Chapitre 26 : Le roi de sel
Themerid
Le château se couvrit d’une chape de silence et d’immobilité. Comme tous les habitants des Cimiantes suspendus à la santé du roi, Themerid cessa tacitement de courir, de parler haut, de rire surtout. Il cherchait les échos des pas pressés des serviteurs, des cris indignés des ministres, des fers des chevaux déboulant sur les pavés de la grande cour. Mais tous avaient disparu, remplacés par des conversations feutrées qui donnaient l’impression que des souris avaient envahi les couloirs. On fermait les fenêtres sur la rumeur joyeuse de la ville qui paraissait indécente. Le temps lui-même s’était figé. Les heures s’étiraient dans une attente pesante, interminable, et le prince se demandait en frissonnant quelle nouvelle aurait le pouvoir de ranimer les silhouettes compassées qui peuplaient à présent le château : la guérison d’Einold, ou sa mort ?
Suite au décret, les ministres s’étaient naturellement tournés vers Abzal. La plupart des décisions étaient remises à plus tard, mais les sujets urgents lui étaient soumis par les conseillers. En dépit des doutes murmurés par la cour lorsque l’édit avait été rendu public, le régent potentiel s’était attelé à sa tâche avec conscience et discrétion. L’aura de l’autorité lui conférait une nouvelle stature et personne n’avait encore trouvé matière à critiquer les quelques initiatives qu’il avait prises, à la satisfaction de Themerid. Malgré leur anxiété, Venzald et lui travaillaient et s’affichaient avec leur oncle, comme ils le faisaient avec leur père, pour montrer qu’ils le soutenaient.
Lorsqu’ils ne suivaient pas leur mentor, les princes rendaient visite à Mélie et aux filles. Les garçons avaient insisté pour qu’elles logent au château, plutôt que seules dans la maison de Godmert. Malgré la joie de se revoir, les discussions se changeaient vite en longs silences, chacun centré sur ses préoccupations respectives. Le seigneur d’Arc-Ansange n’avait encore fait parvenir aucune nouvelle.
Dès qu’ils y étaient autorisés par Iselmar, les jumeaux se rendaient au chevet de leur père. Juste après le Conseil, Einold avait sombré dans un état d’affaiblissement qui l’avait obligé à rester couché. Depuis, sa santé se maintenait, mais ne s’améliorait pas non plus. Le médecin, contrarié par l’échec de ses traitements — une offense personnelle du destin à son égard —, se montrait plus désagréable encore qu’à l’ordinaire. Les princes ne devaient leurs visites qu’à sa grande magnanimité. Il les observait d’un air dégoûté lorsqu’ils entraient dans la chambre du roi, comme des objets particulièrement sales qui mettaient en danger son patient, et ne s’éclipsait qu’avec regret à la demande du souverain. Celui-ci, blafard, interrogeait ses fils entre deux quintes de toux sur les affaires du royaume puis, apparemment rassuré, s’appuyait sur ses oreillers en fermant les yeux pour chasser la douleur.
Peut-être à cause de son état, le rapprochement qui s’était amorcé depuis leur voyage se confirmait. Einold, de lui-même, se mit à raconter à ses fils les détails de son passé. Il répondait à leurs questions avides, restant parfois énigmatique lorsqu’il s’agissait de la reine. Themerid interprétait ces flous comme des regrets que le roi ne pouvait se résoudre à avouer. Le prince n’insistait pas, déjà ému par les confidences consenties. Les conversations se poursuivaient dans le flottement étrange de cette intimité toute neuve, jusqu’aux rappels à l’ordre d’Iselmar qui chassait les princes sans ménagement. Les deux frères laissaient alors le roi épuisé d’avoir tant parlé, mais apaisé.
Un jour, Einold les retint alors qu’ils s’apprêtaient à partir.
– Je vais vous dire qui a tué votre mère.
Themerid échangea un regard incrédule avec Venzald. Avait-il bien entendu ? Einold savait donc la vérité depuis presque seize ans ? Mais pourquoi ne l’avait-il jamais rendu public ? Ils se rassirent lentement pour ne pas rompre ce qui l’avait décidé à parler.
– J’ai longtemps cherché la fille de cuisine qui avait disparu après l’empoisonnement, dit le roi.
– Vous l’avez retrouvée ? murmura Themerid.
– Oui, douze ans plus tard. Elle était morte, avec toute sa famille.
Encore une fois, les jumeaux échangèrent un coup d’œil inquiet.
– Cela ne m’a pas empêché de découvrir que c’était une bouchevreuse.
– Et ensuite ? relança Venzald après un silence.
Il affichait une moue perplexe. À ses côtés, Themerid s’était crispé, car il craignait d’avoir déjà deviné ce que son père allait raconter.
– Ensuite ? Ensuite, rien : la fille était morte. J’avais tellement honte que je n’ai pas eu le courage d’avouer mon échec, dit Einold d’une voix amère.
– Je ne comprends pas, insista Venzald alors que son frère attrapait sa main. Pourquoi aviez-vous honte ?
– Parce que j’avais laissé une de ces créatures entrer aux Cimiantes ! s’écria le roi. Parce que je n’ai pas réussi à protéger mon épouse adorée des griffes de ces bêtes sauvages ! J’aurais voulu les tuer tous. J’ai ordonné que le pays soit débarrassé de cette plaie !
Il fut interrompu par une quinte de toux qui le plia en deux sur son lit. Themerid, atterré par ses révélations, ne pensa même pas à le soulager.
– Le Conseil m’a rapidement sommé de renoncer à ma campagne pour préserver les finances du royaume, ajouta Einold d’une voix éraillée, les poings serrés à ce souvenir. J’ai dû les épargner... j’ai laissé les assassins de votre mère s’en tirer.
Iselmar accourut, le visage sévère, et chassa les princes d’un geste sans appel. Venzald toujours interloqué, inquiet pour Einold, se laissa entraîner par Themerid impatient de sortir.
– Merci Père de vous être confié, prononça très vite celui-ci avant de passer la porte.
Une fois hors des appartements royaux, Venzald interrogea :
– Explique-moi ! Pourquoi a-t-il cessé de chercher le coupable ?
– Parce qu’il était persuadé de l’avoir trouvé. Ou plutôt de les avoir trouvés.
– La fille de cuisine ? Il avait probablement raison, mais pourquoi ne pas avoir essayé de savoir qui l’avait payée pour empoisonner ses bouillons ?
Themerid baissa tristement les yeux.
– Je crois qu’il a oublié ce détail, dit-il à mi-voix. Quand il a appris que c’était une bouchevreuse, il en a conclu que c’était une raison suffisante pour tuer la reine. Il a imaginé un complot fomenté par ses semblables ou quelque chose de ce genre. Et comme il avait honte, il n’en a parlé à personne.
Il répugnait au prince d’admettre l’erreur de son père, mais il était sûr d’avoir bien compris. La haine pouvait-elle à ce point annihiler tout discernement ? Quelle déception…
– Nous voici revenus au point de départ, alors, finit par articuler Venzald, dépité.
– Oui, nous ne pouvons plus compter sur ses révélations. Il va nous falloir trouver qui est derrière tout ça. Et c’est sans doute quelqu’un que nous connaissons.
– C’est peut-être aussi pour ça, que Père s’en est tenu à la culpabilité des bouchevreux : il craignait peut-être de découvrir qu’un de ses proches avait tué Almena, risqua Venzald.
Il y a sûrement du vrai là-dedans, pensa Themerid tandis que défilaient dans son esprit les visages de l’entourage du roi.
Ils allaient rejoindre Abzal, quand la voix d’Alix retentit dans le couloir silencieux.
– Venzald ! Themerid ! Une lettre !
La jeune fille courait vers eux en brandissant un parchemin, sa natte rousse battant sur ses épaules. Derrière elle suivaient Flore et Elvire à peine moins excitées.
– Nous avons reçu une lettre de Père ! Il va venir ! annonça la benjamine lorsqu’elle eut rejoint les garçons.
– Quel soulagement ! s’exclama Venzald. Quand arrivera-t-il ?
– Comment va-t-il ? demanda Themerid en même temps. Pourquoi n’a-t-il pas donné de nouvelles plus tôt ?
– Il n’en dit pas beaucoup, expliqua Elvire. Il écrit juste qu’il se trouve à Tourrière et qu’il se mettra en route dès que possible.
– À Tourrière ? releva Venzald. Mais alors...
Elvire baissa les yeux et le menton d’Alix commença à trembler.
– Le castel est détruit, dit tristement Flore. Tout a brûlé.
Venzald lui prit la main pour la serrer dans les siennes.
– Ce n’est peut-être pas aussi terrible que son message le laisse croire, suggéra Themerid. Attendons sa venue pour en savoir plus.
***
Le manteau bleu
Il repoussa le capuchon de son manteau bleu lorsque les trois Érudits surgirent dans la clairière, leurs visages découverts. Ils ne portaient plus leurs masques pendant leurs rendez-vous. Il lui avait fallu attendre longtemps cette marque de confiance. Et quand ils la lui avaient enfin donnée, il avait pu constater toute la condescendance avec laquelle ils le considéraient encore. Il sentait aussi ce mépris dans leurs intonations. Pourtant cette fois, leurs regards avaient changé. Il avait fourni la preuve qu’il était prêt à tout. Et ils le respectaient pour ça.
– La régence représente un avancement énorme, déclara le plus grand des trois. Nous ne pensions pas que vous l’obtiendriez si facilement.
– Je vous l’avais dit. J’avais préparé le terrain.
– L’Ordre est très satisfait, félicita un autre Érudit. Quant au décret concernant le double couronnement, il ne change rien pour nous. Le moment venu, tuer un souverain ou deux ne modifiera pas nos plans.
– Mais nous n’y sommes pas, répliqua-t-il, contrarié. Y a-t-il du nouveau dans l’enquête ?
– Non, malheureusement. Vous devrez attendre encore un peu pour vous asseoir sur le trône.
Il se crispa. Il n’appréciait pas ce trait d’ironie.
– Il me semble que j’ai déjà montré ma patience, non ? laissa-t-il tomber d’une voix forte.
Il se demanda s’il n’allait pas trop loin, mais les trois Érudits baissèrent les yeux. Cette petite victoire lui donna un agréable frisson.
– Vos troupes sont-elles en mesure de se déployer ? interrogea-t-il.
– Elles se tiennent prêtes.
– Il est donc temps de décréter la régence. Cela ne surprendra personne. À l’heure qu’il est, le roi doit s’effriter comme une statue de sel.
***
Albérac
Compte tenu des circonstances, les séances d’étude avaient été suspendues. Albérac mit à profit ces heures de loisir inattendues pour entreprendre, comme trois ans auparavant, des recherches minutieuses aux archives royales. À nouveau, il consulta des centaines de documents, livres de comptes, inventaires, rapports de Conseils vieux de plusieurs siècles, espérant dénicher la trace d’une épidémie ressemblant au blé de cendre. Depuis le jour où Fourchetou lui avait mis entre les mains les épis malades, une inconfortable sensation l’accompagnait nuit et jour : le phénomène faisait écho à un souvenir diffus qu’il ne parvenait pas à faire émerger. Pourtant, cette fois encore, il chercha en vain. Ni sa mémoire ni les archives ne révélèrent d’informations sur le pourrissement du blé.
Einold était alité depuis quinze jours quand Albérac croisa Dame Renaude près des appartements royaux. Petite et frêle, elle n’avait sacrifié à la vieillesse ni son maintien militaire ni son regard direct. Le temps la fanait lentement, mais n’avait pas de prise sur son esprit. Seule une hésitation inhabituelle dans sa démarche laissa penser au maître d’étude que la maladie du souverain la touchait profondément.
– Bonjour, Madame, la salua-t-il. Venez-vous de rendre visite au roi ? Comment va-t-il ?
– Bonjour, seigneur Elric. Il n’y a pas d’évolution. D’après le médecin, il n’est pas en danger, mais... il est toujours trop faible pour se lever — elle s’autorisa un soupir — et à vrai dire, je ne suis pas sûre qu’il en ait envie.
Réalisant qu’elle en avait trop dit, elle désigna les parchemins qu’Albérac tenait entre les mains pour faire diversion.
– Qu’étudiez-vous ?
– De vieux comptes-rendus de Conseils, répondit-il, sentant qu’elle n’en concéderait pas plus. Je cherche toujours des informations sur le blé de cendre.
– Je connais une femme pour qui les plantes n’ont aucun secret, dit Renaude distraitement, l’esprit probablement encore occupé par sa visite au roi. Une rebouteuse. Elle les ramasse elle-même, dans son marais, et en prépare des potions. Malgré une réputation douteuse, c’est une excellente guérisseuse. C’est grâce à elle que les princes ont pu naître, d’ailleurs.
Soudain, la bienveillance polie qu’affichait la vieille dame laissa place à la surprise.
– Ensgarde ! s’exclama-t-elle. Comment n’y ai-je pas songé plus tôt ?
Elle se tourna vivement vers Albérac, planta ses yeux dans les siens et attrapa son bras pour lui faire comprendre toute l’importance de l’idée qui l’avait saisie.
– Seigneur Elric, pourriez-vous aller la trouver ? Allez-y de ma part et ramenez-la au château ! Elle peut peut-être soigner le roi !
– Elle est encore vivante ?
– Elle était en parfaite santé, lors de ma dernière visite avec les princes, il y a quelques lunes. Elle habite toujours dans sa chaumière du Marais-aux-Saules. Ce n’est pas loin de Terce, vous y serez dans une heure. C’est à peine le début de l’après-midi, vous avez le temps de faire l’aller-retour. S’il vous plaît, seigneur Elric !
Le maître d’étude doutait de l’urgence de la démarche. D’après ce que venait de lui dire Dame Renaude, le roi n’était pas à l’article de la mort. Cependant, enthousiasmé par l’idée de rencontrer la poison et par politesse, il accepta.
Une heure plus tard, Albérac s’enfonça dans le Marais-aux-Saules en guettant la végétation : les simples y poussaient à leur aise, même des espèces rares. La rebouteuse ne s’était pas installée ici par hasard. Ou bien était-ce parce qu’elle vivait là qu’elle était devenue guérisseuse ? Renaude ayant fourni des indications détaillées, il trouva la chaumière facilement, sur l’une des plus grandes parcelles émergées. À la surprise de l’aventurier qui s’attendait plutôt à un taudis en planches, elle était bâtie en pierres blondes, surmontée d’un toit de chaume récent, et assez spacieuse pour abriter au moins deux pièces. À son approche, une silhouette courtaude sortit sur le seuil et le regarda venir, les poings sur ses larges hanches. La femme, haute comme un tonneau, possédait le visage buriné de ceux qui vivent au grand air. Un fichu de lin laissait échapper des mèches désordonnées, sèches comme la paille. Elle ne souriait pas, ses rides accentuaient son expression bourrue, mais Albérac ne lut aucune hostilité en elle. Ses yeux brillaient d’intelligence et de malice.
– Bonjour, êtes-vous Ensgarde ? demanda-t-il en descendant de cheval.
– C’est moi, répondit la femme en fronçant les sourcils, plus pour signifier sa curiosité que par contrariété.
– Je m’appelle Elric d’Albérac, dit-il en s’inclinant. Dame Renaude m’envoie.
– Renaude ? répéta la rebouteuse sans se départir de son air bougon. La laitière du roi ? J’aime cette femme. Même si elle manque un peu de fantaisie...
Albérac était sûr que la guérisseuse avait employé à dessein le surnom irrespectueux de l’ancienne nourrice, pour le tester. Il s’efforçait de rester sérieux, mais une irrépressible envie de rire lui étirait les lèvres. Après seulement quelques phrases, il appréciait déjà Ensgarde.
– Je me disais bien que vous n’aviez pas l’allure de mes habituels patients, continua-t-elle en rentrant dans la maison et en l’invitant à la suivre d’un geste.
À son grand étonnement, la pièce où il entra était décorée de tentures aux fenêtres et de tapis. Les meubles, sans ostentation mais de solide facture, lui donnaient un aspect confortable et chaleureux. Lorsqu’il reporta son attention sur son hôtesse, elle avait suspendu ses gestes et le dévisageait, l’œil brillant.
– Installez-vous.
Elle lui désigna une chaise.
– Voyez-vous, commença-t-il en s’asseyant, Dame Renaude souhaite vivement que vous veniez au château...
Il perdit le fil de ses paroles, car la rebouteuse avait attrapé un pot de pommade sur une huche puis, revenant vers lui, elle s’accroupit et releva sans façon le bouffetin de l’aventurier au-dessus du genou gauche avant qu’il ait pu protester. Par curiosité, il la laissa étaler le baume et masser l’articulation grippée.
– Dame Renaude vous demande, disais-je, car le roi est malade. Elle pense que vous pourrez le soigner.
– Il n’y a pas de médecin, au château des Cimiantes ? interrogea Ensgarde sans s’interrompre.
– Si, il y a Iselmar de Lans, mais le roi est alité depuis une quinzaine de jours et il ne va pas mieux.
Une chaleur croissante se diffusait dans son genou. Elle atteignit bientôt une intensité qui tira lui des larmes.
– Est-il mourant ?
– Pas d’après Iselmar, répondit-il en s’essuyant les yeux.
– Iselmar est compétent, déclara la guérisseuse. Il est puant comme une charogne, mais pour un médecin qui a appris dans les livres, il est doué.
Elle recula et fit un geste vague vers l’ensemble de la pièce.
– Marchez, ordonna-t-elle.
Il s’exécuta et constata au premier pas que son genou avait gagné en souplesse.
– Je ne pourrai pas vous redonner une jambe de jeune homme, mais si nous nous revoyons, je renouvellerai la manipulation. Je dois pouvoir vous soulager encore un peu. En attendant, quand vous souffrez trop, badigeonnez-vous avec ça, dit-elle en lui tendant la pommade.
– Merci, souffla Albérac. Qu’est-ce que c’est ?
– Arnote des marais et un soupçon de pied d’étoile carmin. Oui, la même fleur qui a empoisonné la petite reine, ajouta-t-elle en voyant sa surprise. Elle vous l’a dit, n’est-ce pas, la nourrice, que c’est moi qui ai fait naître les jumeaux fusionnés ?
Le maître d’étude hocha la tête.
– Et que leur mère se trouvait sous ma garde quand elle est morte...
– Les princes me l’ont confié, en effet. Personne ne vous en tient rigueur, Madame.
– Je sais. Le roi m’a offert de quoi vivre confortablement pendant des décennies. Renaude est venue plusieurs fois, en toute amitié. Pourtant, je garde une dette. Même si personne ne me la réclame, il faudra bien que je la paye.
– Voici donc l’occasion, suggéra Albérac. Accompagnez-moi à Terce et examinez le roi.
– Vous m’avez dit vous-même qu’il n’allait pas mourir tout de suite, rétorqua-t-elle. Laissez-moi le temps de mettre ma récolte du matin à sécher et de préparer mon nécessaire.
Elle s’assit et commença à trier une à une les fleurs et les herbes fraîches d’une botte posée sur la table.
– Et que faites-vous, à Terce ?
– Je suis le maître d’étude des princes, répondit-il distraitement, concentré sur les gestes de la rebouteuse.
– Le maître d’étude des héritiers ? Je ne m’attendais pas à une visite si prestigieuse, aujourd’hui, ricana-t-elle. Ne restez pas debout, planté comme un piquet !
Albérac prit un siège en face d’elle et observa les plantes. Il en reconnut la plupart, dont il se servait lui-même. Il saisit délicatement l’une de celle qu’il n’avait jamais rencontrée.
– Méchilas, énonça Ensgarde. Pour les troubles du sommeil. En décoction. Celle-ci, c’est du plat-de-merle, pour nettoyer les plaies, en lotion.
De bonne grâce, la rebouteuse lui montra une par une les herbes qu’elle avait récoltées, celles qui séchaient en bouquets pendus aux poutres de charpente et les préparations qu’elle en tirait. Elle lui expliqua aussi l’usage des roches et des cristaux qu’elle utilisait dans la pratique de son art et répondit sans se lasser aux intarissables questions d’Albérac.
– Connaissez-vous la maladie du blé qui ravage le pays ? demanda-t-il enfin sans trop y croire.
– Je sais que c’est une vraie plaie. Mais à part ça, rien. Je n’ai jamais entendu parler d’une telle épidémie.
Déçu, il reporta son attention sur la pierre bleue qu’il faisait tourner dans sa main.
– J’ai satisfait votre curiosité, lui dit-elle enfin, en posant devant lui un bol d’une infusion au parfum fruité alléchant. À votre tour, maintenant.
Il rit de s’être laissé piéger, mais ne pensa pas une minute à refuser.
– Comment êtes-vous devenu le maître d’étude des princes ? interrogea-t-elle, tandis qu’elle plaçait flacons, pots et instruments dans deux profondes besaces.
– En rentrant d’un long voyage, ruiné et las, j’ai gagné la capitale dans l’idée d’y trouver un emploi chez un gros négociant ou comme fonctionnaire aux Cimiantes. Je me suis débrouillé pour être introduit dans un ou deux salons et me faire présenter. C’est là que j’ai connu le seigneur Abzal. J’ai dû lui faire bonne impression, car le lendemain, j’étais convoqué au château pour y rencontrer notre souverain en personne. Il m’a proposé de devenir le précepteur de ses fils. J’ai accepté.
– Un long voyage ?
– Il a duré onze ans. J’ai d’abord arpenté Cazalyne, puis les royaumes voisins. Enfin, je suis parti sur la mer de Tornaille. J’ai accosté sur les terres gelées du septentrion, j’ai marché vers l’ouest, puis vers le sud. Un jour, j’ai fait demi-tour, et je suis rentré.
Ensgarde l’observait sans en avoir l’air. Malgré sa moue goguenarde, Albérac aurait juré qu’elle aussi, elle l’appréciait. La pensée fugace qu’il se racontait bien facilement lui traversa l’esprit. Après tout, il ne savait pas grand-chose de la guérisseuse, hormis la sympathie qu’il éprouvait pour elle — et qui ne constituait en aucun cas une garantie. Personne, sans doute, ne pouvait se vanter de la connaître. Il se promit d’être plus vigilant.
– Pourquoi ce voyage ? interrogea encore Ensgarde. Votre famille devait bien posséder un domaine où vous auriez sagement pu rester.
– Non, justement : mon père est mort ruiné. J’ai dû vendre ses derniers biens. Mon héritage a tout juste suffi à financer le bateau de pêche qui m’a conduit au-delà de la mer. Et puis... il faut croire que je voulais voir le monde.
Ensgarde ne répondit pas. Il ne sut pas déchiffrer ce qui passait dans les yeux noirs fixés sur lui.
Peu après, il l’aida à atteler une petite charrette. Le jour déclinait quand ils se mirent en route.
***
Venzald
Venzald avait vu Albérac partir une heure auparavant par la fenêtre du salon où Themerid et lui travaillaient avec Abzal, quand un brouhaha retentit dans la grande cour, attirant son regard vers l’extérieur une nouvelle fois. Godmert venait d’arriver, accompagné de cinq de ses gardes, les seuls sortis vivants de l’attaque du castel, et de la troupe qu’Abzal avait envoyée sur place.
Quelques instants plus tard, le seigneur d’Arc-Ansange fut accueilli par les effusions de ses filles et par Mélie qui pleurait de soulagement. Venzald et Themerid accoururent également auprès de leur ancien tuteur pour lui souhaiter la bienvenue. Pressé de questions sur le bras qu’il portait en écharpe, il expliqua qu’il avait récolté deux mauvaises blessures à l’épaule et au torse. Il avait dû garder le lit pendant des jours, terrassé par la douleur et la fièvre. Le bourgmestre de Tourrière, qui l’avait recueilli et fait soigner, n’avait osé envoyer de nouvelles avant de savoir s’il guérirait. Dès qu’il avait retrouvé ses esprits, Godmert avait vertement tancé le pauvre homme et s’était empressé d’écrire.
On le laissa prendre du repos, puis il fut demandé par le roi qui le reçut pendant deux heures pour avoir le récit de l’attaque d’Arc-Ansange. Le soir, il raconta encore une fois les évènements à sa femme, à ses filles, aux princes et à Abzal qui les avait rejoints.
– Après m’être assuré que vous aviez pu fuir, je suis retourné auprès des gardes. Nous avons dû nous éloigner du castel, car la tour ouest fragilisée menaçait de tomber. Nous avons essayé de rallier Boulangue. Là-bas aussi, il y avait des flammes, mais je voulais savoir ce qui brûlait et venir en aide à Fourchetou. Nous ne voyions pas qui nous attaquait, nos adversaires restaient invisibles dans la nuit, mais nous avons vite compris qu’ils étaient nombreux et bien armés.
– Des soldats ? interrogea Abzal.
– J’en suis persuadé. La discrétion, les arbalètes et le savoir-faire avec lequel ils nous ont coupé le chemin de la ferme, ça ressemblait à une troupe entraînée. Nous n’avons pas pu atteindre Boulangue, ils nous ont encerclés à la sortie du bois et ont tiré sur nous des volées de carreaux. J’en ai reçu un qui m’a déchiré l’épaule, un second à la poitrine. Autour de moi, les gardes tombaient les uns après les autres.
Il porta la main à sa blessure, comme si l’évocation du souvenir ravivait la douleur. Venzald imaginait la troupe assiégée dans le petit bois qu’il connaissait si bien, les flammes, l’odeur de fumée, les carreaux qui sifflaient, les hommes qui s’abattaient. La colère bouillonna. Autour de lui, les autres écoutaient gravement, incapables de cacher la tristesse ou la rage qui les agitaient. Aucun d’eux n’avait jamais connu tant de violence. Le prince se souvint de l’horreur qu’il avait ressentie lorsqu’il avait tué le voleur pendant leur fugue. Qui pouvait froidement donner la mort, de loin, caché dans l’obscurité ?
– Quand les tirs ont été moins nourris, nous avons rampé pour sortir du piège. Je perdais beaucoup de sang. Les gardes encore vivants m’ont aidé. Nous avons pu arriver à Boulangue, mais la maison avait brûlé.
– Et Fourchetou ? Et sa famille ? s’exclama Flore.
Godmert baissa le front.
– Leurs corps ont été retrouvés le lendemain dans les décombres...
Des sanglots et des cris de protestation accueillirent l’annonce. L’image des fermiers flotta devant les yeux de Venzald. Il en eut la nausée. Les traits des autres portaient la même stupeur amère. Alix pleurait, le visage enfoui dans le giron de sa mère, tandis que des larmes silencieuses roulaient sur les joues d’Elvire et de Flore.
– Comment vous en êtes-vous sorti ? demanda Abzal.
– Nous nous sommes réfugiés dans la grange encore intacte en espérant que nos ennemis ne nous avaient pas suivis. Au matin, ils étaient partis. Les hommes m’ont emmené jusqu’à Tourrière, à demi inconscient. Le bourgmestre, averti dès notre arrivée, m’a fait transporter chez lui.
Quand il se tut, chacun se recueillit sur ses souvenirs : le castel dans son écrin de chênes, Fourchetou et sa femme, accueillants et enjoués, leur fille aînée Elda et leurs trois têtes blondes...
– Il n’y a pas eu de tués parmi vos attaquants ? interrogea enfin Themerid. Ça aurait pu indiquer qui étaient ces hommes.
– Nous n’avons retrouvé aucun corps. Je ne sais s’ils les ont emmenés ou si nous n’avons touché personne. Ce qui est sûr, c’est que nous n’étions pas préparés à ça.
– Mais qui a bien pu vous attaquer ? s’exclama Venzald. Et pourquoi ?
– Je n’en ai aucune idée, répondit de Hénan, soudain très las.
On frappa à la porte du salon où ils étaient rassemblés. Un valet entra et s’inclina gravement face à Abzal, puis devant les princes. Il semblait nerveux et attristé.
– Le seigneur Iselmar m’envoie. Il vous suggère... de vous rendre au plus vite au chevet du roi.
***
Abzal
Ayant suivi les jumeaux dans les couloirs au pas de course, Abzal fit irruption dans la chambre en courant presque. Le tableau qu’il découvrit l’arrêta sur le seuil. Iselmar se tenait près d’une fenêtre, abattu et impuissant. L’incompréhension se lisait sur ses traits tandis qu’il contemplait la preuve de son échec. Exacerbée par la chaleur du feu, l’odeur écœurante qui régnait dans la pièce, mélange de tous les fluides que peut produire un corps, rendait l’atmosphère suffocante. Sous la lueur des lampes, Einold était si pâle qu’il en paraissait bleu. Ses yeux cernés de noir se révulsaient sous les spasmes de l’agonie. Entre chaque contraction de douleur, il cherchait les visages qui l’entouraient. Il semblait perdu, peinant de plus en plus à les reconnaître. Puis, à nouveau, son corps s’arquait sous le fer de la souffrance.
Renaude, assise à même le lit, baignait d’un linge humide le front du roi. De l’autre main, elle essuyait de temps en temps sa bouche d’où s’écoulait un filet de sang mêlé de salive. Elle était redevenue sa nourrice, quand elle ôtait d’un geste identique une goutte de lait sur le menton de l’enfant que Blanche lui avait confié. Le couvant de regards tendres, elle chantonnait sans s’en rendre compte une litanie réconfortante. Elle offrait son visage serein comme une corde salvatrice à la détresse d’Einold qui se noyait dans son propre sang.
Tandis que les princes se jetaient à genoux au chevet de leur père, Abzal resta figé devant la porte. L’odeur de mort qui régnait dans la pièce lui retourna le ventre et la vision de son frère, qui n’était déjà plus celui qu’il admirait, lui coupa les jambes. Il s’appuya au mur. Le contact des pierres froides soulagea un peu sa nausée. À pas lents, il s’approcha du lit au moment où le roi posait le regard sur ses fils. Il voulut leur dire quelque chose, mais il ne produisit qu’un borborygme écœurant qui couvrit son menton de rouge. Venzald, en larmes, saisit une de ses mains.
– Ne parlez pas ! supplia-t-il entre deux sanglots.
Themerid, la bouche contractée, les yeux grands ouverts, ne bougeait plus, hypnotisé par le calvaire de son père.
Abzal aurait voulu fuir ce spectacle sinistre. Des émotions contraires l’écartelaient. Compassion, horreur, tendresse... Et dans ce chœur, une petite voix qu’il croyait morte revenait lui souffler qu’Einold avait mérité ces tortures. C’était un destin justicier qui avait réduit ce frère trop grand à une bête puante et ensanglantée. Il se haïssait pour cette pensée. Il avait consommé sa vengeance depuis longtemps, pourtant ! Elle lui était devenue à lui-même un fardeau. Poussé par un réflexe, il se couvrit les oreilles de ses mains, pour se rendre sourd. Son geste attira le regard du mourant où apparut une urgence absolue. Une supplique. Abzal laissa retomber ses bras et s’obligea à approcher du lit.
D’un doigt tremblant, Einold lui fit signe de se pencher sur lui. Renaude lui céda la place et le cadet s’exécuta.
– Jure-moi... souffla le roi dans un râle à peine audible, jure-moi d’anéantir le Haut-Savoir.
Abzal cessa de respirer pour ne pas défaillir. L’haleine d’Einold sentait la chair putréfiée. Il se retint d’essuyer de sa figure les gouttes de sang que le murmure poussif avait projeté. Anéantir l’Ordre ? Oh... quelle torture ! Quelle ironie ! Il hocha la tête en signe d’assentiment. Le corps d’Einold fut secoué par un frisson plus fort que les autres. Il s’agrippa à la tunique de son frère, comme pour l’obliger à écouter jusqu’au bout.
– Promets-moi, cracha-t-il encore, que tu protégeras mes fils.
Abzal jeta un regard aux jumeaux, Venzald sanglotant et Themerid horrifié par la scène. Leurs mains étaient jointes, comme chaque fois qu’ils sentaient le besoin d’augmenter leur fusion.
– Ça, je te le jure, murmura-t-il.
Il se rendit compte de l’ambiguïté de sa réponse et lut la surprise dans les yeux de son frère. Le roi se mit à trembler et sembla vouloir expulser quelque chose qui lui coinçait la gorge. Dans une ultime contraction, il émit un cri rauque, éclaboussant Abzal d’un jet noirâtre, puis s’abattit sur ses oreillers, mort.
Comme assommés par le calme soudain, les spectateurs fixaient Abzal couvert du sang de son frère. Son visage se crispa lentement et des larmes coulèrent sur ses joues tachées. Il se laissa tomber sur le corps du roi pour une dernière étreinte.
– Pardonne-moi, murmura-t-il.
Mais personne ne l’entendit.
La mort du roi est si abrupte... Il y a forcément été aidé à mourir, mais par qui ? Bon, ce chapitre m'a permis de mettre au point mes petites théories sur le manteau bleu et cie. Je suis plus que jamais à fond dans l'histoire, c'est génialissime.
Mais avant tout, je salue la scène de la mort du roi, c'est génial de la montrer via les yeux d'Abzal au lieu de ceux de ses princes. Ses réponses ambigües sont vraiment déchirantes. Que peut penser Einold en l'entendant ?
Je me suis dit que la solution aux problèmes de blé pour venir d'Ensgarde, à défaut de sauver le roi, ce pourrait être une grosse aide pour le royaume.
La "révélation" d'Einold en début de chapitre est vraiment bien vue, ça permet de mieux comprendre sa haine des bouchevreux.
Passons à ma théorie.
J'ai éliminé Gomert, parce que prendre deux carreaux pour prouver son innocence ça fait quand même beaucoup. (ou alors l'attaque ne vient pas de l'ordre et c'est lui le manteau bleu, auquel cas ce serait incroyablement génial et tordu).
Mon suspect numéro 1 à présent est Lancel, qui aurait un lieu avec Abzal qui permet de le faire chanter. Cette histoire de monter sur le trône réduit en tout cas la liste des gros suspects. Le seul défaut de cette théorie c'est que Lancel est censé faire partie de l'ordre. Peut-être l'a-t-il quitté depuis ?
Quand j'ai eu l'idée de Lancel, je me suis dit c'est évident mais plus j'y pense moins je suis sûr de sa culpabilité. Tu peux être fière de toi parce que je suis vraiment investi à fond mais je ne parviens pas à avoir de pistes "parfaites".
J'enchaîne...
Ensgarde pour le blé de cendre, c'était un faux espoir : ça aurait été trop facile ! En fait, scénaristiquement parlant, il me fallait surtout un prétexte pour qu'Albérac et Ensgarde se rencontrent maintenant. Et puis, je trouvais ça drôle qu'on puisse espérer qu'Ensgarde, qui est un peu omnisciente, ait la solution... et en fait pas du tout ! Comme tu le vois, je m'éclate toute seule XD
La révélation d'Einold explique pourquoi l'enquête n'a jamais été plus loin. Et en effet, elle montre bien que sur le sujet des bouchevreux, il n'est pas rationnel. C'est le seul sujet, d'ailleurs. Si je retravaille ce tome, je pense que je rendrai plus évidente la haine ressentie à l'encontre des bouchevreux. Par Einold mais aussi par tout le monde. Je pense que je ne l'ai pas assez développée.
Je ne commenterai pas tes théories, bien sûr, mais j'adore les lire, c'est très intéressant ! Et je suis ravie que tu en échafaudes comme ça ;)
Le roi passe tellement vite d’un état stable à l’agonie qu’on a l’impression que quelqu’un l’a aidé à mourir. Le fait qu’Abzal lui demande pardon le rend suspect. Mais est-ce vraiment aussi simple ? Ce serait lui qui aurait tué la reine et le roi en plus d’être le manteau bleu ? Si c’est le cas, je dois avouer que je suis un peu déçue parce que je m’attendais à un complot plus tortueux et une vengeance plus mystérieuse.
Tu as réussi à rendre la mort du roi horrible à souhait ; ton sadisme se confirme. ;-)
Dommage qu’Ensgarde arrive trop tard, mais j’espère qu’on va lui trouver une raison de rester. Avec son instinct et sa connaissance des gens, elle pourrait aider les princes à découvrir des choses… Du coup, le fait qu’elle apprécie Albérac me fait penser qu’il n’est pas suspect. Quant à Godmert, s’il était lié à l’Ordre, ce ne serait pas logique qu’on ait tenté de le tuer.
Mais bon, je me trompe peut-être sur toute la ligne…
Coquilles et remarques :
— Suite au décret [À la suite du décret ; l’expression peu élégante « suite à » est déconseillée.]
— Mais pourquoi ne l’avait-il jamais rendu public ? [rendue publique ; on parle de la vérité]
— J’aurais voulu les tuer tous. [On parle de « créatures », de « bêtes sauvages » et il n’y a pas de mention des bouchevreux à proximité ; il faut donc accorder au féminin : « les tuer toutes ».]
— C’est peut-être aussi pour ça, que Père s’en est tenu à la culpabilité des bouchevreux [Il faudrait enlever la virgule entre « pour ça » et « que ».]
— il craignait peut-être de découvrir qu’un de ses proches avait tué Almena, risqua Venzald [Je propose toujours « hasarda », ou alors « conclut », « déduisit »… / Il y a deux fois « peut-être ».]
— Il me semble que j’ai déjà montré ma patience, non ? laissa-t-il tomber d’une voix forte [Ici, il n’y a pas d’ambiguïté, mais l’emploi « laisser tomber » en incise me laisse dubitative ; je le verrais mieux avec un COD (laisser tomber une phrase, des mots).]
— Réalisant qu’elle en avait trop dit, elle désigna les parchemins [L’emploi de « réaliser » dans le sens atténué de « se rendre compte » est déconseillé. Je propose « S’apercevant », « Comprenant », « Remarquant »… ]
— De vieux comptes-rendus de Conseils, répondit-il [comptes rendus]
— Elle peut peut-être soigner le roi ! [L’enchaînement « peut peut-être » me semble particulièrement peu judicieux. Elle saurait peut-être comment le soigner, elle parviendrait peut-être à le soigner, quelque chose comme ça…]
— continua-t-elle en rentrant dans la maison et en l’invitant à la suivre d’un geste. [Je dirais plutôt « en l’invitant d’un geste à la suivre » / d’autre part, comme il y a « elle avait suspendu ses gestes » un peu plus loin, il faudrait faire un remplacement.]
— Il saisit délicatement l’une de celle qu’il n’avait jamais rencontrée [ l’une de celles qu’il n’avait jamais rencontrées]
— Comment vous en êtes-vous sorti ? demanda Abzal [sortis]
— il se couvrit les oreilles de ses mains, pour se rendre sourd [Je ne mettrais pas la virgule.]
En revanche, la culpabilité de L'Ordre dans l'attaque du castel d'Arc-Ansange n'est pas complètement prouvé ;)
Est-ce que quelqu'un a aidé le roi à mourir ? Bonne question (qui trouvera sa réponse dans trèèèèès longtemps, au dernier chapitre du tome 2 !)
L'attitude d'Abzal est suspecte, en effet, mais Abzal a déjà des choses à se reprocher, qu'il ait ou non tué la reine et le roi. Alors, est-ce lui le coupable ? Je te laisse le découvrir toi-même ;)
Euh, oui, ce chapitre est un assez bon exemple de mon côté scripturalement sanguinaire, je dois l'avouer : entre la mort de Fourchetou et de sa famille et l'épouvantable agonie du roi, je ne peux plus le nier...
Ensgarde apprécie Albérac, mais tu verras au prochain chapitre qu'elle a quand même des réserves à son propos :)
Merci pour ta lecture et tes retours précis et précieux :)
Albérac, Renaude, c'était une bonne idée d'aller chercher la poison, mais trop tardive...
Et Albaz qui ne jure pas de détruire l'Ordre (enfin, il acquiesce mais il ne dit pas les mots, donc....)... sauf s'il trahit ceux qui l'ont aidé jusque-là ?
"– Ça, je te le jure, murmura-t-il.
Il se rendit compte de l’ambiguïté de sa réponse" -> Là, malgré plusieurs relectures, je ne la vois pas, l'ambiguïté. On lui demande, il dit oui, donc... j'ai raté un truc ? ^^
Comment va-t-il concilier ces ordres contradictoires, comment va se passer la régence... à voir à voir !
Pfff j'en peux plus de lui, oui je l'aimais bien hein mais c'est pas possible d'être aussi lache.
En vrai je te comprends tellement, j'ai un perso que mes lecteurs adore et qui est en vérité un sombre connard. J'attends de leur dévoiler pour avoir moi aussi ce genre de réaction MOUAHAHAH.
Pardon, du coup félicitations ;)
C'est vrai, c'est bien hein, ce genre de personnage ;)
Merci pour ta lecture !