Chapitre 28 : Cœur lourd
Themerid
Une nouvelle fois, les princes furent transportés jusqu’à leur chambre, par Conrad et Barnoin d’Elmond. Themerid, crispé, s’efforçait de repousser par l’esprit la poigne d’acier qui lui étouffait le cœur, tandis que Venzald, paniqué, l’assommait de questions, lui enjoignant de lui décrire la douleur, son intensité, et demandant s’il l’entendait. Lorsqu’ils furent étendus, le géant d’Hiverine dut élever la voix pour que Venzald cesse de s’agiter. Iselmar, prévenu par un garde, apporta sans tarder une mesure de sa potion, qu’il administra gorgée après gorgée au prince souffrant, en soutenant sa tête. Tous guettèrent en silence l’effet de la préparation, les yeux rivés sur Themerid qui se décontracta après quelques instants. L’inquiétude s’effaça du visage du médecin qui reprit son habituelle sévérité.
– J’ai dû augmenter la proportion de la plante active, morigéna-t-il. Or, c’est une substance puissante qui n’est pas sans danger.
Il pointa Venzald du doigt.
– Pas de fantaisie cette fois. C’est moi qui déciderai si vous pouvez vous lever. En attendant, mes princes, repos complet.
Il s’inclina d’un mouvement sec avant de sortir.
Le grand prévôt, Conrad et Venzald observaient toujours Themerid, qui récupérait lentement, paupières closes.
– Pourquoi a-t-il accepté ? demanda ce dernier sans ouvrir les yeux.
Conrad souffla par le nez comme un corneux prêt à charger et Barnoin se décomposa.
– C’est à n’y rien comprendre, se désola le grand prévôt. À croire qu’il a perdu la tête, lui, pourtant si admiratif de son frère...
Il chercha l’assentiment du gouverneur d’Hiverine qui se contenta de garder le silence.
– J’irai lui parler en sortant d’ici ! s’exclama d’Elmond. Il a certainement pris cette décision de manière précipitée, il faut l’inciter à y réfléchir avec calme.
– Il ne reviendra pas dessus, déclara Conrad, laconique.
Themerid approuvait. Pour une raison inexplicable, Abzal venait sciemment de vendre le royaume.
– Il faut essayer, au moins ! cria Barnoin en quittant la pièce d’un air résolu.
– J’espère qu’il réussira à le convaincre, dit Venzald quand la porte se fut refermée derrière lui. C’est vrai que la situation devient préoccupante, la famine menace. Mais l’Ordre... juste après que Père ait juré de les chasser. Leur marché cache forcément quelque chose ! Je ne saisis pas ce qui a pu pousser Abzal.
Il secoua la tête pour illustrer son ignorance.
– J’ai bien peur qu’il soit trop tard pour comprendre, laissa tomber Conrad, le regard perdu au-delà d’une des fenêtres. Il a scellé le sort du royaume. À partir d’aujourd’hui, tout ce que nous pourrons faire, c’est résister.
Il s’inclina, la main sur la poignée de son épée.
– Je vous souhaite de vous porter vite mieux, mes princes. Souvenez-vous que ma lame reste au service de Cazalyne, et au vôtre.
***
Venzald
Les heures s’écoulèrent dans l’attente d’une visite miraculeuse qui apprendrait aux deux frères qu’Abzal s’était ravisé, mais personne ne vint. Themerid glissait par intermittence dans un sommeil lourd que Venzald s’efforçait de préserver, malgré son envie dévorante d’arpenter les couloirs jusqu’au cabinet royal. Il brûlait de comprendre le choix de son mentor. Il devait forcément exister des raisons stratégiques qu’il ne devinait pas. Abzal ne s’était sans doute pas rendu compte de la confusion qu’il avait laissée au Conseil, sinon, il se serait expliqué. Il lui suggérerait de faire part de ses arguments aux ministres pour apaiser la situation. Ou encore...
– Themerid, je sais pourquoi Abzal a choisi cette option ! dit-il dès que son frère ouvrit un œil.
– Pourquoi ? marmonna ce dernier d’une voix ensommeillée.
– Il veut leur tendre un piège ! C’est sûr !
Themerid considéra cette hypothèse avec soin, mais il resta dubitatif.
– Dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir expliqué ?
– Parce qu’il pense que certains membres du Conseil sont liés à l’Ordre ! À raison, d’ailleurs, si l’on en croit la déclaration de ce fourbe d’Hoel d’Estrante.
– Mais il aurait pu nous le dire, à nous.
Avant que Venzald ait pu tenter une explication, un valet annonça la visite des demoiselles de Hénan.
– Nous avons appris que vous étiez de nouveau alités, nous sommes donc venues aussitôt, s’écria Flore en s’asseyant au chevet de Themerid et en lui prenant la main.
Venzald, un pincement au cœur que ce ne soit pas la sienne, s’accorda un instant pour savourer le profil de la jeune fille. Il l’avait toujours vu porter ses cheveux détachés, voletant à la moindre brise, mais elle arborait ce jour-là une coiffure savante qui dégageait son cou gracile, jusqu’au col échancré de sa tunique prune rebrodée de rose. Depuis que les trois sœurs étaient arrivées à Terce, le prince était bouleversé par la beauté de Flore à chacune de leurs rencontres. Sur les traits de sa compagne de jeu — si familiers qu’il pouvait les convoquer derrière ses paupières closes dès qu’il le désirait —, sur ses intonations douces, sur ses gestes aériens, une saveur sensuelle s’était ajoutée. Une plénitude qui transformait le duvet de l’oiselle en un plumage lisse et somptueux. Ses hanches étaient menues, mais imprimaient quand elle marchait un balancement nouveau à l’étoffe de son bouffetin. Un voile suave sur sa voix déclenchait des frissons sur la nuque de Venzald. Elle possédait à présent la substance charnelle d’une femme.
Il se vit soudain l’enlacer, détaché de son frère, pour sentir contre lui sa gorge palpitante, son souffle sur sa bouche. Il se reprocha aussitôt cette vision et resta un instant hébété, sourd à la conversation, tant cette image de lui sans Themerid lui semblait contre nature.
Alix, qui s’assit sur le lit à ses côtés aussi simplement qu’à Arc-Ansange quand les princes restaient couchés pour un refroidissement, le ramena à la réalité.
– Père nous a dit que le Conseil avait été agité, lança-t-elle en enroulant sa tresse rousse autour de son index. Il parlait très fort avec de grands gestes quand il est revenu. C’est lui qui nous a appris que Themerid était malade.
Elvire, restée à l’écart depuis leur entrée comme à son habitude, s’avança enfin vers le lit.
– Est-ce... grave ? interrogea-t-elle un peu brusquement en désignant d’un geste vague le torse de Themerid.
Elle posait la question comme si la réponse ne lui importait qu’à demi, mais un tremblement dans sa voix la trahit.
– C’est gênant, dit le malade. Le sort nous impose quelques émotions fortes ces derniers temps. Or, je m’effondre sans arrêt. Mon frère doit en avoir assez de finir sur les genoux à cause de moi.
Son ironie arracha un rire à Alix et à Flore, et un soupir faussement agacé à Venzald. Seule Elvire resta grave. Elle s’assit sans un mot au pied de Themerid et s’affaira à refaire sa longue natte aux reflets cuivrés, comme si rien d’autre n’importait.
– Que s’est-il donc passé, ce matin ? demanda Flore.
Les princes racontèrent en détail le Conseil, interrompus de temps à autre par les réactions des demoiselles. La séparation s’effaçait, ils étaient ramenés au temps de leurs conciliabules à l’ombre des écuries, lorsqu’ils devaient s’accorder sur le choix du prochain jeu. Même si aujourd’hui le sujet s’avérait bien plus préoccupant, ils retrouvaient la confiance d’autrefois, libres de tout partager.
– Hoel d’Estrante a raconté fièrement qu’il avait déjà passé un marché avec l’Ordre, révéla Themerid. Il a ajouté que le peuple de Grandes Landes ne s’en portait que mieux.
– « Les concessions exigées valent bien ce prix, et en plus ils nous débarrassent des bouchevreux », singea Venzald avec l’accent précieux du gouverneur. Comment peut-il avouer sans une once de remord qu’il a désobéi à notre père ? Il ne m’a jamais plu, celui-là.
– Dans un peu plus d’un an, vous monterez sur le trône, lança Alix en agitant un doigt menaçant comme si Hoel d’Estrante se trouvait devant elle, et là, vous pourrez le révoquer et donner la gouvernance à quelqu’un d’autre !
Le sens politique de la benjamine arracha un éclat de rire à Venzald. Si tout pouvait s’avérer si simple !
– Le seigneur Hoel a dit que l’Ordre les débarrassait des bouchevreux ? répéta Flore, le visage douloureux. Qu’est-ce que ça signifie ? Ils les chassent ? Ils les tuent ?
– Je ne sais pas, répondit Themerid, surpris.
– Cela te contrarie beaucoup, on dirait, remarqua Venzald.
Flore et Elvire s’interrogèrent mutuellement du regard.
– Oui, déclara finalement l’aînée d’une voix dure que les princes ne lui connaissaient pas. Depuis longtemps, la haine qu’on voue à ces gens me heurte. Je me suis toujours demandé si elle était justifiée. La simple évocation de leur nom suffit à provoquer l’effroi ou le dégoût, pourtant personne ne sait rien à leur sujet. Mais moi j’en ai connu.
– Quoi ? s’écria Alix.
– Nous en avons connu, rectifia Elvire en prenant la main de Flore.
Après avoir fait promettre le secret à Alix, elles racontèrent les rendez-vous avec la petite Sara, puis la rencontre avec sa mère. Elles expliquèrent pourquoi l’injustice de leur situation les avait bouleversées et comment elles avaient tenté de les aider. Quand elles en arrivèrent au soir où Godmert leur avait appris la mort de Carem et de la fillette, le chagrin les submergea. La même nuit, le castel avait été attaqué, il avait fallu fuir. Il s’était passé tant d’évènements qu’elles n’en avaient pas reparlé. Leur deuil inachevé se mêlait à présent à celui de leur ancienne vie à Arc-Ansange. Elvire posa la tête sur l’épaule de sa sœur.
Les princes avaient écouté en silence, émus par la réaction de leurs compagnes plus que par le récit. Les questions soulevées par leurs propos ne les avaient jamais effleurés.
– Nous aussi nous avons rencontré des bouchevreux, dit soudain Venzald. Je l’avais presque oublié. Ils nous ont recueillis quand nous nous sommes enfuis de Tourrière, un peu avant notre départ pour Terce.
– C’est vrai, se rappela Themerid. L’homme était réservé, mais il nous a nourris et hébergés plusieurs jours durant. Et la vieille femme... je ne sais pas trop pourquoi, son souvenir me donne envie de sourire.
– C’est pareil pour moi. Je reconnais que ces gens ne nous ont semblé ni dangereux ni effrayants, dit Venzald, surpris par ce constat. Mais... s’ils sont détestés, parfois exécutés depuis des centaines d’années, ça ne peut pas être sans raison ! Père les considérait comme des bêtes sauvages !
Il se tourna vers son frère pour avoir son avis mais la pauvreté de cet argument lui sautait déjà aux oreilles. Pour une fois, Themerid n’apaisa pas ses tourments.
– J’ai bien peur que ce ne soit pas suffisant. Après tout, nous sommes bien placés pour savoir que notre père n’a pas toujours fait les bons choix.
– Un jour, Maître Elric m’a dit que la plupart des gens craignent ce qu’ils ne connaissent pas, dit Flore. Je crois que c’est l’unique explication.
– Si c’est une injustice, il faut veiller à ce qu’elle soit réparée ! s’écria Venzald.
– Comment pourrions-nous en apprendre plus sur eux ? demanda Themerid.
– L’autre jour, intervint Alix à la surprise générale, j’ai entendu un homme venu rendre visite à Père lui dire qu’il y avait des bouchevreux qui vivaient dans les faubourgs. Je m’en souviens parce que ça m’a fait peur. Mais maintenant...
– Nous allons tenter de nous renseigner, annonça Flore avec un sourire de remerciement vers sa benjamine.
– Promets-moi... enfin, promettez-nous de rester prudentes, supplia Venzald.
Themerid étouffa un bâillement.
– Nous allons partir ! s’exclama Elvire. Nous t’empêchons de te reposer.
Pendant que ses sœurs prenaient congé de Venzald, Elvire s’avança vers Themerid.
– J’espère de tout cœur que tu te porteras vite mieux, dit-elle dans un mélange de brusquerie et de timidité qui lui fit rosir les joues.
– Serais-tu préoccupée par ma santé ? la taquina le prince. Eh bien ! Nous qui avons toujours cru que tu nous détestais...
Elvire ne rit pas. Pour toute réponse, elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel, boudeuse.
***
Abzal
– Entrez, cria Abzal en réponse aux coups frappés à la porte du cabinet.
Il reconnut la silhouette voûtée d’un des maîtres-juristes.
– Alors, demanda-t-il. M’apportez-vous la réponse ?
– Oui, seigneur Abzal, annonça l’homme d’une voix aussi huileuse que son attitude. Après débat, les cinq juristes du royaume sont arrivés à la même conclusion, en se basant sur la Loi Régalienne et sur l’édit du roi Einold. Nous avons statué que tant qu’ils sont vivants tous les deux, les princes ne pourront régner qu’ensemble.
Le vieux guetta une approbation sur son visage impassible. Comme, elle ne vint pas, il poursuivit.
– En revanche, si l’un des héritiers mourait et que l’autre survivait, ce dernier pourrait gouverner seul. Je ne vois pas très bien comment, avec le cadavre de son frère suspendu à son épaule, ajouta-t-il, interloqué. Cette mesure est donc purement hypothétique.
En l’absence de réaction de son interlocuteur, le juriste reprit son air professionnel.
– La mort avérée des deux princes reporterait le trône sur la branche des de Kelm.
– Bien, merci, vous pouvez disposer.
Une fois le maître-juriste sorti après plusieurs courbettes obséquieuses, Abzal transcrivit sur un parchemin ce qu’il avait appris. Il plia la lettre et y fit couler de la cire, puis appliqua un sceau dépourvu de gravure. Il irait la porter plus tard, en main propre.
Qu’est-ce que l’Ordre allait faire de cette information ? Et lui, pouvait-il s’en servir ?
***
Venzald
Le lendemain, Barnoin d’Elmond fut introduit auprès des jumeaux. Il avait revêtu une tenue de voyage et Venzald lui trouva la mine lugubre.
– Comment vous portez-vous, mes princes ? demanda-t-il après s’être incliné.
– Mieux, répondit Themerid. Je n’ai presque plus mal, mais le seigneur Iselmar ne nous permet pas encore de nous lever.
– Nous sommes coupés du château, intervint Venzald. Donnez-nous des nouvelles, seigneur Barnoin. Avez-vous pu parler au régent ?
Le ministre baissa les yeux. Une grande tristesse se lisait dans ses gestes.
– Hélas, il n’a même pas accepté de me recevoir. Il est enfermé dans son cabinet depuis le Conseil et n’écoute plus personne. Enfin personne... apparemment, certains se sont entretenus avec lui.
– Que voulez-vous dire ? s’exclama Themerid, pressentant le pire.
– J’ai été informé ce matin — par lettre ! – que j’étais destitué de mes fonctions. Matifas Bréol est le nouveau grand prévôt du royaume.
Abasourdis, les princes ne purent réagir ni l’un ni l’autre.
– C’est pour ça que je suis venu, pour vous dire au revoir. Je rentre dans mon domaine, en Correuse.
– Non ! laissa tomber Venzald. Vous ne pouvez pas partir, vous étiez déjà ministre bien avant notre naissance ! Cette fouine de Bréol ? À votre place ? Ce n’est pas possible...
– Croyez bien que je le regrette, mon prince. Malheureusement, je ne possède pas le pouvoir de changer les choses. Je souhaite pour Cazalyne et pour vous que le régent réalise vite qu’il commet une erreur.
Sa visite laissa les deux frères troublés et agités. Ils assistèrent à son départ depuis la fenêtre de leur chambre. Il était le dernier conseiller de leur père qui avait aussi connu la reine Blanche. Lorsqu’il dépassa la porte de la grande cour, il jeta un ultime coup d’œil aux cinq tours des Cimiantes. La vue de sa silhouette courbée, tassée sur son cheval, déformée par le verre des vitraux, rendit soudain tangibles les changements profonds qu’impliquait la décision d’Abzal.
– Matifas Bréol ? demanda tout à coup Themerid. Mais la lettre du Haut-Savoir exigeait qu’un Érudit soit nommé à la prévôté. Ça voudrait donc dire que Bréol appartient à l’Ordre ?
– Ça alors...
– Nous devons aller voir Abzal, ça ne peut pas attendre !
– Il ne pourra pas refuser de nous recevoir, nous, asséna Venzald. Nous sommes les futurs souverains !
Ils s’habillaient quand la porte de leur chambre s’ouvrit justement sur leur mentor. Ils se dévisagèrent un instant dans une gêne palpable. Puis Abzal plaqua sur son visage un sourire faussement réprobateur.
– Je vois que j’arrive à temps ! lança-t-il comme s’il n’avait ressenti aucun embarras. Vous alliez vous lever, malgré l’interdiction d’Iselmar ? Ce n’est pas prudent.
Il désigna le lit d’un doigt autoritaire.
– Allons, allons, retournez vous allonger.
– Votre visite tombe à point nommé, dit Themerid tandis que les jumeaux s’exécutaient. Nous voulions discuter du dernier Conseil.
Le régent perdit son sourire.
– Ça attendra, trancha-t-il. Je suis venu pour vous faire part d’une mesure que j’ai prise...
Son teint vira au rouge et Venzald chercha le regard de son frère. Le sérieux de leur oncle ne lui disait rien de bon.
–... et qui vous concerne, ajouta-t-il.
Il inspira profondément, sous les yeux scrutateurs des jumeaux.
– Cela va sans doute vous paraître extrême, se lança-t-il, mais vous devez savoir que c’est pour votre protection.
Tendu, il les dévisageait avec intensité, comme s’il les suppliait de comprendre sa position.
– Croyez-moi, à partir de maintenant, ni vous, ni moi, nous ne sommes en sécurité. Le danger peut arriver n’importe quand. C’est pourquoi, ajouta-t-il en baissant les yeux, vous ne quitterez plus vos appartements.
– Quoi ? s’exclama Venzald
– Vous ne pouvez pas ! cria Themerid au même moment.
Abzal fuyait déjà vers la sortie.
– J’ai placé deux gardes devant la porte, annonça-t-il en partant, pour vous aider à suivre mes ordres et vous éviter des tentations. Rassurez-vous, ils ont pour instruction de laisser entrer les visiteurs.
Les princes se précipitèrent vers lui. Venzald attrapa son bras pour le retenir.
– Vous nous emprisonnez ? dit froidement Themerid, le regard fixé dans le sien.
Le régent cilla, puis contempla la main de Venzald serrée autour de son coude. Il la détacha doucement et la conserva dans la sienne, avec tendresse.
– Pour votre bien, murmura-t-il les yeux baissés, pour votre bien...
Soudain, un masque de stupeur se plaqua sur ses traits. Il lâcha son neveu et recula jusqu’à se cogner au mur de pierres en sursautant comme si on l’avait frappé. Il sortit de la chambre en courant presque.
– Abzal ! cria Venzald. Revenez !
Il voulut s’élancer derrière lui, mais Themerid ne suivit pas. Venzald n’eut que le temps d’apercevoir la main crispée sur l’étoffe de la tunique au moment où son frère s’écroulait en l’entraînant.
– À l’aide ! hurla-t-il. Abzal, à l’aide !
À plat ventre, le souffle coupé par la chute, il fixait le visage sans connaissance de son jumeau en guettant des pas salvateurs. Mais tout ce qu’il entendit fut la fuite d’Abzal qui résonnait dans le couloir.
Le personnage d'Abzal est génialissime, je ne parviens plus du tout à le cerner... Chacun de ses actes me paraît plus inattendu que le précédent. Que dire...
"le prince était bouleversé par la beauté de Flore à chacune de leurs rencontres." c'est carrément glauque mais si Themerid venait à mourir, leur amour serait possible^^
"La mort avérée des deux princes reporterait le trône sur la branche des de Kelm." ça confirme ma théorie pour l'instant. (ou bien c'est le frère de Lancel le manteau bleu ? possible aussi mais il m'avait paru si sympathique que je l'avais écarté, sans doute une erreur)
En tout cas la fin de chapitre est carrément inquiétante, Themerid que t'arrive-t-il donc ?
Tu peux pas faire des conclusions de chapitres satisfaisants ? Là je suis obligé de continuer xD
Ben, oui, pauvre Venzald, il a presque 16 ans, normal qu'il ait les hormones qui le travaillent un peu, d'autant que ça fait longtemps que Flore lui fait de l'effet. Mais tu as bien compris : ses fantasmes en la matière lui posent un vrai conflit de loyauté par rapport à son frère. Je trouvais ça intéressant qu'au moins un des deux joue avec l'idée de la séparation et de ce qu'elle changerait dans sa vie. Et l'idée que ça puisse apporter du positif cause immédiatement de la culpabilité...
Hé hé, les deux frères de Kelm semblent évidemment tout indiqués pour profiter de la mort potentielle des princes, d'une manière ou d'une autre... Wait and see ;)
Ah bon, Baudri t'avait paru très sympa ? En un chapitre ? Ok. En même temps, ça ne me fait pas très peur de rendre sympathique des personnages qui s'avèrent en fait parfaitement monstrueux, hein !
Ah ben, les fins de chapitres, il faut que les cliffhangers soient béton, sinon c'est pas drôle ;)
Je suis ravie que tu soies embarqué comme ça !
Coquilles et remarques :
— juste après que Père ait juré de les chasser [a juré ; « après que » doit être suivi de l’indicatif]
— J’ai bien peur qu’il soit trop tard pour comprendre, laissa tomber Conrad / Non ! laissa tomber Venzald. [Pourquoi « laissa tomber » ? En fait, je ne comprends pas suffisamment le sens de ces incises pour te proposer des équivalents.]
— Il l’avait toujours vu porter ses cheveux détachés [vue]
— Comment peut-il avouer sans une once de remord qu’il a désobéi à notre père ? [de remords ; le « s » final reste au singulier]
— Comme, elle ne vint pas, il poursuivit. [Il faut enlever la virgule après « Comme ».]
— Je souhaite pour Cazalyne et pour vous que le régent réalise vite qu’il commet une erreur [que le régent se rende vite compte, comprenne vite ; l’emploi du verbe « réaliser » est déconseillé dans le sens atténué de se rendre compte]
— Il ne pourra pas refuser de nous recevoir, nous, asséna Venzald [graphie classique : assena]
— Cela va sans doute vous paraître extrême, se lança-t-il, mais vous devez savoir que c’est pour votre protection. [Pourquoi « se lança-t-il » ? Là non plus, je ne comprends pas suffisamment pour faire une proposition. En fait, cette incise pourrait être supprimée.]
— Croyez-moi, à partir de maintenant, ni vous, ni moi, nous ne sommes en sécurité [Je dirais « ni vous, ni moi ne sommes en sécurité »]
Durant cette quinzaine, je ne vais espacer mes commentaires, mais je reprendrai un rythme normal dès le 24 août, idéalement de 5 par semaine.
C'est vrai que ce chapitre contient un détail qui peut permettre de comprendre des choses, mais je crois que personne ne l'a vu. C'est pas grave, moi ça me ravit de le savoir là (on trouve sa satisfaction où on peut !)
Merci pour ton relevé, ta lecture et tes commentaires !
Prends, ton temps, je t'en prie ! De toute façon, à ce rythme, tu auras bientôt fini le tome 1 (voire le tome 2 si tu as prévu de le lire).
J'espère qu'il souffre de ses visions, le Abzal :) Dire qu'il était si sympathique malgré ses défauts, au départ...
Mais du coup, pas de visite de la poison pour Themerid... j'espère que les filles pourront leur servir, ça va rester leurs seules alliées dans ce château.
Et Bréol, la fouine, nommé à un poste où il va pouvoir condamner vite et bien tous ceux qu'on soupçonne d'être bouchevreux... oh lala, Flore, ça craint pour toi !
Yep, c'est Bréol qui est au poste de grand prévôt... Comme tu dis, ça craint ! ;)
En plus, il se trouve que ce chapitre marque justement un tournant dans les motivations déjà un peu tordues d'Abzal...
Et en effet, il est un bouchevreux mais ordonne leur élimination. Ceci dit, ce n'est pas parce qu'il est bouchevreux qu'il les apprécie.
Merci pour ton passage et ton retour !
Je comprend plus rien. Abzal trahi mais veut protéger les princes.
Il est du côté de l'ordre qui chasse les bouchereux alors qu'il en est un lui même.... Mais que de passé t il ??
T'inquiète : il y aura une explication globale à la fin du tome... 2 ! XD