Chapitre 24 - Examen magique

Par Froglys

Le troisième jour après son départ, Thalion revint.

Je déjeunais avec Lisabeth, Léandre et Léoni. Liane ayant un rendez-vous important et Talia étant rentrée pour affaires avec son père, Siméon de Dvareine. Nous étions donc en comité réduit lorsqu’un homme, simplement habillé et doté d’une épée, vint informer la duchesse de l’arrivée de Thalion.

Apparemment, aussitôt rentré, il s’était rendu dans ses quartiers en demandant à ce que personne ne le dérange pendant quelques heures. À moins que le palais ne soit envahi, la capitale attaquée ou le monde brûlant sous les flammes.

Lisabeth, ma tante, avait ordonné que ses souhaits soient respectés et protégés. Ainsi, malgré sa présence au sein du palais, je n’avais pas pu le voir avant le soir.

 

— Que dirais-tu de prévoir une sortie en ville dans les jours prochains ? avait demandé le prince sur ce qui semblait un pur coup de tête, après un combat sur notre habituel terrain d’entraînement.

— Non, mais t’es idiot ou quoi ? cria immédiatement Léoni en le frappant à l’arrière du crâne.

— Léo ! Ça fait déjà presque une semaine que vous êtes arrivés et ils n’ont pas pointé le bout de leur nez. Vous n’allez quand même pas rester enfermés ici indéfiniment ! Si ce sont vraiment des chasseurs payés, ils doivent avoir d’autres contrats, répliqua l’initiateur de l’idée.

Il n’avait pas complètement tort. Je commençais également à m’ennuyer dans la routine qui s’était installée. Mais j’assumais qu’il pouvait encore être dangereux de sortir. Thalion l’avait peut-être fait, mais il était fort et, seul, il n’avait eu personne à se traîner.

— Moi aussi, j’aimerais bien sortir, mais ce cher Jegal a demandé à tout le monde de ne pas me confier de mission en dehors du palais. Alors, ce prince va la fermer et patienter.

Personne ne dit plus rien après ça. Léoni n’était pas énervé, mais sûrement plus saoulé par la situation qu’aucun autre. Il devait, d’après ses dires d’un air toujours aussi dramatique, se contenter d’entraînements sans pouvoir profiter d’alcool et de jolies filles que l’on ne trouve qu’en dehors des murs de cette prison.

— Léoni, je vais t’assassiner dans ton sommeil, entendis-je résonner derrière moi.

Je me retournai brusquement en même temps que les deux autres et mes yeux se posèrent sur mon frère, quelques mètres plus loin. Ses cheveux en bataille et ses sourcils froncés. Il avait une égratignure sur le front. Mon cœur s’emballa à cette idée.

S’était-il battu ? Avait-il eu des ennuis en ville ? Avec la jeune femme rousse peut-être ?

Il me fixait d’un regard perçant et quelque peu furieux, mais c’était le sien et je le reconnaîtrais entre mille.

— Vous m’expliquez ce que vous foutez ici ? fulminait-il en s’avançant dans notre direction.

Heureuse de le revoir j’avais un peu oublié où nous nous trouvions et surtout ce que nous avions chacun entre nos mains. Je tentais de dissimuler la mienne avec ma jambe. Malheureusement, c’était déjà trop tard.

— Thal, on peut tout…

Parvenu jusqu’à moi, il soupira bruyamment, interrompant ma tentative de nous défendre.

— Désolé. J’aurais simplement préféré être au courant avant que vous ne commenciez quoi que ce soit.

Il posa une main sur ma tête et m’attira contre lui.

Une odeur de bois et de poussière parvint à mes narines. Ce n’était pas l’odeur habituelle de mon frère, mais cela m’indiquait qu’il avait passé ses journées à l’intérieur et me rassurait quelque peu. Il conservait cette odeur familière de fer que je lui avais trouvée après nos retrouvailles. Sûrement venait-elle de la forge, mais je l’appréciais beaucoup. Je me sentais en sécurité. Et là, dans ses bras, j’étais bien.

— Tu as quelque chose à me dire, Léo ? coula-t-il d’une voix qui résonnait encore plus grave, mon oreille plaquée contre son torse.

— J’ai pris cette décision parce que tu ne semblais pas vouloir y remédier.

— C’est vraiment ce que tu pensais ? Que je laisserais ma petite sœur démunie face à nos adversaires ? Que crois-tu que j’ai fait ces derniers jours ?

— Justement, tu ne m’as rien dit. Alors j’ai pris l’initiative de lui apprendre des bases. Et elle se débrouille incroyablement bien.

Je sentais les bras de Thalion se resserrer légèrement autour de moi.

— Je verrai ça avec elle. Je vais vous l’emprunter, nous avons une entrevue avec Émile.

Léandre et Léoni acquiescèrent sans oser dire un mot de plus. Thalion attrapa ma main et me tira à sa suite alors que je peinais à comprendre ce qu’il se passait.

— Thalion, il ne va pas faire de favoritisme uniquement parce qu’il s’agit de ta sœur, soupira l’homme aux cheveux partiellement blancs.

— Je t’assure qu’il sera surpris de voir ce qu’elle peut faire, maintenait l’intéressé.

Il posa son regard sur moi attendant que j’intervienne dans leur dissension.

— Que lui as-tu appris ? questionna Emile qui paraissait las de cette conversation, mais essayait de faire de son mieux.

— Rien justement.

Le roi prit quelques secondes pour assimiler l’information avant de s’adresser à moi cette fois-ci.

— Où as-tu appris ?

Comment dire que je n’en savais rien ? À nouveau…

— Un ami me l’a enseignée.

— Qui ?

Mes entrailles se nouèrent. Je pensai à Fallon, comment étais-je censée le présenter ? Je savais à peine qui il était moi-même, mais il y avait une chose dont j’étais certaine à son propos.

J’avalais difficilement ma salive.

— Cela ne vous avancera pas de savoir qui c’est.

Je lui faisais confiance depuis longtemps maintenant et il avait amplement démontré que cette confiance était digne d’être renouvelée.

— Puis-je au moins savoir s’il s’agissait d’un mage de clan ou d’un professeur en école de magie ? insista-t-il.

Je secouai la tête négativement. Il était certain que Fallon n’aurait pu être mage, donc il ne correspondait pas aux critères du roi.

Ce dernier se redressa alors sur son siège et soupira, pour la septième fois depuis notre arrivée. J’avais compté.

— Je demanderai à Pierre ce qu’il en pense.

— Précise-lui bien que ses capacités magiques pourraient bien être supérieures aux miennes, ajouta mon frère avant de me tirer à l’extérieur.

Durant toute cette entrevue, celui-ci n’avait pas cessé de vanter mes mérites qui n’avaient pourtant étaient qu’intuitifs.

Je remarquai aussi que Thalion n’hésitait pas à vanter son propre talent pour obtenir des autres ce qu’il voulait. Il n’avait jamais été comme ça avant la mort de nos parents. Discret et altruiste, il ne se serait jamais servi de ce que les autres pensaient de lui pour parvenir à ses fins.

Peu de temps après, nous retrouvions les autres pour le dîner. L’ambiance était bien différente du midi. Avec Liane et Thalion en plus, Emile et même Jegal nous avaient rejoints.

Il y avait beaucoup d’animation du côté des plus jeunes, tandis que les trois adultes discutaient de manière plus calme. Liane collait mon frère et racontait sa journée avec les autres filles nobles de la capitale.

À la fin du repas, le roi interpella le mage le plus puissant de la salle tandis que tout le monde quittait les lieux. Seul restait encore Léoni qui nous attendait. J’étais complètement en train de penser de la même manière que chacun d’entre eux.

— Pierre viendra demain dans la matinée. Il lui fera passer les habituels examens. Tu y assisteras.

Tout d’abord, il fut surpris, sûrement plus que moi, avant de sourire.

— Merci, Emile.

Mais, qui était Pierre ?

J’attendis qu’on se retrouve à trois pour le demander.

— Le directeur de la prestigieuse académie de magie d’Orane, Clerfort.

— C’est un mage formidable, tu verras. Mais Thal, pourquoi ne pas lui faire passer l’examen national ?

— Les inscriptions sont terminées depuis plusieurs semaines déjà. Et puis, tu as vu toi-même ce dont elle était capable. Il ne pourra plus la refuser dans son école après l’avoir constaté.

— Tu comptes la faire entrer dans cette classe ?

Thalion haussa les épaules sans répondre. J’avais l’impression qu’ils parlaient en langage codé.

— Je suppose qu’elle sera admise alors. Peu importe ce qu’il lui demande, elle pourrait bien en être capable.

Il me jeta un coup d’œil avant de demander une faveur à mon frère.

 

Je m’étirai dans mon lit avant de frissonner. La nuit avait été chaude alors j’avais repoussé mes couvertures sur le sol. Mais j’avais désormais froid. Quelques lueurs matinales éclairaient faiblement la chambre. J’étais bien là. Jusqu’à ce que quelqu’un tape à la porte.

— Théa ! Faut que tu te prépares. Le directeur viendra dans une heure. Je t’attends dans le salon pour aller prendre un petit-déjeuner, hurlait la voix étouffée de mon frère bien aimé.

— J’arrive ! dus-je me forcer de m’écrier, la voix encore enrouée par le sommeil.

Je me relevai et me rendis dans la salle de bain. À contrecœur, je pris une douche fraîche et rapide pour me réveiller. Je revêtis une chemise blanche et un nouveau veston bleu accompagnés d’un pantalon beige ample. J’attachai mes cheveux en un chignon bas et lâche avant de rejoindre Thal.

Après un petit-déjeuner copieux, ce dernier m’accompagna dans la salle du trône.

Seuls étaient présents deux hommes. Celui aux cheveux blancs, le roi, nous salua lorsqu’il nous vit. Le second, de dos, était vêtu d’un costume immaculé. Il se tenait droit, ses bras maintenus dans son dos. Il était également plus petit qu’Emile et ses cheveux châtains, aussi longs que ceux de Léoni, étaient plaqués vers l’arrière. Lorsqu’il se retourna, je vis que deux mèches tombaient sur son front. Il nous offrit un sourire chaleureux. Il semblait à peine avoir la trentaine. Était-ce lui, Pierre ?

— Les enfants ! Approchez, nous invita celui aux cheveux blanchis.

J’accélérais la cadence tandis que les deux hommes clôturaient leur discussion.

— Anthéa, voici Pierre Salament, le directeur de Clerfort.

— Enchanté ! J’ai hâte de voir ce pour quoi ce cher Thalion a expressément demandé à ce que je t’accepte dans mon école. Je ne me déplace pas pour n’importe qui, et encore moins en dehors de mes journées de travail.

— Si seulement tu travaillais, entendis-je mon frère marmonner à côté de moi.

— Enfin ! Emile me l’a demandé et, en tant que meilleur ami, je ne pouvais pas refuser.

Il y avait beaucoup de franchise et d’enthousiasme dans son ton. Chacune de ses phrases semblait commencer par une intonation. Il m’avait l’air plutôt sympathique.

— Thalion ! Et si tu t’asseyais plus loin le temps que j’explique à ta jeune sœur quelques principes pour que son examen se déroule correctement ?

Sans plus attendre, l’un obéit, se calant sur les marches, tandis que l’autre claqua des doigts. Aussitôt, un bureau, une chaise et un kit d’écriture apparurent devant moi.

Était-ce de la magie ? Pourtant, il ne me semblait pas avoir entendu une quelconque formule.

Tapotant la chaise en bois, il m’invita à m’installer. Il posa ensuite sur la table un paquet composé d’une dizaine de feuilles.

— Ceci, commença-t-il en posant sa main sur les pages, est la liste complète des questions que nous posons aux élèves pour leur admission. Réponds à toutes celles dont tu connais la réponse et laisse les autres.

Il regarda quelque chose autour de son poignet.

— Tu as une heure. Demande-moi combien de temps il te reste dès que tu le souhaites.

Il s’éloigna pour aller rejoindre mon frère. J’avais un peu peur concernant le genre de questions auxquelles j’allais devoir répondre. Je ne connaissais pas grand-chose à la magie. J’avalais difficilement ma salive, un peu stressée, et me concentrais sur ce que je devais faire. Je lus la première page.

« Examen écrit d’entrée à Clerfort

Veuillez répondre au maximum de questions de la manière la plus simple possible.

Bonne chance. »

Comment ça « bonne chance » ? Je m’empressai de regarder la première page de questions.

« Qu’est-ce que la magie ? »

« Comment est-elle utilisée ? »

« Citez trois de ses usages les plus courants. »

Jusque-là, ça allait. Je grattais quelques mots pour répondre. De la manière la plus simple possible.

« Quelles sont les différentes castes de mage ? »

« Quels clans possèdent leur quartier général à Orane ? »

Les questions suivantes s’enchaînaient également beaucoup autour des différents pays et de la magie. Logique dirait-on. Sauf que beaucoup d’entre elles étaient très spécifiques et, Bien que ma lecture des derniers jours eut été L’Histoire des mages à Orane, je ne sus répondre qu’à un tiers d’entre elles.

Une heure plus tard, je posai mon stylo ayant fait mon maximum et me levai pour apporter mes fiches au directeur. Il me souriait. Thalion, quant à lui, était aussi neutre qu’à l’accoutumée. En fait, sur ce point-là, le grand mage me faisait penser à Léoni et sa jovialité.

— J’ai vu que tu as pu écrire des choses. C’est déjà bien, essaya-t-il de me rassurer.

Je n’étais pas vraiment certaine de ce qu’il avançait. Beaucoup de ceux qui passaient ce test devaient appartenir à des familles nobles et bien instruites. Je ne pouvais espérer m’inscrire à Clerfort en n’ayant même pas répondu à la moitié des questions.

— Gardez vos encouragements pour vous. Mes feuilles sont presque vides, maugréai-je dépitée sans prêter attention de la personne à qui je parlais.

Je grimaçais en plaquant mes mains contre ma bouche pour me forcer à me taire. Qu’est-ce qu’il m’avait pris ? Il fallait vraiment que j’arrête d’agir comme… comme… Comme un Léoni !

Mais le directeur ne sembla pas me tenir rigueur de ma fougue. Au contraire, son sourire s’agrandit.

— Ton frère aurait pu répondre exactement la même chose après son examen, annonça-t-il en me rassurant vraiment cette fois. Si je ne me trompe pas, il a dû avoir une dizaine de réponses justes.

Mais il y avait au moins cinquante questions !

— Comment a-t-il pu entrer alors ? le questionnai-je, plus par curiosité que pour savoir comment j’allais pouvoir intégrer Clerfort.

L’adulte souriant m’adressa un clin d’œil avant de claquer des doigts. Le matériel précédemment invoqué disparut.

— La pratique, annonça Thalion sans développer, avare en informations comme d’habitude.

Heureusement que ce cher directeur était là, sinon je serais restée sans comprendre jusqu’à tester. Je ne savais pas si c’était par flegme de m’expliquer quelque chose que je saurais tôt ou tard ou par… je ne-savais quoi.

— Beaucoup d’élèves viennent de coins reculés et même des campagnes du pays. Pourtant, ils feraient d’excellents mages s’ils avaient reçu un apprentissage correct. Certains ne savent même pas écrire. C’est ce en quoi s’engage l’académie. L’examen pratique permet de déceler le potentiel des élèves, m’expliqua-t-il en remontant ses manches au-dessus de ses coudes avant de pointer un endroit devant lui. Amène-toi devant moi, je vais te montrer comment ça se déroule.

Heureuse de pouvoir enfin pratiquer la magie, ce que je pensais initialement que j’allais devoir faire, je lui obéis sans attendre.

— Bien. Je pratiquerai un total de trois sorts. Chacun sera plus difficile que le précédent. Tu devras à chaque fois répéter ce que j’aurai fait. Cela fonctionne comme pour le test, fais ton maximum et ne stresse pas. Je suis mage depuis bien plus longtemps que tu n’existes, reproduis simplement correctement tout ce que je vais faire, peu importe le résultat. Si tu arrives à m’impressionner, considère le test comme réussi.

Je hochai la tête. L’impressionner ? Mais comment ? Quels sorts allait-il lancer ? Je n’eus pas à attendre plus longtemps pour connaître les réponses à ma question.

Tendant son bras devant lui, les doigts vers le sol et le dos de sa main dans ma direction, il prononça haut et fort un mot en balayant sa main vers moi.

Zilé !

Un souffle puissant m’arriva en pleine figure, me surprenant et m’arrachant quelques larmes. Lorsqu’il baisse son bras, tout se calma autour de nous.

C’était impressionnant. Avec un peu plus de puissance, il aurait pu aisément m’envoyer valser au loin et je ne doutais pas du fait que le directeur en aurait été capable quand on savait que certains sorts pouvaient détruire des villages entiers avec suffisamment de pratique.

— C’est à ton tour, m’indiqua le mage.

Me remémorant dans les moindres détails ce que l’homme venait d’accomplir, je m’exécutai.

Ma main était tremblante de peur d’échouer. Je fermai les yeux. Jusque-là, je n’avais jamais eu beaucoup de difficulté pour pratiquer la magie, mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser que je pourrais rester bloquée. Les divers conseils de ceux qui m’avaient enseigné cet art me revenaient en mémoire.

Ne vois pas trop grand, m’avait conseillé Fallon.

Visualise les énergies magiques, m’avait appris mon frère.

Pense au but et uniquement au but, m’avait indiqué Léoni qui, la veille au soir m’avait prise à part.

Décidée, je soulevai lentement mes paupières, le bras tendu vers l’avant, je laissais les énergies parcourir mon corps et l’espace qui m’entourait.

Zilé… murmurai-je en exécutant les mêmes gestes que le directeur, avec une assurance telle que j’étais certaine de réussir.

J’eus tout à coup l’impression que l’air se faisait plus dense et une bourrasque se dirigea droit sur l’adulte, faisant voler vers l’arrière ses quelques mèches de cheveux qui tombaient sur son front.

Je souris, fière de moi, Bien que mon exploit magique dura moins de temps que je ne l’espérais.

Je regardai mes mains qui m’avaient permis d’accomplir un tel sort avant de fixer l’homme face à moi. Celui-ci ne réagissait pas. Apparemment, réussir à former un tel souffle n’était pas suffisant pour l’impressionner.

— Ce n’est pas trop mal, déclara-t-il finalement avant de se préparer pour le second exercice.

Il plaça cette fois-ci ses deux mains devant lui, paumes tournées vers moi, l’une sur l’autre, les doigts en décalés. Je reconnus immédiatement le sort du bouclier.

Aouil plodiov.

Un reflet argenté, partant de ses paumes, forma une bulle translucide autour de lui avant de s’estomper.

— Le bouclier. Je vérifierai l’efficacité du tien si tu y arrives.

À nouveau, je hochai la tête. Je souhaitais lui montrer tout ce dont j’étais capable avec ce sort. Pourtant, je doutais parce que, pour cela il me fallait prendre le risque de l’initiative. Celle de contourner la consigne qui consistait à reproduire les sorts du directeur.

Si cela ne lui plaisait pas, il me restait encore un essai pour espérer être acceptée à Clerfort, n’est-ce pas ? Je n’étais pas sûre de moi, mais il me fallait essayer.

J’inspirai profondément avant d’expirer. Je ne pris pas la peine de prendre une position correcte. Il n’y en avait pas besoin pour ce que je comptais faire.

Aouil plodiov.

Tout se déroula correctement. Une fine couche cristalline vint recouvrir mon corps comme une seconde peau, coupant du même coup les sensations physiques que mon corps recevait de l’extérieur. Je fixais toujours le mage la boule au ventre. Un sourire se dessina sur le visage de ce dernier.

Il balança une bourrasque dans ma direction sans que je ressente le moindre courant d’air. Mon bouclier était solide.

— Tu es capable de le maintenir ?

J’acquiesçai.

— Ça, c’est un vrai coup de théâtre, Anthéa ! Tu es assez douée.

Sous ses compliments, je me décrispai et affichai un sourire. Il me semblait avoir réussi à l’impressionner.

— Si tu le permets, je ne te ferai pas passer le dernier test, lança-t-il alors en lançant un regard à Thalion qui nous observait depuis le début. Ce serait inutile et j’ai encore beaucoup d’autres choses qui m’attendent.

Il me serra la main.

— Ce fut une agréable rencontre. J’ai hâte de te voir parmi mes élèves, très chère Anthéa Valberton.

Et comme un courant d’air, il se dirigea vers la sortie et disparut. Je restais abasourdie. Il était un être assez calme et charismatique, mais qui semblait bâcler les convenances et agir comme bon lui semblait. Après tout, accepter de faire passer un test à une personne non inscrite n’était sûrement pas un évènement anodin que tous auraient fait.

— Je suis désolé. J’aurais dû te prévenir qu’il s’échapperait dès lors qu’il aurait pris sa décision, expliqua Thal en passant une main sur sa nuque.

Il soupira et s’avança vers moi.

— Je ne te l’ai jamais dit, mais les classes sont faites à partir de recommandations et de cet examen. J’ai parlé de tes capacités et le directeur a pu se faire un avis également.

— Penses-tu que j’ai bien fait ?

— Il te l’a laissé entendre. Tu l’as impressionné et tu es déjà acceptée. Il faudra simplement passer par les procédures administratives, mais je demanderai à Lisabeth de s’en charger. Après tout, c’est elle notre responsable légal.

Je hochai la tête. Ainsi, j’avais franchi la première étape vers mon objectif. Intégrer la prestigieuse académie de magie et y devenir plus forte.

— Au fait, nous partons demain chez un ami, ajouta Thalion avant de s’éloigner pour sortir de la salle du trône.

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