
-Merci Lokian.
Morgan se sentait mieux après cette discussion. Lokian dit aux deux hommes que l’île était droit devant. Pouvant se diriger avec l’écholocalisation, il put leur dire qu’il y avait
plusieurs navires se dirigeant vers elle.
-Combien de temps avons-nous pour y arriver ?
-Dix minutes au maximum.
-Bien.
Ils savaient que la partie n’allait pas être facile, mais ils devaient mettre au point un plan. William et Morgan se parlèrent pour en concevoir un qui serait infaillible pour réussir à
les contrer. Lokian participa pour donner son avis et petit à petit celui-ci se forma. Ils étaient sûrs que ça allait marcher, avec le Léviathan comme arme. Après tout c’était une créature
mythique, une légende quelque peu oubliée qui allait refaire surface. Ils allaient attaquer les navires, en ciblant notamment un : celui des hauts gradés afin
de les pousser à quitter ces eaux et les oublier pour longtemps, très longtemps. Les dix minutes étant passées, leur plan était prêt à être réalisé. Un long et dur combat
était sur le point de commencer. Cela s’annonçait sanglant et avec beaucoup de pertes ennemies, sans trop de morts selon les suggestions du plus jeune.