— Où sommes-nous ? demanda Bérénice, émerveillée.
Elle avait ouvert une porte place de la Bastille et était ressortie dans un jardin féérique.
— Au parc Monceau. Bérénice, enfilez cette cape, sinon nous serons repérés avant d’avoir fait trois pas. Vous ressemblez…
— À une évadée de prison ? acheva-t-elle avec malice.
Bérénice s’enveloppa dans la cape avec reconnaissance. Le froid et la fatigue se faisaient douloureusement sentir et ses blessures jusque-là masquées par l’adrénaline, se rappelaient à son bon souvenir. Ils traversèrent le parc et ses bosquets fleuris, ses manèges à l’arrêt, ses colonnades grecques et ses cygnes glissant sur la surface d’une mare artificielle.
— Je rêverais de m’allonger ici, fit-elle, épuisée.
— Non, on continue ! répondit Dimitri avec fermeté en la secouant comme un prunier. On y est presque, mais si vous vous arrêtez, c’en est fini. Vous n’auriez plus la force de repartir.
— On apparait et disparait de nulle part. Ces passages de correspondances sont extraordinaires.
Dimitri, qui poursuivait sa progression dans le parc en scrutant les environs, se figea un instant pour contempler Bérénice.
— Nous ne sortons pas exactement de nulle part. C’était la cabane à outils du jardinier, fit-il en pointant du doigt la case verte sous les arbres. Ne vous délectez pas trop de tous ces mystères. Les passages des correspondances ont été utilisés par les armées des précédents empereurs pour attaquer et tuer par surprise. Derrière chaque merveille que nous créons se cache une triste réalité.
Toujours soucieux de rétablir la vérité aux risques de briser les illusions des autres.
— Où allons-nous ? soupira Bérénice.
Ils sortirent du parc Monceau. Dimitri ne répondit pas, l’entrainant dans des ruelles adjacentes. Bérénice entraperçut un bâtiment aussi atypique que splendide :
— C'est…
— L'église russe de Paris, oui.
Elle reconnaissait cette architecture moscovite, cette profusion de dorures et d'élégance. Elle n'aurait jamais soupçonné un tel édifice dans une rue de traverse.
Alors que Bérénice allait bifurquer sur la gauche, elle distingua Gisèle Harcourt à la porte de l’église. Un voile pudique sur ses cheveux dorés, elle saluait d’autres femmes sur le parvis. Bérénice détourna le visage et réajusta la capuche sur sa tête.
— Dimitri, chuchota-t-elle, inquiète. Gisèle Harcourt est devant l'église !
Il osa un regard discret, puis se laissa dépasser par Bérénice pour la dissimuler.
— C’est inutile, fit Bérénice. Vous êtes aussi visible qu'un phare en pleine nuit. Quelle idée de porter une tenue aussi extravagante ! – Il était encore revêtu d’un de ses nombreux costumes à carreaux. – Vous auriez pu faire un effort…et quelle probabilité pour tomber sur elle !
— La reconnaissance ne vous étouffe pas, siffla-t-il entre les dents tout en regardant droit devant lui. Elle est russe, d’accord…Mais que fait-elle ici !
— Les Russes prient toute la nuit dans leurs églises.
— Ce n’était pas une question. J’aurais dû vous laisser plus longtemps avec Decas.
— Il n’est pas prêt de vouloir me revoir…Savez-vous qu’il a osé me demander en mariage !
Malgré l’urgence, Dimitri resta coi :
— Vous vous moquez de moi.
— Je crois que ma réponse lui a fait l’effet d’un coup de poing ! Il a vu de quel bois je me chauffais ! fit-elle avec énergie en retroussant les manches de l'immense cape.
— Bien au contraire. Il a vu en vous, ce que j'ai vu ce soir-là, répondit Dimitri amusé.
Bérénice releva la tête, confuse :
— Quel soir ?
— Au ministère. Lorsque vous avez menacé ces hommes avec le pistolet. Savez-vous pourquoi ils n'ont pas avancé ? Ils ont compris que vous n'hésiteriez pas à tirer. Vraiment. Vous êtes une femme, mais vous êtes à l’aise dans un monde d’hommes. Vous n’avez pas peur. Vous désarçonnez. Vous êtes l'exception à la règle.
Bérénice cessa net sa course revancharde, prise au dépourvu.
— Nous sommes arrivés, reprit Dimitri, le regard toujours déterminé. Je vais vous faire passer par la petite porte. C’est plus sûr.
Dimitri ouvrit une petite grille et ils glissèrent dans une contre-allée. Les murs étaient très hauts, sombres et couverts de mousse. Ils débouchèrent sur une cour intérieure, invisible de la rue passante. Des lierres et vignes s'étiraient le long des murs en brique comme pour toucher les rayons de lune. Elle reconnut une des fenêtres de la chambre dans laquelle elle avait dormi.
— Nous sommes chez vous !
— Attendez-vous à un sacré bazar. Vous n'imaginez pas tout ce qui nous est arrivé.
- Nous ?
Bérénice sentit les larmes monter. Après tant de batailles, elle était épuisée. Ce simple « nous » lui rappelait que dans leurs combats, les autres avaient toujours été ensemble. Elle, en revanche, avait affronté seule, la prison, Decas et l'empereur.
— Je vous laisse juger par vous-même. Le calme me manque, soupira Dimitri.
Il ouvrit la porte et Bérénice entendit un intense brouhaha dans cette maison habituellement si silencieuse et inhabitée. Ils atteignirent le salon, Bérénice se figea à l’entrée.
De partout grouillaient des inconnus. Les draps avaient été retirés des meubles et chaque espace avait été réquisitionné. Sur la table, sur le secrétaire, même sur des guéridons, des journalistes frappaient frénétiquement sur leurs machines à écrire, prêtant à peine attention aux feuilles qui volaient dans toute la pièce. Bérénice en attrapa une. Un tract en faveur de Lysandre. Un autre caricaturant l’empereur. Transformée, Héloïse naviguait d’un journaliste à un dessinateur en donnant des consignes. Elle n’était plus la fille Lépine, mais incarnait Edmond Hardi.
Des piles de papiers s’amoncelaient. Bérénice se tourna vers Dimitri qui ne cachait même pas son agacement. Il était dépassé par ce qui se passait dans son salon.
— Le Cassandre…murmura Bérénice, émue. Vous abritez le journal !
Elle sentait dans l’air une frénésie, celle de la désobéissance civile. « Lorsqu’un gouvernement n’est pas juste, il est de notre devoir de le renverser. » se dit-elle.
— Vous connaissez ce journal ? lui demanda-t-il, étonné.
— J’étais une lectrice assidue, sans savoir qui se cachait derrière la plume de leur journaliste phare ! Mais ce n’est pas ce qui me surprend le plus…
— Ah oui ? Et qu’est-ce donc ? fit-il en penchant son long corps vers elle.
— Vous prenez enfin parti pour votre frère.
Dimitri lui fit un sourire gêné ou une grimace. Mais, pour la première fois, Bérénice lui trouva des traits plus apaisés.
— Depuis le retour de Lysandre, j'ai fait comme si rien n'avait changé. Comme si je pouvais continuer mes activités d’Habile. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Depuis hier, j’ai fait de la demeure de mes parents un refuge de la Résistance. De toute façon, après ma venue au chevet de mon frère l'autre jour, je savais qu'il me faudrait prendre vraiment parti.
— Vous n'aimez pas cela, devina Bérénice en un regard.
— Bérénice ! Tu es vivante ! Ma Bérénice !
Bérénice eut à peine le temps d'apercevoir les boucles blondes d'Héloïse, que celle-ci se jeta sur elle. Elle aurait basculé en arrière, si elle n'avait pas senti la main de Dimitri, faire contrepoids dans son dos.
— Attention Héloïse, je ne suis pas très en forme.
— C'est un euphémisme…Héloïse ménagez-là. Il y a une chambre préparée là-haut. Elle se trouve derrière un rideau. Ce rideau, une fois la porte refermée, la rend complètement invisible. Au cas où nous aurions des visiteurs indésirables…Certes, ma maison est le premier endroit où on viendra vous chercher, mais elle n’en demeure pas moins un vrai casse-tête pour qui veut en percer les secrets.
Dimitri reprit plus fort, à l'adresse de tous :
— Je ne nous donne que peu de temps avant qu’Emilien Decas ne frappe à cette porte. Cachez cette paperasse. Et si on vous pose la question, vous n'êtes pas des rédacteurs, mais des apprentis Habiles. Et par pitié, faites disparaitre ces machines à écrire !
— Ne soyez pas trop dur avec eux, souffla Héloïse à Dimitri en soutenant Bérénice pour monter les étages. Je suis désolée de t'avoir abandonnée à ce terrible endroit, reprit-elle à son adresse.
C'est ainsi que Bérénice se retrouva nue dans la baignoire de la chambre cachée par un rideau, tandis qu'Héloïse inspectait ses blessures :
— Tu ne t'es pas ratée. Tiens, savonne-toi et montre-moi ton poignet que je l’inspecte. Et toi, arrête de m’embêter !
Elle avait prononcé cette dernière phrase à l’adresse d’Icare qui lui donnait des coups de bec à chaque fois que Bérénice grondait de douleurs. Héloïse demanda :
— Comment était-ce, là-bas ?
— À la Conciergerie ? Hé bien…aussi accueillant qu’une prison.
— Nous avons fait le maximum pour t’aider. Tu aurais dû voir ! Un enfer à organiser. Je suis allée en urgence chez Lysandre, qui m’a aussitôt conduite ici où nous avons pris les choses en main : élaborer le plan, trouver l’aérotilus, l’emprunter à l’exposition universelle…ou plutôt voler. Disons clairement les choses. Moi, j’ai quitté le domicile familial. C’est effrayant, mais excitant à la fois. Apparemment, papa est dans une colère noire et ma mère est alitée. Peu importe, je suis partie pour me consacrer entièrement à la cause ! J’ai pu…
Héloïse babillait, tandis que Bérénice se laissait aller à la douceur réconfortante du bain.
— …Et dès que Dimitri a trouvé l’aérotilus, il s’est précipité pour venir te chercher. Pierre aurait été plus compétent, mais Dimitri a insisté. Il a un sens du perfectionnisme qui n’est pas très sain, si tu veux mon avis.
— Des nouvelles de notre évasion ? fit Bérénice en se frottant les genoux.
— Pas un écho dans les journaux ! Comme si la Conciergerie n'avait jamais été éventrée et ses prisonniers jamais évaporés dans tout Paris. Imagine le scandale. Le Cassandre s'efforce de relayer l'information, mais on ne lutte pas à armes égales avec la police des censures.
— Aie ! Doucement Héloïse. Et rien d’autres ?
Elle sortit de la baignoire en laissant Héloïse la draper d'un peignoir.
— Réunion toute à l'heure. Dimitri est au ministère des Habiles en ce moment même.
— Il ne risque rien ? fit Bérénice en relevant la tête avec surprise.
— Pour Dimitri, pas d'inquiétudes. Decas ne peut rien contre lui, sinon cela reviendrait à avouer la débâcle de la Conciergerie. Donc, pour l’instant il y a une forme de statu quo.
Bérénice enfila un pantalon évasé et une chemise que lui tendit Héloïse et crut l’entendre murmurer : « Je renonce à faire de toi une dame du monde. » Bérénice l’ignora.
— On descend ? Ils nous attendent, fit Héloise.
Bérénice était épuisée, mais le bain lui avait donné un second souffle. Elle se laissa guider dans le couloir, Icare lové dans son cou. Devant le portrait des Cœurderoy, Héloïse ralentit :
— C’est incroyable, n’est-ce pas ? Nous participons à une grande cause.
— Tu désobéis à tes parents, à l’empereur… Et tu n’as jamais été aussi radieuse. Un poisson dans l’eau !
Héloïse sourit en posant sa main sur le portrait :
— Tu n’imagines pas à quel point. J’ai hâte de montrer au monde ce dont je suis capable.
Bérénice comprenait bien. Elles descendirent l’escalier.
— Lysandre a pris la tête de la Résistance avec Dimitri, sourit Héloïse, malicieuse. Peut-être que tu as mis du plomb dans le cerveau de cet Habile. J’ai entendu dire que Dimitri prenait ton avis très à cœur lorsque vous étiez ici, avant l’attentat de Lysandre. En général, Dimitri est plutôt fâché avec la gente féminine.
Elles arrivèrent dans le salon où les journalistes n’avaient pas quitté leur chaise.
— Gabrielle ? lança Bérénice en reconnaissant la vieille astronome et professeur de la Sorbonne.
Celle-ci se redressa dans un craquement d’os. Elle portait toujours sa vieille canne et un pantalon, mais derrière ses lunettes dorées, on ne pouvait manquer sa fatigue et son visage aminci. À ses côtés, se tenait un petit homme aux traits communs, presque inexpressifs, à l’œil vaseux et aux vêtements usés. Héloïse se précipita vers eux et s’exclama :
— Bérénice, voilà Célestin Fortuné, rédacteur en chef du Cassandre. Et je ne te présente plus Gabrielle Loiseaux.
— C’est un plaisir mademoiselle Savary. J’ai connu votre père, il y a longtemps, fit Célestin d’une voix monocorde.
Bérénice s’était imaginée un aventurier. Difficile à croire que cet homme à l’air affable, mais si effacé était le célèbre rédacteur Célestin Fortuné. Gabrielle, quant à elle, fronçait les sourcils dans sa direction. Elle salua d’un hochement de tête Bérénice et gronda de sa voix qui ne souffrait aucune contestation :
— Mademoiselle Savary, c’est à vous que je dois la liberté. Je ne vous féliciterai pas pour cette évasion bien trop ubuesque et explosive à mon goût, mais mon frère aurait été très fier de vous.
Un sourire ému aux lèvres, Bérénice acquiesça et s’aperçut que tous les journalistes s’étaient arrêtés de travailler pour la fixer. Célestin Fortuné répondit à sa question silencieuse :
— Votre invasion spectaculaire a fait des remous. Vous êtes l’objet de toutes les curiosités.
— Ce n’est pas vrai ! Je croyais que les journalistes n’en avaient pas parlé.
— La presse légale oui, mais nous en avons fait un récit plus ou moins complet grâce à Armand et Dimitri. Te voilà célèbre ! s’exclama Héloïse en traversant la pièce. Decas n’est toujours pas passé. Préparez-vous à son arrivée imminente.
Elles s’éloignèrent et Héloïse reprit plus bas :
— Au fait, aurais-tu parlé avec Alexandre Harcourt ? J’ai reçu une lettre de lui, dans laquelle il prenait de nos nouvelles. Je ne pensais pas qu’il se souvenait de toi.
— Sans doute une façon détournée de reprendre le contact avec toi. Je ne suis qu’un prétexte, mentit Bérénice.
Héloïse se contenta d’un hochement de tête guère convaincu. La sonnerie des Cœurderoy retentit. Bérénice lança un regard alarmé à Héloïse :
— La police ?
— Qui prendrait le temps de sonner ? Non, et puis la porte se barricade si on veut la forcer.
La porte s’ouvrit sur deux silhouettes :
— Ah ! La dernière fois que j’ai mis les pieds ici, mon frère m’a chassé manu militari en me traitant des pires noms d’oiseaux. Je ne vous les rapporterai pas, mais sachez qu’à l’époque, j’avais été extrêmement choqué, lança Lysandre à la cantonade, tandis que Pierre levait les yeux au ciel.
L’attentat n’avait pas égratigné sa volonté. Toujours dans son fauteuil roulant, Lysandre Cœurderoy avait le regard déterminé de ceux qui partent en guerre. Bien que moins fatigué, son corps amaigri portait pourtant encore les stigmates de la tentative d’assassinat.
Le fauteuil progressa de façon autonome vers Héloïse et Bérénice. Lysandre, une fois devant Bérénice, souffla :
— Ainsi, Bérénice, mon frère m’a tout appris de votre lignage. Je sais à présent que notre rencontre Gare du Lyon était tout sauf un hasard.
Avant que Bérénice n’ait pu répondre, retentit la voix de Dimitri :
— Ah, vous voilà ! J’ai cru que jamais je ne parviendrais à tous vous réunir avec cet idiot de Decas qui fait le pied de grue devant la maison. Venez, nous allons passer sur la terrasse.
Il était en train de descendre les escaliers, venant sans doute du passage des correspondances au deuxième étage. Vêtu de l’uniforme bleu roi des Habiles, la montre à gousset plantée devant les yeux, Dimitri affichait son habituel air affairé.
Il était flanqué de deux personnes qui ne passaient pas inaperçues. Bérénice reconnut dans un premier temps Ariane, la tante des Coeurderoy, plus large que haute, toujours vêtue de son épaisse robe — étonnamment sobre — et toujours ensevelie sous une couche de maquillage, de poudres, de bagues et de voilettes. Bérénice ne l’eût pas cru possible, mais il lui sembla que la mondaine avait essayé, sans un franc succès, de se fondre dans le décor. Elle suivait Dimitri avec difficulté, son corps en équilibre sur ses talons.
Le second individu, Bérénice ne l’avait jamais rencontré. Difficile de croire qu’il s’agissait d’un soldat. Encore plus épais qu’Ariane, le képi sous le bras, le teint de lait et les cheveux roux flamboyant, il tamponnait son front, perlé de sueur. Ses joues aussi rouges que ses cheveux lui donnaient l’air d’une immense flamme vacillante.
Dimitri, une fois à leur hauteur, ouvrit les portes menant au jardin.
— Decas est devant la maison ? Comment est-ce possible ? demanda Bérénice à Héloïse.
— Oui, il attend les autorisations officielles pour rentrer. Il peut faire ce qu’il veut dans cette ville, mais pénétrer dans la demeure des anciens empereurs nécessite une sacrée justification auprès des juges. C’est une question de temps avant qu’il ne les obtienne.
Bérénice acquiesça et son attention se reporta sur le soldat qui venait de claquer les talons devant Lysandre, la main à la tempe, le regard droit et le souffle court :
— Votre Majesté Impériale. C’est un honneur.
La mâchoire contractée et les lèvres serrées, Lysandre lui répondit :
— C’est également un honneur pour moi. Votre réputation vous précède, major Renan.
— Oui c’est bon, évitons tout ce cérémonial, marmonna Dimitri, impatient.
Bérénice se tourna vers le jardin, leur lieu de réunion. Un petit coin de campagne au cœur de Paris.
Par un chemin, on accédait à une cour qui donnait sur un bosquet. Une végétation florissante les entourait. Le lierre courait le long des murs, étroitement entrelacé avec le jasmin et la glycine en pleine floraison. Plus loin, elle reconnut orangers et rosiers, fougères, tulipes, cerisiers du Japon, lauriers, azalées, entremêlés dans un éclatant chaos. Elle n’eut pas le temps de se demander qui de Armand ou Dimitri possédait la main verte, qu’elle fut aveuglée par un éclat métallique. En plissant les yeux, elle distingua un automate qui cultivait ce jardin. Un chapeau de paille sur la tête, il courbait son échine mécanique vers un bassin recouvert de nymphéas. Bérénice se détourna de cette scène que lorsque Héloïse la poussa vers la terrasse.
Sur une table en fer forgé se prélassait Ernest, le chat, que Dimitri chassa sans ménagement. Dans un miaulement offensé, il s’enfuit, alors que son maître présentait les chaises à ses invités tout en poursuivant ses explications auxquelles Bérénice n’avait prêté que peu d’attention :
— …et Decas n'a pas eu d'autres moyens que de fermer les yeux sur les aérotilus.
Icare hésita plusieurs fois, puis prit son envol. Tous se turent pour l’admirer et Bérénice entendit le soldat siffler, impressionné par l’emblème.
— Ah ! Armand, on t’attendait, s’exclama Dimitri, alors que son assistant surgissait.
Léopold Renan se tourna vers Bérénice et Héloïse en déployant tout un artifice pour les séduire, le menton planté dans la main :
— Mesdemoiselles, quel ravissement.
Bérénice sourit et Héloïse leva les yeux au ciel.
— Voici Léopold Renan, l'un des majors de l'empereur…le seul qui ait voulu nous rejoindre, fit Lysandre, amusé.
— Et le meilleur tireur de Paris, reprit Pierre en hochant la tête, très sérieux.
— En vérité, nous nous valons. Il faut bien que quelqu’un te sauve la vie ! s’esclaffa Renan.
Héloïse et Bérénice, les yeux ronds, n'osèrent se regarder. Bérénice se sentit honteuse. Elle n’aurait jamais parié un seul centime sur les aptitudes au combat de Léopold Renan. Elle savait pourtant qu'il ne fallait jamais juger un homme sur ses apparences.
— Et vous, fit-il en se tournant vers Bérénice. Vous êtes celle qui avait remis l’empereur à sa place ! Quel panache ! Mais quel panache ! Vos aventures sont dans chaque bouche, dans chaque café de Paris. Des hommes sont arrêtés parce qu'ils ont osé se rencontrer pour raconter vos hauts faits. Certains disent même que vous auriez refusé une demande en mariage au cœur de votre fuite ! Enfin vous savez ce que c'est, dans chaque bonne histoire, les Français doivent toujours exagérer. Et Dimitri, vous avez également brillé pour vos cabrioles dans les airs !
— Nous avons, certes, remporté cette bataille, le coupa Lysandre, grave, mais je crains que notre oncle ne se soit préparé depuis longtemps à mon retour.
Bérénice se remémora le contrat passé entre Dimitri et l'empereur : deux vies, celle de Lysandre et Dimitri, contre un empire. À présent que le contrat était rompu, les représailles ne tarderaient pas à tomber. Elle n'était pas dupe non plus. Si Dimitri avait dévoilé ses cartes si tôt, c'était également pour la sortir de prison.
— Que pouvons-nous faire pour vous ? demanda Léopold en lissant la pointe de sa moustache.
Lysandre prit une grande aspiration :
— Nous avons trois mois pour prendre le pouvoir. Pas un jour de plus. Ce que je comptais réaliser au cours de nombreuses années, par la persuasion, devra être fait en quelques semaines.
— Impossible de réussir un tel exploit, affirma gravement Ariane. Je te rappelle que durant plus d'une quinzaine d'années, la France vous a oubliés. Les seuls qui se souviennent de vous, ce sont les livres d’histoire !
— Merci Ariane, fit Lysandre, goûtant peu aux traits d’humour de sa tante. Pourtant, nous n'aurons pas une journée de plus. L'empereur s'est affaibli, mais il conserve toujours de l’emprise sur le peuple par la violence et de la corruption.
— Pourquoi trois mois ? Je ne comprends pas, le coupa Gabrielle. Rien ne presse.
— Le quinze août, Harcourt veut prendre le pouvoir par un coup d'état, reprit Bérénice. Si nous ne faisons rien, soit l’empereur, soit Harcourt aura gagné. Dans tous les cas, il sera trop tard pour Lysandre.
Sous les yeux écarquillés des autres convives, Lysandre détailla la situation. Héloïse prit la parole en fin de discours, songeuse :
— J'ai une idée…Si Lysandre n'est pas connu, il faut le faire connaître.
— Jusque-là, nous vous suivons mademoiselle Lépine, fit Ariane en haussant un sourcil.
— Écoutez-la, souffla Célestin Fortuné, avec une autorité insoupçonnée.
— Faites une tournée dans toutes les régions de France, dans les villes, les quartiers populaires, rencontrez tous les généraux que l’empereur a lésés reprit Héloïse en fixant Lysandre droit dans les yeux. Votre oncle a fondé son pouvoir sur la peur. Le peuple ne connait rien de mieux. Faites une vraie campagne politique, allez convaincre le peuple que vous êtes l’homme qu’il attend, qui lui accordera des droits, des libertés. Alors, il se battra pour vous.
— Qu’y ferais-je vraiment ? Les discours sont insuffisants.
— Ils sont pourtant votre meilleure arme, affirma Héloïse. Ce que je vois en vous, ils le verront aussi. En trois mois, faites-vous aimer de tous ces hommes et vous bâtirez une armée ! Certes votre armée sera composée de généraux de province, d’ouvriers et paysans, mais elle se battra corps et âme pour vous, si vous leur accordez ce que votre oncle leur refuse.
— Quelle idée ! s’écria Ariane, méprisante. Autant se jeter dans la gueule du loup.
Léopold qui fumait sa cigarette, entre deux bouffées, lança à l’adresse d’Héloïse :
— Avec une bonne garde rapprochée…C’est possible.
— Pourquoi pas. Les ouvriers sont de plus en plus en colère contre l’empereur et il n’écoute aucune de leurs revendications, reprit avec ferveur Armand. Parmi les Habiles, certains m’ont avoué avoir de la sympathie pour vous. Le peuple vous aimera !
— Je ne sais pas quitter Paris, c’est aussi prendre le risque de plus être là où tout se passe, chuchota Lysandre plus pour lui-même, le regard dans le vide.
— Mais vous bâtirez une armée ! reprit Bérénice, soutenant l’idée d’Héloïse. Tout le monde sait que votre empereur n’est pas légitime, des nobles doivent attendre un signe de vous pour vous aider à reprendre votre trône. Vous êtes leur empereur légitime, ceux qui ne l’ont pas oublié vous aideront !
— Gabrielle, Célestin, qu’en pensez-vous ? demanda Lysandre.
— Les empereurs romains rivaux l’ont fait et ont conquis Rome et ses provinces. Pourquoi pas vous ? fit le rédacteur en chef du Cassandre dans un sourire convaincu.
Gabrielle garda le silence. Lysandre acquiesça et reprit à l’adresse de Célestin :
— Pourrez-vous également surveiller mon oncle ? Si je pars, je n’aurai plus l’œil sur lui. Il me faut des nouvelles régulières de ce qui se trame ici.
Célestin hocha la tête sous le regard admiratif d’Héloïse. Bérénice avait du mal à imaginer comment cet homme si flegmatique et inexpressif pouvait s’entendre si bien avec Héloïse. Lysandre reprit en se tournant vers elle :
— C’est entendu, donc je partirai. Bérénice, je suis désolé de la situation dans laquelle nous vous avons mise. Si vous étiez en prison, c’est sans doute par ma faute. Ils se sont servis de vous pour m’atteindre. Dimitri m’a dit que vous aviez des informations sur votre père susceptibles de nous aider. Racontez-nous !
— J’étais venue ici dans le but de retrouver son meurtrier et je découvre tous ses secrets. J’ignore tout de leur utilité.
— Bérénice, montrez le cryptex et la carte, demanda Dimitri en présentant le centre de la table.
— C’est moi qui les ai ! lança Héloïse.
Une fois le cryptex et la carte au centre de toutes les attentions, Armand expliqua ce que Bérénice savait déjà. Le cryptex les narguait tous, toujours aussi inaccessible, toujours aussi mystérieux. Bérénice secoua la tête, face à l’incertitude de ne pouvoir peut-être jamais l’ouvrir… Son père aurait dû pourtant savoir que la patience n’était pas sa première qualité.
— Bérénice est géographe, mais aussi la fille d’Antoine Savary. Une carte et une énigme, il ne fait aucun doute qu’elle en est l’unique destinataire, conclut Dimitri.
— En effet, Antoine Savary a fait d’elle sa parfaite héritière, une future ministre des Habiles, ajouta Gabrielle, captivée par le cryptex.
— Des progrès sur la lecture de ces deux objets ? demanda Lysandre.
— Non, soupira Bérénice. Tant que nous ne trouverons pas le sens de lecture de la carte et ni un mot en six lettres, nous stagnerons…
— Une fois que Decas aura cessé de retourner le ministère dans tous les sens, vous pourrez lui donner l’accès à votre bibliothèque, Dimitri. Sous une fausse identité, tout le monde n’y verra que du feu, proposa Gabrielle.
— Oui, affirma Dimitri. Quant à moi, j’ai bien l’intention de découvrir le fonctionnement des emblèmes. En comprenant pourquoi Icare est si vivant, nous pourrons supprimer l’emblème des Harcourt.
— Et récupérer celle des Coeurderoy ? soupira Lysandre dans un regard vers Dimitri.
Bérénice s’étonna de voir l’Habile détourner la tête.
— Nous avons donc jusqu’au quinze août pour que chacun réussisse sa tâche, soupira Héloïse.
Attention Dimitri à ne pas vous perdre dans cette quête des emblèmes. Elle en a perdu des plus prudents que vous. Certains sont devenus fous à force de chercher leur secret.
— Pour une fois, nous sommes bien d’accord, mademoiselle Lépine, renchérit Ariane. Enfin quelqu’un qui a un peu de plomb dans la cervelle !
Du salon, un des journalistes du Cassandre tenta vainement d’interpeller Célestin.
— Je le sais. Ayez confiance !
— Et tu te crois assez malin pour éviter de te faire piéger par cette quête ? le coupa Pierre.
Dimitri instinctivement se pencha vers lui :
— Ah oui, j’ai l’air si idiot ? souffla Dimitri entre les dents.
— Non. Mais nous savons tous les deux que tu ne sais pas résister face à ce genre de défi.
Bérénice était étonnée par la familiarité avec laquelle Dimitri et Pierre échangeaient. Jamais, ce dernier ne se serait adressé ainsi à Lysandre. Le journaliste faisait toujours de grands signes dans la direction de Célestin :
— Monsieur, souffla-t-il. La porte retient un intrus depuis tout à l’heure.
Contrairement à d’autres, je ne pense pas que l’idée de la campagne soit peu vraisemblable et inefficace. Il s’agit bien de convaincre des gens de rejoindre une armée, ceci pour aider l’empereur légitime à reprendre le trône. S’ils ont suffisamment de griefs contre le gouvernement actuel, ça devrait marcher.
C’est un détail que je n’ai pas remarqué au premier abord, mais y a-t-il un passage dérobé dans le jardin qui permettrait d’arriver derrière la maison et d’y entrer sans être vu ? Autrement, c’est non seulement risqué, mais aussi hasardeux.
J’aime bien le salon transformé en rédaction du journal censuré, qui se retransforme en salon ni vu ni connu.
Mais c’est quand même étonnant que le temps que Dimitri et Bérénice arrivent à la maison, l’histoire de leur fuite ait déjà été écrite et publiée. Ça ne me paraît pas plausible. Même si un journaliste s’était rendu sur place pour assister aux événements, ou si un de leurs alliés était venu leur raconter l’évasion aussitôt terminée, comment serait-il arrivé avant Dimitri et Bérénice, qui ont traversé des passages de correspondances ? Pour moi, il y a vraiment un problème de chronologie. Même si on avait commencé à aménager la rédaction dès l’arrestation de Bérénice pour raconter l’injustice dont elle a été victime, elle est restée tellement peu de temps en prison que ce n’est pas possible de faire venir les journalistes et le matériel, les installer, puis de rédiger et publier un article dans l’intervalle, sans parler de l’organisation de l’évasion elle-même. Il faut au moins quelques jours pour tout ça. Depuis l’arrestation, tout se passe trop vite. Il faut du temps pour que les situations puissent évoluer, pour que les événements puissent se produire, pour que les personnages organisent leurs actions.
Coquilles et remarques :
Il y a 14 incises avec le verbe « fit ». C’est le mot du jour. ;-)
Il y a 3 fois « le coupa » en incise, ce qui est à éviter. Premièrement, il ne faut pas employer des verbes d’incise avec un COD, puisque c’est la citation qui tient lieu de COD au verbe d’incise ; deuxièmement, tu emploies souvent ce verbe alors que le personnage ne coupe pas la parole à son interlocuteur. Dans ces cas, il ne le coupe pas, mais il réplique, rétorque, riposte, etc.
— et ses blessures jusque-là masquées par l’adrénaline, se rappelaient à son bon souvenir. [Il faudrait placer « jusque-là masquées par l’adrénaline » entre deux virgules.]
— On apparait et disparait de nulle part. [Cette phrase ne tient pas debout. Elle devrait dire qu’on apparaît de nulle part (provenance) et qu’on disparaît (vers) nulle part (direction). On ne peut pas enchaîner deux verbes qui ont un régime différent (différentes prépositions, voire aucune).]
— Toujours soucieux de rétablir la vérité aux risques de briser les illusions des autres [au risque de (au singulier) / comme cette phrase n’est pas prononcée par un personnage, elle est incomplète. Le plus simple serait : « Il était toujours soucieux de rétablir (...) ».]
— Elle n'aurait jamais soupçonné un tel édifice dans une rue de traverse [soupçonné la présence d’un tel édifice]
— Il était encore revêtu d’un de ses nombreux costumes à carreaux. [Pourquoi « revêtu » ? Je dirais simplement « vêtu ».]
— Vous auriez pu faire un effort…et quelle probabilité pour tomber sur elle ! [Syntaxe : « et quelle probabilité avions-nous de tomber sur elle ».]
— Il n’est pas prêt de vouloir me revoir…Savez-vous qu’il a osé me demander en mariage ! [près de ; ne pas confondre « prêt à » et « près de » / je mettrais plutôt un point d’interrogation après « mariage », même si la question n’appelle pas de réponse.]
— fit-elle avec énergie en retroussant les manches de l'immense cape. [Normalement, une cape n’a pas de manches.]
— Il a vu en vous, ce que j'ai vu ce soir-là, répondit Dimitri amusé. [Pas de virgule après « en vous » / virgule avant « amusé ».]
— Nous ? [Il y a une affreuse puce ronde à la place du tiret.]
— Elle, en revanche, avait affronté seule, la prison, Decas et l'empereur. [Pas de virgule après « seule ».]
— « Lorsqu’un gouvernement n’est pas juste, il est de notre devoir de le renverser. » se dit-elle. [Virgule avant l’incise. / Il faudrait enlever le point à l’intérieur des guillemets.]
— Vous n'aimez pas cela, devina Bérénice en un regard. [La mention « en un regard » ne me semble pas pertinente : il n’y a aucun silence qui permettrait à Bérénice de deviner en un regard. Au contraire, elle semble plutôt le déduire de ses paroles.]
— Bérénice eut à peine le temps d'apercevoir les boucles blondes d'Héloïse, que celle-ci se jeta sur elle. Elle aurait basculé en arrière, si elle n'avait pas senti la main de Dimitri, faire contrepoids dans son dos. [Pas de virgule : avant « que celle-ci », après « en arrière » et après « la main de Dimitri ».]
— Attention Héloïse, je ne suis pas très en forme. [Virgule avant « Héloïse ».]
— C'est un euphémisme…Héloïse ménagez-là. [Virgule après « Héloïse » / ménagez-la (sans accent grave).]
— Tiens, savonne-toi et montre-moi ton poignet que je l’inspecte. [Je mettrais une virgule après « poignet ».]
— Elle avait prononcé cette dernière phrase à l’adresse d’Icare qui lui donnait des coups de bec à chaque fois que Bérénice grondait de douleurs. [Virgule après « Icare » / de douleur (au singulier).]
— trouver l’aérotilus, l’emprunter à l’exposition universelle…ou plutôt voler [le voler]
— Aie ! Doucement Héloïse. Et rien d’autres ? [Aïe (tréma) / virgule avant « Héloïse » / rien d’autre.]
— Pour Dimitri, pas d'inquiétudes. [Je mettrais « pas d’inquiétude » au singulier.]
— On descend ? Ils nous attendent, fit Héloise. [Héloïse (tréma).]
— Lysandre a pris la tête de la Résistance avec Dimitri, sourit Héloïse, malicieuse. [« Sourire » n’est pas un verbe de parole ; je propose « annonça Héloïse avec un sourire malicieux ».]
— En général, Dimitri est plutôt fâché avec la gente féminine [la gent féminine (sans « e » à la fin) ; « gente » est le féminin de l’adjectif « gent, gente » alors qu’ici, c’est un nom.]
— À ses côtés, se tenait un petit homme aux traits communs [Pas de virgule après « À ses côtés » ; il y a inversion du sujet.]
— C’est un plaisir mademoiselle Savary. [Virgule avant « mademoiselle ».]
— Bérénice s’était imaginée un aventurier [s’était imaginé ; pas d'accord parce que « s’ » est COI et le COD, postposé, est « un aventurier ».]
— Elle salua d’un hochement de tête Bérénice et gronda [« Elle salua Bérénice d’un hochement de tête » serait préférable.]
— Votre invasion spectaculaire a fait des remous. [Votre évasion (ou alors je ne comprends pas de quoi on parle).]
— La sonnerie des Cœurderoy retentit. [Ce ne serait pas plutôt la sonnette ?]
— Le fauteuil progressa de façon autonome vers Héloïse et Bérénice. Lysandre, une fois devant Bérénice, souffla : / — Ainsi, Bérénice, mon frère m’a tout appris [Tu répètes trop « Bérénice ». Je propose « Lysandre, une fois devant elles, souffla ».]
— Je sais à présent que notre rencontre Gare du Lyon était tout sauf un hasard [notre rencontre à la Gare de Lyon]
— Avant que Bérénice n’ait pu répondre, retentit la voix de Dimitri [Pas de virgule avant une inversion du verbe et du sujet. Mais cette inversion est bizarre et je ne mettrais pas le « n’ » explétif. Je propose : « Avant que Bérénice ait pu répondre, la voix de Dimitri retentit ».]
— J’ai cru que jamais je ne parviendrais à tous vous réunir avec cet idiot de Decas [Virgule avant « avec » (Decas ne fait pas partie de la réunion).]
— il tamponnait son front, perlé de sueur. [La virgule avant « perlé » est inutile.]
— Elle n’eut pas le temps de se demander qui de Armand ou Dimitri possédait la main verte, qu’elle fut aveuglée par un éclat métallique [d’Armand et Dimitri (ça veut dire « qui des deux ») / pas de virgule après « main verte ».]
— …et Decas n'a pas eu d'autres moyens que de fermer les yeux sur les aérotilus. [Je mettrais « n'a pas eu d'autre moyen » au singulier.]
— Mesdemoiselles, quel ravissement. [Il faudrait un point d’exclamation, même s’il n’élève pas la voix.]
— Il faut bien que quelqu’un te sauve la vie ! s’esclaffa Renan. [« S’esclaffer » n’est pas un verbe de parole. Je propose : « lança Renan en s’esclaffant ».]
— Et vous, fit-il en se tournant vers Bérénice. Vous êtes celle qui avait remis l’empereur à sa place ! [Virgule après « Bérénice ».]
— Enfin vous savez ce que c'est, dans chaque bonne histoire [Virgule après « Enfin » / je mettrais plutôt deux points après « ce que c’est ».]
— Et Dimitri, vous avez également brillé pour vos cabrioles dans les airs ! [brillé par]
— Nous avons, certes, remporté cette bataille, le coupa Lysandre, grave, mais je crains [J’enlèverais les virgules autour de « certes » / coupa Lysandre (sans COD) / « grave » fait un drôle d’effet seul là au milieu ; je propose « d’un air grave ».]
— Ce que je comptais réaliser au cours de nombreuses années, par la persuasion, devra être fait en quelques semaines. [Cette phrase manque de naturel. Il suffirait peut-être d’enlever les virgules avant et après « par la persuasion ».]
— Merci Ariane, fit Lysandre, goûtant peu aux traits d’humour de sa tante. [Virgule avant « Ariane » / goûtant peu les traits d’humour.]
— L'empereur s'est affaibli, mais il conserve toujours de l’emprise sur le peuple par la violence et de la corruption. [Je dirais « son emprise » et « par la violence et la corruption ».]
— Pourquoi trois mois ? Je ne comprends pas, le coupa Gabrielle. [Pas de verbe avec un COD dans les incises. En plus, elle ne lui coupe pas la parole.]
— Le quinze août, Harcourt veut prendre le pouvoir par un coup d'état, reprit Bérénice [un coup d'État]
— Jusque-là, nous vous suivons mademoiselle Lépine, fit Ariane en haussant un sourcil. [Virgule avant « mademoiselle ».]
— Écoutez-la, souffla Célestin Fortuné, avec une autorité insoupçonnée. [Pas de virgule avant « avec ».]
— rencontrez tous les généraux que l’empereur a lésés reprit Héloïse en fixant Lysandre droit dans les yeux. [Virgule avant « reprit ».]
— Certes votre armée sera composée de généraux de province, d’ouvriers et paysans, mais elle se battra [Virgule après « Certes » / d’ouvriers et de paysans.]
— Avec une bonne garde rapprochée…C’est possible [c’est ; minuscule parce que c’est la même phrase qui continue.]
— Pourquoi pas. Les ouvriers sont de plus en plus en colère contre l’empereur et il n’écoute aucune de leurs revendications, reprit avec ferveur Armand. [Point d’interrogation après « Pourquoi pas » / « reprit Armand avec ferveur » serait préférable.]
— Je ne sais pas quitter Paris, c’est aussi prendre le risque de plus être là où tout se passe, chuchota Lysandre plus pour lui-même, le regard dans le vide. [Point-virgule ou points de suspension après « Je ne sais pas » / plus pour lui-même ; on ne sait pas trop ce que fait « plus » ici, alors qu’il n’est pas suivi de « que (...) ».]
— Tout le monde sait que votre empereur n’est pas légitime, des nobles doivent attendre un signe de vous pour vous aider à reprendre votre trône. [Point ou point-virgule après « légitime » / un signe de votre part.]
— Bérénice secoua la tête, face à l’incertitude de ne pouvoir peut-être jamais l’ouvrir… [Pas de virgule avant « face » / « face à l’éventualité de ne jamais pouvoir l’ouvrir » ou « face à l’incertitude de pouvoir jamais l’ouvrir » (dans ce deuxième cas, « jamais » est employé dans le sens dit « positif », le sens d’« un jour », donc sans négation).]
— Tant que nous ne trouverons pas le sens de lecture de la carte et ni un mot en six lettres, nous stagnerons… [Le « et » avant « ni » est en trop.]
— Une fois que Decas aura cessé de retourner le ministère dans tous les sens, vous pourrez lui donner l’accès à votre bibliothèque, Dimitri. Sous une fausse identité, tout le monde n’y verra que du feu, proposa Gabrielle. [Syntaxe : « vous pourrez lui donner l’accès à votre bibliothèque, Dimitri, sous une fausse identité. Tout le monde n’y verra que du feu ».]
— En comprenant pourquoi Icare est si vivant, nous pourrons supprimer l’emblème des Harcourt. [Le supprimer, carrément ? Pas le neutraliser ? C’est violent, et on ne devrait pas détruire une œuvre d’art, parce que ce n’est pas seulement une arme.]
— Et récupérer celle des Coeurderoy ? soupira Lysandre dans un regard vers Dimitri [celui (emblème est masculin) / avec un regard (pas « dans »).]
— Attention Dimitri à ne pas vous perdre dans cette quête des emblèmes. Elle en a perdu des plus prudents que vous. Certains sont devenus fous à force de chercher leur secret. [Ici, je ne comprends pas qui parle. Il faut soir annuler le passage à la ligne, soit ajouter une incise.]
—Et tu te crois assez malin pour éviter de te faire piéger par cette quête ? le coupa Pierre. [Pas de verbe d’incise avec un COD ; et je ne vois pas en quoi il le coupe.]
— Dimitri instinctivement se pencha vers lui / Ah oui, j’ai l’air si idiot ? souffla Dimitri entre les dents. [J’ai deux reproches : la syntaxe et le procédé consistant à faire suivre de deux points une phrase introductive alors que la réplique comporte une incise. / Je te propose de fusionner les deux dans la phrase introductive (et de supprimer l’incise) : « Dimitri, instinctivement, se pencha vers lui et souffla entre ses dents : » ou « Dimitri se pencha instinctivement vers lui et souffla entre ses dents ». Ça permet d’éviter la répétition du prénom et d’alléger le tout.]
— Non. Mais nous savons tous les deux que tu ne sais pas résister face à ce genre de défi [résister à ce genre de défi]
— la familiarité avec laquelle Dimitri et Pierre échangeaient. [Selon le dictionnaire historique, c’est en français d’Afrique qu’on emploie « échanger » sans complément, dans le sens de « parler, discuter avec qqn ou à plusieurs ». Je propose « conversaient », « discutaient » ou « dialoguaient ».]
— Jamais, ce dernier ne se serait adressé ainsi à Lysandre. [Pas de virgule après « Jamais ».]
J'ai adoré m'imaginer le fourmillement d'activités qui prend place dans la demeure de Dimitri et adoré découvrir la rédaction du journal. Dimitri prend enfin parti et je trouve cette évolution tout à fait crédible et bien amenée. J'ai eu plaisir à découvrir cette Résistance qui prend forme !
Un petit détail m'a déboussolée par contre au niveau de la chronologie de ce chapitre. C'est peut-être moi qui suis à l'ouest, si c'est le cas désolée ! Il me semblait que grosso modo, le chapitre s'enchaînait ainsi :
- Dimitri reconduit Bérénice chez lui
- Bérénice retrouve Héloïse qui l'accompagne à son bain
- Bérénice et Héloïse retournent ensemble au salon pour retrouver les autres
Donc à chaque moment, avant que Dimitri ne retourne chez lui, Héloïse est présente. Du coup je ne comprends pas bien ce passage :
"— Votre invasion spectaculaire a fait des remous. Vous êtes l’objet de toutes les curiosités.
— Ce n’est pas vrai ! Je croyais que les journalistes n’en avaient pas parlé.
— La presse légale oui, mais nous en avons fait un récit plus ou moins complet grâce à Armand et Dimitri. Te voilà célèbre ! s’exclama Héloïse en traversant la pièce."
Il me semble que ce passage laisse entendre qu'il y a eu un temps où Héloïse, Dimitri et les autres journalistes ont pu se concerter. Et ils ont même eu le temps d'écrire un article sur le sauvetage de Bérénice et la fuite des prisonniers. Mais je ne comprends pas à quel moment cela s'est fait.
Mis à part ce détail, j'ai beaucoup aimé ce chapitre encore une fois :)
J'ai relu deux fois le passage où Bérénice et les autres passent par la fenêtre pour s'enfuir. Je n'ai pas tellement compris où ils atterrissaient. Alors s'il y avait un petit passage à clarifier, c'est peut-être ça ;)
Je continue ! J'ai prévu de rattraper mon intolérable retard !
Plus d’action dans ce chapitre, et des plans pour la suite. Mhm, ça me parait moyennement convaincant, l’argumentation d’Héloïse. C’est à Paris que tout se passe, alors aller convaincre les foules en province, je ne sais pas, mais je ne suis pas persuadée... Concernant la chambre secrète et l’évasion, s’ils atterrissent dans le petit jardin, c’est une situation exposée, non ? c’est un cul de sac ? ou alors je n’ai pas bien compris.
Détails
Bien entendu, c’est une question de temps avant qu’ils ne les obtiennent : il ne les obtienne ?(c’est decas)
Lysandre attendait depuis longtemps cette reconnaissance : cette réplique tombe un peu à plat, parce qu’on ne sait pas qui est ce major (ou alors si je dois le savoir, je ne m’en souviens plus…)
Le lierre courrait le long des murs : courait
Dans un miaulement offensé, il s’enfuit : avec un miaulement ?
il n'a pas su dire grand-chose : pu ?
Son assistant surgit et le soldat se tourna vers Bérénice et Héloïse : si le soldat c’est renan, pourquoi lier avec la première partie de la phrase , qui n’a pas de rapport?
sur les sites de géographie : je n’ai pas compris de quoi il est question
Elle n’aurait jamais parié un seul centime sur les habitudes au combat de Léopold : un peu bizarre qu’elle pense à lui par son prénom, alors qu’elle vient de le rencontrer.
Vous êtes celle qui avait remis l’empereur à sa place : avez
Dimitri instinctivement se pencha vers Pierre qui fit de même, tous deux orageux : tournure bizarre avec le « tous deux orageux »
pour les intimer au silence : pour leur intimer le silence ?
1)Je développe un argument pour le plan d’Héloise (en reprenant la réponse faite à Gabhany), n’hésite pas à me donner ton avis. En fait, le plan d’Héloise est complètement lié à la VRAIE histoire : 1871 se met en place la III° république, mais celle-ci est très à droite et on craint un retour à la monarchie et pour que la République ne soit pas encore renversée, les élus, les députés de gauche de la III° république vont faire une tournée dans toute la province pour convaincre le peuple du bien-fondé de la république et éviter le retour à un empire ou à une monarchie. Et cela a super super bien fonctionné (élections des députés en 1876/77 : une majorité de députés pour la république et non pour le retour à la monarchie) Et c'est grâce à cela que la République s'est instaurée définitivement (jusqu'au régime de Vichy-1940). TOUT ÇA, pour te dire que je me doutais que le lecteur trouverait ça bizarre, peu spectaculaire, peu efficace, mais en fait, cela a super bien fonctionné en vrai (bon avec des républicains...mais tu vois l'idée). Du coup, je ne sais pas quoi faire, garder un truc qui fonctionne (et qui aide un peu l'intrigue parce que finalement Lysandre n'est pas le coeur de l'histoire et qui est tout à fait plausible) ou inventer un truc spectaculaire (il y aura du "spectaculaire" mais plus tard).
2)pour l’évasion, ils arrivent bien dans la cours, mais les soldats sont déjà passés. Peut-être pour que ce soit plus plausible, je devrais dire qu’ils restent dans le petit chemin étroit (par lequel Dimitri et Bérénice sont arrivés)
Merci beaucoup pour ton retour détaillé, bientôt la correction de tout cela !
1) ce serait un moyen de convaincre le peuple (cela est nécessaire à cette époque, l'empereur ne peut pas diriger en tyran, il doit avoir l'aval du peuple, et c'est de moins en moins le cas de l'oncle de Lysandre). Napoléon III, à l'époque va véritablement chercher le consentement du peuple.
Ainsi, si Lysandre a l'aval du peuple il est plus fort (plus il y a du monde qui croit en lui, plus d'autres personnes se joindront à sa cause...un effet boule de neige, puis les ouvriers constituent une armée, cela déstabilise l'empereur et Harcourt. A partir de la Renaissance, les rois et empereur font la guerre, mais sont déjà influencés par Machiavel...(dur à transmettre dans une histoire pour aller à l'essentiel)
2) cela permettrait de bâtir des armées et convaincre des soldats de le rejoindre, car à Paris, tout le monde est soit pour l'empereur, soit pour Harcourt.
N'hésite pas à me dire si tu n'es pas convaincue.
Pour l'évasion, je note, je rajoute de la tension, de l'inquiétude et je pense en effet que ce sera top ! merci beaucoup ! :)
1)le plan d'Héloise: Cela m'embête ce que tu remarques...parce que tu rejoins mes craintes. En fait, pour t'expliquer (un peu d'histoire, la VRAIE, pas la mienne, désolée), dans les années 1871 se met en place la III° république, mais elle est très à droite et on craint un retour à la monarchie et pour que la République ne soit pas encore renversée, les élus, les députés de gauche de la III° république vont faire une tournée dans toute la province pour convaincre le peuple du bien-fondé de la république et éviter le retour à un empire ou à une monarchie. Et cela a super super bien fonctionné. Et c'est grâce à cela que la République s'est instaurée définitivement (jusqu'au régime de Vichy-1940). TOUT ÇA, pour te dire que je me doutais que le lecteur trouverait ça bizarre, peu spectaculaire, peu efficace, mais en fait, cela a super super bien fonctionné en vrai (bon avec des républicains...mais tu vois l'idée). Du coup, je ne sais pas quoi faire, garder un truc qui fonctionne (et qui aide un peu l'intrigue parce que finalement Lysandre n'est pas le coeur de l'histoire et qui est tout à fait plausible) ou inventer un truc spectaculaire (il y aura du "spectaculaire" mais plus tard).
2) Et pour l'intrusion de Decas, en fait, il cherche à rentrer, mais j'ai dans l'idée qu'on ne peut pas rentrer comme cela dans la maison d'un haute famille de la noblesse (surtout alors que Decas n'a pas de "vraies" preuves que Bérénice se trouve dans la maison...Du coup, difficile pour moi de permettre à Decas de rentrer dans cette maison comme dans un moulin. mais quand il arrive à rentrer, cela précipite le départ de Lysandre. Je vais retravailler l'évasion également :) merci pour ton commentaire ! et ne t'inquiète pas cela ne me dérange pas, au contraire, cela me permet de savoir ce qui n'est pas clair (parce que dans la tête, je me comprends hihi)
N'hésite surtout pas à me faire un retour sur cela pour me donner ton avis, j'avoue que j'ai posté ce chapitre en me doutant que cela reviendrait :) des bisous
PS: j'hésite à fusionner ce chapitre et le précédent, si tu repasses par là, n'hésite pas à me donner ton avis ! ;)