Arya suivit Othander sans crainte. Elle pouvait tenir un long vol et l’aile noire ne la mènerait pas à sa perte. Elle le connaissait depuis longtemps. Elle lui faisait entièrement confiance.
- Je n’avais pas remarqué que vos ailes étaient tatouées, cria-t-elle en plein vol.
De nuit, les marques étaient invisibles. Le soleil les faisait ressortir.
- C’est très joli mais ça a dû faire un mal de chien, poursuivit Arya.
Othander conserva un visage fermé. Ça devait vraiment être grave pour qu’il ne lui offre même pas un sourire. Il était plus avenant d’habitude. Arya découvrit avec stupeur le lieu de vie des rebelles. Les maisons en bois flottaient sur des marais putrides. Pour rien au monde elle n’aurait voulu vivre là. Elle imagina sans peine les nombreuses maladies et comprit mieux l’état des résidents du marché noir.
Arya fut également choquée par les couleurs d’ailes. Si le noir prédominait, Arya vit également beaucoup de dorés – qu’elle ignorait se trouver là – mais aussi des verts, des violets et des oranges. Des impurs ? Ici ? Depuis quand ?
Arya atterrit près d’une dorée. Ses ailes sublimes s’étalaient sur le sol, faisant mal aux yeux sous le soleil rampant. La gestionnaire constata les regards et les murmures. « Jaune », entendit-elle un peu partout. Visiblement, sa couleur d’aile choquait. Où serait-elle bien vue ? se demanda Arya.
- Je te présente Ysalis, dit Othander.
- Bonjour, Ysalis, répondit Arya d’un ton neutre. Que vous arrive-t-il ?
- Vous ne savez pas qui c’est ? s’étonna une aile noire en apparaissant.
- Non, dit Arya. Elle est célèbre ?
- Elle était la régnante de la ville des colorés, lui apprit l’aile noire.
- Grand bien lui fasse, répondit Arya qui n’en avait rien à faire.
Elle ne voyait pas bien comment une dorée avait pu devenir régnante mais elle renvoya cette question au placard, cela n’ayant guère d’importance. Elle s’accroupit devant la femme qui reposait, sur le ventre, sur le seul sol à peu près sec du coin.
- Je m’appelle Arya. Je suis médecin. Où avez-vous mal ?
- À l’aide droite, dit Ysalis. J’ai tout le temps mal aux ailes alors je ne me suis pas inquiétée outre mesure mais maintenant, je n’arrive plus du tout à la plier.
- Vous avez tout le temps mal aux ailes ? répéta Arya.
- Je ne les ai que depuis trois lunes, indiqua Ysalis.
- Comment ça ? dit Arya qui ne comprenait pas.
- Elle a eu les ailes coupées dans son enfance, indiqua Othander. Fyier lui a rendu ses ailes il y a trois lunes de cela.
- Fyier ? répéta Arya qui entendait ce mot pour la première fois sa vie.
- Notre dieu ! gronda l’aile noire qui n’avait pas daigné se présenter et qui, supposa Arya, devait être leur chef.
- Cette femme a eu les ailes coupées puis un dragon les lui a rendues, résuma Arya.
- C’est ça, dit Othander.
- Et je suis censée soigner ça. Bien sûr, soupira Arya.
Voilà qui partait très mal.
- Vous ne nous croyez pas ! accusa Othander.
- Justement, si. C’est bien le problème. Votre dieu a mal rendu ses ailes à cette femme, qu'y puis-je ?
- Notre dieu a très bien fait son travail !
- S’il est aussi doué qu’Ymel, Ousouk et Ham’y’yel, je parierais plutôt sur le contraire mais bon, nous ne sommes pas là pour parler théologie, n’est-ce pas ?
Les yeux du chef des noirs crachèrent du feu.
- Il n’est plus là, je suppose, lança Arya.
- Qui ça ? gronda le chef.
- Votre dieu, pour réparer ses conneries, précisa Arya.
- Il est parti, en effet, grogna le chef qui se retenait visiblement de lui mettre son poing dans la figure.
- Comme c’est pratique, souffla Arya avant d’entreprendre d’examiner l’aile dorée.
Son aile ne présentait aucune fracture. Les tendons semblaient intacts et en bonne position. L’ancrage dans le dos se faisait correctement. Les angles de pénétration étaient bons. Arya manipula doucement l’aile droite mais sa patiente hurla alors Arya cessa. La gauche bougeait sans difficulté.
- J’ai toujours eu du mal avec la droite. Elle ne se replie jamais aisément, indiqua Ysalis.
- Puis-je toucher votre dos, sous votre tunique, madame ? demanda Arya.
- Bien sûr, lui permit Ysalis.
Arya ressentit d’abord la gauche, afin d’avoir le côté sain, puis partit du côté gauche, réalisant tout son examen de la main gauche, sa droite n’ayant pas encore retrouvé toute sa sensibilité. Arya le sentit bouger sous ses doigts. Elle blêmit et remonta pour déterminer sa taille. Il était mature. Cette femme mourrait avant le coucher du soleil. Arya retira sa main et baissa les yeux. Le geste ne passa pas inaperçu.
- Qu’est-ce qu’elle a ? demanda Othander.
Arya secoua négativement la tête.
- Elle ne doit pas mourir ! s’exclama un doré en fondant la foule, se servant de ses ailes pour écartant les importuns. Elle est porteuse ! Son bébé doit survivre. Il est essentiel qu’elle transmette la connaissance.
Othander grimaça. Arya sentit une certaine animosité entre ces deux-là.
- On s’en fout de son bébé ! s’écria Othander. Elle doit survivre, un point, c’est tout. Transmission de connaissance ou pas !
- Je vais mourir ? murmura Ysalis d’une petite voix tandis que les deux hommes continuaient à se hurler dessus.
- Je suis navrée, lui assura Arya.
- On ne peut rien faire ? demanda un homme d’une voix calme en opposition avec les deux autres qui s’invectivaient toujours.
Il s’accroupit près des deux femmes. Brun, il proposait un corps musclé et bronzé. Arya se noya dans ses yeux marron. Elle se sut amoureuse. Elle secoua la tête pour chasser ses sentiments. Concentrée, elle devait rester concentrée !
- Il faudrait l’opérer mais c’est impossible ici. Il faut un endroit propre et du matériel.
- Nous pouvons l’amener à la clinique, en ville, indiqua le chef des ailes noires.
- Les colorés ne vous laisseront jamais passer et puis, aucun chirurgien n’acceptera de l’opérer ! s’exclama Arya.
- Les colorés, c’est notre affaire, gronda Othander qui avait cessé de hurler sur son vis-à-vis pour écouter la conversation. Quant au chirurgien, n’en êtes-vous pas un vous-même ?
Arya avala difficilement sa salive.
- Vous refusez de l’opérer ? demanda gentiment la beauté divine.
- Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas, indiqua Arya.
- Vous ignorez la procédure, supposa l’homme pour qui battait le cœur d’Arya.
- Je la connais très bien mais pour la réaliser, il faut deux mains, précisa Arya en montrant sa main droite.
Elle pouvait un peu remuer les doigts, guère plus.
- Qu’est-il arrivé à votre main ?
- J’ai reçu une dose du venin pur de Priae.
- Le Priae ? Qu’est-ce que c’est ?
- Ce qui va tuer Ysalis, indiqua Arya. Ces bestioles vivent en symbiose avec le Porphyre. L’arbre protège le parasite des agresseurs en l’accueillant sous son écorce. En échange, le Priae prête un peu de son poison à l’arbre, rendant ses épines venimeuses, le protégeant contre ses prédateurs.
- Le Porphyre n’est pas naturellement empoisonné ? s’étrangla Othander.
- C’est ça, dit Arya.
- Je suis responsable de son mal ? blêmit Othander.
- Comment ça ? demanda Arya.
- J’ai enfoncé des épines de Porphyre dans son dos, dans les cicatrices laissées par ses anciennes ailes, avant que les nouvelles ne repoussent, raconta Othander.
- Charmant ! ironisa Arya.
- Est-ce ma faute ? insista Othander.
- Je ne sais pas. C’était il y a combien de temps ?
- Trois lunes, annonça Othander.
- C’est la durée d’incubation du Priae. Ceci dit, il suffit de tremper une blessure dans l’eau des marais pour attraper cette saloperie.
- Je suis tombée sur le dos quand j’ai rencontré Fyier, se souvint Ysalis. Mon dos était en mauvais état. Je l’ai peut-être aussi attrapé là. Tu n’es pas responsable, mon amour.
« Mon amour ? répéta Arya. L’autre lui a enfoncé des aiguilles de Porphyre dans le dos et elle l’appelle comme ça ? » La jeune femme n’en revenait pas.
- Tenez, buvez ça, dit la beauté divine en lui tendant un flacon qu’il venait de sortir de son aumônière.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Arya.
- Je suis Rafaël, le droguiste des marais. Elydriel a fait de moi un expert en poison et donc, en antidote. Buvez et votre douleur disparaîtra.
Arya regarda le flacon. Cela se saurait si un remède contre le poison du Priae existait.
- En baume, j’en ai mis sur le dos d’Ysalis après qu’Othander l’ait torturée, précisa l’homme.
- L’effet a été presque immédiat. Je me suis sentie immensément mieux, assura Ysalis.
Arya observa ce qu’elle tenait dans sa main gauche puis les gens autour d’elle. Il y avait des méthodes plus simples pour tuer quelqu’un que de l’empoisonner. S’ils avaient voulu sa mort, ils auraient pu le faire mille fois. Arya déboucha le flacon et sentit son contenu pour ne reconnaître qu’une vague odeur de cannelle. Elle l’avala. Le goût aigre la fit frissonner.
- Ce n’est pas bon, ça, je le reconnais volontiers, dit le droguiste en reprenant le flacon vide.
Arya sentit une chaleur envahir son bras, puis des picotements, des fourmis et son bras se mit à la gratter furieusement.
- Évitez de gratter, conseilla Rafaël.
- C’est atroce ! s’exclama Arya en tenant son bras de sa main gauche.
- Ça va vite passer. C’est le prix à payer pour retrouver l’usage de votre main.
- C’est pour ça que vous m’avez endormie, comprit Ysalis.
- Le sommeil permet d’éviter de subir les effets secondaires, confirma Rafaël. Choix impossible dans le cas présent : nous avons besoin que la chirurgienne reste bien éveillée. Croyez bien que je suis navré de la douleur que vous êtes obligée de subir.
Arya secoua sa main qui la brûlait maintenant de l’intérieur et puis tout son bras se retrouva englué dans du coton, comme s’il dormait. Arya le toucha. Elle ne ressentait plus rien, du tout.
- Vos sensations vont revenir, ne vous inquiétez pas, la rassura Rafaël.
Les fourmis sonnèrent le retour des sensations et lorsqu’ils disparurent, Arya bougeait librement sa main. Elle la manipula, les yeux écarquillés.
- C’est merveilleux ! s’exclama-t-elle à l’adresse du droguiste.
- Cadeau d’Elydriel.
- Qui est Elydriel ? demanda Arya.
- Notre dieu.
- J’ignorais qu’il s’appelait ainsi, indiqua Arya. En revanche, je sais qu’il est plus doué en magie qu’Ymel, Ousouk et Ham’y’yel.
Rafaël sourit.
- Vous pouvez la sauver maintenant ? s’énerva Othander.
- Je pense en être capable oui, mais un chirurgien n’opère jamais seul. Et puis, je ne suis pas anesthésiste ! Je suis incapable de l’endormir correctement !
- Je peux m’en charger, annonça Rafaël. C’est totalement dans mes compétences.
- Bien sûr ! gronda le chef des noirs. Et que crois-tu que les gardes feront en voyant tes grandes ailes dorées ?
« Dorées ? pensa Arya. La beauté divine avait les ailes dorées ? Elle creva soudain d’envie de les voir, de boire leurs reflets brillants.
- Je vais avoir besoin d’une seconde dose de cet antidote, compléta Arya.
- Ma présence est incontournable, en conclut Rafaël. Je vais teindre mes ailes en noir.
Le droguiste se leva.
- Il va réellement mettre du noir sur ses ailes ? lança quelqu’un.
- Marquons ce jour d’une pierre blanche !
Certains rirent.
- Il ne faut pas qu’Ysalis bouge. Le moindre mouvement causera sa perte, prévint Arya.
- Nous la transporterons dans un filet et prendrons grand soin de ne la bouger que le moins possible, dit Othander.
Arya hocha la tête puis se renferma sur elle-même, repassant les étapes de l’opération. Sa main droite se mit à trembler. Serait-elle capable de réaliser cette opération ? Ça ne serait pas sa première, certes, mais celle-ci, si proche de la colonne vertébrale, nécessitait un sacré doigté. Et puis, une dorée, enceinte, le poids sur ses épaules était énorme.
Arya ne se sentit pas du tout à la hauteur. Elle allait tuer sa patiente. Elle en était certaine. Elle avait rêvé toute sa vie de pouvoir réaliser une opération et voilà que devant l’adversité, elle reculait. La terreur lui noua les entrailles. Sa gorge se serrait. Elle peinait à respirer et sa salive restait coincée.
- Docteur ? Il faut y aller ! lança Othander.
Arya ne bougea pas.
- Docteur ?
Arya comprit qu’il s’adressait à elle.
- Oui, pardon, dit la jeune femme.
Elle se leva et s’envola aux côtés des autres. Elle n’avait jamais volé en groupe. Elle trouva cela très compliqué. Elle devait absolument tenir sa ligne de vol au risque de percuter ses voisins à droite, à gauche, au dessus, en dessous, devant et derrière. Mais combien étaient-ils ? Trente-sept, compta Arya. Ils avaient déployé une force conséquence, espérant faire peur aux colorés qui leur ficherait la paix.
- On entre, vous opérez et on repart, annonça Othander qui s’était collée à elle et hurlait pour que sa voix porte malgré le vent et l’altitude.
- Ysalis ne pourra pas être déplacée après l’opération ! gronda Arya.
- Il faudra. Elle ne peut pas rester là-bas. Sa vie serait en danger. Elle est recherchée, pour sa couleur d’ailes autant que pour son identité. Les rouges seraient ravis d’avoir sa tête.
Arya grommela. Déplacer une patiente après une telle opération relevait du suicide. L’imaginer passer les soins post-opératoires dans des marais putrides la révulsait.
- Othander ! Ysalis ne devra pas retourner dans les marais après son opération. Nous l’amènerons dans ma ferme. Elle y trouvera la nourriture, le calme et le minimum d’hygiène dont elle a besoin.
Othander hocha la tête. Le reste du trajet se fit en silence. Arya, très concentrée sur son vol et sur l’opération à venir, resta muette. Enfin, la ville des colorés fit son apparition, plateformes décorant la montagne dans un décor surnaturel.
Arya constata que nul garde rouge ne s’interposa. Le groupe atteignit sans problème la clinique. Tandis que les noirs prenaient place à des endroits stratégiques, Othander et Rafaël, qui portaient Ysalis, suivirent Arya dans les couloirs. Il fut difficile de transporter la jeune femme car ses ailes gênaient les déplacements mais finalement, elle fut en place dans l’une des salles d’opération vide de la clinique.
- Endormez-la pendant que je me prépare, dit Arya.
Elle passa dans la pièce voisine, retira sa tunique sale, se lava le mieux qu’elle put en se dépêchant, passa une tunique violette propre – seule couleur disponible dans cette pièce – et revint dans la salle d’opération.
- Elle est en train de s’endormir, indiqua Rafaël.
- Parfait, annonça Arya.
La porte s’ouvrit à ce moment. Othander dégaina deux dagues qui se retrouvèrent en un instant sous la gorge du nouveau venu.
- Docteur Daryl ! s’exclama Arya.
- Arya ? dit-il avant de la déshabiller des yeux.
Il observa la salle d’opération puis demanda :
- Quel mal ?
- Le Priae, en stade terminal. Il faut se dépêcher !
Le docteur Daryl hocha la tête.
- Je t’assiste, annonça-t-il.
- Vous êtes sûr ? s’exclama Arya alors qu’Othander rangeait ses lames, ayant compris que le nouveau venu était un allié. Vous risquez votre réputation.
- Je suis parfaitement capable de détruire ma réputation moi-même, je te remercie, ricana le docteur Daryl.
Arya sourit. Cela lui ressemblait totalement. Il passa dans la pièce voisine. Arya attendit le feu vert de Rafaël qui le lui donna. Arya attrapa le scalpel et incisa.
- Plus souple sur ton poignet, la corrigea le docteur Daryl. Moins loin. Tu es trop à droite.
- Vous ne voudriez pas le faire vous-même ? gronda Othander.
- Comment apprendrait-elle ? répliqua le docteur Daryl.
- Ma femme n’est pas un putain de cobaye ! s’écria Othander.
- Monsieur, sortez, je vous prie. Vous postillonnez sur des blessures ouvertes. C’est dangereux. Allez faire le guet dehors.
Othander se crispa puis sortit en claquant rageusement la porte derrière lui.
- Ah enfin, un peu de calme, soupira le docteur Daryl avant de reprendre ses conseils.
Arya se sentit sereine avec son mentor à ses côtés. Ses mains ne tremblèrent pas. Elle respira librement. Les gestes s’enchaînèrent, simples, évidents, jusqu’au moment fatidique.
- Arya ? dit le docteur Daryl.
- Je vais le faire. Je vais le faire.
Elle avala difficilement sa salive. Le scolopendre était visible. Il frissonna de froid puis se calma. Nul doute cependant, vu sa taille, qu’il ne tarderait pas à remonter.
- Vous devez faire quoi ? demanda Rafaël qui évitait de regarder la zone opérée.
- Arya doit passer sa main sur le parasite afin qu’il se sente menacé et morde, sortant ainsi volontairement du corps de la patiente. Arya, je m’occuperai de la recoudre. Je te promets que je finirai le travail. Je ne désire pas sa mort.
- Je sais, dit Arya. C’est juste… tellement dur… Ça fait mal, si mal !
Daryl la soutint du regard. Arya leva son regard vers Rafaël. Le droguiste affichait une mine inquiète. Elle le préférait souriant. Elle voulait le voir sourire. Il devait sourire. C’était une question de vie ou de mort.
- Ysalis est notre prophète. Elle a parlé à notre dieu, à deux reprises, dit Rafaël. Elle a libéré Fyier, le dieu des ailes noires. Elle a été régnante des colorés. Elle est le pont entre nos peuples, celle qui unifie. Si elle meurt, tous nos espoirs meurent avec elle.
Arya fut rassurée. Elle avait pensé un instant que, peut-être, Rafaël risquait sa vie par amour pour Ysalis. Le savoir porté par la religion fit bondir son cœur. Peut-être était-il libre ? Peut-être accepterait-il de la prendre sous son aile ?
- Arya ! murmura le docteur Daryl à son oreille. Maintenant.
Arya déplaça sa main et caressa le dos du scolopendre blanc. Le Priae réagit dans l’instant et Arya s’écroula, terrassée par une douleur sans nom.
- Je n’arrive pas à lui faire boire l’antidote ! entendit-elle Rafaël crier.
- Pas le temps ! hurla Othander. Les rouges sont là ! Docteur ? Peut-on emmener Ysalis ?
- J’ai presque terminé. Encore deux points.
- Grouillez-vous ! s’écria Othander.
Arya sentit la douleur refluer.
- J’ai fini. Comment va Arya ? demanda le docteur Daryl.
- Elle a fini par le boire. Ça va aller. Il faut maintenant qu’il fasse effet.
- Trop tard, gronda Othander en entrant dans la pièce et en fermant derrière lui. Le couloir grouille de rouges. On ne sortira pas.
Arya reprit doucement conscience.
- Prenez moi comme otage, proposa le docteur Daryl. Je dirai que vous m’avez forcé.
- Docteur ! voulut hurler Arya mais ce fut à peine si un filet de voix à moitié étranglée se fraya un chemin hors de sa gorge.
- Ysalis ne doit pas tomber entre leurs mains.
- Et vous croyez valoir autant qu’une dorée ? fit remarquer Arya. Ne soyez pas ridicule. Ils vous massacreront pour l’avoir.
Elle se releva. Son bras ne répondait plus mais elle savait cela temporaire. L’antidote de Rafaël ferait bientôt effet et son bras reviendrait.
- En revanche, une chirurgienne jaune prête à offrir son sang neuf, ça pourrait fonctionner, dit Arya.
- Arya ! Non ! Tu n’as pas à te sacrifier de la sorte !
- Nous n’avons pas d’autre choix. Il faut négocier et je suis une excellente monnaie d’échange. Docteur, allez porter ma proposition au directeur de la clinique. J’accepte de travailler pour eux et de leur donner autant d’œufs qu’ils voudront, avec les partenaires qu’ils me désigneront.
- Arya ! pleura Daryl.
- En échange, ils doivent les laisser repartir. Ils n’ont rien fait de mal. Ils n’ont tué ou blessé personne. Ils voulaient juste sauver l’un des leurs. Le directeur pourra l’entendre. S’il vous plaît, Daryl !
Le docteur resta un instant figé puis sortit en mettant les mains devant lui en signe d’apaisement. Il disparut rapidement dans le couloir.
- Vous pensez que ça va marcher ? demanda Othander.
- Je l’espère.
- Ysalis se réveille, prévint Rafaël. Dois-je la rendormir ?
- Non, répondit Arya. Aidez-la à se réveiller. Son aile doit rester repliée pendant au moins une lune et elle doit se ménager.
Des coups sur la porte firent sursauter tout le monde. Othander ouvrit, les dagues prêtes à servir. Daryl apparut.
- Le directeur est d’accord mais il veut vous voir, tous les quatre, pour s’entretenir avec vous.
- C’est un piège, gronda Othander.
- On y va. Aidez Ysalis à se lever, ordonna Arya.
- Elle ne devrait pas marcher, grogna Daryl.
- Je suis d’accord mais les circonstances sont là.
Daryl hocha la tête en grimaçant. Daryl et Rafaël portèrent Ysalis à moitié. Arya partit en tête. Othander ferma la marche, ses dagues prêtes à servir. Des rouges les escortèrent sans se montrer agressifs ni menaçants.
Mais par contre, comment Othander savait-il que c'était urgent ? Pourquoi est-il allé chercher Arya au lieu d'attendre tout simplement qu'elle vienne au marché noir ?
qui puis-je ? => qu'y puis-je ?
Merci pour la coquille.