Chapitre 23 [NOUVELLE VERSION]

Notes de l’auteur : MAJ : 23/11/2024

Altaïs s’adossa contre le mur, à quelques pas de la salle du trône. Il inspira profondément dans l’espoir d’apaiser les battements affolés de son cœur.

Il n’y arriverait pas.

Il s’était réveillé en sursaut dans son lit, persuadé qu’il était toujours dans la tour où il avait été retenu prisonnier, que Dagmar lui ferait face. L’angoisse lui avait coupé le souffle. Altaïs passa une main hésitante sur son bras, où il avait violemment griffé sa peau dans l’espoir d’effacer la présence de son bourreau, jusqu’au moment où Soren lui avait fermement attrapé les poignets pour l’empêcher de se blesser. Altaïs avait alors repris pied avec la réalité, s’était rappelé l’arrivée de son cousin et d’Alexander, puis le sommeil magique dans lequel il avait été plongé. Soren lui avait alors expliqué la décision qu’avait prise Harald en découvrant qu’Altaïs s’était éclipsé, le châtiment infligé à Alexander pour avoir osé élever la voix face au roi.

Une vague de colère submergea Altaïs.

Respire.

Il s’était levé sans plus attendre, manquant de s’écrouler à cause de ses jambes chancelantes. Soren avait tenu à l’accompagner, et Altaïs n’avait pas eu la force de le repousser. Seulement, un messager patientait devant la porte de ses appartements et lui avait signifié que le roi le réclamait dans la salle du trône « sans autre présence inopportune que la sienne ».

À l’extérieur, l’aube n’éclaircissait pas encore le ciel, et pour la première fois depuis la fin du procès, Altaïs n’était pas certain de pouvoir affronter Harald.

Respire.

Il ne pouvait pourtant pas se permettre la moindre faiblesse. Pour Alexander.

Il se composa l’expression la plus impassible qu’il put, puis fit signe à l’un des gardes d’ouvrir les lourdes portes et entra dans la salle. Déserte, celle-ci lui semblait encore plus impressionnante que lorsque la foule s’amassait le long des murs. Tout était immense : la hauteur du plafond aux larges fenêtres par lesquelles s’engouffrait la lueur des deux lunes se fondant dans l’aurore, les colonnes blanches qui formaient une haie jusqu’à l’imposant trône taillé dans la pierre claire des montagnes d’Issheimr, le tapis pourpre qui se déroulait sous ses pieds comme une rivière de sang…

Altaïs s’arrêta à une dizaine de pas du trône et releva les yeux pour accrocher le regard sombre d’Harald. Le coude posé sur l’accoudoir et une coupe de vin dans la main, son cousin le toisait avec son habituelle condescendance. Altaïs se tendit davantage en le voyant faire tournoyer le verre entre ses doigts ; il se méfiait de ceux qui buvaient, et une chose était certaine, Harald buvait trop à son goût. Cette activité l’avait peut-être même occupé une partie de la nuit pour ce qu’il en savait.

— Je me demandais combien de temps j’allais devoir t’attendre.

Sa voix résonna dans la salle trop grande pour n’accueillir qu’eux.

— Pourquoi cette mascarade ?

Un rictus tordit les lèvres d’Harald.

— Pour te rappeler où est ta place.

La mâchoire d’Altaïs se crispa. Il devait réprimer sa rage et sa peur, il devait contenir ses souvenirs. Ne rien laisser paraître, laisser croire que rien ne l’atteignait.

— Libère-le.

À nouveau, la coupe de vin tournoya entre les doigts d’Harald.

— Pourquoi ferais-je une telle chose ? Il a offensé le roi, et donc à travers moi, le royaume tout entier.

— Il ne faisait que me défendre, gronda Altaïs.

Parce qu’il s’était montré trop orgueilleux en pensant pouvoir faire face à Dagmar et qu’il avait laissé Alexander derrière sans un mot.

— Tu as bien joué ton coup pour l’amener à te protéger ainsi alors que l’armée lui offrait tout. À l’époque du régicide, il t’avait défendu en clamant que tu étais innocent. Quel imbécile… S’il savait ce que tu étais…

Altaïs ferma brièvement les yeux. La colère montait lentement, lui écrasait la poitrine et l’empêchait de respirer. À moins que ce ne soit l’angoisse.

— Libère-le. Ce n’est pas à lui que tu en veux.

Harald se leva de son trône et s’approcha d’une démarche assurée. Rien ne semblait pouvoir le faire trembler, alors qu’Altaïs avait l’impression que tout le terrifiait désormais.

— Vois-tu, votre relation n’est plus un secret dans ce palais.

Altaïs frémit face au mépris évident de son cousin. Il aurait dû s’y attendre pourtant ; Harald était de cette noblesse conservatrice qui ne tolérait pas l’idée que deux hommes puissent entretenir une relation. Il avait grandi avec ces idées, ce n’était pas aujourd’hui qu’il les renierait.

Harald le contourna, comme un chasseur qui s’amuserait à cerner sa proie.

— Tu aimes vraiment cela ? T’agenouiller devant un homme ? Gémir comme une femme ?

Altaïs tressaillit. Dans son esprit, tout se mélangeait ; les mots d’Harald, la violence d’Elaran, les mains de Dagmar.

Respire.

Pense à Alexander. Efface tout le reste.

— J’en déduis que oui…

Un son étrange lui échappa, un grondement peut-être. À cet instant, il aurait pu croire que c’était Elaran qui parlait et non Harald, tant leurs intonations et leur manière d’être lui paraissaient similaires. Harald s’approcha dans son dos, mais il garda le regard obstinément rivé devant lui. Ne rien montrer de son trouble. Ignorer les réminiscences de la voix de son cousin ordonnant l’exécution d’Evald.

— Qu’es-tu prêt à faire pour lui ? susurra Harald près de son oreille.

Pendant quelques instants, le monde se figea autour d’Altaïs avant qu’il ne se ressaisisse.

Pense à Alexander. Efface tout le reste.

— Toi qui refuses de t’incliner devant quiconque… Qu’es-tu prêt à faire pour le sauver ?

— Que veux-tu ? murmura Altaïs, la gorge nouée.

— Commence par t’agenouiller devant ton roi.

Lentement, Altaïs posa un genou à terre, tandis qu’Harald revenait se placer devant lui et l’obligeait à relever la tête pour soutenir son regard.

— Tu sais, j’ai longtemps admiré ta force de caractère, autant qu’elle m’exaspérait à vrai dire. Tu ne t’inclinais devant personne, tu refusais de respecter les convenances… Puis un jour ton masque est tombé et tu as assassiné mon père.

— Je ne l’ai pas tué !

Harald fit un brusque mouvement de poignet et projeta le contenu de sa coupe sur le visage d’Altaïs, qui laissa échapper un hoquet étouffé.

— Tais-toi ! Je ne supporte pas tes mensonges !

Altaïs lui adressa un regard assassin. Le vin dégoulinait sur son visage, trempait ses mèches noires et tachait sa tunique comme une multitude de gouttelettes ensanglantées. L’odeur aigre et l’humiliation lui soulevaient l’estomac.

— Je ne l’ai pas tué, siffla-t-il. J’ai fait un serment avec ma magie.

Harald se pencha vers lui avec un regard sombre, presque fou.

— Ta magie est abjecte. Alors que valent tes serments ?

Altaïs encaissa l’insulte en silence, la mâchoire si crispée qu’elle en devenait douloureuse. Pourquoi s’acharnait-il ainsi ? Parce qu’on lui avait appris à haïr Altaïs ? Parce qu’il avait échoué à le faire condamner ? Et si…

— Tu ne cesses de défier la royauté, de me défier, reprit Harald. Le régicide, tes mensonges, ta décision de sortir du palais malgré mon interdiction… Mais je connais ta faiblesse désormais.

Le sang d’Altaïs gela dans ses veines. Le souffle aviné d’Harald s’échoua sur sa joue.

— Je peux faire ce que je veux de toi, Altaïs.

— Et que veux-tu ?

Altaïs maudit sa voix fêlée.

— Je veux te faire plier. Je ne peux pas t’exécuter, mais je veux que tu te fasses aussi discret qu’une ombre. Tu garderas le silence, tu ne te révolteras plus, et un jour, lorsque les choses se seront apaisées, je me chargerai de te faire disparaître.

Altaïs soutint son regard un long moment, puis il baissa la tête en signe de défaite.

— Si tu veux te débarrasser de moi, laisse-nous partir. Tu n’entendras plus jamais parler de moi.

Après son procès, il s’était convaincu que l’interdiction d’Harald de quitter le palais lui donnerait l’opportunité de faire éclater la vérité au grand jour. Mais à quoi bon désormais ? Ils étaient trop nombreux à continuer de le voir comme le coupable. Mieux valait partir, même si cela impliquait de garder le silence à tout jamais.

— Ce serait laisser un feu follet en liberté, répliqua Harald avec mépris. Ce sont mes conditions, et non les tiennes. Accepte-les si tu veux retrouver ton Protecteur.

Altaïs déglutit.

— Très bien, souffla-t-il. Mais libère-le maintenant.

Un rictus tordit les lèvres d’Harald.

— J’apprécierais que tu t’investisses davantage dans ta demande.

La haine submergea Altaïs, vorace. Harald leva la main comme s’il était sur le point de le frapper.

— Ne me regarde pas ainsi !

Les prunelles d’Altaïs se ternirent.

— Je t’en supplie… Libère-le…

Les portes s’ouvrirent avec fracas. Altaïs se retourna avec un sursaut pour voir s’avancer Adela. Ses bijoux en or oscillaient au rythme de ses pas, sa bouche se pinça lorsqu’elle découvrit la scène. Elle s’arrêta près d’eux, posa un œil attristé sur Altaïs avant de relever le menton pour dévisager son époux.

— Harald, souffla-t-elle. C’est assez…

Il émit un claquement de langue agacé.

— Que fais-tu là ?

— Et toi ? rétorqua-t-elle. Qu’es-tu en train de faire ? Tu le traites comme un criminel alors qu’il a prouvé qu’il n’était pas coupable, tu te sers de son Protecteur pour faire pression sur lui…

Altaïs retint son souffle en comprenant qu’Adela prenait sa défense.

— Ne t’en mêle pas !

— Assez, répéta-t-elle. Il a été innocenté, il ne mérite pas que tu t’acharnes à ce point.

Elle se tourna vers Altaïs.

— Va libérer ton compagnon. Précise que c’est un ordre de la reine.

Altaïs se redressa avec méfiance, redoutant que son mouvement provoque une explosion de colère chez Harald. Celui-ci ne détachait pourtant pas son regard du visage d’Adela, qui esquissa un sourire aussi tendre qu’étrange.

— S’il te plaît, tu sais que je supporte mal les émotions conflictuelles qui se tissent entre vous, murmura-t-elle.

L’expression d’Harald s’adoucit enfin. Alors qu’Altaïs se dirigeait sans un bruit vers la sortie, remerciant silencieusement Adela, il entendit le roi répondre à son épouse :

— Pardonne-moi.

La dernière image qu’il vit fut la main d’Adela qui se posa sur la joue d’Harald.

Il s’élança à travers le corridor d’un pas vif. Adela lui avait certainement sauvé la mise, après être intervenue en sa faveur lors du procès et avoir essayé de l’apaiser avec sa magie lorsqu’il avait aperçu Dagmar. Il lui devait une fière chandelle, bien qu’il ait du mal à cerner ses raisons. Mais à quel point parvenait-elle à influencer Harald ? Sa magie influait sur les émotions, après tout. Quel était son rôle dans ce palais ?

Il descendit plusieurs escaliers à la volée pour rejoindre les cachots, le cœur battant à tout rompre. Il s’arrêta devant deux gardes qui lui bloquèrent le passage à l’entrée du souterrain.

— Écartez-vous ! C’est un ordre de la reine.

— Le roi a ordonné que nous vous interdisions le passage !

Altaïs recula d’un pas, les prunelles animées par un orage de glace. Un éclair de peur traversa le visage des gardes.

— Écartez-vous.

— Le roi…

— Je prends la responsabilité de le laisser accéder aux cachots pour qu’il puisse libérer son Protecteur, intervint une voix dans son dos.

Altaïs tourna la tête, cilla en reconnaissant la silhouette d’Adela, le bruissement des voiles de sa robe et le cliquetis de ses bijoux. Les gardes hésitèrent encore quelques instants, puis ils s’écartèrent en inclinant la tête avec respect.

— Votre Majesté.

Adela indiqua à Altaïs de la suivre dans les cachots, et il s’exécuta en ignorant le coup d’œil méprisant des gardes.

— Harald a regagné ses appartements. Je voulais m’assurer que tu avais pu libérer ton compagnon avant de le rejoindre.

Altaïs se crispa à la mention d’Harald.

— Tu n’as rien à craindre de moi, Altaïs. Je ne te souhaite aucun mal.

— Pourquoi m’aider ?

— Ma magie n’est pas toujours facile à vivre. Même si j’ai appris à la maîtriser avec le temps, je perçois tout de même les émotions de ceux qui m’entourent avec une certaine acuité. Il est toujours plus difficile de ressentir la colère ou la souffrance d’un autre, et les tiennes sont si profondes que je souhaiterais sincèrement pouvoir t’apporter un semblant d’apaisement.

Altaïs inspira lentement pour faire refluer son anxiété.

— Harald…

— J’ai de l’affection pour mon époux, reconnut Adela. Je vivrai avec lui jusqu’à la fin de mes jours après tout, mais cela ne signifie pas que je cautionne ses décisions.

Adela poursuivit avec douceur en s’engageant dans un corridor à peine éclairé par la lumière des torches :

— Il y a quelque chose qui pourrit lentement dans ce royaume, dans cette famille. Si je peux changer les choses d’une manière ou d’une autre, pourquoi m’en priverais-je ?

Une lueur étrange brillait dans ses prunelles sombres, qu’Altaïs ne sut pas comment interpréter. Il devinait pourtant qu’Adela en disait bien moins que ce qu’elle pensait. Après tout, il était peu probable qu’elle prenne le risque de se mettre son époux à dos uniquement pour l’aider… Un poids compressa soudain la poitrine d’Altaïs, un frisson remonta le long de sa nuque.

Elle s’immobilisa devant une porte en bois et en fer.

— Retrouve ton compagnon. Prenez soin l’un de l’autre tant que vous le pouvez.

— Notre relation ne semble pas te déranger.

À l’inverse d’une partie de leur famille, songea-t-il avec amertume.

— Pourquoi le ferait-elle ? Qu’importe que vous soyez deux hommes tant que vous êtes heureux. N’est-ce pas tout ce qui compte ?

Un mince sourire étira les lèvres d’Altaïs.

 

 

Alexander se recroquevilla contre le mur de la cellule et enfouit son visage entre ses mains. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? En son for intérieur, il savait qu’il n’aurait jamais dû élever la voix face au roi, mais il ne parvenait pas à regretter ses actes. Après ce qu’il s’était passé, il n’avait pas supporté l’idée qu’Harald s’en prenne de nouveau à Altaïs. La nausée lui souleva l’estomac au souvenir de l’état dans lequel il avait retrouvé son compagnon ; ses larmes gelées sur son visage, sa respiration erratique, son regard brisé.

Je n’en pouvais plus… Je voulais seulement que tout s’arrête…

Alexander avait envie de hurler. Son impuissance le rongeait comme un poison.

Je n’arrivais pas à admettre que tu avais raison… À t’avouer que tu disais vrai… qu’il avait réussi à… J’avais tellement honte… et je me sentais tellement… tellement sale…

Des larmes lui brûlèrent les yeux. Devant Altaïs, il avait essayé de se montrer aussi solide qu’un roc pour lui offrir un point d’accroche au milieu de la tempête. Seul dans sa cellule obscure, il s’effondrait d’avoir échoué à l’aider, de ne pas avoir pu lui épargner cette souffrance.

Il aurait dû savoir. Il aurait dû…

J’aurais dû être plus fort… être capable de l’en empêcher… J’aurais dû lutter davantage… me débattre…

Un sanglot s’étouffa dans sa poitrine. Il haïssait Dagmar au-delà de ce qu’il avait cru possible de ressentir. Si Altaïs ne l’avait pas tué, Alexander aurait lui-même trouvé la manière la plus douloureuse de l’achever.

Mais cela n’aurait pas suffi à effacer sa culpabilité.

Il avait promis à Altaïs qu’il le protégerait, qu’il ne serait pas seul, mais il avait échoué. Pendant deux ans, son compagnon avait été torturé et…

Des bruits de pas retentirent à l’extérieur de sa cellule. Il sursauta en entendant la porte grincer, puis la silhouette d’Altaïs se découpa dans le clair-obscur induit par la lueur des torches dans le couloir. Le jeune homme se précipita vers lui et s’agenouilla pour être à sa hauteur, posant ses mains sur ses joues avec délicatesse.

— Tu pleures, chuchota-t-il.

— Je…

Alexander avait eu tellement peur en découvrant son absence, tellement peur en le retrouvant brisé au sommet de cette tour, tellement peur qu’il ne se réveille jamais lorsque Soren l’avait endormi avec sa magie… De larges cernes soulignaient ses yeux pâles et des taches de vin maculaient sa tunique, mais Altaïs était bien vivant.

— Je suis désolé, balbutia-t-il. J’aurais dû être là pour toi… pour te protéger…

— Tu étais là, chuchota Altaïs en caressant sa joue. Tout ce temps, tu m’empêchais de sombrer trop profondément. Sans toi…

Il ne termina pas sa phrase, mais ses lèvres embrassèrent le front d’Alexander. Celui-ci se blottit contre son compagnon, rassuré par le rythme régulier des battements de son cœur.

— Sortons d’ici.

Altaïs tendit une main tremblante à Alexander pour l’aider à se relever, le retint lorsque le jeune homme tituba, les jambes engourdies par la poignée d’heures durant lesquelles il avait été enfermé dans sa cellule. Leurs lèvres se cherchèrent, se trouvèrent, s’effleurèrent avec tendresse. Lorsqu’ils parvinrent à se détacher l’un de l’autre, Alexander emboîta le pas de son compagnon pour sortir de la cellule. Les gardes ne leur accordèrent pas un regard.

— Comment… Comment as-tu convaincu Harald ?

Altaïs jeta un coup d’œil nerveux autour d’eux.

— C’est Adela qui s’en est chargée. Je pense qu’elle a bien plus de prise sur Harald qu’il n’y paraît, peut-être grâce à sa magie des émotions, à moins qu’il ne l’aime sincèrement.

— Elle le manipulerait ?

— Je ne sais pas, mais plus les jours passent, plus Harald semble décidé à se débarrasser de moi. Il s’acharne alors que la Magie m’a reconnu comme non coupable, il s’acharne parce que j’aurais un pouvoir maudit. Est-ce que la haine suffit à justifier ce qu’il nous inflige ?

Alexander secoua la tête. Il aurait voulu qu’Altaïs n’ait jamais à se demander si la violence qu’il subissait était justifiée, si la haine se suffisait à elle-même ou n’était qu’un prétexte. Mais son compagnon disait vrai, l’attitude d’Harald dissimulait autre chose, une vérité sinistre, ensorcelée. Adela aurait-elle pu manipuler son époux, gouverner dans l’ombre, au point d’orienter les soupçons vers Altaïs pour détourner l’attention ? Mais quelle raison ? Par ambition ?

— Où allons-nous ?

Absorbé par leurs suppositions, il ne s’était pas rendu compte qu’Altaïs n’avait pas pris la direction de leurs appartements. Celui-ci lui adressa un frêle sourire.

— Je me suis dit que nous pouvions faire un détour par les cuisines.

Un rire étouffé s’échappa de la gorge d’Alexander.

— Je ne suis pas contre, approuva-t-il.

Il laissa Altaïs le guider dans les corridors déserts, appréciant le calme du palais encore endormi. Son compagnon évoluait dans un silence absolu, silhouette spectrale qui frôlait les dalles. Alexander avait l’étrange impression que la nuit était tombée il y a une éternité, une nuit dont il avait ardemment souhaité la fin. À cet instant, il aurait pourtant cédé beaucoup pour faire perdurer ce moment de quiétude. Bientôt, les domestiques se réveilleraient et s’agiteraient comme dans une fourmilière. Les conflits seraient plus violents que jamais.

Altaïs poussa une porte en bois et se faufila de l’autre côté, attrapant la main d’Alexander pour l’entraîner à sa suite. Celui-ci redécouvrit la pièce articulée autour d’une immense cheminée ; broches et crémaillère à laquelle était suspendue une lourde marmite bataillaient pour occuper l’espace au-dessus des braises rougeoyantes. De longs billots en bois étaient incrustées par endroits des taches de vin ou de sang, révélant que c’était là que les cuisiniers préparaient les plats qui seraient servis aux habitants du palais, en particulier la famille royale. Dans un coin, une porte menait certainement au cellier où devaient être entreposés des provisions de toutes sortes et du vin.

Altaïs y disparut un instant et revint avec un broc rempli de lait. Alexander l’observa récupérer un pot en fer dans lequel il versa la boisson immaculée et qu’il posa ensuite sur un trépied au milieu des braises encore chaudes. Ses gestes lui rappelaient de lointains souvenirs des quelques nuits où, ensemble, ils s’étaient introduits en douce dans les cuisines. À l’aide d’une cuillère en bois, Altaïs évita qu’une peau de lait ne se forme à la surface, mais Alexander remarqua ses mains toujours tremblantes.

— Altaïs…

— Je me suis dit que du lait chaud te réchaufferait.

— Altaïs…

Alexander enlaça son compagnon, calant son torse contre son dos, ses bras autour de sa taille et sa joue contre ses cheveux. Il fronça légèrement le nez en humant l’odeur aigre du vin qui imprégnait ses vêtements.

— Tu n’as pas besoin de faire semblant en ma présence.

— C’est toi qui étais enfermé.

— Je peux supporter quelques heures d’enfermement, mais je tolère moins de te voir souffrir en silence.

Il sentit le corps d’Altaïs se raidir contre le sien.

— Je…

Sa voix se fêla, aussi fragile qu’une brindille se brisant face à une bourrasque.

— Je ne suis pas encore prêt à parler de ce qu’il s’est passé cette nuit, souffla-t-il.

Alexander raffermit son étreinte.

Je suis là.

— Je suis désolé, s’étrangla Altaïs. Je suis désolé pour tout ce que nous avons traversé depuis que nous nous sommes rencontrés, pour la distance que j’ai instaurée entre nous depuis le procès.

Il inspira trop vite, comme s’il manquait d’air.

Je ne veux pas que tu t’excuses d’exister, aurait voulu répondre Alexander sans oser l’interrompre. Je ne veux pas que tu t’excuses de ce que l’on t’a infligé.

— Chez Evald, je me suis pris à croire que je pouvais rêver d’un autre avenir que celui auquel j’avais toujours cru, avec toi. Mais ils ont fait de ce rêve un cauchemar, et chaque jour qui passe dans ce palais je me remémore ce qu’ils nous ont pris, ce que nous avons perdu. J’ai laissé dans le Nord des fragments de mon cœur brisé, et je ne sais plus comment…

Ses mots s’étouffèrent dans sa gorge, refusant de jaillir. Alexander incita son compagnon à se retourner dans ses bras.

— Le lait… balbutia Altaïs.

Les mains d’Alexander se posèrent en coupe sur ses joues, ses lèvres caressèrent les siennes avec tendresse. Peu à peu, Altaïs se détendit dans son étreinte, répondit au baiser, d’abord timidement puis avec plus d’assurance. Lorsqu’ils s’écartèrent, les fantômes dans ses yeux s’étaient étiolés, retranchés au fond de ses iris.

— Je… Lorsque… Lorsqu’ils m’ont torturé, j’ai eu une hallucination.

Un muscle joua sur la mâchoire d’Alexander. On avait voulu qu’Altaïs voie ce qu’il avait vu, on avait voulu le briser, qu’il souffre d’un mensonge.

— Je t’ai vu lever la main sur moi, avoua-t-il d’une voix frêle. Et je sais que ce n’est pas réel, mais parfois tout se mélange dans ma tête et je ne sais plus démêler le vrai du faux.

— Regarde-moi, murmura Alexander.

Altaïs releva la tête, cilla comme s’il ne rêvait que de fuir.

— Je ne te frapperai jamais.

Il leva sa main, paume tournée vers son compagnon. Une lueur magique luisait au creux de ses doigts.

— Je ne te frapperai jamais. Ek svera eidr med fordae min.

Cette fois, l’expression d’Altaïs s’adoucit, se fit moins craintive. Il souleva ses talons pour embrasser Alexander, qui savoura la douceur de ses lèvres, la confiance qui les liait.

— Je sais, chuchota Altaïs.

Les glouglous du lait qui bout les firent sursauter.

— Mince !

Alexander éclata de rire en voyant la frénésie d’Altaïs pour retirer le pot des braises.

Quelques instants plus tard, ils étaient installés autour de l’un des billots – dire qu’Altaïs s’était assis dessus serait plus exact –, avec le lait brûlant et d’épaisses tranches de pain couvertes de miel.

— Cela me rappelle de bons souvenirs, sourit Altaïs.

Il engloutit une bouchée avant de poursuivre :

— Plus jeune, je prenais un malin plaisir à éviter les repas avec ma famille, donc je venais souvent ici. Les cuisiniers et les domestiques s’étaient habitués à ma présence et me traitaient bien. Puis tu as chamboulé mon quotidien…

Alexander rit en se remémorant sa stupeur la première fois qu’Altaïs l’avait emmené dans ce lieu.

— J’ignorais à l’époque qu’un prince pouvait être un habitué des cuisines.

— Tu ignorais beaucoup de choses à mon sujet, se moqua Altaïs.

Alexander constata avec soulagement que sa peau avait repris des couleurs. Une fossette creusait sa joue lorsqu’il parlait. Altaïs ne lui avait jamais paru aussi vivant depuis leurs retrouvailles après le procès, comme si le poids qui écrasait ses épaules s’était allégé. Alexander l’observa mordre dans la tranche de pain avec enthousiasme, s’attarda sur ses lèvres brillantes de miel. Altaïs rougit en surprenant son regard, devint cramoisi lorsque son compagnon lui adressa un sourire charmeur. D’un geste délicat, Alexander effleura le coin de sa bouche pour ôter une perle miellée.

— Tu m’as attiré dès la première fois que je t’ai vu. Je n’osais pas me l’avouer au début, parce que tu étais prince et que je n’étais qu’un garde, mais tu envahissais sans cesse mes pensées.

— Et maintenant ?

— Tu envahis toujours mes pensées. Et jamais tu ne les quitteras.

Le rire d’Altaïs embauma la cuisine.

— Toi non plus, tu ne quitteras jamais les miennes. Parce que les étoiles ne meurent pas.

Ils finirent tranquillement leur petit-déjeuner improvisé. Alexander repoussa comme il put la peau du lait qui avait formé une croûte molle à la surface et engloutit deux épaisses tranches de pain pour apaiser les grondements de son ventre, puis ils sortirent à pas de loup avant que les cuisiniers et les domestiques n’envahissent le lieu.

— Nous pourrions écumer la bibliothèque royale, suggéra Alexander. Pour chercher un moyen de briser le sceau qui pèse sur ton esprit. Je sais que tu ne souhaites pas en parler, et je respecte ta volonté, mais nous savons tous deux que tuer Dagmar ne te protégera pas longtemps, que nous devons faire tomber le véritable régicide et le responsable de ton emprisonnement. Nous ne trouverons peut-être rien dans la bibliothèque, mais nous avons besoin d’un point de départ, d’autant plus que quitter le palais sera compliqué ces prochains temps.

La détermination durcit les traits d’Altaïs, chassant les stigmates de la fatigue et de la peur qui avaient jusque-là marqué son visage.

— Tu as raison, nous devons trouver comment en finir une bonne fois pour toutes.

Ils s’engagèrent dans un escalier, mais une silhouette en haut des marches figea Alexander sur place. Blême, Altaïs recula d’un pas, manqua de basculer en arrière lorsque son pied rencontra le vide. Les yeux gris d’Elaran les dévisagèrent un long moment, puis il descendit les marches d’un pas calme, comme si la situation avec son neveu le laissait de marbre. Au moment où il passa devant eux, sa magie se déploya comme une tempête autour d’eux. Elle effleura Alexander, enserra Altaïs, qui plaqua ses mains sur ses tempes. Une voix résonna distinctement dans leur esprit :

« Je sais ce que tu as fait. »

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
MarieSch
Posté le 25/08/2023
Oh la la, Elaran serait donc responsable de l'emprisonnement et de la souffrance d'Altaïs ? Ca ne m'étonne pas vraiment, à vrai dire... et j'espère que Soren va prendre son courage à deux mains et faire enfin quelque chose ! J'ai hâte de voir les choses évoluer dans cette famille, les personnes encore honnêtes se rebeller contre les monstres !
En tout cas encore bravo, ces chapitres sont vraiment bien écrits, ils coulent tout seuls et l'histoire est toujours aussi prenante :)
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Coucou !

Soren accepte enfin de ne plus fermer les yeux alors même si le chemin est encore long, le plus dur a été fait pour ainsi dire. Peut-être même qu'il finira pas s'opposer à son père, puisqu'il prend conscience qu'il veut aider Altaïs !

Je suis heureuse que l'histoire te plaise toujours, merci pour tes retours adorables :)
Edouard PArle
Posté le 03/07/2023
Coucou Mathilde !
Chapitre très intéressant du pdv de Soren, ça apporte un autre éclairage, notamment sur Elaran. Son père, dont il a toujours cherché l'approbation, et qu'il voit désormais sans œillères. Je suis un peu frustré qu'Elaran ne développe pas plus ses raisons de hair Altais, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de très personnel, au-delà de cette histoire de menace. J'espère que tu le creuseras un peu plus par la suite.
Les derniers paragraphes résument bien l'état d'esprit de Soren : le dilemme demeure mais une partie du chemin a été fait.
Une petite remarque :
"Soren avait subi un véritable déferlement de rage pour avoir aider" -> aidé
Un plaisir,
A bientôt !
Mathilde Blue
Posté le 28/08/2023
Coucou !

Soren entretient, et entretiendra sans doute toujours, une relation très ambivalente avec son père, mais au moins il ne ferme plus les yeux désormais. Quant aux raisons d'Elaran de haïr Altaïs, il y a évidemment quelque chose de plus profond qui sera développé d'ici la fin (qui n'est plus si lointaine haha) !

Merci pour ton retour :)
Nathalie
Posté le 02/04/2023
Bonjour Mathilde Blue

Elaran est de plus en plus suspect. Mais pourquoi donc vouloir tuer son frère ? (Vouloir faire accuser Altaïs à sa place est plutôt évident mais qu’est-ce que cela lui apportait ?) Est-ce que l’ancien roi méprisait son frère aîné le bâtard ? Est-ce une simple vengeance fraternelle pour laquelle des innocents payent ? Toujours ces histoires de famille…
Mathilde Blue
Posté le 08/05/2023
Bonjour Nathalie,

Beaucoup de questions très intéressantes sur les raisons qui poussent Elaran à agir ainsi !
espritdepapier
Posté le 26/03/2023
Oh, Soren.
Je n'envie pas sa position. Regarder derrière soi et voir qu'on a été égoïste pour se préserver, au détriment d'un autre, ce n'est jamais agréable. Surtout quand l'autre a immensément souffert en partie à cause de nous.
Un POV très interessant, qui précise la personnalité de Soren.
Mathilde Blue
Posté le 28/03/2023
Sa position n'est vraiment pas enviable en effet ^^' Il culpabilise depuis longtemps, raison pour laquelle il était prêt à aider Altaïs à quitter la ville, mais en réalité lorsqu'il était enfant il n'aurait pas pu faire grand chose. Il a certes été égoïste, mais dans les faits il aurait de toute manière été impuissant, et voilà comment naît la culpabilité ahem x)
Taranee
Posté le 05/03/2023
Une petite pause dans ce déferlement de chapitres pour poster un commentaire...
Ces chapitres sont très intenses, il s'y passe beaucoup de choses et beaucoup d'émotions sont transmises...Je comprends que tu les aies trouvés durs à écrire...
Je trouve qu'ils sont vraiment bien réussis, les personnages évoluent chacun à leur façon, tout est très bien organisé (mais quel est ton secret pour avoir cette organisation ?). Avec tous ces retournements de situation, on a envie de lire la suite !!!
Je pense qu'Altaïs va laisser éclater sa rage lorsqu'il apprendra qu'Alexander a été emprisonné... Peut-être même qu'il deviendra réellement un régicide (non, quand même pas ^^')
Et Soren (mon chouchou ! ) ! Quelle évolution ! Il se sent enfin prêt à braver son oncle pour aider Altaïs !

Dernière chose : je trouve que les personnages de ton histoire sont tous intéressants, ils ont un développement, des sentiments et, plus que tout, ils font avancer l'histoire. Ils ont tous un rôle à jouer et je trouve ça impressionnant car cela arrive souvent (et je me confronte aussi à ce problème) que certains personnages soient laissés sur le bord de la route, avec un développement pas terminé, une histoire oubliée...
Mathilde Blue
Posté le 07/03/2023
Hello !

Merci beaucoup pour ce retour, il me touche beaucoup :) Je suis rassurée que tu aies toujours envie de lire la suite, d'autant plus que la fin se rapproche !

Pour l'organisation, disons qu'avec ce projet je partais avec la base du premier jet malgré tous les changements, ça me permettait de savoir ce que je voulais ou non ! Puis j'ai fait un plan très détaillé par chapitres pour pouvoir tout agencer et vérifier que chaque personnage avait bien son propre arc d'évolution, je suis ravie que ça fonctionne en tout cas ! Ce n'est pas facile de n'en laisser aucun en arrière ^^'

Eh oui, grosse évolution pour Soren ^^

Merci beaucoup pour ton retour <3
Taranee
Posté le 07/03/2023
Quand même ! Quelle évolution ! C'est ton deuxième jet ?
J'ai publié un deuxième jet de roman sur plume d'argent, mais je dois dire que j'avais tellement changé de choses qu'au final c'était comme si j'avais écrit une nouvelle histoire... De mon côté, même quand je réécris, c'est le bordel ! -_-'
Je devrais essayer de m'organiser plus.

J'espère que je pourrai encore profiter de ton histoire et que la fin ne se rapprochera pas trop vite ! :P
Mathilde Blue
Posté le 07/03/2023
C'est un peu difficile d'estimer ce que c'est, un premier jet existe mais j'ai changé beaucoup de choses même si les grandes lignes sont les mêmes, et j'ai de toute manière entièrement repris sur un nouveau document et je regarde très peu la première version (parce que je peux plus la voir en peinture, oups)... Après je m'organise beaucoup parce que c'est une méthode qui me convient le mieux et que je n'aime pas trop les corrections, mais ce n'est pas forcément ce qui convient à tout le monde ^^ Courage en tout cas !

Je suis sur l'écriture du dernier chapitre, il y en aura 31 en tout :p
Flammy
Posté le 25/02/2023
La première question qui m’est venue en tête, il a subi un entraînement militaire Soren ? Il continue de s’entraîner ? Parce que sans bonne condition physiquement, porter quelqu’un dans ses bras sans broncher en mode « facile », c’est compliqué en vrai ^^’ Surtout quelqu’un d’évanoui dont le corps va se mettre du coup n’importe comment.

Bon, Soren commence enfin à comprendre ce qui s’est passé x) En tant que lectrice, j’ai envie de lui coller des baffes en mode « mais c’était évident ! », mais en vrai, même en ayant vu et assisté à beaucoup de choses, bah le déni, c’est quand même bien confortable. Puis bon, même s’il a moins souffert que son cousin, son père avait pas l’air commode non plus avec lui ^^’’ Enfin, surtout qu’il en avait rien à faire de son fils x) Enfin bon, là il a pas retourné de droite à son fils malgré les mensonges et l’aide à Altaïs, serait-ce une preuve d’amour envers son fils ou la flemme de se fatiguer ? Mine de rien, il prend quand même le temps de lui répondre au début. Est-ce qu’il a un intérêt même minime pour son fils, pour le royaume/la royauté comme il l’affirme ou en fait c’est tout pour lui et il s’en fout du reste ? ^^’ J’ai surtout l’impression qu’il a une haine viscérale des élus de la magie (déso, j’ai encore oublié le nom ^^’), et que le reste, c’est surtout allons à l’efficacité, même si l’efficacité c’est très inhumain parfois ^^’

Bref, Elaran est un perso qui m’intrigue. Je vais pas dire que je l’aime bien, il reste un enfoiré hein, mais c’est un peu le même sentiment que j’avais avec la mort de Nils et Evald, il a des côtés très froids, monstrueux, et parfois, un côté plus nuancé et à chaque fois en mode « MAIS QUI ES-TU ELARAN ? ». Bref, très curieuse d’avoir plus d’explication à son sujet, même si ça n’empêche pas que j’ai envie de lui retourner des baffes.
Mathilde Blue
Posté le 01/03/2023
« Parce que sans bonne condition physiquement, porter quelqu’un dans ses bras sans broncher en mode « facile », c’est compliqué en vrai ^^’ »
C’est comme ça ok ?? Non mais c’est quoi ce chipotage là, je t’en pose des questions ?? (Oui il a subi un entraînement, mais il aimait pas ça, imagine la déception du papa)

En vrai on va pas se mentir, il savait déjà plus ou moins ce qu’il s’était, il faisait juste semblant parce que c’était plus facile et que son père le terrifie x) Mais c’est vrai qu’il ne lui a pas retourné de droite pour ses mensonges, il y a un progrès (ou juste la flemme parce qu’on est au milieu de la nuit et autre chose à foutre). En vrai il a clairement un intérêt pour le royaume, c’est juste pas noter conception à nous ! Pour son fils, c’est compliqué je dirais ^^’ Il le déteste pas, mais il ne s’y est jamais intéressé. Et ouais l’efficacité inhumaine ça ressemble bien à Elaran x)

Cela dit je suis contente qu’Elaran t’intrigue parce que j’ai souffert pour réussir à le nuancer un peu xD

Merci pour ton retour :p
Vous lisez