Chapitre 25 : Isis

Par Zoju
Notes de l’auteur : Comme ce chapitre est assez court, je le publie avec le précédent. Bonne lecture ;-)

Je me retourne une nouvelle fois dans mes draps. J’ai beau essayer, le sommeil ne vient pas. Le rire glacial d’Elena résonne encore dans mes oreilles. Elle a raison de dire que je suis naïve. Je ne devrais pas être si spontanée. Pour moi, cet endroit ne représentait rien de dangereux, seulement une base militaire quelconque, mais plus j’en apprends dessus, plus je me rends compte que je me berce d’illusions. Le fait d’amener tous ces civils ici doit être lié à ce secret qui se cache en ce lieu. Je ferme mes yeux pour tenter de me détendre. Des gouttes de sueur commencent à perler le long de mon dos. Respire, me dis-je en mon for intérieur. Il faut que je me calme. La fatigue me fait avoir des idées. On vit dans un monde civilisé. Pourquoi s’en prendrait-on à des gens innocents ? Puis le visage du docteur Assic apparait dans mon esprit. Cela ne m’avait pas frappé, mais maintenant que j’y repense lors de notre arrivée, il nous regardait avec froideur, mais aussi avec une certaine avidité. Comme si nous pouvions le rassasier grâce à notre présence. Je secoue la tête. Arrête de délirer, ma pauvre Isis ! Cependant dès que j’essaye d’éloigner une idée, une autre arrive instantanément après. Le jour de mon arrivée, Elena m’avait crié dessus en m’ordonnant d’oublier les personnes qui étaient arrivés avec moi. J’avais négligé cet élément, car j’étais trop bouleversée, toutefois, maintenant que je prends du recul, cette perte de sang-froid peut représenter beaucoup de choses. Je plaque mes mains sur mon visage. Il faut que j’arrête de spéculer, mais malheureusement c’est peine perdue, mon esprit continue à tourner. Les remarques de ma supérieure m’ont fait comprendre qu’il me sera difficile de revenir à ma vie d’avant. De toute façon, c’était déjà une évidence pour moi quand mes parents m’ont vendue. Les ponts ont été coupés, probablement définitivement. Je me suis faite à cette idée et pourtant, je ne peux que constater que cette trahison me reste en travers de la gorge. J’essaye de faire comme si je l’avais accepté, mais je sais bien que j’en suis incapable. Je réprime un sanglot. Je n’ai jamais voulu de cette vie ici. À cette pensée, je me sens tout à coup proche d’Elena. Elle non plus ne semble pas avoir eu le choix. Ces paroles me reviennent en mémoire « Mon père m’a enrôlée de force dès que j’en ai eu l’âge. » Le cas de ma supérieure est décidément bien à part. Soudain, une évidence me saisit. Luna et Elena ont déjà mentionné leur père lorsque j’étais présente. Il semble jouer un rôle important dans l’armée. Cela est sans doute lié à la situation d’Elena. Mon esprit bouillonne. Je me retourne sous ma couette. Pourquoi Elena m’a déballé tout ça aujourd’hui ? Je réclamais la vérité et bien je suis servie. Je crois surtout que ma cheffe n’est pas très douée pour discuter. Elle voulait aborder un autre sujet, mais n’a pas su comment s’y prendre. Je souris à cette perspective. Elle qui parait infaillible, cache bien des faiblesses. À cette pensée, j’arrive enfin à trouver le sommeil, mais je sais bien que ce moment de répit est de courte durée et que demain mes tourments reviendront à la charge.

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