Chapitre 24 : Trahison

Une fois rentrée au manoir, Clave entreprit de trouver Griselda et Noah, mais avant cela, elle fit rapidement découvrir le manoir au chaton. Clave réfléchissait à un nom à lui attribuer, mais elle n'en trouvait pas.

Ils passèrent devant plusieurs salons, la cuisine où un domestique préparait le repas, deux énormes bibliothèques où Clave aurait aimé passer le reste de sa vie si elle n'avait pas une mission plus importante sur les bras, et un nombre infini de pièces inutilisées. C'est alors que Clave se rendit compte qu'elle ne savait pas du tout où se trouvait la chambre de Noah, ou même celle de Griselda, malgré ses nombreuses explorations dans le manoir.

En revanche, elle avait déjà vu le dortoir des domestiques. Il était situé dans la zone nord-ouest du manoir, qui était en forme de U dont les pointes étaient orientées vers le sud-est.

Après quelques minutes de recherches n'aboutissant à rien, Clave décida de se rendre sur la terrasse pour faire profiter le chaton de la vue. Elle le posa sur le parquet lustré, veillant à ce qu'il ne laisse pas de traces dessus. Aussitôt qu'il fut à terre, le chaton se mit à gambader joyeusement dans les couloirs et à renifler chaque recoin. Clave dut plusieurs fois le retenir de faire ses besoins sur les murs.

Ils redescendirent ensuite les escaliers. Puis, alors qu'il la suivait docilement depuis le début, le petit chat s'arrêta devant une porte entrebâillée. Il se mit à fixer la jeune fille, comme s'il l'attendait ou s'il voulait lui montrer quelque chose.

Elle le rejoignit devant ce qui semblait être une sorte de débarras ou un placard à balais. Tout d'abord, Clave se demanda ce que voulait le chaton, puis elle se rapprocha et entendit une voix derrière la porte, qu'elle ne reconnut pas immédiatement.

– Duc Arthur, c'est moi, Catherine Blackseed. Je vous fais mon rapport. Clave… La princesse est capable, depuis quelques jours, de tirer des projectiles grâce à sa magie.

Clave, en entendant le nom de son amie, resta figée, interdite.

Griselda avait raison. Catherine les espionnait bel et bien pour le compte d'Arthur. Elle l'avait trahie.

Sans se douter de sa présence, Catherine continua à faire son rapport.

– Elle sera bientôt prête à partir, selon votre sœur.

Clave retint sa respiration, collée au mur, le chaton assit sagement à côté d'elle.

– C'est tout ce que j'avais à dire. Je n'ai pas pu trouver d'informations quelconques sur la Couronne d'Éclats. Je vous recontacte si j'en apprends plus.

Elle coupa la communication. Clave n'eut pas le temps de réagir que la domestique sortait déjà du débarras.

Leurs regards se croisèrent.

Dans les yeux noisette de Catherine, Clave y lut de la tristesse, et, évidemment, de la surprise. La domestique rousse était désolée. Cependant, Clave, elle, ne l'était pas du tout. Elle était déçue, en colère. Elle avait eu raison de douter de son amie, et pour ça, Clave lui en voulait terriblement.

Catherine tendit la main dans une ultime tentative pour la retenir, murmurant son nom, la suppliant presque. Clave jeta un œil à son collier de domestique. C'était sûrement lui qui lui servait à les espionner, Noah, Griselda et elle.

Puis la jeune fille détourna le regard, tourna le dos à son amie, puis s'en fut dans le couloir, le chaton roux et blanc sur ses talons.

Clave claqua la porte de sa chambre, se fichant de savoir si quelqu'un entendait. Elle voulait juste se défouler. Elle voulait briser sur le sol tous les objets de sa chambre, comme ce vase aux motifs de papillons ou ce miroir aux contours dorés, mais elle ne le fit pas, car Griselda allait lui en vouloir si elle le faisait.

Lorsque la jeune fille croisa son regard vacillant dans le miroir, elle se figea. Des larmes commencèrent à couler sur son visage rougi par la colère.

Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi Catherine faisait ça alors qu'elles étaient amies. Clave se sentait trahie, désemparée.

Elle s'accrocha aux pans de sa robe violet pâle pour ne pas s'effondrer, mais ses genoux lâchèrent. Elle tomba sur le parquet dans un froufrou de tissus désordonné. Ses épaules s'affaissèrent. Elle se recroquevilla sur le sol et regarda son reflet dans le miroir. Et dans la glace, elle ne voyait qu'une faible fillette, amnésique et perdue.

Rien n'avait changé, finalement.