Décembre
Dix jours se sont écoulés depuis mon agression, pour autant j'éprouve toujours une certaine tension en moi et cela me rend nerveux, irascible. Ma tête me fait toujours un peu mal, mais je ne me plains pas, j’aurais pu finir six pieds sous terre. Chaque fois que je mets un pied dehors, la sensation d’être épiés ne me quitte pas ; dans notre quartier, ce n’est pas très étonnant. Les indics travaillent aussi bien pour les flics que pour les gangs. Le seul endroit où je me sente bien reste le complexe, et aujourd’hui je m’entraîne avec Anna.
Jairo, le garagiste, entre dans la salle, accompagné de son fils. Alex Rodriguez est un garçon pas très grand pour son âge, il ressemble à son père, mais contrairement à lui, c’est un vrai moulin à paroles. Il observe les boxeurs, fait des commentaires, se rapproche d’Anna, lui raconte des trucs au creux de l’oreille. Il a beau avoir 10 ans, elle est à moi. Et sans y mettre les formes, je lui explique très clairement.
— Kyle ! C’est un enfant, tu pourrais te calmer ? s’exclame Anna étonnée de ma réaction.
Je suis jaloux. C’est plus fort que moi, c’est un mec et je sais très bien à quoi pensent les garçons quand une jolie fille est dans les parages.
Anna et moi lui montrons les mouvements de base. Se mettre en position de défense, frapper et esquiver son adversaire ! À mon grand étonnement, il mémorise très vite. Sortant du bureau, Taylor nous rejoint.
— Eh bien ! Tu es plutôt habile, comment t’appelles-tu petit ?
Au passage, il fait un clin d’œil à Anna.
— Alex Rodriguez, mon père travaille avec mon abuelo*, il répare des voitures.
— Ah, oui ! Il est garagiste, c’est intéressant. Eh bien, si tu le cherches, il est assis dans la pièce qui se trouve là-bas, mais avant, j’aimerais parler un peu avec toi. Dis-moi Alex, pourquoi désires-tu faire de la boxe ?
Le gamin se gratte la tête.
— On veut pas que je traîne dans les rues. Des gars ont essayé de me donner du sucre l’autre fois, mais j’crois pas que c’était ça. Mon père dit aussi que Célène me passe tout.
Taylor hausse les sourcils.
— Ton père a raison, traîner dans les rues n'est pas une très bonne chose ! Tu as une dizaine d’années, n’est-ce pas ? L’âge requis pour débuter, mais seulement si tu le souhaites. On va t’apprendre à maîtriser tes gestes et ton énergie. Avec le temps, tu auras plus confiance en toi. Il y a un garçon dans un de mes cours qui serait ravi de s’entraîner avec toi. Il est à peu près de ta taille et doit peser quasi le même poids.
Les yeux du gamin brillent au fur et à mesure des explications.
— On commence quand ?
L'enthousiasme d'Alex fait sourire Taylor :
— Je vais d’abord en parler avec ton père, lui donner des documents pour une éventuelle inscription. La boxe n’est pas un sport à prendre à la légère. Reste avec Kyle, Ton papa viendra te chercher lorsque nous aurons fini.
Derek, qui n’a pas perdu une miette de la conversation, interpelle Alex.
— Eh, dis-moi p’tit, Célène c’est qui ?
— Ma tante. Pourquoi ?
— Elle est, euh… comment ta tantine ?
— C’est une fille avec des cheveux longs, des fois elle porte des robes.
Tout excité, Alex agrippe l’épaule de Derek.
— Mon père pourrait te la présenter. Il n’arrête pas de répéter que si elle ne s’arrange pas, elle ne trouvera jamais de mari.
Les yeux écarquillés, mon frère me jette un regard paniqué. Je croise les bras, un sourire amusé éclaire mon visage. Je suis impatient de savoir comment il va s’en sortir.
— C’est… drôlement gentil. Mais en ce moment, je suis pas mal occupé…
D’un air contrit, le gamin tapote la main de mon frère, en secouant la tête.
— T’inquiète, je comprends. Tu es handicapé. Personne ne veut de toi. Ma grand-mère dit toujours : tous les gens ont le droit d’être aimés dans la vie… alors, ne désespère pas.
Bouche bée, Derek regarde s’éloigner le garçon. J’éclate de rire, son expression outrée vaut tout l’or du monde. Mike, qui a tout entendu, rétorque d’un air narquois :
— Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais je dois admettre que les miracles existent. Alex, un. Derek, zéro.
**
Malgré les écarts de températures avec le mois de novembre, le temps reste clément. Je reçois une nouvelle lettre de ma mère, je la range, sans l’ouvrir, avec les autres. Depuis quelques jours, une voiture passe devant chez nous, musiques à fond, à intervalles réguliers, pour bien nous rappeler la menace qui plane au-dessus de nos têtes. Ils ont monté la pression d’un cran, et j’en ai des sueurs froides.
— Il faut que ça s’arrête, Derek va tout comprendre et comme je le connais, il va aller les voir. Ça risque de mal finir cette histoire à la con !
Préparant le petit-déj’, Elijah me regarde impassible. Il plante le couteau de cuisine sur la planche à découper, attrape le torchon posé sur son épaule, s’essuie tranquillement les mains, tout en se dirigeant vers la fenêtre. Puis sans un mot, il sort de la baraque et s’approche de la caisse garée devant la maison d’à côté. Ce mec est fêlé ! Il se pointe comme ça, sans aucun stress, alors que ces ordures sont armées jusqu’aux dents ! Pas question de le laisser y aller seul. L’angoisse me tord les tripes, mais ma famille est tout pour moi. Je jette un coup d’œil à la porte de la chambre de Derek. De nous trois, c’est lui le lève tard, mais aujourd’hui, au lieu de le secouer pour ne pas être à la bourre, je m’empresse de rejoindre Elijah.
Dans la voiture, j’aperçois le gars à la cicatrice, il me sourit à travers la vitre ouverte. De la bile me remonte dans la gorge, j’ai une envie irrépressible de foutre le camp. Je déglutis péniblement, mais pour ne pas lui montrer à quel point il me fait flipper, je campe sur mes jambes, croise les bras sur mon torse et le fixe droit dans les yeux, le défiant du regard. Son rictus sort tout droit d’un film d’horreur, j’en ferais presque des cauchemars.
— Tu ne fais pas de courses aujourd’hui ? J’ai vu ta mère, tu ne lui ressembles pas du tout, m’apostrophe-t-il d’une voix rocailleuse.
Elijah me fait un signe presque imperceptible en mode ne réplique pas.
— Comme je te l’ai déjà dit, nous ne cherchons pas les problèmes. Je combattrai, tu as ma parole.
Cette pourriture hausse les épaules.
— Qu’est-ce que la parole d’un homme, hein ? Il m’en faut plus. Qu’est-ce que tu as à offrir ?
Son regard s’attarde sur moi, un frisson de dégoût parcourt mon corps de haut en bas. Elijah se place à mes côtés avant de répondre.
— J’ai mes poings, et je vous rapporte beaucoup d’argent, vous devriez réfléchir à ça.
— Je dois reconnaître que tu en as une sacrée paire. Mais ce n’est pas toi qui fixes les règles. Je pourrais m’amuser un peu avec ton frère ou l’autre dans son fauteuil, juste pour voir jusqu’à quel point tu tiens à ta famille, et tu ne pourrais rien y faire.
Énervé, je riposte sèchement :
— Elijah est le Tigre, tout le monde est au courant. Alors, si vous vous en prenez à l’un d’entre nous, tout cet argent disparaîtra.
Le gros assis sur le siège passager pointe son flingue sur moi.
— Tu ne sais pas rester à ta place connard, je te conseille de la boucler.
Le regard froid d’Elijah, totalement dénué d’émotions, se pose sur cette enflure.
— Touche à mon frère et tu n’auras pas le temps de comprendre ce qui t’arrive.
Le type vise ma tête, émettant des bruits de tirs. Il s’interrompt quand son portable se met à vibrer. Sans consulter son écran, il le colle contre son oreille. Le silence s’installe, en même temps que le canon de son gun s’abaisse vers son entrejambe. Il opine du chef comme si le mec pouvait le voir.
— Pas de problème, on sera là-bas dans dix minutes.
Toujours vissé à son téléphone, son regard dédaigneux erre sur nous, il scrute la façade de la maison, jette un coup d’œil à notre combi en émettant un ricanement.
— C’est quoi le plan ? demande-t-il à son interlocuteur.
Ses lèvres se pincent, son teint vire aux cramoisies sous l'effet de la colère.
— Ouais OK… OK, j’ai compris, pas la peine de répéter, espèce d’enculé… Ta pute de mère aussi, gros sac à merde.
Content de lui, il raccroche et range son mobile dans sa poche. Son visage pâlit d’un coup, son arme chargée est prête à lui dégommer les burnes. D’un geste brusque, il pointe le canon vers le toit de la bagnole. De la sueur lui coule sur les tempes. D'un mouvement brusque, il se tourne vers nous en étrécissant les yeux, le rendant encore plus teigneux.
— Vous avez de la chance, j’ai un autre débile à harceler. Je vous attends au prochain match et je vous déconseille de vous foutre de notre gueule.
J’ai à peine le temps de reculer, la voiture fait une embardée, les pneus crissent sur le bitume. Une odeur de caoutchouc s’attarde dans l’air, nous restons planter là, avant de faire demi-tour pour rejoindre Derek. Cette fois, c’est officiel, nous sommes vraiment à la bourre !
*
Pour oublier cette matinée de merde, on s’organise une soirée avec les filles. Le cinéma l’emporte. Elijah et moi aimons les films d’actions et de combats. Derek n’est pas difficile, une romance lui convient aussi. Il nous dit d’aller puiser dans notre moi profond et féminin, apparemment, c’est bon pour notre source intérieure.
— J’en ai marre de tes explications tordues. Tu ne peux pas parler comme nous ? grognais-je à son intention.
C’est quoi au juste cette source féminine ? Elle est à l’intérieur de quoi déjà ?
— Laissez tomber, espèces d’ignares. Je ne peux rien faire pour vous, bandes de néophytes.
Comme on vote, ce sont les filles qui gagnent, enfin… avec la meuf qui est à l’intérieur de notre pote. Rien de tel qu’un bon vieux film sentimental pour me foutre la gerbe ! Chemins croisés, ça promet !
Assis dans une petite salle, vu le peu de spectateurs, je prends la main d’Anna. Sans m’en rendre compte, je me laisse happer par l’histoire. Finalement, le film est plutôt bien, mais pas question de l’avouer. Évidemment, les filles versent des larmes. J’en profite pour consoler ma copine, mais pas Derek.
Une fois la séance terminée, nous remontons tranquillement la rue pour aller manger une glace au diner. Anna m’attire à elle, déposant un tendre baiser au coin de mes lèvres.
— Tu as l’air un peu contrarié ces derniers temps… Tout va bien ?
Je hausse les épaules, désinvolte. Merde, je ne pensais pas être si transparent !
— Ouais, bien sûr.
Anna s’arrête, et m’oblige à me tourner vers elle. Mes frères sont loin devant, j’hésite à lui confier mes tourments. Mon cœur balance. Il me souffle de ne pas trahir mes frangins, après tout, une parole donnée ne doit jamais être reprise. Mais il me dicte aussi de tout lui dire et de la mettre à l’abri… Cependant, lui livrer nos sombres secrets pourrait être à double tranchant, elle et ses parents sont si proches…
— Je t’ai perdu ? Ohé Kyle, mais qu’est-ce qui t’arrive aujourd’hui ?
Je regarde autour de moi, revenant à l’instant présent et réplique d’un air contrarié :
— C’est idiot, mais je suis encore dans l’histoire, le film m’a bouleversé. Ne dis rien aux autres, OK ? Sinon, Derek va m’emmerder pendant des semaines avec ça.
— Alors tu as aimé ! Moi j’ai adoré, les acteurs étaient parfaits. Ma mère et moi, on en visionne plein…
Elle continue sur sa lancée, je m’efforce de suivre son bavardage sans trop y arriver. J’ai pris ma décision, et je ne reviendrai pas dessus, personne ne doit savoir.
**
Le lendemain, nous sommes au complexe. Sans préambule, Mike nous annonce le départ de Taylor et de sa famille pour une tournée promotionnelle, en vue de récolter des fonds. Ma vision se brouille, apparemment, je ne suis pas le seul à avoir des secrets. Je me rue sur le téléphone de la salle, mais comme personne ne me répond, j’attrape les clés de la caisse. Elijah m’intercepte en me posant une main sur le bras.
— Je croyais qu’Anna t’avait mis au courant.
Surpris, je regarde mon frère.
— Tu le savais ?
Il hausse les épaules.
— J’ai entendu Taylor en parler la semaine dernière, mais ce n’était pas encore acté. Il faut croire qu’ils ont fini par prendre une décision. Ils manquent de fonds pour rembourser le nouveau matos. Des journaux télévisés ont contacté Taylor. Ils veulent faire des émissions sur lui et sa famille, pour se tenir informés sur sa reconversion, autant dire que ces passages dans les médias vont leur rapporter gros.
Je me fous de tout ça. Sans Anna, je me sens perdu.
— Je dois la voir.
— Je comprends, mec, mais pas la peine de t’envoyer dans le décor, alors du calme sur l’accélérateur.
Malgré les recommandations d’Elijah, je fonce sur la route comme si ma vie en dépendait. À peine garé devant chez elle, je descends et me précipite vers l’entrée en levant mon poing pour cogner contre la porte, mais je suspends mon geste au dernier moment. J’ai l’air d’un fou furieux, merde, je ne veux pas l’effrayer. Avant de frapper, je prends de grandes inspirations pour me calmer en essayant de trouver des arguments solides. Je me vois mal lui expliquer mes inquiétudes, même si je suis prêt à lui promettre la lune si cela peut la convaincre de rester. De toute manière, ses parents seront là, je ne peux rien faire ou dire sans choquer sa mère ou me faire coller dehors par son père. Comme un idiot, je fais les cent pas devant la baie vitrée du salon, bonjour la discrétion !
— Tu as l’intention de passer ta soirée devant chez moi ?
Je me retourne d’un bloc. Taylor me sourit, les mains dans les poches de son pantalon.
— Anna n’est pas encore rentrée. Elle est allée faire des courses avec sa mère. Viens, je te paie un verre de… lait.
Très drôle. Je le suis à l'intérieur sans un mot.
— Laisse-moi deviner, tu as appris qu’on allait partir en tournée ?
— Mike nous l’a dit tout à l’heure. Je ne comprends pas pourquoi Anna ne m’en a pas parlé, enfin je veux dire… Bref, c’est pour bientôt on dirait…
— En fin de semaine après les cours. Nous avons besoin de fonds. Mike et moi…
Mais je ne le laisse pas continuer, je suis furieux.
— La salle marchait très bien avant de vous associer, comment vous êtes-vous débrouillés pour en arriver à… ça ?
Je me passe une main dans les cheveux. Son regard balaie le mien.
— Nous avons besoin de fonds pour amortir le matériel. Même si les adhérents sont plus nombreux, ils ont aussi plus d’attentes. Entre les réparations des vestiaires, des douches, le nouvel équipement et tout le reste, ça dépasse tout ce que nous avions prévu. Si l’on ne fait pas quelque chose rapidement, nous risquons de tout perdre.
Je suis prêt à tout pour garder Anna.
— Il vous faut combien, là tout de suite ?
Il sourit en levant les sourcils.
— Vraiment, tu pourrais nous donner de quoi régler nos dettes ?
Il soupire, se cale contre le plan de travail en croisant les bras sur son torse.
— J’ai compris tu sais, ça te plairait qu’Anna puisse rester ici, mais si tu veux nous accompagner, c’est d’accord. Ma fille ne te laisse pas indifférent je le vois bien.
Comment vais-je annoncer à mes frères que l’argent que nous gagnons illégalement ne servira pas à financer nos projets, mais à donner un second souffle à notre salle fétiche. Mes pensées se figent, mon cerveau vient de percuter. Étonné, je relève la tête.
— Pourquoi feriez-vous ça pour moi ?
— Je te l’ai dit. Tu as des sentiments pour ma fille, c’est évident. Mais si tu ne souhaites pas nous accompagner, je respecterai ton choix.
Une suggestion pareille, ça ne se refuse pas ! il suffit d’en parler à Marlène, elle fera le nécessaire, j’en suis sûr… en même temps, je me vois mal laisser Elijah gérer le problème des combats tout seul, partir maintenant n’est peut-être pas une bonne idée. D’un autre côté, passer plus de temps avec elle, sans l’avoir loin de moi durant probablement des semaines, me semble être la solution la plus envisageable pour ma santé mentale. Alors c’est ça devenir responsable, choisir dans l’éventail de possibilités encore et toujours ? Mon Dieu, aidez-moi.
**
Je rentre à la maison avant d’avoir vu Anna. Je dois expliquer à mes frères la galère dans laquelle se retrouvent les deux associés, et leur parler de la proposition de Taylor. Reste à savoir ce qu’en pensera Anna.
— Il ne faut pas hésiter, donnons-leur l’argent, et toi, pars en tournée avec les Jackson, s’exclame Derek.
— C’est très tentant et vous savez combien j’aime ce sport. Mais si vous devez sacrifier vos économies et renoncer à vos rêves, je ne suis pas d’accord, Par contre, Derek a raison, tu devrais accepter la proposition de Taylor, rétorque Elijah le plus sérieusement du monde.
Je m’empare de ma balle de base-ball et là fais passer d’une main à l’autre.
— Taylor m’a beaucoup surpris, bien sûr j’ai envie de dire oui, mais je ne sais pas si c'est possible, bref c'est compliqué. De toute manière, pour le moment, on doit penser à Mike, il a toujours été là pour nous. On ne peut pas le laisser tomber. Cet argent pourrait l’aider à tenir le coup, de son côté Taylor réalise sa tournée médiatique, empoche un gros paquet de fric et le tour est joué.
Ils hochent la tête de concert. Je reprends :
— OK, je dis adieu à mon Aston Martin ! Alors, comment procède-t-on ? J’imagine que si l’on se pointe avec les billets, on est cuits.
Elijah se pince l’arête du nez.
— On pourrait lui faire croire à un fonds de solidarité.
Je lance la balle à Derek qui s’empresse de l’envoyer à Elijah.
— Mais oui, bien sûr ! Comme ça quand ils demanderont à remercier leurs généreux bienfaiteurs, on sera dans la merde, rétorque Derek sarcastiquement.
Elijah lève un sourcil en me jetant le projectile.
— OK ! On fait quoi alors ?
Derek claque des doigts.
— Mais ouais, c’est évident ! Un don anonyme. Il faut trouver un moyen d’envoyer l’argent sans qu’il ne se doute de rien et l’affaire est dans le sac.
Je secoue la tête en renvoyant la balle à Derek.
— Non, ça ne marchera pas. Une somme pareille ne passe pas inaperçue. Ils se poseront bien trop de questions… le plus simple serait de faire une sorte… de cagnotte. Tout le monde mettra de la tune. Et nous plus que les autres. Et ça restera anonyme.
— Mec, t’es un vrai génie, s’écrie Derek en envoyant la balle en l’air.
Décision approuvée à l’unanimité, c’est dans la poche.