Chapitre 24 : Non-retour
Bréol
Les deux pélégris qui gardaient ses appartements s’inclinèrent devant le grand prévôt.
– Personne ne s’est approché d’ici ? demanda-t-il en posant la main sur la poignée.
– Non, seigneur, sauf la servante qui a apporté votre souper, mais elle est repartie.
Il entra dans l’antichambre et referma derrière lui. Une fois seul, il s’autorisa un léger relâchement des épaules, juste le temps de défaire la ceinture qui tenait le fourreau de son épée. Il déposa l’arme sur une console, dénuda la lame et l’essuya de sa manche en admirant sa brillance. Pas une rayure ne gâchait sa perfection. Cela lui avait déjà valu quelques moqueries, d’ailleurs. La société considérait encore que les qualités d’un homme se mesuraient au nombre d’ennemis qu’il avait abattus et à l’usure de son épée. Voilà pourquoi il s’obligeait à en porter une, dût-elle ne lui servir à rien. Même au sein du Haut-Savoir, les guerriers remportaient plus de reconnaissance que les stratèges comme lui. À quoi bon, pourtant, se salir les mains quand il suffisait de donner un ordre pour que d’autres se chargent de la boucherie pendant qu’on restait à l’abri ? Alors qu’il se démenait pour prouver son dévouement et son intelligence afin de grimper les échelons — si ce n’était que lui, voici des années qu’il aurait été promu parmi les Grands-Maîtres —, d’autres n’avaient qu’à apparaître pour emporter l’admiration et la sympathie. Comme ce bellâtre de Lancel de Kelm, par exemple. Celui-là bénéficiait de sa naissance, en plus. Les Érudits se montraient trop sensibles au prestige du nom qui en aveuglait plus d’un. Cependant, il fallait reconnaître que l’impeccable parcours du commandant au sein des Hauts-Collèges d’Altamonte, puis d’Orityne, plaidait en sa faveur.
Le souper froid que Bréol avait demandé devait déjà l’attendre au chevet de son lit. Il mangerait un peu, puis se coucherait rapidement ; la tension qui régnait sur la ville, due aux méfaits de la résistance et à cette menace invisible qui pesait sur les Érudits, rendait ses journées épuisantes. Il se dirigea vers sa chambre en ôtant son habit de cuir vert.
Dès qu’il poussa le battant, une décharge de peur traversa son échine. La fenêtre béait sur la coursive qui la bordait, en laissant la brise vespérale agiter mollement les rideaux.
– Gardes ! appela-t-il en reculant.
Il désigna l’ouverture d’un doigt tendu aux pélégris qui entrèrent en courant. Les deux hommes se précipitèrent dague au poing pour fouiller la chambre. Ils soulevèrent les tentures, vérifièrent le dessous du lit, l’arrière des coffres et du buffet, et ouvrirent même la grande armoire sans dénicher aucun intrus. L’un d’eux sortit sur le balcon qui filait le long du corps principal du château en passant devant trois autres pièces. Le soldat essaya de pousser les battants voisins, mais ils étaient fermés de l’intérieur.
– Rien, Seigneur, dit-il en barrant la fenêtre et en rabattant les rideaux. C’est la servante qui a dû aérer.
Bréol leur fit signe de sortir, puis alluma deux lampes. Quand il fut certain que les soldats avaient quitté l’antichambre, il abandonna son manteau sur le sol avant de se laisser choir sur le lit. Enfin, il recommença à respirer. Ses mains tremblaient, autant de peur que de colère. Dire qu’un seul homme faisait frémir tous les Érudits de la capitale ! Il ferma les poings pour contenir les frissons. Cinq prévôts de provinces, le responsable de la prison du fleuve, celui des écoles des filles et un des subalternes de Lancel de Kelm, tous tués dans leur manteau de cuir vert, même ceux assassinés la nuit dans leurs appartements. Le meurtrier les avait obligés à passer le vêtement sur leurs habits de nuit. Il fallait voir la terreur gravée sur leurs visages : les yeux révulsés, la bouche crispée en un pli suppliant, la peau livide… Certains présentaient des lacérations sur les bras ou le torse, mais tous avaient succombé à la profonde coupure qui entaillait leur cou d’une oreille à l’autre. Et le sang qui détrempait tout, sombre, poisseux… Pour le premier cadavre, le grand prévôt s’était demandé si un corps pouvait en contenir autant, avant de sentir que ses jambes se dérobaient. Personne ne l’avait vu, heureusement, il s’était vite repris.
Qui serait le prochain ? Si seulement ça pouvait tomber sur Keil Fadom, pensa-t-il en retirant ses bottes. Celui-là faisait un peu trop parler de lui au goût de Bréol. Il était Marmanien et le grand prévôt le soupçonnait de connaître personnellement quelques-uns des Grands-Maîtres de l’Ordre. On le voyait partout, il présidait à toutes les exécutions, prononçait des discours, lançait ses propres pélégris sur les traces des résistants. Comme pour souligner les échecs de son supérieur et prouver qu’il valait mieux que lui.
Mais Bréol ne se laisserait pas dessaisir de sa place aussi facilement ! Il se servit un verre de vin qu’il vida d’un trait. Il aurait bien besoin d’une action d’éclat pour réaffirmer sa position. Et d’un mariage avec une fille au nom prestigieux. Une fille comme Elvire de Hénan, il y revenait sans cesse. En plus d’être issue d’une bonne souche, elle possédait ce regard volontaire et ce corps ferme et délié qui le grisaient. Le régent paierait cher son initiative qui l’en avait privé. Quand les prévôts repartiraient dans leurs provinces respectives — ceux qui avaient échappé au tueur mystérieux, tout au moins —, il s’offrirait une visite à l’école des filles de la noblesse. Il y trouverait bien une jeune pouliche de haut rang qui l’exciterait autant que l’autre.
Réconforté par cette idée, il mangea sa tranche de rôti en trois bouchées qu’il accompagna d’un nouveau verre de vin. Puis il se leva pour enlever son gilet qu’il posa sur un fauteuil à dossier droit. Il tira sur le col de sa chemise pour la faire passer par-dessus sa tête. Le vêtement allait suivre le même chemin que l’autre quand il sentit quelque chose de froid juste sous sa mâchoire. Le tranchant d’une lame. Il se figea, les doigts crispés sur l’étoffe, le cœur emballé. Dans son dos, un corps frôlait le sien. Une main gantée se tendit pour lui arracher la chemise. Elle était bien petite, cette main, se pourrait-il que… Le tissu s’enfonça dans sa bouche et manqua l’étouffer, tandis que la pointe du couteau griffait dangereusement la peau de son cou. D’une seule main, l’assaillant noua les manches du vêtement derrière sa tête pour le maintenir en place. Puis, le gant reparut en tendant le manteau de cuir qu’il avait abandonné par terre.
– Enfilez ça.
Les yeux du grand prévôt s’écarquillèrent sous la stupeur. C’était la voix d’Elvire…
Son pouls se calma. Si c’était elle, il ne craignait rien. Il passa posément les manches l’une après l’autre ; il fallait montrer de la docilité, pour mieux surprendre l’adversaire. Tout de même, quel culot ! Lui qui pensait l’avoir brisée, non seulement elle le ridiculisait en épousant le prince, mais maintenant la voici qui tentait de le tuer. La première leçon ne lui avait donc pas suffi ? Dès qu’il l’aurait désarmée, il se ferait un devoir de lui dispenser la seconde. Une onde de chaleur le traversa à cette idée, se concentra dans son bas-ventre et provoqua un début d’érection.
Une pression du couteau sur son cou le contraignit à s’approcher du lit. Il n’allait pas tarder à passer à l’action ; écarter la lame, se tourner pour lui attraper la gorge, tordre son bras pour la désarmer, se délecter de ses jolis yeux verts pendant qu’elle comprendrait qu’il avait le dessus. À nouveau, la main surgit, rapide, enserra son poignet dans le nœud coulant d’une cordelette, puis fit mine d’attacher aussi le second. Il résista. Une douleur aiguë lui brûla aussitôt la base de l’oreille en lui arrachant un cri étouffé. Il sentit le sang inonder son épaule. L’excitation déserta son bas-ventre et son sourire s’effaça tandis que l’image des huit cadavres surgissait dans son esprit. Il donna l’autre main qui fut ligotée contre la première avec une inquiétante dextérité.
– Couchez-vous, dit Elvire en le poussant de la pointe du couteau sur la poitrine, entamant à nouveau la chair.
Quel sot ! Il avait trop tardé. C’était maintenant ou jamais. Il se retourna d’un bloc en balançant ses bras devant lui, mais il ne toucha rien. Tout ce qu’il vit fut le stylet à un pouce de son œil gauche, prêt à l’énucléer s’il bougeait encore. Une bouffée de panique s’empara de lui, générant une sueur froide qui coula sur sa nuque. Face à lui, entièrement vêtue de noir, Elvire portait un masque de pélégri. Pour la première fois, il comprit l’effroi que les visages vides des soldats pouvaient inspirer.
– Je vous ai dit de vous coucher.
Il recula jusqu’à sentir le bord du lit, puis s’assit en rageant de l’avoir sous-estimée. La pointe du poignard le piqua encore, si bien qu’il s’allongea. De sa main libre, elle passa une autre corde entre ses poignets attachés, puis autour du pilier du lit. Un coup sec tira ses bras au-dessus de sa tête. Elle posa son couteau pour nouer le lien. Elle était désarmée ! Il avait encore une chance s’il parvenait à la renverser d’un coup de pied ! Le masque braqué sur son torse, elle lâcha le nœud. Dès qu’elle s’approcherait de ses jambes, il frapperait. Cependant, elle s’agenouilla sur le matelas et, sans façon, elle l’enfourcha en lui tournant le dos. Malgré l’angoisse grandissante, il se sentit durcir à nouveau lorsque les fesses de la jeune femme appuyèrent sur son sexe, mais cette fois, il eut honte.
– Répugnant ! cracha-t-elle sans s’écarter pour autant.
Pesant de tout son poids sur lui, elle progressa jusqu’à ses chevilles qu’elle entoura également d’une corde reliée au pied du lit.
À présent, il était complètement immobilisé. Il secoua ses liens, se débattit, en vain. Comment avait-il pu se montrer aussi naïf ? Elle en avait attaqué huit avant lui, pas étonnant qu’elle ait peaufiné ses méthodes ! Il se força à respirer calmement par le nez pour réguler le rythme effréné de son cœur. Il lui restait un atout : il savait la crainte qu’il lui inspirait pour l’avoir lue dans ses yeux. Elle tremblait comme une feuille en sortant de son cabinet lors de leur dernière rencontre. La mémoire allait lui revenir s’il s’efforçait de ne pas montrer sa frayeur. Il fallait fixer le masque comme s’il voyait à travers. Encore mieux : la chance lui souriait, car elle commença à défaire les boucles de la grille métallique en descendant du lit.
– Bien, chuchota-t-elle en s’éloignant pour la poser sur une console. Maintenant, nous allons pouvoir discuter, seigneur Matifas. Vos pélégris ne devraient pas se contenter de vérifier dans les armoires, mais également au-dessus.
Il darda sur elle des yeux aussi menaçants que possible, pour croiser son regard dès qu’elle se retournerait. Mais son visage se décomposa avant d’avoir pu provoquer la moindre réaction chez son bourreau. Le masque étouffait suffisamment les voix pour en confondre deux qui se ressemblaient ; les cheveux étaient noirs et non bruns. Il s’était trompé de sœur, et les prunelles bleu pâle qui se braquaient sur lui ne contenaient ni crainte, ni la moindre clémence.
– Je crois qu’il est grand temps que vos ignominies s’arrêtent, dit Flore. Les emprisonnements, celui de Dame Renaude, par exemple…
Elle posa le bout du petit poignard sur la poitrine nue de Bréol. L’air calme et un peu mélancolique qu’il lisait sur sa figure augmenta encore d’un cran l’angoisse du prisonnier.
– Les répressions, les interdictions…
Elle appuya doucement sur le manche. Il sentit la peau céder et s’ouvrir. Plus que la souffrance, c’est la peur qui le fit tressaillir ; elle n’avait pas l’intention de s’arrêter.
– Les exécutions, les mutilations…
La lame incisa la chair vers le bas en provoquant une douleur acérée. Bréol tira frénétiquement sur ses cordes en poussant des vagissements presque inaudibles, mais ne réussit qu’à rendre le supplice plus cuisant.
– Les viols… Vous n’auriez pas dû toucher aux filles des écoles, encore moins à ma sœur.
La peau fut tranchée vers la gauche et la souffrance gicla dans tout son torse. À nouveau, il rua sur le lit comme un animal pris au piège. Il déglutissait avec peine pour empêcher la toile de la chemise de lui descendre dans la gorge.
– Comme je vaux mieux que vous, dit-elle comme à regret, je finirai cela plus tard. Après.
Elle se pencha sur lui et appliqua le tranchant du stylet sous sa mâchoire, à la base de l’oreille qui saignait encore. Quand le fil s’enfonça, étrangement, il ne sentit d’abord que le froid du métal ; puis la douleur se propagea en anéantissant ce qui lui restait de pensées cohérentes.
Il hurla dans son bâillon. Son visage affichait la même terreur que celui des autres victimes.
***
Themerid
– Keil Fadom, à présent ? s’exclama le prince.
– Oui, le meurtrier ne chôme pas, confirma Tête-d’or. Bréol il y a deux jours et maintenant, le prévôt de Tercebrune. Mais cette fois-ci, il n’a pas pu achever sa besogne. Fadom l’a repoussé et l’a blessé au bras, semble-t-il. Son attaquant s’est enfui, mais non sans lui laisser un souvenir cuisant.
– Lequel ?
– Apparemment, il l’aurait à demi émasculé. Le prévôt a failli se vider de son sang avant l’arrivée du chirurgien qui serait parvenu in extremis à sauver une de ses bourses.
Le profil gauche de Warin grimaçait à l’idée du supplice subi par l’Érudit alors que le droit frémissait de malice par vengeance envers l’ennemi. Conrad, qui avait moins de scrupules, éclata de rire devant son visage curieusement partagé.
– Un uniforme de pélégri a été retrouvé chez lui, raconta le jeune ministre en reprenant son sérieux. Voilà comment le meurtrier a approché toutes ses victimes. Il doit l’enlever pour ne pas le tacher de sang, le revêtir seulement pour aller et venir.
– C’est un malin, déclara le géant d’Hiverine, mais un malin à moitié fou, si vous voulez mon avis. Tuer un homme, c’est une chose, le torturer en le châtrant comme un chapon, en revanche…
– Surtout que j’ai appris encore autre chose. Sur le corps de Bréol, l’assassin a gravé l’écusson du Haut-Savoir à la pointe du couteau, avant de le barrer d’une grande croix. Il y avait tout : le livre, la tour et les étoiles !
Themerid frissonna. Il avait d’abord cru à un allié tombé du ciel, pourtant les méthodes du meurtrier ressemblaient trop à celles de leur ennemi commun pour qu’il y souscrive. De plus, ces crimes ne servaient à rien ; de nouveaux Érudits remplaçaient les premiers alors que ceux-ci n’avaient pas encore refroidi. On parlait déjà de Fadom pour le poste de grand prévôt du royaume et les résistants subodoraient que le changement ne constituerait pas une victoire. Finalement, les meurtres ne faisaient qu’attiser la colère de l’Ordre qui se déchaînait en retour sur le peuple.
Le prince ne savait pas quoi entreprendre pour enrayer la violence qui, il le pressentait, allait déferler sur Cazalyne, et particulièrement sur Terce. Il restait cependant persuadé qu’il trouverait la clé en identifiant celui que le Haut-Savoir voulait placer sur le trône. N’eût été ses obligations dans le réseau, il aurait passé ses nuits aux archives. Comme il ne pouvait pas, Elvire y poursuivait seule les recherches, essayant de reconstituer la généalogie.
Lorsqu’il se faufila dans sa chambre de retour du quartier général, elle l’attendait en faisant les cent pas vêtue de sa tenue de nuit. Il avait beau l’avoir vue en chemise souvent à Arc-Ansange, il ne pouvait s’empêcher de penser à un cadeau immérité quand il la trouvait là depuis leur mariage. Elle s’efforçait de gommer sa gêne en lui parlant comme avant, à l’exception des quelques fois où elle l’avait remercié d’avoir accepté de l’épouser pour la protéger. Il calquait son attitude sur la sienne sans parvenir à lui avouer que son soi-disant sacrifice coïncidait avec son vœu le plus cher. Non seulement sa fierté ne s’y résolvait pas, mais il était certain que ça rendrait bien plus inconfortable leur cohabitation, si elle réalisait qu’elle l’attirait. Il supportait donc avec stoïcisme la douce torture que constituait sa présence, d’autant plus constante qu’elle fuyait ses appartements désertés par Flore. De toute façon, elle lui manquait dès qu’ils étaient séparés.
– Cette nuit, j’ai parcouru des registres de la prévôté, raconta-t-elle. J’ai trouvé un rapport expliquant que le décès du seigneur Fergus de Berno n’était pas dû à une cause naturelle. Il aurait été empoisonné il y a une dizaine d’années. Or, j’ai vérifié ma théorie et je suis à peu près convaincue qu’il faisait partie des plus proches parents d’Einold.
– Mais alors, peut-être qu’il y en a eu d’autres ? Quelqu’un aurait fait place nette pour se rapprocher du haut de la liste ?
Elvire acquiesça.
– J’ai aussi repris les minutes de la comparution de la reine Blanche devant le Conseil légaliste, lorsque sa grossesse et sa liaison avec le médecin ont été découvertes.
– Pourquoi ?
– Je… je ne sais pas, je n’étais pas convaincue par ton hypothèse sur les soupçons d’espionnage envers Erkven Deryn. Et puis, je trouve que ce nom ne sonne pas très marmanien.
Themerid sourit avec indulgence en pensant à Venzald.
– Toi aussi tu repousses l’idée d’un lien entre Albérac et lui, n’est-ce pas ?
– Peut-être, répondit-elle en haussant les épaules. Toujours est-il qu’il est écrit que l’amant de la reine venait bien de Marmane avant d’arriver à Terce, mais qu’il était d’origine Rémancienne. Et… je dois dire que j’y crois. La sonorité semble mieux correspondre.
Themerid plaqua ses mains de chaque côté de sa tête en soupirant. Combien de fausses pistes devraient-ils suivre avant de résoudre cet inextricable problème ?
Le lendemain, le prince avait décidé d’interroger Lancel sur sa relation avec Albérac. Le commandant lâcherait peut-être un indice qui lui permettrait de statuer sur l’un des deux ? Un nom de lieu ou celui d’un parent, les circonstances de leur rencontre… n’importe quoi qui le fasse avancer dans ses déductions. Les archives étaient tellement fournies qu’il leur faudrait un siècle, à Elvire et à lui, pour dénouer les fils de toutes leurs interrogations. Il était temps d’agir un peu plus concrètement.
Cependant, son projet fut interrompu alors qu’il n’était pas encore sorti de ses appartements. Un valet annonça le seigneur Abzal, à la grande surprise de Themerid. Le régent affichait le même air d’excuse que le jour du mariage. Pourtant, il esquissa un timide sourire qui augmenta davantage la stupeur du prince. Qu’est-ce qui pouvait bien se passait dans l’esprit de son oncle pour qu’il se permette une visite, tout en étant conscient de son outrecuidance ? Le garçon aurait été moins étonné s’il s’était comporté en conquérant, prétendant oublier leurs potentiels contentieux.
– Je ne te dérangerai pas longtemps, dit Abzal sans parvenir à le regarder dans les yeux. Je ne sais pas ce que ce mariage donnera, pourtant je suis persuadé que vous êtes faits pour vous entendre. Quoi qu’il en soit, je tenais à te dire que je ne regrette pas le rôle actif que j’y ai joué, à la fois pour la sécurité d’Elvire, mais aussi pour votre bonheur à tous deux.
Ses vœux sonnaient parfaitement sincères. Themerid le dévisageait bouche bée, sidéré par la démarche.
– Je me suis permis de commander ceci pour vous, poursuivit le régent en sortant un écrin de sa poche.
À l’intérieur, une fine bague en or sertie de pierres vertes et bleues et un simple anneau reposaient sur du satin blanc.
– Je sais qu’il est inhabituel pour les hommes de porter un anneau de mariage, mais je trouve le symbole charmant. Fais-en ce que tu veux. Quant à ce bijou, j’ai pensé qu’il irait parfaitement à ta jeune épouse. Il lui ressemble.
Themerid ne put qu’approuver. En effet, on l’aurait dit conçu pour Elvire.
– Merci, souffla-t-il.
Abzal grimaça encore un sourire gêné, puis referma la boîte et la lui fourra dans la main en serrant brièvement ses doigts. Suivant le geste de ses yeux effarés, Themerid sentit soudain son cœur accélérer, perdre son rythme, cogner contre ses côtes, prêt à éclater. Dans la paume du régent, il venait de voir distinctement une quatrième ligne. La marque des bouchevreux.
Abzal avait quitté la pièce depuis longtemps quand il fut de nouveau capable de se tenir debout. La poitrine encore traversée par une douleur sourde, il se rua pourtant dans le couloir, oubliant son fauteuil à roues. Il parcourut les galeries au pas de course, la main crispée sur sa chemise, sans voir les visages interloqués des valets. À bout de souffle, il parvint aux appartements de Dame Renaude, où il pénétra sans attendre de réponse à ses coups sur la porte. La nourrice, allongée sur une méridienne, sursauta violemment à son entrée et se redressa en position assise. Il se précipita sur elle, s’accrocha à son bras sans lui laisser le temps de poser la moindre question.
– Le médecin, dit-il d’une voix hachée, Erkven Deryn, pour quelle raison a-t-il dû quitter le château ? Vous devez le savoir, vous étiez dans les secrets de la reine Blanche ! Ça n’avait rien à voir avec son pays d’origine n’est-ce pas ?
La vieille dame tressaillit et ses traits s’affaissèrent comme s’il l’avait prise en faute. Elle porta à sa bouche une main tremblante.
– Répondez, je vous en prie, supplia le prince.
Renaude baissa les yeux.
– Il… c’était un bouchevreux.
Le garçon se laissa tomber sur un fauteuil, le cœur à nouveau douloureux.
– Lorsque Blanche s’en est rendu compte, reprit Renaude, j’ai cru qu’elle allait le tuer de sa main. J’ai tenté de la raisonner, mais malgré le bonheur qu’ils avaient partagé pendant plusieurs années elle n’a jamais pu passer sur son aversion. C’est elle-même qui lui a ordonné de partir. Elle s’est ainsi privée de lui et elle a privé Abzal de son père. C’était un homme bon, pourtant…
Le récit tomba comme une pierre sur l’esprit de Themerid. Alors la haine d’Einold ne sortait pas de nulle part, elle était bien ancrée dans son sang.
– Saviez-vous qu’Abzal avait hérité de la mange-pensée ?
Renaude ouvrit des yeux immenses en couvrant à nouveau sa bouche de sa main tachée par la vieillesse.
– Non ! Je l’ignorais ! Comment…
– J’ai vu le signe dans sa paume.
Le menton de la nourrice trembla et ses paupières s’humidifièrent. Elle le regardait à la dérobée d’un air un peu effrayé. Elle semblait espérer qu’il n’irait pas plus loin, mais il fallait pousser le raisonnement jusqu’au bout.
– Nous sommes ses fils, n’est-ce pas ? murmura-t-il avec raideur. Le pouvoir est héréditaire, il n’est pas apparu spontanément chez nous comme le croit Venzald.
Des larmes s’échappèrent des yeux ridés. La nourrice secoua la tête en pinçant les lèvres.
– Ma mère est morte depuis dix-sept ans, Dame Renaude. Votre loyauté vous honore, mais vous pouvez parler sans crainte de la trahir, à présent. Que s’est-il passé ? Abzal l’a séduite ?
Le regard noyé de la nourrice se perdit dans le vague.
– Le roi et elle s’aimaient passionnément, ne doutez pas de cela. Mais elle ne s’est jamais habituée à la vie aux Cimiantes. L’ennui, la solitude, la crainte de déplaire ou qu’à cause d’elle, les détracteurs d’Einold trouvent quelque prise sur lui, tout cela faisait peser sur ses épaules un poids qu’elle ne parvenait pas à porter. Elle ne vivait que pour les heures qu’ils passaient ensemble. Malheureusement, il arrivait que ces moments se raréfient. Einold partait en tournée d’inspection dans le royaume, en visite chez nos voisins, il travaillait tard et beaucoup. Et elle était bien trop discrète pour lui reprocher quoi que ce soit. D’ailleurs, cela n’aurait sans doute pas suffi, comme elle l’avait compris en acceptant d’épouser un souverain.
Elle tamponna ses paupières lourdes avec le mouchoir que lui tendit Themerid.
– Au bout de quelques années, s’ajouta à tout cela l’angoisse de ne pas porter d’enfant. Elle rêvait d’être mère, elle avait l’impression qu’enfin, elle ne serait plus seule. Non seulement ce jour n’arrivait pas, ce qui la rendait plus malheureuse au fil du temps, mais elle culpabilisait de ne pas donner d’héritier à Einold et à Cazalyne. Elle dépérissait. Si je lui avais consacré le temps qu’elle méritait… Ma présence ne représentait qu’un palliatif, mais je ne crois pas me tromper en pensant que je la distrayais un peu. Je ne lui ai pas accordé assez d’attention, cependant…
Les épaules arrondies, Renaude s’affaissait sur elle-même. On aurait dit que son serment de silence et sa loyauté à Almena lui avaient servi de maintien, toutes ses années. En les brisant, elle détruisait le corset qui la tenait debout.
– Je n’ai jamais su les détails, néanmoins j’imagine qu’Abzal a profité de son profond désarroi et d’une période d’absence prolongée de son frère pour se lier à elle. J’avais toujours pensé que son admiration pour Einold était teintée de jalousie. L’atteindre à travers Almena, ce qu’il avait de plus précieux, a dû lui paraître tentant. D’autant qu’elle était très jolie. Quant à elle, cernée de solitude et d’angoisse permanentes, elle aura trouvé du réconfort auprès de lui. Elle s’est amèrement repentie de son infidélité, elle s’en est même rendue malade. C’est à ce moment qu’elle m’a tout raconté. Et lui, ce que j’ai lu sur son visage à la mort d’Almena me laisse penser qu’il s’est fait prendre à son propre piège en tombant amoureux d’elle. Je ne les juge pas. Leur unique incartade aurait pu n’avoir d’autre conséquence que leurs remords, mais la reine s’est aperçue qu’elle attendait un enfant. Dès lors, elle a paru revivre. Elle ne m’a jamais confirmé qu’Abzal était le père — d’ailleurs, le retour du roi avait suivi d’assez près pour que le doute soit permis —, mais après des années d’infertilité, croire qu’elle était tombée enceinte d’Einold justement après cette incartade aurait relevé de la naïveté. Or, elle n’était pas naïve, et moi non plus. Cependant, nous n’en avons jamais reparlé.
Themerid se sentait vide. Un nouveau pilier de sa vie s’écroulait. Il avait compris depuis très longtemps que son père n’était pas parfait. Le mentor qu’il admirait avait trahi son frère et son royaume. On lui avait imposé d’être séparé de son double. Et à présent, le symbole sacré de l’amour, l’union passionnée de ses parents s’écroulait comme un château de cartes, en lui montrant que même ce qu’il y avait de plus pur était susceptible de s’entacher de faiblesse et de concupiscence. Sur quoi pourrait-il bien compter, maintenant ?
– Mon père… Einold n’a jamais su ?
– Non, affirma Renaude. Non, j’en suis certaine. En revanche, je pense qu’Abzal a deviné. Il a tenté de me faire parler, avant que l’apparition de Lancel de Kelm l’incite à me lâcher.
Voilà qui expliquait bien des choses.
La vieille dame lui jeta à nouveau son regard apeuré. Y avait-il encore quelque chose à savoir ?
Et tout à coup, au milieu du tourbillon de sentiments qui s’agitait en lui, la vérité lui apparut en lui coupant le souffle.
– Mais si Einold n’est pas notre père, nous ne sommes pas les héritiers du trône…
Coucou !
Wow ! Alors cette révélation doublée de la phrase de chute, c'était... INCROYABLE !!
Bon, reprenons dans l'ordre xD
Quel plaisiiiiir ( j'ai un peu honte de dire ça mais faut être franc hein ^^). JE ne sais pas si tu aimes GOT mais c'était un peu l'équivalent de la mort de Joffrey Barathéon xD. Je t'avoue que dès que j'ai vu le pdv : Bréol je me suis douté qu'il allait faire la rencontre de l'assassin. Ma partie sadique s'est délectée de cette scène jusqu'au dernier mot xD C'est en effet bien Flore qui massacre les érudits, j'ai hâte d'avoir un peu plus d'explications. Elle semble être partie vraiment loin dans son délire, c'est limite effrayant. Quels sont ses motifs ?
La scène avec Abzal était sympathique mais sans plus mais elle donne d'autant plus de poids à la révélation finale !
Tu vois là, je me sens doublement bête. D'abord parce que je n'ai pas imaginé une seconde qu'Abzal pouvait être le père de Themerid et Venzald (malgré les nombreux indices dont je me rappelle à présent : la trahison N'EST-CE PAS) et ensuite parce que j'ai attendu la phrase de fin pour me rendre compte de ce que ça impliquait en terme de successions.
Mon excuse c'est quand même qu'Almena et Abzal (le jeune j'entends) paraissaient pas hyper compatibles. Mais les raisons évoquées dans ce chapitre peuvent expliquer ça^^
C'était déjà pas simple cette histoire mais alors là, je suis complètement perdu xD
En vrai je trouve pas trop les mots pour parler plus de cette révélation, mais si tu balances encore des bombes comme ça dans la partie 3 mon coeur ne va pas retenir (j'ai déjà dû te le dire je crois xD).
J'imagine qu'on va pouvoir faire connaissance d'autres charmants érudits pour remplacer Bréol, sinon c'est pas drôle^^
Et surtout ... je me demande qui va finir sur le trône xD Sans avoir d'explication particulière, je mettrais une petite pièce sur une des demoiselles Hénan (laquelle faut pas m'en demander trop non plus^^)
Allez j'enchaîne un autre(=
Evidemment, dire que tu as pensé à GoT en lisant ce chapitre est un énorme compliment : je suis fan des bouquins et de la série ! Ceci dit, la comparaison avec la mort de Joffray (la plus belle mort de la série à l'exception de celle de d'Oberyn Martel en duel contre la Montagne...) m'échappe un peu. La scène de Flore est certes sordide (c'était le but), mais pas autant, quand même, si ?
Je pense que la plupart des lecteurs ont deviné, à ce stade, que c'est Flore qui tue les Erudits. Et je ne pensais pas non plus que je tromperai grand monde (à part Bréol) en faisant croire que c'était Elvire (tu y as cru ou pas ?). Il fallait donc rendre la scène originale autrement, et c'est pour ça que j'ai choisi le point de vue de Bréol. Bon, en plus ça m'arrangeait parce que comme tu le dis, l'état d'esprit de Flore est forcément très très dark à ce moment-là, et je ne préférais pas m'y aventurer. Reste à voir si elle comment elle va évoluer, parce que là, elle en est à torturer des gens (des salauds, certes, mais quand même !)
La scène entre Abzal et Themerid, elle n'a évidemment pas tellement d'intérêt pour l'intrigue, sauf pour aiguiller les lecteurices sur l'état d'esprit d'Abzal (même si ce n'est pas vraiment neuf), et surtout c'est un prétexte pour que Themerid voit la marque dans la main de son oncle.
Enfin de son "oncle"... à ce moment-là, il croit encore que c'est son oncle ! Tiens c'est marrant que tu n'aies pas pensé à l'hypothèse d'Abzal-père des jumeaux. Il me semblait même que tu l'avais émise, mais je dois confondre. Elle figure dans beaucoup de commentaires, ceci dit (certaines plumes avaient deviné dès le tome1 !)
En revanche, je te rassure, personne n'avait pensé aux conséquences, bizarrement, alors qu'en effet, dans cette histoire de succession, c'est trèèèèèèèèès important !
Je note ton pari en faveur d'une des demoiselles de Hénan sur le trône ;)
"(tu y as cru ou pas ?" brièvement oui mais pas très longtemps xD Elvire n'aurait pas du tout agi de cette façon.
Pour Abzal / jumeaux je ne me souviens pas mais c'est possible que j'aie fait une hypothèse oui, mais on va dire que mon attention était complètement focalisée ailleurs dans cette fin de t1/t2 donc cette révélation m'a surpris.^^
Mince, quel retournement de situation : Abzal est le père des jumeaux (et il s’en doute fortement, c’est pour cela qu’il les protège dans la mesure de ses moyens?). Et au final les princes ne seraient donc pas les héritiers ! (et donc ce serait Baudry/Alberac ??)
Ah, ah cette succession, elle n’a pas fini de nous donner des sueurs froides ! sans parler du fait qu’il semble y avoir eu de l’élimination dans la liste des héritiers potentiels
Du coup, ces révélations forment une bonne fin de la partie 2, et lancent la partie 3 vers la question de la succession.
Il faut que je revois la mise en scène, en effet, c'est un peu trop complexe (surtout que je crois que je me suis trompée à un moment XD).
Tu ne t'en doutais pas qu'Abzal était le père ? Je pense que c'est parce que c'est un peu loin, mais il me semble que dans ta BL du tome 1, tu avais pourtant émis cette hypothèse ;) Quoi qu'il en soit, j'avais semé des indices (ténus, certes) qui permettaient de comprendre dans le tome 1. C'est aussi dans le tome 1 qu'Abzal comprend qu'il est le père des jumeaux : il y a une scène où il vient les voir pour leur dire qu'ils vont être assignés à résidence dans leurs appartements. Tout à coup, il voit la main gauche de Venzald, se fige et part en courant. C'est à ce moment que Themerid tombe dans le coma. Bon, évidemment c'est le genre de scène qui n'est vraiment compréhensible que si on connait le fin mot de l'histoire, mais c'est pas grave, ça me fait plaisir, ce genre de trucs !
En effet, la succession est le coeur de l'histoire.
Le plus drôle avec tout ça, c'est que même les lectrices qui avaient deviné qu'Abzal était le père des jumeaux n'avaient pas pensé à ce que ça impliquait : ils ne sont pas princes. Donc en effet, je me suis dit que cette révélation était une bonne fin de partie 2 ;)
Mais c'est logique en effet qu'il soit leur père, si on considère qu'il y a un côté héréditaire à leurs "dons".
Quand au fait qu'ils ne sont pas princes, c'est très juste, mais eux (et tous autour d'eux) le croyaient jusqu'ici, alors cela ne changeait finalement rien. Maintenant que Théméride le sait, c'est différent.
Oui, pour Flore, elle a basculé "du côté obscur", et malgré le fait qu'elle est en quelque sorte dans le bon camp, ça reste terrible qu'elle adopte les méthodes de ceux qu'elle combat
D'un côté c'est abject de l'autre ils le méritent, mais... qu'es-tu en train de devenir ? Le titre s'applique bien à toi aussi... Je me demande où elle se planque, par contre.
Themerid... on apprend qu'Abzal est bouchevreux, et via Renaude, des secrets sont enfin levés !
J'avais lu dans les com qu'Abzal était sous option pour être le père, j'y pensais tout en me disant qu'Almena avait quand même l'air bien amoureuse... mais bon, les erreurs, ça arrive ^^ (et puis ça aurait pu être un mal pour un bien ^^).
Je ne m'attendais pas à la dernière question de Themerid, du coup, même si elle tombe sous le sens....
Bon, Albérac, t'es prêt à faire valoir tes droits ? ^^
On sent quand même à travers leurs recherches livresques que quelqu'un s'est bien amusé à épurer la branche régnante....
Sinon, en effet, Flore a un peu pété les plombs, comme tu as pu le voir :)
On savait déjà qu'Abzal était bouchevreux, depuis le début du tome 1, en fait. Mais personne d'autre ne savait (à part le manteau bleu qui l'a fait chanter avec ça, bien sûr). Mais le fait qu'il soit le père des jumeaux, même si on pouvait le deviner, c'est effectivement nouveau. Je crois que c'est Cocochoup qui avait émis cette hypothèse :)
Et en effet, comme c'est un assez gros scoop, on ne pense pas forcément à en déduire les conséquences : les princes ne sont pas princes. Tadaaaa !
Bien vu : y a un paquet de morts suspectes dans l'arbre généalogique de la famille royale :)
Reprenons depuis le début : les dialogues en italique ne m'ont pas vraiment dérangée, je trouve que les ellipses passent bien avec cette méthode.
Pour ce chapitre-ci, il y a quelque chose de capital que je n'ai pas compris : il est mort, Bréol ?
J'avoue que même si cette scène est bien écrite, j'ai eu du mal à me représenter les déplacements et mouvements des deux personnages.
Pour ce qui est de la révélation de la fin, c'est bien amené, bien écrit et très vrai, je n'ai rien à redire. Et je suis très contente du tour de qua ça prend ^^ MAIS motus et bouche-cousue Themerid, donne pas une arme de plus à tes ennemis.
Voilà c'est à peu près tout ce que j'avais à dire^^ On attaque la ortie 3 après c'est ça ?
Biiizzzz
Oui, Flore, on se doute fortement que c'est elle. D'ailleurs, je savais que l'affirmation de Bréol comme quoi c'est Elvire ne tiendrait pas vraiment. Mais l'originalité de cette scène est plutôt qu'elle est racontée du pov de Bréol. En revanche, pour Almena et Abzal, les réactions sont à 50/50. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir tendu des petites perches depuis le début du tome 1 ! Bon, c'était pas si évident, j'avoue, mais c'était quand même possible de les voir ;)
Pour l'italique, c'est vrai que j'étais soulagée en voyant ce que ça donnait sur le site, parce que sur Word, par contre, c'est moche ! Tant mieux si ça ne t'a pas gênée.
Dans ce chapitre : OUI, Bréol est bien mort. On en a la confirmation au début du pov de Themerid et d'ailleurs, j'écris que Keil Fadom (celui qui n'est pas mort, pour le coup) va probablement remplacer Bréol en tant que grand prévôt. C'est celui qui a exécuté Johan.
Pour les mouvements des personnages, Jowie m'a fait remarquer que j'avais fait une erreur, donc je reprendrai ça. Et je note ta remarque, j'essaierai de rendre les indications scéniques plus net (en fait, Flore est tout le temps dans le dos de Bréol, jusqu'à ce qu'elle lui dise de s'allonger. Là, il se retourne pour tenter de la frapper mais ça échoue. Ensuite, il est couché sur le lit, ligoté. )
Et pour la fin, tu as raison : il vaudrait mieux que Themerid ne révèle pas sa découverte ! Mais va-t-il suivre ton conseil ?... ;)
Oui, ensuite je vais embrayer sur la partie 3, la dernière du tome ET de la saga ! Tout le dénouement, quoi ! Enfin, entre autre, parce qu'il va se passer encore plein de choses. Du coup, je préfère mettre le plan bien à plat avant de me lancer mais ça ne devrait pas trop tarder. Et j'avoue que j'ai aussi fait une petite pause parce que j'ai fait un gros gros rush pendant le confinement (il y a des semaines ou j'ai écrit et publié 4 chapitres, j'en reviens pas moi-même O_o)
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Bises
Ok, ok, je me calme et on y va gentiment, point par point, dans un ordre chronologique :
“À nouveau, la main surgit, rapide, enserra son poignet dans le nœud coulant d’une cordelette, puis fit mine d’attacher aussi le second. “ Donc, si j'ai bien compris, Elvire tient d'une main son couteau contre le cou ou l'oreille de Bréol, tandis que de l'autre, elle fait semblant de lui attacher les mains (juste après, on comprend qu'elle voulait vraiment lui ligoter les deux poignets, alors je remplacerais “faire mine” par “Quand elle voulut attacher son autre poignet, il résista” par exemple )? En fait je me demandais si Elvire n'était pas accompagnée, parce que je pense que ça doit être difficile de faire tout ça d'une seule main ;)
Couchez-vous, dit Elvire en le poussant de la pointe du couteau sur la poitrine, → Jusqu'à cette phrase, je croyais que Elvire se trouvait dans le dos de Bréol, mais ici, avec la nouvelle position du couteau, je n'étais plus sûre, vu qu'elle le pousse. Si elle était derrière lui, elle aurait sa lame dans son dos ou contre son cou, je pense.
“Il se retourna d’un bloc en balançant ses bras devant lui” → Je comprends ici que ses mains attachées se trouvent devant lui, c'est juste ?
“la chance lui souriait, car elle commença à défaire les boucles de la grille métallique en descendant du lit. “ → je ne suis pas sûre à quoi se réfèrent “les boucles de la grille métallique”, est-ce que tu les as mentionnées plus tôt ?
Aaaaah, j'aime bien le retournement ce-n'est-pas-Elvire-mais-Flore ! Et ça colle mieux à sa personnalité ! J'avoue que j'aurais mal imaginé Elvire faire ça avec autant de sang froid ! Flore est devenue impressionnante, avec son masque et sa tenue ! Et elle fait peur aussi... Même si je hais Bréol et qu'il mérite toutes sortes de choses, je n'aurais vraiment, mais alors vraiment pas aimé me trouver à sa place !
Oh là là, les descriptions, ça donne froid dans le dos. Je t'avoue que j'ai rentré le cou en lisant comme pour me protéger xD
J'aime bien comment tu racontes les agissements de Flore d'abord avec son point de vue, puis avec celui de quelqu'un d'autre, ça donne une bonne idée de comment ses actions sont perçues par ces amis ainsi que quelles rumeurs courent à son sujet.
“Abzal avait quitté la pièce depuis longtemps quand il fut de nouveau capable de se tenir debout “ → je remplacerais le “il” par “Themerid” : la première fois que j'ai lu ce passage, j'ai cru que c^était Abzal qui tout à coup faisait une crise et courait chez la nourrice ^^
C'est très satisfaisant de voir les secrets sortir un à un; Themerid qui réalise que son oncle est bouchevreux, c'est gros quand même ! Je ne sais pas s'il va faire plus confiance à Abzal dorénavant, mais moi je ne peux pas xD Quand il lui a donné la bague, j'ai immédiatement pensé : “la bague doit sûrement avoir une pierre magique qui permettra de le surveiller ou je ne sais pas trop quoi”. Oui, je deviens gentiment parano ^^
QUOIIII Almena et Abzal ?! *Jowie arrête de respirer * Alors ça, je ne l'avais pas vu venir, mais c'est vrai, tous les signes sont là. Et après la mort d'Almena, Abzal est devenu très étrange ! Je le porte encore moins dans mon coeur maintenant que je sais qu'il a profité de la solitude de la reine, mais comme dit Renaude, il s'est fait avoir par son propre piège et je ne doute pas qu'il a beaucoup souffert et qu'il a amèrement regretté ce qui s'est passé...
“le symbole sacré de l’amour, l’union passionnée de ses parents s’écroulait comme un château de cartes “ → cette phrase est d'une beauté tellement vraie et dure. J'imagine que c'est ce que beaucoup d'enfants ressentent à la séparation de leurs parents.
Et il a raison, Themerid: son frère et lui ne sont donc techniquement plus héritiers au trône... Vont-ils garder tout cela secret ? Ou le royaume sera-t-il encore plus en danger s'ils se mettent de côté ? Et que leur arrivera-t-il, à eux, s'ils renoncent à leur titre ?
En bref: quel chapitre époustouflant ! Vivement la suite :D
Pour ta première remarque, en fait l'expression "faire mine de" s'emploie parfois pour dire qu'on commence à faire le mouvement ou l'action en question, mais ça ne veut pas forcément dire que c'est une feinte. Là, c'était pour dire qu'elle esquisse le geste d'attraper sa seconde main (et c'est bien ce qu'elle veut faire), sauf qu'il résiste. Mais je comprends que ça porte à confusion, donc tu as raison, je vais changer.
Pour ta seconde remarque, tu as tout à fait raison : j'ai déplacé cette phrase en oubliant qu'elle était dans son dos ! Elle ne devrait pas du tout le blesser à la poitrine ! Merci pour ton œil de lynx !
Ses mains sont bien attachées devant lui, oui.
Les "boucles de la grille", dans mon idées, ce sont les boucles en cuir, par exemple, qui permettent d'attacher le masque devant le visage (comme des sortes de petites sangles). Est-ce que ce serait plus parlant si je remplaçais boucles par brides ?
Pour le retournement Flore-pas-Elvire, en fait, tu es la première, pour l'instant, à avoir cru que c'était Elvire :) Y as-tu vraiment cru, d'ailleurs ? En effet, c'est beaucoup plus cohérent avec la personnalité et la situation actuelle de Flore. Je n'ai même pas essayé de le cacher. Je savais que ça ne tiendrait pas longtemps. C'est pour ça que j'ai plutôt misé sur la nouveauté du point de vue (Bréol), plutôt que sur le scoop, pour l'originalité.
Mais si tu as cru, même un instant, que c'était Elvire, alors tant mieux, c'est un bonus ;)
Et en effet, Flore a un peu basculé du côté obscur !
Je note pour le "il" qui porte à confusion. Si on croit que c'est Abzal qui va voir Renaude, ça n'ira pas du tout !
Héhé, je suis assez fière de moi, j'avoue, pour ce qui est de l'incartade Abzal/Almena : parce que ça je le prépare depuis le début du tome 1. En fait, il y a des indices partout : à chaque fois que j'ai parlé de trahison dans les introspections d'Abzal, et aussi quand Renaude raconte la mort d'Almena (elle dit qu'Abzal est chamboulé)... Quelques lecteurs.rices l'ont deviné d'ailleurs, mais si on ne se pose pas de questions, en effet, on peut passer à côté. Pourtant ça change tout ! Ça change même la perception qu'on peut avoir d'Abzal car, lui, il l'a compris il y a longtemps que ce sont ses fils (quand ils enferment les princes dans leur chambre, dans le tome 1, juste avant que Themerid tombe dans le coma, il voit la marque dans la main de Venzald).
Quant à la question "Vont-ils garder tout cela secret ?", en fait, on peut même la nuancer par "Themerid va-t-il garder cela secret ?" ;)
Contente que le chapitre t'ait plu en tout cas !
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
C'est peut-être juste moi mais je n'avais pas compris que "les boucles de la grille" se référaient aux lanières qui tenaient le masque. J'ai dû oublier le passage où le lien entre le masque et la grille est fait. Mais si le masque était une grille, alors Bréol aurait reconnu Flore plus rapidement, non ?
Bref, je crois que c'est plutôt le mot "grille" qui m'a un peu déboussolée :)
Chouette chapitre ! Tranquille aussi, enfin relativement. Bien dosé, quoi. Après, la révélation qu'Abzal est el papa, c'était pas la découverte de l'année pour moi ;)
Bien évidemment c’est Flore l’assassine ! J’ai capté aussitôt avec « la petite main ».
J’ai oublié de demander dans le précédent commentaire : y a personne pour remplacer mec des archives qui est mort ? surtout s’il y a une mission de vérification de la loi réalienne en court, ils devraient d’autant plus s’assurer qu’il y a des gens en forme pour la remplir !
Pourquoi les filles ont des anneaux travaillés et les mecs des anneaux simples ? Bouuuuh
Je m’interrogeais sur le pourquoi de cette scène avec Abzal donnant les anneaux, je me demandais si ce n’était pas une dernière bonne action avant sa mort (tu vas croire que je les veux tous morts à force !) mais non, c’était pour que T découvre sa marque.
Ah la vache le trope des gens qui font l’amour une fois et ça suffit pour tomber enceinte… Ils ne s’étaient pas protégés ? je veux dire, avec le nombre de conquêtes d’Abzal, j’imagine qu’il y a dû avoir des dizaines d’autres accidents, donc je ne trouverais pas cohérent que s’il n’y avait pas de moyen de contraception, que les princes soient les seuls enfants d’Abzal (et s’il n’y en a que trois, des gamins, autrement que deux « portées » (les princes comptant comme une) c’est peu aussi).
Plein de bisous :
En effet, tu savais déjà pour Abzal donc pour toi, le scoop est raté, mais les réactions sont diverses : Cocochoup avait émis l'hypothèse d'une aventure entre Abzal et Almena dès le début du tome 1, et du coup elle est très contente de voir que c'est vrai. Ma sœur et mon neveu n'y avaient pas du tout pensé alors ils ont eu la réaction parfaite (genre SMS "Ah mais nooooon" de ma sœur juste quand elle a fini le chapitre).
Alors le "mec des archives" qui est mort, c'est pas un mec des archives, c'est un maître-juriste qui fait partie d'un conseil. Donc pour sa mission officielle en cours, il va être remplacé par un autre maître-juriste, mais c'était le seul à être en lien avec les résistants. C'est pour ça qu'ils n'ont plus personne auprès de qui se renseigner. Ce qui ne veut pas dire que le conseil des maîtres-juristes ne continue pas ses investigations pour déclarer Baudry de Kelm mort, ni pour réétablir l'ordre de succession. Je verrai avec les autres comm. Si ce n'est clair pour personne, je rajouterai des explications quand Warin et Themerid discutent de ça.
Ah ah ! Décidément, tu veux vraiment buter Abzal ! Euh, les anneaux simples pour les mecs, bonne remarque... je suis peut-être trop old school pour me poser des questions pareilles...
Et enfin, je suis d'accord avec toi sur le fait que tomber enceinte en une fois, c'est pas très conforme aux statistiques, mais là, j'ai pas le choix. Ça ne serait pas du tout conforme à Almena de s'être vautrée dans le stupre. Et puis la conclusion du truc, c'était que c'était Einold qui avait des pb de fertilité (il était plus tout jeune), alors qu'Almena et Abzal, jeunes et fringants, étaient super fertiles. Bref, mes propres excuses me conviennent XD
Il est possible, en effet, qu'Abzal ait semé des enfants un peu partout derrière lui. A voir si l'histoire les mentionnera ou pas :P
Merci beaucoup pour ta lecture et tes deux commentaires !
Plein de bisous !
Si on n'en avait pas parlé, je n'aurais JAMAIS deviné que les princes étaient les enfants d'Abzal, et j'aurais eu la même récction que ta soeur, tu n'as pas de souci à te faire là dessus !
"s'être vautrée dans le stupre" ? mais quelle est cette expression ? xD
Oui c'est bien ce que je me disais qu'Einold était beaucoup plus vieux qu'Abzal ! (tu me connais je ne me fais pas confiance pour me souvenir des âges des persos...)
"semer des enfants" tu vas avoir un séquel qui va être "l'inondation de la marmaille abzalienne" xD
Bam Bam bammmmm
Ahum
Excuse moi pour ce moment d'hystérie
Et donc, j'avais bien lu entre les lignes. Abzal est bien le père des jumeaux 😍
Ce qui me fait dire que... Le roi a eu une aventure par ailleurs et qu'il y a un enfant illégitime qui se promène quelque part. Et qui est le manteau bleu !
Par contre, avais-tu été jusqu'à réaliser que les princes n'étaient pas princes ? Je ne sais plus, tiens !
Je note ta nouvelle hypothèse sur un potentiel bâtard du roi... ;)
Merci pour ta lecture, euh... tardive ! Tu as des horaires encore plus tordus que les miens XD !