Chapitre 24 : Dylan O'Brien [1/2]

Notes de l’auteur : Bonjour / Bonsoir !
Alors voilà, ça fait vraiment un moment que ça tourne en rond dans ma tête et aujourd'hui, je craque (et je reviens) !
Pour la petite histoire, dans un commentaire reçu il y a un moment (introuvable parce que j'ai supprimé les derniers chapitres dans ma refonte d'Amélia, désolée), on m'a fait remarqué que le plan de Jagger était un peu trop fou comme plan A (grossièrement expliqué). J'y avais beaucoup réfléchis et cela m'a donné une idée géniale (enfin selon moi).
Ce qui nous mène à ce chapitre !

J'espère sincèrement qu'il vous plaira ^^
En attendant, n'hésitez pas à donner votre avis, je serais ravie de le lire !

Sur ce je vous laisse,

Bonne lecture ! :)

En traversant à nouveau le Quartier des Sorcières la nuit suivante, Jagger ne pouvait s’empêcher de prier pour ne jamais y remettre les pieds. Les abhorrait vraiment cet endroit et sa netteté si suspecte. Rasant les murs, se fondant dans les ombres, il mit néanmoins beaucoup moins de temps à retrouver le manoir des Moonfall et à s’y faufiler.

Devant le lierre, il avait longuement hésité, incapable de s’empêcher de remettre en doute les paroles de la sorcière. Mais, au bout de longues minutes – et craignant bien plus de se faire remarquer dans le jardin que de foncer dans un mur – il ferma les yeux et traversa d’un bond pas.

Une sensation étrange l’envahit, c’était comme s’il traversait un rideau d’eau glacé sans l’humidité qui l’accompagne. Car, en émergeant de l’autre côté, Jagger dut bien reconnaître que ses habits étaient toujours aussi secs. Et sales.

Mais ce qui le troubla le plus ne fut pas sa traversée, mais bien l’endroit dans lequel il était atterris. Amélia lui avait dit vrai, il y avait bien un salon derrière le lierre. Et, au vu de la décoration et de la lumière tamisée, il commençait à comprendre ce que la jeune fille avait voulu dire par « visite nocturne ». Pour autant, il ne put s’empêcher d’admirer ce qui l’entourer, car le salon était, il devait bien l’admettre, de toute beauté.

Les murs qui l’entouraient étaient d’une hauteur vertigineuse, tout de tons bleu nuit somptueux. Des cadres aux peintures mouvantes de toutes les tailles en recouvraient presque chaque centimètre. La pièce en elle-même était immense, si bien que Jagger peinait à croire qu’elle soit dissimulée dans un mur. La magie des sorcières est vraiment extraordinaire… songea-t-il ébahit.

Des luminaires éclairèrent un peu plus la pièce à son approche, découvrant le mobilier richement paré qui l’entourait. Avec ses habits miteux, il ne se voyait même pas s’asseoir au bord de l’un de ces fauteuils élégants. Toute une vie d’allumeur de réverbère n’aurait jamais pu payer ne serait-ce que la moitié du prix d’un tel siège !

Un peu au-dessus de sa tête, un petit balcon semblait faire le lien avec l’étage supérieur, sans qu’il ne voie aucune porte ni fenêtre. Amélia avait raison, sans en connaître l’existence, il était impossible de savoir qu’un tel lieu se trouvait là.

Planté au milieu de la pièce, Jagger ne savait trop quoi faire en attendant l’arrivée d’Amélia, qu’il priait d’arriver vite – les regards inquisiteurs des portraits le mettaient mal à l’aise. Les toiles vivantes étaient certes des chefs-d’œuvre d’art et d’alchimie, elles n’en demeuraient pas moins sacrément oppressantes à cet instant. Une femme en particulier semblait l’étudier attentivement. Ses boucles brunes lui rappelèrent tout de suite celles d’Amélia. Sans doute l’aïeule dont elle avait parlé, pensa-t-il en détournant les yeux. Soutenir son regard, c’était comme soutenir le regard d’un lion des neiges. Il en eut des frissons.

Alors que la femme allait ouvrir la bouche – sans doute pour lui poser les milles et une question qu’il avait vu bouillonner dans ses yeux – Amélia apparut enfin, traversant une porte dissimulée derrière un immense portrait. Encore une porte dérobée, songea lugubrement Jagger. N’y a-t-il vraiment que ça dans ce manoir ?

– Laisse-le tranquille Mag, lança Amélia avec désinvolture, tu lui fait peur.

Jagger manqua s’étouffer en faisant le lien entre la bonne femme du portrait qui haussait les épaules avec nonchalance et l’ancienne reine Magdalena Moonfall. Il en avait le tournis.

– Il y a de quoi avoir peur, rouspéta-t-elle avec aigreur, tu t’apprête à pénétrer par effraction dans le commissariat de la capitale ! Et avec ce sinistre individu en prime !

– Sinistre individu ? releva Jagger, mi-figue mi-raisin.

Il n’aurait su dire qui de l’indignation ou la honte l’envahirent le plus.

– Tu exagères, répondit Amélia le plus calmement du monde en terminant d’enfiler sa cape. Il n’a rien de sinistre.

C’était étrange de la voir vêtu aussi simplement. Pas de crinoline ni de rubans ou de dentelles, juste une vieille chemise délavée, un pantalon aux couleurs passées et les cheveux noués. Elle aurait presque pu passer pour une gamine des rues sans sa peau parfaitement lisse et ses yeux étrangement ambré.

– Aha ! donc tu confirmes qu’il est un inconnu ! riposta l’ancienne reine.

– Bonne nuit Mag, se contenta de répondre Amélia avec un sourire.

Vexée, Magdalena se retira, rapidement suivie par les autres personnages des peintures. Jagger observa les cadres vides autour d’eux. C’était presque plus étrange que voir tout ce monde en mouvement en train de l’observer.

Amélia se tourna vers lui et lui tendit la main. Sans vraiment y réfléchir, Jagger la lui prit et elle le guida jusqu’à la porte.

– Je vais me servir d’un sortilège un peu particulier, expliqua Amélia. Alors, surtout, ne lâche pas ma main, d’accord ?

Jagger se contenta d’acquiescer, l’angoisse et l’incertitude lui nouant la gorge. De son côté, et sans se formaliser des états d’esprit de son compagnon, Amélia se tourna solennellement vers la porte. Elle ferma les yeux et se concentra. Après un moment, la sorcière ouvrit des yeux d’or qu’elle braqua que le panneau, sous le regard attentif et fasciné du jeune homme. Elle posa une main sur la poignée et ouvrit un passage sur le néant le plus totale.

Jagger n’eut pas le temps de protester qu’Amélia franchissait déjà le passage, le trainant à sa suite. Aveugle, Jagger se sentit tour à tour bouillir et geler. La traversée lui sembla durer tout à la fois une éternité et une fraction de seconde. Et, tout du long, il ne lâcha pas la main de la sorcière, terrifié à l’idée de se perdre dans un lieu pareil.

Quand il ouvrit de nouveau les yeux, ce fut pour découvrir un décor bien tangible, loin du manoir et son salon secret. Amélia les avait tout bonnement fait apparaître dans une ruelle du Quartier des Humains, non loin de l’esplanade où se trouvait le commissariat. En se retournant, l’homme-fée vit la porte derrière eux se refermer sur le néant dans un claquement presque délicat.

Mais la jeune fille ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits et le tira bien vite dans l’ombre où ils se fondirent. Encore un peu secoué par ce voyage express, Jagger sentait la nausée lui tordre les entrailles.

– C’était quoi, ça ? demanda-t-il dans un hoquet, ravalant la bile qui montait dans sa gorge.

– Le sortilège du Porte-à-porte, grimaça-t-elle comme une excuse en lui massant le dos. Je suis désolée, il se pourrait que tu ne te sentes pas bien pendant un moment, la première traversée rend toujours un peu patraque.

Jagger se plia en deux et, accoudé au mur, finit par vomir. Amélia détourna les yeux alors qu’il continuait de cracher le maigre contenu de son estomac. Elle lui laissa le temps de reprendre son souffle, son corps encore secoué de spasmes.

– Un peu ? releva-t-il d’une voix rauque en lui jetant un regard noir.

Elle serra les lèvres. Il faisait peine à voir.

– Ça passera vite, assura-t-elle alors qu’il se redressait en s’essuyant la bouche. De toute façon, nous devons attendre encore un moment que la nuit soit bien avancée. Je veux être sûre de ne croiser personne une fois à l’intérieur.

Jagger opina en silence et le duo s’engagea dans une rue adjacente, se rapprochant du bâtiment. Et ils attendirent.

Au bout d’un moment, Amélia osa jeter un regard à son compagnon. Adossé au mur les yeux fermés, Jagger respirait profondément. Il était encore un peu pâle, son souffle un peu rauque, mais il semblait aller mieux.

– Ça va mieux ? demanda-t-elle prudemment – elle avait l’impression de marcher sur des œufs.

Il hocha lentement de la tête et finit par ouvrir les yeux, balayant la ruelle du regard.

– Même s’il m’en coûte de le reconnaître, ton sortilège est tout de même plus discret que deux idiots courant de coin sombre en coin sombre.

– Deux idiots ? releva Amélia avec un sourire mutin.

Il lui rendit son sourire avant de braquer un regard sévère sur le bâtiment quelques mètres plus loin. Amélia suivit son regard, l’air soucieux. Il y avait encore trop de monde.

– Pourquoi ne pas nous avoir amené directement à l’intérieur ? finit par demander Jagger.

– Je dois connaître la porte d’arrivée pour utiliser ce sort. Se lancer à l’aveuglette pourrait être dangereux, nous aurions pu rester coincé dans les limbes ou réapparaître seulement partiellement.

– Partiellement ?

– J’ai entendu dire qu’un sorcier avait tenté l’expérience, il est arrivé à destination mais a mis plusieurs jours avant de retrouver ses doigts de pieds.

– Il a perdu ses doigts de pieds ? répéta Jagger ébahi. Comment on peut perdre des doigts de pieds ?

Elle haussa des épaules.

– La première fois que j’ai essayé j’ai bien failli ne jamais revoir ma jambe droite, dit-elle en se frottant nerveusement la cuisse. Mais elle a fini par apparaître après moi.

Jagger semblait toujours aussi effaré et loucha sur la jambe de la jeune fille. Amélia n’avait pas besoin de lire dans son esprit pour en deviner les pensées.

– C’est ma vraie jambe, Anita me la recollé. Et le garçon aux doigts de pieds vagabonds les a retrouvés aussi.

– Je n’arrive toujours pas à… Tu sais quoi ? finit-il pas dire. Je ne veux même pas savoir.

Amélia eut un rire avant de reposer les yeux sur le bâtiment.

– Tout ça pour dire que, comme je n’ai jamais mis les pieds au commissariat, j’ai préféré rester prudente. De toute façon, il aurait été risqué d’apparaître directement à l’intérieur, nous aurions tout de suite été repéré.

Il opina et le silence s’installa de nouveau, planant sur toute la ruelle comme un linceul délicat. Un courant d’air glacé se mit à souffler, Jagger se frotta les mains pour se réchauffer.

– Alors ? demanda-t-il après un moment. Comment on entre ?

Amélia pointa les fenêtres donnant sur les combles.

– Tu vois ces fenêtres ? On va passer par là.

Jagger fronça les sourcils.

– Ce ne sont pas des appartements de fonction ?

– Si.

– Ce n’est pas trop risqué ? Je veux dire, et si on tombait sur quelqu’un ?

– Nausicaa m’a dit qu’ils étaient vide la plupart du temps. Les enquêteurs s’en servent uniquement lors de grosses affaires.

– Et comme le Tueur de Fée n’est pas une priorité… comprit rapidement Jagger.

Amélia eut un sourire triste.

– Tu as tout compris. Mais on devrait quand même se montrer prudents. Dylan O’Brien semble très impliqué dans l’enquête malgré toutes ses difficultés, il pourrait bien occuper l’un de ces appartements.

Amélia attendit encore quelques instants. Quand sa montre indiqua deux heures passées, elle se décida à agir. Elle commença par recouvrir le ciel de nuages, lentement, pour ne pas éveiller les soupçons.

Quand la lune ne fut plus visible et que seule la faible lueur des réverbères illuminait la rue, Amélia et Jagger se dépêchèrent de contourner l’esplanade pour rejoindre le côté du bâtiment. Là, à la faveur de cette obscurité presque totale, Jagger se permit de déployer ses ailes et souleva Amélia dans ses bras avant de s’envoler jusqu’au toit du bâtiment où ils s’accroupirent.

– Fait attention, ne put s’empêcher de murmurer Amélia en voyant Jagger sauter sur le rebord de la fenêtre.

Jagger se contenta de lui lancer un sourire mutin. À tout moment, elle s’attendait à le voir glisser et tomber dans le vide. Et même si elle savait que ses ailes le sauveraient, elle n’était pas certaine de supporter de le voir chuter ainsi du sixième étage.

Jagger jeta un regard prudent par la fenêtre. L’intérieur était plongé dans l’ombre et semblait désert. Le plus silencieusement possible, il entreprit d’ouvrir la fenêtre et passa la tête à l’intérieur. Pas un bruit ne troubla le silence. Parfait. Il se redressa sur le rebord et se tourna vers Amélia qui attendait toujours un peu plus haut. La sorcière devait se concentrer pour ne pas laisser le nuage s’évaporer.

– À toi maintenant, fit-il en tendant les bras.

Lentement, Amélia laissa le sortilège s’effilocher. Quand elle entreprit, avec milles précautions, de glisser à son tour sur le rebord, la lumière de la lune commençait à percer derrière son nuage. Ils devaient se dépêcher. Elle tangua un peu, malhabile. Elle ne comprenait définitivement pas comment Jagger faisait. Il semblait si à l’aise de frôler ainsi le vide… Amélia, elle, avait la nausée.

Jagger l’aida à passer par la fenêtre avant de la suivre. Il eut juste le temps de se glisser à sa suite avant que la lune ne reparaisse dans le ciel. Le nuage d’Amélia s’était totalement dissipé. 

L’adolescente regarda autour d’elle, fascinée. L’appartement était minuscule et ne contenait que deux pièces : une chambre dont elle devinait les contours d’un vieux lit au matelas fatigué et la pièce à vivre dans laquelle ils venaient d’atterrir tandis qu’an fond, il lui sembla reconnaître un cabinet d’aisance juste à côté d’une petite cuisine ouverte.

– Encore plus petit que chez moi, fit remarquer Jagger en époussetant ses vêtements, presque impressionné.

Leur arrivée dans la pièce avait soulevé un nuage de poussière incroyablement épais qui leur piqua les yeux de longues secondes. Les quelques meubles qui habillaient l’espace étaient couverts de draps blancs à l’odeur de moisi. Mais le plus étonnant demeurait ces dizaines de cartons empilés les uns sur les autres dans le désordre le plus complet. On eut dit qu’ils se disputaient une place sur les meubles fantômes, emplissant la pièce d’une odeur de vieux papier. En s’approchant, ils y découvrirent des dossiers d’anciennes affaires en vrac. Le tout faisait peine à voir.

– J’espère que leurs archives sont mieux rangées, renifla Jagger avec dédain en zigzaguant entre les monceaux de cartons.

Il n’avait pas tort. Et, au fond, Amélia espérait que ces cartons n’étaient là que temporairement, que les archivistes étaient simplement en train de faire le tri dans leurs dossiers. Mais, au vu de la pellicule de poussière tout aussi épaisse qui recouvrait les papiers, elle en doutait.

Parvenus à la porte de l’appartement, Amélia prit la tête. Elle entrouvrit le battant, y jetant un regard prudent. De l’autre côté, elle découvrit un long couloir silencieux plongé dans l’ombre. Aucun signe de vie.

– Allons-y, conclut-t-elle.

Et ils s’y glissèrent, tendant une oreille attentive.

Quelques mètres plus loin, le couloir débouchait sur un petit escalier en colimaçon. Mais, alors qu’Amélia s’apprêtait à y poser un pied, des voix s’élevèrent de l’étage inférieur. Aussitôt Jagger et elle se renfoncèrent dans les ombres. Mais la curiosité immense qui la rongeait poussa Amélia à jeter un regard par-dessus la rambarde. Juste en dessous, trois hommes discutaient à voix basse.

L’un d’eux – un vampire lui semblait-il – portait une longue blouse blanche. Amélia en reconnu tout de suite le blason qui l’ornait, un serpent s’enroulant autour d’une branche d’olivier, le symbole de l’Aîné Sage. Un médecin légiste, conclut-elle. Seuls les membres de l’Ordre des Médecins pouvaient arborer ce blason.

Les deux autres, eux, portaient l’uniforme bleu et argent des officiers de police. La seule touche d’or résidait dans le blason sur leurs épaules, une épée pointant les éclats du soleil, le symbole de l’Aîné Lux.

– Je trouve ça vraiment injuste, plaidait l’un des officiers à voix basse – un ondin au vu de ses cheveux bleus. O’Brien se plie en quatre et on n’a même pas le droit de l’aider !

Amélia fonça les sourcils. Comment ça, ils ne pouvaient pas l’aider ?

– Ce tueur est une vraie plaie, grogna le vampire d’une voix caverneuse. Il nous fait passer pour des idiots.

– Comment le Commissaire peut-il nous empêcher de faire notre travail ? bougonnait le plus jeune – un humain.

– Il a peur pour ses miches, cracha le vampire.

Même d’aussi loin, Amélia pouvait voir ses yeux luire de colère.

– Si ces nobliaux de sorciers arrêtaient de nous mettre des bâtons dans les roues, il y a longtemps que le tueur aurait été appréhendé, c’est moi qui vous le dis !

Amélia savait que la remarque ne lui était pas réellement destinée, mais cela faisait tout aussi mal que de recevoir une paire de gifle. Et, en y repensant, elle aurait presque préféré cette dernière. Au moins la douleur physique avait-elle un terme. La colère et la honte, elles, persistaient bien plus longtemps dans les mémoires.

– Dire qu’on est relégué à la paperasse juste pour nous empêcher d’aider, fulminait l’ondin. Quand le monde est-il tombé aussi bas ?

– Quand ces maudits Lerouge ont complètement déraillés, répondit le vampire avec amertume.

Amélia sentait qu’il aurait volontiers croqué l’un deux. Elle voyait d’ailleurs ses longues canines effilées lui sortir de la bouche tant sa colère bouillonnait, prête à exploser.

Note à moi-même, se figura la jeune fille, ne jamais énerver un vampire qui n’a pas eu sa dose. Car, à y regarder de plus près les cernes qui pendaient à ses yeux, celui-ci ne semblait pas avoir dormi depuis un moment, ni but son litre de sang.

Il soupira, passant une main lasse dans ses cheveux bruns.

– Enfin… j’espère qu’O’Brien trouvera rapidement le coupable. Je ne veux plus avoir à autopsier une nouvelle fée, c’est bien trop horrible…

Derrière elle, Amélia sentit Jagger se tendre.

Le petit groupe finit par se séparer, le vampire s’en allant le premier dans les profondeurs du bâtiment – sans doute retrouverait-il la salle d’autopsie – alors que l’ondin et l’humain disparaissaient dans un autre couloir.

Après un long silence, Amélia se tourna vers Jagger.

– Tu vois, nous ne sommes pas les seuls à nous en soucier.

– Mais les seuls à agir, se rembrunit-il. Ils ont raison, sans ces maudits nobliaux de sorciers, le tueur aurait été arrêté depuis longtemps.

Amélia s’assombrit et se détourna, les dents serrées. Elle regrettait presque d’être née sorcière.

– Allons-y avant qu’ils ne reviennent, dit-elle simplement.

Et ils s’enfoncèrent dans les entrailles du bâtiment. Couloir après couloir, le duo erra plus qu’ils n’exploraient. Le commissariat était un véritable labyrinthe de salles et de corridors interminables et tous identiques. Excédée, Amélia avait fini par user de sa magie pour voir à travers les murs, s’assurant qu’il n’y avait personne. Perdu pour perdu, ils finirent même par découvrir les cellules où s’agglutinaient autant de criminels que de simples vagabonds sans abri.

Incapable de regarder ce sinistre spectacle plus longtemps, Amélia se détourna. Elle ne pouvait rien pour eux, pas la peine de s’y attarder.

Jagger l’observait du coin de l’œil. Il la trouvait bien sombre depuis leur arrivée dans cet étrange endroit. À plusieurs reprises il avait tenté de s’excuser, il ne voulait pas la mettre dans le même panier que les Lerouge et tous ces sorciers ignobles qu’il avait pu croiser, mais il n’en avait pas eu le temps. Et, à présent que ce couloir labyrinthique tapait sérieusement sur les nerfs de la sorcière, il craignait carrément d’ouvrir la bouche.

Au bout de ce qui leur sembla des heures, le duo trouva enfin le bureau d’O’Brien.

Vide.

Un sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille, le premier depuis leur arrivée. Ne perdant pas une seconde de plus, Amélia et Jagger y entrèrent.

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