- Freijat ? Puis-je vous parler ?
La Vampire entendit l’appel depuis le lac où elle se prélassait après s’être nourris de sa source et ce malgré l’immense distance. Elle restait branchée en permanence sur ce lieu où les chasseurs de Vampires savaient pouvoir prendre contact.
Elle se redressa en souriant. Enfin de l’action ! Chasser du Vampire lui ferait du bien. Des lunes sans appel. Les Vampires nomades dormaient ou quoi ? À moins que ce ne furent les chasseurs de Vampires devenus aveugles.
Peu désireuse de consommer de l’énergie pour rien, elle attela un traîneau à chiens et rejoignit son allié humain à vitesse normale. À l’arrivée, elle nourrit ses chiens, les abreuva puis s’approcha de l’humain qui l’avait regardée œuvrer sans rien dire.
Il avait la peau blanche, les cheveux blonds et les yeux bleus. Très musclé, presque toute sa peau disparaissait sous un vêtement aux teintes vertes, jaunes et oranges, censées permettre un camouflage en forêt. Sauf que l’homme vivait en ville. Freijat ne s’était jamais moquée ouvertement mais n’en pensait pas moins.
Lorsqu’elle s’approcha, elle le constata plus anxieux que d’habitude. Naturellement, il n’était jamais très à l’aise en sa présence, celle de son plus grand ennemi mais elle connaissait celui-là depuis plus de vingt ans. Ils s’entendaient bien. Ils déjeunaient souvent ensemble pour nouer des liens. Cela facilitait grandement les échanges.
- Bonjour, Kyle.
- Bonjour, Freijat, répondit-il en regardant avec inquiétude autour de lui.
- Un problème ? demanda-t-elle, sur ses gardes.
- Je ne suis pas censé être là, indiqua Kyle.
Freijat fronça les sourcils. Que se passait-il ?
- Ils ne m’ont pas vraiment interdit de vous parler. Ils m’ont juste dit que ce n’était pas nos affaires, que nous n’avions pas à intervenir. Je ne suis pas d’accord. Si vous aviez le même genre d’informations dans l’autre sens, j’apprécierais que vous me préveniez, par pure politesse.
- De quoi s’agit-il ?
- La mort vient sur vous.
Freijat cligna plusieurs fois des yeux. Devant lui, elle respirait et elle bougeait, paraissant humaine le plus possible même si, bien sûr, son cœur ne battait pas, sa température corporelle restait basse, elle ne transpirait pas ni ne vieillissait. Les chasseurs de Vampires se montraient bien plus coopératifs et ouverts lorsqu’elle agissait de cette façon.
- Comment ça ? demanda-t-elle, ahurie.
- Des Vampires sont venus trouver nos chefs en Italie, raconta Kyle. C’était l’année dernière. Ils ont indiqué vouloir s’allier à nous – nous tous, les chasseurs de toute la Terre – pour exterminer les autres Vampires. L’alliance a été passée. Ils nous entraînent.
Freijat sourit. Même entraînés, les chasseurs de Vampires se feraient massacrer s’ils entraient sur le territoire pour s’attaquer aux familles unies et soudées.
- Les six Vampires en question se sont répartis la Terre. L’un d’eux, une femme nommée Malika, est en charge de cette partie du monde. Lorsque mes chefs lui ont décrit vos familles, elle nous a déchargés de cette responsabilité, indiquant qu’elle s’en chargerait seule.
Freijat sourit de plus belle. Un seul Vampire croyait-il vraiment pouvoir vaincre cinq familles puissantes ? Ridicule !
- Ils ne sont pas comme vous, murmura Kyle comme si cette Malika pouvait l’entendre. Ils sont… puissants, vraiment puissants. Elle nous a fait des démonstrations. C’était époustouflant. Ces gars-là sont forts, bien plus forts que vous. Vous ne ferez pas le poids. Je ne vous préviens pas pour que vous vous prépariez au combat mais pour que vous vous cachiez le temps que l’orage passe. Terrez-vous au fond d’une grotte et attendez. C’est la meilleure chose à faire.
Freijat eut envie d’exploser de rire. Le visage grave du chasseur de Vampires l’en empêcha.
- Kyle, attendez ! Vous ne le pensez pas sérieusement ? s’exclama Freijat, les yeux ronds.
- Elle peut changer d’apparence, devenir totalement humaine, se nourrir sans transformer, discerner l’honnêteté du mensonge, voir et entendre à des miles de distance, contrôler nos émotions. C’est terrifiant.
Que Kyle fut en panique était une évidence.
Voir et entendre à des miles de distance, c’était la facilité même. Freijat ne venait-elle pas de répondre à l’appel de Kyle de cette façon.
Changer d’apparence, en revanche, était nouveau. Freijat n’en avait jamais entendu parler. Elle n’en crut pas un mot. Les Vampires pouvaient se déplacer tellement vite. Il suffisait qu’un autre Vampire complice, caché jusque-là, échange sa place avec le premier, tellement vite que les humains prendraient cela pour une modification corporelle.
Devenir totalement humaine : cela dépendait ce que Kyle entendait par cela. Freijat parvenait à imiter les humains, assez pour vivre avec eux sans les gêner.
Se nourrir sans transformer : avaient-ils eux aussi des sources à leur disposition ? La démonstration était-elle truquée ? La possibilité n’était pas à exclure. Si ceux-là formait un groupe soudé, peut-être avaient-ils monté un joli spectacle afin de faire peur aux chasseurs de Vampires.
Discerner l’honnêteté du mensonge : avec un peu d’entraînement, ça n’était pas si difficile. Pupille, rythme cardiaque, respiration, micro geste du visage et des mains, les humains se laissaient aisément appréhender.
Freijat ricana. Les chasseurs de Vampires s’étaient fait avoir en beauté. Ils avaient eu devant eux un groupe soudé et ayant bien répété, mais pas meilleur que les autres. Juste plus malins.
Ils s’étaient alliés aux chasseurs de Vampires pour tuer les nomades ? Freijat devait admettre trouver cela rusé. Freijat avait agi exactement de la même manière afin de protéger ces terres. Ceux-là avaient monté le cran plus haut. Ils ne manquaient pas d’audace, c’était certain.
Quand cette Malika arriverait sur le domaine, les supérieurs seraient prêts à l’accueillir. Ils la mettraient à terre puis discuteraient. Le monde était assez grand. Son groupe pouvait bien partager avec eux. Après tout, ils ne demandaient pas grand-chose : quelques milliers d’hectares à l’ouest du Canada ne pouvait pas se refuser.
- Freijat, vous avez toujours répondu à l’appel. Vous nous avez traités avec respect et cordialité. Vous nous avez défendus des agresseurs en respectant toujours votre part du contrat. Ne rien vous dire reviendrait à vous trahir. Je ne peux pas. Je vous ai prévenus. La balle est dans votre camp. Bon courage.
Kyle s’éloigna à ces mots. Freijat ne montra qu’un sourire amusé. Ce groupe de Vampires était doué, à n’en pas douter. Kyle respirait la terreur. Leur joli spectacle l’avait anéanti. Freijat ricana. Elle rejoignit le domaine avec ses chiens et se présenta devant l’Ancêtre.
- Des Vampires ont eu la même idée que moi, annonça-t-elle. Ils se sont alliés aux chasseurs de Vampires sauf qu’ils ont décidé de voir plus grand. Ensemble, ils ont décidé de s’en prendre à tous les Vampires du monde, probablement pour se garder le monde pour eux. Ils vont venir pour nous.
- Nous les attendrons de pied ferme, gronda l’Ancêtre.
- Le chasseur de Vampire qui m’a prévenue m’a annoncé la venue d’une femme seule, nommée Malika, mais je n’en crois pas un mot. Ils ont menti sur le nombre afin de leurrer les chasseurs de Vampires, probablement pour mieux les détruire dans un second temps.
L’Ancêtre acquiesça.
- Je pourrai sortir afin de surveiller ces Vampires afin de me renseigner sur eux avant qu’ils n’arrivent.
- Pour le moment, va prévenir les autres clans. Sais-tu dans combien de temps nos adversaires seront sur nous ?
- Aucune idée, indiqua Freijat. Le chasseur de Vampires se pissaient presque dessus. Nous disposons de peu de temps, je le crains.
- Alors tu resteras avec nous. Tu es une excellente chasseuse. Nous ne pouvons nous permettre de te perdre. Va ma petite !
Les quatre Ancêtres voisins prirent la menace au sérieux. Ils écoutèrent Freijat avec attention, lui posèrent des questions auxquelles elle n’avait pas la réponse : combien, quelle puissance, quand, par où ? Quel dommage que le temps leur manque. Pas moyen de se renseigner sur l’ennemi. Il allait falloir se défendre sans information. Cela ne plaisait à personne. Chacun promit d’écouter ses voisins. Le premier qui les rencontrerait préviendrait les autres et les renforts viendraient. La solidarité serait de mise.
Le but n’était pas de tuer les adversaires mais bien de montrer la puissance des supérieurs et d’entrer en négociation avec ces Vampires afin de partager le monde. N’était-il pas assez grand pour tout le monde ?
Freijat prévenait le dernier clan lorsque les premiers signes lui parvinrent. Des cris de joie dans les villages du sud. Des voix féminines leur annonçaient leur libération du joug des démons. Ils leur apportaient des armes à feu, des voitures, du chocolat, du café, des vêtements, des médicaments, la télévision.
Comme s’ils avaient besoin de ça pour être heureux ! Les supérieurs prenaient bien soin de leur peuple. Ils les nourrissaient, leur donnaient accès à des vêtements, les soignaient. Les morts de maladie ou accidentelles étaient rarissimes. Une immense majorité décédaient de vieillesse.
Et voilà qu’on les amadouait en leur promettant des bibelots dont ils n’avaient pas besoin. Le pire : ça fonctionnait. Freijat en avait la nausée. Comment ces Vampires osaient-ils sous-entendre que ce mode de vie était arriéré ? Ils vivaient heureux, en pleine santé, en harmonie, sans guerre, ni vol, ni meurtre. Comme si la radio ou l’argent rendait les gens heureux.
Freijat courut à pleine vitesse vers son clan, le premier sur la trajectoire des ennemis. La scène la pétrifia de terreur. Le sol était jonché de vêtements recouverts d’une poussière fine, probablement ses frères ayant essayé de discuter.
Freijat repéra pas moins d’une trentaine de femmes en robe noire. Elles massacraient sans même essayer d’écouter les tentatives de négociation des supérieurs. Elles échangeaient en anglais, langue que les habitants du domaine ne parlaient pas. Avaient-elles seulement fait l’effort d’essayer de comprendre ? Probablement pas. Elles arrachaient des cœurs en riant. Certaines comptaient, prouvant qu’elles avaient lancé un défi. Freijat leur aurait volontiers arraché le cœur.
Freijat recula lentement. Les supérieurs tombaient, les uns après les autres. Freijat savait reconnaître un combat perdu quand elle en voyait un. Avait-elle eu tort de ne pas croire Kyle ? Ceux-là avaient-ils vraiment monté un spectacle pour les chasseurs de Vampire ?
Kyle lui avait dit qu’ils n’étaient que six. Le nombre d’adversaires prouvait le mensonge des assassins. Le cœur broyé, Freijat s’enfonça dans un trou d’eau, se blottit contre la pierre sous des algues et mit tout son corps en pause : plus de respiration, une immobilité totale. Heureusement qu’elle s’était entraînée car perdre toute humanité requérait un grand contrôle sur soi-même. Elle se concentra afin de conserver cet état peu naturel.
Si elle se faisait voir, si une adversaire l’avait vu s’enfoncer sous l’eau, elle ne pourrait pas se défendre. Le coup était risqué mais il s’agissait de sa seule chance- infime - de survie. Une nausée ne la quittait pas. Elle était la meilleure tueuse des domaines et elle abandonnait les siens. Elle s’en voulait tellement.
L’eau fraîche lui permettait de garder l’esprit éveillé. Les algues la caressaient. Aucun poisson ne vivait dans ce trou d’eau froide seulement rempli par la pluie et la neige. Quelques larves de moustiques la frôlèrent.
Son esprit possédait sa propre connaissance du temps. Toute la question était : quand fallait-il sortir ? Pas trop tôt, pour ne pas risquer de tomber sur une retardataire. Pas trop tard, car il fallait agir vite. Si les sources se répandaient dans la population, toute l’humanité risquait de devenir immunisée. Il fallait maîtriser cette particularité, ne surtout pas la laisser se répandre.
Freijat se retenait avec difficulté de pleurer, de hurler, de geindre. Garder sa colère, sa rage, sa peine, sa tristesse, sa peur en elle fut incroyablement difficile.
Elle resta ainsi immobile et stoïque pendant trois jours qui lui parurent une éternité. Enfin, elle décida qu’elle pouvait se mouvoir sans risque. Elle sortit de l’eau, s’ébroua, puis parcourut le bâtiment, sans trouver trace d’un de ses frères. Seuls les serviteurs s’affairaient.
L’un d’eux s’aperçut de sa présence. Il hurla :
- Il en reste un ! Appelez-les ! Elles ont dit d’appeler si on en voyait un !
Il mourut l’instant suivant. Freijat venait de lui rompre la nuque. Les salopes avaient retourné leur peuple contre eux. L’ambassadrice n’en revint pas.
Tous les serviteurs tombèrent. Elle écouta le lointain. Les humains s’enthousiasmaient de leur départ proche, préparaient leurs bagages. « Dès que les vaccins feront effet », répétaient-ils. Les femmes les avaient protégées contre les maladies, celles-là même que les occidentaux avaient amenées avec eux, décimant une grande partie de la population autochtones du continent.
Les femmes en robe noire voulaient bien libérer les sources, leur permettre de se répandre dans la population générale. Il ne fallait surtout pas !
Freijat dessina une carte mentale des domaines et détermina le chemin le plus court. Il fallait faire vite. Les femmes en robe noire reviendraient probablement pour libérer les populations pourtant pas prisonnières. Ne vivaient-ils pas déjà heureux ? Les tuer répugnait Freijat mais elle n’avait pas le choix.
La mort dans l’âme, elle parcourut les domaines, sautant de villages en villages, tuant, se nourrissant si nécessaire, arrachant le cœur de ses victimes. Certaines, les sources, conservèrent leur corps. Les autres disparurent en fumée. Freijat aurait pu se contenter d’exterminer les sources. Elle n’était pas trieuse. Elle ne savait pas faire la différence à l’odeur.
Pauvres innocents. Tuer des humains ne la dérangeait pas spécialement. Elle pleurait la perte d’années de sélection. Grâce à ses enfants, la durée de non porosité d’une source avait fait un bon et désormais, une source nourrissait son receveur pendant une vingtaine d’hivers, rendant la vie des villageois alentours encore plus douces. Freijat enrageait contre cet immense gâchis.
Durant tout son périple, elle ne croisa aucun Vampire, ni supérieur, ni Ancêtre, ni femme en robe noire, ni nomade. Personne. Uniquement des humains sur le départ qui mouraient sans avoir eu l’occasion de voir la mort arriver.
Sa terrible mission achevée, Freijat retourna dans son domaine clos et observa les vêtements sur le sol. L’un d’eux attira son attention. A la ceinture, des baumes, des onguents, des aiguilles, du fil : les outils de guérisseurs de Sahale. Freijat s’agenouilla devant les biens maigres restes du second amour de sa vie. Elle hurla sa peine incommensurable tandis que les nuages filaient, emportant neige et pluie avec eux.
Le ciel devint lumineux, comme s’il validait ces morts, qu’il approuvait l’ignoble massacre.
Les larmes cessèrent de couler et les cordes vocales de vibrer. Freijat resta immobile, incapable de savoir quoi faire, ou aller. Elle venait de tout perdre. Elle venait d’être libérée de toute obligation. Plus de supérieur. Plus d’Ancêtre. Plus de frères et de sœurs non plus. Plus de famille. Plus de clan. Que faire ? Ou aller ? Rester ? Partir ? À quoi bon ?
- On a bien fait de revenir vérifier. Il en reste une.
Freijat se figea. Quatre femmes apparurent près d’elle, l’encerclant. Freijat ne tenta pas de fuir. Elle savait cela parfaitement inutile. Contre elles, Freijat n’avait aucune chance. Freijat se releva doucement, pour ne pas paraître menaçante ou agressive. Elle voulait juste se redresser pour faire face à ses adversaires, ne pas mourir à genoux. Elles durent y être sensibles car elles ne l’en empêchèrent ni d’un geste, ni d’un mot.
- Bon, on la tue et on s’en va ? s’exclama une grande brune. Je m’ennuie déjà !
- Non ! s’exclama une petite blonde. Elle a exterminé des dizaines de milliers de personnes. C’est un véritable charnier.
- Et alors ?
- Alors à sa place, je me serai barrée, loin, et vite. Elle a risqué sa vie pour faire ça. Pourquoi ?
- On s’en fout !
- Toi peut-être. Lui, peut-être pas.
- Arrête ! Il s’en contre-fout. Il a d’autres chats à fouetter. Ne le dérange pas pour ça. Ce ne sont que des humains sans valeur. Laisse tomber.
- Non. Je rends compte et j’attends les ordres.
- Je suis une grande fille. Je n’ai pas besoin qu’on me dise quoi faire.
- Je vais le chercher. Vous m’attendez. Ne la touchez pas !
- T’es chiante.
La blonde disparut. Les trois autres restèrent devant Freijat qui ne tenta rien. Ainsi, ces femmes en noir obéissaient à quelqu’un. Elles n’étaient que le bras. La tête n’allait pas tarder à arriver. Freijat se concentra pour suivre la blonde, écoutant avec attention malgré l’immense distance parcourue par son adversaire.
- Temülün nous a demandé de venir l’aider à s’occuper des familles canadiennes, dit la blonde plus loin que l’horizon.
- Elle ne pouvait pas s’en charger elle-même ? gronda une voix masculine.
Mélodieuse, cette voix. Grave, chantante, charismatique aussi.
- Ils formaient des clans soudés d’une cinquantaine de Vampires pour le plus grand, précisa la blonde.
- Et alors ? Elle vaut mieux que ça.
Freijat frémit. Étaient-ils vraiment si puissants qu’ils pensent pouvoir les vaincre aussi aisément ? Une seule contre des centaines ? Pêchaient-ils par orgueil ? Freijat observa les vêtements sans corps autour d’elle et admit qu’ils avaient déployé une sacrée puissance.
- Nous lui avons fourni les renforts demandés, continua la blonde.
- Super, ironisa l’homme qui semblait n’en avoir rien à faire.
- Nous avons exterminé les Vampires canadiens sans la moindre difficulté.
- Encore heureux, cingla l’homme.
- C’était la semaine dernière, poursuivit la blonde sans se laisser démonter par le ton froid de son interlocuteur. Nous sommes revenues vérifier que nous n’en avions pas raté et sommes tombées sur ce charnier. Il y a une survivante. C’est elle qui a fait ça.
- Elle avait faim. Elle s’est nourrie. Et alors ?
- Elle a exécuté tous les habitants du coin, sans exception, avec méthode et précision. Souhaitez-vous savoir pourquoi ?
Un soupir suivit cette déclaration. Il y eut un silence puis la voix masculine reprit :
- C’est vrai que c’est surprenant. À sa place, je me serais barré en courant. Je ne me serais pas fait chier à tuer tout le monde. Il y a quelque chose derrière. Sauf que j’ai autre chose à faire là tout de suite. Amenez-la dans la geôle cinq de la pouponnière. Prenez des photos – en couleur – de chaque massacre.
- Nous pouvons également réaliser des dessins, si vous voulez.
- Parfait. Faites. Comptez les morts avec précision. Enregistrez un maximum d’informations. J’en aurai besoin quand mon agenda se libérera assez pour que je m’en occupe.
- Bien, Majesté.
« Majesté », pensa Freijat. Ce mec était le roi de ce groupe de Vampires.
- Vous avez entendu ? On l’amène au palais, dit la blonde en apparaissant.
- Tu fais chier, gronda la grande brune. Sans déconner ! J’ai autre chose à faire.
- Ça tombe bien : tu ne viens pas. Tu vas prendre les photos et réaliser les dessins. Tu es la meilleure du groupe. Grouille-toi : des cadavres, ça pourrit vite.
Les deux femmes ricanèrent.
- Suis-nous, ordonna la blonde.
Freijat obéit, consciente de n’avoir pas le choix.