Chapitre 23 : Le remède

Quelque chose la piquait dans le dos, mais elle ne parvenait pas à savoir ce dont il s’agissait. Ses membres, encore ankylosés par la longue nuit qu’elle venait de passer, s’étirèrent et elle se retourna. Une lance vint menacer le bout de son nez de sa pointe acérée.

-Vous, ici. Vous en avez du cran, grogna une voix bourrue à l’accent dur qui lui fit immédiatement penser à celui de Jori.

Affolée, elle chercha ce dernier du regard. Maintenu par deux gaillards aussi grands que lui, il tentait encore de se libérer par de violents coups de coude et coups de pied.

-C’est qu’il est costaud, celui-là, dit l’un d’eux. Vayark, viens nous aider.

Il s’adressait à celui qui menaçait Aeryl de sa lance. Aussi grand et athlétique que ses congénères, l’expression qu’il dégageait s’avérait plus hargneuse et agressive encore. Il fixa Aeryl avec une telle férocité qu’elle eût envie de se cacher dix pieds sous terre.

-Toi, ne bouge pas d’ici. Sinon je te coupe… Hum, disons… un bras.

Alors qu’il sourit à pleines dents, Aeryl s’aperçut qu’il lui en manquait un bon nombre. Assez pour que sa dentition ressemble à un clavier de piano. Laissant sa proie au sol, il s’approcha pour aider ses camarades à contrôler Jori. Mêmes à trois, ils eurent du mal à le maîtriser. Ce dernier, visiblement plus puissant que les autres, se démenait comme un beau diable, mais malgré son acharnement, l’opposition finit par être contenue par les trois guerriers à la peau pâle et Jori fut ligoté comme un saucisson.

-On va en faire quoi ?

-Le chef va décider, répondit l’édenté.

Une fois les mains liées par une corde rugueuse, Aeryl fut tirée par l’un des guerriers et le groupe se mit en marche. Ils les emmenaient probablement à leur camp. Mais qu’allaient-ils faire d’eux ? Ca, elle n’en avait aucune idée et à vrai dire elle ne voulait pas savoir. Jori, n’avait pas arrêté de lui dire que leurs deux peuples ne s’appréciaient pas du tout. Ils ne seraient pas traités en invités, mais plutôt en criminels. Elle devait trouver un moyen de se libérer de ses liens et ensuite, elle s’échapperait en courant. « Non, mauvaise idée, pensa-t-elle. Je me ferais rattraper facilement ». Après tout, Jori était l’un des leurs. Peut-être leur chef les relâcherait-il en le voyant. Il fallait qu’elle attende d’arriver à leur camp puis elle aviserait.

Comme pour la dissuader de toute tentative infructueuse, la brute à la dentition imparfaite tira de plus en plus fort sur la corde qui entravait les poignets de la jeune fille, manquant de la faire tomber.

-Avance, je n’ai pas que ça à faire.

Les grimpeurs se déplaçaient à une vitesse incroyable. Même les deux qui portaient Jori sur leurs épaules imposaient un rythme qu’elle n’arrivait pas à suivre. Les incessants coups de corde la faisaient trébucher, et elle se retrouva, plus d’une fois, étalée par terre. Ses genoux et ses coudes s’ouvraient sur les pierres, ne pouvant se protéger de ses mains lorsqu’elle tombait. Vayark, agacé par les chutes de sa prisonnière, tirait de plus en plus fort sur la corde, ce qui, bien sûr, n’arrangeait rien.

Le groupe arriva avec peine jusqu’au clan, dans lequel ils furent acclamés comme des héros. Enfin, c’était plus précisément à l’intention des trois guerriers. Pour elle et Jori, l’accueil se révéla plus glacial.

-À mort !

-Tuez-les !

Aeryl tenta de se frayer un passage à travers la foule, qui lui donnait des coups, la jetait par terre, ou encore lui tiraient les cheveux. Vayark prenait un malin plaisir à tirer sèchement sur la corde pour qu’elle se retrouve à ramper par terre. Son large sourire dévoila ses molaires, ou plus exactement l’absence de molaire.

-Voilà où es ta place. À genoux devant moi, exulta-t-il comme si c’était la meilleure blague qu’il n’ait jamais faite.

Après ce qui lui semblait être une éternité, ils entrèrent dans une grande tente, dont les pans étaient recouverts d’une multitude de fourrures. Des têtes de loups, d’ours, ou encore de chamois, jonchaient le sol comme des trophées de guerre. Au centre de la pièce, un homme, de taille imposante, se dressait en silence devant eux. Il arborait la partie supérieure d’une tête-de-loup sur la tête en guise de casque et avait toute une panoplie de fourrures comme vêtements. Un collier de dents lui mangeait le cou et retentissait à chaque mouvement de sa tête.

-Qui m’amènes-tu ? Demanda finalement ce dernier.

-Des maraudeurs qui venaient voler notre gibier. Je pense qu’ils viennent de la forêt vu leurs vêtements, ajouta Vayark.

Il s’agenouilla devant son chef puis se retourna vers Aeryl avec un sourire inaltérable sur les lèvres.

-Vous savez ce qu’ils vous restent à faire dans ce cas, trancha le chef.

Il claqua des doigts et les trois guerriers jouèrent des coudes pour faire sortir leurs prisonniers.

-Un instant !

Le chef s’approcha de Jori, il tourna autour de lui, et le dévisagea.

-Son visage me dit quelque chose. Détachez-le.

À contrecœur, les deux guerriers durent se résigner à enlever le tissu qui le bâillonnait puis à défaire ses liens.

-Jori ? Susurra le chef à demi-mots.

Les yeux lui sortaient de la tête. On pouvait lire la surprise sur son visage. La surprise que son frère soit encore en vie, mais aussi celle qu’il soit devenu aussi imposant, aussi solide et vigoureux. La dernière fois qu’il l’avait vu, il tenait à peine debout sur ses jambes et il était maigre comme un clou. Aujourd’hui, voilà que se dressait fièrement devant lui, un homme plus grand que lui, mais aussi aux muscles plus saillants.

-Tu as grandi mon frère, dit ce dernier avec une impassibilité déconcertante pour des retrouvailles.

Le chef du camp posa ses mains sur les joues de Jori, puis descendit sur son torse. On dirait qu’il voyait un fantôme. Ses mains tremblaient légèrement au contact de la peau de son frère, disparu depuis longtemps.

-Est-ce là tout ce que tu as à me dire ?

Il avait retrouvé un peu d’entrain et dardait à présent son frère droit dans les yeux, qui ne paraissait pas intimidé du peu, plutôt surpris à son tour. Jori plissa les paupières et questionna son jeune frère du regard.

-Tu nous a abandonnés sans même nous dire au revoir. Qui plus est, pour rejoindre nos ennemis de toujours. J’attends tes explications.

De nature imperturbable, Jori affichait une façade neutre et calme qui le déterminait si bien. Pourtant, de légers signes d’incompréhension le trahissaient. Ses yeux allèrent se poser brièvement sur Aeryl puis revinrent sur son frère. Son sourcil gauche s’arqua sous le choc des accusations de son cadet.

-Jil. Je ne vous ai pas abandonné. Depuis la maladie qui m’a frappée, je n’avais plus ma place dans le clan, ni même dans la famille. Notre père me rappelait sans cesse que je lui faisais honte…

-Parce qu’il était si fier de toi avant !

-Notre mère me regardait avec peine…

-Parce que ta maladie lui faisait aussi mal qu’à toi !

-Les enfants de mon âge m’humiliaient à longueur de journée…

-Pour une fois qu’ils avaient le dessus sur toi, ils en ont profité.

-Mes frères ne m’ont pas soutenu…

-Nous comprenions à peine ce qui se passait !

-J’ai entendu les parents discuter pour m’abandonner…

-C’est ce que le chef leur avait demandé et ils ont refusé !

Pris de panique, cette fois la façade du géant au cœur de pierre se fissura. Tout ce qu’il avait cru jusqu’à maintenant immuable, se révélait en fait avoir des explications auxquels il ne s’attendait pas. Ses parents n’avaient pas voulu l’abandonner. Au contraire, ils s’étaient battus pour le garder. Et lui, les avait fuis, abandonnés. Toute son enfance, il s’était construit une carapace sentimentale autour de l’injustice qu’il croyait avoir vécu. Il regarda à nouveau autour de lui en proie à un profond malaise qui s’installait en lui. Que ce serait-il passé s’il ne s’était pas enfui ? Il serait probablement mort de la maladie. Peut-être était-ce le destin qui l’avait conduit jusqu’ici. Une question lui brûla les lèvres. Malgré cela, il prit du temps à la formuler, craignant la réponse.

-Où sont les parents ? Et notre petit frère ?

Son frère détourna les yeux et Jori comprit avant même que son frère ne prit la peine de répondre.

-Emportés par le froid.

Après une telle révélation, Aeryl s’attendait à ce que la barrière de glace qui entourait le cœur du géant fonde. Pourtant, Jori prit son frère par les épaules et lui dit simplement : « Ils nous attendent au Mont ancestral ». Le Mont ancestral symbolisait le paradis des guerriers des montagnes, et chacun rêvait de se voir accepter à l’intérieur.

Les deux frères passèrent la soirée à rigoler et à se raconter ce qu’ils avaient réalisé en l’absence de l’autre. Jil, lors des jours froids, avait validé les épreuves de justesse. Leur père était devenu le chef de leur clan cette année-là. Malheureusement, il n’avait eu le privilège de rester à sa tête seulement cinq années, succombant à la maladie lors d’un hiver particulièrement rude. Jil s’était retrouvé sans famille et il avait décidé de partir du clan pour apprendre à survivre dans la nature. Deux hivers s’étaient écoulés pendant lesquels le jeune guerrier avait dû se débrouiller tout seul. Ces deux années l’avaient changé, il était devenu plus robuste et ses techniques de combat et de chasse s’étaient considérablement améliorées. Jil était ensuite revenu auprès de son clan et il avait combattu de nombreux prétendants pour finalement s’emparer de la direction du clan. Et depuis, il était devenu un chef respecté et écouté.

Jori raconta à son frère comment il avait pu guérir, mais aussi comment Crista l’avait élevé et recueilli. Quand Jori lui dit qu’il était devenu l’atiki, son frère le regarda avec une expression admirative qu’il n’avait pas vue depuis des lustres. Depuis qu’il avait dix ans plus précisément, avant la maladie.

-Et qu’est-ce qui t’as fait partir ? S’enquit Jil.

-Je dois aider Aeryl dans sa quête.

Jil comprit rapidement qu’il s’agissait de la jeune fille qui avait accompagné son frère jusqu’ici.

-Quelle est cette quête dont tu parles ?

Jori échangea un regard entendu avec l’oxatane. Il ne pouvait pas dévoiler l’existence de l’éphémère, même à son frère.

-Je dois l’accompagner au sommet de la montagne, là où le froid est le plus intense, dit-il, évasif.

-Donc, tu repars déjà ? Comprit Jil.

Jori opina.

-Oui.

Un sourd grondement de contrariété sortit de la gorge de Jil. Il venait de retrouver son frère, disparu depuis presque dix ans, et il devait déjà le regarder s’en aller une nouvelle fois.

-Jori, ce n’est qu’une archère. Laisse-la donc à ses tâches et reste avec nous. Sans vouloir t’offenser, s’adressa-t-il ensuite à Aeryl.

-Je te rappelle que sans eux, je ne serais pas là. Cette guerre entre nos deux peuples est inutile et il faut que ça cesse, gronda Jori de sa voix rauque.

Jil ne répondit pas. Cela se voyait qu’il n’était pas du même avis, cependant, il ne voulait pas s’opposer à son frère.

-Je reviendrais, promit Jori.

-Quand ?

-Dès que possible.

Son frère avait les mêmes yeux gris et tranchant que Jori. Il lui ressemblait beaucoup, si ce n’est qu’une balafre lui barrait le visage dans sa diagonale. Si Aeryl avait remarqué un trait physique sur la plupart des guerriers des montagnes, c’était la présence d’une ou plusieurs cicatrices, qui parcouraient leur corps ou leur visage comme une marque de courage.

Jori attrapa des fourrures, se recouvrit de l’une d’elles, puis en donna une à la jeune fille.

- Recouvre-toi avec cette fourrure. Nous passerons inaperçu avec.

Aeryl s’enveloppa dans l’épaisse fourrure. Sa chaleur la réchauffa immédiatement. Elle se sentait maintenant prête à affronter le froid mordant de l’extérieur et glissa une main dans la poche de sa sacoche. La fiole était toujours intacte, c’était le principal. Elle fit signe à Jori qu’elle était prête et ils sortirent de la tente.

À l’extérieur, l’atmosphère pesait encore sur eux. Les regards venimeux les suivirent jusqu’à leur sortie du camp, toutefois aucun n’osa proférer la moindre menace ou insulte. Ils respectaient tous la décision de leur chef sans pour autant la comprendre.

Ils étaient à peine sortis du camp, qu’une question lui brûlait la gorge. Elle rattrapa Jori, déjà quelques mètres devant elle et capta son attention.

-Pourquoi ont-ils tous des balafres ?

Jori se retourna vers la jeune fille. Les rides sur son front montraient que la question le dérangeait. Pourtant, il fit l’effort de lui répondre.

-Tu sais, la vie ici n’est pas aussi douillette que dans la forêt. Les prédateurs que vous évitez en construisant des villages en hauteur, ici, il n’y a pas d’autre choix que de les combattre de face. Mais c’est aussi une marque de fierté, cela montre que nous avons combattu vaillamment.

-Je suis désolé. C’était déplacé de ma part.

Il se radoucit, sans pour autant sourire.

-Non, tu as le droit de poser des questions. Tu sais, ils peuvent paraître primitifs, sauvages ou quelque peu brute aussi, mais ils ont un grand sens du groupe et de la loyauté les uns envers les autres.

-Et pourquoi nous détestent-ils autant ? Ce sont pourtant eux qui nous ont attaqués par le passée.

Ses sourcils et son front se plissèrent à nouveau.

-Ce ne sont pas eux qui vous ont attaqués, mais plutôt vous qui avez refusé de les héberger alors que les montagnes étaient devenues invivables. Ils n’ont fait que se venger des morts que vous avez provoquées, s’emporta-t-il.

La colère se lisait sur son visage. Finalement, il se radoucit et finit son discours.

-Le passé est ce qu’il est. Peu importe d’où viens la faute, il faut que cette haine cesse sinon l’inévitable finira pas arriver.

-L’inévitable ?

-La guerre.

L’oxygène se raréfiait. La respiration de la jeune fille se fit plus saccadée, plus difficile. Sa vision se troublait par moment et elle devait se reposer assez souvent pour ne pas être pris de vertige. Jori, lui non plus, ne semblait pas dans son assiette. Il n’était plus habitué à une aussi faible proportion d’oxygène dans l’air, lui qui avait vécu plusieurs années dans la forêt.

-Allez, courage. Nous ne sommes plus très loin du sommet, dit-il en grelottant sous ses épaisses couvertures.

-Il est caché derrière les nuages, remarqua la jeune fille, à la fois admirative et terrifiée.

-Lorsque nous arriverons aux nuages, la température sera idéale pour que l’éphémère devienne liquide.

La neige, parfois glacée, entravait leur ascension. Heureusement pour eux le versant se trouvait assez peu pentu, et leurs bottes accrochaient bien les plaques de verglas. Pourtant, cela n’empêcha pas Aeryl de se retrouver, plus d’une fois, la tête dans la neige.

Leurs efforts furent récompensés en arrivant dans la brume épaisse que formaient les nuages. Émerveillée, Aeryl enleva son gant pour toucher ce voile brumeux de sa main. C’était la première fois qu’elle pouvait toucher les nuages du bout des doigts. L’air était soudainement devenu plus froid et lorsque la jeune fille l’inspirait dans ses poumons, elle eut l’impression que des milliers de petites aiguilles la chatouillaient de l’intérieur. Ce n’était pas une sensation désagréable, et elle s’y habitua assez vite.

Elle sortit la fiole de sa sacoche. L’éphémère était encore sous forme gazeuse, mais le verre de la fiole était frigorifié.

- Place-la sous la neige.

Aeryl creusa un petit trou, y déposa la fiole, puis la recouvrit de neige qu’elle tassa méticuleusement. Épuisée, elle s’allongea à côté et elle regarda la fine brume virevolter, dans toutes les directions, au gré du vent. Malgré le froid, qui paradoxalement lui brûlait le visage, l’altitude et la fatigue, qui s’accumulait de jour en jour, elle se sentait étrangement bien.

Sa quête lui avait semblé irréalisable et pourtant elle en était venue à bout. Elle pensa à Kathleen. Son amie l’attendait depuis longtemps au village des roses. Trop longtemps ! Cependant, il fallait qu’elle patiente encore un petit moment et elles seraient de nouveau réunies. Sans oublier Amos, qui s’était délibérément porté volontaire pour s’occuper de son amie. Ensuite, ils retourneraient ensemble dans leur village, au bord de la rivière. Elle s’imaginait déjà, franchissant la porte du village. Ce village qu’elle n’aurait jamais dû quitter, la vie y était tellement douce et calme.

Ses parents seraient soulagé et heureux de la revoir. Ceux de Kathleen, plus indifférents, resteraient sur le pas de leur porte. Les habitants du village chanteraient leur retour et les harcèleraient de questions et de cadeaux. Et la première chose qu’elle ferait, dès qu’elle aurait un moment pour elle, ce serait de prendre un bain dans la rivière. Ca faisait une éternité qu’elle ne s’était pas lavée et elle se sentait crasseuse.

-Tu peux la déterrer maintenant.

Aeryl ouvrit les yeux. Déblayant la neige délicatement, elle sortit la fiole et regarda immédiatement à l’intérieur. Un liquide, semblable à de l’eau, mais plus visqueux et dense, s’était formé. Voici à quoi ressemblait une éphémère sous forme liquide. Aeryl se serait attendue à un peu plus de couleur, étant donné la puissance de cette fleur. Mais après tout, peu importait sa couleur. Le plus important restait d’aller l’administrer à son amie le plus vite possible.

Jori s’approcha, lui aussi, de la fiole bleutée et loucha sur la substance incolore qui s’y trouvait.

-Ca ressemble donc à ça, murmura-t-il. On fait maintenant partie des rares personnes à en avoir vu une de leurs propres yeux sous forme liquide. Bien, ajouta-t-il. Allons-y sinon nous allons nous transformer en glaçon ici.

Libérée, Aeryl descendit la pente de la montagne à grandes enjambées. Pour une fois, elle menait la marche et Jori la suivait, amusé devant la fougue de la jeune fille. Elle ne s’arrêta seulement le temps de s’hydrater au ruisseau, et but un litre d’eau sans prendre sa respiration, avant de repartir avec le même entrain.

-Ah, ça fait du bien de l’eau fraîche, s’exclama-t-elle en levant les bras au ciel.

Jori s’assit posément sur une pierre plate et la regarda gesticuler de bonheur.

-Si nous nous dépêchons, nous pouvons atteindre le village des roses en moins d’une semaine, renchérit Aeryl.

Elle replaçait déjà son arc autour de son épaule et s’apprêtait à repartir.

-Nos chemins se séparent ici, dit Jori de sa voix rauque et calme.

Vivement, Aeryl se rapprocha du géant, se mit sur la pointe des pieds et le regarda droit dans les yeux. Le regard tranchant de Jori ne l’intimidait plus, au contraire elle le trouvait maintenant empli d’honnêteté et de droiture.

-Comment ça ? Contesta-t-elle.

-Mon devoir m’attend ici maintenant. Plus rien ne me retient à Palid depuis que Crista s’en est allée. Et puis de toute façon, ma tête est mise à prix là-bas.

-Tu pourrais venir dans mon village, tu n’y risquerais rien.

-Pour y être vu comme un criminel, ou comme un étranger dans le meilleur des cas. Non, mon choix est fait.

Il posa ses mains larges et puissantes sur les épaules d’Aeryl et posa un baiser sur son front. C’était la première marque d’affection que lui accorda le géant au cœur de pierre, et Aeryl en fut abasourdi. Elle resta plantée les pieds dans la neige sans qu’aucun mot ne traverse ses lèvres.

-J’espère que je te reverrais un jour, fit Jori en guise d’adieux.

Sans bouger, Aeryl le regarda s’éloigner jusqu’à ne plus voir qu’une forme indistincte au loin. Elle se retrouvait à nouveau seule, mais elle ne devait pas y penser et se concentrer sur le chemin qui lui restait à parcourir.

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DraikoPinpix
Posté le 03/05/2020
Coucou !
Aeryl et Jori sont choux <3 C'est triste pour cette fin, mais c'était nécessaire pour lui.
En revanche, j'ai trouvé la réconciliation avec son frère un peu trop hâtive.
Je poursuis ma lecture. A bientôt :)
clemesgar
Posté le 03/05/2020
Coucou DraikoPinpix ;)
Tu le remarqueras peut être, j'ai horreur des fins trop faciles ^^
Par contre, oui c'est vrai, tu as raison, la réconciliation entre les deux frères est trop rapide. Je n'y avais pas trop fait attention, merci pour la remarque ;)
Dernier chapitre pour toi :p
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