Chapitre 24 [NOUVELLE VERSION]

Notes de l’auteur : MAJ : 23/11/2024

Altaïs se laissa aller contre le dossier de sa chaise, les yeux clos. Un rayon de soleil matinal caressa son visage. Devant lui, un manuscrit poussiéreux était ouvert sur la table installée dans un coin reculé de la bibliothèque royale et dissimulée par les étagères chargées de vieux ouvrages. Presque une dizaine de jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait tué Dagmar, et les stigmates physiques de leur affrontement et des heures de torture subies avant son procès s’effaçaient. Le rempart qu’il avait érigé entre Alexander et lui s’était évaporé depuis leurs confidences autour d’un lait chaud, et même la mise en garde d’Elaran n’avait pas assombri leur détermination.

Pourtant, ils avaient beau éplucher les manuscrits anciens, y compris ceux rangés dans l’aile réservée à la famille royale, ils ne trouvaient rien au sujet des souvenirs scellés. Pas de précédents, pas de réponses à leurs questions, pas de solution…

Quelqu’un avait-il fait disparaître les ouvrages ou n’avaient-ils tout simplement jamais existé ?

Altaïs se redressa pour reprendre sa lecture. À cet instant, Alexander apparut entre deux rayonnages, avec un plateau garni de deux tasses fumantes et d’une petite assiette de gâteaux.

— Tu as besoin d’une pause.

— J’ai seulement les yeux qui piquent, marmonna Altaïs en se passant une main sur le visage.

— C’est bien ce que je dis, s’amusa Alexander.

Celui-ci déposa le plateau sur la table. Il en tendit une à Altaïs avec un sourire, et le jeune homme s’en empara pour le plaisir de sentir la céramique réchauffer ses mains. Même s’il n’était pas frileux, la bibliothèque était glaciale en hiver. Au moins, personne ne les y dérangeait.

— Du lait au miel, précisa Alexander en s’emparant d’un financier aux amandes.

— Tu es parfait, soupira Altaïs en buvant une gorgée, prenant garde à ne pas se brûler la langue.

Son compagnon se pencha par-dessus son épaule. Altaïs ne put réprimer un frisson lorsque son souffle caressa sa nuque, que ses lèvres effleurèrent sa tempe. Sa main grimpa jusqu’aux doigts d’Alexander posés sur son épaule, les frôla d’un mouvement aussi doux que la brise.

— Et tu es magnifique, chuchota celui-ci dans le creux de son oreille. Mais c’est un problème pour l’avancement de nos recherches : tu me distrais…

Des pétales rouges colorèrent les joues d’Altaïs, alors qu’Alexander lui adressa une œillade charmeuse.

— Je ne suis pas…

— Terriblement beau ? le coupa Alexander. Lorsque tu te regardes, tu vois tes cicatrices et ce que tu as vécu. Mais lorsque moi je te regarde, je te vois tel que tu es. Je vois ton courage, ta détermination et tes rêves.

Il releva son menton du bout des doigts, et Altaïs l’observa avec émotion, puis, lentement, il vint réclamer un baiser. Les lèvres de son compagnon avaient douceur du miel. Alexander posa une main sur sa joue pour approfondir le baiser.

Il eut soudain la certitude que rien ne pourrait les séparer.

Ils s’envoleraient ou chuteraient ensemble.

Lorsque le souffle leur manqua, Altaïs recula sans le quitter des yeux. Un sourire paisible étira ses lèvres.

— Je ne vous dérange pas ?

Il redressa brusquement la tête. Aalis s’arrêta à quelques pas de la table avec un sourire timide, accompagnée de son garde royal. Ses longs cheveux blonds dévalaient ses épaules et son dos en une multitude de filaments dorés.

— Que puis-je faire pour toi ?

— Puis-je m’asseoir à vos côtés ?

Altaïs pinça les lèvres mais acquiesça. Elle s’approcha et tira l’une des chaises libres, tandis que le garde royal restait debout près de l’une des étagères, observant les alentours d’un regard attentif.

— J’ai fait des recherches de mon côté, mais je n’ai rien trouvé, déclara-t-elle, les traits plissés par la concentration. Très peu de traces écrites existent sur la magie de l’esprit, je doute que vous découvriez quoi que ce soit dans ces manuscrits. Je suis allée voir le mage qui m’a appris à utiliser la mienne, mais il n’a jamais entendu parler d’un moyen de briser un sort ou un rituel qui scellerait les souvenirs sans l’accord de celui qui en est responsable.

— Formidable, grinça Altaïs. Nous voici donc revenus au point de départ.

Aalis esquissa une grimace peinée.

— J’ai cependant des informations qui pourraient vous aider. Si nous ne pouvons pas trouver ce que nous cherchons, il existe un lieu qui abrite les secrets de la Magie.

— Le Grand Temple d’Issarta, murmura Altaïs.

— Tu trouveras peut-être des réponses là-bas, acquiesça Aalis.

— Je ne suis pas censé quitter le palais.

— Cela te pose-t-il vraiment problème ?

Un rictus étira les lèvres d’Altaïs.

— Je voulais vous parler d’autre chose également. Je n’ai peut-être pas de solution à vous apporter concernant le sort qui pèse sur tes souvenirs, mais il existe en revanche un moyen de protéger ton esprit : tu n’as plus aucune protection, ce qui signifie que n’importe qui peut s’y introduire sans que tu ne puisses rien y faire. Il te faut donc un bouclier, quelqu’un capable de protéger ton esprit.

— Je ne…

Altaïs s’interrompit brusquement en comprenant où sa cousine voulait en venir. Celle-ci se tourna vers Alexander.

— Tu maîtrises une puissante magie défensive. Tu as tendance à projeter les boucliers que tu crées autour du corps pour le protéger, mais si tu envisages ton champ d’action d’une autre manière, tu pourrais également toucher l’esprit. Cela comblerait les failles d’Altaïs.

Alexander tapota nerveusement la table du bout des doigts.

— Mais ce ne sera pas une protection pérenne. Mes boucliers ne durent pas dans le temps, pas à ce point en tout cas. Ou il faudrait que je recoure à l’utilisation des runes pour former un lien un tant soit peu tangible.

— Il vous appartiendra donc de savoir quand tu devras y avoir recours.

Aalis hésita un instant, le visage sombre, puis elle adressa un rictus navré à Alexander.

— Peux-tu nous laisser seuls ?

Altaïs se crispa.

— Je n’en aurai pas pour longtemps, souligna Aalis.

Pourtant, Altaïs discernait dans son regard une lueur apeurée qu’il ne savait pas comment interpréter. Le garde royal s’approcha à cet instant et inclina la tête face à Alexander.

— Je peux t’offrir de faire quelques passes d’armes.

— Maximilien a toute ma confiance, précisa Aalis. Vous pouvez parler et agir sans crainte devant lui.

Altaïs et Alexander échangèrent une œillade hésitante. Aalis leur avait montré depuis le procès qu’elle s’évertuerait à les soutenir, mais de là à lui faire confiance… Il fit pourtant signe à son compagnon que la décision lui appartenait. Après quelques instants de doute, Alexander se leva pour rejoindre Maximilien. Altaïs les observa s’éloigner, les sourcils froncés, puis se tourna vers Aalis, qui avait rarement paru aussi peu sûre d’elle. Ses doigts tordaient le tissu de sa robe sans se soucier de l’abîmer.

— Je…

Elle déglutit. Le regard impassible d’Altaïs semblait accroître son trouble.

Respire. Elle ne te fera pas de mal.

Qu’en savait-il ?

— Je suis désolée d’avoir fermé les yeux si longtemps, souffla-t-elle. D’avoir agi comme si de rien n’était alors que tu souffrais tout ce temps.

Altaïs la dévisagea en silence, persuadé qu’il ne s’agissait pas de ce qu’elle avait voulu lui dire en premier lieu.

Elle ne te fera pas de mal.

Mais…

— Je ne peux pas te faire confiance alors que… ta magie…

Aalis blêmit.

— Tu me juges sur ma magie comme on t’a jugé sur la tienne.

— Je te juge sur ce que tu n’as jamais fait et tout ce que tu pourrais faire.

Ils s’affrontèrent du regard en silence pendant de longues secondes. Aalis possédait une magie de l’esprit, ne lui avait jamais témoigné le moindre soutien par le passé. Peut-être était-elle sincère, peut-être l’avait-elle aidé lors du procès parce qu’elle croyait en son innocence. Ou peut-être parce que cela avait servi ses intérêts d’une manière ou d’une autre. Elle avait reconnu elle-même qu’Altaïs n’avait plus aucune protection autour de son esprit ; rien n’aurait pu l’empêcher de s’y introduire, de le manipuler, de le briser.

arrête. arrête. arrête.

L’expression d’Aalis s’adoucit, comme si elle comprenait ce qui lui avait échappé jusqu’alors.

— Tu as raison. Alors laisse-moi te prouver que tu peux me faire confiance, que tu peux t’appuyer sur moi.

Elle lui tendit une main avec un sourire doux, compréhensif. Altaïs hésita un instant ; ce n’était pas comme s’ils étaient proches, comme s’il avait cherché à la mettre à l’aise, et pourtant elle ne lui en tenait pas rigueur. Et si les excuses de sa cousine n’apaisaient pas la colère qu’il éprouvait à l’égard de sa famille, Aalis avait tout de même le mérite d’en faire.

Il attrapa sa main d’un geste presque craintif. La magie d’Aalis se déploya autour d’eux, les enveloppa dans un cocon chaleureux, frôla la lisière de son esprit, comme pour demander l’autorisation de s’y aventurer. Altaïs s’efforça de se détendre, et un flot d’images déferla, une vie qui n’était pas la sienne.

un jeune homme aux boucles châtains

des sourires des œillades des frôlements

le cri d’un père des larmes tellement de larmes

et la magie qui frappe l’esprit pour lui faire oublier les derniers souvenirs.

— Tu connais mon secret désormais, et tu sais ce qu’il me coûterait. Quant à moi, je te promets de ne jamais te trahir. Je ne fermerai plus les yeux.

Une lueur d’espoir tremblota dans les yeux pâles d’Altaïs. Puis, doucement, il inclina la tête pour sceller leur promesse de paix.

 

 

Le souffle court, Alexander appuya son épée contre l’un des piliers en pierre qui longeaient la cour. Une fine pellicule de sueur recouvrait son front et humidifiait sa tunique aux manches retroussées en dépit des températures fraîches du début de printemps. Maximilien lui avait donné du fil à retordre au cours de leur affrontement, durant lequel ils avaient convenu de ne pas utiliser leur magie. S’il possédait un caractère calme et taiseux, il n’en était pas moins un adversaire redoutable et Alexander n’avait pas réussi à prendre le dessus sur lui avec son épée. Malgré cette défaite, se défouler ainsi lui avait fait le plus grand bien.

— Souhaites-tu poursuivre ? demanda Maximilien.

Alexander hésita en étirant ses muscles crispés par l’entraînement. Ces passes d’armes lui rappelaient celles qu’il échangeait souvent avec Nils, mais il ne voulait pas laisser Altaïs seul trop longtemps…

Il n’est pas seul, se réprimanda-t-il.

Mais pouvait-il faire confiance à Aalis ?

Il grinça des dents en songeant au regard noir que lui adresserait Altaïs s’il l’entendait penser. Son compagnon était capable de se défendre. Et puis s’il gelait le palais par inadvertance, serait-ce vraiment un problème ?

— Avec plaisir, répondit-il.

Il récupéra son épée, s’éloigna du pilier pour ne pas être gêné dans ses mouvements, et se positionna face à Maximilien. Celui-ci fléchit les genoux et brandit sa propre arme. À cet instant, son regard dévia par-dessus l’épaule d’Alexander et il écarquilla les yeux. Alexander n’eut pas le temps de pivoter qu’une voix puissante claqua dans son dos :

— Je serais très intéressé par l’idée de t’affronter, Protecteur.

Il se retourna lentement pour faire face à Harald, qui l’observait avec une expression goguenarde. Deux gardes l’encadraient. Face à l’immobilité d’Alexander, son sourire torve s’accentua.

— Allons, je suis simplement curieux de découvrir tes prouesses…

Alexander ne réagit pas tout de suite. Tout le poussait à refuser, mais c’était le roi qui lui donnait un ordre. En lui tenant tête la nuit où Altaïs avait quitté le palais, Alexander s’était déjà attiré ses foudres. Maintenant que sa raison avait repris le pas sur sa colère, pouvait-il se permettre de contrarier davantage Harald alors que son compagnon faisait tout pour l’éviter ?

Le plus simple était d’accepter.

Et de s’écraser.

— À vos ordres, céda-t-il en serrant les dents.

Harald esquissa un rictus satisfait tandis qu’il faisait signe à ses gardes de reculer.

— Approche, ordonna-t-il.

Alexander ravala sa dignité pour s’exécuter et se placer non loin du souverain, son arme tendue devant lui. Harald leva une main ; une longue épée se matérialisa au-dessus de sa paume. Alexander frémit. Comme lui, son adversaire utilisait une magie de la matière, mais si la sienne lui permettait de créer une infinité de protections, celle d’Harald lui offrait la possibilité de matérialiser des armes. Elles étaient aux antipodes l’une de l’autre.

Le premier coup heurta la lame d’Alexander avec une telle force qu’il dut reculer de plusieurs pas sous le regard railleur de son adversaire. Il para de justesse l’attaque suivante, tenta une fente vers l’avant qu’Harald arrêta brutalement. Les pieds d’Alexander frappèrent les pavés lorsqu’il se déporta sur le côté.

Harald se battait très différemment d’Altaïs ; le premier possédait une force brute et précise, le second évoluait tout en souplesse et en rapidité. Pourtant, Alexander discernait une technique similaire dans certains de leurs mouvements. Ce fut sans doute ce qui lui sauva la mise lorsque le roi lui porta un coup d’estoc qui manqua son visage de quelques centimètres. Alexander recula en titubant.

Autour d’eux, les domestiques et les gardes qui circulaient dans la cour s’étaient immobilisés pour observer l’affrontement. Alexander n’apercevait plus Maximilien.

— Bon chien, le nargua Harald.

Alexander le foudroya du regard et riposta d’une fente vers l’avant. Leurs lames s’entrechoquèrent avec fracas.

— Dis-moi, tu aimes vraiment faire gémir mon cousin comme s’il était une femme ? Avant le régicide déjà, il se comportait comme une traînée…

Un grondement furieux lui échappa. Harald cherchait à l’atteindre en insultant Altaïs et leur relation, conscient qu’Alexander ne pouvait pas riposter.

Il ne devait pas perdre son sang-froid.

Il devait…

Une douleur fulgurante cisailla soudain sa cuisse. Il jeta un coup d’œil hébété au sang qui rougissait déjà l’étoffe déchirée de son pantalon, au niveau de l’entaille que venait de tracer une dague. Sa mâchoire se crispa lorsqu’il réalisa qu’Harald avait utilisé sa magie pour faire apparaître le couteau qui l’avait blessé. Il releva la tête et surprit son expression narquoise.

Harald ne lui laissa pas le temps de répliquer ; son épée vola vers le bras d’Alexander… et percuta violemment le bouclier qu’il matérialisa. Le choc vibra jusque dans ses os, et une grimace déforma les traits de son adversaire. Une deuxième dague apparut au-dessus de sa paume, mais elle ricocha elle aussi sur le bouclier d’Alexander.

Il ne devait pas perdre son sang-froid.

Il ne devait pas laisser sa colère prendre le dessus.

Il devait se taire et s’écraser.

— Tu te contiens mieux que lui lorsqu’il hurlait dans sa cellule avant le procès.

La fureur explosa dans sa poitrine. Un voile rougit sa vision.

Alexander pouvait supporter des remarques sur son rôle auprès d’Altaïs, encaissait des insultes au sujet de leur relation, mais qu’Harald se moque de ce qu’il avait infligé au jeune homme, de sa souffrance…

Tais-toi. Écrase-toi.

Profitant d’une faille dans la garde du roi, Alexander bondit vers lui. Une douleur cuisante transperça son mollet au même instant. Sa jambe se déroba sous son poids, son genou cogna les pavés. Harald leva son épée et la dirigea vers l’épaule d’Alexander.

— Harald !

Ils se figèrent. Un crissement résonna autour d’eux, si léger qu’il en devenait à peine perceptible. Une bourrasque glaciale balaya la cour. Lentement, une couche de givre serpenta sur le sol et emprisonna les pavés dans un carcan de glace. Harald se tourna pour faire face à Altaïs, accompagné d’Aalis et Maximilien. Ses prunelles bleu pâle étincelaient d’une colère silencieuse. Il s’avança sur les pavés gelés ; la glace s’épaississait toujours plus sous ses pas. Sa voix claire s’éleva dans la cour :

— Écarte-toi.

— N’ai-je pas le droit de m’entraîner avec un ancien Protecteur ?

Altaïs s’immobilisa à une dizaine de pas de son cousin. Un rictus froid étira ses lèvres. Alexander détesta l’absence d’émotions sur son visage, cette lueur impitoyable dans son regard.

— Touche-le ne serait-ce qu’une seule fois, et je gèlerai ce palais jusqu’à ce qu’il vole en éclats.

La prise d’Harald se raffermit sur la poignée de son épée.

— Vraiment ? Tu n’étais pas aussi assuré lorsque tu me suppliais de le libérer.

Il plissa les yeux en apercevant la glace serpenter le long des piliers, leva une main…

— Arrêtez ! hurla Aalis. Arrêtez ! Nous devions être une famille !

— Peu importe ! Aucun prince ne défiera le royaume !

— Défier le royaume ou te défier toi ? siffla Altaïs.

Une dague apparut au-dessus de la paume d’Harald.

— Harald ! Altaïs !

Aalis fit quelques pas sur la glace en chancelant. Lorsqu’elle comprit que son frère ne l’écouterait pas, elle projeta sa magie vers lui. Harald la repoussa si violemment qu’elle tituba vers l’arrière sous le choc et se serait écroulée si Maximilien ne l’avait pas rattrapée.

— Petite sotte ! gronda Harald. Ne t’avise plus d’utiliser ta magie contre moi !

Puis il se tourna vers Altaïs en lui jetant un regard meurtrier.

— Quant à toi…

— Viens ! Finissons-en !

Des flocons virevoltèrent dans la cour. La glace grimpa le long des bottes d’Harald jusqu’à immobiliser ses jambes.

— Altaïs !

La voix d’Aalis claqua dans son dos.

— Je sais que tu veux obtenir justice, mais ce n’est pas ainsi que les choses changeront.

Le mouvement des flocons ralentit autour de lui.

— Je t’en prie…

Ils s’étiolèrent comme s’ils n’avaient jamais existé, et les rayons du soleil revinrent caresser la surface brillante de la cour. Altaïs s’approcha d’Harald et d’Alexander, murmura en passant près de son cousin :

— Moi aussi, je peux t’humilier. Ton autorité ne signifie plus rien à mes yeux.

Il s’arrêta près d’Alexander et lui tendit une main pour l’aider à se relever. Une douleur sourde pulsait au niveau de sa cuisse et de son mollet. Une fine pellicule de givre recouvrit ses plaies et anesthésia la sensation de brûlure.

— M’accompagnerais-tu hors du palais ? J’aimerais visiter le Grand Temple.

Alexander acquiesça, incertain sur la conduite à adopter. Altaïs tourna la tête vers Harald avec défiance.

— La glace se résorbera sous peu.

Puis il se dirigea vers les portes du palais. Alexander en oublia de respirer, craignant un ordre, une réaction, une attaque, mais rien ne les retint.

 

 

Le soleil de l’après-midi caressait avec langueur les devantures colorées des commerces. Du coin de l’œil, Altaïs aperçut Alexander esquiver un passant, les sourcils froncés par la contrariété.

— Tu n’aurais pas dû intervenir. Harald ne te le pardonnera pas.

Altaïs pinça les lèvres.

— Dit celui que j’ai retrouvé en train d’affronter le roi…

— Je n’ai pas vraiment eu le choix, se rembrunit Alexander.

— Je sais. Harald a eu ce qu’il méritait.

Altaïs ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction d’avoir enfin remis Harald à sa place.

Je sais que tu veux obtenir justice, mais ce n’est pas ainsi que les choses changeront.

Qu’en savait Aalis ?

Qu’était-il censé faire ?

Il avait courbé l’échine et rien n’avait changé. Au contraire, plus les jours passaient plus Harald perdait pied, rongé par une haine qui ne semblait avoir aucune limite. Désormais, le roi saurait à quoi s’en tenir. Altaïs lui tiendrait tête, les ferait tous chuter, ou se briserait les ailes en essayant.

Ils cheminèrent en silence jusqu’au Grand Temple. Altaïs ne put réprimer un frisson ; encore plus vaste que celui d’Issfyrit, l’endroit lui remémora les illusions dont il avait été victime en fuyant la ville avec un remède pour Alexander. Ils entrèrent sans un bruit dans le lieu désert à cette heure. Une lueur aveuglante émanait de la pierre blanche dans laquelle avait été taillé l’édifice imprégné de magie. Au fond, encerclant un autel, se trouvaient quatre imposantes statues de femmes : les quatre formes de la Magie. Le regard d’Altaïs s’attarda un instant sur Vetr, qui incarnait l’hiver, le givre qui semblait recouvrir sa peau et ses cheveux enneigés. Il lui fallut un long moment pour s’en détourner.

« Vous apportez beaucoup de colère et de haine en ce lieu, jeune prince… »

Il se retourna brusquement, mais ne croisa que le regard soucieux d’Alexander.

— Tout va bien ?

— Tu n’as pas entendu ?

Alexander fronça les sourcils en secouant la tête. Altaïs déglutit ; la voix se répercutait entre les murs comme des échos sans fin, venant de nulle part et de partout à la fois.

« Vous marchez dans les ténèbres…

ténèbres…

ténèbres… »

Altaïs sursauta en sentant un courant d’air caresser son visage.

— Que venez-vous faire en ce lieu, Altaïs Isstarna til Issheimr ?

Une femme sortit de l’ombre des statues, vêtue de la traditionnelle robe blanche ceinte d’un cordon doré des prêtres et prêtresses de la Magie. Son visage était de ceux auxquels on ne peut attribuer un âge, si lisse qu’on aurait pu le croire éternellement jeune, mais une sagesse ancienne modelait ses traits. Elle posa ses yeux bruns sur eux avec une expression indéchiffrable.

— Je cherche des réponses.

— Pour obtenir justice ou pour obtenir vengeance ?

— Les deux se confondent parfois, répliqua Altaïs.

— Elles se confondent dans votre esprit parce que vous n’entrevoyez plus d’autre avenir.

Il serra les dents.

— C’est faux. Ce n’est pas le seul…

— Vraiment ? le coupa la prêtresse d’une voix douce. Vous êtes pourtant prêt à tout pour faire chuter ceux qui s’en sont pris à vous.

Elle avança dans leur direction, et les lignes de son visage oscillèrent, comme si elle possédait plus d’un visage.

— Je ne pensais pas revoir un fordaedarn et son skoldr de mon vivant.

Altaïs mit un instant à assimiler l’information, sans savoir ce qui le surprenait le plus.

— Vous avez connu la dernière fordaedarn ? balbutia-t-il.

Et la prêtresse savait ce qu’ils étaient…

— Je suis la mémoire de notre peuple, répondit-elle avec douceur. La mémoire de la Magie. Votre prédécesseuse et son frère faisaient partie de votre famille, ils étaient les derniers nés du roi Arnvald.

Altaïs écarquilla les yeux, ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Evald leur avait expliqué que sa prédécesseuse et son skoldr avaient vécu à l’époque du règne d’Arnvald, son arrière-grand-père, mais il n’avait jamais mentionné qu’ils avaient eux-mêmes appartenu à la famille royale.

Leur sang coulait dans les veines d’Altaïs.

Et son arrière-grand-père les avait tués, avant de maudire les fordaedarn.

Leur propre père.

— Je… Je ne comprends pas…

— J’imagine que ce n’est qu’un secret de plus au sein de votre famille. Ils ont connu les guerres intestines entre le Nord et le reste du royaume et la politique tyrannique qu’a instaurée leur père. Ils s’y sont opposés, persuadés qu’Issheimr courait à sa perte, mais affronter son père n’est jamais chose aisée et ils étaient encore jeunes. Arnvald les a tués pour prouver que personne, pas même ses propres enfants, n’avait le pouvoir de lui tenir tête. Suite à cela, son fils aîné, qui a ensuite hérité du trône, n’est devenu qu’une pâle copie de son père.

Altaïs inspira profondément pour calmer les battements affolés de son cœur. Ses mains tremblaient tant qu’il ne parvenait pas à le dissimuler.

— Ce n’est pas… Je n’en ai jamais… jamais entendu parler…

— Vous êtes l’héritier des fordaedarn, Altaïs. Votre prédécesseuse est née parce qu’Arnvald empoisonnait le royaume. Aujourd’hui, c’est à vous qu’il incombe de réparer l’équilibre qui a été brisé.

Alexander s’avança pour se placer aux côtés de son compagnon et poser une main tendre sur son épaule.

— Pourquoi l’équilibre vacille-t-il aujourd’hui ? demanda-t-il.

— Vous le savez déjà, n’est-ce pas ? Comment peut-il perdurer alors que la famille qui doit veiller sur le royaume et la Magie se brise ? Elle est l’équilibre, mais depuis des décennies, elle se déchire toujours plus.

Altaïs recula en titubant.

— Je ne peux pas… Je ne peux pas restaurer cet équilibre dont vous parlez alors que je suis…

alors que je suis moi.

alors que je suis brisé.

— Vous craignez ce que vous êtes, répliqua la prêtresse avec bienveillance. Vous craignez ce que vous incarnez aux yeux de votre famille, vous craignez votre magie. Mais vous n’êtes pas seul : vous avez su trouver un semblant d’équilibre.

Le regard d’Altaïs dériva vers Alexander.

à tes côtés, j’ai l’impression de reprendre vie.

— Vous vous trouvez à un carrefour, Altaïs. Vous pouvez choisir de sombrer jusqu’à un point de non-retour, ou vous pouvez vous tourner vers l’avenir.

— Sans mes souvenirs…

La prêtresse esquissa un sourire peiné.

— Vous avez la clé. Seulement, vous n’êtes pas encore prêt à l’utiliser, mais le temps joue contre vous.

— Comment cela ? balbutia Altaïs.

Elle plissa les yeux en les observant. Et soudain, la lumière réfléchie par la pierre de l’édifice s’intensifia jusqu’à les aveugler. Altaïs ferma les yeux un instant, et des centaines d’échos, de voix des temps passés, résonnèrent autour de lui, dans sa tête, dans sa poitrine.

fordaedarn… fordaedarn… fordaedarn… enfant de la Magie à l’esprit brisé, étouffé…

Altaïs sentit une résistance dans son esprit, quelque chose se fêla, sans pour autant céder.

— Le silence qui vous a été imposé, celui que vous vous êtes imposé, est en train de vous tuer. La magie de votre oncle est en train de vous tuer.

Altaïs n’entendit pas le cri d’Alexander, assourdi par le silence. Quelque chose se brisa dans sa poitrine.

 

 

Et quelque chose se brisa dans l’esprit d’Alexander.

souvenir trouble et vaporeux

cette silhouette qui emporte Altaïs

ce visage statufié

incrusté de deux pierres gris anthracite.

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Edouard PArle
Posté le 12/01/2024
Coucou Mathilde !
Un chapitre à la fois inquiétant et rassurant.
Inquiétant parce qu'Elaran est très loin d'avoir dit son dernier mot, qu'il possède une très grande influence sur son frère. Je trouve que leur dialogue est très bien écrit d'ailleurs. C'est intéressant que Dagmar n'ait pas agi sur ordre d'Elaran, ça vient légèrement nuancer le portrait de l'antagoniste. La manière dont il le fait comprendre à Altaïs est assez perfide, il en profite pour essayer de prendre l'ascendant sur son neveu. Ca rend la scène super intéressante et plutôt complexe.
Rassurant d'un autre côté parce qu'on a des petites pointes d'espoir. Le personnage d'Adela vient apporter une douceur rassurante dans cette famille royale assez tourmentée. Et l'amour entre Alexander et Altaïs est une force qui sera bien nécessaire pour se tirer de leur situation...
Je continue ma lecture !
Nathalie
Posté le 02/04/2023
Bonjour Mathilde Blue

L’ancien roi avait-il une magie trop puissante ? Elaran ne parvenait pas à le contrôler ? Celui-là est moins résistant, permettant à Elaran de gouverner sans que cela ne se voit ? Avait-il espéré qu’Altaïs l’aide à accomplir son objectif en en faisant son petit chien ? Sa résistance a-t-elle fini par lasser son oncle ? Heureusement, ils se retrouvent mais comment combattre un tel adversaire ?

Propositions de correction :

Il inspira profondément pour tenter les battements affolés de son cœur.
→ Il manque des mots. Pour tenter « de calmer » ? Ou peut-être « Pour calmer » à la place de « tenter » ?

Je ne sais pas encore ce que je peux faire, si ce n’est convaincre qu’Harald qu’il s’engage sur une mauvaise voie,
→ Si ce n’est convaincre Harald qu’il
Mathilde Blue
Posté le 08/05/2023
Bonjour Nathalie,

Toujours des questions intéressantes, qui trouveront bientôt leurs réponses ;)

Merci pour les coquilles !
AlodieCreations
Posté le 28/03/2023
ouf ! Les voilà à nouveau réuni ensemble pour l'instant, c'est déjà ça.

Bon, finalement je ne vais peut être pas pousser Harald dans les escaliers, il y a peut être encore un petit espoir de faire en sorte que l'influence de l'autre (insérez ici une insulte au choix) finisse par s'en aller, si on s'y prend bien !
Mathilde Blue
Posté le 01/04/2023
Haha, Harald est pas complètement une cause perdue, mais disons qu'il est sous influence depuis très longtemps ^^' Disons que certaines personnes (une en particulier) parviendront peut-être à changer le cours des choses :p
espritdepapier
Posté le 26/03/2023
Tant de révélations, de jeux de pouvoirs, de manipulations !
Seigneur, les gens qui contrôlent l'esprit, faut pas s'y fier :O (oui, Elaran est un pourri, on le savait déjà d'avant. Mais quand même !)
Pitié, j'espère qu'ils ont plus de 5 lignes de calme avant qu'une autre horreur vienne s'aligner avec toutes les autres :'(
(je kiffe Adela ♥)
Mathilde Blue
Posté le 28/03/2023
C'est vrai que c'est un gros chapitre ^^'
On va dire que tous les mages de l'esprit ne sont pas pourris (merci Aalis de remonter un peu le niveau xD)...
Trop contente que tu aimes Adela en tout cas ! Elle aussi elle rattrape un peu le reste de la famille x)
Taranee
Posté le 06/03/2023
Si je comprends bien, Elaran est donc celui qui a placé Altaïs sous la "surveillance" de Dagmar.... Mais tant de questions se posent ! Pourquoi ? Et aussi, quel rôle a joué Elaran dans le régicide ? Qui a assassiné Thorvald ?
"Comment se battre contre quelqu'un qui a déjà gagné ?" C'est une question intéressante et j'ai l'impression qu'elle joue un rôle important dans ton roman. Elle est présente un peu partout : Lors de la captivité d'Altaïs, qui n'a jamais cessé de se battre, même si c'était peine perdue, lors de sa fuite avec Alexander, ils n'ont pas baissé les bras alors qu'ils avaient le royaume entier à leurs trousses. Néanmoins, cela prouve qu'il ne faut jamais abandonner, que, justement, si on continue à se battre, on finit par réussir.
Mathilde Blue
Posté le 07/03/2023
Re !

Tu comprends bien ! Quant aux questions que tu te poses, elles trouveront bientôt leurs réponses ;)

Oui, c'est vrai que c'est une question importante. D'ailleurs la question n'était pas tant de savoir qui est coupable mais comment le dire et comment le prouver. Donc c'est vrai que c'est un questionnement qui traverse tout le roman !

Merci pour ton commentaire ! :)
MrOriendo
Posté le 02/03/2023
Hello Mathilde !

Un chapitre très intéressant qui nous apporte pas mal d'informations, ou en tout cas confirme de nombreux soupçons. Elaran a donc le pouvoir d'influencer les autres, et l'exerce sur le roi pour contrôler la politique du royaume. Intéressant. J'ai hâte de découvrir quelle forme prend concrètement ce pouvoir, Harald est-il finalement sa marionnette, son pantin qu'Elaran contrôle totalement à sa guise ? Ou bien le pouvoir d'Elaran l'a-t-il "simplement" influencé de manière plus subtile, sur la durée, pour faire changer le roi jusqu'à ce qu'il embrasse de lui-même le point de vue d'Elaran ?

L'autre grosse révélation "majeure" c'est cette histoire de verrou sur les souvenirs d'Altaïs. Jusque-là j'étais persuadé (et c'est sans doute ce que tu voulais) qu'Elaran était celui qui avait posé ces verrous pour l'empêcher de le dénoncer. Mais de toute évidence, c'est bien plus profond et compliqué que ça, puisqu'Altaïs aurait lui-même façonné les plus puissants, à tel point que lorsqu'il essaie de les forcer il se retrouve à saigner physiquement ?
Si je comprends bien, il a fracturé son esprit et il est en train d'en mourir à petit feu ?
Je comprends mieux pourquoi tu me disais que toute la deuxième partie du bouquin allait être consacrée à la reconstruction d'Altaïs, y'a un sacré chantier et en plus, il devient urgent !
Mathilde Blue
Posté le 04/03/2023
Hello Ori !

Il y a en effet pas mal d'informations ou de confirmations de soupçons dans ce chapitre ! Au sujet de la manière dont Elaran influence les autres, c'est en effet plus subtil qu'une simple marionnette, plutôt une influence sur le long terme ! On le constate à la manière dont Harald part en vrille avec Altaïs alors qu'Elaran était finalement plutôt en mode "je vais le laisser mourir en silence"...

Pour Altaïs, c'est en effet assez compliqué. Son esprit s'est retrouvé fracturé pour plusieurs raisons du fait de plusieurs personnes. D'une part les verrous qu'Elaran a créés, puis ceux qu'Altaïs a lui-même créés inconsciemment, et enfin une dernière strate dont on ne sait rien pour l'instant ^^' Mais donc il y a une accumulation de choses qui ont fracturé son esprit et sont en train de le tuer à petit feu à force de rester enfouies au fond de lui...

Merci pour ton commentaire ! :D
Flammy
Posté le 25/02/2023
J’ai trouvé vraiment ce chapitre ultra intéressant sur beaucoup d’aspects =D

Bon, on a un peu confirmation dans ce chapitre qu’Elaran contrôle Harald dans l’ombre et que du coup, la haine/rage irrépressible d’Harald contre Altaïs doit au moins venir d’Elaran. Yeah. Et c’est très rassurant d’avoir Elaran au pouvoir. En vrai, j’dis ça, à part son côté très conservateur et sa haine de son neveu, le royaume a l’air de tenir debout, c’est déjà ça ^^’ (D’ailleurs, je crois me rappeler que la situation du royaume était pas si ouf que ça à cause de l’isolationnisme, mais si c’est vraiment important, ça serait peut-être cool d’en remettre parfois une couche, parce que le côté « la société est pas parfaite », on l’a surtout pour Alex qui a vécu dans la ville basse orphelin, mais ce genre de chose se retrouve malheureusement dans énormément de sociétés donc c’est pas forcément marqueur d’une société qui va particulièrement mal je trouve ^^’

Bon, bien sûr Elaran qui balance à Harald pour l’homosexualité d’Altaïs =’D Autant, ça m’a fait rire qu’Harald ait pas été foutu de s’en rendre compte tout seul (alors que tout le château doit avoir compris x) ), autant j’aurai préféré qu’il sache pas vu ce qu’il veut en faire ;.; Non, ça ne se fait pas de menacer Alex pour inciter Altaïs à le laisser tuer plus tard. Putain, toute cette scène est glaçante, mais au final, Harald paraît juste fou/sous le contrôle d’Elaran. En vrai, est-ce qu’Elaran a vraiment le contrôle d’Harald correctement et est-ce que ça risque pas de dégénérer et de faire de la merde ? Parce qu’il a l’air assez hors de contrôle là, vu qu’il veut tuer lui-même Altaïs alors qu’Elaran a abandonner l’idée j’ai l’impression.

A chaque fois qu’Elaran disait qu’Altaïs serait bientôt mort, pour moi il me menaçait en mode « je vais te tuer », mais dans ce chapitre, j’ai eu une grosse révélation. Il a juste vu comme Aalis les 4 strates et il sait qu’Altaïs en a plus pour longtemps à vivre, non ? Le simple faite que si Altaïs refait de la merde, il « sévit » juste et pas le tue alors qu’il parle de sa mort de manière chill, c’est assez révélateur, et c’est ultra glaçant je trouve, je m’attendais pas du tout à un truc du genre alors qu’on avait tous les éléments et ça fait vraiment gros retournement sur la vision qu’on a du perso je trouve.

Le pire, c’est qu’il passe vraiment pas pour un enfoiré dans ce chapitre ><’’’ Bon, il a des manière très brusques et méprisantes, on va pas se mentir, mais quand il essaie sincèrement de comprendre la réaction d’Altaïs, il va pas fouiller en mode violent, pour aider Altaïs à parler et lui faire comprendre que c’est lui qui se met une barrière, il relève même un peu le sceau, explique à Altaïs la situation et fait même « Ok, t’a eu raison de buter Dagmar, je suis fier que tu suive mon éducation fiston » (bon, j’extrapole un peu). Bref, ses manières, c’est pas du tout ça, mais ça donnerait presque l’impression qu’il veut aider Altaïs à comprendre ce qui lui arrive ;.; QUI ES-TU ELARAN BON SANG ?! Bon, je doute que ça soit un gentil caché depuis le début, on va pas se mentir x) Mais là, il aurait pu juste se casser et il l’a pas fait de suite ;.; Et choupette qui essaie de forcer au point de saigner du nez et qui comprend même pas ce qui lui arrive ;.; Faut vraiment qu’Alex sorte la colle là !

Bon, Adela, je l’aime bien ❤️ Ca se sent tellement qu’elle a le cul entre deux chaises, qu’elle aime son mari, mais qu’il fait grave de la merde, qu’il s’engage sur une voie pas cool et qu’elle peut pas faire grand-chose pour l’en empêcher. Elle essaie quand même, jouant sur le fait qu’assez clairement, Harald l’aime pour tenter de l’attirer dans la bonne direction. Leur relation est touchante, dans le sens où on voit qu’il tient vraiment à elle, qu’il est prêt à passer l’éponge sur tous les moments où elle reste pas à sa place. Bon, visiblement une excuse, son « empathie » qui dans ces moments lui pourrissent bien la vie. Bon, en même temps, c’est normal, les gens très empathiques sont rarement très heureux, pour les mêmes raisons qu’elle ^^’ En tout cas, clairement, c’est la meilleure reine dont on aurait pu rêver vu la situation ^^’

Bon, et les retrouvailles avec Alex ❤️ Bon, encore une fois, ils vont en vrai être tranquille que deux heures, ne serait-ce qu’Alex lui il va remarquer et pas passer ça dans la case déni si Altaïs saigne du nez ^^’ Plus de colle pour ces petits !

Ah, et sinon, avant que j’oublie, remarque sur la forme, c’est rare. Le début de la scène a été très confus pour moi. Je sais pas si c’était moi qui était fatigué ou si c’était la structure avec deux ligne au présent, tout de suite retour en arrière, retour au présent, mais d’habitude, ça ne me pose pas trop problème, mais là j’ai eu du mal à resituer ce qui s’était passé.

Sinon, vraiment, chapitre très très cool, avec énormément de choses et de révélations dans mon esprit, j’ai trouvé ça très bien géré =D
Mathilde Blue
Posté le 01/03/2023
Coucou !

Je suis super contente que tu trouves le chapitre intéressant, j’avais pas mal de choses à développer dedans !

Eh oui, RIP Harald contrôlé par Elaran (effectivement, ça attise sa haine envers Altaïs). Mais effectivement, s’il a une politique très conservatrice, il souhaite le « meilleur » pour ce royaume (de son point de vue évidemment). Par rapport au fait que la situation du royaume n’est pas terrible, disons qu’elle a l’avantage d’être stable, mais une stabilité qui découle d’une période assez sombre, donc ce n’est pas l’idéal, mais ce n’est pas une catastrophe actuellement.

Ouais, bonjour l’intimité dans cette famille (et les coming-out forcés)… Clairement, Harald se voilait la face parce que pour lui c’est difficilement concevable ^^’ Mais je suis contente que la scène soit glaçante parce que le but c’était vraiment de montrer qu’Harald part en vrille, que l’emprise d’Elaran vacille un peu (dans le mauvais sens vu que c’est encore pire) et qu’Altaïs est impuissant face à ça…

« Non, ça ne se fait pas de menacer Alex pour inciter Altaïs à le laisser tuer plus tard. »
=> C’est pas toi qui avais suggéré qu’il torture Alex pour faire pression sur Altaïs ? …

Pour Elaran, oui tu as raison sur le fait qu’il sait qu’Altaïs va mourir, on y reviendra dans pas longtemps donc je n’en dis pas plus, mais je suis ravie que le personnage ait réussi à te prendre au dépourvu en tout cas ! Mais oui de manière générale il est plus nuancé dans ce chapitre. C’est toujours un connard, mais il a certains principes (qui sont ce qu’ils sont), qui font que dans le cas présent il se montre moins violent avec Altaïs.

Contente que tu aimes Adela et sa relation avec Harald, je l’aime beaucoup aussi (entre son côté sensible et son côté un chouïa manipulateur sur les bords) ! Et effectivement, elle a une bonne influence sur Harald vu qu’il lui passe beaucoup de choses x)

Mais non les retrouvailles vont durer une éternité et tout va bien qui finit bien dans le meilleur des mondes <3

Merci pour ton retour !
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