​​​​​​​Chapitre 27 : Le libérateur

Par Isapass

Chapitre 27 : Le libérateur
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Venzald

 

En quelques jours, les Kearnéens reprirent possession de leur province. Comme aucun gouverneur n’avait été nommé à la place du précédent — jugé pour haute trahison à la suite d’un Conseil Magistral au début de la régence et décédé en prison —, Venzald désigna le bourgmestre de Pallius comme remplaçant intérimaire. Fils d’une famille enracinée dans la région depuis des siècles, il était apprécié de la population qui salua le choix du prince. Il s’entoura de subordonnés qu’il sentait capables de faire respecter les décisions et l’équité. Parmi eux figuraient quelques femmes et plusieurs devineurs. Que ces nominations obéissent aux propres convictions du nouveau gouverneur ou à un calcul pour lui plaire, Venzald laissa le bénéfice du doute et approuva.

Il s’adressa à la population rassemblée pour expliquer en quoi consistait la mange-pensée, tentant de démontrer que les bouchevreux ne représentaient pas de danger. Les moues dubitatives qui persistaient de loin en loin dans l’assistance à la fin de son discours disaient qu’il faudrait du temps, mais il était optimiste.

Les réserves de nourriture et le bétail trouvés au Haut-Collège furent distribués. Les habitants des campements regagnèrent leurs fermes, pourvus de yérélithe et de semences, et remplis de l’espoir d’une prochaine moisson abondante. Ceux qui avaient trop perdu pour rentrer chez eux se proposèrent pour aider chez les autres ou s’engagèrent dans l’armée de Kearn pour garder les frontières contre d’éventuelles tentatives de reconquêtes du Haut-Savoir. Cependant, d’après les informations recueillies par Themerid auprès de Lancel de Kelm, il y avait peu de chances que cela se produise. L’Ordre n’avait en effet jamais livré bataille pour occuper un territoire puisqu’il privilégiait les machinations politiques.

Venzald, lui, avait reçu une formation militaire et stratégique dispensée par Albérac et par les plus hauts commandants de l’armée d’Einold. Elle était certes restée théorique, mais lorsqu’il quitta le Kearn suivi par un millier de volontaires qui, comme lui, voulaient libérer le royaume, il tenait pour certain que ses connaissances, alliées à son pouvoir et à la présence des bouchevreux un peu partout dans le pays, lui donnaient l’avantage contre les Érudits et leurs soldats.

 

Lorsque l’armée de Cazalyne — comme Alix la baptisa — entra en Quartenac, le prince oscillait entre une parfaite sérénité et l’impression de se trouver au cœur d’un tourbillon qu’il ne maîtrisait pas vraiment. Un tourbillon qui lui donnait certes une puissance incroyable, mais qui risquait aussi de le broyer à tout moment. Le passage en quelques jours du groupe clandestin des cinq compagnons où chacun connaissait son rôle à une armée qui le considérait comme son chef naturel lui donnait le vertige. La présence de son grand-père, d’Ensgarde, d’Alix et même d’Albérac — il devait le reconnaître — le réconfortait au-delà de toute mesure.

Préférant ne pas s’attarder sur ses états d’âme, il reproduisit la tactique de Pallius à chaque ville et village rencontré : il contactait les devineurs et les désespérites des environs en premier lieu. La plupart de ceux-ci, subjugués par son pouvoir, se mettaient à ses ordres. Ceux qui se trouvaient à l’extérieur des remparts venaient renforcer les rangs, tandis que ceux de l’intérieur s’arrangeaient pour faire entrer des troupes qui s’emparaient des points stratégiques de la ville presque sans coup férir. Les habitants des bourgs libérés œuvraient ensuite à leur nouvelle organisation ou se joignaient au prince. La capitale de province, Sancrune, fut conquise de manière identique. Les pélégris rencontrés sur la route n’opposaient pas de résistance et fuyaient généralement à l’approche de l’armée.

Au contraire du Kearn, la province de Quartenac abritait plusieurs Hauts-Collèges. Les cinq premiers furent pris avec la même facilité que celui de Pallius et fournirent des épées et des lances pour les combattants qui s’étaient joints à eux avec leur fléau ou leur fourche. Le dernier — celui qu’avait dirigé Lancel de Kelm — était une véritable forteresse implantée au bord d’un plateau dominant une large vallée. Grâce aux indications du commandant des pélégris de Terce, cependant, et aux effectifs qui composaient maintenant l’armée de Cazalyne renforcée des recrues de Quartenac, Venzald et Albérac y parvinrent avec la conviction que le combat était gagné d’avance, malgré le nombre de soldats qui résidaient là.

L’attaque confirma leurs prévisions, à tel point qu’ils commencèrent à soupçonner que quelque chose leur échappait. Trois cents pélégris à cheval les attendaient aux portes du domaine. Face aux trois mille hommes qui les encerclèrent, ils n’eurent guère le temps de produire de dégâts avant d’être abattus. L’armée déferla dans le Haut-Collège comme une vague de tempête et liquida les deux cents soldats et la poignée d’Érudits qui s’y trouvaient en quelques instants.

– De Kelm avait parlé d’une garnison d’au moins mille pélégris, s’étonna Venzald pendant que les réserves étaient chargées sur des chariots, les chevaux regroupés et les armes distribuées aux combattants. Nous en avons à peine affronté la moitié.

– Les villageois voisins disent qu’ils les ont vus fuir vers le nord à l’aube, rapporta l’un des chefs de bataillon.

– Alors nous les retrouverons en Correuse.

– Ou à Terce, dit Albérac, le visage soucieux.

 

Quartenac — ainsi qu’une partie de la Correuse — fut entièrement libéré en une vingtaine de jours. Le prince et son armée bifurquèrent vers Grandes Landes. La rumeur les avait devancés dans les plaines céréalières de la province du sud, ce qui avait amené la population à se rebeller sans attendre l’arrivée des sauveurs. D’autant qu’ici encore, la concentration de pélégris avait beaucoup diminué. Les dernières forces de l’Ordre éparpillées dans les villages et les petites bourgades furent balayées en quelques jours. Hoel d’Estrante, le gouverneur qui avait ouvertement soutenu le Haut-Savoir depuis toujours, fut retrouvé mort à l’issue de la libération de la capitale, Restecoeur. Comme il n’avait pas fait grand-chose pour la province hormis ponctionner des taxes depuis des décennies, Venzald ne fut ni surpris ni attristé par l’évènement. On craignit un moment que l’Ordre envoie des renforts depuis le royaume de Marmane, mais aucune troupe ne survint par les hautes montagnes qui marquaient la frontière.

– Finalement, le pays aurait pu se libérer sans nous ! constata Alix, traduisant à voix haute les pensées du prince.

Et pourtant, cela ne s’était pas produit.

Themerid confirma à son frère la prédiction d’Albérac : les pélégris refluaient vers Terce. Des camps aux couleurs du Haut-Savoir se multipliaient au sud de la ville. Soldats et Érudits semblaient attendre des ordres ou prévoyaient simplement d’assiéger la capitale. Pour le moment, ils étaient trop dispersés, mais leur nombre s’accroissait chaque jour. Themerid annonça aussi que les Hiveriniens, qui guettaient depuis des lunes le signal de Conrad, se préparaient à chasser les rares membres de l’Ordre qui avait survécu au climat et aux habitants hostiles de la province septentrionale et à marcher sur Terce.

Venzald conduisit son armée vers l’Orityne puis l’Altamonte qui subirent le même sort que leur voisine, et enfin à travers Bartillane où le réseau des résistants avait préparé le terrain.

 

Trois lunes après l’arrivée des voyageurs, ils campaient à la frontière entre la province de Bartillane et celle de Tercebrune sous la première chute de neige. Autour d’eux, l’armée de Cazalyne occupait une vingtaine d’arpents. Elle comptait à présent presque dix mille combattants, augmentés par des arrivées régulières. Il avait fallu désigner des généraux, eux-mêmes se chargeant d’établir la hiérarchie de leurs bataillons. Parmi eux, Calur commandait les sept cents devineurs et désespérites à qui Venzald confiait des missions particulières qu’il pouvait diriger de loin. La plupart du temps, c’étaient eux qui entraient en éclaireurs dans les villes grâce à l’aide de leurs pairs vivant à l’intérieur. Leur rôle les avait fait passer du statut d’indésirables à celui de héros. Ne serait-ce que pour ce changement, le prince ne regrettait pas sa décision de ne pas rejoindre Terce directement depuis le Kearn. Cependant, il était maintenant temps de rallier la capitale. Peut-être même trop tard : probablement selon un plan défini par avance ou par réaction à l’avancée de l’armée, les troupes du Haut-Savoir avaient reflué en masse vers le Mont de Cordelle et assiégeaient à présent la ville et ses faubourgs. Si la libération des provinces du sud et de l’est avait à peine nécessité quelques batailles, celle de Terce promettait une lutte de longue haleine. Après les trois jours de récupération accordés aux hommes qui avançaient à marche forcée — certains depuis trois lunes — ils iraient constater d’eux-mêmes ce qui les attendait, songeait le prince avec appréhension.

– Il faut essayer ça, déclara Ensgarde en brandissant sous le nez de Venzald une plante grisâtre et ligneuse aux feuilles bordées d’épines.

Elle venait d’entrer dans leur tente — il avait été hors de question pour les cinq compagnons qu’ils ne continuent pas à voyager ensemble — et sa cape était couverte de neige qu’elle fit tomber sans façon sur le tapis de sol.

– Pour votre frère, la potion, précisa-t-elle en remarquant l’air interloqué du garçon. Qu’il transmette à Iselmar d’ajouter de la dent d’argent. Mais très peu.

– Je lui dirai, promit-il lorsqu’il comprit enfin. Qu’est-ce que ça fera ?

– Ça ralentit et ça atténue les mouvements du cœur. S’il boit ça juste avant un effort, comme celui que demande l’utilisation de votre pouvoir dans toute son ampleur, pour appeler tous les devineurs d’une province par exemple, son cœur s’affolera moins.

– Ce n’est pas risqué ?

– Ça l’est toujours, répondit laconiquement la rebouteuse en s’asseyant près du poêle de camp.

Venzald ouvrit la bouche pour protester, mais il s’interrompit. Ensgarde ne perdrait pas son temps à le rassurer juste pour lui faire plaisir.

– On ne sait même pas s’il en aura besoin, marmonna-t-il. Il faudrait déjà que je parvienne jusqu’à lui. Et puis, il ne se produira peut-être rien de plus lorsque nous serons réunis.

Ensgarde plissa les yeux.

– Ça m’étonnerait, asséna-t-elle. Votre pouvoir a encore augmenté depuis que nous avons pris pied en Cazalyne. Vous parlez aux désespérites, maintenant. D’ailleurs, la sœur de la petite ? Votre amoureuse ?

À l’autre bout de la tente, Alix étouffa un rire qui fit rougir Venzald.

– Je ne crois pas qu’elle puisse m’entendre, nous sommes encore trop loin de Terce, répondit-il en tentant d’ignorer la contraction qui lui serrait la gorge en l’absence de nouvelles de Flore. Et même si c’était le cas, je n’en saurais rien : les désespérites ne peuvent pas me répondre puisqu’ils n’ont pas de pouvoir.

 

***

 

Elvire

 

– Attends, s’il te plaît, dit Themerid.

La jeune femme s’arrêta avant de passer derrière l’écran où elle se changeait, sa chemise de nuit sur le bras.

– Je voudrais te parler avant de partir, ajouta-t-il, en réponse à son regard surpris.

Il lui désigna une causeuse où elle s’assit, le cœur battant. Allait-il enfin oser les gestes qu’elle-même n’avait pas trouvé le courage de faire ? Il faut dire qu’ils ne s’étaient pas beaucoup vus ces derniers temps. Terce grondait sous la rumeur des exploits de Venzald et les débuts d’émeutes se multipliaient. La résistance œuvrait à calmer les esprits pour éviter les bains de sang de la sévère répression que Keil Fadom, le nouveau grand prévôt, n’hésitait pas à lancer sur le peuple. Parallèlement, le réseau préparait des opérations d’envergure pour porter à l’Ordre des dommages significatifs. À présent, Themerid allait jusqu’à se rendre au repaire en plein jour sous un déguisement et lorsqu’il restait aux Cimiantes, il s’arrangeait pour rencontrer Warin ou Lancel. Elle s’était même demandé s’il l’évitait volontairement sans parvenir à trancher. Et puis, elle aussi était occupée. Son père, qui s’ennuyait de Mélie et de son domaine, lui rendait très souvent visite. Il lui racontait ses petites victoires sur le Haut-Savoir quand il réussissait à augmenter les quantités de blé à acheminer vers les provinces, ce qu’il faisait de plus en plus, car Fadom était moins regardant sur le sujet que Bréol. Elle était si fière de lui qu’elle limitait ses sorties par loyauté — il continuait à croire qu’elle n’avait pas mis un pied en dehors des Cimiantes depuis le début de la régence — sans pour autant se résoudre à lui parler de la résistance. L’entrée de Godmert dans le réseau aurait en effet signé définitivement la fin de son autonomie. Elle s’en voulait d’agir de manière aussi égoïste, mais elle tenait à son petit rôle et surtout, elle avait prévu de participer à la libération des écoles de filles.

À présent que Themerid et elle étaient enfin réunis, il allait se passer… quelque chose, elle en était certaine. D’ailleurs, se jura-t-elle en le regardant s’asseoir auprès d’elle, si ça ne venait pas de lui, elle agirait, cette fois !

L’air si grave qu’il en semblait triste, le prince lui prit la main dans les siennes. Ce contact inhabituel donna un frisson à Elvire et provoqua en elle une vague de timidité qui l’empêcha de relever les yeux.

– Je suis très fier de t’avoir protégée de Bréol en t’épousant. Je sais tout ce que tu as fait pour moi pendant mon long sommeil. Tu m’as sauvé, et je suis heureux d’avoir pu faire de même pour toi. C’est cela qui nous lie, plus que les signatures que nous avons apposées sur un parchemin. Cela et tout ce que nous partageons depuis notre enfance à Arc-Ansange.

– Oui, nous sommes liés, répéta Elvire dans un murmure en se délectant de ces mots.

– Et ça ne changera jamais.

Themerid prit une grande inspiration avant de poursuivre :

– Mais nous savons tous les deux que notre mariage n’en est pas vraiment un. Nous nous aimons beaucoup, comme un frère et une sœur, mais nous ne sommes pas amoureux.

Elvire eut la sensation d’une gifle ; la même douleur, la même humiliation. Elle chercha à retirer sa main, mais il la retint dans les siennes comme pour être sûr qu’elle l’écouterait jusqu’au bout.

– Aussi, je veux que tu te sentes libre de… d’aller voir ailleurs si tu en as envie. Ne soyons pas prisonniers de cette alliance. Elle a joué son rôle et elle ne peut se dissoudre, mais elle n’a plus lieu d’être. Si un jour Venzald et moi nous montons vraiment sur le trône, tu seras quand même reine. Et nous serons toujours amis et confidents. Mais que cela ne nous interdise pas de connaître l’amour ou…

Il ne termina pas cette phrase, mais il lâcha enfin sa main.

– Qu’en penses-tu ?

Elle aurait voulu le frapper, voilà ce qu’elle en pensait. Elle se sentait stupide d’avoir cru qu’il la désirait, d’avoir espéré un signe pendant des lunes. Elle le détestait de lui avoir fait subir cette mise au point, avec sa mine faussement empathique alors qu’il n’était pas fichu de lire en elle. Il était cependant hors de question de lui montrer la tempête qui sévissait dans son esprit.

– C’est un bon arrangement, souffla-t-elle avec un sourire forcé, alors que le mot lui donnait la nausée.

Le visage de son cher et tendre mari se crispa. Il n’espérait peut-être pas qu’elle prendrait sa proposition aussi bien ? Tant mieux !

– Alors c’est parfait, dit-il en se levant.

Elle le suivit des yeux, impatiente de le voir disparaître. À la porte, pourtant, il s’arrêta, parut réfléchir à ses mots, puis sortit finalement sans rien dire.

Dans le silence, des sanglots lui montèrent aussitôt à la gorge. Elle était si serrée qu’ils s’échappèrent en hoquets ridicules tandis qu’elle cherchait son souffle. Elle n’allait pas se laisser dévaster, pourtant ! Elle ferma les paupières pour retenir les larmes, inspira, puis elle attrapa le délicat paravent en bois précieux et en frappa le sol de toutes ses forces jusqu’à le réduire en morceaux.

Alors qu’elle regardait autour d’elle pour chercher autre chose à détruire, sa servante entra.

– Le seigneur Godmert demande à vous parler, dit-elle en feignant de ne pas voir les débris.

Son père n’avait pas attendu. Il s’arrêta sur le seuil en pointant un doigt étonné sur le reste de toile.

– Eh bien, que t’arrive-t-il donc, ma guerrière ? demanda-t-il tandis que la domestique s’éclipsait. Ton mari t’en fait déjà baver ?

Il éclata de son grand rire, sans voir à quel point sa plaisanterie mettait à mal la résolution d’Elvire de ne pas pleurer.

– Assieds-toi, parvint-elle à articuler.

Godmert parut soudain grave.

– J’ai pris une décision, ma fille. Je vais fouiller moi-même la ville à la recherche de ta sœur. Je ne vais pas rester les bras croisés sans savoir ce qu’elle est devenue. Je veux croire que cette tête de mule se cache quelque part — va comprendre pourquoi — et qu’il suffirait de la raisonner pour qu’elle revienne ici, à l’abri. Si ce n’est pas cela, ajouta-t-il d’une voix qui se voila, c’est qu’elle s’est mise dans de sales draps et je ne veux pas envisager ça.

– Oh père ! Retrouvez-la, elle me manque tant ! Laissez-moi vous accompagner !

Godmert se dressa d’un bond, projetant son gros ventre devant lui comme un bouclier.

– Certainement pas ! tonna-t-il. Ah, mais vous êtes plus impossibles les unes que les autres ! Pourquoi crois-tu que je suis aussi inquiet pour Flore ? Parce que la ville menace de s’incendier d’un jour à l’autre, nom d’un louble ! Il y a des émeutes partout ! Je ne vais pas te placer en plein milieu de ce capharnaüm pour en extraire ta sœur, réfléchis ! J’ai déjà sans doute perdu une fille, peut-être deux, je te garantis que je mettrai tout en œuvre pour garder la dernière.

Il poursuivit en agitant un index sentencieux devant son nez :

– Je t’interdis de quitter ce château, hein ? Mariée ou non, si j’apprends que tu as fait un pas dans la rue, je serai tellement en colère que tu ne voudras même plus sortir de tes appartements de peur de tomber sur moi, ma mignonne. Quant à ton époux, il m’entendra, ce drôle, pour ne t’avoir pas assez surveillée !

Rouge de fureur, il se dirigea vers la porte qu’il ouvrit à la volée, puis sortit sur un « Je te tiens à l’œil ! » retentissant.

Elvire referma le battant en le claquant de toutes ses forces. Des deux hommes qu’elle aimait, l’un la privait de liberté, et l’autre lui en donnait quand elle n’en demandait pas ! Elle ferait donc comme Flore, exactement comme elle voulait. Et si cela pouvait faire regretter ses paroles à Themerid, encore mieux ! D’ailleurs, elle savait très bien comment s’y prendre pour ça.

 

***

 

Abzal

 

Le souffle court, l’estomac retourné, le régent regardait les flocons tournoyer lentement jusqu’à ses mains posées sur la rambarde. Il lui fallut un instant pour comprendre qu’il était de nouveau dans la réalité. Autour de lui, l’atmosphère avait pris ce gris et ce silence presque solides des jours de neige. Juste avant, tout brûlait ; l’air résonnait de hurlements déchirants, de tintements d’armes, de craquements de bois calciné.

Ce n’est pas vrai, se força-t-il à croire, pas encore.

Cette vision de Terce en flammes le hantait depuis des années, mais il n’avait jamais pu s’habituer à sa violence.

Des pas prudents crissèrent sur la fine couche de neige derrière lui. Son cœur se mit à battre plus fort et sa gorge se serra sans qu’il comprenne pourquoi. Il n’osait pas tourner la tête de peur de découvrir que ce n’était qu’un garde ou un valet venu lui transmettre un message. La démarche lente ne correspondait pas, cependant. Quelqu’un voulait le voir, lui !

– Vous avez eu une vision, n’est-ce pas ? demanda la voix de Renaude. Je vous ai vu par une fenêtre.

Il considéra son visage sévère, son regard froid. Il n’y avait pas beaucoup de pitié dans ces yeux-là. Pourtant elle se tenait là, devant lui, sur cette terrasse couverte de neige, au risque de tomber.

Sans qu’il l’ait décidé, il se jeta dans ses bras comme un petit enfant et se mit à sangloter sur son épaule. Il sentit la vieille femme se raidir, mais elle ne s’écarta pas. Au bout d’un moment, elle l’enlaça en tapotant son dos jusqu’à ce que ses larmes se tarissent.

– Vous êtes donc tellement seul, constata-t-elle enfin en le repoussant pour l’obliger à la regarder.

Il s’essuya les yeux et tenta de reprendre une contenance.

– Depuis toujours, souffla-t-il.

Elle secoua la tête avec une moue de reproche.

– Mais tous vos choix vous ont mené vers l’isolement.

Il acquiesça ; que pouvait-il faire d’autre, alors qu’il s’enfonçait inexorablement dans un désert depuis des années ?

– Est-ce qu’ils savent ?

– Themerid a vu la marque dans votre main, répondit Renaude après réflexion. Il en a déduit son ascendance. J’ignore s’il l’a dit à Venzald.

– Il… doit me détester de lui avoir transmis cette hérédité.

Levant les yeux au ciel, la nourrice laissa échapper un soupir agacé.

– Non ! Ce n’est pas pour cela qu’il vous en veut ! Vous avez trahi Einold et livré le royaume au Haut-Savoir, la mange-pensée est le cadet de ses soucis, voyons !

Surpris, Abzal ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire.

– Il est sans doute trop tard pour que ces enfants vous pardonnent, dit Renaude en lui serrant l’épaule, mais ça ne veut pas dire que vous devez renoncer à réparer le tort que vous leur avez causé.

 

Abzal entra sans attendre de permission dans le cabinet de travail du grand prévôt. Keil Fadom ne décolla même pas les yeux de son parchemin. Le régent se dirigea droit vers la table et abattit son poing sous le nez de l’Érudit qui lui concéda un regard.

– Levez-vous devant votre régent ! asséna-t-il. Je suis venu vous transmettre mes ordres. Vous cesserez dès à présent les exécutions massives de prisonniers que l’on m’a rapportées depuis quelques jours. Vous les avez engagées sans m’en référer et je m’y oppose. On m’a aussi parlé de tortures. Cela non plus je ne le tolérerai pas, nous ne sommes pas des monstres.

Une bouffée de fierté gonfla sa poitrine tandis qu’il attendait l’assentiment de Fadom sur son visage impénétrable. Il le connaissait mal, d’autant que le nouveau prévôt le sollicitait beaucoup moins que l’ancien. Quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas être pire que Bréol.

Keil Fadom se leva comme il l’en avait prié. Il se déplia lentement de son siège, dardant sur Abzal un regard si métallique que ce dernier sentit s’échapper une part du courage qui l’avait mené jusqu’ici. En trois pas, l’autre fut sur lui, à trois pouces, la bouche tordue vers le bas par un mépris profond.

– Je ne sais pas pourquoi vous êtes indispensable à mes Maîtres, dit-il — il n’avait pas crié, pourtant le régent eut envie de se recroqueviller dans un coin —, mais j’obéis aux ordres et je ne vous tuerai pas. En revanche, je sais ce que vous êtes, malgré vos yeux marron. Une abomination. Exactement comme celles que je fais pendre tous les jours. Je dois vous épargner, mais je ne vous autorise pas à me parler, ni même à vous approcher de moi. Vous ne comptez pas, c’est moi qui commande. Sortez.

Le sang d’Abzal se glaça. Ce n’était pas du mépris, mais du pur dégoût qui s’affichait sur les traits de Fadom. Celui qu’il avait toujours redouté ; celui qu’il avait tellement voulu éviter qu’il avait préféré brader le royaume, l’affection des jumeaux, la mémoire de son frère… Il recula vers la porte et s’enfuit à travers les couloirs.

 

***

 

Le manteau bleu

 

Le vent était en train de tourner. À Terce, le Haut-Savoir tenait toujours les rênes, mais dans le reste du royaume, les pélégris étaient en déroute. L’armée qui marchait sur la capitale était de taille à mettre fin aux plans de l’Ordre. Il était temps de changer de côté.

Ça ne ferait pas une grande différence pour lui, d’ailleurs. Car le plan, c’était lui. Il bouillait de colère à l’idée de leur avoir obéi pendant toutes ces années. N’avait-il pas accompli lui-même les étapes les plus importantes, finalement ? Le seul mérite des Érudits, c’était de lui avoir révélé qui il était vraiment. Et peut-être, il en convenait, d’avoir effectué un peu de nettoyage ; mais rien dont il n’aurait pu se charger lui-même ! Avec ou sans le Haut-Savoir, il pouvait toujours accéder à son but. Il vaudrait mieux, alors, appartenir au camp des vainqueurs.

Or, justement, il avait enfin réussi à s’introduire au sein de la résistance. S’il parvenait à jouer sa place habilement, il pourrait faire partie des héros. Et après la mort de ses petits princes chéris, qui le peuple pourrait-il mieux accepter sur le trône que le libérateur de Cazalyne ?

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Edouard PArle
Posté le 30/01/2022
Coucou !
Le manteau bleu dans la résistance... Godmert ? Renaude ? Je suis vraiment pas en mesure de faire une hypothèse solide malgré ce nouvel indice^^ Je me suis dispersé dans tellement de directions que je suis perdu. Sans cette histoire de succession je serais resté à fond sur Lancel donc je n'exclus pas tout à fait cette piste car tu es capable de m'avoir entourloupé^^
Première apparition de Fandom qui semble à la hauteur de sa charge... Abzal n'a pas fait le poids, d'autant que son secret est connu. (mais il pensait que Fandom ne le connaîtrai pas donc le Haut-Savoir a apparemment d'autres moyens de pression ?) En vrai c'est bien de le voir parce qu'après la mort de Bréol et le début de la reconquête, le Haut-Savoir faisait de moins en moins peur.
Le Haut-Savoir se replie vers Terce pour préparer un affrontement ultime qui risque d'être sanglant... Je ne peux pas m'empêcher de penser que le Haut-Savoir (et notamment les 10 maîtres) prépare une mauvaise surprise ultime.
Par rapport à l'acceptation du peuple que les princes soient bouchevreux je trouve ça un peu léger pour l'instant. Ca fait des décennies qu'on les considère comme un mal et là ils sont presque des héros. Surtout quand la guerre sera finie, si le Haut-Savoir disparaît ils redeviendront aux yeux de certains la principale "menace". J'avoue que je ne sais pas trop comment tu pourrais faire, peut-être que les princes gardent leur particularité cachée dans un premier temps et ne la disent qu'après une grande victoire au summum de leur popularité ? Enfin je dis ça en court de lecture, peut-être que tu développeras cette histoire d'acceptation (ou pas) dans les prochains chapitres.
Mes remarques:
"La plupart du temps, c’étaient eux qui" -> c'était
"Vous êtes donc tellement seul," donc et tellement je trouve que ça ne fait pas naturel
Hâte d'avoir le fin mot de cette histoire...
A bientôt(=
Isapass
Posté le 31/01/2022
Je ne commenterai pas tes hypothèses sur l'identité du manteau bleu, évidemment. Pour la piste de Lancel... s'il n'est pas héritier du trône, il peut aider quelqu'un d'autre à s'en emparé, hein... Je dis ça, je dis rien (sifflote...)
Fadom est assez sympa, dans un genre un peu différent de celui de Bréol, héhé ! En tout cas, Abzal ne fait pas le poids contre lui, et de loin ! Ce n'est pas tant qu'il croyait que Fadom ne connaissait pas son secret, mais c'est surtout qu'il a eu un genre de fulgurance qui lui a donné du courage, mais tout s'est évaporé vite fait face à Fadom. Abzal est un lâche et on ne se refait pas...
No comment pour la mauvaise surprise en préparation...
C'est intéressant ta remarque sur l'acceptation des bouchevreux. Je vais peut-être supprimer cette impression qu'ils sont vus comme des héros, parce qu'en effet, je ne veux pas que ça paraisse si simple.
""La plupart du temps, c’étaient eux qui" -> c'était" : euh... non. Si tu passes au présent, tu diras "ce sont eux qui..." ;)
Merci pour ta lecture ! Tes commentaires m'ont manqué ce week-end ;) (je plaisante, hein, je ne veux pas te mettre la pression !)
A+
Edouard PArle
Posté le 31/01/2022
"Tes commentaires m'ont manqué ce week-end ;)" Vu que j'arrive près de la fin je ralentis ^^ Ne me dis pas que tu n'as jamais fait ça pour un livre que tu aimais bien ahah
Mais j'ai prévu une petite heure de lecture ce soir, on verra jusqu'où je vais^^
Rachael
Posté le 24/12/2021
Tu nous expédies la libération de Cazalyne en deux temps trois mouvements. Cela paraît presque trop facile et on se dit que l’Ordre n’était qu’une baudruche gonflée par des machinations politiques, malgré des contingents de soldats. On se demande un peu comment l’armée de 10000 soldats arrive à se nourrir, vu que la famine menaçait juste avant. Est-ce que l’Ordre a des réserves de provisions un peu partout ? ce serait éventuellement bien de le mentionner.
Ah, le malentendu se poursuit entre Elvire et Théméride. Ils sont un peu niais, quand même… mais pourquoi dit-il « nous ne sommes pas amoureux » ? Cela ne correspond pas à sa réalité, il aurait pu peut-être le formuler autrement pour laisser planer le doute sans mentir (parce que je ne vois pas pourquoi il dirait délibérément qu’il n’est pas amoureux, même s’il refuse de dire qu’il l’est ?)
Du coup, si tu veux modifier ce qui les concerne, je continuerai à te dire ce qui me chiffonne par rapport à eux deux, ça pourra te servir.
Retour du manteau bleu… Ca fait longtemps (depuis le tome 1) que je pense que c’est Godmert (mais je ne me rappelle plus ce qui avait mené à cette conclusion), et c’est toujours dans les possibilités… ne serait-ce que par élimination.


Détails
Themerid annonça aussi que les Hiveriniens, qui guettaient depuis des lunes le signal de Conrad, se préparaient à chasser les rares membres de l’Ordre qui avait survécu au climat et aux habitants hostiles de la province septentrionale et à marcher sur Terce : phrase un peu longue, on ne sait plus à qui fait référence le « à marcher sur terce »
les troupes du Haut-Savoir avaient reflué en masse vers le Mont de Cordelle et assiégeaient à présent la ville et ses faubourgs : techniquement, elles n’assiègent pas, puisque la ville leur appartient déjà…
Isapass
Posté le 27/12/2021
L'idée était justement que ça paraisse trop facile puisque, comme tu l'as vu par la suite, il y a un piège qui se referme ensuite sur Venzald et son armée. Mais je pense que je n'ai pas assez mis en valeur cet aspect-là. Pour ce qui est de al nourriture, les Hauts-Collèges ont en effet beaucoup de réserves (on le voit quand l'armée de Venzald prend le collège de Kearn), mais peut-être faudrait-il que je le précise plusieurs fois ?
Pourquoi Themerid dit-il qu'il n'est pas amoureux ?... euh, par fierté ? Pour ne pas avoir l'air de quémander son attention au moment où il lui dit justement qu'elle peut aller voir ailleurs, pour qu'elle se sente libre de le faire sans le blesser ? Bref, ça me parait explicable, même si, comme tu le dis si bien, c'est niais ! De toute façon, je verrai quand je modifierai cet affaire-là.
No comment sur ton hypothèse Manteau bleu = Godmert : tu es si près de la fin que je te laisse la vérifier ;)
Rachael
Posté le 28/12/2021
Ah, fierté, quand tu nous tiens.. Oui c'est explicable, et on devient vite niais dans les "affaires de coeur".
Notsil
Posté le 28/06/2020
Eh bien eh bien, tout s'accélère, on voit qu'on approche de la fin !
Venzald fait le job avec sa petite armée, héros, libérateur... peut-être que c'est un peu trop facile, d'ailleurs. Renaude, et ses "juste un peu, hein".... ça laisse pressentir un potentiel accident....

Elvire / Themerid : ah, la mauvaise communication.... ça conduit à des mauvaises choix, et la remontrance de papa, c'est la cerise sur le gâteau. Que vas-tu faire comme bêtise, Elvire ?
Themerid, c'est pas parce que à l'instant T elle ne t'aime pas qu'elle n'ai pas susceptible de changer d'avis... hein ^^
(d'ailleurs certes c'était dans la précipitation, mais il n'est pas censé y avoir une coutume genre montrer le drap, les commérages des serviteurs, pour jouer sur le fait qu'il y ait doute ou pas sur la consommation du mariage ?)

Abzal. Il essaie, hein, le pauvre ^^ Mais le courage c'est vraiment vraiment pas son truc... et le nouveau gars connait son secret. Tiens tiens.
Tout juste pour... garder son secret, en fait. Ah la la.

Manteau bleu, le retour. Lancel, ou Baudri le mystérieux ? Ou un autre surprise ? Je suis perdue :)
Isapass
Posté le 29/06/2020
Quoi ? Renaude, un accident ? Rhooo la pauvre... Tu me prêtes de bien mauvaises intentions ! XD
Ah oui, gros ratage de com entre Elvire et Themerid, et Godmert qui en rajoute une couche... Alors j'ai choisi de botter en touche pour la tradition du drap tâché, parce que bon, quelle horreur... Et pi ça m'arrangeait pas XD
Abzal est revenu au degré zéro du courage, en effet...
"Manteau bleu, le retour. Lancel, ou Baudri le mystérieux ? Ou un autre surprise ? Je suis perdue :)" : gniark gniark gniark, je suis ravie... Pourtant, dans le chapitre précédent, j'ai encore mis un indice qui permettait de deviner :) Bon, j'avoue, il est un peu caché... Voilà, sur ce, je te laisse réfléchir :P
Tac
Posté le 03/06/2020
Yo !
J’ai été vachement plus sympa sur ce chapitre ! En vrai, il passe bien. Surtout que c’est le retour fracassant du retour d’Abzal le lâche, j’adore ! C’est fou le nombre de fois où Abzal fait une apparition, tout fier de son courage retrouvé tout à coup, décidé à faire quelque chose, enfin ! et puis il repart la queue entre les jambes, encore plus terrifié qu’auparavant. C’est extraordinaire, vraiment.
J’ai retrouvé la variété des tons, ce qui joue aussi c’est la tournant des points de vue, avec les persos variés et les scènes qui sont très différentes les unes des autres. J’ai conscience que dans le précédent chapitre ce n’est pas possible, mais je pense qu’il ya quand même de quoi s’inspirer, histoire de produire un effet semblable ou approchant. Mais bon je maintiens que ça va quand même assez vite et que j’ai assez envie de te dire de calmer le jeu, de prendre un peu plus ton temps. Pas qu’on puisse respirer en termes d’intensité, mais en termes de densité et surtout qu’on puisse se visualiser les choses. Genre elles ont quelles tronches les émeutes à Terce ? si la répression est si forte et avec toutes les troupes qui doivent être présentes avec les arrivées des troupes des autres régions, a priori tu dois plus pouvoir bouger un doigt sans que ça se sache, en fait. Et ok, les troupes du Haut Savoir sans chef n’ont aucune stratégie ni direction, mais que Venzald puisse récupérer aussi tranquillement autant de régions, ça me fait très bizarre. Peut-être que ça s’inscrit dans un plan plus large du HS, mais je ne le sens pas, contrairement au T1 où on sentait tous les engrenages se mettre en place irrésistiblement. Là je ne sens plus la machine machiavélique si terrifiante mais qui me donnait envie de tourner les pages pour savoir ce qui allait se produire. Là j’ai l’impression que le HS se carapate, juste, et ça perd tout de sa prestance et de son aspect effrayant. Donc si ce carapatage est volontaire, peut-être manque-t-il un pdv qui nous instruise un minimum, même de manière nébuleuse et mystérieuse, sur la stratégie en place ? je ne sais pas si ce serait la meilleure façon de le faire, mais je lance l’idée. D’autant plus qu’avoir toutes ces troupes autour de Terce ça ne me semble pas non plus ultra malin : au bout d’un moment, certes tu tiens la capitale, mais ça ne t’avance pas à grand-chose. sans compter tous les problèmes logistiques d’approvisionnement etc. et faut tenir et occuper tes troupes, aussi. Bref, je suis quand même très suspicieuse de cette stratégie qui n’a pas vraiment l’air, selon moi, d’en être une telle que présentée actuellement dans le chapitre.
Mes remarques au fil de ma lecture :
Ce survolage de la reprise des villes passe très bien à mes yeux ! C’est fort malin de donner ce rôle héroïque aux bouchevreux, mais je doute que les gens se laissent convaincre pour autant de leurs préjugés. Quand ceux-ci sont ancrés dans les mœurs depuis autant de décennies voire de siècles, je pense que les gens, même s’ils sont contents d’abord, finiront par dire que c’était par opportunisme que les bouchevreux ont aidé à abattre le Haut Savoir. Tu peux imaginer mille théories du complot expliquant leur aide et pourquoi ils demeurent malgré tout des sous-humains qu’il faut ostraciser si ce n’est trucider. (c’est une vision pessimiste mais je pense à ce qui se passe dans notre monde à nous, malheureusement)
« À l’autre bout de la tente, Alix étouffa un rire qui fit rougir Venzald. » Je crois qu’Alix est définitivement mon perso préféré
MAIS QUOIIIIIIIIIIIIIIIII tu nous as encore trompééééééééés ???????? Themerid est SI nul que quand il a lu les pensées d’Elvire sans son consentement il ne les a même pas lues correctement ???? Ou ses sentiments ont évolué ? Aaaaaah je te déteeeeeste ! (ou bien tu t’es laissée convaincre par sorryf qu’Elvire et Themerid devaient finir ensemble ? elle était pas team Lancel ? BREF) (je précise : je suis outrée de n’avoir pas décelé ta supercherie, pas qu’Elvire ait des sentiments pour Themerid et pas pour Lancel – d’ailleurs Lancel ça fait Lancelot. Hasard ou volonté de ta part ?)
Autant les envies de protection de Godmert sont louables, autant je déplore qu’il parle uniquement de protection masculine (le mari et le père doivent protéger Elvire). Mais bon, j’imagine que ça fait sens vu le système patriarcal ; une femme aurait bien du mal à protéger Elvire dans le cadre légal instauré par le Haut-Savoir (mais hors dudit cadre, mwhaha…). En clair : ça va pour cette fois, et c’est bien parce que Godmert l’appelle « ma guerrière » !
Ah, cette fin. Cette fin ! (la théorie de Sorryf comme quoi le manteau bleu est Renaude : pépite !) J’adore comme tout le monde suspecte à mort Lancel (oui je suis allée parcourir les théories des autres pour voir s’il y avait de bonnes idées) Depuis le début je doute que ça puisse être lancel parce que justement, il semble tout désigné, mais je te connais, donc ce serait BEAUCOUP trop facile que ce soit lui ! Tu es trop retorse pour ça. Et en même temps j’ai pas non plus trois milliards d’idées.
Plein de bisous !
Isapass
Posté le 05/06/2020
Alors effectivement, la libération des villes et des provinces va très vite et ça me rassure que ça passe bien. Il y a deux explications (dis-moi si elles t'ont paru claires) : d'abord la libération du Kearn fait tache d'huile et du coup, les gens commencent à se rebeller un peu partout avant même que Venzald arrive avec son armée, et ensuite, on s'aperçoit que le Haut-Savoir n'est pas vraiment un ordre guerrier. Du coup, ils ne sont clairement pas des ennemis redoutables sur le plan de la conquête. C'est vrai que je pourrais insister un peu plus là-dessus.
Du coup, les pélégris qui rappliquent en masse sur Terce, c'est à moitié un plan, à moitié une débandade. Ton idée d'un pov qui expliquerait tout ça est assez bonne, faut que je creuse. Ce sera forcément Lancel, d'ailleurs...
Pour le statut des bouchevreux, c'est sûr que ça ne passera pas comme une lettre à la poste, mais le fait d'avoir des futurs souverains bouchevreux devrait aider... Je ne pense pas m'étendre à fond sur le sujet, d'ailleurs, juste expliquer que c'est en bonne voie.
Themerid ne s'est pas trompé en lisant les pensées d'Elvire : elle-même était convaincue qu'elle ne l'aimait pas. Mais en effet, elle a changé d'avis (plus ou moins consciemment, d'ailleurs).
Godmert est ce qu'il est en effet : patriarcal :)
Quant à la fin, je vais modifier un peu cette phrase qui dit que le manteau bleu a un pied dans la résistance, parce que 1) si c'est vraiment Lancel, ça rend les choses trop évidentes, 2) si ce n'est pas Lancel, ça donne l'impression que je mens carrément au lecteur, et bon quand même, je ne veux pas abuser XD.
Merci pour tous tes commentaires et tes lectures nocturnes ! Plein de bisouuuuuuus !
Tac
Posté le 05/06/2020
En vrai j'y reréfléchis en lisant ton com mais si elle n'était aussi vieille et sur le point de mourir (donc elle ne profitera pas du tout de la couronne), la théorie de Sorryf comme quoi Renaude est le manteau bleu c'est en fait très cohérent à mes yeux... A moins qu'elle ne soit totalement sorcière qu'elle fasse semblant d'être aussi vieille mais en fait elle est immortelle / elle vit longtemps par rapport aux humains donc elle est encore dans la fleur de l'âge. * implosion de mon cerveau *
Isapass
Posté le 06/06/2020
XDDDD Ah ben si je m'attendais à ce que cette théorie fasse des émules...
Alors certes, Renaude est vieille et ne pourrait pas profiter longtemps du trône, mais peut-être qu'elle le veut pour quelqu'un d'autre... ;)
AudreyLys
Posté le 03/06/2020
Coucou ! Alors j’ai trouvé ce chapitre très cool.
Abzal fait vraiment pitié dans ce chap c’en devient malaisant. Mais sinon j’aime bien sa discussion avec Renaude.
Le seul point qui ne m’a pas plu - mais c’est une histoire de goûts perso - c’est le quiproquo entre Themerid et Elvire. Je suis pas fan des histoires d’amour qui traînent en longueur et encore moins des quiproquo. J’ai l’impression qu’on veut veut juste compliquer les choses artificiellement.
J’ai une nouvelle théorie pour le manteau : le frère d’Albérac ! Et pour le coup je vais miser dessus.
Petite phrase étrange :
le nouveau grand prévôt, n’hésitait pas à lancer sur le peuple. -> à lancer quoi ?
Voilà c’est tout, bizzzz
Isapass
Posté le 06/06/2020
Ta remarque est intéressante, sur la romance entre Elvire et Themerid. Mais d'un autre côté, pour Venzald et Flore, il n'y a pas de problème (hormis le fait qu'ils sont séparés). Du coup, il faut bien qu'il y ait quelques obstacles, sinon ce serait trop facile !
La discussion entre Abzal et Renaude, je vais peut-être la modifier un peu parce qu'en la relisant, je trouve que Renaude est un peu trop complaisante.
La phrase que tu cites n'est pas étrange, c'est juste que tu n'as pas vu le début :)
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Sorryf
Posté le 03/06/2020
Elvire et Themerid ! J'ai une envie violente de leur frapper la tête l'un contre l'autre xDD C'est pas possible bordel ce timing nul è.é (oui, maintenant je suis de nouveau pour ce ship ! combien de fois j'ai retourné ma veste déjà ? XD Si Elvire veut, je le veux !)

Alix qui chante c'était trop beau T.T
Flore woaaaah !
Ces trois soeurs sont vraiment des tueries ! Et ça m'a émue dans ce chapitre quand le papa dit qu'il en a perdu une, peut-être deux. J'espère des retrouvailles émouvantes !

ça bouge dans cette 3eme partie !
Et le manteau bleu... C'EST PAS LANCEL ! C'EST IMPOSSIBLE QUE CE SOIT LANCEL, mon intuition me hurle que non (c passkil est bô) et mon intuition a fait ses preuves de nombreuses fois (pas toujours dans le bon sens mais ça c'est un détail). C'est Renaude, c'est tout.
Abzal le père des prince... OMG!!! je ne sais pas trop comment digérer cette info, mais je pense que Themerid a super bien fait de pas le dire a son frère (je m'y attendais pas, à ce qu'il le cache).

Un petit point de pinaillage dans ces derniers chapitres : la mort de Bréol m'a confuse, c'est une nouvelle de fou, et je trouve qu'elle a été un peu vite expédiée, j'ai eu du mal a assimiler qu'il était réellement mort. Un perso aussi important ça aurait du impacter tout le royaume... Après c'est chouette aussi de pas en faire des caisses et montrer tout de suite le remplacant. La manière dont il meurt a joué dans ma confusion, je crois, sur le coup j'ai pas du tout compris que Flore le tuait, parce que déjà elle attend longtemps, l'attache etc, alors qu'elle aurait pu le tuer direct, donc je m'attendais à ce qu'elle ait un autre but (mais bon, j'imagine qu'elle a fait tout ça par sadisme, vengeance, et ça colle avec son état d'esprit). Y a aussi la phrase "comme je vaux mieux que vous je m'arrête là" mais elle s'arrête pas en fait, elle le tue vraiment ! ou alors elle voulait dire qu'elle arrêtait sa torture ? Bref, cette partie (qui au passage était ouuuuuuuuuuuuuf!) m'a soulevé des questions, et le fait que la mort de Bréol soit annoncée un peu de manière inaperçue au détour d'une conversation ne m'a pas donné de réponse claire sur le coup.
J'ai trouvé ces derniers chaps tops, vraiment ! j'en reviens pas qu'on soit dans la dernière partie, purée ça m'angoisse. J'ai un mauvais pressentiment, et celui pour qui j'ai le plus peur c'est... Abzal ! il a fait du chemin dans mon coeur cet horrible bonhomme, j'aurais pas parié dessus au début de toute cette épopée ! (est-ce que je répète pas la meme chose dans tous mes commentaires ? désolée !)

PS : j'adore que Warin soit dans les renseignements, et j'adore que Iselmar distribue du poison a ses alliés oklm. Ils dépassent mes espérances en matière de persos préférés xD ! Je les kiffe <3
Isapass
Posté le 04/06/2020
Oui, Elvire et Themerid, ils se rajoutent un peu des problèmes. Je voulais un petit arc qui illustre parfaitement le gâchis qu'on peut faire si on ne communique pas...
Ah, je suis contente que la scène d'Alix qui chante sur le toit soit émouvante : c'est quand même son moment de gloire (et au passage, ça prépare autre chose, mais je n'en dirai pas plus, héhé)
Je suis ravie aussi qu'on ne voit pas trop venir que c'est Abzal le père des jumeaux, parce qu'en vrai, il y a vraiment tous les éléments pour comprendre, et depuis longtemps (depuis le tome 1, en fait) : on sait qu'il est bouchevreux, on sait qu'eux aussi, et on sait avec plus ou moins de certitude qu'il y a un côté héréditaire. Mais comme ces éléments sont éparpillés, c'est vrai qu'on ne les relie pas forcément. C'est exactement ce que je voulais faire : une histoire où la plupart des indices sont donnés au lecteur, mais il faut les relier pour comprendre. D'ailleurs, pour l'identité du manteau bleu : il y a tout pour comprendre, héhé... Alors, Lancel ou pas Lancel ? ;)

Très intéressante ta remarque sur la mort de Bréol ! Tu es la première à me la faire. En fait, en écrivant je me suis vaguement dit que c'était dommage de la passer comme ça en douce, mais comme j'avais des contraintes chronologiques, je me suis pas trop battue. Je garde ça en tête pour les corrections.
Du coup oui, quand Flore dit "J'arrête parce que je vaux mieux que vous", elle vaut dire qu'elle arrête de le torturer, mais pas qu'elle va l'épargner. Comme elle a déjà tué plein d'Erudits avant, je pensais que ce serait clair, mais je mettrai un truc plus explicite.
Ah ah, les personnages que tu kiffes sont vraiment inattendus, j'adore !
Merci pour ton rattrapage de lecture et tes commentaires !
Jowie
Posté le 31/05/2020
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre de l'échange entre Themerid et Elvire, mais certainement pas à ça ! Je veux croire que c'est juste un quiproquo; après tout, Themerid a aimé Elvire pendant si longtemps, ça ne va pas partir du jour au lendemain. À mon avis, il essayait, à sa manière de lui dire qu'il était conscient qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle était “libre” dans la mesure du possible. Peut-être voulait-il secrètement qu'elle lui garantisse sa fidélité et son affection? Je pense que son erreur était de dire “nous pourrons aller voir ailleurs” au lieu de “tu”. Quant à Elvire, comme je disais au chapitre précédent, ses sentiments ont changé un peu brusquement. Si l'on admet qu'elle se fait à l'idée d'être aux côtés de Venzald, je comprends que le discours de celui-ci l'attriste, mais de là à qu'elle s'énerve... Elle n'a jamais manifesté de l'amour pour Themerid alors comment peut-il savoir qu'elle est maintenant intéressée ?

“D’ailleurs, elle savait très bien comment s’y prendre pour ça.” → Oh làlà, ça promet des choses désastreuses ToT Elvire, ne fait pas n'importe quoi s'il te plaît !!

Mais manteau bleu c'est Lancel non, vu que tu dis qu'il s'est faufilé dans la résistance ? Aaaaaah ça me démange !!
On sent que la tension monte, des groupes se forment d'un côté, et de l'autre côté on voit que toutes les équipes ne sont pas si unies que ça (notamment avec manteau bleu qui oeuvre pour son propre compte, Abzal qui culpabilise et Fadom qui se retourne cotnre lui...) ça promet de culminer dans les prochains chapitres !!
Isapass
Posté le 02/06/2020
Comme je te le disais dans ma réponse précédente, je vais tourner autrement la conversation entre Elvire et Themerid, pour qu'elle se rende compte qu'elle "craque" pour lui au moment où il lui dit qu'elle peut aller voir ailleurs. C'est peut-être plus logique qu'elle sente qu'elle est déçue quand il lui dit ça plutôt que de sentir qu'elle est amoureuse. Bref, je me note que c'est à retravailler.
Bon, je ne vais pas confirmer ou non si le manteau bleu est Lancel, mais je vois quand même que cette phrase qui dit que le manteau bleu a mis un pied dans la résistance est peut-être un peu trop transparente... A retravailler aussi !
Pour ce qui est d'Abzal, le pauvre a eu un petit sursaut, mais il est bien vite retomber dans sa lâcheté... On verra s'il finira par faire quelque chose de bien ou pas.
Allez, encore 7 petits chapitres !
J'ai lu tes deux derniers chapitres (à la minute où j'ai reçu la notif XD), je te commente rapidement ;)
Merci pour ta lecture et tes commentaires (qui me donnent toujours la vision "émotionnelle", c'est précieux !)
A+
Jowie
Posté le 07/06/2020
Oh je trouve cette idée super, qu'Elvire réalise qu'elle tient quand même à Venzald pile au moment où la distance entre eux se creuse! Après tout, c'est souvent comme ça dans la vraie vie aussi :((

Je suis contente que mes commentaires t'apportent quelque chose ! Je suis consciente que je ne peux pas apporter énormément au niveau de la langue (de toute façon tu gères de ce côté-là de base :D ). Mais c'est vrai que j'ai tendance à m'intéresser beaucoup pour la psychologie et les relations des personnages ! Parfois même un peu trop xD
Cocochoup
Posté le 31/05/2020
S'infiltrer habilement dans la resistance... C'est lancel de kelm ! Ah moins que tu ais tour fait pour nous faire croire ça.... Mais que ça ne soit pas lui 🙄

Je sens qu'elvire va aussi se mettre dans de beaux draps... Son plan de vengeance risque de se retourner contre elle....
Isapass
Posté le 01/06/2020
Je vais peut-être rendre cette phrase un peu plus cryptique, tiens... faudrait pas que ce soit si évident non plus ;)
Quant à Elvire, je ne vois pas ce qui te fait dire ça : je ne mets jamais mes persos dans de sales draps...
Merci pour ta lecture ! Plus que 7 chapitres avant de tout savoir ;)
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