Chapitre 27 : La trahison

Par Isapass

Chapitre 27 : La trahison

 

Albérac

 

Le crépuscule rendait ses dernières lueurs quand Albérac et la rebouteuse, venant du Marais-aux-Saules, levèrent le regard vers le point culminant de Terce, en dépassant l’à-pic du Mont-de-Cordelle. Or, entre les mâts des bannières, ils virent tomber les immenses oriflammes le long des tours et des remparts. Bientôt, le château fut habillé de bandes ondoyantes, déployées par paires : le selyx blanc des Kellwin sur fond cuivré alternait avec l’étendard noir du deuil.

– Mais... balbutia le maître d’étude, le roi n’était pas en danger !

– Il semblerait que si, lâcha Ensgarde en secouant ses rênes. Allons voir si nous pouvons nous rendre utiles.

 

Une rumeur croissante envahit la ville à mesure que les habitants sortaient dans les rues, les yeux tournés vers les Cimiantes. Les gardes agités qui chuchotaient entre eux laissèrent entrer la charrette de la rebouteuse dans la cour principale sans même lui demander l’objet de sa présence. La même dissipation régnait dans le château qu’ils parcoururent aussi rapidement que le permettait la démarche d’Ensgarde. Près des appartements d’Einold, ministres et seigneurs de Terce, la mine affligée, conversaient à mi-voix. Ils étaient venus immédiatement présenter leurs hommages sur la dépouille du souverain et débattaient déjà sur l’avenir du royaume. De temps en temps, un éclat de voix se faisait entendre, attirant les regards outrés.

– Tiens, glissa Ensgarde, voici le médecin. Je vais lui proposer d’examiner le corps.

Iselmar, plongé dans une conversation avec Matifas Bréol, haussa les sourcils quand il reconnut la guérisseuse qui s’avançait vers lui. Il se dirigea vivement vers elle après que le jeune ministre lui ait murmuré quelque chose à l’oreille.

– Sortez, cracha Iselmar. Comment osez-vous vous introduire ici ?

– Je suis venue à la demande de Dame Renaude, répondit la vieille femme sans se départir de son calme.

– Je n’en ai pas été informé. Si tant est que le roi ait accepté de vous recevoir, je le lui aurais déconseillé. Et quand bien même, il est trop tard.

– Justement, j’ai cru comprendre que, pas plus tard que ce matin, vous le disiez hors de danger. Ne voulez-vous pas savoir pourquoi la situation s’est aggravée d’un coup ? Qu’est-ce qui l’a tué ? Jadis, notre double examen a donné de bons résultats.

Le médecin sembla se livrer à un débat intérieur.

– Aujourd’hui encore, siffla-t-il finalement, rien ne prouve que vous n’aviez pas empoisonné la reine. Vous étiez la mieux placée !

– Allons, ricana-t-elle, vous n’y croyez pas vous-même ! Trouvons Renaude.

Elle fit mine d’approcher de la porte des appartements. Iselmar s’interposa.

– Dame Renaude n’a rien à décider !

– Eh bien, demandons aux princes, ou au frère ! répliqua-t-elle en tentant de le contourner.

À bout d’arguments, il la retint par le bras, ostensiblement dégoûté par ce contact. Albérac, goûtant peu ses manières, voulut intervenir au moment même où Bréol, qui était resté à l’écart, s’avançait avec un geste pacificateur.

– Madame, dit-il avec condescendance, vos intentions sont certainement louables. Nous sommes tous très peinés par ce deuil qui touche le royaume. Pourtant, en ma qualité de ministre, je dois vous demander de sortir et de cesser de perturber les lieux. Voulez-vous donc causer plus de chagrin encore à la famille ?

Sans lui laisser le temps de répondre, il héla un garde.

– Cet homme va vous ramener jusqu’à la porte du château. Le seigneur Elric n’aurait jamais dû vous déranger.

Il assortit sa remarque d’un regard gentiment réprobateur pour le maître d’étude, qui n’en crut pas ses yeux.

– Laissez, dit ce dernier au garde. Je l’escorterai.

 

– Je suis désolée, s’excusa Albérac dans la grande cour. Voulez-vous que je vous raccompagne jusqu’au marais ?

– Non, je trouverai une auberge.

À son visage fermé, Albérac pensa qu’elle regrettait de s’être déplacée pour rien. Mais la vieille posa une main sur son bras.

– Puisque vous avez l’oreille des princes, dites-leur de se méfier du petit ministre à tête de fouine qui m’a chassée. Il y a mis beaucoup d’application, je trouve. Et sans doute aussi d’Iselmar. Celui-là, je le croyais détestable, mais honnête. Or, je me demande si sa loyauté n’a pas changé de bord...

Albérac ne répondit pas. Il avait eu la même impression. Il lui avait semblé que c’était Bréol qui avait suggéré au médecin de refuser à Ensgarde l’accès au corps du roi.

– Je remercierai Dame Renaude de m’avoir donné l’occasion de vous connaître, dit-il en couvrant sa main de la sienne. J’espère vous revoir, avec ou sans consultation.

– Saluez la nourrice de ma part, répondit-elle. Revenez donc me rendre visite, jeune homme.

Elle monta sur le banc de sa charrette.

– Je vous aime bien, ajouta-t-elle, même si je crois que vous n’êtes pas celui que vous prétendez.

Tandis qu’elle quittait le château, Albérac comprit ce qu’il avait lu dans les yeux de la poison, l’après-midi, dans le marais : le doute. Assorti d’indulgence.

 

***

 

Venzald

 

Le lendemain, les princes s’habillaient pour les funérailles. Venzald se sentait accablé par le choc. La veille encore, même inquiet pour son père, il savourait l’intimité que le roi avait enfin laissée s’installer. Les avis qu’Iselmar avait daigné fournir ne l’avaient pas préparé à cette mort brutale et douloureuse. Le médecin avait parlé d’ajuster le traitement, de repos, de patience, mais jamais il n’avait mentionné le risque de décès.

Le serviteur sortit discrètement. Venzald regarda sans le voir son reflet dans le miroir.

– C’était horrible... souffla-t-il. Je me console en me persuadant qu’il a apprécié de nous avoir près de lui, mais j’aurais préféré ne pas assister à sa fin.

Il couvrit sa figure de ses mains.

– Ces tremblements, ce sang... Comme il a dû souffrir !

Themerid, les yeux baissés, ne répondit pas.

– À quoi penses-tu ? demanda Venzald.

– Je... non, à rien.

– Dis-moi ce qui te préoccupe !

– La colère... avoua Themerid. J’en veux à notre père d’être parti si tôt. D’avoir perdu tellement de temps à se draper dans sa tristesse au lieu de s’occuper de nous.

Les larmes, rares, chez lui, remplissaient à présent ses yeux tandis que sa voix durcissait.

– Et voici qu’il nous laisse seuls alors qu’enfin, il s’était souvenu de notre existence ! Comme pour donner plus de poids à sa mort et s’assurer que nous le regretterions !

Un sanglot grave s’échappa de sa gorge.

– Je crois... que je le déteste, cracha-t-il, poings serrés. Je ne veux pas assister aux funérailles.

Puis plus doucement :

– Je ne peux pas, j’ai honte de ressentir cela.

Dans la glace, Venzald le dévisageait. Il ne reconnaissait pas son jumeau. D’habitude, c’est moi qui m’emporte, pensa-t-il, qui pleure, qui crie avant de réfléchir, pendant que Themerid pèse consciencieusement les choses et me ramène à la raison. Est-ce que je suis capable de jouer ce rôle pour lui ?

– Je te comprends, dit-il doucement. Cette injustice me rend malade aussi. Mais tu sais bien qu’il n’a pas choisi de mourir. Son visage, hier soir, était bien loin d’être apaisé. Il luttait. Ce n’est pas à lui qu’il faut en vouloir, mais au sort qui s’est acharné.

Il déplia les doigts crispés de Themerid et y joignit sa main.

– Quant au temps perdu... il faut oublier. Ne garder que les dernières lunes.

D’une poigne ferme, il obligea son frère à se tourner vers lui et posa son front sur le sien.

– Et nous ne sommes pas seuls. Nous avons Abzal, Renaude et Albérac. Et puis Godmert, Mélie, les filles... Et surtout, nous sommes deux. Nous allons descendre porter la dépouille de notre père, côte à côte.

Il serra sa main plus fort, pour lui communiquer son courage.

– Je t’aime, mon frère.

Themerid, toujours secoué de sanglots, caressa la joue de son jumeau.

– Je t’aime, répondit-il.

 

Le bûcher se dressait au bord de l’esplanade. Les ministres et les gens du château se tenaient sur deux rangs, de chaque côté. Le corps du roi fut amené depuis la grande porte, sur un brancard soutenu par les princes, Abzal et Barnoin d’Elmond. À leur apparition, un murmure parcourut la foule, en contrebas, comme une brise soufflant sur les milliers de têtes, puis s’envola. Le souverain fut déposé au centre du bûcher. Par trois fois, les porteurs s’inclinèrent, imités par l’assistance. Puis l’intendant du château tendit une longue torche à Abzal. Celui-ci l’alluma, puis l’enfonça entre les morceaux de bois. En quelques instants, sous l’effet de l’huile parfumée dont on avait couvert l’édifice, de hauts étendards de flammes s’élevèrent, tandis qu’une fumée blanche comme les cheveux d’Einold dissimulait la dépouille. 

Le régent ne quittait pas des yeux les braises qui consumaient son frère. Droit, immobile, il illustrait la dignité d’un nouveau dirigeant. Pourtant, non loin de lui, Venzald percevait la crispation de ses lèvres et ses paupières écarquillées par le chagrin qu’il s’efforçait de cacher. Un élan d’affection le traversa. Il revit son oncle effondré sur le corps du roi, la veille. Les larmes coulèrent sur ses joues, calmement et sans bruit, comme une source le long d’une pierre moussue.

C’est étrange, songea Venzald, je craignais que le chagrin m’envahisse, mais je parviens à lui résister. Je le sens qui me surveille, attendant l’heure de me submerger. Pourtant je ne le laisserai pas faire tant que mon frère sera si mal. Je ne l’ai jamais vu si abattu. Je voudrais prendre une part de sa douleur.

Alors qu’ils regardaient les flammes depuis une heure déjà, il sentit son jumeau tressaillir. Avant qu’il ait pu réagir, Themerid agrippa le devant de sa tunique et s’effondra sur les genoux en entraînant Venzald.

 

***

 

Themerid

 

Étendus sur leur lit, les princes guettaient les sons qui leur indiqueraient la fin de la cérémonie. L’assistance restait jusqu’à l’extinction de la dernière braise. Après quoi, elle s’inclinerait encore trois fois et s’éparpillerait simplement. En attendant, vidé de ses âmes, le château vibrait d’un silence oppressant. Les valets qui les avaient soutenus vers leur chambre étaient retournés sur l’esplanade. Seul Iselmar avait quitté la cérémonie pour ausculter le prince, mais il était à présent reparti vers sa salle de travail.

Themerid revivait les derniers instants devant le bûcher. En regardant brûler la dépouille de son père, la tristesse avait enfin pris le pas sur la rage. Son visage s’était trempé de larmes, ses épaules s’étaient voûtées. Et soudain, la gêne qu’il ressentait depuis la veille et qu’il attribuait au chagrin s’était muée en douleur fulgurante qui l’avait terrassé.

– Comment te sens-tu, maintenant ? demanda Venzald en observant la pâleur de son frère.

Avant que Themerid ait pu répondre, ils entendirent s’ouvrir la porte de leurs appartements. Pensant voir reparaître le médecin, ils furent heureusement surpris de découvrir Albérac.

– Je suis parti discrètement, avoua-t-il en s’approchant. Malgré toute l’estime que j’éprouvais pour le roi, je m’inquiétais trop à votre sujet pour m’astreindre à rester. Comment allez-vous, mon prince ?

– La douleur est moins vive, mais j’ai toujours l’impression que quelqu’un est assis sur moi.

Voyant le regard soucieux de son frère, Themerid ajouta :

– Ça diminue.

– Iselmar l’a examiné, compléta Venzald. Et moi aussi, par la même occasion, même si je lui ai répété que je me sentais parfaitement bien.

– Je crois que c’est seulement... le choc, murmura Themerid.

– Je lie ma peine à la vôtre, dit Albérac après un instant. J’admirais votre père. Il a été un souverain éclairé pour Cazalyne. Et je suis heureux que vous vous soyez rapprochés de lui, finalement.

Comme s’il avait deviné les sentiments de Themerid, il ajouta :

– Prenez les pas qu’il a faits vers vous comme un cadeau et non comme une trahison. Le chagrin s’apaise ; le regret d’une chose inaccomplie, jamais.

Le prince le remercia d’un faible sourire.

Une nouvelle fois, la porte s’ouvrit. Iselmar entra, tenant une timbale fumante. Il jeta un regard noir au maître d’étude, puis contourna le lit vers Themerid.

– Buvez, ordonna-t-il. Je vous en apporterai plusieurs mesures par jour jusqu’à ce que la douleur s’apaise complètement.

Themerid ingurgita le liquide avec une grimace. Il remarqua du coin de l’œil un geste d’Albérac aussitôt réfréné. Le précepteur voulait-il l’empêcher de boire la préparation ? Celui-ci continua à le fixer d’un regard inquiet, comme s’il s’attendait à le voir se transformer en pierre.

– Le prince doit se reposer, asséna le médecin à l’attention d’Albérac, en reprenant la timbale. Aussi je vous demande de bien vouloir quitter la chambre.

Songeur, Albérac s’inclina, puis sortit. Themerid oublia l’attitude du maître d’étude et ferma les yeux en espérant que l’obscurité le soulagerait. Le bûcher mortuaire lui revint aussitôt à l’esprit.

Quel lâche, se dit-il, quel faible je suis. Je n’ai même pas supporté cette épreuve. Si je m’écroule dès que les circonstances ne me sont plus favorables, qu’est-ce que je vaudrai, comme souverain ?

 

Dix jours plus tard, les gouverneurs des provinces affluèrent vers la capitale pour le Conseil Magistral. La plupart n’ayant pu arriver à temps pour les funérailles, ils profitèrent de l’occasion pour présenter leurs condoléances aux princes. Ceux-ci avaient quitté le lit après deux journées de repos, malgré les protestations d’Iselmar. Themerid éprouvait encore un poids sur la poitrine, mais par égard pour Venzald qui supportait mal l’immobilité — bien qu’il ne se plaigne pas —, il avait insisté pour se lever. Il était difficile de savoir si c’était le temps ou les potions du guérisseur qui atténuaient la douleur, mais quoi qu’il en soit, elle se résorbait lentement.

Abzal, désapprouvant cette trop rapide convalescence, les avait gentiment chassés du cabinet du roi qu’il avait désormais investi, sous prétexte que Themerid était encore trop fatigué. Désœuvrés, les jumeaux avaient rendu visite à plusieurs reprises aux demoiselles de Hénan. La famille s’était installée dans sa villa, tout près du château. Mélie organisait la maison et les sœurs arpentaient Terce, pour se familiariser à leur nouvelle vie et tromper leur peine. Le bras toujours bandé, Godmert ne pouvait se rendre à Listène pour entreprendre la reconstruction du castel, dont seule une partie des murs tenait encore. Il passait ses journées à pester contre le sort, la lenteur des messagers et les médecins. Il se présenta aux Cimiantes dans une humeur tempétueuse.

Abzal présidait le Conseil Magistral pour la première fois, assis dans le grand siège ouvragé où seul son frère avait pris place depuis quatre décennies. Themerid admira son apparente sérénité, mais remarqua des signes de nervosité. Le régent pliait et dépliait ses doigts, rajustait sans cesse sa ceinture et son col, ce qui ne trompait pas le prince. Ministres et gouverneurs, cependant, s’étaient tu dès son entrée, reconnaissant — sciemment ou non — son autorité. Ou tout au moins lui accordaient-ils une chance. Venzald dévisageait Abzal avec adoration. Ce dernier jeta un coup d’œil aux jumeaux, ses tics cessèrent et il prit la parole d’une voix claire.

– Nous ne traiterons qu’un seul point, aujourd’hui. Pour les gouverneurs qui n’en auraient pas eu écho, sachez que l’Ordre du Haut-Savoir avait envoyé une lettre au Conseil, faisant mention d’un marché.

Les ministres s’agitèrent, échauffés par le souvenir de la précédente séance.

– Silence ! cria Abzal pour étouffer les murmures et les questions. Ils proposaient d’approvisionner le royaume en blé aussi longtemps que les cultures souffriront de l’épidémie. En échange d’une liberté d’action sur leurs terres.

– Et de mon poste de grand prévôt ! ajouta Barnoin d’Elmond, sarcastique.

Abzal lui jeta un regard réprobateur, que personne ne vit, car un tonnerre de voix éclata autour de la longue table. Les ministres protestaient avec véhémence pour prouver qu’ils avaient retenu la leçon du Conseil précédent. Certains gouverneurs posaient des questions à propos de l’étrange condition exigée par l’Ordre, d’autres joignaient leur rejet à celui des ministres, tandis qu’une minorité tentait de faire entendre qu’il fallait accepter. Venzald, enthousiaste, chuchota :

– Il va décréter des mesures contre l’Ordre !

Themerid, plus circonspect, nota que seuls quelques hommes demeuraient silencieux. Godmert semblait un peu perdu, comme s’il avait du mal à se concentrer sur les affaires de Cazalyne plutôt que sur les siennes. Hoel d’Estrante, le gouverneur de Grandes Landes, se pencha vers la chevelure dorée de Warin, à ses côtés et lui murmura quelque chose en secouant frénétiquement de sa main à trois doigts la manche du jeune ministre. Celui-ci répondit par un sourire pincé, mais sitôt qu’Estrante le quitta des yeux, son visage se décomposa. Tout au bout de la table, Conrad de Bran, concentré, réservait ses réactions pour la suite. Il croisa le regard de Themerid qui lut que lui aussi se demandait pourquoi Abzal évoquait la proposition.

– Silence ! cria le greffier. Silence !

L’assemblée dissipée se calma avec peine. Le visage d’Abzal devenait de plus en plus gris. Il fixait un point dans le vide, au-dessus de la chevelure rousse du gouverneur d’Hiverine.

– J’ai décidé... commença-t-il d’une voix sourde. J’ai décidé d’accepter la proposition.

Un double hoquet de surprise, émis par Venzald et Barnoin d’Elmond, résonna dans le silence. Les bouches étaient ouvertes en mimiques ridicules, les paupières figées dans une parodie de stupeur. Themerid, sous le choc, regarda le teint de Conrad de Bran devenir violacé et se prépara à l’explosion, mais le seigneur Hoel fut plus rapide.

– Félicitations, seigneur Abzal, déclara-t-il en s’inclinant. C’est une preuve de bon sens. Il se trouve que j’ai accepté une proposition identique depuis plusieurs lunes et que le peuple de Grandes Landes s’en porte beaucoup mieux. Les concessions exigées valent largement le gain. Sachez que dans ma province, en plus de fournir du blé, les pélégris donnent la chasse aux bouchevreux. L’Ordre déteste cette vermine. Je vous le dis : nous avons tout à gagner à s’allier avec eux !

La main droite d’Abzal se plaqua sur sa paume gauche dans un mouvement réflexe, troublant l’immobilité à laquelle il s’astreignait, au moment où Conrad se leva en renversant sa chaise.

– Vous ne pouvez pas, hurla ce dernier en assourdissant l’assemblée. Votre frère y était opposé. Ses cendres n’ont pas fini de s’éparpiller de l’esplanade, et vous le trahissez déjà ? Refusez ! Refusez cette folie ou vous mènerez Cazalyne à sa ruine !

Pour toute réponse, le régent se tourna vers le greffier.

– Le Conseil est terminé, dit-il.

Il se leva et marcha vers la porte, indifférent aux vociférations de l’assistance qui s’était ranimée en écoutant les sombres prédictions de Conrad.

     – Il a perdu l’esprit ! souffla Venzald stupéfait.

 Themerid hocha la tête, mais il ne put répondre. Dans sa poitrine, la douleur s’était réveillée, aiguë, comme un cri de colère contre la trahison d’Abzal.

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Edouard PArle
Posté le 04/01/2022
Coucou !
Le revirement d'Abzal est loin d'être surprenant mais ça m'a quand même fait un sacré coup quand je l'ai lu ! Je suis tellement investi dans l'histoire^^
La deuxième attaque de Themerid est peut-être ce qui m'inquiète le plus dans ce chapitre. En général les PP voient leurs ennuis s'accumuler mais sans rarement touchés directement. Ca sent vraiment pas bon, j'ai un gros pressentiment.
Comme la poison, j'avais le sentiment qu'Iselmar était un salaud loyal. La potion qu'il donne aux princes semble fonctionner d'ailleurs. Mais le refus qu'Ensgarde voie le corps est si véhément qu'il ne peut venir uniquement de sa haine personnelle. Trouble personnage, tu l'as sacrément bien réussi.
"Je vous aime bien, ajouta-t-elle, même si je crois que vous n’êtes pas celui que vous prétendez." whaaaaaat ? t'as pas le droit de mettre autant de mystère dans une seule histoire là, c'es tropppp ^^ Ca ravive totalement mon intérêt pour le personnage qui m'intéressait déjà beaucoup pour son passé de voyageur.
Bref,
Trop Bien.
Je continue ...
Isapass
Posté le 04/01/2022
Tu ne peux pas savoir à quel point tes commentaires me font plaisir, ainsi que ton engouement pour l'histoire ! Tu vois, il faut que j'arrive à déclencher cet emballement beaucoup plus tôt, dès la partie 1 et surtout que je la maintienne dans la partie 2 malgré le changement de décor et l'ellipse temporelle...
Par rapport aux attaques de Themerid, tu te rappelais qu'il avait déjà montré des signes de faiblesses cardiaques dans la partie 2, lors de leur fugue ?
Héhé, Iselmar... c'est effectivement un autre personnage "gris". Tu as dû remarquer comme je les aime, ceux-là ;)
Quant à Albérac : il y avait déjà quelques endroits où on pouvait comprendre qu'il avait quelque chose à cacher (notamment lors de sa discussion avec Flore à propos des bouchevreux, au début de la partie 2). Mais qu'est-ce qu'il cache ?... Il ne pouvait pas être lisse ! C'est un peu chiant, les personnages lisses, hein XD
Edouard PArle
Posté le 04/01/2022
oui je m'en souvenais.
Et oui les personnages lisses ne sont pas légions xD
Fannie
Posté le 12/08/2020
On brûle le corps avant d’avoir recherché les causes de la mort, on renvoie Ensgarde, et Abzal accepte la proposition de l’Ordre… Là, on est vraiment mal barré. Et en effet, je n’avais pas tort de me méfier d’Iselmar depuis le début.
Et Themerid commence à m’inquiéter avec ses défaillances à répétition.
Bref, je sens que les événements sont en train de prendre une tournure fort déplaisante.
Coquilles et remarques :
— Il se dirigea vivement vers elle après que le jeune ministre lui ait murmuré quelque chose à l’oreille [lui eut murmuré ; « après que » doit être suivi de l’indicatif, ici l’indicatif passé antérieur]
— Je suis désolée, s’excusa Albérac dans la grande cour [désolé]
— En regardant brûler la dépouille de son père, la tristesse avait enfin pris le pas sur la rage. [Syntaxe disjointe ; après « En regardant », il faudrait continuer avec « il ». « Pendant qu’il regardait », peut-être ?]
— Comment te sens-tu, maintenant ? demanda Venzald [Je ne mettrais pas la virgule.]
— un geste d’Albérac aussitôt réfréné. / Le prince doit se reposer, asséna le médecin [La graphie classique est « refréné » et « assena », bien qu’elle ne soit pas logique.]
— qu’est-ce que je vaudrai, comme souverain ? [Je ne mettrais pas la virgule.]
— les avait gentiment chassés du cabinet du roi qu’il avait désormais investi [Investir veut dire assiéger, pas prendre, occuper ou envahir ; je propose « qu’il avait désormais conquis », « dont il s’était désormais emparé » ou « qu’il occupait désormais ».]
— pour se familiariser à leur nouvelle vie [avec leur nouvelle vie]
— – Il a perdu l’esprit ! souffla Venzald stupéfait. [Cette ligne est décalée, précédée d’une série d’espaces.]
— Themerid hocha la tête, mais il ne put répondre. [Espace indésirable avant « Themerid ».]
Isapass
Posté le 13/08/2020
Comme tu dis : là, c'est le vrai début des ennuis ! Je crois même que "tournure déplaisante" est un euphémisme ;)
Le cœur de Themerid montre des faiblesses, en effet, et tu te doutes sûrement que ça n'est pas anodin :)
Merci pour ton relevé de coquilles ! Tiens c'est marrant, antidote ne m'a pas corrigé "asséna" et "réfréné", il faudrait que je vérifie le paramétrage. Ou alors je trouvais ça tellement illogique que j'ai refusé la correction XD
Notsil
Posté le 21/06/2020
Oulalà....

La poison refoulée, le corps brûlé avant la moindre inspection.... elle a raison, Iselmar a changé de loyauté....

Themerid, 2 attaques en si peu de temps.... ça craint pour toi aussi.

Abzal, tu choisis donc la loyauté à l'Ordre, et tu n'avais pas vraiment juré, hein, pour ça ?

On découvre pourquoi y'a une province où tout allait bien, un allié de l'Ordre ! Breol, hein ? ^^

Les jumeaux vont vite déchanter, sous la régence, et découvrir l'amertume de la trahison....

Ça sent la scission dans le royaume...
Isapass
Posté le 21/06/2020
Tu es vraiment très attentive, ça fait plaisir !
Iselmar est chelou, je confirme ;)
Le pauvre Themerid en effet, il a un cœur fragile.
La province où tout allait bien, c'est Grandes Landes, et ce n'est pas Bréol le gouverneur, c'est Hoel d'Estrante. Mais ce n'est pas grave, il n'est pas très important. Bréol par contre, on va pas mal en entendre parler.
Cocochoup
Posté le 15/04/2020
Mais mais mais...
Mon petit cœur se fend en 2
Je peux pas croire qu'abzal soit un monstre.... Toutes ces années caché dans l'ombre pour trahir son sang 😢
J'espère que les princes vont le piétiner !!!
Isapass
Posté le 16/04/2020
Pour l'instant, je ne suis pas sûre que Themerid soit bien en condition pour piétiner Abzal. Mais c'est clair qu'il mériterait !
Slyth
Posté le 24/09/2019
J'ai soudain un horrible pressentiment qui m'étreint à la lecture de ce chapitre, plus particulièrement de ces derniers mots...
J'espère qu'il ne se vérifiera pas.

Mais j'aurais certainement l'occasion de revenir dessus.
Ça devient plus dur, émotionnellement parlant, de poursuivre.

(au cas où tu te poserais des questions, ceci est un commentaire écrit vraiment à chaud, directement après ma lecture)
Isapass
Posté le 24/09/2019
J'adore les commentaires à chaud ! ;)
Il parait que ça commence à remuer un peu, émotionnellement, oui... Je suis désolée de te secouer, mais je sais aussi que si ça te fait réagir, c'est que tu es dedans, donc je me réjouis quand même ;)
Bonne lecture, et merci pour ton commentaire !
Slyth
Posté le 24/09/2019
Ah pour être dedans, j'y étais carrément oui ! xD
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