Chapitre 25 : Sur les traces de Christian

Lokian nagea aussi vite qu’il le pouvait vers l’île. Une fois tout près il baissa la tête et les deux hommes sautèrent pour regagner la terre ferme. Ils le remercièrent et Morgan se
tourna vers lui pour lui parler.

-Lokian…

-Je sais ce que j’ai à faire. Je dois surveiller les Anglais pendant un moment pour être sûr qu’ils ne reviennent pas.

-Oui, c’est ça.

-Si cela peut vous aider, il y a un navire accosté dans une grotte sans fond à l’Est de notre position. J’ai pu le voir quand je détruisais les navires. J’imagine que c’est ton navire,
William.

-En effet. Vu le temps qu’on a mis c’est forcément lui. D’ailleurs on devrait se dépêcher avant que Christian ne trouve le collier.

Ils saluèrent le Léviathan de la main et celui-ci plongea pour prendre en chasse les navires Anglais. Les garçons coururent dans la direction que leur avait indiquée leur ami. Toutefois le chemin allait être périlleux. Ils durent gravir une petite montagne puis la descendre, toujours en courant.

-Allez on ne doit plus être très loin Morgan !

-Je fais ce que je peux mais je ne suis pas aussi endurant que toi, moi.

-Il ne reste plus que cette paroi rocailleuse à gravir et ce sera bon. Derrière c’est la mer et l’entrée de la grotte. On pourra s’y faufiler sans se faire remarquer.

-Ouais mais c’est haut et sans protection.

-Arrête de penser et agis, là on n'a pas le temps.

-Oui pardon.

Ils montèrent pas à pas la paroi, faisant en sorte de rester près l’un de l’autre dans l’optique que si l’un chutait, l’autre pourrait le rattraper. Heureusement cela n’arriva pas car
ils la gravirent avec attention et prudence. Une fois en haut ils virent l’océan s’étendre à l’horizon. C’était magnifique bien qu’ils voyaient ce paysage tous les jours. Mais tous deux étaient bercés et attirés par lui. Les yeux océan du châtain dérivèrent vers le bas et virent le navire, le Liberty. Il le fit voir au brun qui sourit puis annonça que maintenant la discrétion
était de mise. Ils reprirent leur route vers la cavité, inaccessible pour les navires mais pas à pied. Morgan trouva ensuite l’entrée de la grotte dans laquelle devait se trouver la grande partie de l’équipage. Tout en étant discrets, ils arrivèrent à celle-ci mais remarquèrent bien vite la présence d’une dizaine d’hommes plantés là, attendant sûrement leur capitaine et surveillant également les canots non loin.

Pour passer, ils n’avaient d'autre choix que de les affronter. Ici ce serait différent, ils n’avaient pas Lokian pour faire pression comme avec les Anglais. Mais ils devaient passer, peu importe ce qu’ils devaient faire. Ils avaient au moins l’effet de surprise avec eux. Ils s’armèrent et au signal de William ils foncèrent tous les deux dans le tas. Ils poussèrent au moins un homme chacun, qui se retrouvèrent donc à terre. Les autres s’armèrent face à l’ennemi mais pâlirent en voyant leurs assaillants. Ils ne pouvaient y croire. Comment avaient-ils fait ? Comment pouvaient-ils se retrouver ici ? Étaient-ils face à des fantômes venus les hanter pour leurs actes ? Ils avaient beaucoup de questions et en étaient paralysés. Les deux hommes en profitèrent et les blessèrent aux deux jambes. Voyant les premiers tombers, certains se ressaisirent et les attaquèrent. Mais tous connaissaient la combativité de leur ex capitaine. Il était extraordinaire et presque imbattable, alors avec un allié ils étaient sûrs d’y passer. Mais ils avaient un honneur et ils se battraient pour leur nouveau capitaine, en qui ils avaient juré d’avoir foi. Comme ils le pensaient, le combat fut assez rapide et environ trois avaient fini par succomber à leurs blessures.

-Vous avez choisi vous-mêmes votre destin. Vous ne pouvez-vous en prendre qu’à vous mêmes.

Si vous pensiez encore que c’était une histoire à raconter aux plus petits, et bien c’était faux. C'étaient les dures lois des pirates et elles n’étaient pas données à tout le monde. Cette
histoire représentait le monde, où rien n’était facile. On pouvait être rejeté, harcelé, battu. Dans la vie il y aurait toujours des moments durs, des obstacles à surmonter. Mais dans tous
les cas il vous suffisait d’avancer et d’y croire pour qu’un jour votre vie soit celle que vous vouliez vivre. Et ça Morgan l’avait bien comprit. Il avancerait quoi qu’il arrive. Qu'importe ce que le destin lui réserverait, il l’affronterait pour ainsi faire ce qu’il s’était promis de faire et ce dont il avait envie. Pour cela il y croyait. Ils avancèrent en courant dans la cavité un peu sombre. Au bout d’un moment ils virent une lumière vive. Ils plissèrent les yeux et sortirent. Une fois habitués à la lumière, ils remarquèrent qu’ils se trouvaient entourés d’arbres totalement différents. En les regardant tous, William se tourna vers le plus jeune pour lui demander :

-C’est quel arbre que l’on cherche déjà ?

-Un saule pleureur. C’est un arbre qui a des branches ressemblant à des lianes qui tombent vers le bas. D’où l’appellation « pleureur ».

-Oh je vois. Bon cherchons alors.

Ils se mirent à sa recherche, bien que Morgan fût émerveillé de voir tant d’arbres différents qui avaient pourtant poussé côte à côte, alors que certains requéraient un climat particulier. La Buse était finalement un sacré scientifique et astronome. Il espérait que peut-être un jour il aurait ses connaissances, voire bien plus avec ses origines. Au bout de cinq petites minutes de recherches le châtain trouva l'arbre et appela son aîné. Ensemble ils s’en approchèrent et virent à ses pieds de petites racines et le disque d’or permettant d’ouvrir la porte, dans une encoche faite dans la pierre. Mais où était l’entrée de la salle du trésor ?

-Morgan, là, regarde !

Il se tourna en direction du doigt de William et là il la vit. Ils se levèrent et coururent en direction de l’ouverture faite grâce à un mécanisme ingénieux, qui se refermerait si on retirait le disque doré. Cependant ils tombèrent nez-à-nez avec un piège de La Buse. Le chemin se séparait en trois.

-C’est bien son genre ça.

-Regarde il y a une phrase au-dessus.

-C’est écrit : La loi pirate dit qu’il faut virer vers…

Ils virent ensuite qu’au-dessus de chaque entrée il y avait une inscription. De droite à gauche cela donnait, Tribord, Bâbord et le bout du monde. William réfléchit, s’y connaissant un peu plus en la matière, puis il dit sa réponse au plus jeune.

-C’est le bout du monde.

-Tu es sûr ?

-Oui, car un pirate a pour but de ne jamais s’arrêter et d’aller toujours vers l’horizon. Puis on sait tous qu’il n’y pas de bout du monde, c’est juste pour nous rappeler qu’on ne doit jamais s’arrêter et suivre l’horizon.

-C’est assez poétique en somme. Je te fais confiance, suivons ce passage et allons au bout du monde !

Les deux rirent un peu en empruntant le passage choisi, tout en priant intérieurement pour avoir fait le bon choix. Ils ne purent s’empêcher de penser que face à ça, combien avaient perdu la vie pour trouver le bon chemin ? Le brun le savait, Christian n’était pas un vrai pirate au vu de ses agissements et Marin avait beau être intelligent, seuls les pirates ayant étudié les lois connaissaient la réponse à cette énigme. Même si c’était finalement instinctif. Morgan aurait sûrement proposé la même chose, pensa-t-il. Ils arrivèrent enfin à la salle du trésor. Tout brillait de mille feux. Ils purent voir des objets venant des templiers, d’Égypte, des diamants et des pièces par milliers. Tout ceci était simplement magnifique. Ils l’avaient trouvé, le trésor de La Buse, et ils en étaient fiers ! Tellement qu’ils faillirent oublier leur priorité.

-William, on doit trouver Christian et le collier.

-Mais il doit y en avoir des milliers de colliers là-dedans ! Comment on va faire ?

-Je ne sais pas.

Ceci était bien beau, mais avant ça ils devaient mettre la main sur ce traître en manque de pouvoir, qui mènerait sûrement l’océan et tous ceux qui y vivaient en péril et irait peut-être
jusqu’à menacer l’humanité pour avoir les pleins pouvoirs. Ils ne pouvaient pas le laisser faire ça. Alors dans le but de l’arrêter avant qu’il ne touche le collier, ils se remirent à sa recherche, faisant pour la première fois passer l’or en second chez un pirate.

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