Chapitre 24 : Drôle de Dame

Rena n'était pas très emballée par ce changement de plan soudain, d'autant plus que Nevra ne comptait pas informer Miiko de leur désertion improvisée. Son amie comprenait son point de vue, ses arguments étaient recevables d'un point de vue stratégique, mais d'un point de vue moral, ce n'était ni plus ni moins qu'une forme de trahison.

— Il faut d'abord tromper ses amis pour mieux tromper ses ennemis. Patte-Folle va nous faire surveiller, c'est sûr. S'il nous voit contacter Miiko pour l'informer de nos intentions, il va penser qu'on la soutient toujours et qu'on essaye de la lui mettre à l'envers. On doit rompre tout contact avec elle et faire profil bas. Si mon grand-père a signé un contrat avec Patte-Folle, il en garde peut-être une trace chez lui. Ce sera l'occasion de rassembler des preuves.

— Tu crois qu'il va nous remettre ces preuves de son plein gré ?

— Je ne compte pas lui demander son avis. Je n'y vais pas que pour ça, j'y vais aussi pour en finir avec sa politique de la terreur.

— Tu vas le tuer ? Même si c'est la dernière famille qu'il te reste ?

— Le sang de ce monstre coule peut-être dans mes veines, mais il ne fait pas partie de ma famille. Ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié ce que tu m'as dit. S'il implore mon pardon, j'épargnerai peut-être sa vie.

Une semaine plus tard, sous couvert d'une fausse mission qui leur avait été assignée par Patte-Folle lui-même, ils embarquaient tous les deux à bord d'un navire qui ralliait Magadan, la plus grande ville portuaire des Terres du Crépuscule. De là, il leur faudrait regagner Ardeal, la capitale où résidait le Prince Noir qui régnait sur ce territoire, puis parcourir une centaine de kilomètres en direction du nord pour rejoindre le manoir de Lord Dragoman qui dominait le petit village de Puits-Noir. Le jeune vampire n'avait jamais vraiment quitté la Cité d'Eel hormis pour accomplir quelques missions dans les régions aux alentours. Les Terres du Crépuscule étaient la terre natale de ses parents, mais il ne savait rien de cette province autonome. Il regrettait que sa première visite soit motivée par un dessein aussi noir. Il aurait préféré s'y déplacer pour rendre hommage à ses origines plutôt que pour verser le sang des siens.

***

C'était la première fois que les deux gardiens montaient à bord d'un navire. L'appréhension se mêlait à une curiosité impatiente. Nevra, tout particulièrement, était fasciné par tout cet affairement et s'émerveillait de la majesté de la voilure et de l'agilité avec laquelle les gabiers grimpaient dans les cordages pour lâcher les voiles. Il enviait la vigie perchée tout en haut du grand mât, à une trentaine de mètres de hauteur. De là-haut, on devait avoir une vue imprenable sur le large.

Le vampire frissonna d'excitation lorsque le capitaine donna l'ordre de lâcher les amarres. Les voiles blanches gonflées par le vent, le galion fendait fièrement les eaux sous le soleil d'après-midi. Nevra passa une bonne partie du premier jour accoudé à la balustrade, le regard perdu dans l'étendue liquide qui s'étirait à l'infini. Il fut aussi étonné que soulagé de voir qu'il supportait plutôt bien le tangage et les roulis du bateau. Rena, elle, n'avait pas le pied aussi marin. Elle était partie se reposer dans la cabine qu'elle partageait avec le vampire, pendant que celui-ci, lassé du paysage quelque peu monotone, avait commencé à s'intéresser à son entourage.

C'était un navire marchand qui assurait également le transport de passagers. Les plus fortunés pouvaient jouir d'une cabine individuelle plus ou moins spacieuse et luxueuse selon leurs moyens, tandis que les porte-monnaie les plus modestes devaient se contenter d'un hamac dans un des dortoirs aménagés sous le pont. 

Le navire, nommé l'Amarante, suivait un trajet régulier du port d’Eel, son point de départ, jusqu’à son point d’arrivée, le port de Magadan. Il faisait plusieurs escales en chemin, à commencer par Océanopolis et Jarnaya, les deux principales villes de l’archipel des Terres d’Azur, dans le sud-est du royaume. Le navire remontait ensuite vers les Terres d’Encens, pour mouiller quelques jours dans le port de Shâr’Mari, après quoi il faisait une dernière escale au port de Tianjin, aux portes de l'empire Fenghuang, avant de poursuivre sa route vers les Terres du Crépuscule. 

La plupart des passagers ne se rendaient pas au-delà des Terres du Soleil. Rares étaient ceux qui poursuivaient le voyage jusqu’au royaume de la nuit éternelle – il fallait dire que ce n'était pas une destination de rêve. Nevra s'était entretenu avec le capitaine qui lui avait expliqué qu'ils seraient bien plus chargés au retour, de nombreuses personnes ayant réservé leur place plusieurs mois à l'avance pour se rendre dans les Terres d'Émeraude. Ils devaient également repartir avec une grosse cargaison de soie, de thé, de jade, et autres biens produits localement dans l’Empire Fenghuang. 

Parmi les passagers les plus remarquables, il y avait bien entendu des négociants – à leur compte ou mandatés par leur patron – qui accompagnaient leurs marchandises, quelques mercenaires, un ou deux chasseurs de primes, un collecteur de taxes accompagné de deux gardes du corps, et enfin, une femme aux allures de magicienne, toute vêtue de pourpre et d'or, qui n'avait pas l'air d'avoir toute sa tête.

Le repas était servi dans une vaste salle à manger aménagée dans le château arrière du vaisseau. Les passagers de qualité – ceux qui avaient les moyens de se payer une cabine – dînaient en compagnie du capitaine, tandis que les autres partageaient leur repas de fortune avec le reste de l'équipage, sur le pont. Le voyage étant aux frais du trésorier de la Garde d'Eel, les deux gardiens avaient pu bénéficier du même privilège. Ils avaient passé une agréable soirée en compagnie de Callidora. Si on faisait fi de ses bizarreries, la magicienne était fort sympathique. C'était une érudite versée dans de nombreux sujets qui savait capter l'attention de son auditoire. Les deux gardiens l'avaient écoutée leur parler des lames maudites avec tant de passion qu'ils n'avaient pas vu le temps passer.

Après le dîner, un des mercenaires avait proposé de prolonger la soirée avec une partie de cartes arrosée d'un bon tord-boyaux, mais le vampire et sa camarade avaient décliné l'offre, préférant retourner se reposer dans leur cabine qui, sans être royale, était confortable et fonctionnelle. Une coiffeuse, un bureau, deux chaises, un lit pour deux personnes pas trop étroit, une étagère avec quelques livres, et de quoi faire un brin de toilette.

— Je n'aurais pas dû manger autant, dit Rena d'une voix plaintive, recroquevillée en position fœtale sur le lit.

— C'est le mal de mer. Tu devrais te reposer. Respire bien, ça va passer. Et si ça ne va vraiment pas, t'as une bassine là-bas.

— Génial.

— Ne t'inquiète pas, si tu vomis ça restera entre nous.

— Y a intérêt.

***

La nuit ne fut pas de tout repos. Les nausées de Rena s'étaient aggravées, elle avait fini par régurgiter son repas, mais même l'estomac vide, elle se sentait ballonnée et migraineuse. Nevra l'avait réconfortée du mieux qu'il pouvait. Il lui avait frotté le dos jusqu'à ce qu'elle n'ait plus rien à rendre et que les haut-le-cœur cessent, puis il avait massé ses tempes pour apaiser ses maux de tête. Quand elle s'était enfin endormie, il avait nettoyé la scène du crime, s'était débarrassé des preuves compromettantes, puis il avait rejoint Rena dans le lit, tout en prenant soin de s'allonger le plus loin possible d'elle, à l'extrême opposé du matelas. 

Le vampire fut réveillé par les premiers rayons de soleil. À travers le hublot, il regardait les oiseaux de mer planer au-dessus de l'eau, piquant de temps en temps entre les vagues pour en ressortir avec un poisson-libellule dans le bec. Renonçant à l'idée de se rendormir, il était sorti faire un tour sur le pont. Il y trouva Callidora assise sur la rambarde, une longue pipe en bois laqué à la main. Elle portait une élégante robe pourpre brodée de fils d'or, assortie à une écharpe de cachemire écarlate aux franges dorées, qui mettait en valeur sa peau brune. Ses longs cheveux auburn ondulaient au vent et fouettaient son visage, dont le côté gauche était marqué d'un tatouage tribal à l'encre rouge sang.

— Dure nuit ? demanda-t-elle en se tournant vers lui sans se soucier de ses cheveux en bataille qui lui tombaient devant les yeux.

— Disons que c'était... mouvementé.

— Ça se voit, tu as des cernes de macchabée. Mal de mer ?

— Pas moi, mon amie, mais je lui avais promis de n'en parler à personne, elle va me tuer…

— Cela restera entre nous, rit la drôle de dame en lui adressant un clin d'œil. Les secrets sont bien gardés avec moi, même s’ils n’ont rien à me cacher. 

Elle reporta son regard sur l'horizon, puis se mit à fredonner un air en se balançant d'avant en arrière sur la balustrade.

— Vous allez passer par-dessus bord, l’avertit le vampire.

— Ne t'en fais pas, gamin, il n'y a aucun risque ! lui assura-t-elle en lui jetant un regard amusé, ses yeux mordorés aux pupilles fendues pétillant de malice.

— Je ne suis pas un gamin ! protesta le garçon, piqué au vif par le ton condescendant de la magicienne.

— J'avais un apprenti qui disait souvent cela aussi. La seule chose que je déplore, c'est de ne pas avoir réussi à en faire un homme avant que nos chemins se séparent.

— Je peux vous assurer que je suis bel et bien un homme, répliqua Nevra sur un ton enjôleur avec un sourire en coin.

La jeune femme lui avait rendu son sourire, mais ce n'était qu'un faux semblant. Nullement impressionnée par les charmes du jeune vampire, elle se laissa tomber de la balustrade pour atterrir lestement sur le plancher, puis se jeta sur le garçon pour lui pincer violemment le nez en hurlant comme une furie.

— Pas de ça avec moi ! Je suis bien trop vieille, et toi, tu es bien trop inexpérimenté pour que je me laisse amadouer par les belles paroles d'un vampire de lait ! Tu es un gamin et un gamin tu resteras, tant que tu ne changeras pas d'attitude.

— J'ai compris. Lâchez-moi ! Vous me faites mal.

Callidora renonça à lui arracher le nez, mais elle lui décocha une puissante et douloureuse pichenette au front.

— Putain, mais ça fait mal ! Vous êtes complètement tarée !

— Nom d'un kiampu biscornu ! Même mon apprenti n'a jamais osé me parler de la sorte ! Il était insolent, mais il restait poli. D'un autre côté, il savait quel châtiment terrible l'attendait s'il osait me défier, bien qu'il ait essayé de me tenir tête bon nombre de fois avant de comprendre.

— Je ne suis pas votre apprenti, rétorqua le vampire en massant son front endolori. Vous n'arrêtez pas de parler de lui. Pourquoi n'est-il pas avec vous, si vous l'aimez tant ?

— Nous avons cheminé ensemble pendant quelques années, mais je voulais continuer à arpenter le monde et il avait d'autres projets. Je l’ai largué à Eel avant de m'embarquer pour les Terres du Crépuscule. On ne s'est pas quittés en très bons termes. Il n'est même pas venu me souhaiter bon voyage... C'est l'elfe le plus susceptible, le plus bougon et le plus buté que j'ai jamais fréquenté, et pourtant l'Oracle sait que j'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie. Quand j'ai croisé sa route, j'ai tout de suite su qu'il était la clé. La clé de quoi ? Cela, même moi, je l'ignore. J'ai décidé de le prendre sous mes écailles, et quand je lui ai demandé ce qu'il voulait que je lui enseigne, sais-tu ce qu'il m'a répondu ? Tout. Il voulait tout savoir et tout apprendre ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri d'aussi bon cœur. Si seulement j'avais réussi à faire grandir son cœur autant que son esprit, je n'aurais pas considéré son apprentissage comme un échec, finit-elle avec regret.

Nevra ne savait pas trop comment réagir à cette confidence soudaine. Heureusement pour lui, Callidora ne semblait pas attendre de réponse de sa part.

— Pour ton amie, je pense pouvoir l'aider, reprit-elle en changeant subitement de sujet. Le dispensaire propose bien des potions contre le mal de mer, mais entre nous, c'est une belle escroquerie. Non seulement elles sont bien trop chères, mais en plus elles ne sont efficaces que sur le court terme. Cette pauvre Rena risque d'être encore plus malade après. Je connais un sort de magie de soin qui devrait faire l'affaire et la mettre à l'abri de ces désagréments jusqu'à ce qu'on arrive à bon port. Sauf si on se fait hacher menu par des pirates, broyer par une tempête, ou réduire en purée par un kraken, bien évidemment !

— Bien évidemment... Au fait, vous êtes quoi comme faery exactement ?

— Pas le genre que tu as dû souvent croiser.

— Mais encore ?

— Une autre fois, peut-être ! Pfiou ! J'ai la dalle ! Je pourrais manger un aurorca farci à la graisse de bériflore. Je vais aller fouiller la cabine du capitaine, je suis sûre qu'il garde les mets les plus délicats pour lui, le sacripant !

La magicienne était partie en quête de nourriture, laissant un Nevra déconcerté en plan sur le pont. Cette conversation sans queue ni tête avait épuisé le vampire qui était retourné se coucher. Il sombra dans un long sommeil sans rêves, et quand il se réveilla, la nuit tombait déjà et le lit était vide. 

Il retrouva Rena sur le pont où elle prenait l'air, la mine plus fraîche que la veille. Au dîner, Nevra interrogea Callidora au sujet de son fameux sort contre le mal de mer dont elle lui avait parlé le matin même. La magicienne se frappa le front, comme si elle venait de se faire foudroyer par sa propre mémoire défaillante. Elle posa une tête sur la main de Rena avant que celle-ci ne puisse réagir. L'air se mit à vibrer et la table à trembler, tandis que les couverts et les verres s'entrechoquaient dans un cliquetis fracassant de cristal et de métal. De fines lignes de lumière rougeâtre formaient des arabesques sur ses bras nus. L'instant d'après, la salle retrouva son calme, les tatouages lumineux de Callidora avaient disparu, et elle lâcha un : « Voilà ! Maintenant tu ne vomiras plus partout ! » avant de retourner à son bol de bouillon gras, indifférente à l'expression interloquée des convives et la mine déconfite de la yôkai.

***

Le voyage dura deux bons mois au cours desquelles les passagers s'occupaient du mieux qu'ils pouvaient. Grâce à l'un des marchands, ils avaient dégoté un jeu de croquet qui avait le mérite de les divertir quelques heures chaque jour. Callidora était outrée qu'ils n'utilisent pas des flamants roses à la place des maillets en bois, et s'était fait rabrouer par un des mercenaires qui l'avait traitée de « vieille snowige folle ». Elle s'était alors mise à gesticuler dans tous les sens tout en hurlant à pleins poumons : « Qu'on lui coupe la tête ! Qu'on lui coupe la tête ». Elle avait ensuite déclaré être fatiguée. 

Tout le monde pensait qu'elle allait se retirer dans sa cabine, personne n’avait prévu qu'elle se couche en plein milieu du circuit – renversant une partie des arceaux au passage – et s'endorme à même le sol. Les autres joueurs avaient jeté leur maillet rageusement en apostrophant la magicienne avec pour seule réponse ses ronflements sonores. Seuls Nevra et Rena étaient restés pour jouer, estimant qu'utiliser le corps de Callidora pour complexifier le circuit était somme toute assez amusant.

La femme rouge était un divertissement en elle-même tant ses actions étaient imprévisibles et totalement absurdes. On la voyait parfois faire le tour du bateau en marchant sur la balustrade telle une équilibriste chevronnée, ou grimper jusque dans la vigie pour asticoter le pauvre matelot et lancer de fausses alertes. On ne comptait plus les fois où elle s’était écriée « Kraken ! » en hurlant à pleins poumons, alors qu’il n’y avait pas l’ombre d’un tentacule à l’horizon. 

Une fois, Nevra l'avait surprise juchée sur la proue du navire en train de crier : « Je suis le roi du monde ! » puis, l'instant d'après, baisser les bras et ajouter tristement « ils sont tous morts » avant d'éclater de rire. Le vampire ne cherchait pas vraiment à percer le mystère des élucubrations de Callidora. Elle était folle à lier mais ne semblait pas dangereuse. 

Contrairement aux prédictions funestes de la magicienne, ils n'eurent à souffrir que de quelques intempéries mineures. Le capitaine était peut-être pingre, mais il était plus que compétent et les avait sortis de ces écueils avec brio. Après ce long voyage entre ennui tenace et divertissements amusants, le navire entrait dans le port de Tianjin. Il y mouilla trois jours, ce qui avait laissé à Rena et Nevra le temps de visiter la ville portuaire qui regorgeait de merveilles et de trésors, et de se familiariser avec la culture fenghuang.

Il ne restait plus grand monde à bord de l'Amarante lorsque le galion hissa de nouveau les voiles en direction des Terres du Crépuscule, mais Callidora faisait partie des quelques téméraires prêts à braver les ténèbres. Quelques jours plus tard, ils débarquaient enfin à Magadan. Alors que les deux adolescents s'apprêtaient à faire leurs adieux à l'attachante magicienne, Callidora se tourna vers le nord-est, l'air grave.

— Il est là.

— Qui ça ? demanda Nevra en regardant dans la même direction, espérant apercevoir celui dont parlait la femme.

— Le Démon prisonnier du passé qui cherche à lutter contre l’Oubli. 

— Qu'est-ce que vous racontez ?

— Hein ? Qui ? Moi ? Rien, je disais que j'allais rendre visite à mes sœurs du côté des Marais Sulfureux. Un endroit tout à fait charmant, abstraction faite de l'odeur pestilentielle qui y règne. Le soufre ça pue, mais c'est bon pour la peau, c'est bon pour les cheveux.

— Ça n'a rien à voir avec ce que vous avez dit, protesta le vampire. Vous avez parlé d'un démon prisonnier du passé qui voulait lutter contre l’Oubli.

— Vraiment ? Je ne m’en souviens plus, j’ai dû oublier… Je devais parler toute seule, ne fais pas attention !

Nevra n'avait pas insisté davantage. Ce n'était pas la première fois qu'elle racontait des choses qui n'avaient ni queue ni tête. La magicienne serra cordialement la main du vampire et celle de Rena en leur souhaitant bon voyage jusqu'à leur destination finale. Si telle était la volonté de l'Oracle, leurs chemins se recroiseraient un jour.

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