CHAPITRE 27

Par Taranee
Notes de l’auteur : Et voilà ! C'est le dernier chapitre de cette partie ! Ce qui veut dire que la deuxième partie est terminée ! Il n'en reste plus que deux !
Bonne lecture, on se retrouve dimanche !

PRESENT : ELIJAH

 

            Il sortit son communicateur, les larmes aux yeux, les mains tremblantes, et l’alluma. Il y eut un bip, trois petits points apparurent sur l’écran noir et, enfin, la voix d’Evvy se fit entendre. Il n’y avait pas son image, cependant. Elle avait dû subtiliser un communicateur de première génération.

- Elijah ? Qu’est-ce qu’il y a ?

- Il… Il y a eu un problème, Evvy. Je dois rentrer au repère, maintenant. Ouvre la porte, s’il te plaît, rejoins-moi à l’entrée du repère, je t’expliquerai.

- « Je » ? Pourquoi « Je » ? Elijah, attend… Qu’est-ce qu’il se…

Il éteignit l’appareil. Il n’avait pas le cœur, pas la force de lui expliquer ça maintenant, alors qu’il n’était même pas face à elle. Il remit le communicateur dans la poche de son pantalon, essuya une larme qui coulait sur sa joue d’un geste rageur. Il avait envie de hurler, de frapper dans le mur. Il avait envie de tuer quelqu’un et de pleurer. Tout ça à la fois. Ses sentiments se bousculaient dans sa tête et une migraine pointait le bout de son nez.

- Merde !

Il donna un coup de poing dans le mur.

- T’es vraiment un imbécile ! Un putain d’incapable ! se réprimanda-t-il à voix haute.

Et comment il allait expliquer ça aux autres, au juste ? Comment leur dire que, la seule fois où il avait eu quelqu’un à protéger, il n’avait pas réussi ? Comment dire ça à Abigail, qui s’était prise d’affection pour Nethan, à Annia, sa meilleure amie qui vivait au repère en ce moment, et à Hilde, qui s’était occupée d’eux ? Comment allait-il l’annoncer à Jake, qui était responsable de tout le monde, chez les Libellules ? Il poussa un rire sardonique, ou peut-être un sanglot étouffé, il ne savait même pas, et se mit en marche. Il atteignit rapidement le quartier pauvre où il put quitter les ruelles étroites et sombres pour se mêler à la masse de gens des rues principales.

            Et Nethan, dans tout ça ? Capturée, emmenée de force, elle n’avait même pas pu se défendre, un chasseur lui avait planté une seringue dans le bras, un annihilateur temporaire de pouvoirs. Le tout nouveau jouet des chasseurs de prime. Conçu spécialement par le LERM pour capturer les mages. Qu’allait devenir la fillette ? Elle allait retourner au LERM, et elle y serait seule, elle n’aurait personne à qui s’accrocher. Quel traitement lui réservaient-ils ? Quelles expériences atroces allaient-il lui faire subir ? Tais-toi ! supplia-t-il son imagination. Par pitié, tais-toi. Ill se rendit compte qu’il s’était arrêté de marcher et qu’il se tenait la tête entre les mains. Les passants lui jetaient des regards intrigués où emplis de malaise. Il devait bouger. Il quitta les grandes rues, prit à droite, vers le cœur du quartier pauvre, vers le Dédale. Il marchait mécaniquement, plongé dans une torpeur qu’il ne voulait quitter. Il ne voulait pas penser à Nethan, il ne voulait pas penser à son incapacité à la protéger. Il parcourut rapidement le chemin qui le séparait du labyrinthe de rues et arriva devant l’entrée principale du Dédale.

            Il s’y enfonça, tournant parfois à droite ou à gauche, au coin d’une rue, se repérant par habitude, sans vraiment y réfléchir. Il passa devant le petit parc où Abigail lui avait donné rendez-vous pour la première fois, et aussi devant l’immeuble où il s’était caché avec Nethan. Il passa devant le foyer de Hilde, qui n’était pourtant pas sur la route, et devant l’immeuble qu’Ethan avait fait tomber, lors de leur course poursuite avec les chasseurs de prime. Il passa encore devant pleins d’endroits qui avaient signifié quelque chose pour lui et se rendit compte qu’il avait perdu beaucoup de temps. Alors il décida de se mettre en route pour de bon et ne fit plus de détours. Il traversa le Dédale jusqu’à son recoin le plus clair mais aussi le plus désert, là où se trouvait la bouche des anciennes voies du TMIZ. Il mit plusieurs secondes à remarquer la silhouette qui était arrêtée là, tournant la tête d’un côté et de l’autre, comme pour essayer de savoir où elle se trouvait. Elijah fronça les sourcils.

            Ce n’était pas Evvy, ça, il en était sûr. Cette personne était plus grande qu’elle, carrée d’épaules. C’était un homme. Ce n’était pas non plus quelqu’un des Libellules car il n’aurait pas eu cet air perdu. Elijah s’approcha d’un pas lent et aussi discrètement qu’il le put. L’homme lui tournait le dos. Elijah pouvait voir ses cheveux noirs, ses habits qui n’étaient pas originaires de Nirim : Une tunique sobre, une cape bleu saphir. Puis il se tourna, et Elijah put découvrir sa peau mate délicate, son visage inquiet et ses muscles fins. Et ses yeux. Deux corbeaux noirs qui vous transperçaient dès que vous les regardiez. Lui. Pourquoi était-il là ? Et comment ? Que faisait-il devant l’entrée du repère ? Elijah bondit hors de sa cachette, l’appela.

- Hé, toi !

L’intéressé sursauta, regarda dans toutes les directions avant de le voir. Il recula d’un pas, puis deux, se tenant prêt à déguerpir si cela s’avérait nécessaire. Puis, tout-à-coup, il plissa les yeux. Il semblait être en train de réfléchir. Enfin, ses muscles se détendirent, il s’approcha d’Elijah qui prit la parole en premier.

- Qu’est-ce que tu fais là, comment es-tu arrivé sur notre face et, bon sang, Jio, pourquoi tu te balades tout seul à découvert, comme ça ?

L’adolescent secoua la tête comme pour balayer toutes ces questions. Il attrapa les épaules d’Elijah. Le mage de soins constata qu’il avait beaucoup plus de force qu’il ne le laissait paraître à première vue.

- Elijah, j’ai besoin de toi, Nethan m’a appelé tout à l’heure, elle avait l’air paniquée, je ne sais pas ce qui lui est arrivé ! Elle criait mon nom, et aussi le tien, je ne sais pas où elle est, je crois qu’elle a besoin d’aide ! Tu sais où elle est, toi… Non ? Après tout, tu es son plus proche ami…

L’intéressé ouvrit de grands yeux étonnés. Nethan… Il était au courant, alors. Pas de tout, mais la fillette l’avait appelé, lui. Il était venu jusqu’ici juste pour elle, juste parce qu’elle avait l’air terrorisée. Aurait-il fait ça pour quelqu’un d’autre ?

- Elijah. reprit-il, visiblement inquiet : Dis-moi que tu sais où elle est, dis-moi qu’elle va bien, s’il te plaît !

- Je sais où elle est, oui.

- Vraiment ?

Il y avait tellement d’espoir dans sa voix, tellement de soulagement… Elijah ne pouvait pas le laisser dans l’ignorance, même s’il n’approuvait pas son amitié avec Nethan, il ne pouvait pas lui cacher ça. Et même s’il ne savait pas comment il était arrivé sur la face sciento-magique, même s’il ne connaissait pas ses objectifs, il lui devait au moins ça. Alors il prit une inspiration, retint ses larmes, pour ne pas montrer de faiblesse devant cet ancien ami qu’il considérait maintenant comme un rival, et dit, d’une voix presque inaudible, brisée :

- Jio. Nethan s’est fait capturer par des chasseurs de prime.

 

 

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